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La Grande Évasion (histoire militaire)

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Pour les articles homonymes, voirLa Grande Évasion.

La Grande Évasion
Description de cette image, également commentée ci-après
Trajet du tunnelHarry sur l'emplacement de l'ancienStalag Luft III

Données clés
Date24-25 mars1944
LieuŻagań,Pologne
Résultatsuccès de l'évasion de trois participants,
assassinat de 50 évadés

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La Grande Évasion est le nom donné ultérieurement à une évasion en masse de 76 pilotes et autres membres d'équipages d'avions desAlliés de la Seconde Guerre mondiale (sauf l'Union soviétique). L'événement eut lieu aucamp de prisonniers de guerre de l'Allemagne appeléStalag Luft III, situé près de la ville deŻagań (enallemand Sagan), enPologne, dans la nuit du 24 au 25 mars1944. La préparation, l'évasion elle-même et ses conséquences sont décrites dans le livre de non-fictionThe Great Escape (La Grande Évasion) paru en1950, de l'écrivainaustralienPaul Brickhill, lui-même ancien prisonnier et participant aux préparatifs de l'évasion. Son livre est à la base du scénario du film américain La Grande Évasion deJohn Sturges.

Le camp Luft III fut construit en mars1942 pour les officiers et les sous-officiers de l'aviation faits prisonniers, qui partaient en mission depuis laGrande-Bretagne. La plupart étaient duCommonwealth britannique (Royaume-Uni,Canada,Australie,Nouvelle-Zélande,Afrique du Sud) mais il y avait aussi desAméricains, ainsi que certains réfugiés en Grande-Bretagne de pays occupés par l'Allemagne :France,Pologne,Tchécoslovaquie,Norvège,Lituanie,Belgique,Pays-Bas,Grèce. Le camp était conçu pour prévenir les évasions, parce qu'il y avait eu beaucoup de tentatives d'aviateurs d'autres camps. On amena aussi au Luft III des prisonniers qui s'étaient déjà évadés, certains plus d'une fois, mais avaient été repris, comme le commandant d'escadrilleRoger Bushell, qui s'était évadé deux fois, n'étant repris la deuxième fois qu'àPrague, où il s'était caché pendant huit mois[1],[2].

Maquette du sous-camp nord du Stalag Luft III.

Préparatifs de l'évasion

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Conditions des préparatifs

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Les préparatifs furent facilités par le fait que lesAllemands respectaient dans ses grandes lignes latroisième convention de Genève de1929 concernant le traitement des prisonniers de guerre, dans le cas des Alliés occidentaux. Ainsi, les prisonniers de Luft III n'étaient pas obligés de travailler, n'étaient pas affamés, recevaient des colis par l'intermédiaire de laCroix-Rouge[3], portaient leurs propres uniformes, étaient libres de circuler à l'intérieur du camp, pouvaient envoyer et recevoir des lettres, avaient une baraque aménagée en bibliothèque et une en théâtre, pouvaient pratiquer des sports. Les prisonniers respectaient la hiérarchie de leurs armées et l'autorité du prisonnier officier au grade le plus élevé, qui les représentait auprès du commandement du camp. Les prisonniers qui tentaient de s'évader sans réussir ou qui s'évadaient et étaient repris, ne subissaient, conformément à la Convention de Genève, qu'une sanction disciplinaire. Au Luft III, cela consistait en deux semaines d'isolement dans la prison du camp[4].

La situation des prisonniers du Luft III était même meilleure que dans d'autres camps, parce que son personnel appartenait à laLuftwaffe. Le colonel commandant du camp et le colonelHerbert Massey (en), l'officier au grade le plus élevé parmi les prisonniers, se respectaient mutuellement et il y avait même entre eux une relation d'amitié, dans les limites des conditions de guerre[5]. Selon l'écrivain britanniqueGuy Walters (en), le commandant du camp étaitantinazi et veillait à ce que la Convention de Genève soit respectée[6].

Un ancien prisonnier du camp, cité par Tim Carroll, journaliste et producteur de télévision britannique, affirmait après la guerre que le commandant était correct et leur permettait de passer le temps dans de bonnes conditions, pour qu'ils ne soient pas tentés de s'évader[7]. On leur apportait même des films britanniques et américains[8],[9]. L'adjoint du commandant, professeur dans la vie civile, organisait des cours d'allemand et des examens, dont les résultats étaient transmis à des universités d'Angleterre, pour qu'ils y soient enregistrés[10].

Certains militaires allemands aidaient les prisonniers à s'évader. Quelques-uns étaient antinazis, dont le caporal Eberhard Hesse. Ce dernier initia de lui-même des relations avec les prisonniers qui préparaient leur évasion, les persuada de son antinazisme et les aida beaucoup, sans accepter de récompense. Il leur prêta sa pièce d'identité pour qu'elle soit copiée, leur apporta des vêtements civils, des documents, des pièces deradiorécepteur, de l'argent, des cartes d'alimentation, des cartes et même des informations à caractère militaire à transmettre aux Alliés[11]. Il avait des relations avec des civils allemands antinazis qu'il coopta dans l'aide aux prisonniers[11]. Hesse avait quatre autres camarades antinazis qui y contribuaient[12].

Le colonelFriedrich Wilhelm von Lindeiner-Wildau (en), commandant du camp.

Même s'ils n'étaient pas antinazis, certains militaires allemands du camp étaient conscients de ce que la guerre était perdue pour l'Allemagne et cherchaient à avoir de bonnes relations avec les prisonniers, pour que ceux-ci les aident éventuellement après la guerre[13].

Une autre méthode permettant de se procurer ce qui était nécessaire pour l'évasion était la corruption de certains militaires allemands avec des biscuits, du sucre, du cacao, du chocolat, du café, du thé, des conserves de viande, du raisin sec, du savon et des cigarettes reçus par l'intermédiaire de la Croix-Rouge tous les dix à quatorze jours, denrées auxquelles les Allemands avaient difficilement accès dans les conditions de pénurie qui caractérisaient l'Allemagne à l'époque[14],[15]. Une équipe de prisonniers était chargée de trouver de tels militaires. Ils se liaient d'amitié avec eux et les persuadaient de les aider[16].

Le chantage non plus n'était pas exclu. Par exemple, le contact d'un caporal persuada celui-ci de lui procurer des tenailles qu'il paya cher avec du chocolat, lui fit signer un reçu en lui disant qu'il devait décompter le chocolat auprès de ses camarades de baraque, et, par la suite, le fit chanter avec le reçu. Ainsi obtint-il de lui des formulaires de permis, de l'argent, des outils, des cartes, des boutons et des insignes d'uniformes allemands[17], et même un appareil photo avec les matériaux nécessaires[18].

Avec les pièces reçues, des prisonniers construisirent un radiorécepteur avec lequel ils écoutaient laBBC[17].

Motivations de l'évasion

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Au moment de l'évasion il y avait plus de 12 000 prisonniers dans le camp[19]. Leur grande majorité ne voulait pas s'évader, à cause du traumatisme provoqué par les circonstances de leur capture et le désir de ne plus subir de tels traumatismes, ou parce qu'ils étaient conscients de ne pas avoir les aptitudes nécessaires, ou bien qu'ils ne croyaient pas à la possibilité de parvenir chez eux. Tous savaient qu'il y avaient des préparatifs d'évasion, certains y contribuaient sans vouloir s'évader, et les autres faisaient en général attention à ce que les préparatifs ne soient pas appris par les Allemands[20].

Ceux qui voulaient s'évader avaient une ou plusieurs motivations. Certains ne supportaient plus le manque de liberté, voulaient simplement être dehors, surtout ceux qui étaient prisonniers depuis plusieurs années. Ils ne voulaient pas végéter dans le camp mais avoir un objectif, parce que leur moral était très bas sans objectif. Ils voyaient l'évasion comme un but en soi, et la confrontation avec les Allemands, qui cherchaient à empêcher leurs tentatives, comme une compétition sportive, bien que presque tous soient conscients de ne pas réussir à arriver en Angleterre. Il y en avait beaucoup qui croyaient devoir s'évader, que c'était même inscrit dans les règlements militaires et dans la Convention de Genève, quoiqu'une telle obligation ne soit inscrite telle quelle dans aucun document. En tout cas, ils voyaient comme au moins un devoir moral d'être aux côtés de ceux qui combattaient. Ils croyaient aussi que, surtout si elle était en masse, l'évasion était une forme de combat par le fait qu'elle détournait un grand nombre de militaires allemands de la participation à l'effort de guerre. Cette dernière raison allait s'avérer infondée[21]. Pour trouver et reprendre les évadés, les Allemands n'amenaient pas de militaires du front, ayant assez de forces pour cela dans le pays. Pour eux, une recherche généralisée présentait même l'avantage d'arrêter plus de gens qui n'étaient pas en règle de leur point de vue, que les évadés qu'ils cherchaient[22].

Organisation de l'évasion

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Les prisonniers qui préparent l'évasion sont très bien organisés. Dans le camp il y a une organisation X qui s'occupe de cette question[23], et il y a eu plusieurs tentatives avant la Grande Évasion. Elles ont été infructueuses ou réussies, ces dernières dans le sens que les évadés sont parvenus à sortir du camp mais la plupart ont été repris par la suite.

Roger Bushell, chef de l'organisation X qui a dirigé les préparatifs de l'évasion.

Dès mars1943, Bushell, devenant chef de l'organisation X[24], propose un plan[25], approuvé par le colonel Massey. Il est prévu de creuser trois tunnels en même temps, avec l'espoir qu'au moins un ne sera pas découvert par les Allemands, et l'évasion de 200 prisonniers[26] pour commencer. Ensuite, on fermerait le tunnel pour des évasions ultérieures de jusqu'à 600 prisonniers[27]. On emploie des noms de code pour toute l'opération. Bushell est le Grand X et les tunnels sont nommésTom,Dick etHarry. Il est interdit de prononcer le mot « tunnel »[1],[28]. 600 prisonniers environ sont impliqués dans les préparatifs[25],[29].

L'organisation commence lorsque les prisonniers sont encore dans le sous-camp est de Luft III, près du terrain où on construit le sous-camp nord, où ils vont être transférés, et d'où ils ont l'intention de s'évader. À la demande du colonel Massey, les Allemands approuvent que des prisonniers aussi participent aux travaux. Ils font ainsi la reconnaissance des lieux, des esquisses du futur camp et ils établissent le trajet et la longueur des futurs tunnels[30]. Ils peuvent aussi subtiliser des matériaux et des outils pour leurs préparatifs[31]. Ils savent que la tâche sera difficile, parce que le camp a été construit à dessein sur un terrain très sablonneux[32],[33].

Les prisonniers forment plusieurs équipes coordonnées par l'organisation X, chacune dirigée par un chef. Une équipe creuse, une autre répand le sable excavé. Une autre encore fabrique en bois et en métal divers objets nécessaires pour réaliser les tunnels : des outils, des rails, des plate-formes roulantes, des pompes à air, des conduits, etc., tout cela réalisé à partir de matériaux disponibles dans le camp. Une équipe de tailleurs improvisés confectionne des vêtements civils, une autre, appelée « artistes », fabrique et multiplie des faux documents, et une autre reproduit des cartes. Une équipe importante est celle des veilleurs, qui avertissent les travailleurs quand des Allemands s'approchent d'endroits où ils pourraient découvrir quelque chose qui compromettrait l'évasion[34].

Creusement des tunnels

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Les prisonniers commencent à travailler aux tunnels en avril 1943, bien qu'à la même époque, le haut commandement allemand diffuse un ordre selon lequel les évadés en civil ou en uniforme allemand ne recevront pas de sanction disciplinaire mais seront jugés par lacour martiale comme espions, pouvant être condamnés à mort[35].

L'une des tâches complexes est la confection des trappes pour la descente dans les tunnels, masquées de façon qu'elles ne soient pas découvertes. Les prisonniers les font dans des baraques d'habitation, relativement confortables. Ils peuvent les faire seulement sous les poêles en fonte ou les lavabos, posés sur des fondations en brique, car les baraques sont surélevées et afin de créer sous le plancher un espace systématiquement contrôlé par les Allemands[36].

Le tunnelDick part de la baraque 122, et on l'oriente vers l'ouest. Le tunnelTom est commencé sous le poêle de la baraque 123 et part dans la même direction. Les entrées de ces tunnels sont le plus proche de la clôture. Le tunnelHarry part de la baraque 104 vers le nord, il doit passer sous une première clôture de barbelés, la zone administrative du camp, une deuxième clôture et un chemin, pour arriver parmi les premiers arbres du bois qui entoure le camp[37]. Les prisonniers ont calculé que ce tunnel devait être long de plus de 100 mètres[38]. Selon une information reçue par Guy Walters, il aura finalement presque 105 mètres[39]. C'est le plus long mais, à cause de son trajet, il est peu probable que les Allemands soupçonnent sa construction.

Schéma du tunnelHarry.

Les tunnels sont creusés à neuf mètres environ sous la surface[40], pour éviter leur détection par dessismographes dont lesmicrophones sont placés dans la terre[41], et leur section est de 0,6 mètres carrés[42], sauf quelques endroits plus grands pour le dépôt provisoire du sable, pour des pompes à air, des ateliers et des lieux de repos. Le terrain étant sablonneux, les prisonniers doivent étayer partout les tunnels avec des planches sur des cadres. Ils utilisent pour cela des planches qu'ils se procurent dans tout le camp, en en prenant surtout sous les quelques 2 000 paillasses des couchettes de toutes les baraques du sous-camp nord[43]. Ils font toutes sortes d'outils, surtout avec le métal de boîtes de lait en poudre qu'ils reçoivent par la Croix-Rouge.

Pour éclairer les tunnels, ils utilisent des lampes à graisse, celle-ci étant prise de la surface de leur soupe, et des mèches faites de chiffons[44]. Ils arrivent même à avoir l'éclairage électrique dans les tunnels. Paul Brickhill relate dans son livre que celui-ci est assuré par un prisonnier ingénieur électricien qui, refaisant l'installation électrique dans toutes les baraques, vole assez de câble et d'autres équipements nécessaires pour installer dans les tunnels un éclairage qu'il relie au réseau du camp. Les prisonniers en profitent seulement la nuit, quand le réseau fonctionne dans le camp[45]. Selon les informations détenues par Tim Carroll, l'installation est réalisée plus tard, seulement dans le tunnelHarry, avec une bobine de câble volée sous les yeux d'un électricien civil allemand qui est en train d'installer unsystème de sonorisation dans le camp, et qui n'ose pas rapporter le vol[46].

La ventilation des tunnels est assurée par des pompes à air actionnées à la main, construites avec des pièces de couchettes, des crosses de hockey, des boîtes de lait en poudre et des sacs militaires[44]. Les conduits d'air sont faits également de boîtes de lait en poudre[47].

Le sable excavé est sorti en sachets cachés sous les pantalons. Un tel sachet est fait d'une serviette ou d'une jambe de caleçon long fermé en bas avec une aiguille attachée à une ficelle qui sort dans la poche du pantalon. Dans des endroits propices, l' « épandeur » tire sur la ficelle pour laisser tomber le sable. Celui-ci est répandu dans le camp[44] ou déposé dans des jardinets faits par les prisonniers à cet effet. Le sable étant jaunâtre, il faut le mélanger au sol de la surface, qui est gris[48].

Le transport du sable dans les tunnels est facilité par des plate-formes roulantes. Un tel engin est formé d'une plate-forme de planches sur quatre roues en bois avec des essieux en métal, qu'on tire avec une corde sur des rails en bois, entre le lieu du creusement et le puits d'accès au tunnel. On utilise aussi ces plate-formes pour se déplacer couché dessus[49].

Le travail est dur. Chacune des trois baraques a douze « creuseurs » qui travaillent en trois équipes de quatre qui se relayent. Ils doivent creuser et étayer couchés[50]. Les éboulements sont fréquents, parfois importants[51]. En général, ils arrivent à creuser un mètre et demi environ par jour, en travaillant jour et nuit[52]. Ils sont obligés d'arrêter le travail au moins trois fois par jour, pour être présents aux appels du matin, de l'après-midi et du soir, dans une tenue qui ne suscite pas de soupçons[53]. Ils l'arrêtent également quand des Allemands entrent dans les baraques sensibles, le temps que ceux-ci y restent. L'équipe de sécurité a beaucoup de membres répandus dans tout le sous-camp nord et ils ont un système de signalisation pour avertir les travailleurs toutes les fois que c'est nécessaire. Quand on ne peut pas faire autrement, ils bousculent comme par hasard les Allemands qui s'approchent, ou simulent une rixe pour les arrêter en leur chemin. Ils ont aussi des complices allemands qui les avertissent de l'imminence d'un contrôle dans une baraque ou une autre[14].

Fin des tunnelsTom etDick

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L'été 1943, les prisonniers apprennent qu'on prépare la construction d'un sous-camp séparé pour les Américains, qui jusqu'alors étaient avec les autres et dont certains participaient aux préparatifs d'évasion. S'ils sont transférés, ils ne pourront plus en profiter. C'est pourquoi il est décidé d'arrêter le travail dans les tunnelsDick etHarry et de se concentrer surTom, pour qu'il soit terminé avant le transfert des Américains[54].

Les Allemands savent par l'expérience des nombreuses évasions et tentatives antérieures que les prisonniers y pensent tout le temps, et ils se doutent qu'une nouvelle évasion est en préparation. Ils ont des soldats appelés « furets » par les prisonniers, qui s'occupent tout le temps à chercher des signes de préparatifs en faisant des rondes dans le camp, en sondant la terre avec des tiges de fer, en se cachant la nuit sous les baraques ou sous leurs toits pour écouter ce qui se passe à l'intérieur[55], etc.

Les prisonniers accélèrent le travail dans le tunnelTom et deviennent moins vigilants. Les Allemands remarquent plusieurs fois du sable déposé négligemment et se rendent compte qu'on creuse un tunnel. Ils commencent fébrilement à le chercher et finalement, en septembre 1943, quand le tunnel est presque terminé, ils trouvent son entrée[56] et sont étonnés par l'ingéniosité du travail. Des dignitaires viennent deBerlin voir le tunnel, on en prend des photos, puis on le fait sauter. Le commandant aménage une petite exposition avec les photos, pour instruire ses subordonnées en la matière[57].

Le creusage des tunnelsDick etHarry est repris presque tout de suite mais de nouveau interrompu, à cause des mesures de prévention anti-évasions plus sévères prises par les Allemands, et de l'approche de l'hiver[58]. Les prisonniers abandonnent finalement le creusage du tunnelDick mais l'utilisent en tant que dépôt et atelier[59].

Lieu de l'entrée du tunnelHarry et son début.

Le travail surHarry est repris le 10 janvier 1944[60],[44],[61]. On ne peut plus répandre le sable à la surface à cause de la neige et il est déposé dans le tunnelDick[62], puis dans le creux sous la baraque du théâtre[63],[64].

Autres préparatifs

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Ces activités débutent parallèlement avec le creusement des tunnels et ne cessent pas pendant les arrêts du travail aux tunnels. L'équipe des artistes réalise divers faux documents copiés sur des originaux, et des fausses lettres comme reçues par les prisonniers à des faux noms, avec des matériaux et des instruments procurés par des militaires allemands qui les aident. Certains originaux sont reçus des mêmes, d'autres sont volés à l'extérieur par des évadés repris et ramenés au camp[65]. En hiver, certains sont volés de la partie retroussée de la manche des capotes des Allemands, copiés, puis remis là où ils étaient. Un caporal antinazi sort des documents écrits à la main, sa femme les copie à la machine à écrire et le caporal apporte les copies aux prisonniers[66]. Un Allemand leur procure même une machine à écrire[67]. Ils vont créer jusqu'à l'évasion environ 400 faux documents de relativement bonne qualité, certains difficiles à falsifier[68].

Ils font les photos d'identité avec l'appareil procuré par chantage[18] ou avec un autre, prêté par un capitaine allemand qui développe aussi les photos, dont les prisonniers disent qu'elles sont destinées à leurs proches. Selon les informations reçues de Tim Carroll, le capitaine sait en fait à quoi elles vont servir[14], selon celles de Guy Walters, il s'agit seulement d'un manque de rigueur dans le respect des règles[69].

L'équipe des cartes géographiques multiplie celles-ci d'après les esquisses des environs dessinées selon les informations recueillies, et avec les trajets les plus indiqués vers les pays de destination, d'après des cartes originales fournies par des Allemands[70]. Certaines cartes sont transmises parMI9, le service secret britannique d'aide aux prisonniers[71]. Jusqu'à l'évasion, les membres de l'équipe vont réaliser quelques 4 000 exemplaires, selon certaines informations avec unmiméographe construit par des prisonniers[67], selon d'autres par impression avec plaque de gel[66].

Les douze tailleurs confectionnent des vêtements civils en transformant des uniformes, ou avec du tissu reçu en colis[72],[43], ou bien fourni avec du fil et des boutons, par des Allemands[17]. Au moment de l'évasion seront prêts 6 salopettes, 12 uniformes allemands, 200 vestes, 200 pantalons, 40 manteaux, 100 costumes, 250 casquettes, 40 cravates et 10 sacs à dos[73]. Ils auront aussi des vêtements envoyés par le MI9[71].

On fait aussi desboussoles. Paul Brickhill relate dans son livre qu'un tel instrument est constitué d'un morceau de disque degramophone pour le boîtier, une aiguille de gramophone comme pivot pour une aiguille à coudre aimantée en la frottant contre unaimant et muni d'un socle minuscule soudé dessus pour le pivot, ainsi que d'un couvercle coupé dans une vitre[74]. Il y aussi des aiguilles magnétiques provenant du MI9[71]. Selon des informations reçues par Tim Carroll, l'aiguille est découpée dans une lame de rasoir aimantée, et la rose des vents est dessinée sur un disque de carton avec un fin pinceau fait de cheveux[75]. Paul Brickhill se rappelle qu'on produira 250 boussoles[76], selon les informations reçues par Guy Walters, 500, et il y en aura aussi douze envoyées par le MI9[71].

Les choses produites sont cachées dans des parois doubles, dans le tunnelDick et sous le toit d'une baraque à latrines[77].

Une équipe spéciale s'occupe du recueil d'informations nécessaires à l'évasion, ayant des membres qui ont des connaissances sur l'Allemagne et les pays où veulent aller les futurs évadés, informations dont ont besoin ceux-ci et les faussaires. Ils recueillent aussi des informations militaires[78], ce qu'ils nieront après la guerre, cela étant en fait une activité d'espionnage qui contrevient à la Convention de Genève[79].

L'évasion

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Partie finale du trajet du tunnelHarry avec l'endroit de la sortie et une pierre mémorielle.

Fin février 1944, la Gestapo s'intéresse davantage aux prisonniers de guerre, la punition pour évasion devenant la prison de l'armée ou de la police, certains évadés étant remis à la Gestapo, ce qui peut mener à des exécutions sommaires[80],[81]. Le personnel du Luft III est de nouveau convaincu qu'on prépare une évasion[82]. Ils détiennent aussi de vagues informations sur les préparatifs, provenant de prisonniers insuffisamment discrets dans leurs lettres ou quand ils causent avec des militaires allemands[83]. Les contrôles s'intensifient. La baraque 104 aussi est scrupuleusement contrôlée, sans qu'on trouve l'entrée du tunnelHarry[84].

Les Allemands du camp avertissent les prisonniers sur les risques de la part des autorités mais aussi de la part de la population, qui est devenue très hostiles aux Alliés, à cause de leurs bombardements intenses. L'avertissement concerne surtout les évasions en masse, qui provoquent un contrôle généralisée à tout le territoire de l'Allemagne. Les Allemands qui aident les prisonniers leur conseillent même, s'ils veulent s'évader, de le faire en très petit nombre à la fois[85].

Les prisonniers ne renoncent tout de même pas à s'évader, soit parce qu'ils ne voient dans les avertissements qu'une tentative de dissuassion et ne croient pas que les Allemands enfreindraient la Convention de Genève[86], soit qu'ils sont convaincus de réussir, soit qu'ils assument n'importe quel risque, en évoquant le devoir de s'évader, ou qu'ils ne supportent plus d'être prisonniers[87]. Par ailleurs, Bushell et quelques autres membres de l'organisation X croient que presque tous ceux qui devront marcher seront repris, mais pour eux, l'évasion est non seulement une éventuelle reconquête de la liberté, mais aussi un défi aux Allemands et une façon de les obliger à affecter le plus possible de militaires à la recherche des évadés[88].

Le même mois, l'organisation X demande aux quelque 600 participants aux préparatifs de se prononcer s'ils veulent s'évader. 510 candidats se présentent[89], parmi lesquels deuxFrançais,Raymond Van Wymeersch[90] etBernard William Scheidhauer[91]. On procède au choix de 200 parmi eux. D'abord, on tire aux sorts 30 de ceux qui ont le plus de chances de se débrouiller après l'évasion, le critère étant la connaissance de l'allemand et/ou d'autres langues, et des évasions antérieures. Les 20 suivants sont tirés au sort parmi ceux qui ont le plus travaillé aux tunnels. Vingt autres sont tirés au sort, parmi ceux qui ont le plus contribué en surface, comme épandeurs de sable, veilleurs, ou dans les ateliers. Les 30 suivants sont choisis de la même façon parmi ceux qui ont été éliminés par les tirages antérieurs. Jusqu'à 200, on tire aux sorts 100 de ceux qui restent[89].

Le 14 mars, le tunnelHarry est terminé, y compris son puits de sortie, la partie la plus difficile à creuser. Il y a encore 15 centimètres de terre jusqu'à la surface. Les prisonniers étayent la couche restée avec un plancher et ils attendent une nuit propice pour s'évader[92]. Les soupçons et les recherches des Allemands se tournent de plus en plus vers la baraque 104, qui est de nouveau minutieusement fouillée, en vain, mais l'organisation X est désormais convaincue que l'évasion doit avoir lieu le plus tôt possible[93].

On nomme des prisonniers dont chacun vérifie la préparation pour l'évasion de dix candidats. Ils vérifient s'ils ont une identité et un faux CV et, pour le cas où ils seraient interrogés, ils simulent des interrogatoires. On leur distribue les faux permis, les fausses pièces d'identité et les fausses lettres. La plupart se feront passer pour des travailleurs venus de pays occupés. Ils reçoivent aussi des vêtements civils, des boussoles, des cartes et des valises (ceux qui vont prendre le train), ainsi que de la nourriture, un mélange d'aliments reçus dans les colis, cuits ensemble : sucre, cacao, chocolat, lait condensé, raisins secs, orge, glucose, margarine, biscuits. Ceux qui vont prendre le train, 40 environ, reçoivent aussi de l'argent des quelques milliers de marks allemands reçus de militaires allemands et du MI9. Ceux qui ont les connaissances nécessaires instruisent les autres sur la manière de passer par le tunnel, les coutumes allemandes, les pays où veulent arriver les candidats à l'évasion, les horaires des trains d'après l'indicateur des chemins de fer fourni également par un militaire allemand, et sur les itinéraires. L'équipe des travailleurs sur métal fait plusieurs dizaines de bidons à eau[94].

L'évasion commence le soir du 24 mars. Les prisonniers doivent passer par le tunnel couchés sur les plates-formes roulantes. Les premiers arrivent au puits de sortie, l'ouvrent avec difficulté et constatent que la sortie n'est pas parmi des arbres, mais, d'après Paul Brickhill, trois mètres avant, selon ce qu'apprendra Guy Walters, à 4,5 mètres[95] et selon les informations recueillies par Tim Carroll, à près de huit mètres[96]. C'est dangereux, parce qu'ils peuvent être vus par la sentinelle d'un mirador qui s'élève à seulement quinze mètres là. De plus, deux gardiens font leur ronde le long de la clôture à l'intérieur du camp et les évadés doivent attendre qu'ils s'éloignent avant de sortir. Une solution est trouvée : on apporte une corde au puits de sortie, l'un de ses bouts y reste et l'autre est pris par un évadé sorti qui se cache derrière un tas de branchages. Le prisonnier sorti signale en tirant la corde quand on peut sortir. Par chance, la sentinelle et les deux gardiens ne regardent pas vers l'extérieur. Les évadés sortent dans l'ordre des tirages aux sorts et partent sur leur trajet. La sortie est ralentie par des événements imprévus : les plate-formes déraillent plusieurs fois à cause des valises des évadés qui la déséquilibrent ; une alerte aérienne survient qui fait éteindre la lumière électrique, et il passe du temps jusqu'à ce qu'on allume des lampes à graisse ; trois éboulements de sable se produisent qui bloquent le tunnel et chaque fois on perd du temps pour le débloquer ; la corde avec laquelle on tire une plate-forme casse une fois ; quelques prisonniers qui souffrent declaustrophobie paniquent et il faut les ramener à l'entrée[97]. À 4 heures 50 du matin, 79 évadés seulement sont sortis, dont 76 sont partis. Les trois autres ne le peuvent plus, parce qu'un soldat passe sur le chemin à l'extérieur du camp, en aperçoit un et, surpris, tire un coup de feu au hasard. Il voit ensuite la sortie, arrête l'évadé numéro 80 qui est en train de sortir et donne l'alerte avec son sifflet. La sentinelle du mirador prévient par téléphone le personnel du camp[98].

Le sort des évadés

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Pour arrêter les 76 évadés, en Allemagne on déclenche une recherche au niveau du pays. On annonce l'événement à la radio, pour que la population aussi aide à les arrêter, et on mobilise pour cela des milliers de membres de l'armée, des diverses polices, de la Gestapo, etc. Les garde-frontières sont en alerte aux frontières avec la Tchécoslovaquie, laSuisse, la France, la Belgique, les Pays-Bas et leDanemark, ainsi que lamarine militaire des ports de lamer Baltique[99].

En deux semaines, presque tous les évadés sont repris à différentes distances du camp : certains pas loin, d'autres dans des localités d'Allemagne, de Pologne et deTchéquie. Leur arrestation a été facilitée par un mois de mars inhabituellement froid, avec beaucoup de neige, et les évadés se déplaçant à pied ont été obligés de rester sur les routes[25],[100].

Trois seulement échappent à l'arrestation. DeuxNorvégiens arrivent sans encombre par le train àSzczecin, un port à la Baltique, de là, cachés sur un bateau suédois, ils passent enSuède, pays neutre, puis vont par avion en Angleterre. Le troisième, unHollandais, arrive par le train dans sa ville natale mais ne peut pas contacter sa famille, car elle est surveillée par la Gestapo. Il est aidé par les mouvements derésistance de trois pays. Pendant six semaines, il se cache aux Pays-Bas, six autres semaines àBruxelles, puis il passe en France, se cache àParis, puis il arrive auxPyrénées et passe enEspagne, pays neutre également, avec l'aide demaquisards. Il va àMadrid, où il se présente à l'ambassade britannique, qui l'envoie àGibraltar, d'où un avion l'emmène en Angleterre. Quatre mois sont passés depuis son évasion[101],[102].

Après l'évasion,Adolf Hitler veut que tous les évadés soient tués.Hermann Göring obtient qu'on réduise le nombre des futures victimes à plus de la moitié d'entre eux[103]. Dans l'ordre émis parHeinrich Himmler de les tuer, il est précisé que parmi ceux qu'on laissera en vie soient présents ceux considérés comme personnalités prééminentes[104]. Tous sont interrogés par la Gestapo ou par laKripo (police criminelle) et on choisit ceux qui seront tués. Quinze évadés sont ramenés au Luft III et punis de trois semaines de détention dans la prison du camp[105]. Trois sont emmenés dans un camp de prisonniers de guerre deBarth[106] et cinq, parmi lesquels Raymond Van Wymeersch, au camp de concentration deSachsenhausen, dans un secteur séparé, où ils ont des conditions de détention plus favorables que les déportés du secteur principal. Quatre d'entre eux et un officier anglais qu'ils y rencontrent creusent un tunnel et s'évadent trois mois après mais sont repris et ramenés[107],[108].

Nationalité des 50 évadés tués
Drapeau du Royaume-Uni 20Britanniques
Drapeau du Canada 6Canadiens
Drapeau de la Pologne 6Polonais
Drapeau de l'Australie 5Australiens
Drapeau d'Afrique du Sud 3Sud-Africains
Drapeau de la Nouvelle-Zélande 2Néo-Zélandais
Drapeau de la Norvège 2Norvégiens
Drapeau de l'Argentine 1Argentin
Drapeau de la Belgique 1Belge
Drapeau de la Tchécoslovaquie 1Tchécoslovaque
Drapeau de la France 1Français
Drapeau de la Grèce 1Grec
Drapeau de la Lituanie 1Lituanien

En enfreignant gravement la Convention de Genève, les 50 autres[109], parmi lesquels Bushell et Scheidhauer qui sont ensemble, sont tués en secret par la Gestapo, un ou deux séparément, la motivation donnée officiellement étant l'opposition à l'arrestation ou la tentative d'évasion après l'arrestation[25],[110],[111]. Les évadés tués sont incinérés et leurs urnes, sur lesquelles est indiquée la date de leur décès et la localité où ils ont été incinérés, ainsi que les objets personnels qui se trouvaient sur eux sont envoyés au Luft III, pour déterminer les prisonniers à ne plus tenter de s'évader[112]. Le nouveau commandant du camp nommé à la place de l'ancien qui a été démis, permet aux prisonniers de construire unmausolée pour les urnes, avec des matériaux payés par l'ancien commandant. Le 4 décembre 1944, on organise au mausolée une cérémonie mémorielle avec la participation de représentants des prisonniers, de l'adjoint du commandant du camp, d'un membre de lalégation de la Suisse et d'un groupe de soldats allemands qui tirent une salve d'honneur[113],[114].

L'un des évadés emmenés à Sachsenhausen,Johnnie Dodge (en), parent éloigné deWinston Churchill, est conduit à la frontière suisse et libéré, pour porter un message oral à celui-ci, suggérant que l'Allemagne capitulerait devant les Alliés occidentaux sous certaines conditions favorables pour elle[115].

En février1945, les quatre autres emmenés à Sachsenhausen et l'Anglais qui y était sont inclus dans un groupe de prisonniers prééminents tenus en otages, parmi lesquelsLéon Blum etKurt Schuschnigg, l'ancien chancelier de l'Autriche. Ce groupe est emmené enItalie du Nord sans qu'on sache quel sort lui est réservé. Il est finalement délivré par les Américains[116].

Certains prisonniers du Luft III commencent à creuser un nouveau tunnel, partant de sous la baraque théâtre, et qui arrive sous la clôture[117]. Au début de l'hiver, les prisonniers le ferment, pour s'évader éventuellement plus tard, si leur situation devient trop périlleuse dans le camp. Par ailleurs, le MI9 leur transmet de ne plus s'évader[118]. En janvier 1945, parce que l'Armée rouge approche, les prisonniers sont conduits dans des conditions pénibles, d'abord à pied, puis par des trains de marchandises, dans plusieurs endroits, jusqu'aux environs deLübeck, où ils sont libérés par une unité britannique le 2 mai 1945[119].

Investigations pénales et procès

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Le gouvernement britannique apprend pour la première fois la mort de 47 évadés, avec la motivation donnée par les Allemands, quand l'information est transmise par une commission envoyée en mai 1944 au Luft III par la Suisse, puissance protectrice de la Grande-Bretagne[120]. Une note de la part de l'Allemagne précise le nombre des tués à 50, avec la même motivation. Le ministre des affaires extérieuresAnthony Eden, qui rapporte l'information à laChambre des Communes, parle aussi des dires du colonel Massey, rapatrié pour raisons de santé, à la suite de quoi les Britanniques tirent la conclusion que la motivation donnée par les Allemands ne peut être réelle, et communique que l'intention du gouvernement est de trouver les coupables et de les juger[121].

Après la capitulation de l'Allemagne, une équipe de laSpecial Investigation Branch (Branche spéciale d'investigations) de laRoyal Air Force (Force aérienne royale) commence en août 1945 à chercher en Allemagne des preuves ducrime de guerre commis et ceux qui s'en sont rendus coupables. On ne trouve rien jusqu'en mars1946, lorsqu'un ancien membre de la Gestapo est arrêté à Prague et reconnaît sa participation à l'assassinat de deux évadés arrêtés en Tchéquie[122]. À la suite de recherches ultérieures, on arrête pour l'assassinat des évadés dix-huit membres de la Gestapo et on les défère au tribunal pour crimes de guerre n° 1 de laRAF, leur procès commençant le1er juillet1947. À sa fin, treize accusés sont condamnés à mort et exécutés, et les cinq autres reçoivent des peines de prison de différentes durées. En1948 sont arrêtés et condamnés trois autres individus, dont un seul est emprisonné, les deux autres étant libérés par les autorités britanniques d'occupation, qui considèrent que leur culpabilité n'est pas assez bien prouvée[123].

Opinions de participants sur l'évasion

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La plupart des évadés qui ont survécu à la guerre jugent positivement la Grande Évasion[124]. En2004, sept participants vivent encore et sont contactés par Tim Carroll. Des paroles de quatre d'entre eux, il ressort des opinions divergentes sur le bien-fondé de l'évasion. Par exemple, pourTony Bethell (en), la mort des cinquante est tragique mais habituelle en temps de guerre, et il est d'accord avec Roger Bushell que le but de l'évasion était de harceler l'ennemi et lui provoquer un état de confusion.Sydney Dowse (en) etMike Shand ont une opinion semblable. PourLes Brodrick, au contraire, la mort des cinquante, surtout quand il était clair que l'Allemagne allait être vaincue, a été un sacrifice inutile[125]. Conformément à Guy Walters,Alfie Fripp (en) etGeorge Harsh, anciens participants aux préparatifs de l'évasion, ont la même opinion[124].

Postérité de la Grande Évasion

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Mémorial des cinquante évadés tués, près de Żagań.

Le souvenir de la Grande Évasion est gardé premièrement par des lieux mémoriaux. Le plus important est le Musée des Camps de Prisonniers de Guerre de Żagań[126].

Le public a pu connaître en détail la Grande Évasion pour la première fois en 1950, quand a paru le livre de non-fictionThe Great Escape, de Paul Brickhill. Il avait lui-même été prisonnier au Luft III et avait participé aux préparatifs de l'évasion. Il avait d'abord été veilleur, puis creuseur mais il s'était avéré claustrophobe et était devenu chef des veilleurs des faussaires. On ne lui avait pas permis de s'évader, parce qu'il risquait de paniquer dans le tunnel et déranger les autres[127].

Le livre de Paul Brickhill a constitué la base du scénario du film américainLa Grande Évasion de 1963, du réalisateur américain John Sturges, où la fiction détient un grand poids par rapport à la réalité[128].

Une nouvelle mise à l'écran de l'événement est un film américain de télévision en deux parties, de1988,The Great Escape II: The Untold Story (La Grande Évasion II : L'histoire non dite). Sa seconde partie est consacrée à la recherche et à la punition des coupables de l'assassinat des cinquante évadés. Ce film aussi contient beaucoup d'éléments de fiction[129].

En2011, un film documentaire britannique de télévision,Digging of the Great Escape (fouilles de la Grande Évasion) a été réalisé lors des recherches à l'emplacement de l'ancien camp Luft III. Y ont participé desarchéologues, des ingénieurs, des spécialistes de laRAF et d'anciens prisonniers. Des restes des tunnels et d'objets utilisés par les prisonniers ont été retrouvés au cours de ces fouilles, y compris ceux d'un radiorécepteur. Cela a également été l'occasion de reconstituer des activités des prisonniers : le creusement d'un fragment de tunnel et son étaiement, la construction d'une pompe à air et d'une plate-forme roulante, la confection d'une boussole, la falsification de documents, etc., avec des matériaux et des méthodes décrits dans le livre de Paul Brickhill. La reconstitution de la plate-forme a permis d'expérimenter le déplacement dans le tunnel[130].

Liste des évadés

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Rescapés rejoignant le Royaume-Uni
  1. sergent Per Bergsland,RAF (Norvège)
  2. sous-lieutenant Jens Müller, RAF (Norvège)
  3. capitaine d’aviationBram « Bob » van der Stok, RAF (Hollande)
Exécutés
  1. lieutenant d’aviation Henry « Hank » Birkland,ARC
  2. capitaine d’aviation Edward Gordon Brettell, RAF
  3. capitaine d’aviation Leslie George « Johnny » Bull, RAF
  4. commandant d’aviation Roger Joyce Bushell, RAF
  5. capitaine d’aviation Michael James Casey, RAF
  6. commandant d’aviation James Catanach,RAAF
  7. capitaine d’aviation Arnold George Christensen,RNZAF
  8. lieutenant d’aviation Dennis Herbert Cochran, RAF
  9. commandant d’aviation Ian Kingston Pembroke Cross, RAF
  10. sergent Haldor Espelid, Aviation royale norvégienne
  11. capitaine d’aviation Brian Herbert Evans, RAF
  12. lieutenant Nils Fuglesang, Aviation royale norvégienne
  13. lieutenant Johannes Gouws,SAAF
  14. capitaine d’aviation William Jack Grisman, RAF
  15. capitaine d’aviation Alistair Donald Mackintosh Gunn, RAF
  16. adjudant Albert Horace Hake, RAAF
  17. capitaine d’aviation Charles Piers Hall, RAF
  18. capitaine d’aviation Anthony Ross Henzell Hayter, RAF
  19. capitaine d’aviation Edgar Spottiswoode Humphreys, RAF
  20. lieutenant d’aviation Gordon Arthur Kidder, ARC
  21. capitaine d’aviation Reginald « Rusty » Kierath, RAAF
  22. capitaine d’aviation Antoni Kiewnarski, RAF (Pologne)
  23. commandant d’aviation Thomas Gresham Kirby-Green, RAF
  24. lieutenant d’aviation Wlodzimierz A. Kolanowski, Aviation militaire polonaise
  25. lieutenant d’aviation Stanislaw Z. « Danny » Krol, RAF (Pologne)
  26. capitaine d’aviation Patrick Wilson Langford, ARC
  27. capitaine d’aviation Thomas Barker Leigh, RAF
  28. capitaine d’aviation James Leslie Robert « Cookie » Long, RAF
  29. capitaine d’aviation Romas « René » Marcinkus, RAF
  30. lieutenant Clement Aldwyn Neville McGarr, SAAF
  31. capitaine d’aviation George Edward McGill, ARC
  32. capitaine d’aviation Harold John Milford, RAF
  33. lieutenant d’aviation Jerzy T. Mondschein, RAF (Pologne)
  34. lieutenant d’aviation Kazimierz Pawluk, RAF (Pologne)
  35. lieutenant d’aviation Porokoru Patapu « Johnny » Pohe, RNZAF
  36. sous-lieutenant d’aviation Sotiris « Nick » Skanzikas, Aviation royale grecque
  37. lieutenant Rupert J. Stevens, SAAF
  38. lieutenant d’aviation Robert Campbell Stewart, RAF
  39. lieutenant d’aviation John Gifford Stower, RAF
  40. lieutenant d’aviation Denys Oliver Street, RAF
  41. capitaine d’aviation Cyril Douglas Swain, RAF
  42. capitaine d’aviationHenri Albert Picard, RAF (Belgique)
  43. lieutenant Bernard W. M. Scheidhauer,Armée de l’air de la France libre
  44. lieutenant d’aviation Pawel « Peter » Tobolski, Aviation militaire polonaise
  45. capitaine d’aviation Arnost « Wally » Valenta, RAF (Tchécoslovaquie)
  46. capitaine d’aviation Gilbert William « Tim » Walenn, RAF
  47. capitaine d’aviation James Chrystall Wernham, ARC
  48. capitaine d’aviation George William Wiley, ARC
  49. commandant d’aviation John Edwin Ashley Williams, RAAF
  50. capitaine d’aviation John Francis Williams, RAF
Renvoyés en prison
  1. capitaine d’aviation R. Anthony Bethell, RAF
  2. capitaine d’aviation Bill Cameron, ARC
  3. capitaine d’aviation Richard S. A. « Dick » Churchill, RAF
  4. lieutenant-colonel d’aviation Harry Melville Arbuthnot « Wings » Day, RAF
  5. major Johnnie Dodge, Armée britannique
  6. capitaine d’aviation Sydney Dowse, RAF
  7. capitaine d’aviation Bedrich « Freddie » Dvorak, RAF
  8. capitaine d’aviation Bernard « Pop » Green, RAF
  9. sous-lieutenant d’aviation Bertram « Jimmy » James, RAF
  10. capitaine d’aviation Roy B. Langlois, RAF
  11. capitaine d’aviation H. C. « Johnny » Marshall, RAF
  12. capitaine d’aviation Alistair T. McDonald, RAF
  13. lieutenant Alastair D. Neely, Royal Navy
  14. capitaine d’aviation T.R. Nelson, RAF
  15. capitaine d’aviation A. Keith Ogilvie, RAF
  16. capitaine d’aviation Desmond Lancelot Plunkett, RAF
  17. lieutenant Douglas A. Poynter, Royal Navy
  18. sous-lieutenant d’aviation Paul G. Royle, RAF
  19. capitaine d’aviation Michael Shand, RAF (le dernier à sortir de « Harry »)
  20. capitaine d’aviation Alfred B. Thompson, ARC
  21. capitaine d’aviation Ivo P. Tonder, RAF
  22. commandant d’aviation Leonard Henry Trent, RNZAF
  23. capitaine d’aviationRaymond L. N. van Wymeersch, RAF (France)

Notes et références

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Annexes

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Bibliographie

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Lecture supplémentaire

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Articles connexes

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