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Gilbert du Motier de La Fayette

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Gilbert du Motier de La Fayette
Gilbert du Motier de La Fayette
Portrait de Gilbert Motier, marquis de La Fayette, en uniforme de lieutenant-général de 1791, peint parJoseph-Désiré Court en 1834.

SurnomLe Héros des deux Mondes
Naissance
Château de Chavaniac (France)
Décès (à 76 ans)
Paris (France)
OrigineFrançaise
AllégeanceDrapeau du royaume de France : entièrement blancRoyaume de France(1771-1777)
Drapeau des États-UnisÉtats-Unis(1777-1781)
Drapeau du royaume de France : entièrement blancRoyaume de France(1781-1791)
Drapeau du Royaume de France Royaume de France(1791-1792)
ArmeCavalerie
Garde nationale
GradeMajor-général
Lieutenant général
Général de division
Années de service1775 – 1830
CommandementTroupes américaines, dont la division des Virginiens, Dragons du roi, puis brigade d'infanterie,
Garde nationale,
Armée du Nord
Garde nationale (1831)
ConflitsGuerre d'indépendance des États-Unis
Guerres de la Révolution française
Faits d'armesBataille de Brandywine
Bataille de Barren Hill
Bataille de Gloucester
Bataille de Monmouth
Bataille de Rhode Island
Bataille de Yorktown
DistinctionsOrdre de CincinnatusOrdre de Cincinnatus
Chevalier de Saint-LouisChevalier de Saint-Louis
HommagesCitoyen d'honneur de plusieurs états après 1781
Citoyen d'honneur des États-Unis d'Amérique
Nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile (3e colonne)
Autres fonctionsHomme politique etmilitaire
FamilleMotier de La Fayette
Signature de Gilbert du Motier de La Fayette
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Gilbert du Motier, marquis de La Fayette, né le auchâteau de Chavaniac près deSaint-Georges-d'Aurac (Auvergne, actuel département de laHaute-Loire), et mort le àParis (ancien1er arrondissement), est unofficier et hommepolitiquefrançais, célèbre en raison de son engagement dans les rangs de l'armée des insurgés américains (1777-1783), puis dans l'ailelibérale et réformiste de l'aristocratie française (1784-1792), enfin dans l'opposition libérale au régime de lamonarchie de Juillet qu'il avait pourtant contribué à établir lors desTrois Glorieuses (juillet 1830).

Convaincu de la noblesse de la cause desinsurgés américains, il s'engage à leurs côtés en 1777. Nommé général à l'âge de19 ans parGeorge Washington, La Fayette joue un rôle décisif dans laguerre d'indépendance des États-Unis contre la Grande-Bretagne, notamment lors de lavictoire de Yorktown le. Surnommé le « héros des deux mondes », il est depuis 2002 un des huitcitoyens d'honneur des États-Unis. Il y fait d'ailleurs à l'invitation du présidentJames Monroe un voyage triomphal en 1824, au cours duquel il est accueilli et honoré dans 182 villes des24 États que compte l'Union à cette époque.

Après avoir combattu aux États-Unis, La Fayette œuvre en France à la rénovation du pouvoir royal, avant de devenir une des grandes personnalités de laRévolution française, avec la rédaction de ladéclaration des droits de l'homme et du citoyen et le commandement de laGarde nationale, jusqu'à son émigration en 1792 après avoir déserté son poste en espérant rallier l’armée prussienne. Il est néanmoins arrêté et incarcéré pendant cinq ans par les autorités autrichiennes et prussiennes.

La Fayette est aussi un acteur politique majeur de larévolution de Juillet en 1830 et des débuts de lamonarchie de Juillet, rompant cependant rapidement avec le roiLouis-Philippe dont il avait soutenu l'accession au trône. Durant cette dernière période de sa vie, il s'affirme aussi comme un soutien majeur à laPologne après l'insurrection de 1830-1831.

À partir de 1789, La Fayette signe ses courriers « Lafayette » en un seul mot, en réaction contre lesystème nobiliaire abattu par la révolution. C'est cette graphie qui est utilisée par ses contemporains jusqu'à sa mort.

Biographie

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Origines familiales et jeunesse (1757-1775)

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La famille Motier de La Fayette

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Il est issu d'une branche cadette de lafamille Motier de La Fayette,famille noble d'Auvergne, dont la filiation remonte auXIIIe siècle avec Pons Motier, seigneur de la Fayette[1],[2],[3] et qui s'est éteinte en1891[2]. La branche aînée, éteinte en1694, est celle deGilbert Motier de La Fayette,maréchal de France en 1421.

Le nom de La Fayette vient d'une terre située dans l'actuelle commune d'Aix-la-Fayette[4], près deSaint-Germain-l'Herm (Puy-de-Dôme)[5].

Son nom complet est Marie-Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier, marquis de La Fayette, mais il est généralement désigné par les abréviations « marquis de La Fayette » ou « Lafayette ». Son biographeLouis R. Gottschalk (en) indique que l'intéressé orthographiait son nom aussi bien sous la forme « Lafayette » que sous la forme « La Fayette »[6].

Des parents morts prématurément

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Son père, Michel Louis Christophe[7] du Motier, marquis de La Fayette (),colonel auxGrenadiers de France, meurt enWestphalie à l'âge de vingt-cinq ans au cours de labataille de Minden, auprès de son amiCharles-François de Broglie.

Devenue veuve, sa mère, Marie Louise Julie de La Rivière, issue d'une riche famille noble deSaint-Brieuc[8], née en 1737, s'installe à Paris aupalais du Luxembourg. Gilbert est élevé par ses tantes et par sa grand-mère à Chavaniac, où il passe une enfance libre dans les forêts d'Auvergne, rêvant, vers l'âge de neuf ans, de chasser labête du Gévaudan[9].

Sa mère meurt le[10]. Son grand-père maternel, le marquis de La Rivière, meurt à son tour le. Il hérite d'une fortune qui lui assure une rente de25 000 livres. Un peu plus tard, un autre oncle meurt, lui laissant un revenu de120 000 livres ; ces145 000 livres de revenu annuel font de lui un des hommes les plus riches du royaume[11].

Formation (1770-1774)

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Son arrière-grand-père maternel, le comte de La Rivière, ancienlieutenant général des Armées du roi, le fait venir à Paris pour son éducation[12]. Il étudie jusqu'en 1771 au collège du Plessis (actuellycée Louis-le-Grand) et suit parallèlement une formation d'élève-officier à la compagnie desmousquetaires noirs du roi[13]. Il suit également les cours de l'Académie militaire de Versailles.

Mariage (1774)

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Le, à16 ans, il épouseMarie Adrienne Françoise de Noailles (1759-1807), fille duduc d'Ayen et d'Henriette-Anne-Louise d'Aguesseau, dotée de200 000 livres[N 1]. Il s'agit d'un mariage arrangé, qui aboutira à une réelle affection entre les époux, malgré les fréquentes infidélités du marquis[14]. De ce mariage naîtront un fils et trois filles :

Débuts professionnels

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L'échec de la carrière de courtisan (1774)

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LesNoailles, apparentés àMadame de Maintenon, sont une des plus importantes familles de lacour de France. La Fayette est présenté à la cour dès le printemps 1774[16], mais n'y obtient aucun succès. Attaché à sa liberté, dépourvu d'esprit courtisan, il fait avorter les tentatives de son beau-père visant à lui faire obtenir une situation intéressante[17],[N 2].

Officier au régiment de Noailles (1774-1775)

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Il quitte fréquemment la cour pour rejoindre lerégiment de Noailles cavalerie, qui appartient à son beau-père. Il a pour colonel effectif l'ami près de qui son père est mort, lecomte de Broglie.

Il y entre comme sous-lieutenant à 16 ans, puis est assez vite promu capitaine desdragons. Suivant l'exemple paternel, il choisit alors de poursuivre dans la carrière militaire et entre dans laMaison militaire du roi[18].

Le « souper de Metz » et l'engagement pour les insurgés américains (1775)

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Statue de La Fayette, jardins de Broglie, Metz.

En août1775, Gilbert de La Fayette, âgé de 17 ans, est envoyé par son beau-père en garnison àMetz pour y parfaire sa formation militaire.

Dans sesMémoires, il raconte comment il a participé le à un dîner offert par lecomte de Broglie auduc de Gloucester, frère du roi d'Angleterre, qui y évoque le soulèvement desPatriots[N 3]. C’est le jour même de ce « souper de Metz » que le jeune officier prend la décision de partir combattre pour l'indépendance de l'Amérique[19].

De retour à Paris à l’automne, La Fayette participe à dessociétés de pensée qui débattent de l'engagement de la France dans larévolution américaine. Lors de ces réunions, un conférencier, l'abbé Raynal, insiste sur les « Droits de l'homme » et la fin des colonies, critique le clergé comme la noblesse. Censuré, il exprime dès lors secrètement ses vues auprès deloges maçonniques, entre autres celle dont La Fayette est membre[20].

Comme de nombreux militaires à cette époque, il a été initié commefranc-maçon dès cette année 1775[21].

La guerre d'indépendance des États-Unis (1775-1783)

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La participation de La Fayette à laguerre d'indépendance des États-Unis lui a valu une immense célébrité et une place symbolique en tant que trait d'union entre les Américains et la France, lui valant d'être surnommé « le héros des deux mondes ». Et ce qui fait de La Fayette le symbole du soutien français aux insurgés d'Amérique, comme ce qui en fait la figure du héros romantique qu'on en conserve, c'est son jeune âge (19 ans) et les circonstances de son départ de France, sans l'autorisation du roi, encore favorable à la paix, finançant le voyage de ses propres deniers.

Les difficultés du départ de France (juin 1776-avril 1777)

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Le jeune capitaine se fait réformer de l'armée le, puis, grâce au soutien du comte de Broglie et de ses futurs protecteurs, lebaron de Kalb etSilas Deane, agent officieux desPatriots à Paris, signe le un engagement dans l'armée américaine, avec le grade de major général. Le comte de Broglie, ancien chef du « cabinet secret » deLouis XV, qui souhaite aider discrètement lesPatriots contre la Couronne britannique, finance secrètement l'achat de laVictoire, un navire de 200tonneaux, avec 2 canons, trente hommes d’équipage et une cargaison de 5 à 6 000 fusils[22], qui est mis en attente dans le port espagnol dePasajes de San Juan, près deSaint-Sébastien.

George Washington parCharles Willson Peale (1776).

Arrivé à Pasajes de San Juan le, il embarque sur laVictoire avec quelques compagnons. Le, le navire appareille pour l'Amérique. Son trajet suit une route passant bien au large desAntilles, où les flottes anglaise et française pourraient lui faire obstacle.

L'arrivée en Amérique (juin 1777)

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Au bout de sept semaines, il arrive le à South Inlet, près deGeorgetown, où les fusils sont vendus aux autorités de Géorgie pour armer la milice de cette colonie[23]. Il fait prêter à ses compagnons le serment de vaincre ou de périr, puis rencontre le majorBenjamin Huger, un riche propriétaire terrien, avec qui il reste deux semaines avant de partir pour Philadelphie, alors capitale des Insurgés.

Première rencontre entre le marquis de Lafayette etGeorge Washington le 5 août 1777. Gravure deCurrier and Ives.

Pendant le voyage, La Fayette a appris les bases de l'anglais (il lui suffira d'une année pour bien le pratiquer). Cela, ainsi que son appartenance à une loge maçonnique, lui permet de se voir ouvrir de nombreuses portes à Philadelphie. Il a aussi la recommandation deBenjamin Franklin, représentant américain en France, qui a adressé un courrier au Congrès en sa faveur[24].

Après avoir offert de servir sans être payé, La Fayette est intégré le 31 juillet au grade demajor général par le Congrès[25],[26].

Le généralGeorge Washington, commandant en chef de l'armée de terre, arrive alors à Philadelphie, pour rendre compte de la situation militaire. La Fayette le rencontre le 5 août 1777.

Selon Leepson, « les deux hommes se sont reconnus presque immédiatement »[27]. Washington est impressionné par l’enthousiasme du jeune homme et est enclin à juger favorablement ce confrèrefranc-maçon. La Fayette pour sa part est en admiration devant le commandant en chef[27].

Washington l'emmène alors dans son camp. Washington exprimant son embarras quant à l'état de ses troupes, La Fayette lui répond :« Je ne suis pas là pour enseigner, je suis là pour apprendre »[28].

Il est affecté à l'état-major, même s'il existe un malentendu quant à son statut : le Congrès le considère comme ayant un grade honorifique, alors que lui-même se considère comme un officier de plein droit, à qui Washington confiera une division quand il sera prêt[29].

Washington l'informe que diriger une division ne lui serait pas possible, car il est né à l'étranger ; il serait cependant heureux de le garder auprès de lui en tant qu’« ami et père »[30].

Septembre 1777-mars 1778 : Brandywine, Gloucester, Albany

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Article connexe :Histoire de la marine française sous Louis XV et Louis XVI.
Lafayette blessé durant la bataille de Brandywine.

La première bataille à laquelle participe La Fayette a lieu àBrandywine le 11 septembre 1777[31]. Le général britanniqueWilliam Howe, projetant d'attaquer Philadelphie, prévoit de faire arriver ses troupes du sud, par labaie de Chesapeake, plutôt que par labaie de la Delaware fortement défendue[32].

Après que ses troupes ont été débordées par les Britanniques, Washington envoie La Fayette auprès du généralJohn Sullivan. À son arrivée, La Fayette rejoint la troisième brigade de Pennsylvanie, commandée par le généralThomas Conway. Les forces britanniques, qui incluent desmercenaires allemands, sont supérieures en nombre et avancent de façon irrésistible.

Durant la retraite, La Fayette contribue au rassemblement de la brigade, afin de permettre un repli mieux ordonné. Il est alors touché d'une balle dans la jambe[33].

Après la bataille, Washington le cite pour « bravoure et ardeur militaire ». Dans une lettre au Congrès, il le recommande également pour prendre la tête d'une division, mais les Insurgés évacuent Philadelphie, qui sera prise un peu plus tard dans le mois[31].

La Fayette revient sur le terrain en novembre, après deux mois de convalescence chez lesFrères moraves deBethlehem enPennsylvanie. Il reçoit alors le commandement de la division précédemment dirigée par le général Adam Stephen[34]. Il assiste le généralNathanael Greene pour la reconnaissance des positions britanniques dans leNew Jersey. À la tête de300 soldats, il défait des mercenaires allemands supérieurs en nombre àGloucester le 24 novembre[35].

Tableau de John Ward Dunsmore avec La Fayette (à droite) et Washington à Valley Forge.

Durant l'hiver 1777-1778, La Fayette reste au campement de Washington àValley Forge et partage alors les rudes conditions de vie de ses hommes[36]. Il revient ensuite à Valley Forge, où il critique la décision du Conseil de tenter une invasion du Québec en hiver. LeCongrès continental tranche en sa faveur, et Gates quitte le Conseil de guerre.

En mars 1778, les traités signés entre la France et les Insurgés sont rendus publics : la France y reconnaît formellement l'indépendance desTreize Colonies.

Mai 1778-janvier 1779 : Barren Hill, Monmouth, Rhode Island

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Carte de labataille de Barren Hill par Michel Capitaine du Chesnoy, aide-de-camp de La Fayette.

Confrontés à la perspective d'une intervention française, les Britanniques décident de regrouper leurs forces terrestres et navales àNew York[37]. Ils commencent donc à évacuer Philadelphie en mai 1778.

Le 18 mai, Washington envoie La Fayette avec 2 200 hommes pour reconnaître les environs deBarren Hill en Pennsylvanie. Le jour suivant, les Britanniques apprennent qu'il a établi son camp dans les alentours et envoient 5 000 hommes pour le capturer. Legénéral Howe est également envoyé le 20 mai, avec 6 000 soldats supplémentaires, afin d'attaquer son flanc gauche. Cette attaque disperse son flanc, La Fayette ordonne alors le repli de ses troupes, profitant de l’indécision du commandement britannique. Pour feindre une supériorité numérique, La Fayette envoie des hommes chargés de se manifester sur une butte (Lafayette Hill, Pennsylvanie) et de tirer périodiquement sur les forces ennemies. Ses troupes peuvent alors s'échapper par une route sinueuse[38] et traverser la ville de Matson's Ford[39].

Carte de la bataille de NomNouth par Michel Capitaine du Chesnoy, aide-de-camp de Lafayette.

Les Britanniques poursuivent ensuite leur marche vers New York. L'armée continentale les poursuit et les attaque finalement àMonmouth dans le New Jersey. Washington désigneCharles Lee pour mener cette attaque. Le 28 juin, Lee attaque le flanc britannique. Peu de temps après le début de l'engagement, cette attaque est mise en péril par une série d'ordres contradictoires. La Fayette envoie alors un messager à Washington, pour requérir sa présence en urgence sur le front. À son arrivée, Washington trouve les hommes de Lee en déroute. Il le relève de son commandement, prend la tête de l'armée et rétablit en partie la situation. Ayant souffert de pertes significatives, les Britanniques partent dans la nuit et rejoignent New York sans autre problème[40].

La flotte envoyée par la France sous le commandement de l'amiral d'Estaing arrive dans lebaie de la Delaware le 8 juillet 1778. Le plan mis au point avec Washington prévoit d'attaquerNewport, dans leRhode Island, principale base britannique dans le nord. La Fayette et Greene sont envoyés avec 3 000 hommes, afin de participer à l'attaque. La Fayette aurait souhaité diriger les forces franco-américaines, mais l'amiral d'Estaing refuse. Le 9 août, les Américains lancent une attaque terrestre, sans informer d'Estaing. Ils lui demandent de placer ses navires dans labaie de Narragansett, mais il refuse, souhaitant défaire la flotte anglaise en pleine mer[20]. La bataille est infructueuse. Au même moment, une tempête endommage les deux flottes[39].

Carte militaire française montrant les positions des généraux La Fayette et Sullivan autour de la baie de Narragansett le 30 août.

D'Estaing emmène ses navires vers Boston, afin de les réparer, mais il est confronté à une manifestation de colère des habitants de la ville, qui considèrent ce mouvement de la flotte française comme une désertion.John Hancock et La Fayette sont envoyés pour calmer la foule. La Fayette retourne ensuite vers Rhode Island pour préparer la retraite, rendue nécessaire par le départ de d'Estaing. Pour ces actions, il est cité par le congrès continental pour « gallantry, skill, and prudence » (bravoure, compétence et prudence)[39].

Il souhaiterait alors étendre la guerre contre les Britanniques en d'autres lieux, en Amérique et en Europe, sous le drapeau français, mais son point de vue suscite peu d'intérêt. En octobre 1778, il obtient de Washington et du Congrès la permission de rentrer en France. Le Congrès décide de lui attribuer une épée de cérémonie, qui lui sera donnée en France.

Le départ est un peu retardé par une maladie, puis il embarque en janvier 1779[41].

Activités durant le séjour en France (février 1779-mars 1780)

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Arrivé à Paris en février, La Fayette est assigné à résidence pour huit jours pour avoir désobéi au roi en partant en Amérique[39]. Cette sanction est purement formelle : La Fayette reçoit un accueil de héros et est très vite invité aux chasses royales[42].

La Fayette pousse alors à une invasion de la Grande-Bretagne, en se proposant comme commandant en chef des forces françaises. L'Espagne, alliée à la France contre les Britanniques, envoie une escadre dans laManche pour soutenir une éventuelle opération française. Elle se trouve en position en août 1779. La flotte britannique qui surveille le secteur parvient cependant à échapper aux forces combinées françaises et espagnoles. Le projet d'invasion est donc annulé en septembre, ce qui amène La Fayette à souhaiter partir de nouveau en Amérique[43].

Durant cette période, La Fayette travaille parallèlement avec Benjamin Franklin, afin d'assurer l'envoi de 6 000 soldats français sous le commandement du généralRochambeau[39]. Lui-même reprendrait sa fonction de major général des forces américaines, servant de liaison entre Rochambeau et Washington.

À la fin de cette année, l'épouse de La Fayette donne naissance, le 24 décembre, à un fils qui reçoit le prénom deGeorges Washington[44].

En mars 1780, La Fayette repart en Amérique, embarquant àRochefort à bord de la frégateHermione[45].

Il arrive à Boston le 27 avril[46].

Avril 1780-juin 1781 : débuts du second séjour américain

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Articles détaillés :Préparation du corps expéditionnaire français de 1780 aux États-Unis,Bataille du cap Henry etDéfense de la Virginie par La Fayette.
La frégate françaiseHermione qui emmène La Fayette en Amérique en 1780.

Quand La Fayette arrive aux États-Unis, la cause américaine est en perte de vitesse, après plusieurs défaites militaires, subies principalement dans le sud[47].

Il est acclamé avec enthousiasme à Boston, où il est vu comme « un chevalier dans son armure étincelante, venant du passé chevaleresque pour sauver la nation »[48]. Le 10 mai 1780, il arrive à Morristown (New Jersey), où se trouve Washington, très satisfait de l'arrivée prochaine de la force française de Rochambeau, dont il est informé par La Fayette[49]. Conscient de la popularité du Français, Washington lui demande d'écrire une lettre, avec l'aide d'Alexander Hamilton, afin de presser le gouvernement français d'envoyer plus d'hommes et de fournitures[50].

Pourtant, quelques mois plus tard, quand la flotte française arrive[51], les promesses ne sont pas entièrement tenues. Rochambeau décide d'attendre des renforts avant de partir au combat. La Fayette, insatisfait de cette décision, élabore des plans d'envergure pour prendre New York, entre autres. Rochambeau n'apprécie pas ce geste et exige des excuses de La Fayette, refusant de le recevoir en leur absence. Washington conseille alors au marquis d'être patient[51].

Gilbert du Motier de La Fayette, huile sur toile deCharles Willson Peale, ~1779-1780

Au cours de l'été 1780[réf. souhaitée], Washington place La Fayette à la tête d'une division chargée de surveiller le nord du New-Jersey et l'État adjacent de New York. Le marquis dépense des sommes considérables pour assurer son commandement. Mais aucune action significative n'ayant eu lieu, Washington dissout cette unité en novembre et renvoie les soldats à leurs milices d'origine.

Les Insurgés continuent d'enregistrer des revers, la plupart des batailles dans le sud sont perdues. Le généralBenedict Arnold rejoint même les Britanniques[52].

La Fayette passe la première partie de l'hiver 1780-1781 à Philadelphie, où laSociété américaine de philosophie le fait entrer en son sein, le premier étranger dans ce cas. Le Congrès lui demande de retourner en France, afin d'obtenir plus d'hommes et de ressources. Il refuse, mais envoie des lettres aux responsables concernés[53].

Après la victoire américaine deCowpens (Caroline du sud), en janvier 1781, Washington demande à La Fayette de reformer sa division à Philadelphie et de rejoindre dans le sud les troupes dubaron von Steuben. Leur force combinée doit attaquer le corps britannique commandé par Benedict Arnold (qui risque la peine de mort s'il est pris), une flotte française devant empêcher toute fuite par la mer. Mais le commandement maritime britannique empêche la réussite de ce plan, bien que La Fayette et von Steuben aient fait leur jonction àYorktown.

Von Steuben propose alors à Washington un plan pour piéger la principale armée anglaise, commandée parLord Cornwallis. Ne recevant pas de nouveaux ordres du commandant en chef, La Fayette entame un mouvement vers Philadelphie, mais en route, se voit affecter au commandement militaire de laVirginie. Craignant de se trouver écarté des batailles décisives, il demande une réaffectation, mais en vain. Il écrit aussi auchevalier de La Luzerne, ambassadeur de France à Philadelphie, décrivant le mauvais approvisionnement de ses troupes. La Luzerne demande alors une aide massive de la France. Approuvée par Louis XVI, cette aide jouera un rôle crucial dans les batailles à venir.

De son côté, Washington prévoit une bataille avec Cornwallis, mais n'en informe pas La Fayette de crainte que ses messages soient interceptés[54].

Juin-octobre 1781 : combats en Virginie ; Yorktown

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Articles détaillés :Bataille de Greenspring Farm,Bataille de la baie de Chesapeake etBataille de Yorktown.
Carte avec les sites clefs de la bataille de Yorktown.

La Fayette échappe à une tentative de Cornwallis de le capturer àRichmond[55].

En juin 1781, Cornwallis reçoit l'ordre de construire un port dans labaie de Chesapeake, afin de préparer une attaque terrestre surPhiladelphie[55]. Alors que les colonnes britanniques sont en mouvement, La Fayette envoie une petite unité pour attaquer à l'improviste leur arrière garde et les groupes à la recherche de ravitaillement. Cette manœuvre permet de donner l'impression qu'il dispose de forces plus nombreuses qu'elles ne sont en réalité[56].

Le 4 juillet, les Britanniques quittentWilliamsburg et se préparent à traverser laJames River. Cornwallis envoie une unité en avant-garde sur la rive sud, gardant la plus grande partie de ses forces sur la rive nord, cachée dans une forêt. Son plan est de tendre une embuscade à La Fayette. Le 6 juillet, La Fayette ordonne au généralAnthony Wayne d'attaquer les forces britanniques dans la forêt avec 800 hommes. Wayne, en état de forte infériorité numérique, lance pourtant une charge à la baïonnette qui permet aux Américains de gagner du temps, les Britanniques ne pouvant pas les pourchasser. Labataille de Green Spring est une victoire de Cornwallis, mais le moral des Américains est renforcé par le courage dont ont fait preuve les hommes de Wayne[55],[57].

En août, Cornwallis a installé ses troupes àYorktown. De son côté, La Fayette a pris position sur la Malvern Hill, plaçant son artillerie sur cette colline et entourant les forces britanniques proches de la rivièreYork, qui sont chargées de construire des fortifications pour protéger la flotte àHampton Roads. L'enfermement par le général français piège les Britanniques lorsque la flotte française arrive et remporte labataille de la baie de Chesapeake, privant Cornwallis de sa protection navale[58],[59].

Le 14 septembre 1781, Washington et ses hommes rejoignent ceux de La Fayette. Le 28 septembre, la flotte française bloquant l'accès naval, la force terrestre commence lesiège de Yorktown. Le 14 octobre, La Fayette et 400 hommes prennent la redoute 9, après qu'Alexander Hamilton et ses soldats ont pris la redoute 10 au corps à corps, deux éléments essentiels de la défense britannique. Après une vaine contre-attaque, Cornwallis se rend le 19 octobre 1781[60].

Les dernières années de l'Ancien Régime (1782-1789)

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Volonté réformatrice de La Fayette

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La Fayette rentre en France à la fin de1781. Sa participation aux opérations militaires sur le sol américain l'incite à envisager l'application des idées liées à l'indépendance américaine à la société française. Son intention est même de brusquer les réformes qu'il juge nécessaires.

Mais Washington, avec qui il correspond régulièrement, l'incite à plus de mesure : « C'est une partie de l'art militaire de connaître le terrain avant de s'y engager. On a souvent plus fait par les approches en règle que par une attaque à force ouverte ». Cette observation ralentit un peu la fougue du jeune réformateur.

La Fayette et le mesmérisme

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Il s'intéresse parallèlement aux travaux du médecin allemandFranz-Anton Mesmer.

Rencontre entre Lafayette et Washington à Mount Vernon en 1784.(Louis Rémy Mignot).

En mai1784, La Fayette écrit àGeorge Washington une lettre enthousiaste sur les travaux du médecin allemandFranz-Anton Mesmer :« Un docteur allemand nommé Mesmer, ayant fait la plus grande découverte sur lemagnétisme animal, a formé des élèves, parmi lesquels votre humble serviteur est appelé l'un des plus enthousiastes »[61]. Cette lettre est suivie d'une lettre de Mesmer lui-même le à laquelle Washington répond cinq mois plus tard en confirmant qu'il a bien rencontré La Fayette[62]. Washington, influencé parBenjamin Franklin, est en fait plutôt réservé sur Mesmer.

Voyage en Amérique (1784)

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La Fayette repart pour l'Amérique le. C'est un voyage privé, sur invitation de Washington. Le, il est acclamé àNew York par la foule qui l’accueille. Après trois jours de réceptions, il part faire un grand tour des provinces, partout accueilli avec la même chaleur. De grands banquets lui sont offerts àPhiladelphie,Baltimore etBoston. Après un séjour àMount Vernon, chez Washington, La Fayette passe par New York, avant de remonter l’Hudson et de signer un traité de paix avec desHurons et desIroquois. La Fayette continue son voyage parBoston, Chesapeake,Yorktown etRichmond, avant de quitter le pays à New York le[63].

Durant ce voyage, il a rencontré une communauté deShakers, percevant une similarité entre les pratiques de transe de ces derniers et les crises mesmériennes. Lafayette a également participé à des rituelsautochtones et il est persuadé que le magnétisme animal est la redécouverte d'une pratique primitive ancienne[64].

La Fayette est de retour à Paris dans les premiers jours de1785. Cet événement soulève un grand enthousiasme. La reineMarie-Antoinette, présente à une fête à l'Hôtel de Ville, tient à conduire madame de La Fayette dans sa propre voiture à l'hôtel de Noailles, où vient de descendre l'époux de celle-ci. Le lendemain il est reçu à la cour puis, pendant plusieurs jours, il est l'objet des hommages et de la curiosité publics. Accueilli enhéros à Paris, il peut jeter son dévolu avec succès sur certaines des plus célèbres beautés de l'époque : Aglaë de Barbentane,comtesse d'Hunolstein[65] etDiane-Adélaide de Damas d'Antigny, comtesse de Simiane, dont le mari, le comte de Simiane, se tuera en 1787 en apprenant que sa femme est la maîtresse de La Fayette[66].

Le problème de l'esclavage et la plantation en Guyane

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Un de ses sujets de réflexion favoris à cette époque est la question de l'émancipation des esclaves des colonies françaises, qu'il envisage comme graduelle.

Souhaitant acquérir une certaine expérience, il achète une grande plantation enGuyane et y fait divers essais, encore peu connus, qu'interrompront les événements de laRévolution française.

Le traité de commerce franco-américain

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En1787, il provoque la formation d'un comité chargé de discuter l'abolition du monopole des tabacs et y plaide la cause du commerce américain que ce monopole frappe d'un préjudice de près de trente millions.

Les efforts qu'il déploie en faveur de la nation américaine lors de la négociation du traité commercial avec la France, provoquent de nouveaux témoignages de reconnaissance et resserrent les liens d'amitié qui l'unissent àGeorge Washington. La correspondance entre ces deux hommes ne prendra fin qu'avec la mort de Washington, le[N 4].

De l'assemblée des notables aux États généraux (1787-1789)

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Marie-Joseph-Yves-Gilbert du Motier, marquis de La Fayette (Louis-Léopold Boilly, 1788).
Épée maçonnique de La Fayette.

La Fayette participe à la premièreassemblée des notables, réunie àVersailles au mois de février1787. Il est membre du bureau présidé par lecomte d'Artois, frère du roi. Il saisit avidement cette occasion de présenter quelques-unes des réformes qu'il a méditées.

Il fait voter la suppression de lagabelle et la mise en liberté des personnes détenues à cause de cet impôt, réclame l'abolition deslettres de cachet et des prisons d'État et la révision des lois criminelles.

Il est de ceux qui obtiennent le renvoi du ministreCalonne en refusant toutes les réformes qu'il propose. Il souhaite une convocation desÉtats généraux, qu'il considère comme le seul organisme pouvant établir de nouveaux impôts. Fin mai, il fait la « motion expresse » (formule prononcée pour la première fois) de la convocation de la nation représentée par ses mandataires. Mais cette requête a pour conséquence le renvoi de l'assemblée des notables.

Il devient membre de laSociété des amis des noirs, créée en février 1788 parBrissot.

Ce n'est qu'à la fin de 1788 que Louis XVI se résout à convoquer les États généraux. La Fayette est élu député de la noblesse de la sénéchaussée de Riom (province d'Auvergne)[67].

L'année 1789

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Porte-parole de l'aristocratie libérale, La Fayette joue un rôle important au début de la Révolution comme commandant de la Garde nationale, créée le 15 juillet 1789.

Des États-généraux (5 mai) à l'Assemblée constituante (9 juillet)

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La première réunion des États généraux a lieu le 5 mai 1789. Après des débats entre le roi et le Tiers État, les députés du Tiers prononcent le 20 juin leserment de ne pas se séparer sans avoir établi une constitution pour la France. Le 9 juillet, Louis XVI entérine le point de vue du Tiers et les États généraux deviennent officiellement l'Assemblée nationale constituante.

La Fayette ne joue aucun rôle dans ces premiers engagements, dominés par la figure deMirabeau, député du Tiers État, quoique noble (« Nous sommes ici par la volonté du peuple… »).

II appuie la motion de Mirabeau sur l'éloignement de la menace des troupes qui encerclent la capitale (prélude aux événements du 14 juillet) et présente le 11 juillet un projet de Déclaration desDroits de l'homme. Il fait décréter la responsabilité des ministres et, ce qui est peut-être le plus marquant de son action, l'établissement d'une garde civique dont il sera élu commandant.

Projet de Déclaration des droits de l'Homme (11 juillet 1789)

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Le, il inaugure sa carrière parlementaire en présentant à l'Assemblée un des projets dedéclaration des droits de l'homme et du citoyen[68], qui ne sera pas retenu par l'Assemblée.

Ce projet, inspiré par ladéclaration d'indépendance des États-Unis d'Amérique, constituait un corps de réflexion révolutionnaire, considérant que le peuple français était abusivement soumis au roi de France, comme le peuple américain l'était à la couronne de Grande-Bretagne, et qu'il convenait qu'il prît son indépendance et se gouvernât lui-même[N 5].

Il devient vice-président de l'Assemblée.

Commandant de la Garde nationale (juillet 1789)

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La Fayette, commandant général de laGarde nationale parisienne. Portrait gravé d'après un dessin d'Edme Quenedey des Riceys, Paris,musée Carnavalet.

LaGarde nationale naît à la suite des journées des 12 au. Elle est composée de 48 000 citoyens enregistrés en un jour dans l'ensemble du royaume. L’Assemblée nationale place La Fayette à sa tête, au moment où il vient de féliciter les électeurs de Paris réunis à l'Hôtel de Ville de la prise de laBastille. Levicomte de Noailles, son beau-frère, lui est adjoint en qualité de major général, tandis queBailly est élevé au poste de maire de la capitale. Il a pour aide de camp Denis-Michel Jullien[69], commandant de la Garde nationale de Paris.

Son premier acte comme commandant de la Garde nationale est de faire démolir laBastille ().

Par sa fermeté, La Fayette sauve la vie à un grand nombre de personnes que menacent les fureurs populaires et contient la faction du duc d'Orléans qui aspire à réorganiser les anciennes gardes françaises. Mais il ne peut empêcher le massacre deFoulon et deBerthier de Sauvigny le 22 juillet. Ce témoignage de son impuissance l'amène à présenter sa démission du commandement dont il est revêtu.

Le, il présente aux électeurs de Paris les nouvelles couleurs nationales, lacocarde tricolore[N 6].

Les journées des 5 et 6 octobre

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Article détaillé :Journées des 5 et 6 octobre 1789.
Départ du général parisien pour la fameuse nuit du 5 au - mes amis menez moi je vous prie coucher a Versailles.
Caricature anonyme moquant le sommeil de La Fayette durant lesjournées des 5 et 6 octobre 1789, accusation qui lui vaut le surnom de « général Morphée » attribué parRivarol.

Des Parisiens[N 7] montent àVersailles pour demander du pain àLouis XVI. La Garde nationale est en retard[N 8], de sorte que les manifestants envahissent le château et obtiennent une entrevue avec le roi.

Le 6, afin de mettre fin à la menace qui pèse sur la famille royale, il lui impose de venir s'établir àParis (aux Tuileries). L'Assemblée nationale quitte aussi Versailles pour Paris[70].

La fin de l'année 1789

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La Fayette demande le jury britannique, les droits civils pour les hommes de couleur, la suppression desordres monastiques, l'abolition de la noblesse héréditaire, l'égalité des citoyens[réf. souhaitée].

L'année 1790

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La Fayette et le « droit à l'insurrection » (janvier-février 1790)

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Les premiers jours de1790 sont marqués par l'arrestation et le supplice dumarquis de Favras, accusé de faire partie d'un complotcontre-révolutionnaire bénéficiant du soutien ducomte de Provence, frère du roi. Le discours que ce prince prononce alors à l'Hôtel de Ville, désavouant le marquis[71], suscite l'indignation de La Fayette et va devenir la cause d'une longue et forte inimitié entreMonsieur et lui.

C’est dans ce contexte que l'assemblée discute la loi sur les attroupements. Dans cette discussion, La Fayette fait entendre à la tribune une phrase devenue célèbre :« Pour la révolution, il a fallu des désordres, car l'ordre ancien n'était que servitude, et, dans ce cas, l'insurrection est le plus saint des devoirs ; mais pour la constitution, il faut que l'ordre nouveau s'affermisse, et que les lois soient respectées »[N 9]. Le point de vue de La Fayette justifie les désordres de 1789, mais refuse toute légitimité aux désordres ultérieurs.

La Fayette, fidèle à cette époque à ce principe, se montre un adversaire résolu du désordre, malgré une certaine ambiguïté[N 10]. Le, par exemple, il fait arrêter234 émeutiers.

Le rapprochement avec le roi

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Dans les premiers mois de 1790, La Fayette devient clairement un élément modéré du processus révolutionnaire.

Après la promulgation de laconstitution civile du clergé (12 juillet 1790), La Fayette, influencé par les idées américaines sur l'égalité des religions, protège le culte non assermenté, qui reste en usage dans sa famille.

Par ailleurs, il propose au roi le rappel de ses gardes du corps, licenciés après les événements d'octobre 1789. La reine s'y oppose de peur de mettre en péril la vie de ceux-ci. Le retour apparent de La Fayette aux idées monarchiques n'inspire en fait aucune confiance à Marie-Antoinette, bien qu'il s'efforce de la persuader en exprimant franchement son point de vue :« Si je croyais, lui dit-il, que la destruction de la royauté fût utile à mon pays, je ne balancerais pas ; car ce qu'on appelle les droits d'une famille au trône n'existe pas pour moi ; mais il m'est démontré que, dans les circonstances actuelles, l'abolition de la royauté constitutionnelle serait un malheur public »[72].

La fête de la Fédération (14 juillet 1790)

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Serment de La Fayette le
(musée de la Révolution française).

La Fayette prend en charge l'organisation de lafête de la Fédération, qui symbolise la réconciliation du roi avec la nation. Lors des cérémonies, il apparaît avec éclat sur le cheval blanc qui lui sert dans ces circonstances, à la tête d'une députation de dix-huit mille gardes nationaux et entouré d'un état-major nombreux. Il encourage les acclamations adressées au roi, dont la chaleur ranime chez tous les amis du trône des espérances qui s'évanouiront rapidement.

Impopularité de La Fayette à la fin de l'année 1790

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Le retour duduc d'Orléans en juillet 1790, après une mission diplomatique en Grande-Bretagne, renforce l'hostilité du partijacobin aux constitutionnels et à La Fayette, que les clubs et les groupes populaires commencent à désigner par le nom de traître.

L'énergie avec laquelle La Fayette se prononce pour la répression des désordres liés à l'affaire de Nancy (août 1790), la révolte de trois régiments contre leurs officiers, entraîne une forte baisse de sa popularité.

L'année 1791 jusqu'à la fin de la Constituante (30 septembre)

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Les incidents de Vincennes et des Tuileries (28 février 1791)

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Le, un groupe de sans-culottes conduit parAntoine Joseph Santerre, meneur révolutionnaire dufaubourg Saint-Antoine, attaque lechâteau de Vincennes pour réaliser une nouvelle « prise de la Bastille ». Des destructions matérielles ont déjà eu lieu lorsque La Fayette arrive à la tête d'un détachement de grenadiers de la Garde nationale.

Il est accueilli aux cris de « À bas La Fayette ! », repris par plusieurs gardes nationaux.La Fayette ordonne aux perturbateurs de sortir des rangs[pas clair][73]. Puis, à la tête des grenadiers loyalistes, il attaque les émeutiers. Ceux-ci se replient vers le faubourg Saint-Antoine,où ils opposent une forte résistance[pas clair]. Les troupes de La Fayette finissent par l'emporter, et il peut revenir à Paris[74] où la situation est tendue au palais des Tuileries.

En effet, estimant la famille royale menacée par l'émeute de Vincennes, des royalistes armés (les« chevaliers du poignard ») se sont rassemblés auTuileries pour la protéger. Ils sont reçus avec empressement par la reine etMadame Elisabeth, ce qui suscite le mécontentement des gardes nationaux officiellement chargés de cette protection.Louis XVI ordonne alors aux royalistes de déposer les armes, ce qu'ils font avec résignation.

Lorsque La Fayette arrive aux Tuileries, il prend le parti des gardes nationaux, dont il est le commandant, etles laisse menacer et expulser[pas clair] les chevaliers du poignard[N 11].

Dans son ordre du jour du lendemain, le général condamne« le zèle très justement suspect qui a porté quelques hommes à oser se placer entre la Garde nationale et le roi » et ajoute que« le roi de la constitution ne devait et ne voulait être entouré que des soldats de la liberté »[N 12].

L'évolution politique de mars à juin 1791

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Portrait de La Fayette par Jean-Baptiste Weyler.

La situation politique se tend fortement à cette époque. L'émigration, commencée dès le, continue de plus belle. Certains envisagent d'en appeler à une intervention étrangère. Lecomte d'Artois, parti dès 1789, est à la tête de ces manœuvres contre-révolutionnaires[74].

La Fayette sert l'ordre constitutionnel établi, mais sans zèle envers le roi. La mort de Mirabeau, devenu partisan d'un pouvoir royal plus fort, survenue le 4 avril, porte un coup à la cause royale[N 13].

Le, Louis XVI, qui a l'intention d'aller remplir àSaint-Cloud ses devoirs religieux, en est empêché par une foule de sans-culottes réunie en pensant que ce départ n'est qu'un début d'évasion. La Fayette ordonne à la Garde nationale d'ouvrir le passage au roi, mais il n’est pas obéi. Louis XVI, forcé de rentrer dans ses appartements, se plaint à l'Assemblée de la violence qui lui a été faite, mais en vain.

Du 11 au, après l'annonce de la mort deVincent Ogé,mulâtre deSaint-Domingue, et de ses compagnons, un débat a lieu à l'Assemblée sur les droits des hommes de couleur affranchis[N 14], qui restent discriminés par les assemblées coloniales dominées par les propriétaires blancs. Conformément à ses opinions de membre de laSociété des amis des Noirs, La Fayette défend la cause des Noirs. À la suite du premier vote de l'Assemblée, le, son nom est inscrit sur une liste établie par les milieux coloniaux esclavagistes, dénonçant les276 députés« qui ont voté pour l'Angleterre dans l'affaire des colonies »[75].

Lafuite de Varennes et le retour à Paris (20-21 juin)

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Article détaillé :Fuite de Louis XVI et arrestation à Varennes.
Retour de Varennes. Arrivée de Louis XVI à Paris, le (Jean Duplessis-Bertaux d'après un dessin deJean-Louis Prieur).

Lorsque la fuite du roi et de sa famille est connue à Paris le matin du 21 juin, La Fayette s'efforce de minimiser la gravité de la situation et répand le bruit qu'il s'agit d'un enlèvement de la famille royale. En fait, La Fayette, responsable de la protection et de la surveillance du roi, n'a jamais pris au sérieux l'idée d'une tentative de fuite. Le soir du 20 juin, il déclarait à Bailly, maire de Paris, que les Tuileries sont tellement bien gardées qu'« une souris n'en pourrait sortir »[76].

Le lendemain, l'exaspération populaire est très forte à l'encontre de La Fayette, qu'on accuse de connivence avec la cour. Pris à partie sur le chemin des Tuileries, il réussit à calmer ces dispositions menaçantes en s'avançant sans escorte au-devant de la foule qui occupe laplace de Grève. Convoqué à l'assemblée, il se borne à confirmer les explications qu'a fournies son adjoint,Jean-Baptiste Gouvion, responsable de la garde du château la veille au soir.

Il demande discrètement au président de l'Assemblée,Alexandre de Beauharnais, et au maire de Paris si, selon leur opinion, l'arrestation du roi importe au salut de l'État. Devant leur réponse affirmative, il dépêche un aide de camp sur la route deMontmédy, présumant que le roi chercherait à y rejoindre le corps commandé parBouillé[N 15].

Louis XVI, arrêté à Varennes après avoir été reconnu par lemaître de poste deSainte-Menehould, est ramené à Paris et réinstallé comme prisonnier aux Tuileries. Lorsque La Fayette se présente à lui avec respect, il trouve le roi très calme, et lui dit « Votre Majesté connaît mon attachement pour elle ; mais je ne lui ai pas laissé ignorer que si elle séparait sa cause de celle du peuple, je resterais du côté du peuple. Cela est vrai, répondit Louis XVI, vous avez suivi vos principes. Jusqu'à ces derniers temps, j'avais cru être dans un tourbillon de gens de votre opinion, dont vous m'entouriez à dessein ; j'ai bien reconnu dans ce voyage que je m'étais trompé, et que c'est aussi l'opinion de la France. — Votre Majesté, reprit La Fayette, a-t-elle quelques ordres à me donner ? — II me semble, répondit en souriant le monarque, que je suis plus à vos ordres que vous n'êtes aux miens. »[77].

Les suites de la fuite de Varennes (22 juin-13 juillet)

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L'échec de la tentative de fuite entraîne un renforcement de la surveillance de la famille royale, dont La Fayette est toujours responsable.

Dans sesMémoires, on lit qu'il s'est efforcé de concilier les devoirs de son ministère avec les égards dus aux captifs. On ne peut se dissimuler toutefois que la démarche de Louis XVI n'eût jeté une certaine irritation dans son esprit, et cette disposition ne demeura probablement pas étrangère à la rigueur des précautions qu'il employa pour couvrir sa responsabilité dans ces graves conjonctures.

Il se fit communiquer la liste des personnes que la cour désirait recevoir, et il assujettit tous les visiteurs à un minutieux contrôle. Il ne fit rendre à Louis XVI aucun des honneurs dus à la royauté, sous prétexte que ce prince, par son manifeste adressé à l'assemblée, avait abdiqué son droit constitutionnel pour réclamer le droit divin. Ces précautions furent excédées, comme il arrive toujours, par les agents placés sous les ordres du général, et la position de la famille royale devint de plus en plus intolérable. Moins libre que le dernier de ses sujets, le roi ne conservait que la faculté de se promener le matin dans les Tuileries, avant que le jardin fût ouvert au public[77].

Malgré tout, La Fayette conserve des sentiments monarchistes. Il appuie la motion deBarnave tendant à maintenir l'autorité royale de Louis XVI et il ajoute à cette occasion que ce prince est« le meilleur de sa famille et le meilleur des souverains de l'Europe ».

Accusé de « tyrannie envers le roi » par le marquisLouis de Bouillé, son cousin, dans une lettre menaçante adressée à l'assemblée, il se contente de répondre qu'« il est prêt à verser son sang » pour le gouvernement établi.

Le,François Muguet de Nanthou, rapporteur de l'enquête ouverte sur l'affaire de Varennes, conclut que ce voyage n'avait rien de coupable et que d'ailleurs le roi est protégé par son inviolabilité constitutionnelle.

Cette conclusion, qui rétablit Louis XVI de plein droit sur le trône, est accueillie par un décret de l'Assemblée qui suscite des protestations auclub des Jacobins, et il est décidé qu'une pétition ayant pour objet le report de ce décret sera portée le dimanche auChamp de Mars, où chaque citoyen pourra la signer sur l'autel de la patrie.

La fusillade du Champ de Mars (17 juillet 1791)

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Article détaillé :Fusillade du Champ-de-Mars.
Publication de la loi martiale au Champ de Mars, le.Estampe dessinée parJean-Louis Prieur etgravée parPierre-Gabriel Berthault,
Paris,BnF,département des estampes et de la photographie.

Le est la date prévue pour la réunion des patriotes auChamp-de-Mars afin de signer la pétition relative au pouvoir royal. Une foule considérable est effectivement présente aux lieu et jour indiqués.

Invité par l'Assemblée nationale à veiller à la répression de ces désordres, Bailly se rend au Champ-de-Mars, accompagné de plusieurs officiers municipaux et d'un détachement important de laGarde nationale sous le commandement de La Fayette. Bailly fait déployer le drapeau rouge et adresse les sommations légales aux manifestants, qui répondent par des jets de pierres ; un coup de feu est tiré sur le maire de Paris ou sur La Fayette[74].

Celui-ci fait tirer quelques coups en l'air. Mais cette sommation ne faisant qu'enhardir les perturbateurs, la Garde nationale ouvre le feu. Une centaine de manifestants tombent morts ou blessés[74]. Quelques officiers voudraient employer l'artillerie. La Fayette s'y oppose avec force et pousse même résolument son cheval devant la bouche des canons[77]. Les manifestants se dispersent tout de même.

Haï de la Cour, La Fayette l'est désormais aussi des révolutionnaires, qui mettent en doute sa sincérité patriotique. Il est surnommé« l'infâme Motier »[78].

Le club des Feuillants (18 juillet)

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Médaille à l'effigie de Lafayette. Date : 1791. Description avers : Buste de Lafayette en uniforme à gauche. Traduction avers : (Lafayette, député à l’Assemblée Nationale Constituante, né en 1757).

Il est créé le 18 juillet 1791 par un groupe de révolutionnaires devenus modérés (constitutionnels), notammentAntoine Barnave,Théodore de Lameth ouCharles-Malo de Lameth.

La Fayette est très proche de ce nouveau groupe politique.

La nouvelle constitution (septembre)

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Article connexe :Constitution de 1791.

Laconstitution élaborée depuis le mois de juillet 1789 est achevée en septembre 1791 et sanctionnée par le roi le. La révolution semble terminée. La Fayette appuie et fait décréter la proposition d'uneamnistie générale. C’est son dernier vote àl'Assemblée constituante, qui va être remplacée le1er octobre par l'Assemblée législative.

Son commandement militaire lui paraît terminé du fait de l'acceptation de l'acte constitutionnel. Il fait donc supprimer l'emploi de colonel général de la Garde nationale.

Jacques Pierre Brissot, un des fondateurs de laSociété des amis des Noirs en 1788, lui reproche d'avoir, le, trahi les mulâtres (libres et affranchis) en s'abstenant de venir à l'Assemblée, où son nouvel amifeuillant, Barnave, a fait révoquer les droits qu'ils avaient obtenus le[79].

La période de l'Assemblée législative (-été 1792)

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La démission de la Garde nationale (octobre)

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Le, il adresse à la milice citoyenne une lettre d'adieu, et remet ses pouvoirs au conseil général de la Commune de Paris. Quelques hommages honorent son retrait. La garde nationale de Paris lui offre une épée à garde d'or avec cette inscription :« À La Fayette, l'armée parisienne reconnaissante ». Une pétition adressée à l'Assemblée sollicite pour lui une indemnité proportionnée aux sacrifices qu'il s'est imposés, et la municipalité de Paris frappe une médaille en son honneur et lui fait présent d'une statue en marbre deWashington, œuvre du sculpteurJean-Antoine Houdon,« afin, dit-elle, qu'il eût toujours sous les yeux celui qu'il avait si glorieusement imité »[80].

II se retire aussitôt àChavaniac-Lafayette, d'où un grand nombre d'électeurs songeront plus tard à le rappeler, afin de remplacer Bailly comme maire de Paris. Mais c'estPétion qui sera élu à une forte majorité, choix qui précipitera la défaite du parti constitutionnel.

L'armée du Centre (14 décembre 1791) et la guerre (avril-juillet 1792)

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Cependant la guerre menace aux frontières du Nord et de l'Est, du fait des activités des émigrés.

Le 14 décembre1791, trois armées sont constituées dans ce secteur. La Fayette, qui a été promu le au grade de lieutenant général, est placé à la tête de l'armée du Centre, les deux autres étant placées sous le commandement deLuckner (armée du Nord) et deRochambeau (armée du Rhin).

La Fayette part le pourMetz, où il établit son quartier général. Il introduit dans le service des améliorations utiles, rétablit la discipline, imagine le système destirailleurs, organise l'artillerie légère, crée le corps des artilleurs à pied et organise celui des artilleurs à cheval[N 16].

La guerre ayant été déclarée en avril, il entre en campagne en se portant avec vingt-cinq mille hommes sur la rive droite de laMeuse, près deGivet, ayant son avant-garde d'environ trois mille hommes à quatre lieues de là, à Florennes, dans les bois au-delà dePhilippeville. Cette dernière position est mal choisie. Les Autrichiens, qui occupentMons avec des forces supérieures tombent un jour à l'improviste sur ce corps de troupes et le dispersent avant que La Fayette ait eu le temps d'être informé de cet engagement.

Quelques jours après, La Fayette prend une autre position dans le camp retranché deMaubeuge[81], ayant encore son avant-garde très loin de lui, dans les bois deMalplaquet et dela Glisuelle. Cette avant-garde est de nouveau surprise par le même corps autrichien parti deMons à la faveur de la nuit. Le1er bataillon de volontaires de la Côte-d'Or souffre beaucoup dans cette rencontre, qui coûte la vie au généralGouvion, aide de camp et ami de La Fayette. Le général survient, rétablit la situation et force l'ennemi à se replier en désordre sur la route deMons.

La Fayette se retranche àTesnières, sousBavay[82], dans l'intention d'y tenir en échec le général autrichienClairfayt, qui manœuvre pour se joindre à l'armée établie àTournai.

La crise politique et la lettre de La Fayette à l'Assemblée législative (16 juin 1792)

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Cependant les événements de Paris attirent l'attention de La Fayette. L'édifice constitutionnel s'affaiblit du fait des affrontements entre les différents partis. La Fayette espère que l'exposition de ses idées sur cette situation pourra produire des effets utiles. Voyant que la vie du couple royal est chaque jour de plus en plus menacée, il envisage d'utiliser son armée pour rétablir une véritablemonarchie constitutionnelle.

Le, il écrit de son camp deMaubeuge une longue lettre à l'Assemblée législative, dans laquelle il dénonce avec énergie la faction jacobine comme responsable de tous les désordres dont souffre le pays. Il s'applique ensuite à prévenir toute inculpation personnelle en parlant favorablement de lui-même, de son intervention dans la guerre d'Indépendance américaine, de son zèle à défendre la liberté et la souveraineté des peuples et rappelle la Déclaration des droits dont il a été le promoteur. Il adjure enfin l'assemblée de rétablir l'égalité civile et la liberté religieuse sur leurs véritables bases, de faire respecter l'intégrité du pouvoir royal et d'anéantir le régime des clubs et des sociétés secrètes. La lecture de cette lettre, dont La Fayette a adressé une copie au roi, provoque dans l'assemblée de vives réactions.

Cette lettre est mal reçue de la majorité. La droite seule l'approuve et en demande l'impression. Les Girondins, par la voix deVergniaud et deGuadet, s'efforcent d'alarmer leurs collègues sur les dangers que font courir à la liberté de pareilles remontrances, adressées à une assemblée délibérante par un chef militaire. Ils émettent des réserves sur l'authenticité de la signature. Ils demandent que la lettre soit renvoyée à un comité, afin que l'assemblée « puisse venger le général du lâche qui a osé se couvrir de son nom ». Cette proposition est adoptée et quelques voix réclament sans succès l'envoi de ce manifeste aux départements. Mais peu de jours après, soixante-quinze administrations départementales adhèrent formellement aux considérations développées par La Fayette.

La Fayette apprend le mauvais effet de son message en même temps que les événements du. Il ne peut marcher sur Paris, son armée stationnée àPont-sur-Sambre refuse de le suivre, notamment par l’opposition deGobert.

La journée du 20 juin et la venue de La Fayette à Paris (28 juin)

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Lors de cettejournée du 20 juin 1792, la Garde nationale est absente des Tuileries, laissant les émeutiers aborder le roi en tête-à-tête[N 17].

Plusieurs amis de La Fayette, notammentDupont de Nemours, l'informent que cette journée a produit dans le public un sentiment de réaction assez vif pour que sa présence àParis puisse lui imprimer une impulsion décisive. La Fayette n'hésite pas.

Malgré les avis timorés deLuckner, La Fayette quitte aussitôt son armée et le 28, il est à la barre de l'Assemblée. Il reconnaît être l'auteur de la lettre qui a été lue en son nom, et déclare qu'il a été chargé par tous les corps de son armée de mettre fin aux insultes envers le roi et de demander la destruction de la faction des jacobins.

L'allocution de La Fayette est accueillie avec enthousiasme par la droite et par un morne silence à gauche.Guadet, prenant le ton de l'ironie, attribue la présence du général à la disparition des ennemis extérieurs ; puis il blâme sa démarche comme une infraction à la discipline militaire et une désobéissance à la constitution. Il fait échouer les efforts du général.Ramond prend la défense de La Fayette, mais une majorité de cent voix fait adopter l'ordre du jour[N 18].

En quittant l'Assemblée, La Fayette se rend chez le roi, qui l'accueille avec bienveillance, mais avec réserve. Madame Elisabeth, présente à cette entrevue, conseille à son frère de s'en remettre à lui ; mais la reine s'est déjà prononcée contre toute tentative d'évasion à laquelle le général pourrait prendre part ; elle déclare qu'elle aime mieux mourir que de lui devoir sa délivrance[N 19].

L'indécision de Louis XVI et la répugnance de la reine font avorter ce projet. La Fayette quitte ensuiteParis pour rejoindre son armée. Il est brûléen effigie dans les rues de Paris. C’est la fin de la popularité qui avait pris naissance sur les ruines dela Bastille. Sa démarche n'a rendu au pouvoir exécutif qu'une vigueur passagère : le maire de Paris et le procureur de la commune sont suspendus pour leur conduite du ; mais l'Assemblée annule rapidement cette sanction.

À son retour à l'armée, La Fayette veut tenter un dernier effort ; il pense qu'une victoire pourrait changer l'état des esprits, et fait proposer àLuckner, par le colonelBureau de Pusy, d'attaquer les Autrichiens àJemappes ; mais le maréchal s'y refuse formellement[N 20].

L'armée du Nord (12 juillet 1792)

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Il est alors appelé au commandement de l'armée du Nord, en remplacement de Luckner. Il porte son quartier général àCerfontaine, àLongwy, puis àSedan. Voulant se porter deMetz surNamur, il apprend àDinant la défaite des deux corps deDillon et deBiron, et se hâte d'opérer sa retraite.

Les accusations contre La Fayette (juillet-août)

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Le députéVincent-Marie Viénot de Vaublanc, qui fut l'un de ceux qui défendit La Fayette à l'Assemblée législative en août 1792.

Les jacobins lui suscitent à l'armée mille tracasseries de détail, lui refusent les renforts dont il a besoin, interceptent ou dénaturent ses dépêches, circonscrivent son commandement, et appellent Luckner, plutôt que lui, à la fête de la fédération du.

À Paris, ses ennemis sont actifs. Il s'écoule peu de jours avant qu'il ne soit dénoncé à la barre de l'assemblée comme un citoyen rebelle, comme un nouveauCromwell, qui aspire à substituer le despotisme militaire au régime légal et à renverser la constitution. Ces dénonciations sont approuvées par les députésVergniaud etDelaunay qui prononcent l'un et l'autre de longs discours sur les dangers de la patrie[N 21].

Ces accusations vagues se compliquent du fait d'un incident qui aurait pu devenir fatal à La Fayette.Jean-Baptiste Gobel, évêque constitutionnel de Paris, recevant Luckner à dîner chez lui, obtient de ce vieil homme en présence de six députés jacobins, l'aveu que La Fayette lui a fait proposer parJean-Xavier Bureau de Pusy, de marcher avec leurs corps d'armée contre l'Assemblée nationale.

Cette intrigue échoue à cause des dénégations écrites de Luckner, et surtout grâce à un démenti formel de Bureau de Pusy, qui s'explique à la barre de l'Assemblée avec beaucoup de précision et d'énergie. Durant la séance du,Jean Antoine Debry, membre de la commission à laquelle a été confié l'examen de la conduite du général, conclut à sa mise en accusation ; cette proposition, soutenue parJacques Pierre Brissot, est combattue avec force parVienot-Vaublanc et deQuatremère de Quincy, et repoussée par 406 voix contre 224.

En sortant de la séance, les députés favorables au général sont assaillis et menacés de mort, et ne doivent leur salut qu'à la protection de la Garde nationale.Hippolyte Taine commente cet épisode en ces termes :« Quant au principal défenseur de La Fayette, M. de Vaublanc, assailli trois fois, il eut la précaution de ne pas rentrer chez lui ; mais des furieux investissent sa maison en criant que « quatre-vingt citoyens doivent périr de leur main, et lui le premier » ; douze hommes montent à son appartement, y fouillent partout, recommencent la perquisition dans les maisons voisines, et, ne pouvant l'empoigner lui-même, cherchent sa famille ; on l'avertit que s'il rentre à son domicile, il sera massacré »[83].

Les réactions de La Fayette après la journée du 10 août

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Galiot Mandat de Grancey qui le remplace à la tête de laGarde nationale est assassiné le10 août.

À la nouvelle de ces événements, le premier soin de La Fayette est de se rendre au directoire du département desArdennes, le corps constitué le plus proche ; il lui déclare son refus de reconnaître le nouveau gouvernement et une Assemblée évidemment opprimée par la faction qui domine à Paris. Il adresse une lettre, le 16 août, au quartier-général du camp retranché de Sedan où il annonce l'envoi de M. de Langlois, son aide de camp, lieutenant-colonel, chargé de prendre leurs ordres et de donner tous les renseignements[84].

Il adresse ensuite aux troupes une proclamation énergique et tente d'organiser, entre plusieurs départements de l'est, une fédération dans le but de résister aux jacobins. Il fait arrêter trois commissaires envoyés à son armée par l'Assemblée.

Mais leduc de Brunswick ayant alors commencé son invasion enFrance, cette entreprise ne peut pas avoir de suite, d'autant plus que ses compagnons d'armes ne le suivent pas : Rochambeau se démet de son commandement, Luckner hésite ; le général Biron, ami du duc d'Orléans, soutient les jacobins, et Dillon traite avecDumouriez, au lieu de punir sa désobéissance aux ordres de Luckner, qui lui avait demandé de venir le rejoindre.

Ces défections successives rendent la situation de La Fayette critique.

La Fayette déclaré « traître à la nation » et émigration (19 août)

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Émigration de La Fayette du camp devant Sedan, le,Tableaux historiques de la Révolution française,eau-forte deBerthault d'aprèsSwebach-Desfontaines, Paris,musée Carnavalet, 1792.

Le il est déclaré traître à la nation. L'assemblée, dans sa séance du, le décrète d'accusation et le directoire deSedan ordonne son arrestation.

Il a un moment la pensée d'aller se présenter en personne à ses accusateurs ; mais cette démarche lui paraît trop dangereuse. Réduit par l'infériorité et l'abandon de ses troupes à l'impuissance, il cherche désormais un exil à l'étranger.

Après quelques précautions destinées à garantir son armée, il part secrètement de Sedan dans la nuit du, avecCésar de Latour-Maubourg,Alexandre de Lameth,Bureau de Pusy, de Langlois son aide de camp et quelques autres officiers, et se dirige vers laforêt des Ardennes, sous prétexte de faire une reconnaissance.

Il veut alors passer en pays neutre, dans laprincipauté de Liège.

La captivité (1792-1797) et l'exil (1797-1800)

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La Fayette passe les lignes autrichiennes, où il est reconnu. Refusant toute coopération avec l'ennemi, il est mis en état d'arrestation.

Il est ensuite incarcéré, d'abord dans des forteresses prussiennes (1792-1795), puis dans des forteresses autrichiennes, notamment celle d'Olmütz, où son épouse, qui a échappé à laTerreur, le rejoint (1795-1797).

Il est libéré à la suite dutraité de Campo-Formio (17 octobre 1797) entre l'Autriche et legénéral Bonaparte, mais ne peut rentrer en France. Il s'installe alors àUtrecht (République batave).

L'arrestation de La Fayette par les Autrichiens (août 1792)

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Jean-Xavier Bureau de Pusy est envoyé àRochefort[réf. nécessaire] (Pays-Bas autrichiens) pour demander le passage « en faveur d'officiers forcés de quitter l'armée française », ce qui est accordé. Arrivé à Rochefort, La Fayette est reconnu. Informé de cette capture inespérée, lefeld-maréchal Johann von Moitelle, qui commande àNamur, y fait amener les fugitifs sous bonne garde.

La Fayette, informé que le princeCharles-Louis d'Autriche-Teschen va venir deBruxelles pour le consulter sur l'état intérieur de laFrance, il répond« qu'il ne supposait pas que personne lui adressât des questions auxquelles il ne jugerait pas convenable de répondre ». Un ordre ayant prescrit au général autrichien Chasteler de s'emparer du trésor de l'armée, qu'on suppose aux mains de La Fayette :« Sans doute, dit celui-ci, Leurs Altesses Impériales, à ma place, l'eussent emporté »[85].

La Fayette ayant demandé un passeport, c'est-à-dire la possibilité de voyager librement[N 22], leduc de Saxe-Teschen, oncle de l'empereur, lui répond que« puisque le chef de l'insurrection française était tombé entre les mains des princes alliés, on le garderait jusqu'à ce que son souverain, dans sa clémence ou dans sa justice, eût décidé de son sort »[85].

La Fayette, Lameth, Latour-Maubourg et Bureau de Pusy sont ensuite conduits auchâteau de Luxembourg. Avant son départ, La Fayette dicte à son aide de campJean Louis Romeuf, une déclaration destinée à être rendue publique au cas où il mourrait en captivité. Il écrit en conclusion :« L'aristocratie et le despotisme sont frappés à mort, et mon sang, criant vengeance, donnera à la liberté de nouveaux défenseurs »[86],[87].

L'émigration de La Fayette entraîne des représailles en France : ses biens sont confisqués. LaCommune de Paris (issue de l'insurrection du10 août) fait briser par le bourreau le coin de la médaille frappée en son honneur[85]. Ses proches sont inquiétés.

La captivité d'août 1792 à octobre 1794

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Quelques jours après leur arrestation, les prisonniers sont remis à la garde des autorités prussiennes dans la citadelle deWesel, en dépit des interventions desÉtats-Unis et de l'épouse de La Fayette.

Il est accueilli à la citadelle par le colonelFriedrich August Albrecht von Tschirschky, remplaçant le général Romberg juste décédé. Quand on amène La Fayette, Tschirschky lui fait visiter la caserne entourée de palissades, et, quoique ne parlant pas français, lui dit : « Bastille ! Bastille ! ».

La Fayette tombe malade.On lui promet alors d'adoucir sa captivité s'il veut bien donner des informations contre laFrance. Ayant répondu avec mépris à cette proposition, il est jeté sur une charrette et transféré àMagdebourg, où il passe un an dans un appartement souterrain et humide et réduit à recourir à un cure-dent trempé dans de la suie délayée pour correspondre secrètement avec quelques amis[réf. souhaitée].

Transféré àNeisse, enSilésie, il y est traité un peu moins rigoureusement.

La famille de La Fayette victime de la répression (septembre 1792-juillet 1794)

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La marquise de La Fayette est arrêtée sur ses terres au mois de septembre1792, puis relâchée sur l'ordre deBrissot à qui elle s'est plainte de cet acte de rigueur. Elle est cependant assignée à résidence dans son château de Chavaniac.

Elle est de nouveau incarcérée au printemps 1794, au plus fort de laTerreur, d'abord àBrioude, puis à Paris (ordre du). Durant laTerreur (septembre 1793-juillet 1794)[88], plusieurs membres de la famille meurent sur l'échafaud : lamaréchale de Noailles, sa grand-mère, la duchesse d'Ayen, sa mère, et la vicomtesse de Noailles, sa sœur.

Elle-même échappe au procès devant leTribunal révolutionnaire et à une probable condamnation à mort, mais reste un moment en prison après lachute de Robespierre (27 juillet 1794/9 thermidor an II), sous legouvernement des Thermidoriens.

Conséquences d'une tentative d'évasion (octobre 1794-avril 1795)

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La Fayette subit une aggravation de ses conditions de détention à la suite d'une tentative d'évasion au mois d'octobre1794, de concert avec le docteur Bollemann et un jeune Américain nommé Huger, qui se sont dévoués à ses intérêts.

Le droit de se promener autour de la citadelle lui est retiré ainsi qu'aux deux autres prisonniers[N 23].

Le caractère de La Fayette ne se dément point devant ces longues et pénibles épreuves. Une seule préoccupation domine dans tous les rapports qu'il peut entretenir au-dehors, celle du tort que pourront faire à la cause de la liberté les persécutions qu'il a souffertes au sein de sa patrie. Il s'applique dans ce but, avec une pieuse sollicitude, à atténuer ses propres griefs ; il ne veut pas que l'offense d'un obscur citoyen nuise au succès de tout un principe. Il conserve, sans ostentation, sans amertume, sous les verrous d'Olomouc, l'intrépidité de sa foi politique et de son dévouement aux intérêts de la liberté. Une circonstance douloureuse a troublé cependant cette foi si bien affermie : en apprenant la mort de son amiLouis Alexandre de La Rochefoucauld en 1792, au moment desmassacres de Septembre, La Fayette écrit que, sans cesser de regarder comme sacrée la cause du peuple, « le charme est détruit. »[89].

La fin de la captivité : Olomouc (1795-1797)

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Au mois de mai1795, par suite dutraité de paix conclu à Bâle entre la France et la Prusse, La Fayette, Bureau de Pusy et Latour-Maubourg sont rendus aux Autrichiens et conduits dans la forteresse d'Olomouc enMoravie, où ils sont séparés et privés de toute communication avec le dehors. Il y subit toutes sortes de brimades pendant deux ans[90].

Mme de La Fayette retrouve la liberté le. Elle réussit ensuite à se rendre àVienne, où elle est autorisée, ainsi que ses deux filles, à partager la captivité de son époux àOlomouc. Elle restera là jusqu'à la libération de son mari malgré de graves ennuis de santé.

La Fayette va bénéficier des victoires de l'armée d'Italie en 1796-1797, qui aboutissent au traité franco-autrichien deLeoben (17 avril 1797). Les générauxBonaparte etClarke exigent la mise en liberté des trois captifs au moment de la signature dutraité de Campo-Formio (). LeDirectoire interdit cependant à La Fayette de rentrer en France.

Après cinq mois de pourparlers, La Fayette et ses deux compagnons sont libérés, promettant de quitter dans les douze jours suivants les États de l'empereur. Ils se rendent alors àHambourg, d'où ils adressent leurs remerciements au général Bonaparte.

L'exil en Hollande (1799-1800)

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La Fayette passe ensuite sur le territoire de laRépublique batave où il est bien accueilli. Il se fixe quelque temps àUtrecht, attendant avec impatience l'occasion de rentrer en France où un groupe dirigé par l'ancien député à la ConstituanteEmmanuel-Joseph Sieyès agit en sa faveur.

C’est là qu'il apprend le débarquement de Napoléon Bonaparte, revenant de lacampagne d'Égypte, àFréjus (octobre 1799) et son retour à Paris, peu avant lecoup d'État du 18 Brumaire (9 novembre).

La Fayette écrit à Bonaparte pour le complimenter ; mais cette démarche n'amène aucun résultat[91].

Napoléon, sans l'avoir rencontré, lui est hostile et lui interdit de s'installer àParis.

La période napoléonienne (1800-1815)

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Le retour en France (1800-1802)

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En1800, La Fayette informe lePremier Consul qu'il ne voit pas de raison de prolonger son exil et qu'il va rentrer en France. Bonaparte est irrité par cette annonce. Lorsque, le,Fontanes prononce un éloge de Washington auxInvalides, par ordre du Premier Consul, il ne cite jamais le nom de La Fayette.

Celui-ci ne reste pas à Paris, mais se retire dans sonchâteau de La Grange-Bléneau àCourpalay (Seine-et-Marne), propriété que sa femme a héritée de sa mère. Cette attitude prudente calme peu à peu les dispositions ombrageuses du Premier Consul, d'autant plus que La Fayette se lie d'amitié avecJoseph Bonaparte. Il se voit accorder quelques faveurs : il est rayé de la liste des émigrés et bénéficie d'une pension de retraite de 6 000 francs, tandis que son fils,Georges Washington, devient officier dans un régiment dehussards. Il est aussi nommé membre du conseil général de laHaute-Loire.

Relations avec le Premier Consul (1802-1804)

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Bonaparte et La Fayette se rencontrent peu après labataille de Marengo. À son retour de Marengo, Bonaparte reçoit le général avec bienveillance. « Vous avez-dû, dit-il à La Fayette, trouver les Français bien refroidis pour la liberté ; les boutiquiers de Paris n'en veulent plus. » Le général répondit que les Français étaient encore en état de la recevoir et qu'ils l'attendaient de lui[89].

La Fayette refuse la dignité de sénateur qui lui est proposée parTalleyrand etCabanis, en ajoutant que, le lendemain de sa promotion, il se verrait obligé de dénoncer le Premier Consul et son administration. Il refuse aussi lalégation française aux États-Unis, se considérant, dit-il, comme« trop Américain pour y jouer le rôle d'étranger ». Malgré ces refus, Bonaparte reste bienveillant envers La Fayette. Quelqu'un ayant accusé celui-ci, en présence du Premier Consul, de comploter contre le gouvernement :« Laissez donc, répondit celui-ci, il n'en dira pas plus qu'il ne m'en a dit à moi-même ! »[89].

Lors duplébiscite sur le consulat à vie, La Fayette déclare qu'il ne l'approuvera pas[92] tant que la liberté publique ne sera point garantie. Il développe cette opinion d'opposition auconsulat dans une lettre le qui va interrompre les relations entre ces deux hommes[N 24].

En 1804, La Fayette s'élève avec énergie contre l'exécution du duc d'Enghien. Par la suite, il refuse d'entrer au Sénat et ne cache pas son hostilité au régime[93].

La période impériale (1804-1814)

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Le passage du Consulat à l'Empire, auquel il est opposé, pousse La Fayette à une vie encore plus retirée. Il s'abstient de toute participation, même indirecte, aux affaires publiques. Il s'adonne à l'agriculture dans son domaine de la Brie.

À l'époque de la création de laLégion d'honneur, l'empereur lui fait proposer par lecomte de Ségur, son parent, d'être un des dignitaires de l'ordre ; mais La Fayette refuse et par la suite ne sera plus sollicité à ce sujet. Son isolement finit par indisposer Napoléon ; après labataille d'Ulm (octobre 1805), l'empereur lui-même empêche l'avancement que Georges de La Fayette, lieutenant de hussards, serait en droit d'obtenir.

La Fayette ayant fait une chute grave sur la glace, cela suscite un peu d'intérêt dans l'opinion publique et ses ennemis disent que le héros des deux mondes, supportant mal son isolement, n'a trouvé que ce moyen pour faire parler de lui. On le sollicite vivement alors repartir en voyage enAmérique, mais il refuse de crainte que le gouvernement impérial ne mette obstacle à son retour. Il est vrai que Napoléon dit un jour au conseil d'État :« Tout le monde en France est corrigé, excepté La Fayette : vous le voyez tranquille, eh bien ! je vous dis, moi, qu'il est prêt à recommencer ».

Un ralliement limité aux Bourbons (avril 1814-mars 1815)

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En1814, il se rallie auxBourbons et participe aux côtés deFouché à la déchéance de l'Empereur. Il nous apprend lui-même dans sesMémoires qu'il a vu avec plaisir arriver laRestauration et le retour de princes qui avaient été ses compagnons d'enfance ou de jeunesse. Cédant à l'entraînement universel, il se présente auxTuileries avec son uniforme de général et la cocarde blanche et y est bien accueilli.

Cependant, cette visite est la seule qu'il ait rendue aux frères deLouis XVI. L'esprit général du nouveau gouvernement et les attaques semi-officielles dirigées contre lui réveillent ses anciens ressentiments. À cette époque, La Fayette a plusieurs entretiens avec le tsar de Russie,Alexandre I, alors d'esprit assez libéral[N 25], qui se plaint ouvertement à lui du manque de libéralisme de cette dynastie dont il a permis le retour en France[réf. souhaitée].

LesCent Jours (mars-juin 1815)

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Très réservé lors du retour de Napoléon de l'île d'Elbe, La Fayette se présente aux élections du 10 mai 1815 et est de nouveau élu député de la Seine-et-Marne. Il intervient peu jusqu'à labataille de Waterloo, mais joue après la défaite de l'empereur un rôle important dans sa seconde abdication, en liaison avecJoseph Fouché.

Le retour de Napoléon et le problème du ralliement

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Malgré le peu de sympathie que la famille royale inspire à La Fayette, il assiste avec effroi auretour de Napoléon en mars 1815, qui remet en question la paix européenne rétablie depuis quelques mois. Quelques royalistes étant venus lui demander si les Bourbons pouvaient compter sur son dévouement, il répond affirmativement : ne doutant pas, dit-il, qu'à la faveur d'une opposition bien dirigée, on ne puisse tirer meilleur parti deLouis XVIII que de celui qu'il regarde depuis longtemps comme le plus redoutable ennemi de la liberté.

Au cours d'une réunion chezLainé sur le parti le plus convenable à prendre dans ces circonstances, il propose de mettre leduc d'Orléans à la tête de l'armée et de réunir tous les membres survivants des assemblées nationales depuis1789, afin d'opposer une grande force morale à Napoléon[94]. Cet avis reste sans écho. La Fayette demeure trois jours à Paris avant de revenir dans son château de La Grange.

Napoléon est arrivé à Paris sans grandes difficultés, ayant obtenu nombre de ralliements.Benjamin Constant, récemment très hostile au régime impérial, accepte de devenir conseiller d'État. Son exemple et ses exhortations ne persuadent point La Fayette :« Dans ce peu de jours et au milieu de ses brillantes promesses, lui dit-il, Napoléon a déjà cent fois plus violé les libertés publiques que les Bourbons dans leurs dix mois de règne ». II repousse aussi les ouvertures deJoseph Bonaparte, en ajoutant qu'il ne pouvait voir dans Napoléon« qu'un soldat venu de corps de garde en corps de garde jusqu'aux Tuileries », et refuse toute entrevue avec lui[95]. Cependant, il promet de concourir à repousser les armées étrangères, à la même condition qu'il a imposée aux Bourbons : la réunion d'une chambre de représentants librement convoquée et largement élue.

Député dans la Chambre du 10 mai

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Président du collège électoral deSeine-et-Marne et élu député de ce département le 10 mai 1815, il est incité à revenir sur le devant de la scène politique. Il est élu par un grand nombre de voix à la vice-présidence de la chambre des députés et il fait donc partie de la délégation chargée de recevoir Napoléon lorsqu'il vient en personne ouvrir sa courte session. Mais rien ne sort d'un entretien sans grand intérêt[96].

La Fayette ne prend pour ainsi dire aucune part aux débats de lachambre des Cent-Jours.

Après Waterloo : la séance du 21 juin

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Après ladéfaite de Waterloo, Napoléon reparaît au milieu de rumeurs de dissolution et de dictature militaire. La Fayette monte à la tribune lors de la séance du : « Pour la première fois depuis bien des années, j'élève une voix que les vrais amis de la liberté reconnaîtront ». Appelé à « parler des dangers de la patrie » à sauver, il juge le temps venu de se rallier « autour du vieil étendard tricolore ; « c'est celui-là seul que nous avons à défendre contre les prétentions étrangères et contre les tentatives intérieures ». « Vétéran de cette cause sacrée, qui fut toujours étranger à l'esprit de faction », il soumet à la chambre, sous les applaudissements, une résolution de 5 articles dont 4 sont adoptés :

  • Déclaration que l'indépendance nationale est menacée ;
  • Constitution en permanence de la chambre, qui regardera toute tentative de dissolution comme un acte de haute trahison ;
  • Proclamation du mérite de la patrie en faveur des armées de ligne et des gardes nationales au combat ;
  • Plein pouvoir au ministre de l'Intérieur sur l'État-major et la garde nationale parisienne, pour défendre la capitale d'éventuelles exactions propres aux situations de crise (cet article est écarté) ;
  • Mandatement des ministres à la barre pour y rendre compte de la situation de la France[97].

Cette motion n'en est pas moins intempestive qu'inconstitutionnelle. La Fayette n'est, à cette occasion, que l'instrument d'une intrigue ourdie parJoseph Fouché rencontré la veille. Juste après la présentation de la proposition de La Fayette, une motion identique est jointe par le président de la séance, soutenue parJean de Lacoste, un proche de Fouché. D'après le biographe deFouché,Louis Madelin, le ministre de l'Intérieur risquait soitVincennes avec le retour de Napoléon, soit la fin de sa carrière avec le retour de la dynastie desBourbons. Il réussit à convaincre La Fayette qu'il est l'homme de la situation. La Fayette n'a que peu de considération pour Fouché mais pense dominer la situation. Personne ne pouvait penser qu'une substitution de Napoléon par La Fayette était viable. En réalité, Fouché, désespérant en secret de l'insuccès du duc d'Orléans de lamaison Bourbon-Orléans, accepte la branche aînée du Duc, celle des Bourbons comme alternative[98], La Fayette étant lié à cette maison par sa généalogie[99].

Napoléon consent avec peine à laisser ses ministres aller devant la Chambre et leur adjointLucien Bonaparte qui défend avec véhémence les intérêts de son frère. Cet orateur ayant parlé de la légèreté des Français, La Fayette répond que cette imputation est calomnieuse et que si la nation n'avait pas suivi Napoléon dans les sables d'Égypte, dans les déserts deRussie et sur cinquante champs de bataille, le pays n'aurait pas trois millions de Français à regretter.

La seconde abdication (22 juin) et ses suites

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Le lendemain matin, La Fayette fait prévenir l'empereur que, s'il ne se décide pas à abdiquer, il va lui-même proposer sa déchéance.

Napoléon abdique et les chambres proclamentNapoléon II. La commission de gouvernement, présidée par Fouché, envoie aux souverains alliés des ambassadeurs afin qu'ils interrompent leur marche sur Paris et discutent des conditions de la paix.

La Fayette etVoyer d'Argenson font partie de cette députation dont l'objet apparent est de détourner les puissances étrangères du projet de rétablir les Bourbons sur le trône de France. Mais le but réel est d'éloigner une personnalité propre à contrarier les projets de restauration auxquels Fouché s'est dévoué. Les plénipotentiaires se dirigent versMannheim, puis versHaguenau ; mais ne sont pas admis auprès du tsarAlexandre. Les négociations se limitent à quelques vaines conférences avec des commissaires désignés par les coalisés. Au cours d'un de ces entretiens, le commissaire britannique indique que la France n'obtiendra la paix qu'en livrant Napoléon[100].

Napoléon abattu inspire à La Fayette la sympathie qu'il lui a toujours refusée quand il était vainqueur. Il fait offrir à son ancien libérateur les moyens de partir aux États-Unis ; mais Napoléon préfère faire confiance aux Britanniques, pourtant ses pires ennemis.

La Restauration (1815-1830)

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La période de la Terreur blanche

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Le retour des Bourbons ne peut être vu favorablement par La Fayette dont la mission à Haguenau a mis fin aux relations qui s'étaient établies durant lapremière Restauration entre la cour et lui. Le général passe dans une retraite complète les débuts de laSeconde Restauration, période de violences royalistes (la « Terreur blanche »), durant laquelle il aurait été difficile à l'ancien promoteur de la Déclaration des droits de l'homme d'affirmer une position politique.

En 1817, il tente de se faire élire en Seine-et-Marne, mais c'est un échec[101].

Député durant la deuxième législature (1818-1823)

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Le 26 octobre1818, en revanche, il est élu par le collège électoral de laSarthe, et vient prendre à l'extrême gauche la place qu'il ne cessera plus d'occuper jusqu'à larévolution de 1830. Persuadé que le gouvernement de Louis XVIII a pour objectif, tantôt ouvertement, tantôt insidieusement, de détruire les libertés établies à la chute de Napoléon par lacharte constitutionnelle de 1814, il est toujours au premier rang des adversaires du pouvoir, harcelant les ministres, luttant contre la menace de la contre-révolution, encourageant les peuples voisins à la résistance contre l'oppression.

En 1819, il vote contre une proposition deBarthélémy, qui tend à modifier la loi électorale de1817.

Ses principaux discours sont ceux de 1819 sur la pétition pour le rappel des révolutionnaires exilés et sur le budget ; de1820, pour demander la réorganisation de lagarde nationale, sur les projets de loi relatifs à la liberté individuelle, à la censure et aux élections[N 26].

Les révolutions espagnole et napolitaine, qu'il a encouragées, échouent par suite des mesures prises par les alliés.

Il déclare ouvertement à la tribune qu'il se regarde comme délié de ses serments du fait des violations qu'a selon lui subies laCharte de 1814.

Les voies de la conspiration (1820-1821)

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Chez lui, la loyauté à la monarchie est subordonnée au respect du gouvernement pour les droits du peuple, entendus dans leur acception la plus large. Il considère comme normal de recourir à des voies illégales si le gouvernement se place dans l'illégalité. La Fayette lui-même s'est montré discret dans sesMémoires sur sa participation à diverses opérations de ce genre.

La première conspiration à laquelle son nom soit mêlé de façon sérieuse est le complot militaire du19 août 1820, dit « complot du Bazar français »[102], où plusieurs personnes interrogées le désignent comme un des chefs du mouvement, voire le président d'un mystérieux comité républicain[103]. Ces révélations paraissent cependant insuffisantes aux autorités judiciaires pour lancer une procédure contre lui.

Durant le procès intenté au mois de mars 1821 à Goyet et à Sauquaire-Souligné[104], prévenus d'attentat contre la sûreté de l'État pour une tentative d'insurrection dans la Sarthe, La Fayette est cité comme témoin ; le ministère public n'hésite pas à attribuer à ses encouragements, exprimés dans des lettres qui sont utilisées à l'audience, l'origine des menées des accusés. Une de ces lettres, adressée aux jeunes gens duMans, présente tous les caractères d'une incitation à la révolte. Interpellé à cette occasion par le président de la cour d'assises, La Fayette répond qu'il persiste dans des opinions dont il n'est responsable qu'à la Chambre des députés.

L'échec de ces premiers complots contre la Restauration inspire bientôt à l'esprit de faction l'établissement de sociétés secrètes permanentes, destinées à stimuler et à régulariser ces tentatives, à les lier entre elles, et à marquer les temps et les lieux où les conjurés pourraient agir efficacement.

La Charbonnerie (1821-1823)

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En 1821, La Fayette entre dans lacharbonnerie et en devient rapidement un membre influent[N 27]. Comme des amis lui recommandent la prudence, « Bah ! leur répond-il en souriant, j'ai déjà beaucoup vécu, et il me semble que je couronnerais dignement ma carrière politique en mourant sur l'échafaud pour la liberté. »[105].

Prodigue d'encouragements, il ne s'engage dans aucun plan avant d'avoir évalué les coûts, risques et chances de réussite[106],[107]. Déléguant les missions risquées, il n'affronte directement le gouvernement qu'avec une extrême prudence, gouvernement le ménageant secrètement pour faire contrepoids aux ultra-royalistes.

En 1821, àBelfort, un complot est mis en place par des membres de la charbonnerie, dont l'exécution est fixée au début de1822. La Fayette doit venir de Paris se mettre à la tête des conspirateurs. Parti avec son fils avec vingt-quatre heures de retard, il est averti de l'échec du complot parSaint-Amand Bazard àLure, se rend àGray, d'où il regagne Paris, tandis que sa voiture est récupérée parJacques Koechlin, qui la fait transporter en Allemagne où elle est brûlée.

Un peu plus tard, La Fayette est dénoncé comme un des instigateurs du mouvement entrepris àSaumur par le généralBreton en février1822, qui échoue du fait de la trahison d'un sous-officier nommé Woelfel. Le procureur généralClaude Mangin mentionne les témoignages contre La Fayette dans son acte d'accusation. Il présente comme certaines les relations de La Fayette avec les principaux conjurés et implique aussi plusieurs députés de l'opposition, notamment legénéral Foy,Voyer d'Argenson etBenjamin Constant. Cet acte d'accusation suscite une tempête violente au sein de la chambre (1er août 1822).

Le général Foy nie la complicité qui lui est attribuée et soutient que « de telles infamies sont l'œuvre du ministère ». La Fayette monte à la tribune au milieu du tumulte et déclare :« [J]e m'unis à mes amis pour demander, autant qu'il est en nous, la plus grande publicité, au sein de cette Chambre, en face de la nation ; c'est là que nous pourrons, mes accusateurs et moi, dans quelque rang qu'ils soient placés, nous dire, sans compliment, ce que, depuis trente-trois années, nous avons eu mutuellement à nous reprocher. »[108].

On peut supposer que cette déclaration visait Louis XVIII lui-même et qu'elle faisait allusion à un fait méconnu de sa conduite envers lemarquis de Favras. Il est pourtant très probable que La Fayette était complice des conjurés de Saumur[N 28].

On se figure aisément les proportions qu'un tel événement eût données aux débats et les révélations dont il fut devenu la source. La préoccupation de la chambre lui a dérobé cet incident, qui n'a été divulgué que bien des années plus tard[109].

Lorsque, un mois après, le procès du général Breton a lieu devant la cour d'assises dePoitiers, le procureur Mangin soutient ses premières affirmations et dénonce la perfidie de La Fayette :« Les preuves matérielles nous manquent contre les premiers instigateurs du complot. Pourquoi ? Ce n'est point parce qu'ils sont inconnus, mais parce qu'ils se cachent derrière leurs séides, parce qu'ils s'enveloppent de mystère… Ils ont insinué que nous les frappions par derrière, que nous étions des lâches… Les lâches et les perfides sont ceux qui précipitent dans l'abîme des conspirations des hommes simples et crédules, qui les trompent et les désavouent ensuite… Voilà les véritables pourvoyeurs des bourreaux »[110].

Le complot de Breton est le dernier auquel se soit trouvé mêlé le nom de La Fayette. Les « ventes » ducarbonarisme prennent fin elles-mêmes en1823.

L'intervention française en Espagne (1823-1824)

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Lors de l'expulsion du député libéralJacques-Antoine Manuel (27 février 1823), à la suite d'un discours sur la situation en Espagne, il est un des soixante-quatre députés qui protestent contre cet acte de violence parlementaire.

Au cours d'une réunion de députés de l'opposition, il propose de lancer une proclamation au peuple, affirmant que l'impôt a cessé d'être obligatoire depuis cette violation de la charte. Mais ce point de vue est repoussé par la plupart de ses collègues.

Le succès de l'expédition française en Espagne (avril-novembre 1823) est très favorable à la popularité du gouvernementVillèle, qui en profite pour dissoudre la Chambre en décembre.

Alors qu'il avait été réélu député en novembre1822Meaux), La Fayette est battu auxélections de 1824.

Le voyage en Amérique (juillet 1824-septembre 1825)

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Article détaillé :Visite du marquis de La Fayette aux États-Unis.

Il profite de cette inaction forcée pour réaliser un souhait ancien : retourner en Amérique. Informé de son désir, leCongrès américainmet à sa disposition un navire de l'État[pas clair]. C'est une tournée triomphale qu'il va faire dans 182 villes pendant ces quatorze mois.

Réception de l'hôte de la nation aux États-Unis. Un grand homme appartient à l'univers entier.
Lithographie coloriée représentant l'arrivée deLa Fayette aux États-Unis le.
Gants au portrait de La Fayette, peut-être destiné à commémorer sa visite aux États-Unis en 1824[111].
La Fayette portraituré parSamuel Morse en 1825,Crystal Bridges Museum of American Art.

Le général part duHavre le, accompagné de son fils et d'un secrétaire, sur unnavire marchand américain, leCadmus, et débarque le 15 août dans labaie de New York, où il est accueilli avec enthousiasme par les deux tiers des habitants de la ville. Une escadre de neuf vaisseaux à vapeur, pavoisés et montés par plus de six mille personnes, est présente dans le port. Le vice-président des États-Unis et l'ancien gouverneur duNew Jersey montent à son bord pour l'accueillir.

La Fayette se rend ensuite au milieu d'un cortège imposant à l'hôtel de ville de New York, où il est complimenté par tous les ordres de l'État, dont le maire Stephen Allen. Son itinéraire est bordé par plus de 50 000 personnes (environ un tiers de la population de la ville à l'époque)[112]. Le général est ensuite livré pendant plus de deux heures à l'adoration d'une foule en délire. LeNew York Mirror écrit sur la réaction des New-Yorkais à l'entrée de Lafayette dans la ville :« Les messieurs sont prêts à jeter par leurs affaires pour lui serrer la main, et les dames oublient leurs amants pour rêver de lui. Si un homme demande 'l'avez-vous vu ?' Vous savez de qui il parle »[113]. Un banquet et de brillantes illuminations achèvent cette première journée de triomphe.

Le secrétaire du marquis, Auguste Levasseur, décrit la cérémonie du débarquement et le défilé dans un journal qu'il tient de la tournée :

« Le général, accompagné d'un équipe nombreuse et brillante, marchait le long du front ; à mesure qu'il avançait, chaque corps présentait les armes et le saluait de ses couleurs ; tous étaient ornés d'un ruban à son portrait. Pendant la revue des troupes, le canon tonna depuis le rivage, les forts et tous les vaisseaux de guerre. A l'extrémité de la ligne de troupes, d'élégantes voitures attendaient. Le général Lafayette était assis dans une voiture attelée de quatre chevaux blancs, et au milieu d'une foule immense, nous nous rendîmes à l'hôtel de ville. Sur notre chemin, toutes les rues étaient décorées de drapeaux et de draperies, et de toutes les fenêtres, des fleurs et des rubans tombaient sur le général[114]. »

La Fayette visite successivement les États deNew-York, duMassachusetts, deNew Hampshire, dePennsylvanie, deBaltimore, deVirginie, duMaryland, deCaroline du Nord et deCaroline du Sud, de laGéorgie, d'Alabama. Il séjourne àBoston, àPortsmouth, àNewburgh, àHudson, àAlbany, àPhiladelphie, àBaltimore. Partout il est accueilli avec les mêmes transports d'enthousiasme. Les populations rurales, écrit M. Levasseur, historien de ce voyage, accouraient de plus de vingt milles à la ronde au-devant de lui. ÀWashington, La Fayette est reçu par le présidentJames Monroe, qui donne en son honneur un dîner splendide, auquel assistent tous les ambassadeurs étrangers, excepté ceux deFrance, duRoyaume-Uni et deRussie.

Il visite le tombeau deWashington àMount Vernon, ainsi que sa maison et son jardin, descend lePotomac, et s'arrête à Yorktown, lieu d'une bataille de la guerre d'indépendance. Le colonel Lewis, qui l'accueille à son débarquement dans cette ville, l'engage à s'installer en Amérique[N 29]. Le général fait une courte excursion dans les tribus indiennes d'Uchee-Cruk et de Line-Cruk, qui l'accueillent avec cordialité.

Le, il est présenté aux deux chambres du Congrès par leurs présidents. Enfin, le, le Congrès adopte à l'unanimité unbill par lequel il reçoit du peuple américain 200 000 dollars et12 000 hectares enFloride, en récompense de ses services et en indemnité des dépenses qu'il a faites au cours de la guerre d'indépendance. L'université de Princeton lui décerne à cette occasion undoctorathonoris causa, attribué en1790.

En 1825, La Fayette visiteFayetteville,Charlestown,Savannah, où il pose la première pierre d'un monument à la mémoire du généralNathanael Greene ; puis, avant de remonter leMississippi, il visiteLa Nouvelle-Orléans etBaton Rouge, dont l'ancienne population française lui témoigne un vif empressement. Il remonte ensuite le Mississippi et visite à fin avrilSaint Louis (Missouri) etKaskaskia (Illinois), proche en aval de Saint Louis et ancien village duPays des Illinois puis de la HauteLouisiane du temps de laNouvelle-France.

Chargé par la famille de Georges Washington d'envoyer le portrait de son illustre chef àSimón Bolívar, il y joint une lettre flatteuse pour le libérateur de laColombie, qui répond que leWashington donné par La Fayette est la plus sublime des récompenses que puisse ambitionner un homme. En remontant l'Ohio, à la suite d'une tournée dans les provinces du sud-ouest, le bateau à vapeur qui porte le général heurte un écueil et coule, à125 milles environ deLouisville où il se rendait ; mais cet accident n'a aucun effet sérieux, et le général avec sa suite est immédiatement reçu à bord d'un autre bâtiment, sur lequel il achève sa traversée parCincinnati,Pittsburgh,Utica, Boston et New-York.

Le Gal Lafayette posant, le, la première pierre [...] de Bunker's Hill - Langlumé, d'après un dessin deMlle d'Hervilly - 1825.

ÀBoston, le, a lieu une grande cérémonie d'anniversaire de labataille de Bunker Hill. 200 000 personnes sont présentes. Selon le rituel maçonnique, La Fayette est chargé de poser la première pierre du bâtiment en mémoire de cette bataille. La fête se termine par un grand banquet de 4 000 couverts[115].

La Fayette, avec d'autresphilhellènes, profite aussi de son séjour pour plaider la cause de laGrèce insurgée contre l'Empire ottoman[116].

Durant l'été 1825, il séjourne pendant quelques semaines à Washington chez le président nouvellement élu,John Quincy Adams, avant de repartir en France. Le, il fête son anniversaire et reçoit les adieux des ministres, de tous les chefs civils et militaires, et d'une foule de citoyens réunis à la Maison-Blanche. Le président, dans un long discours, récapitule la vie de La Fayette, rappelle son dévouement à la cause américaine et la fermeté avec laquelle, pendant quarante ans, il a soutenu la cause de la liberté. Le général répond par une glorification de l'Amérique républicaine et exhorte les États à la concorde et à l'union. Le lendemain, il quitte le pays sur la frégateBrandywine et atteint le Havre le.

Le règne de Charles X (1824-1830)

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La Fayette vers 1825.

L'avènement deCharles X en septembre 1824 a d'abord paru affaiblir les conflits politiques. La publication en 1826 du mémoire deM. de Montlosier sur le complot jésuite met fin à cette trêve. La dissolution de lagarde nationale de Paris, privant l'autorité royale des forces nécessaires pour réprimer les troubles publics provoqués à la suite des évènements de larue Saint-Denis, augmente le mécontentement populaire.

C'est dans ces circonstances qu'à la suite d'une nouvelle dissolution, les électeurs deMeaux élisent La Fayette député au mois de juin1827, en remplacement deFrançois de Pinteville de Cernon[117].

Les élections ramènent sur les bancs de l'opposition la plupart des anciens membres que le ministère avait réussi à écarter en 1824[118].

Dans un discours du sur le budget de1828, La Fayette reproche au gouvernement ses tendances rétrogrades et critique les abus qu'il avait signalés à diverses reprises.

L'année suivante, dans un discours sur les crédits supplémentaires, il dénonce laSainte-Alliance comme une ligue dont le but est d'asservir le genre humainet relève par une allusion les expressions inconsidérées par lesquelles Louis XVIII, en1814, avait remercié le prince régent de son concours[pas clair][N 30].

Buste de La Fayette par le sculpteurDavid d'Angers (1828).

En août 1829, Charles X place à la tête du gouvernement un homme dont le nom est très impopulaire à gauche :Jules de Polignac[N 31].

La Fayette, absent de Paris depuis la fin de la session, est en route pour aller séjourner à Chavaniac. C’est à son passage auPuy qu'il apprend l'avènement du ministère Polignac. Un banquet lui est aussitôt offert par les chefs de l'opposition libérale. C'est là que retentissent, dans des toasts énergiques, les premières protestations contre les nouveaux conseillers de Charles X.

Le voyage du général prend dès lors un caractère politique ; le choix des villes qu'il traverse et les démonstrations extraordinaires dont il y est l'objet ont pour but d'en imposer au gouvernement par une parade des forces populaires. La Fayette passe successivement àGrenoble, où il loge dans l'hôtel de la Première présidence, àVizille, berceau de la révolution de1789, où il assiste au mariage de sa petite-fille Nathalie avec le fils d'Augustin Perier, àVoiron, àLa Tour-du-Pin, àBourgoin, àVienne ; le, il se met en route pourLyon, où la gauche a préparé une réception quasi royale au patriarche de la démocratie française : cinq cents cavaliers, plus de mille piétons et un grand nombre de voitures vont à sa rencontre aux limites du département[119]. M. Prunelle harangue le général, qui, en réponse, se félicite« d'avoir reconnu partout sur son passage cette fermeté calme et presque dédaigneuse d'un grand peuple qui connaissait ses droits, qui sentait sa force et serait fidèle à ses devoirs »[120].

La Fayette fait son entrée à Lyon en présence d'un grand nombre de spectateurs et y reçoit des délégations des villes deChalon et deSaint-Étienne[N 32].

Au début de 1830, on se prépare un peu partout à la résistance aux menées du ministère ; des associations se forment pour le refus de l'impôt et de nouvelles sociétés secrètes, à la manière descarbonari de1822, s'établissent à Paris[121]. La Fayette les encourage vivement, exprime même l'avis que les chambres doivent refuser le budget jusqu'à ce que la France ait reçu une organisation démocratique et se met en rapport direct avec la plus révolutionnaire de ces associations, créée en janvier 1830 et connue sous le nom de « Conspiration La Fayette » avec son journalLa Tribune des départements.

Par l'adresse des 221 (18 mars 1830), la majorité libérale de la Chambre dénie son concours au ministère.Charles X décide alors de dissoudre cette Chambre ; les élections de juin 1830, qui ont lieu sous l'influence de l'irritation populaire, ramènent une opposition encore plus nombreuse.

Dans ces conditions, la publication desordonnances du est une erreur qui va se révéler fatale pour le roi.

La révolution de Juillet (27 juillet-7 août 1830)

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La Fayette joue un rôle très important durant ces quelques journées, survenues après une longue période d’agitation parlementaire et extra-parlementaire contre le ministère Polignac, qui a perdu les élections de juin 1830.CharlesX tente alors un coup de force politique en promulguant sesordonnances de Saint-Cloud du, qui attaquent notamment la liberté de la presse.

LesTrois Glorieuses (27-29 juillet 1830) et la défaite de Charles X

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Les manifestations qui ont lieu à Paris en réaction à ces ordonnances se transforment en une insurrection républicaine. Des barricades sont dressées dans Paris et les combats contre les forces armées, commandées par lemaréchal Marmont, font environ 200 tués chez les soldats et 800 chez les insurgés. Charles X et la famille royale quittent Paris le 29 pour Saint-Cloud, puis Rambouillet.

L'insurrection populaire est prise en charge politiquement par les députés libéraux, qui sont pour la plupart monarchistes. Le duc d'Orléans, Louis-Philippe, devient « lieutenant général du royaume ». Le 2 août, Charles X abdique en faveur de son petit-fils, le duc de BordeauxHenri d'Artois, avec Louis-Philippe comme régent du royaume.

Cette solution est récusée. Après une période de flottement (l’« hésitation de 1830 »), il est décidé de conserver la monarchie constitutionnelle, moyennant un changement de dynastie :Louis-Philippe devient roi (7 août), sous la dénomination de « roi des Français » et non pas de « roi de France » et avec le drapeau tricolore au lieu du drapeau blanc de la Restauration.

Lamaison d’Orléans, branche cadette de lamaison de Bourbon a un passé particulier : elle a joué un rôle notable au début de la Révolution française ; son chef d'alors a même été un partisan très engagé de laPremière République :Philippe-Égalité, le père de Louis-Philippe, élu député à laConvention, a voté la mort de Louis XVI, avant d'être lui-même condamné et guillotiné le 6 novembre 1793. Les partisans de la branche aînée, leslégitimistes, ne reconnaîtront jamais comme roi Louis-Philippe, fils d'un « régicide ».

La Fayette durant les Trois Glorieuses (27-29 juillet)

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Médaille La Fayette parGatteaux.

La Fayette, retrouvant sa popularité de l'année1789, a des partisans qui le poussent à jouer un rôle de premier plan. Absent lors de la promulgation des ordonnances, il quitte le château de Lagrange dans la soirée du 26 et arrive à Paris au milieu de la nuit. Il est adopté comme un emblème par les chefs de l'insurrection. Le général participe le lendemain à la réunion des députés chezAudry de Puyraveau. Mais il adopte une attitude plutôt modérée qui répond mal à l'attente de certains militants. Il exhorte au calme la jeunesse turbulente qui vient à plusieurs reprises solliciter sa coopération[122].

Lorsque l'assemblée décide l'envoi d'une délégation àMarmont, dans le but de demander une trêve, La Fayette insiste pour qu'elle tienne au maréchal un langage sévère et qu'on mette sous sa responsabilité tout le sang qui serait répandu[N 33].

Les choses changent lors de la réunion du 28 au soir, alors que l'insurrection a pris toute son ampleur. La Fayette, frappé du nombre croissant des victimes, affirme avec la plupart de ses collègues qu'il faut diriger les efforts du peuple et adopter son étendard ; il se déclare prêt à occuper le poste qu'on voudrait lui assigner. Il passe une partie de la nuit à stimuler et à diriger l'insurrection : il visite plusieurs barricades et sa présence est saluée de vives acclamations.

L'abandon inopiné duLouvre par la famille royale, qui se retire au château de Saint-Cloud, dans la matinée du 29 constitue une première victoire pour le peuple insurgé. Les députés se réunissent en grand nombre chezJacques Laffitte et La Fayette est élu par un vote unanime à la tête de la garde nationale. Il se met aussitôt en marche, suivi d'un nombreux cortège, pour aller recevoir ce commandement quitté 39 ans auparavant[123]. Une foule immense remplit les rues. La Commission municipale provisoire, dont le général a refusé de faire partie, lui attribue le commandement de toutes les Gardes nationales du royaume.

C’est dans ces circonstances que le 29 au soir,Huguet de Sémonville, grand-référendaire de laChambre des pairs, et lecomte d'Argout se présentent au nom du roi Charles X à la Commission municipale, à qui ils font part des décisions du roi : révocation des ordonnances et formation d'un nouveau ministère sous la présidence duduc de Mortemart. La Fayette, présent à cette occasion, intervient seulement pour demander si l'adoption du drapeau tricolore ne serait pas le prix de la victoire du peuple parisien. M. de Sémonville donne une réponse évasive.

Dans la matinée du 30, La Fayette fait sommation aux troupes présentes àSaint-Cloud de déposer les armes, mais cette sommation reste sans effet[124]. Les ordonnances de révocation sont présentées à la Chambre parJean-Baptiste Henry Collin de Sussy, mais les députés ne réagissent pas. II comprend que le gouvernement insurrectionnel qui siège à l'Hôtel de Ville est le seul en mesure de prendre des décisions efficaces. Il est admis auprès de La Fayette, entouré de nombreux délégués des sociétés populaires, de gardes nationaux et d'ouvriers. « C'est aujourd'hui le plus beau jour de ma vie, lui dit le général avec enthousiasme ; vous me voyez entouré d'amis qui étaient las comme moi du despotisme des quinze dernières années. Permettez que nous prenions tous ensemble connaissance de votre message »[125].

M. de Sussy ayant demandé à rencontrer la commission municipale, La Fayette le met en rapport avecGeorges Mouton,François Mauguin etPierre-François Audry de Puyraveau. Mais à peine a-t-il commencé à parler qu'il est interrompu par des exclamations répétées :« II est trop tard ! il est trop tard ! Charles X a cessé de régner ; le peuple a acquis par son sang le droit de se choisir un autre souverain ! ». Malgré cette réponse de la commission, La Fayette décide de faire connaître la mission de M. de Sussy au peuple qui se presse dans l'intérieur de l'Hôtel de Ville. Après avoir réclamé le silence, il commence à donner lecture des dernières ordonnances de Charles X. Mais ce nom suscite une réprobation générale et la lecture des ordonnances se fait au milieu des cris. La Fayette dit alors à Collin de Sussy :« Vous le voyez, il faut vous résigner ; c'est fini des Bourbons ! »[126],[124]. En prenant congé, Collin de Sussy tente de l'entraîner à une conférence au Luxembourg avec le duc de Mortemart ; La Fayette répond que« le délégué du peuple ne peut avoir rien de commun avec l'envoyé de la monarchie déchue »[74], et l'entretien est clos.

La Fayette rejette l'offre qui lui est faite de devenir le régent durant la minorité du duc de Bordeaux,Henri d'Artois[74]. Le général Talon, un des chefs de la garde royale, l'ayant engagé à s'expliquer sur l'effet des ordonnances du 29, il répond le 31 par un billet autographe qui se termine ainsi :« Toute réconciliation est impossible, et la famille royale a cessé de régner ».

La Fayette et l'avènement du duc d'Orléans (30 juillet-7 août 1830)

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L'appel au duc d'Orléans commelieutenant général du royaume dans la journée du est un premier pas vers son avènement. La Fayette ne voit cependant dans cette résolution qu'une mesure provisoire. Louis-Philippe, fils d'un homme que La Fayette n'aimait pas, ne suscite pas sa sympathie.

Mais les orléanistes se mettent au travail. Ils font valoir le passé révolutionnaire du prince, ses antécédents patriotiques, alors assez mal connus, ses vertus de famille, son opposition permanente au système de la Restauration. Ces considérations permettent de surmonter les réticences des sociétés établies à l'Hôtel de Ville[127],[124].

Une circonstance achève de décider La Fayette :William Cabell Rives, ambassadeur américain à Paris, étant venu le visiter à l'hôtel de ville : « Que vont dire nos amis des États-Unis, s'écrie La Fayette en s'avançant vers lui avec empressement, s'ils apprennent que nous avons proclamé la République en France ? - Ils diront, répond froidement M. Rives, que quarante ans d'expérience ont été perdus pour les Français. »

La Fayette donne l'accolade au duc d'Orléans au balcon de l'hôtel de ville de Paris, le.
. Le duc d'Orléans est présenté au peuple, par le général La Fayette, au balcon de l'Hôtel de Ville. Gravure deGarneray, Paris,musée Carnavalet.

Le 31, il reçoit une lettre deCharlesX[N 34] qui lui faitles plus séduisantes propositions[pas clair]. Par défiance ou par conviction, peut-être aussi du fait de son âge, il refuse en répondant :« II n'est plus temps »[93].

Le même jour il reçoit à l'hôtel de ville de Paris le duc d'Orléans venu lui demander une sorte d'investiture. Ils se montrent au balcon et se donnent l'accolade, puis Louis-Philippe agite un drapeau tricolore que lui a remis La Fayette[N 35].

Le lendemain,1er août, La Fayette, à la demande de plusieurs membres de la Commission municipale, se rend chez Louis-Philippe auPalais-Royal dans l'intention de sonder le prétendant au trône sur son système de gouvernement. Il commence par faire un éloge de la constitution américaine, sur lequel le prince se montre réservé ; le général suggère alors « un trône populaire entouré d'institutions républicaines ». Le duc d'Orléans paraît accepter cette idée, désignée par la suite comme le « programme de l'Hôtel de Ville ». Le prince s'approprie ainsi les fruits d'une lutte à laquelle il n'a pris aucune part.

Le 2 août, Charles X abdique et propose la régence au duc d'Orléans. Cette proposition est refusée ; la cour paraît se disposer à reprendreune lutte que le nombre et le dévouement des troupes qui l'entourent la mettent en état de soutenir avec avantage[réf. nécessaire]. Des commissaires sont envoyés àRambouillet pour persuader le roi de s'éloigner. Leurs instances restant vaines, on obtient du duc d'Orléans la permission d'intervenir plus brutalement.

La Fayette convoque cinq cents hommes dans chaque légion de la Garde nationale dans le but de marcher sur Rambouillet. Il se forme sur lesChamps-Élysées un corps d'environ 10 000 hommes, dont legénéral Pajol prend le commandement. Il choisit comme aide de campGeorges Washington de La Fayette. Cette troupe, grossie en route de 5 000 à 6 000 volontaires, arrive dans la nuit aux abords de Rambouillet. La famille royale renonce à engager le combat, même si ses chances de succès immédiat ne sont pas nulles, et prend le chemin de l'exil.

Dans les premiers jours d'août, la Chambre ouvre la discussion sur la situation politique. Le parti républicain, irrité par l'issue des événements, menace de la troubler par des désordres que La Fayette réussit à empêcher par ses exhortations. Lui-même prend part au débat pour demander l'abolition de l'hérédité de la pairie et attaquer l'aristocratie nobiliaire.

Le, les deux chambres font porter au duc d'Orléans la résolution qui lui défère la couronne. Cédant aux acclamations populaires, Louis-Philippe se montre sur le balcon du Palais-Royal aux côtés de La Fayette, qu'il embrasse avec effusion. Le général paraît profondément ému et dit :« Voilà, dit-il au peuple en lui montrant son nouveau roi, voilà le prince qu'il nous fallait ; voilà ce que nous avons pu faire de plus républicain ! » (la phrase « Voilà la meilleure des républiques ! » ne semble pas avoir été prononcée telle quelle[128]).

Un dernier point sur le changement de régime concerne le nom que doit prendre le nouveau roi. Quelques-uns de ses conseillers imaginent l'appeler Louis XIX ou Philippe VII, afin de le rattacher à la suite des souverains de la « troisième race », lesCapétiens. La Fayette combat cette idée comme impliquant une pensée dangereuse de légitimité. Louis-Philippe d'Orléans devient donc Louis-PhilippeIer.

La rupture avec le régime de Juillet (juillet-décembre 1830)

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Les hommages au héros de juillet (juillet-août 1830)

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La Fayette,Jacques Laffitte,Casimir Perier et le comteGérard, membres de la Commission municipale et constitutionnelle en 1830. Gravure anonyme.

Au mois d', La Fayette fait l'objet de nombreux honneurs, sous forme de publications, ou de créations artistiques et poétiques. Le, la population parisienne lui témoigne son attachement en lui offrant deux petits canons, qu'il fait ramener dans son château de Lagrange.

Le, la ville de Paris offre un grand banquet en son honneur, où sont présents les ministres, des pairs, des députés, des militaires, les maires de Paris et autres agents royaux. Le ténorAdolphe Nourrit y réciteLafayette en Amérique deBéranger[129] et chanteLa Parisienne : Marche nationale, deDelavigne[130]. La Fayette y prononce un discours faisant le lien entre la révolution de 1830 et celle de 1789 :

« Lorsque la population parisienne s’est levée spontanément pour repousser l’agression et reconquérir ses droits, nos droits à tous, les imprescriptibles droits du genre humain, elle a daigné se souvenir d’un vieux serviteur de la cause des peuples : en me proclamant son chef, en associant mon nom à ses triomphes, elle a récompensé les vicissitudes d’une vie entière. [En 1789] naquit le funeste système de division et d’anarchie dont vous connaissez les déplorables suites. […] Mais le sens exquis de la population actuelle nous préservera de ce malheur. […] Vous êtes les élèves de la révolution et votre conduite dans les grandes journées de gloire et de liberté vient d’en montrer la différence[131]. »

Commandant de la Garde nationale (août-décembre 1830)

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Article détaillé :Garde nationale (1831).
La Fayette, lieutenant-général des Gardes nationales de France. Gravure de Desfeuilles, 1830.

La Fayette retrouve pour quelques mois le commandement de laGarde nationale. Il se concentre sur la réorganisation de la garde nationale du royaume. Il se montre fidèle à ses principes en rendant à cette milice citoyenne le droit d'élire ses principaux officiers. Soixante mille gardes nationaux, pourvus d'artillerie, reçoivent par ses soins une formation régulière. Sans cesse occupé à recevoir et à haranguer des députations départementales, La Fayette semble renoncer à exercer une influence sur la vie politique qui évolue rapidement.

La question de la Belgique (août 1830)

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Larévolution belge, qui éclate à la fin d'août, est le premier contrecoup de la révolution qui a eu lieu à Paris.

La Fayette refuse dignement la royauté de ce peuple et l'exhorte à porter son choix sur un de ses propres citoyens[132].

Son désir est que laBelgique se constitue en république fédérative, de manière à former uneSuisse septentrionale dans l'alliance avec la France et sous sa garantie immédiate.

Le procès des ministres de Charles X (septembre- 21 décembre 1830)

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La garde nationale joue un rôle décisif pour maintenir le calme dans Paris en, à l'occasion duprocès des ministres de Charles X.

La Fayette soutient la proposition de son amiVictor Destutt de Tracy pour l'abolition de la peine de mort. Il dénonce avec énergie l'émeute qui a lieu en octobre autour du donjon de Vincennes où les ministres sont détenus, mouvement auquel le gouverneurDaumesnil a opposé une énergique résistance.

La décision de ce procès est pour l'établissement du un moment de crise redoutable. Au cri deMort aux ministres!, des agitateurs déguisent à peine le dessein de renverser le gouvernement issu de la révolution de juillet. Le risque d'un affrontement et d'une généralisation du désordre est considérable.

La Fayette s'applique sans relâche à prévenir tout affrontement : il multiplie les précautions et fait circuler de nombreuses patrouilles. Cependant lepalais du Luxembourg est plusieurs fois sur le point d'être forcé par la foule. Le, jour de la clôture des débats, on donne l'ordre de reconduire les prisonniers àVincennes, afin de les soustraire à l'exaspération populaire, dans le cas probable d'absence de condamnation à mort. Cet ordre est exécuté par les soins ducomte de Montalivet, ministre de l'Intérieur, qui escorte les accusés au péril de sa vie. Il en résulte un mécontentement dont l'explosion menace pendant plusieurs heures le Palais-Royal.

La Fayette contribue, par la fermeté de ses dispositions et par son influence personnelle, à résoudre ce conflit dangereux. Le roi lui écrit à cette occasion une lettre pleine témoignant de l'admiration que sa conduite lui a inspirée.

La réforme de la Garde nationale et la démission de La Fayette

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Une fois ce cap passé, Louis-Philippe se rend compte du risque qu'il y a à laisser la garde nationale aux mains de La Fayette, qu'il juge peu fiable.

Un projet de loi sur la Garde nationale est mis en discussion à la Chambre des députés. Le, celle-ci supprime le titre de commandant de toutes les gardes nationales du royaume, jugé contraire à laCharte de 1830. Elle adopte aussi un amendement qui interdit à quiconque de commander les gardes nationales d'un département. Cette résolution implique la déchéance de La Fayette. Quelques députés s'efforcent en vain de la faire modifier. La Fayette menace alors de donner sa démission.

Le roi proteste de son ignorance personnelle et de la bonne volonté de ses ministres. Pour désarmer son interlocuteur, le roi lui propose le titre de commandant honoraire, déjà refusé par La Fayette. Irrité par cette insistance, il demande au roi : « Votre Majesté se contenterait-elle d'être un roi honoraire ? » Leprésident du Conseil,Jacques Laffitte, et le ministre de l'Intérieur,Camille de Montalivet, qui est colonel de la garde nationale, cherchent à trouver un compromis, mais La Fayette se montre trop exigeant dans ses demandes : formation d'un nouveau ministère où n'entreraient que ses amis, dissolution de la Chambre des députés et abolition de l'hérédité de la pairie.

Louis-Philippe demande vingt-quatre heures pour réfléchir. La Fayette rend alors visite à Louis-Philippe : une explication a lieu entre les deux hommes, au cours de laquelle La Fayette déclare au roi que la divergence de leurs points de vue politiques et l'ombrage qu'inspirait son autorité ne lui permettent pas d'en prolonger l'exercice. Il menace de se retirer dans son château de La Grange-Bléneau :

– « Et que ferez-vous sans l'appui de ma popularité ? » demande-t-il ?
– « Si vous retourniez à La Grange ? Eh bien, je vous y laisserais[133]! »

Le26, il maintient sa démission. Louis-Philippe en prend acte dans une brève lettre de regrets. « L'essentiel, constatera plus tard La Fayette, était de passer sans encombre la grande crise du procès des ministres. On m'aimait tant pendant ce temps-là ! Mais vous voyez qu'ensuite, on n'a pas perdu un jour. »[134]

Il annonce publiquement sa démission par l'ordre du jour du et expose le même jour à la chambre les motifs de sa décision, en déclarant que si sa conscience d'ordre public est satisfaite, il n'en est pas de même de sa conscience de liberté.

Tout porte à croire que le sacrifice de La Fayette était depuis longtemps arrêté dans l'esprit du roi. Mais Louis-Philippe commençait à subir les conséquences du mode accidentel de son élévation ; il ne pouvait se séparer impunément des hommes qui y avaient concouru par leurs démarches. L'éloignement de La Fayette, suivi bientôt de celui deDupont de l'Eure et de Laffitte, lui est reproché comme un acte éclatant d'ingratitude, et cette triple séparation consomme sa rupture avec le parti démocratique, dont les derniers événements ont naturellement accru les forces et les exigences.

L'opposition au régime (1831-1834)

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Le général de La Fayette.

Juste avant la révolution de Juillet, La Fayette a été élu le 12 juillet 1830 député de la Seine-et-Marne[135]. Après sa démission de la Garde nationale, La Fayette n'a plus que son mandat de député ; il reprend sa place à l'extrême gauche de la Chambre et redevient le chef de l'opposition, comme sous la Restauration.

Le soutien à l'insurrection polonaise de 1830-1831

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Article détaillé :Insurrection polonaise de 1830.
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Le 29 novembre 1830, une insurrection a éclaté dans leroyaume de Pologne, État créé en 1815 par lecongrès de Vienne et attribué au tsar de Russie, « roi de Pologne ». Les insurgés ont très vite pris le contrôle deVarsovie et un gouvernement provisoire a été mis en place. Le 25 janvier 1831, laDiète polonaise destitue le tsarNicolas I du trône de Pologne. Le 4 février, l'armée russe lance l'offensive contre le royaume insurgé, début d'une guerre qui prendra fin en octobre, peu après la chute de Varsovie le 8 septembre.

L'Insurrection de Novembre, qui est une conséquence de la révolution de Juillet en France et de larévolution belge d'août[N 36], suscite une grande sympathie et La Fayette va jouer un rôle important dans le soutien à lui apporter.

Le 23 janvier 1831, il crée le Comité central français en faveur des Polonais, souvent appelé « Comité La Fayette »[136]. Il en est président avec pour vice-présidentCharles de Lasteyrie. Parmi les membres, on trouve :Béranger,Armand Carrel,Léonard Chodzko,Adolphe Crémieux,Pierre Daunou,David d'Angers,Casimir Delavigne,Victor Hugo, legénéral Lamarque,Emmanuel de Las Cases,Odilon Barrot,Destutt de Tracy, leduc de Valmy, etc. Comme son nom l'indique, ce comité est présent à Paris et dans plusieurs villes de province.

Casimir Delavigne, membre du comité, écrit ce qui va devenir un hymne de l'insurrection,La Varsovienne, traduite en polonais dès le mois de mars 1831 sous le titre deWarszawianka.

Après la défaite de l'insurrection, La Fayette et le comité apportent leur soutien aux milliers de Polonais venus se réfugier en France, formant ce qu'on appelle laGrande Émigration.

Le soutien aux insurgés espagnols et italiens (1831-1833)

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La Fayette obtient la reconnaissance officielle par la France des nouveaux États d'Amérique espagnole, devenus indépendants au début du siècle.

Il obtient en revanche peu de résultats en ce qui concerne les opposants libéraux au roiFerdinand VII (1813-1833), avec lesquels il a des relations depuis l'intervention française en Espagne en1823. Ferdinand refusant de reconnaître Louis-Philippe comme roi légitime, le gouvernement français accède à certaines suggestions de La Fayette : des fonds sont distribués aux rebelles ; mais le gouvernement espagnol ayant menacé d'encourager desrassemblements d'émigrés royalistes[réf. nécessaire] sur les frontières méridionales de la France, ces rebelles sont laissés à eux-mêmes et échouent dansdeux tentatives désespérées[réf. nécessaire].

La Fayette soutient aussi les insurrections enÉmilie-Romagne, àModène et àBologne, en1831, mais elles sont rapidement vaincues grâce à l'intervention autrichienne (3 février-26 avril 1831).Lors de la seconde insurrection desRomagnols, en janvier1832, il condamne le terme de « factieux » qui leur a été donnée par le ministère des Affaires étrangères.

Action politique sous la première législature (juillet 1830-mai 1831)

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En ce qui concerne la politique internationale, il est partisan du système de la « non-intervention » des puissances conservatrices (notamment celles de laSainte-Alliance) dans les affaires des autres pays, afin de permettre aux peuples de choisir leurs systèmes politiques. Le point de vue de La Fayette est d'ailleurs partagé par le ministère du 1830 présidé parLaffitte[137].

Les 14 et 15 février1831, une cérémonie funèbre légitimiste dans l'église deSaint-Germain-l'Auxerrois provoque deux jours d'émeutes marquées par le sac de l'archevêché de Paris. La Fayette intervient à la Chambre, condamnant les destructions matérielles et exposant ses vues sur l'évolution souhaitable du régime. Ces événements provoquent le départ du préfet de police (Baude) et du préfet de la Seine (Odilon Barrot) ; quelques semaines plus tard (13 mars) Laffitte démissionne, remplacé parCasimir Perier, qui dissout la Chambre le 31 mai.

Seconde législature : le ministère Casimir Perier (1831-1832)

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Au cours de la campagne électorale, La Fayette adresse à ses électeurs un compte-rendu détaillé de ses travaux parlementaires. Il y rend un hommage à la révolution de Juillet, mais déplore la direction qu'a prise le régime par la suite. Ce manifeste consomme la rupture avec Louis-Philippe. « Nous sommes, dit La Fayette, comme deux gentlemen qui se sont donné un démenti mutuel : les circonstances ne nous permettent pas d'aller aubois de Boulogne [pour un duel], mais elles nous empêchent de nous faire des visites. »[132].

Il est élu le 5 juillet, de nouveau en Seine-et-Marne, et occupera ce siège jusqu'à sa mort[77].Il lutte contre l’hérédité de la pairie et fait retirer duCode pénal l'article qui punit l'usurpation des titres nobiliaires.

Après la session de1832, il fait adopter par les députés de l'opposition l'idée de présenter dans un compte-rendu collectif leurs idées de politique intérieure et extérieure, publié le 19 mai.Casimir Perier est mort trois jours avant et est remplacé parSoult (jusqu'au 18 juillet 1834).

Seconde législature : le ministère Soult (1832-1834)

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Les premières semaines de cette période sont marquées par l'insurrection républicaine consécutive aux funérailles du généralLamarque le 5 juin 1832 (décrite parVictor Hugo dansLes Misérables). La Fayette assiste à ces obsèques et prononce un éloge funèbre. Sollicité par des militants républicains, il refuse de cautionner une émeute et rentre chez lui. Mais à la fin de la journée, l'insurrection prend des proportions considérables. Une réunion des députés de l'opposition a lieu le soir chez Laffitte pour discuter sur les moyens d'arrêter l'effusion du sang. La Fayette refuse de faire partie d'une députation au roi.

Alors qu'on parle de l'arrêter, La Fayette reste quelques jours à Paris, pour « regarder en face le gouvernement de l'état de siège » ; puis il retourne à La Grange et abandonne ses fonctions de maire et de conseiller municipal, ne voulant conserver aucun rapport avec la « contre-révolution » de 1830.

Lors du premier attentat contre Louis-Philippe, le, il refuse d'aller aux Tuileries avec certains de ses collègues.

Durant la session de1833, il intervient à propos de la loi sur l'organisation des départements et appuie une demande de pension au profit desvainqueurs de la Bastille. La police ayant arrêté sur ses terres de La Grange le réfugié polonaisJoachim Lelewel, auquel il donnait asile, il se plaint fortement de ce procédé « inouï, dit-il, sous la Restauration elle-même », et contraint le ministre de l'Intérieur à désavouer cet acte de brutalité.

La maladie et la mort de La Fayette (février-mai 1834)

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Mort du général Lafayette, gravure sur bois coloriée par Gondelfinger, 1834.

La discussion de l'adresse au Trône, en, est le dernier débat parlementaire auquel La Fayette prend part.

Unepneumonie aiguë, consécutive à sa présence aux obsèques deFrançois-Charles Dulong le 30 janvier, s'aggrave rapidement et l'emporte le, dans sa77e année, au 6 rue d'Anjou-Saint-Honoré (ancien1er arrondissement), actuellement 8rue d'Anjou dans le8e arrondissement de Paris[138].

Sesfunérailles, le 22 mai à l'église de l'Assomption, sont suivies par une foule immense, incluant l'élite des deux chambres, des académies, de l'administration civile et militaire, de la garde nationale et des étrangers alors à Paris. Des représentants choisis dans chacun de ces corps et dans la délégation des États-Unis portent les coins du drap mortuaire. Après la célébration du service religieux, le convoi se dirige vers lecimetière de Picpus où, suivant son désir, le général est inhumé auprès de son épouse. Lors de son dernier voyage en Amérique, dix ans auparavant, il avait en vue de ses funérailles ramené de la terre, qui est utilisée pour l'inhumation.

Étroitement surveillées par l'armée, malgré les protestations de la gauche, les obsèques de La Fayette ne donnent lieu à aucune manifestation républicaine, le parti républicain venant d'être écrasé lors de la seconderévolte des Canuts à Lyon et dumassacre de la rue Transnonain à Paris, en avril 1834.

La sépulture de la Fayette au cimetière de Picpus.

Les deux chambres du Congrès américain lui décernent les mêmes honneurs funèbres qu'au présidentGeorge Washington[14]. Jusqu'à la fin de la session, les salles des séances sont tendues de noir, etJohn Quincy Adams[139],Edward Everett, J. Upham et le général Tailmadge prononcent son éloge en présence de tous les corps de l'État.

Jugements de contemporains

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Les talents de La Fayette ont été diversement appréciés. Exalté tour à tour comme l'émule deWashington et comme le glorieux promoteur de la régénération française, c'était selonNapoléon« un niais […] sans talents civils ni militaires, un esprit borné, un caractère dissimulé »[N 24].

Mirabeau, son principal adversaire au sein du « parti patriote », l'avait surnommé« Gilles César », en référence audictateur romain.Antoine de Rivarol reprit le mot sous la forme « César Gille »[140].

Chateaubriand voyait en lui une espèce demonomane, « à qui l'aveuglement tenait lieu de génie[141] » car « il n'avait qu'une seule idée, et heureusement pour lui elle était celle du siècle ; la fixité de cette idée a fait son empire. » Il en retient que ses actions furent souvent en contradiction avec ses pensées : « Royaliste, il renversa en 1789 une royauté de huit siècles ; républicain, il créa en 1830 la royauté des barricades : il s'en est allé donnant à Philippe la couronne qu'il avait enlevée àLouis XVI […] Dans le Nouveau Monde, M. de La Fayette a contribué à la formation d'une société nouvelle ; dans le monde ancien, à la destruction d'une vieille société : la liberté l'invoque à Washington, l'anarchie à Paris[142] ».

Madame de Staël disait :« Qui l'avait observé pouvait savoir d'avance avec certitude ce qu'il ferait dans toute occasion »[143].

Dans sesSouvenirs, la duchesse légitimistede Maillé commente ainsi la mort de La Fayette :« M. de La Fayette vient de mourir.Le héros des deux mondes est allé dans le troisième. Sa mort n'a fait aucun effet politique. Il était devenu incommode et inutile à son parti, il était odieux aux autres, son rôle était fini »[144].

Odilon Barrot porte un jugement davantage élogieux dans sesMémoires :« C’est le 20 mai 1834 que s’éteignit ce grand citoyen. J’ai peut-être été trop son ami pour en parler avec une entière impartialité. […] Je n’ai rencontré dans aucun homme plus de grandeur d’âme, unie à plus de bonté et de simplicité. […] Si même on peut adresser un reproche à cette noble nature, c’est l’exagération de ses qualités. Soupçonnant difficilement dans autrui le mal, qui n’était pas en lui, le général Lafayette accordait trop facilement sa confiance et on en a souvent abusé. Emporté par le besoin de se dévouer, il était trop disposé à préférer les tentatives, où il exposait sa vie aux efforts patients et persévérants de la lutte légale »[145].

Hommages

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Aux États-Unis

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PanneauLafayette Street dansLower Manhattan.

Aux États-Unis, plus de 600 lieux s'appellent La Fayette[14]. Une montagne, septcomtés et quarante localités portent notamment son nom[146].

Auguste Bartholdi sculpte une statue de La Fayette à la fin duXIXe siècle pour la ville deNew York. Inaugurée en1876, elle se trouve aujourd'hui dansUnion Square Park.

Le rôle du marquis de La Fayette dans l'histoire de l'indépendance américaine est consacré de longue date dans la ville deWashington, par un square à son nom devant laMaison-Blanche avec sa statue à l'une des quatre extrémités.Lafayette Square est également le nom d'un parc de la ville deLos Angeles, de laNouvelle-Orléans et deSaint-Louis. Une rue qui longe leMississippi dans le quartier français deBaton Rouge est rebaptisée en son nom après sa visite du.

Tous les ans, le, jour de la Saint-Florent et anniversaire de laDéclaration d'indépendance des États-Unis, en signe de reconnaissance, l'ambassade des États-Unis en France dépose une gerbe de fleurs sur sa tombe, aucimetière de Picpus, à Paris[14],[147].

Le, il est élevé à titre posthume au rang decitoyen d'honneur des États-Unis d'Amérique[146], privilège rare qui n'a été accordé auparavant qu'à cinq reprises.

Initié en 2016, un projet depatrimonialisation du passage de La Fayette à travers l'Union est lancé officiellement en avril 2019 sous l'impulsion d'un Français et avec le soutien de la Fondation William G. Pomeroy : leLafayette Trail. Fin 2023,120 panneaux de commémoration du passage de La Fayette étaient déjà dressés[148].

Dans le cadre du250e anniversaire de la Nation et de la Révolution américaine, est organisé le bicentenaire de la tournée d'adieu de La Fayette, qui a été lancé le[149].

Hommages américains lors de la Première Guerre mondiale

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La première unité composée de volontaires américains en 1917 est nommée« escadrille aérienne La Fayette », avant même l'entrée en guerre officielle des États-Unis.

Lors de leur débarquement en France en1917, legénéral Pershing, général en chef des armées américaines, se serait exclamé : « La Fayette, we are here ! » (La Fayette nous voila !). Cette formule fut prononcée, en réalité, par l'aide de camp du général américain, le colonel Charles Stanton[150], lors d'une cérémonie organisée le, devant la tombe du Français, aucimetière de Picpus, avant d'y déposer une couronne[151],[152]. C'est depuis cette cérémonie que le drapeau américain flotte à côté de la pierre tombale ; il s'agit du seul drapeau parisien à n'avoir jamais été baissé, même sous l'Occupation[153].

Marines américaine et française

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Le, leporte-avions léger américainUSS Langley (CVL-27) construit en 1942 en pleineguerre du Pacifique, passe sous pavillon français à titre de prêt sous le nom dePA La Fayette. Il sert en France jusqu'en1963.

Ce bâtiment est lenavire-jumeau de l'USS Belleau Wood (CVL-24) ainsi nommé en mémoire de l'exploit desMarines américains de la2e division d'infanterie US à labataille du bois Belleau pendant laPremière Guerre mondiale : « La Fayette nous voilà… ». Le Belleau Wood devient lePA Bois Belleau sous pavillon français de1953 à1960 dans les mêmes conditions que lePA La Fayette.

En mai1957, leBois Belleau se trouve à Hampton Roads avec le croiseurDe Grasse portant la marque de l'amiral Jozan entouré de deuxescorteurs d'escadre et de deux escorteurs rapides, au milieu des représentants des flottes de trente Nations, à la revue navale célébrant le bicentenaire de laMarine des États-Unis.

Le, lafrégate furtiveFLF La Fayette F710 est lancée àLorient. Basée àToulon, elle est la tête d'une série de cinq, conçues principalement pour faire respecter les intérêts maritimes de l'État dans les espaces d'outre-mer, mais pouvant aussi assurer d'autres missions telles que l'intégration à une force d'intervention, la protection du trafic maritime, l'accompagnement d'un groupe aéronaval, la réalisation de missions spéciales ou humanitaires.

Au mois de juin2007, la frégate furtiveLa Fayette F710 de lamarine nationale s'est rendue aux États-Unis dans le cadre de la célébration du250e anniversaire de la naissance du marquis. Le leLa Fayette faisait escale àLa Nouvelle-Orléans. Accompagnée du consul général de France à La Nouvelle-Orléans, une délégation d'une quarantaine de membres de l'équipage, conduite par son commandant, s'est rendue dans la ville deLafayette. Ils y ont été reçus par le maire de la ville entouré d'officiels au centre culturel Jean-Lafitte où sont exposés documents et objets sur le marquis et son époque, ainsi qu'une maquette de son navireL'Hermione à bord duquel il est arrivé aux États-Unis avec ses volontaires le.

En France

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En Auvergne

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Lechâteau de Chavaniac, aujourd'huiChavaniac-Lafayette, maison natale du marquis, abrite un musée qui lui est dédié[154].

AuPuy-en-Velay, chef-lieu de son département natal, une statue de Lafayette du sculpteurErnest-Eugène Hiolle, a été érigée en son honneur en 1883 dans le square qui porte son nom, sur le boulevard Saint-Louis. Elle est inscrite dans la liste des monuments historiques en 2005 :« C'est le seul monument commémoratif notable de la reconnaissance de la Haute-Loire à son enfant le plus connu »[155].

En, a lieu la commémoration de son enlèvement par les résistants 70 ans après les faits : à partir de, par crainte que l'armée allemande d'occupation ne récupère son métal, elle est cachée dans une bergerie et est réinstallée en. Pour cette commémoration de 2013 :« Le square La Fayette arbore depuis cette année un éclairage tricolore qui illumine la statue à la nuit tombée, pour garder en mémoire cet acte héroïque qui nous a permis de préserver un monument local et national. »[156].

Plusieurs établissements scolaires auvergnats portent le nom « La Fayette », àClermont-Ferrand (lycée technologique) et àBrioude (collège et lycée général et technologique).

La ville deBrioude conserve une écharpe tricolore offerte par le général La Fayette (date de la remise imprécise : on peut supposer que celle-ci a eu lieu lors de la visite du général, alors député de Meaux, les 30 et)[157].

La statue Lafayette duXIXe siècle, auPuy-en-Velay.

Villes de France

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ÀParis, unerue porte le nom de La Fayette[146] et sastatue équestre par le sculpteurPaul Bartlett (1865-1925), érigée en 1908, se trouvecours la Reine, tandis qu'un monument àLa Fayette et Washington est installéplace des États-Unis,square Thomas-Jefferson. La station de métroChaussée d'Antin a reçu son nom en sous-titre,en réalité à cause d'un grand magasin qui avait parrainé le renouvellement de sa décoration[réf. nécessaire].

La ville deLyon lui a consacré unpont et une longue rue, lecours Lafayette, qui aboutit au quartier Part-Dieu.

ÀToulouse, la grande artère menant de l'Hôtel de Ville à la nouvelle promenade du quartier de la Ville neuve lui a été dédiée de son vivant : rue, place (aujourd'hui place Wilson), allée (aujourd'hui allées Franklin-Roosevelt puis Jean-Jaurès) et carrefour (sans nom aujourd'hui, à l'intersection du boulevard Carnot).

ÀGrenoble, unerue du centre-ville porte son nom et lemusée de la Révolution française expose un buste de La Fayette à l'âge de 33 ans.

Commémoration du premier voyage

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ÀMetz, d'où il a décidé de partir en Amérique, une statue équestre en bronze, réalisée en 2004 parClaude Goutin, est installée dans le jardin de Boufflers derrière lepalais de justice de Metz.

Stèle commémorative sur l'esplanade La Fayette àPauillac.

ÀPauillac, une esplanade porte son nom, en bordure des quais d'où il est parti en 1777, avec une stèle représentant son vaisseauLa Victoire, avec la formule « D'ici, le, s'est embarqué Marie Joseph Paul Yves Gilbert Motier, Marquis de Lafayette, avec l'espoir de rallier les Amériques à bord de laVictoire ».

Autres

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Le chirurgien et ornithologue françaisRené Primevère Lesson a dédié une espèce d'oiseaux de la famille desPhasianidae à La Fayette en 1831 : lecoq de Lafayette (Gallus lafayetii).

ÀDangé-Saint-Romain, une ancienne cité de l'armée américaine (période 1945-1966) porte depuis la fin des années 1950 le nom de Résidence La Fayette.

La polémique sur la panthéonisation (2007)

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Le, le président françaisNicolas Sarkozy évoque à plusieurs reprises La Fayette dans son discours auCongrès américain.

Comme le ministre des Affaires étrangèresBernard Kouchner, interpellé l'été précédent parGonzague Saint Bris dans le cadre de la célébration du250e anniversaire du marquis à Chavaniac, a dit :« Le Panthéon, ce n’est pas une mauvaise idée » et ajouté qu’il« (porterait) cette idée au sommet de l’État »[158], cette insistance déclenche une polémique sur l'éventuel transfert auPanthéon des cendres de La Fayette, à laquelleNicolas Sarkozy se déclare favorable[réf. nécessaire].

Jean-Noël Jeanneney s'y oppose, car il n'imagine pas voir reposer aux côtés de soldats tombés pour la Révolution« un général en chef qui n'a jamais été républicain et qui a abandonné son armée en pleine guerre pour passer chez l'ennemi »[159].

Mais comme il s'appuie sur le témoignage de Napoléon[N 24], P. Bercis répond que celui-ci a rétabli l'esclavage et mis fin à la république, alors que La Fayette est resté un militant constant de l'abolition de l'esclavage et de la démocratie[160].

Gonzague Saint Bris réplique à son tour que« les hommes d’exception ont toujours servi l’intérêt de la France plus que celui d’un régime, que ce soit au temps de la monarchie ou de la république »[161].

La Fayette figure déjà parmi les personnages représentés sur lefronton du Panthéon parDavid d'Angers en 1837[162].

Armoiries

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FigureBlasonnement

Armes des Motier de La Fayette :

De gueules à la bande d'or ; à la bordure de vair[163].

La Fayette dans la culture populaire

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Littérature

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Cinéma

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Lafayette est représenté, dans de nombreux films, avec :

Films français

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Films anglo-saxons

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Films d'autres pays

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Télévision

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Téléfilms et séries

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Documentaires

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Comédie musicale

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Jeux vidéo

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La Fayette est un des personnages principaux des jeux vidéo :

Sources et bibliographie

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Archives et documents

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  • Les papiers personnels de la Fayette sont conservés auxArchives nationales sous la cote 252AP[164].
  • Chantal de Tourtier-Bonazzi,Lafayette. Documents conservés en France, Paris, Archives nationales, 1976[165].
  • Mémoires, correspondance et manuscrits du général Lafayette publiés par sa famille, 6 volumes in-8°.
    • tome 1, Bruxelles, Société belge de librairie, 1837, disponible surGoogle Books.
    • tome 2, Bruxelles, Société belge de librairie, 1837[1].
    • tome 3, Bruxelles, Société belge de librairie, 1837[2].
    • tome 4, Bruxelles, Société belge de librairie, 1837[3].
    • tome 5, Paris, Fournier, 1838[4].
    • tome 6, Paris, Fournier, 1838[5].

Ces volumes sont pourvus de notes deFrancisque de Corcelle, époux d'une petite-fille de La Fayette.

Dans cette collection, on remarque lalettre de La Fayette au bailli de Ploën sur larévolution de 1789, celle qu'il écrivit à M. deLatour-Maubourg à l'occasion de la mort de sa femme, une foule de confidences sur les événements remarquables auxquels il a pris part, et sous ce titre :« Mes rapports avec le Premier Consul », dansMémoires…(lire en ligne), un aperçu sur le caractère politique et militaire de Napoléon Bonaparte.

  • Laurent Pierre Bérenger,Mémoires historiques, et pièces authentiques sur M. de La Fayette, pour servir à l'histoire des révolutions, Paris, Le Tellier, 1790, disponible[166]) surArchive.org.
  • Ladislas Mickiewicz (éditeur),Les Discours de Lafayette pour la Pologne, préface de Ladislas Mickiewicz, introduction d'Armand Lévy surLes devoirs de la France envers la Pologne, Paris, Dentu, 1864, disponible surGoogle Books.

Écrits de contemporains

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  • Jean-Baptiste Belmont[167], « La Belle Journée ou relation fidèle de la fête donnée à M. le marquis de La Fayette par les habitants deLangeac le 13 août 1786 »,Tablettes historiques du Velay, Le Puy, 1872, disponible surGallica, réédité en 1976 (Archives et mémoires du Jacquemart langeadois).
  • Antoine Rivarol,Vie politique, fuite et capture de M. de Lafayette, 1792, disponible surGallica[168]. Une des satires les plus mordantes de cet écrivain.
  • Jean-Joseph Regnault-Warin,Mémoires pour servir à la vie du général La Fayette, et à l'histoire de l'Assemblée Constituante, Paris, Hesse, 1824, 2 volumes in-8°[169].
  • Histoire du général de Lafayette par un citoyen américain, Paris, 1825, disponible surGallica.
  • Voyage du général La Fayette aux États-Unis, Paris, 1826, disponible surGallica.
  • Charles Albert de Moré de Pontgibaud,Mémoires du comte de M***, Paris, Thiercelin, 1828[170], ouvrage disponible (édition de 1898) surGallica, réédité en 2012 (Nabu Press).
  • Auguste Levasseur[171],Lafayette en Amérique en1824 et en1825, Paris, Librairie Baudouin, 1829, 2 volumes, disponible (tome I) surGallica.
  • Agricol(-Hippolyte de Lapierre de) Châteauneuf,Le général Lafayette, mémoires authentiques, Paris, Dumont, 1831, in-8°, disponible surGallica.
  • J. Bécherand[172],Histoire complète de la vie civile, politique et militaire, du général Lafayette, contenant de longs développements sur la révolution de 89, Paris, 1831, disponible surGallica.
  • Jean-Joseph Regnault-Warin,La Fayette en Amérique, Paris, 1832.
  • Bernard Sarrans,Lafayette et la Révolution de 1830, Paris, Thoinier Desplaces, 1832, 2-vol. in-8°, disponible (édition de 1833) surGallica.
  • Jules Cloquet,Souvenirs sur la vie privée du général Lafayette, Paris, Galignani,(lire en ligne)

Ouvrages bibliographiques et historiographiques

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Ouvrages historiques anciens

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Ouvrages historiques récents

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La Fayette et l'Amérique

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  • Tugdual de Langlais,Jean Peltier Dudoyer, l'armateur préféré de Beaumarchais, de Nantes à l'Isle de France, Nantes, Coiffard, 2015, 340 p.(ISBN 9782919339280), pages 271 & 273.
  • Patrick Villiers,L'Hermione, La Fayette et Latouche-Tréville, deux hommes et une frégate au service de la guerre d'Indépendance, Nice, éditions Ancre, 2015,(ISBN 978-2-903179-85-4).
  • Patrick Villiers,La Marine de Louis XVI tome I. De Choiseul à Sartine, Grenoble, Debbane, 1983[174].

Notes et références

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Notes

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  1. Sa dot théorique est de200 000 livres mais sa mèreAnne Louise Henriette d'Aguesseau, petite-fille du ministre de Louis XIV,Henri François d'Aguesseau, parvient à ne donner que10 000 livres.
  2. Mirabeau donne une autre explication, avançant « qu'il y gâta par la gaucherie de ses manières, un langage obséquieux jusqu'à l'humilité. » (Correspondance entre Mirabeau et le comte de Lamarck,t. 2,p. 26, cité dans « Gilbert du Motier de La Fayette », dansLouis-Gabriel Michaud,Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers,2e édition, 1843-1865[détail de l’édition], article « La Fayette »,p. 448)
  3. AppelésInsurgents par les Britanniques,Bostoniens par les Français, etPatriots par les Américains.
  4. « Plus d'une fois leCincinnatus américain essaya de tempérer, par les inspirations de sa haute prudence, l'entraînement de La Fayette vers d'inapplicables théories. Mais que pouvaient les froides leçons de l'expérience contre le torrent irrésistible des circonstances et contre cette insatiable ambition de popularité, à laquelle son illustre ami s'était montré insensible après tant d'éminents services rendus à sa patrie ! »Biographie universelle,p. 450
  5. Qui,semblait toujours autoriser l'emploi de la violence pour faire prévaloir une opinion, une volonté, un intérêt particulier sur les constitutions fondamentales de la société.M. de Barante, de laDéclaration des droits, etc.,1849
  6. « Cette cocarde, dit-il, fera le tour du monde. »
  7. D'aprèsGonzague Saint Bris, ceux-ci auraient été instrumentalisés parChoderlos de Laclos, agissant au nom du duc d'Orléans.
  8. La Fayette s'accorde un somme à l'hôtel de Noailles. Il y gagne le surnom de « général Morphée » (Georges Carrot,Révolution et maintien de l'ordre, 1789-1799, Paris, SPM,coll. « Kronos » (no 20),, 523 p.(ISBN 2-901952-23-2),p. 104.).
  9. Citation extraite d'un mémoire sur les États généraux publié en1788 par lecomte d'Entraigues
  10. On le voit plus d'une fois exposer sa vie pour faire rentrer dans l'ordre une multitude échappée au frein des lois, mais dont les grands mouvements, ditCharles de Lacretelle,« conservaient toujours pour son esprit fasciné quelque chose de sublime et de sacré. »
  11. Parmi lesquels se trouventdes parents ou d'anciens amis[Qui ?] de Lafayette.Biographie universelle,p. 454
  12. Cette conduite, soit qu'elle fût motivée par un vain amour de popularité, ou par le désir de calmer les passions de la multitude, a été amèrement reprochée à La Fayette.[pas clair]Biographie universelle,p. 454
  13. Ramené tardivement à des sentiments conservateurs par les libéralités de la cour et par la perspective des catastrophes qui menaçaient la société, le tribun avait fait adjurer sans succès La Fayette d'en détourner l'explosion par l'alliance de leurs forces communes. Un fait, préparé, a-t-on dit, par ses derniers conseils, vint constater ouvertement l'état de captivité du monarque.Biographie universelle,p. 454
  14. Pour la grande majorité des Noirs, l'esclavage est toujours en vigueur dans les colonies françaises.
  15. La Fayette se félicite, dans sesMémoires, que l'exécution de cet ordre n'ait été d'aucune influence sur l'arrestation des fugitifs. Malgré la contrariété secrète que lui causait ce résultat, il fit bonne contenance, et contribua à protéger, contre la fureur populaire, les trois gardes du corps qui avaient servi de courriers à la famille royale ; ces militaires comme on sait, arrivèrent à Paris exposés sur le siège de la voiture dans laquelle elle y fit sonentrée funèbre.Biographie universelle,p. 454-455
  16. Deux armes importantes dont il avait étudié l'emploi dans son voyage dePrusse, en1785.Biographie universelle,p. 456
  17. C'est lors de cette journée queLouis XVI but une bouteille de vin rouge proposée par un manifestant, et marcha dans une bouse de vache pour montrer qu'il était « comme le peuple »).Marie-Antoinette, qui ne pouvait plus le souffrir, dira de lui : « Je sais bien que M. de La Fayette nous protège. Mais qui nous protégera de M. de La Fayette ? »)[réf. souhaitée]
  18. Biographie universelle,p. 457
  19. Parmi les plans conçus pourle salut du roi, il en existait un auquel La Fayette avait promis son concours, et dont l'exécution n'offrait rien qui excédât les limites de la constitution : le monarque devait annoncer à l'assemblée le projet de se retirer àCompiègne, où le général se disposait à l'entourer d'une force suffisante ; il devait ensuite adresser à ses frères et aux émigrés une proclamation pour les exhorter à marcher contre l'ennemi commun, et rentrer dans Paris quand ces dispositions auraient déconcerté les espérances coupables et ramené le calme dans les esprits.Biographie universelle,p. 457
  20. Peut-être aussi n'était-il plus temps. La coalition venait de mettre en mouvement une nombreuse armée, et les ennemis de l'intérieur pressaient de plus en plus, dans son étroit asile, le trône constitutionnel. Les dernières démarches de La Fayette étaient devenues le signal d'agressions multipliées contre lui.Biographie universelle,p. 457
  21. Le premier demanda qu'il fût fait un rapport spécial sur la conduite de La Fayette, et le second s'éleva amèrement contre l'audacieux militaire qui se croyait le chef d'une faction dont il n'était que l'instrument, et sans vouloir, dit-il, comparer La Fayette àJules César, il rappela que, lorsque du fond des Gaules, ce conquérant dicta des leçons au sénat, il était bien près de passer le Rubicon. » Le général fut défendu avec chaleur parMathieu Dumas, qui s'écria que La Fayette ne« serait pas digne d'être appelé le héros de la liberté, si, comme Washington, son frère d'armes et son modèle, il ne buvait jusqu'à la lie le calice de l'ingratitude populaire ». Un obscur orateur, Torné,évêque constitutionnel, attaqua, avec un surcroît de violence« le héros des deux mondes », comme l'appelaient alors ses partisans, etCondorcet le compara à Monk,« sacrifiant à son roi la liberté qu'il avait d'abord servie. »Biographie universelle,p. 457
  22. Passeport, dans le sens ancien : non pas une preuve de nationalité, mais un document de voyage délivré par l'autorité contrôlant un territoire donné.
  23. À cette sévérité se joignaient une alimentation repoussante, la privation complète d'encre, de plumes, de meubles de propreté, l'abréviation des soirées d'hiver et la prolongation des nuits par une obscurité rigoureuse, l'absence de tous égards de la part de leurs gardiens, une foule de vexations inutiles, et jusqu'au remplacement de leurs noms par de simples numéros.Biographie universelle,p. 459
  24. ab etcLe texte suivant reflète l'opinion de Napoléon sur La Fayette : « La Fayette était un niais ; il n'était nullement taillé pour le haut rôle qu'il avait voulu jouer. Sa bonhomie politique devait le rendre constamment dupe des hommes et des choses. Son insurrection des Chambres, au retour deWaterloo, avait tout perdu. Qui avait donc pu lui persuader que je n'arrivais que pour les dissoudre, moi qui n'avais de salut à espérer que par elles ? Tout le monde en France est corrigé des idées extrêmes de liberté ; il n'y a qu'un homme qui ne le soit pas, et cet homme, c'est La Fayette. En effet, qui a proclamé le principe de l'insurrection comme un devoir ? Qui a adulé le peuple en le proclamant à une souveraineté qu'il est incapable d'exercer ? Qui a détruit la sainteté et le respect des lois en les faisant dépendre, non des principes sacrés de la justice, de la nature des choses et de la justice civile, mais seulement d'hommes étrangers à la connaissance des lois civiles, criminelles, administratives, politiques et militaires ?Cet homme qui a joué un si grand rôle dans nos premières dissensions politiques, avait servi sous Washington et s'y était distingué, c'était un homme sans talents ni civils ni militaires ; esprit borné, caractère dissimulé, dominé par des idées vagues de liberté, mal digérées chez lui et mal conçues ; du reste, dans la vie privée, La Fayette était un honnête homme. » Napoléon,Mémorial de Sainte-Hélène, voirBiographie universelle,p. 472
  25. En 1815, Alexandre est encore relativement libéral, comme le montre la constitution qu'il donne en 1815 auroyaume de Pologne.
  26. Celui que La Fayette fit entendre à cette dernière occasion () fut un véritable manifeste dans lequel il donna une ample carrière à ses ressentiments politiques et même à ses rancunes personnelles contre le système de la Restauration. L'octroi de la charte, le principe de la légitimité, l'émigration, les caducités de l'ancien régime, et jusqu'à la tentative du, tout fut attaqué par La Fayette avec une liberté de violence presque inouïe jusqu'alors ; aucun moyen ne fut négligé pour émouvoir les passions politiques au-dedans comme au-dehors. Ce discours attira à l'orateur une vive et éloquente réplique de M. deSerre, qui lui reprocha d'imputer aux victimes de la révolution tous les maux qu'elle avait fait peser sur eux :« Si les insurgés au-dehors, continua le ministre, séduits par les provocations imprudentes qu'il a fait entendre, se portent à la sédition, je demande sur la tête de qui devrait retomber le sang versé par le glaive de la révolte ou par le glaive de la loi ? » M. de Puymaurin déplora que l'homme qui se recommandait par tant de qualités personnelles rentrât dans les rangs de la révolution« pour en devenir de nouveau l'instrument ou le jouet ». Peu touché de ces apostrophes et de ces allusions, La Fayette, à l'occasion du budget de 1821, s'éleva avec une nouvelle violence contre la diplomatie actuelle,« où le système, les agents, le langage, tout lui paraissait étranger à la France nouvelle », et se plaignit que« par les déviations et l'apostasie temporaire d'une révolution de liberté et d'égalité, on eût fini par voir l'Europe surchargée de deux assortiments complets de dynasties, de noblesses et de privilèges. »Biographie universelle,p. 461
  27. François-René de Chateaubriand, dans sesMémoires d'Outre-tombe, écrit qu'il « s'abaissa jusqu'à se laisser nommer levénérable des ventes du carbonarisme » (livre XLIII, chap. 3).
  28. C'est en effet dans son hôtel et en sa présence, que deux d'entre eux, Grandmesnil et Baudrillet, ont élaboré le complot. Ces circonstances ont été révélées à la justice par Baudrillet ; mais une inqualifiable omission en a fait évanouir l'importance. Le juge d'instruction avait négligé de recueillir des explications précises sur le signalement du général, et il était devenu facile au révélateur, mieux avisé, d'égarer les recherches postérieures de l'autorité. Le surlendemain du jour où La Fayette avait couvert de son audace cette situation fausse et défectueuse, M. de Saint-Aulaire proposa à la chambre de mander le procureur général à sa barre pour répondre aux plaintes portées contre lui. Cette proposition fut repoussée à une forte majorité ; mais, tandis que ce débat préoccupait la chambre, il se passait un fait curieux. Un des principaux conjurés, Grandmesnil, parvenu à se dérober aux recherches de la justice, avait été secrètement introduit par M. de la Pommeraye, député duCalvados, dans une tribune d'où il suivait attentivement la discussion. Il entendit avec indignation le général Foy le qualifier d'agent provocateur, et, dans l'excès de son émotion, il voulut s'élancer de sa place pour lui infliger un éclatant démenti. Il fut contenu avec grand’peine par M. de la Pommeraye et parGeorges de La Fayette.Biographie universelle,p. 463.
  29. « Nous craignons, lui dit-il, votre retour en Europe, où les despotes jaloux de votre gloire et de vos vertus, peuvent vous enfermer encore dans les murailles de leurs donjons ».Biographie universelle,p. 464.
  30. Cependant, il est exact de dire que La Fayette se montra généralement plus indulgent pour le cabinet de1828 que pour ceux qui l'avaient précédé. Charles X, dont il connaissait la loyauté, lui inspirait une estime personnelle, et ce prince, en passant à Meaux, lors de son voyage en quelque sorte triomphal dans l'est de la France, s'était exprimé à son tour dans les termes les plus obligeants sur le compte du général. Mais ces déférences particulières, dominées par d'incurables dissentiments politiques, ne pouvaient amener aucun résultat. Le fatal retrait des lois départementale et communale fit évanouir la dernière espérance de conciliation, et le ministère Martignac, brouillé sans retour avec la gauche, abandonné du côté droit et de la cour, plein du pressentiment de formidables orages, mais impuissant à les conjurer, emporta dans sa retraite, en retour des embarras qu'il léguait à la couronne, le stérile avantage d'avoir été le cabinet le moins impopulaire de la Restauration.Biographie universelle,p. 466
  31. Pénétré et presque triomphant de l'inutilité des concessions qu'on lui avait en quelque sorte arrachées, il appela à la tête du nouveau conseil un patricien justement recommandable par la fidélité éprouvée de ses sentiments monarchiques, mais dont le nom était frappé de cette longue et irrémédiable impopularité qui rend tout difficile à l'homme d'État. Le parti libéral regarda comme un éclatant défi, et fit ouïr d'amères imprécations.Biographie universelle,p. 466.
  32. Il assista le lendemain à une fête brillante sur l'île Barbe, et le jour suivant à un banquet que lui offrit la ville de Lyon, et où la santé du roi fut portée pour la première fois depuis le commencement de cette tournée patriotique. À son départ, le, il est accompagné jusqu'à deux lieues de la ville par une escorte de jeunes cavaliers. Ces audacieuses ovations, dont le gouvernement fut plusieurs fois, dit-on, sur le point de troubler le cours par une résolution hardie, propagèrent l'esprit de défiance et de sédition sur tous les points de la France.Biographie universelle,p. 466.
  33. Il fut compris dans l'ordre d'arrestation tardivement lancé par le ministère contre les chefs présumés de la rébellion ; mais la rapidité de ses progrès n'en permit pas l'exécution.Biographie universelle,p. 467.
  34. Charles X, dans une audience qu'il donnait à M. deSégur en1829, lui avait dit :« M. de La Fayette est un être complet ; je ne connais que deux hommes qui aient toujours professé les mêmes principes : c'est moi et M. de La Fayette, lui comme défenseur de la liberté, moi comme roi de l'aristocratie ». Puis, en parlant de la journée du :« Des préventions à jamais déplorables firent qu'on refusa ses avis et ses services » (Cloquet 1836,p. 109).
  35. François-René de Chateaubriand commente ainsi la scène :« M. de La Fayette donne au duc d'Orléans un drapeau tricolore, s'avance sur le balcon de l'Hôtel-de-Ville, et embrasse le prince aux yeux de la foule ébahie, tandis que celui-ci agitait le drapeau national. Le baiser républicain de La Fayette fit un roi. Singulier résultat de toute la vie duhéros des Deux-Mondes ! » (Mémoires d'Outre-tombe, livre XXXIII, chap. 15.)
  36. Beaucoup d'officiers de l'armée du royaume de Pologne croyaient en effet qu'ils allaient être obligés de partir combattre les insurgés belges aux côtés de l'armée russe.

Références

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  66. Marquis de Bombelles,Journal,Librairie Droz,,p. 174
  67. Cf. sanotice sur le site de l'Assemblée nationale.
  68. s:Projet de Déclaration des Droits de l'Homme présenté par La Fayette à l'Assemblée Nationale (Séance du 11 juillet 1789)
  69. Denis Michel Jullien,Lettre de M. Jullien, aide-de-camp de M. de La Fayette, à M. le président du comité des recherches de l'assemblée nationale, en réponse aux reproches que lui a faits M. l'abbé de Barmont dans son discours, 1790, 7 p., cf.notice BnF
  70. Jean-Pierre Bois,La Fayette,Éditions Perrin,, 496 p.(lire en ligne),p. 133-189
  71. Voir, dans laRevue des deux Mondes, le travail de M. deValon sur le prétendu complot du marquis de Favras.
  72. Biographie universelle,p. 453
  73. Que font-ils ?
  74. abcde etfBiographie universelle,p. 454
  75. Cf.Archives parlementaires tome 26,p. 25 et notice « La Fayette », dans : Edna Hindie Lemay,Dictionnaire des constituants, 1789-1791, Paris, Universitas, 1991, 2 volumes, 1022 p. (pour chaque notice du dictionnaire, l'auteure indique, le cas échéant, « est censé avoir voulu la fin des colonies »).
  76. Comte de Sèze,Histoire de l'évènement de Varennes, 1843.Biographie universelle,p. 454
  77. abc etdBiographie universelle,p. 455
  78. Louis Madelin,Les Hommes de la Révolution,Éditions Perrin,, 409 p.(lire en ligne),p. 11-42
  79. Le Patriote Français, 26 septembre 1791, cité par Jean-Daniel Piquet,L'Émancipation des Noirs dans la Révolution française (1789-1795), Paris, Karthala, 2002,p. 114-116.
  80. Biographie universelle,p. 455-456
  81. Cf. « Le camp retranché de Maubeuge »,Racines et patrimoine en Avesnois,no 1,p. 14-19.
  82. Auguste Aimé Boullée,Notice sur le général Lafayette, Desenne, 1841,(OCLC33298799),p. 68
  83. Taine,Les origines de la France contemporaine,L'ancien régime, La révolution, L'anarchie, La conquête jacobine, tome 1, Bouquin, Robert Laffont, 1986, p. 691(ISBN 2-221-05186-6)
  84. Cette lettre est parue dansLe Moniteur, volume 13, page 240. Le nom de son aide de camp est Louis Michel Olivier de Langlais.
  85. ab etcBiographie universelle,p. 458
  86. Louis-Pierre Anquetil etLéonard Gallois,Histoire de France depuis les Gaulois jusqu'à la mort de Louis XVI : continuée jusqu'au sacre de Charles X,vol. 10, Jubin,(lire en ligne),p. 330
  87. Gilbert du Motier de Lafayette,Mémoires, correspondance et manuscrits,vol. 3, Fournier,(lire en ligne),p. 412
  88. La Terreur est « mise à l'ordre du jour jusqu'à la victoire » en septembre 1793. Néanmoins, on peut considérer qu'elle commence dès 1792 avec lesmassacres de Septembre.
  89. ab etcBiographie universelle,p. 459
  90. Comme, en les installant, on éloignait d'eux, tous les objets qui pouvaient servir au suicide, le général fit observer qu'« il n'était pas assez prévenant pour se tuer ».Biographie universelle,p. 458
  91. Chantal de Tourtier-Bonazzi, articleLa Fayette duDictionnaire Napoléon (directionJean Tulard), tome 2, édition1999,p. 132.
  92. « 2 août 1802 - Napoléon Bonaparte devient Consul à vie », surherodote.net(consulté le)
  93. a etbAdolphe Robert, Edgar Bourloton et Gaston Cougny,Dictionnaire des parlementaires français depuis le 1er mai 1789 jusqu'au 1er mai 1889, Paris, Bourloton,(lire en ligne),p. 510-515
  94. Agénor Bardoux, « La Fayette pendant le consulat et le premier empire »,Revue des Deux Mondes,‎(lire en ligneAccès libre)
  95. Biographie universelle,p. 460
  96. Biographie universelle,p. 461
  97. Chambre des représentants, Séance du 21 juin 1815, Archives parlementaires,Recueil complet des débats législatifs et politiques des Chambres françaises de 1800 à 1860,2e série, 1800-1860, SER2, T14 (3 décembre 1814 au 9 juillet 1815) BNF.
  98. Lire la partie « Le duc d'Otrante » dans la biographie deFouché parLouis Madelin, Paris, Librairie Plon, (1901) réédité par Les petits-Fils de Plon et Nourrit, 1947,2e édition.
  99. Le marquis de La Fayette fait partie d'une très veille famille de la noblesse française originaire du duché d'Auvergne, ayant par ailleurs appartenu aux ducs Bourbons jusqu'en 1522. À l'origine, le roi était le suzerain et pas le souverain de ces puissants seigneurs alliés avec qui des mariages étaient aussi souvent conclus.
  100. « Je m'étonne, milord, répondit La Fayette, que, pour proposer cette lâcheté au peuple français, vous vous adressiez de préférence à un prisonnier d'Olmütz. »Biographie universelle,p. 461
  101. Cf. sanotice biographique sur le site de l'Assemblée nationale.
  102. Frédéric Preney-Declercq,Le complot du Bazar français : roman historique, Nantes, Normant Editions,, 444 p.(ISBN 2-915685-17-7) etpage sur le site du Sénat.
  103. AN - Série CC 515
  104. Cf.notice dans le Maitron.
  105. A. de Vaulabelle,Histoire des deux Restaurations, tome 6,p. 275.
  106. Albert Maurin,Histoire de la chute des Bourbons, livre 3.
  107. Biographie universelle,p. 463
  108. Prosper Duvergier de Hauranne,Histoire du gouvernement parlementaire en France : 1814 – 1848 surGoogle Livres,vol. 7, Paris, Lévy, 1865,p. 79
  109. Histoire des deux restaurations, t. 6,p. 264. -Histoire de la chute des Bourbons…, livre 3. - M. Royer-Collard, faisant, en1832, allusion à cette circonstance, dit au général La Fayette : « Vous avez été indignement calomnié par M.Mangin. - J'ai été outragé, répondit le général, mais non calomnié. - En ce cas, vous avez été impuni. »
  110. Biographie universelle,p. 463-464.
  111. Gloves, notice de l'objet dans la base de données de la collection duMetropolitan Museum of Art, New York (page consultée le 19 mai 2017).
  112. Richard Pyle, « Forgotten Hero: Exhibit Honors Lafayette »,The Washington Post,(consulté le)
  113. « Our Country Fifty Years Ago »,The Magazine of American History,p. 463
  114. Auguste Levasseur,Lafayette en Amérique en 1824 et 1825 ou Journal d'un voyage aux États-Unis, vol. 1,(lire en ligne)
  115. Philippe Schneider,La popularité de Lafayette durant son voyage triomphal aux États-Unis de 1824 à 1825, Université Paris-Sorbonne, Paris, 2013,p. 99, 133 et 173-174.
  116. Paul C. Pappas, « Lafayette's Efforts to Send American Aid to Revolutionary Greece »,Journal of Modern Greek Studies, tome 2-1, mai 1984,p. 105-116.
  117. Les événements se pressaient. M. deChateaubriand avait suscité une opposition redoutable au ministère le plus long et le plus habile qu'elle eût encore enfanté. La majorité, jusque-là si compacte, en fut ébranlée, et cette circonstance entraîna la dissolution de la chambre.Biographie universelle,p. 465
  118. Charles X, cédant aux exigences de la France électorale, composa son conseil d'hommes estimables, éclairés, mais dépourvus de direction fixe. Un cabinet placé dans de telles conditions ne pouvait qu'affaiblir l'autorité royale, déjà si énervée. Ce fut le sort des concessions essayées par le ministèreMartignac. Les intentions les plus conciliantes et les plus libérales ne purent lui faire trouver grâce devant les organes du parti démocratique.Biographie universelle,p. 466
  119. M. Morin,Voyage du général La Fayette en1829.
  120. Biographie universelle,p. 466.
  121. La Révolution de1830 et le véritable parti républicain, par A. Fabre.
  122. Victor de Nouvion,Histoire du règne de Louis-Philippe, t. 1, Hachette Livre BNF, 2012,p. 185. -Louis Blanc,Révolution française, Histoire de dix ans 1830-1840, t. 1,p. 255.
  123. Biographie universelle,p. 467.
  124. ab etcBiographie universelle,p. 468.
  125. Louis Rozet,Chronique de juillet 1830, Nabu Press, 2012.
  126. Jean-Paul Barbier, « Collin de Sussy »,Horizons d'Argonne,no 84, 2007.
  127. Bernard Alexis Sarrans,Louis-Philippe et la contre-révolution de1830, Nabu Press, t. 2.
  128. « Nous reproduisons ici le langage textuel de La Fayette et le seul avoué par lui. Les mots tant répétés : "Voilà la meilleure des républiques !" appartiennent au rapport adressé par la commission municipale au nouveau roi quelques jours après son avènement », citation duMoniteur,), et ont été mal à propos attribués au général. Lui-même affirme ne pas les avoir utilisés. Il écrit, par exemple, dans une lettre publiée dans les journaux américains :« Je n’ai pas dit, comme certains journaux l’ont rapporté, que« c’était la meilleure des républiques ». J’ai au contraire fait profession de mes doctrines, qui sont celles de l’école américaine. Mais je considérais que, d’après les circonstances, c’était la meilleure chose à faire. Et de ce que j’ai vu depuis du nouveau roi et de sa famille, je suis conforté dans l’opinion que nous avons bien fait. » (Southern Recorder, deMilledgeville (Géorgie), 30 octobre 1830,disponible en ligne)
  129. P.-J. Béranger, « Lafayette en Amérique », dansŒuvres complètes de Béranger, Paris : Fournier, 1839, t. II.,p. 240-241.
  130. C. Delavigne,La Parisienne : Marche nationale, Paris : Ladvocat, 1830.
  131. 'Banquet patriotique offert par la Ville de Paris au Général Lafayette, (15 août 1830)', Paris, Imprimerie Royale, 1830, p. 8-10.
  132. a etbBiographie universelle,p. 471
  133. Cité parGuy Antonetti,Louis-Philippe, Paris, LibrairieArthème Fayard, 2002,p. 638.
  134. Cité parGuy Antonetti,Op. cit.,p. 639
  135. Cf. sanotice sur le site de l'Assemblée nationale, Anciens parlementaires.
  136. Cf.Comité central en faveur des Polonais,La Pologne et la France en 1830-1831, Paris, 1831.
  137. Biographie universelle,p. 470-471.
  138. Acte de décès de La Fayette, extrait duregistre d'état civil du1er arrondissement de Paris :Du 20 mai 1834, à une heure du soir. Acte de décès de sieur Marie-Joseph-Paul-Roch-Yves-Gilbert Dumottier Lafayette, lieutenant général, membre de la Chambre des députés, âgé de soixante-seize ans passés, veuf de dame Marie-Adrienne-Françoise de Noailles, ledit défunt né à Chavagnac (Haute-Loire) et décédé à Paris en son domicile rue d'Anjou-Saint-Honoré,no 6, ce jourd'hui, à quatre heures et demie du matin. Constaté par nous Charles Gabillot, chevalier de la Légion d'honneur, adjoint au maire du1er arrondissement de Paris, faisant les fonctions d'officier d'état civil, sur la déclaration des sieurs Alexandre-César-Victor-Charles Destutt de Tracy, député, âgé de cinquante-deux ans, demeurant rue d'Anjou-Saint-Honoré,no 38, Antoine-François Carbonel, maréchal de camp, âgé de cinquante-sept ans, demeurant rue d'Anjou-Saint-Honoré,no 6, lesquels ont signé avec nous, après lecture faite. Signé : V. Tracy, Carbonel, Gabillot. Les originaux desregistres paroissiaux et d'état civil à Paris antérieurs à1860 ont disparu dans lesincendies de la Commune de Paris de 1871, mais l'acte a été recopié et est cité dansÉtienne Charavay,Le général La Fayette 1757-1834,Paris,1898, rééd.1977, pages 595-596.
  139. (en) John Quincy Adams,Life and character of Gilbert Motier de Lafayette : delivered at the request of both houses of the Congress of the United States, before them, in the House of representatives, Washington, on the 31st December, 1834, Cincinnati,(lire en ligne)
  140. François-René de Chateaubriand,Mémoires d'Outre-tombe, livre XLIII, chap. 3, Gallimard, coll. La Pléiade, 1969,p. 875.
  141. Mémoires d'Outre-tombe, Livre XLIII, chapitre 3, édition Gallimard La Pléiade 1969,p. 876.
  142. Mémoires d'Outre-tombe, XLIII, 3.
  143. Biographie universelle,p. 473.,Considérations sur la Révolution française,2e part., ch. 3.
  144. cité par Guy Antonetti,Louis-Philippe, Paris, Fayard, 2002, p. 723
  145. O. Barrot,Mémoires posthumes, Paris : Charpentier, 1875, t. I., p 275-276.Disponible en ligne sur Gallica
  146. ab etcLaurent Zecchini, « La Fayette, voilà tes maires ! »,Le Monde,‎(lire en ligne)
  147. « U.S. Embassy France on Twitter », surTwitter(consulté le).
  148. Nastasia Peteuil, « The Lafayette Trail : comment un Français a recréé le tour du marquis en Amérique », surFrench Morning,
  149. (en-US) « Bicentenaire de la tournée d'adieu de Lafayette », surLafayette 200
  150. « "La Fayette, nous voilà !" », surfr.usembassy.gov(consulté le)
  151. Encyclopédie des Mots historiques ; tome 2, éditée parHistorama, Paris, 1970.
  152. Encyclopédie Larousse, articleMarquis de La Fayette
  153. Igor Robinet-Slansky, « LE CIMETIÈRE DE PICPUS À PARIS », surLescarnetsdigor,(consulté le)
  154. « Site internet du château de Chavaniac-Lafayette », surchateau-lafayette.com
  155. La Statue Lafayette du Puy-en-Velay, sur le site des Monuments Historiques.
  156. « Il y a 70 ans, la statue Lafayette quittait son socle et fuyait l'ennemi. », 'Zoom d'ici', 16 décembre 2013.
  157. « Ministère de la Culture et de la Communication », surculture.gouv.fr
  158. « Quatre Mirage et une stèle pour un hommage franco-américain à La Fayette », surusapassion.wordpress.com,(consulté le)
  159. Jean-Noël Jeanneney, « La Fayette au Panthéon ? Holà ! »,Le Monde,‎(lire en ligne)
  160. Pierre Bercis, « La Fayette, nous voilà ! »,Le Monde,‎(lire en ligne)
  161. Gonzague Saint Bris, « La Fayette au Panthéon ! »,Le Monde,‎(lire en ligne)
  162. Laurent Beauvallet, « Le fronton du Panthéon, c'est David d'Angers », surOuest France,(consulté le)
  163. J.-B. Rietstap,Armorial général,t. II,,p. 269
  164. Archives nationales
  165. Cf. recension surPersée.
  166. La date indiquée : « l'an second de la liberté française » correspond sans doute à un compte (non officiel) à partir de 1789, plutôt qu'à une datation républicaine (« l'an II »).
  167. Selon la page de titre, « avocat en Parlement, lieutenant civil, criminel et de police de la prévôté royale deSaint-Ilpize en Auvergne »
  168. Cette édition ne donne pas de lieu d'édition.
  169. CF.notice BnF.
  170. Cf.notice BnF
  171. Cf. page anglaiseAuguste Levasseur
  172. Prénom complet non connu, cf.notice BnF. Il est aussi l'auteur dePoésies diverses.
  173. Cf. recension dans leBulletin des bibliothèques de France, 1980.
  174. Cf. noticeBnF.

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