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| Bresse | ||
Un paysage bressan (Montpont-en-Bresse, Saône-et-Loire). | ||
| Région | Bourgogne-Franche-Comté,Auvergne-Rhône-Alpes | |
|---|---|---|
| Département | Ain,Saône-et-Loire etJura | |
| Villes principales | Bourg-en-Bresse Louhans | |
| Coordonnées | 46° 25′ 01″ nord, 5° 15′ 00″ est | |
| Superficie approximative | ~4 000 km2 | |
| Géologie | marnes,sables etargilesplio-quaternaires | |
| Relief | plaine vallonnée, entre 180 et 240 m | |
| Production | Volailles Maïs | |
| Régions naturelles voisines | Revermont Dombes Bugey Mâconnais Chalonnais | |
| Régions et espaces connexes | Bresse jurassienne et Pays dolois,Bresse bourguignonne,Bresse savoyarde | |
Localisation | ||
Géolocalisation sur la carte :France | ||
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LaBresse est unerégion naturelle de France, située à cheval entre les régionsAuvergne-Rhône-Alpes etBourgogne-Franche-Comté. Leshabitants de la Bresse sont appelés les « Bressans ».
La Bresse occupe une superficie de près de 4 000 km2. Elle est délimitée à l'ouest par laSaône et au nord par leDoubs. À l'est, elle est limitée par les premiers contreforts et collines dumassif du Jura, soit leRevermont jusqu'à la hauteur deLons-le-Saunier (Coligny etSaint-Amour se situent sur cette limite), puis levignoble du Jura plus au nord. Au sud, sa limite avec laDombes est floue ; la plus communément admise part de la confluence de laChalaronne avec la Saône à l'ouest et finit dans la commune deSaint-Martin-du-Mont à l'est[1].
L'expression géographique « Bresse » est composée de trois parties différentes :

La plaine bressane correspond à ungraben, fossé d'effondrement duMassif central, qui fait 200 km de long et 30 à 60 km de large[2]. Ce graben fait partie d'un système plus vaste, lerift ouest-européen, ensemble de grabens qui traverse l'Europe occidentale. Le fossé bressan, appelé aussi fossé de la Saône est une dépression tectonique située entre lefossé rhénan au Nord et lefossé rhodanien au Sud. Ces grabens orientés SSO-NNE (direction N15-20) se sont formés durant leCénozoïque à l'avant de lachaîne alpine qui est spatialement et temporellement connectée aurift, une grande partie des grabens étant disposés concentriquement autour du front alpin. L'orogenèse alpine a réactivé d'anciennes fracturesvarisques, découpant la Bresse en sous-bassins séparés par deux seuils de direction NNE / SSW[3] : au nord, le bassin chalonnais séparé du bassin louhannais par le seuil deSennecey-la Serre, au sud le bassin méridional séparé du bassin du centre par le seuil deCormoz[4]. Au cours de cerifting lent qui dure près de 25 millions d'années et induit une extension moyenne de 0,1 mm/an[5], les trois grands fossés parallèles du Massif central (le fossé de laLimagne, le fossé deRoanne-Montbrison et le fossé de la Bresse) sont envahis par un lac alimenté par un système d'écoulement fluviatile ou torrentiel d'escarpements de failles bordières[6]. L'histoire géologique de la Bresse est ainsi marquée par le dépôt desédiments lacustres et fluvio-lacustres, s'achevant par descyclesalluviaux exclusivement fluviatiles[7].
Dès 1266, à la suite de l'héritage dePhilippeIer de Savoie deRenaudV de Baugé ou Bagé, la Savoie a autorité sur toute la Bresse (la principale héritièreSibylle de Baugé étant déjà la pupille de Philippe)[8]. De la fin du règne dePhilippeIer autraité de Paris de 1355, les comtes de Savoie n'ont cessé, comme enBugey, pendant une période de guerre, de mettre en place sur l'ensemble de leur territoire une politique administrative, financière, sociale et architecturale, affermissant les réformes initiées parPierreII de Savoie (1263-1268)[9]. La Bresse est annexée aucomté de Savoie lorsque Sibylle de Baugé, seule héritière, l'apporte en dot lors de son mariage en 1272 avec le futur comte de SavoieAmédéeV.Bâgé en sera la capitale jusqu'à cette date avant que Bourg (devenu officiellementBourg-en-Bresse seulement en 1955[10]), place également fortifiée, de 3 400 habitants, lui ravisse le rôle de centre administratif et devienne en 1321[11] le centre du bailliage de Bresse. À partir du[12], la Bresse sera remise enapanage aux héritiers du comté de Savoie.
Après 1350, en l’absence des comtes de Savoie et de leurs enfants, la Bresse et le Bugey sont administrés par des gouverneurs et lieutenants généraux, qui y commandent en temps de guerre et de paix. Ceux-ci devaient rendre compte de leurs actions auchancelier et au conseil de Savoie. Leurs charges étaient révocables au bon vouloir du prince. Parmi eux, on compte Jacques deLa Baume, lieutenant général de Bresse de 1438 à 1440[13] et Jean de La Baume en 1536[14].
Le, par letraité de Lyon signé entre le ducCharles-EmmanuelIer de Savoie et le roiHenriIV, la Bresse est rattachée au royaume de France, ainsi que leBugey, lepays de Gex et leValromey, en échange dumarquisat de Saluces qui entre dans le giron desÉtats de Savoie.
Le nomBresse trouve son origine dans le nomSaltus Brixiae donné à la région par les Romains lors de laguerre des Gaules menée parCésar[15].Saltus signifie « région boisée », qui peut évoquer un espace non cultivé ou sauvage et fait référence aux vastes forêts recouvrant auparavant le territoire. Le vocableBresse est issu debrixia, mot vraisemblablement d'origine gauloise et de la même famille quebracu oubraco, qui a donnébrixia,bray etbresse, cette dernière forme désignant auXIe siècle le marécage. En vieux français, l'autre formebricia,braye,brai veut dire « boue ».

Grâce à une situation géographique privilégiée, ses 4 000 entreprises sont très dynamiques. Leur activité est principalement centrée sur les domaines de l'agroalimentaire, la métallurgie, la carrosserie industrielle, la mécanique, le transport et la santé. La Bresse est réputée pour les 1,2 million devolailles de Bresse élevées chaque année en plein air par 330 éleveurs.
Plusieurs mines delignite ont existé dans la Bresse et les environs[16], notamment dansle gisement au nord-ouest de Lons-le-Saunier, dans le bassin dit « deChaumergy »[17]. Ces lignites sont datées duPlio-quaternaire et s'intercalent au sein d'autresformations sableuses ou argileuses[17].
Pays essentiellement rural, la société bressane, par le passé, était organisée au rythme de l'activité agricole. L'habitat en Bresse est dispersé, de type bocager, soucieux d'individualisme au sein de la communauté organisée autour de la paroisse et de la commune. La structure sociale se définit donc par un mélange deconservatisme, d'attachement aux valeurs ancestrales et de participation démocratique directe à la vie communautaire.
Les Bressans étaient surnommés par leurs voisins les « ventres jaunes ». Ceci proviendrait du fait qu'ils fixaient à leur ceinture les pièces d'or provenant de la vente de lavolaille de Bresse. Selon une autre version, les Bressans ont été les premiers à manger du maïs, à la place du blé, sous la forme degaudes par exemple. Pour cela, leurs voisinscomtois oubugistes pensaient que l'intérieur de leur ventre devait être jaune. La farine de maïs était torréfiée et incluait la peau pigmentée des grains, contrairement à la plupart desfarines de maïs disponibles dans le commerce auXXIe siècle.
Le costume traditionnel de fête de la Bresse est conservé par des associations folkloriques. Il comporte pour les femmes un chapeau large en forme de plateau, surmonté d'un cône noir. Pour les hommes, il s'agit d'une tunique bleue, d'un bonnet long, de culottes longues et de sabots. ÀColigny, limite de l'Ain et duJura, est organisée le premier mardi d'août de chaque année une foire bressane à l'ancienne où tout le monde porte le costume bressan. Les Bressans suspendent des épis de maïs, appelés « panouilles », aux poutres des avant-toits desfermes bressanes.

La fête des conscrits, très ancrée dans cette région, concerne les jeunes gens de 20 ans. Elle a ses racines dans la période de la « conscription » instaurée par le généralJourdan en 1798 durant laquelle chaque homme âgé de 20 à 25 ans pouvait être appelé au service de la nation. Les jeunes paysans, pour beaucoup, remplaçaient, contre certains avantages matériels, les jeunes gens de familles plus aisées. Avant leur départ, de grandes fêtes s'organisaient. Elles existent aujourd'hui encore, malgré la fin du service militaire obligatoire, et sont très prisées des populations locales qui voient là un maintien d'un lien social très fort.
Ces fêtes se déroulent en général entre janvier et mars de l'année. Elles permettent aux personnes du village dont l'âge correspond à une décennie de se rassembler autour d'un grand banquet au cours duquel se joue « lerigodon », musique traditionnelle jouée par deux musiciens, un à la clarinette, l'autre au tambour. L'organisation de ce banquet incombe en totalité aux jeunes gens âgés de 20 ans, qui mettent un point d'honneur à inviter personnellement chaque convive lors d'une visite à leur domicile (les habitudes ont changé dans certaines communes, un courrier remplaçant la visite domiciliaire). C'est l'occasion de leur remettre une cocarde, signe distinctif correspondant à leur âge. Les fêtes de conscrits coïncident souvent avec les fêtes patronales lorsque celles-ci se situent entre janvier et mars. Elles sont l'occasion de la venue de lavogue pour la durée d'une fin de semaine. Le banquet des conscrits est suivi le lendemain ou la semaine suivante desmatefaims. Les conscrits invitent la population du village et des environs à déguster des crêpes et à danser.
Des fêtes patronales appeléesvogues sont organisées traditionnellement chaque année dans chaque village.
Le dialectebressan, ou patois bressan, relève de la languefrancoprovençale[18]. Il a été la langue principale de communication informelle jusqu'aux années 1970 dans les campagnes bressanes. Il n'est plus guère pratiqué au-delà des cercles « patoisants ».
Il ne faut pas confondre le bressan du domaine francoprovençal et le bressan du domaine d'oïl[19].
La Bresse possède son propre style mobilier. Issu d'un habitat rural, souvent accommodés dans une pièce unique, l'hutau, les meubles dans les fermes se composaient souvent autour d'un ensemble type incluant une armoire bressane (la pièce la plus célèbre et la plus recherchée), une horloge, un vaisselier et un lit à baldaquin. À ces éléments s'ajoutent le berceau, la chaise à sel, tables et bancs.
Ces pièces sont caractérisées par le « style bressan ». Les meubles étaient bâtis par des « huchers », souvent adroits, et bénéficiaient d'une large gamme d'essences de bois dans la région. Autrefois délaissées au profit de meubles « modernes », elles ont retrouvé de nos jours leur place, de choix, dans les salons, chambres et cuisines, autour deLouhans ou deBourg-en-Bresse. Le mobilier rural d'antan a connu un vif renouveau et les prix, pour les pièces d'époque, ont connu une courbe ascendante fulgurante.

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