La commune de La Brillanne est située en Haute-Provence, ou Provence intérieure, région plutôt enclavée et isolée. Mais elle est traversée par la vallée de laDurance, qui est une voie de pénétration naturelle dans le massif alpin. Ces deux facteurs ont joué un rôle important dans l'histoire. La Durance est elle-même une voie de communication, empruntée par les radeliers jusqu'au début duXXe siècle. Les Gaulois, puis les Romains, modèlent le paysage avec l'agriculture méditerranéenne (l'olivier est cultivé) ; lavoie domitienne passe à proximité et permet la pénétration du mode de vie romain.
Au début duXIXe siècle, lesroutesRN 100 etRN 96 se croisent sur la commune, qui accueille également une gare sur la ligne remontant versGrenoble. Ces voies de communication rapides ont permis une libération rapide en1944, dans la semaine qui a suivi ledébarquement de Provence. La Durance permet également la production d'énergiehydroélectrique. Aujourd'hui, c'est l'autoroute A51 qui dessert la commune. Finalement, cette commune agricole, de faible étendue, a vu sa population croître grâce à ces infrastructures. Cette situation apporte aussi ses dangers : les transports de marchandises dangereuses sont fréquents, et la commune est menacée par l'onde de submersion qui serait provoquée par une rupture du barrage de Serre-Ponçon.
Le village est situé à 349 m d’altitude[2], dans la vallée de laDurance, face àOraison. LeLauzon traverse la commune et reçoit les eaux duBeveron avant de se jeter dans la Durance[3].
La Brillanne et les communes voisines (cliquez sur la carte pour accéder à une grande carte avec la légende).
Des lignes de transports scolaires ont été mises en place pour rallier les trois collèges deManosque, les trois lycées deManosque, le lycée Félix-Esclangon, le lycée des Iscles et le lycée des métiers Louis-Martin-Bret ainsi que le collège d'Oraison. Ces lignes sont financées par la communauté d'agglomérationDurance-Luberon-Verdon Agglomération au travers du réseauTrans'Agglo. En plus des lignes existantes du réseau, deux autres ont été rajoutées.
Aucune des 200 communes du département n'est en zone de risque sismique nul. Lecanton de Peyruis auquel appartient La Brillanne est en zone 2 (risque moyen) selon la classification déterministe de 1991, basée sur lesséismes historiques[18], et en zone 4 (risque moyen) selon la classification probabiliste EC8 de 2011[19]. La commune de La Brillanne est également exposée à trois autres risques naturels[19] :
La commune de La Brillanne est également exposée à plusieurs risques d’origine technologique :
celui de transport de matières dangereuses, par rail et route. Il s’agit du transport de matières premières à destination ou de produits finis en provenance des usines Arkema de Saint-Auban[20],[21]. En ce qui concerne la voie ferrée, laligne de Marseille à Lyonvia Grenoble est toujours en service. Du côté routier, ladépartementale RD 4096 (ancienneroute nationale 96) et l’autorouteA51 peuvent être empruntée par les transports routiers de marchandises dangereuses[22] ;
Un plan de surfaces submersibles (en cas de crue de laDurance) est établi depuis 1961[20] et leDicrim n’existe pas[24].
Les tremblements de terre ressentis de la manière la plus sensible dans la commune sont ceux du, avec une intensité macro-sismique de IV sur l’échelle MSK etVolx pourépicentre, et celui du, avec une intensité de III etThorame pour épicentre[25]. En 2001, un wagon stationnant dans la gare de La Brillanne laisse fuir dutrichlorométhane[26]. En 2002, un accident de la circulation implique un camion-citerne sur l’autoroute, et9 000 litres d’acide chlorhydrique sont dispersés dans la nature[21].
Au, La Brillanne est catégorisée bourg rural, selon la nouvelle grille communale de densité à7 niveaux définie par l'Insee en 2022[27].Elle appartient à l'unité urbaine d'Oraison, une agglomération intra-départementale dont elle est une commune de labanlieue[28],[29]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Manosque, dont elle est une commune de la couronne[Note 2],[29]. Cette aire, qui regroupe 30 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[30],[31].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (70,4 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (76,5 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :terres arables (59,9 %), zones agricoles hétérogènes (10,5 %), zones urbanisées (10,1 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (7,5 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (6,2 %), forêts (5,8 %)[32].
L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Enoccitanprovençal, on dit [labʁiˈjanɔ] : cela s’écritLabrilhana selon lanorme classique ouLabrihano selon lanorme mistralienne (la forme scindée« La Brihano », qui apparaît sur les panneaux d’entrée, est incorrecte)[33].
La localité apparaît pour la première fois dans les textes auXIIe siècle (Lebrinnana[34],[35]), en1126 selon les auteurs cités après, qui donnent la formeLebrinnana. Ce nom de lieu dériverait d’un nom de personne romain,Leporius selonCharles Rostaing,Leporinus selonErnest Nègre. L’ajout du suffixe-ana (signifiantvilla de) aurait donné ensuiteLebrinnana, puis par attraction du termeoccitanbrilhar,Lebrilhana, Labrilhana. Et enfin, en français, on a fait une la mécoupure détachant le faux articleLa du nom(La)brillanne[36],[37],[35].
En 2009, la population active s’élevait à 382 personnes, dont 54 chômeurs[38] (75 fin 2011[39]). Ces travailleurs sont majoritairementsalariés (à 84 %)[40] et travaillent majoritairement hors de la commune (à 79 %)[40]. Si le secteur primaire conserve une certaine importance, avec 14 % des établissements en 2010[41], les services et l’administration concentrent à la fois la majorité des établissements et des emplois[41].
La culture de l’olivier est pratiquée dans la commune depuis des siècles, tout en étant soumise à des contraintes aiguës. Le terroir de la commune se situe en effet à la limite altitudinale de l’arbre, qui ne peut que difficilement être exploité au-delà des 650 mètres. L’oliveraie de La Brillanne occupait plus de10 hectares au début duXIXe siècle, et compte actuellement plusieurs milliers de pieds exploités[44].
Une centralehydroélectrique, utilisant les eaux de laDurance, est implantée sur la commune depuis 1953. Elle succède à une plus ancienne datant de 1906[45].
Les principales entreprises sont CMR, spécialisé dans le traitement desdéchets industriels banals (DIB), emploie 15salariés[46], et l’Imprimerie de Haute-Provence, qui en fait travailler 11[47]. Perlamande emploie 35 salariés dans la transformation de fruits secs[48],[49].
Fin 2010, lesecteur tertiaire (commerces, services) comptait 50 établissements (avec 107 emploissalariés), auxquels s’ajoutent les 14 établissements du secteur administratif (salariant 41 personnes)[41].
D'après l’Observatoire départemental du tourisme, la fonction touristique est peu importante pour la commune, avec moins d’un touriste accueilli par habitant[50], l’essentiel de la capacité d'hébergement étant non-marchande[51]. La Brillanne compte très peu de structures d’hébergement, essentiellement quelques meublés[52]. Le parc des résidences secondaires est très faible et n’apporte pas un complément significatif[53] avec seulement 14 logements[54],[55].
De cette époque, subsiste un élément important pour la communauté : la limite nord, avec sa voisineLurs, reste fixée sur le sommet de la colline du Pied d'Aulun, repère visuel dans le paysage, et qui abrita un culte gaulois. La persistance d'une telle borne territoriale semble un processus courant[58].
Alors que le sud-est de la Gaule était une terreburgonde, le roi desOstrogothsThéodoric le Grand fait la conquête de la région entre laDurance, leRhône et l’Isère en510. La commune dépend donc brièvement à nouveau de l’Italie, jusqu’en526. En effet, pour se réconcilier avec le roi burgondeGondemar III, la régente ostrogotheAmalasonthe lui rend ce territoire[59].
Appartenant d'abord aux seigneurs deVolx, le château de La Brillanne passe en1126 aux mains descomtes de Provence[62] qui en gardent constamment le contrôle par la suite. En1144, l'ensemble de la famille des comtes de Forcalquier, sur le conseil d'un local, donne La Brillanne auxTempliers[63]. Cette donation est confirmée entre 1152 et 1157, assortie de l'accord des comtes de Forcalquier pour que les Templiers puissent l'échanger. Aussitôt l’évêque de Sisteron Pierre de Sabran échange son domaine d’Aulun contre le château de La Brillanne[64]. Lechapitre de Forcalquier s'oppose à cet échange. Et en1174, une fois adulte, le comteGuillaume IV de Forcalquier, qui avait moins de cinq ans au moment de la confirmation de donation, rétablit le don du château aux Templiers[65],[66].
Au même moment, les templiers accroissent leur contrôle sur La Brillanne, faisant l'acquisition de l'église paroissiale Sainte-Agathe auprès de l'abbaye de Montmajour[61]. Ce contrôle reste toutefois limité : outre lacollation de lacure qui reste soumise à l'approbation des évêques de Sisteron, le château leur est retiré par Guillaume IV de Forcalquier dès 1203, qui le donne àRaymond d'Agout avec le château de Volx[67]. De plus, leurs possessions en terres et maisons dans le terroir de La Brillanne étaient extrêmement limitées, les évêques de Sisteron étant bien mieux dotés[68].
En 1220, le château de La Brillanne change encore de mains. Lorsque le comté de Forcalquier perd son indépendance en1209, à la mort deGuillaume II, un de ses neveux,Guillaume de Sabran tente de le relever. Après une lutte de dix ans, il passe un accord àMeyrargues le avecRaimond Bérenger IV,comte de Provence et lui aussi héritier du comté de Forcalquier. Par cet accord, la moitié sud du comté est donnée à Guillaume de Sabran[69], avec le château de La Brillanne et lepéage fructueux placé sur la route reliant les Alpes à la Basse-Provence et empruntant la vallée de la Durance. Pour récupérer une partie de ce trafic, Raimond Bérenger oblige les marchands à passer parMontfuron,Forcalquier etLurs[67].
Unbac permettant de traverser laDurance est attesté en1270[70]. Il faisait partie des plus fréquentés[71]. Autre ressource économique liée à la Durance, unpéage était établi en travers de la rivière et taxait les radeliers qui la descendaient[72].
Lecoup d'État du 2 décembre 1851 commis parLouis-Napoléon Bonaparte contre laDeuxième République provoque un soulèvement armé dans les Basses-Alpes, en défense de la Constitution. Après l’échec de l’insurrection, une sévère répression poursuit ceux qui se sont levés pour défendre la République : 17 habitants de La Brillanne sont traduits devant la commission mixte, la majorité étant condamnés à ladéportation enAlgérie[73].
Comme de nombreuses communes du département, La Brillanne se dote d’une école bien avant leslois Jules Ferry : en 1863, elle en possède déjà une qui dispense uneinstruction primaire aux garçons, au chef-lieu[74]. Aucune instruction n’est donnée aux filles : ni laloi Falloux (1851), qui impose l’ouverture d’une école de filles aux communes de plus de 800 habitants[75], ni la premièreloi Duruy (1867), qui abaisse ce seuil à 500 habitants, ne concernent La Brillanne[76]. Et ce n’est qu’avec les lois Ferry que les filles de la commune sont régulièrement scolarisées.
construction d’un barrage de retenue sur la Durance et doublement du canal de dérivation pour alimenter les usines électriques de La Brillanne-Villeneuve et du Largue dans les années 1930[80][Interprétation personnelle ?] ;
Jusqu’au milieu duXXe siècle, lavigne était cultivée à La Brillanne. Plusieurs dizaines d’hectares produisaient unvin destiné à l’autoconsommation et à la vente sur les marchés locaux. Cette culture est aujourd’hui abandonnée[85].
La commune est dotée d’une école primaire et maternelle. Le collège de secteur se situe à Oraison : collège Itard. La grande majorité des élèves poursuivent ensuite à Manosque : lycée Félix-Esclangon, lycée des Iscles et lycée des métiers Louis-Martin-Bret[92].
La collecte et traitement des déchets des ménages et déchets assimilés et la protection et mise en valeur de l'environnement se font dans le cadre de la communauté d'agglomérationDurance Luberon Verdon.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1765. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[93]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[94].
La commune de La Brillanne n'a pas connu la saignée démographique due à l'exode rural commune à la plupart des communes du département. Elle a connu au contraire une croissance irrégulière, marquée par différents chantiers qui forment autant de pics, suivis de creux. Ces creux s'établissent cependant à un niveau supérieur à celui précédant le chantier :
pic de 1872, dû au chantier de construction de la ligne de Marseille à Lyon via Grenoble ;
pic de 1886, dû au chantier de construction du pont suspendu sur la Durance[77] ;
pic de 1906, dû à la construction de la centrale électrique[78] et du canal de dérivation qui amène une population de 515 ouvriers[79] ;
L'église Sainte-Agathe, est construite auXVIIe siècle, avec trois travées dotées d’arcs de décharge. La première travée, plus récente, plus étroite et sans arc de décharge, date duXIXe siècle. Lesfonts baptismaux sont placés dans une chapelle particulière. Le portail d’accès est sur la façade nord[99]. La cloche date de 1613[100] ; le tableau de la Vierge date duXVIIIe siècle : c’est une huile sur bois, classée au titre objet[101].
Le barrage de La Brillanne, qui sert de prise d’eau pour le canal d’irrigation dit canal de La Brillanne, est en pierre de taille et béton. Le seuil a cédé en.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155,lire en ligne, consulté le)
↑Dossier départemental sur les risques majeurs dans les Alpes-de-Haute-Provence (DDRM), Préfecture des Alpes-de-Haute-Provence,,, p.39.
↑a etbMinistère de l’Écologie, du développement durable, des transports et du logement,Notice communale sur la base de données Gaspar, mise à jour le 27 mai 2011, consultée le 4 juillet 2012.
↑Mistral, Frédéric (1830-1914).Auteur.,Lou tresor dóu Felibrige ou dictionnaire provençal-français : embrassant les divers dialectes de la langue d'oc moderne, Marcel Petit C.P.M,(ISBN2-86673-113-1 et978-2-86673-113-7,OCLC758787828,lire en ligne)
↑Charles Rostaing,Essai sur la toponymie de la Provence (depuis les origines jusqu’aux invasions barbares), Laffite Reprints, Marseille, 1973 (1re édition 1950),p. 403.
↑a etbMinistère de l'Agriculture, « Orientation technico-économique de l’exploitation »,Recensements agricoles 2010 et 2000. (lien : attention, le fichier fait 4,4 Mio).
↑Audrey Becker-Piriou, « De Galla Placidia à Amalasonthe, des femmes dans la diplomatie romano- barbare en Occident ? »,Revue historique,no 647,, p.531(lire en ligne).
↑Catherine Lonchambon, « D’une rive à l’autre de la Durance : d’étranges bateaux »,in Guy Barruol, Denis Furestier, Catherine Lonchambon, Cécile Miramont,La Durance de long en large : bacs, barques et radeaux dans l’histoire d’une rivière capricieuse, Les Alpes de lumièreno 149, Forcalquier 2005,(ISBN2-906162-71-X),p. 55.
↑Guy Barruol, « La Durance dans l’Antiquité et au Moyen Âge »,in La Durance de long en large : bacs, barques et radeaux dans l’histoire d’une rivière capricieuse,p. 48.
↑ab etcNotice qui lui est consacrée par Guy Barruolin Guy Barruol, Philippe Autran et Jacqueline Ursch,D'une rive à l'autre : les ponts de Haute-Provence de l’Antiquité à nos jours, Les Alpes de Lumièreno 153, Forcalquier 2006,p. 86-87.
↑a etbCité dans Philippe Autran, Guy Barruol, Jacqueline Ursch,D'une rive à l'autre : les ponts de Haute-Provence de l’Antiquité à nos jours, Les Alpes de Lumièreno 153, Forcalquier, 2006.