En1489, alors qu'il a seulement 13 ans, il entre à l'université que son père a rétablie àPise, et étudie pendant trois ans la philosophie et la théologie. Il reçoit le chapeau decardinal au titre deSanta Maria in Domnica des mains d'InnocentVIII. Il doit néanmoins s'abstenir de porter les insignes de sa dignité jusqu'en1492, à 17 ans. Cette année-là, il participe auconclave qui porte au trône Rodrigo Borgia sous le nomAlexandreVI, élection à laquelle le cardinal Médicis est farouchement opposé.
Après l'élection, il retourne àFlorence, où son père vient de mourir.Sa famille est expulsée de la ville en1494, et il doit lui-même fuir, accoutré enfranciscain. Il mène alors une vie de dilettante, conservant cependant des mœurs personnelles plus réservées que celles de ses collègues cardinaux, la maladie deJulesII, en1511, lui ayant donné l'idée de se porter candidat à sa succession.La même année, il est nommé légat àBologne et enRomagne. En1512, alors qu'il séjourne avec l'armée pontificale, il est fait prisonnier à la suite de labataille de Ravenne. Il réussit à s'évader, alors que sa famille regagne le pouvoir à Florence.
Le,JulesII meurt et Jean deMédicis est élu pape le suivant, sous le nom deLéonX.
LéonX s'avère un grand protecteur des arts.Il fait travailler pour luiRaphaël, qui peint son portrait, que l'on peut admirer de nos jours à lagalerie des Offices de Florence. Raphaël achève également les chambres (stanze) du palais pontifical commandées parJulesII. Il commande une édition critique deDante et constitue une grande collection de manuscrits.
Par ailleurs, il donne au début de son règne des fêtes fastueuses, ce qui a pour résultat de dilapider la fortune laissée parJulesII.LéonX a alors recours à la création d'offices et à lavente d'indulgences, moyen auquelJulesII a déjà eu recours pour financer la reconstruction de labasilique Saint-Pierre.
Sous son règne se déroule l'affaire Reuchlin :Jean Reuchlin, auteur d'une grammaire de l'hébreu, soutenu par les humanistes de l'époque, affronte l'Inquisition au sujet duTalmud. En1515,LéonX prend parti en faveur du savant. Il s'entoure d'amis d'Érasme et paraît ouvert aux idées nouvelles.Il importe de savoir que son éducation a été soignée, ayant eu pour tuteur dans sa jeunesse le philosopheMarsile Ficin. Il a appris legrec avecDéméter Chalcondyle et la philosophie avec Bernardo da Bibbiena[3].
En, leroi de FranceFrançoisIer vient à sa rencontre, et en1516, après plusieurs décennies de crise entre lapapauté et leroyaume de France, leconcordat de Bologne est signé, par l'intermédiaire du chancelierAntoine Duprat. Il abroge laPragmatique Sanction édictée en1438 par le roiCharlesVII, ordonnance qui limitait fortement les interventions du pape dans la nomination du clergé de France, et en contrepartie donne au roi un pouvoir sur l’Église catholique dans son royaume, en lui permettant notamment de nommer désormais la plupart des responsables ecclésiastiques, évêques et abbés.
BullaContra errores Martini Lutheri de1521.Affiche du centenaire de laréforme protestante allemande, illustrée par le rêve prophétique deFrédéric III de Saxe au sujet de l'affichage parLuther des95 thèses àWittemberg ; on voit à gaucheMartin Luther écrivant sur une porte d'église avec une grande plume, dont la pointe traverse les oreilles d'un lion, faisant tomber latiare du papeLéonX. La gravure porte un titre en allemand et en latin, et incorpore beaucoup de texte, dont des citations de laBible, et l'identification des personnages importants.
Son pontificat est confronté aux prémices de la réforme protestante. C'est dans cette optique queMartin Luther, en août1518, lui dédie sesResolutiones. Jusqu'alors,LéonX ne s'est guère préoccupé dethéologie. Néanmoins, Luther est déjà accusé d'hérésie.LéonX lui envoie en octobre unlégat apostolique, lecardinalThomas Cajetan, général desdominicains, à ladiète d'Augsbourg. Luther refuse de se rétracter. Conciliant,LéonX poursuit dans la voie de la diplomatie en chargeant son nonce apostolique allemand,Karl von Miltitz, de négocier une réconciliation. Ces tentatives de conciliation tiennent davantage de la politique que de la théologie, pour laquelleLéonX n'a pas grande affinité. Le pape souhaite alors ménagerFrédéricle Sage et empêcher, si possible, le futurCharlesQuint — dont il redoute l'ascendant — d'être élu empereur duSaint-Empire. En vain, le petit-fils de l'empereurMaximilienIer est élu en1519.
LéonX, ne souhaitant pas de rupture avec Luther, revient sur les questions théologiques. Mais, entre-temps,Luther s'est fait le champion de la nation allemande. Le,LéonX fulmine labulleExsurge Domine, condamnant les positions de Luther. Cependant, Luther brûle la bulle papale en place publique le soir deNoël. Le, Léon Xexcommunie le moine saxon par la bulleDecet Romanum Pontificem.LéonX meurt peu après, à seulement 45 ans.
SelonMichel de Montaigne, Léon X serait mort d'une fièvre provoquée par « un excès de joie », après avoir pris connaissance de laprise de Milan[4].
Esthète, cultivé,LéonX, fils deLaurentle Magnifique, offre l'image typique d'un prince de laRenaissance. En 1513, il contribue à la réunion de deux institutions romaines érudites et appauvries : leStudium sacri palatii (le Collège du Sacré-Palais) et leStudium urbis (le Collège de la Ville), dès lors l'université de Rome (logée dans un édifice surnomméSapienza)[5].De tous les papes, il reste avecJulesII le plus grand des mécènes. Rome lui doit quantité de chefs-d'œuvre. Par ailleurs, nul historien n'a pu lui imputer de crimes comparables à ceux d'InnocentVIII ou d'AlexandreVI.
Le polémiste anglaisanticatholiqueJohn Bale (1495-1563), dans un pamphlet contre la papauté :Acta Romanorum Pontificum, traduit enanglais parJohn Studley(en) en1574 sous le titreThe Pageant of the Popes[7] mit dans la bouche deLéonX une réponse au cardinalPietro Bembo,citation apocryphe qui allait devenir célèbre[8] (enlatin « Quantum nobis nostrique ea de Christo fabula profuerit, satis est omnibus seculis notum », enfrançais « On sait de temps immémoriaux combien cette fable duChrist nous a été profitable. »).
La même légende semble avoir été déjà colportée surBonifaceVIII puisqueVoltaire écrit dans L’Essai sur les Mœurs qu’au cours du procès intenté parPhilippele Bel à la mémoire deBonifaceVIII treize témoins auraient déclaré avoir entendu dire à ce pape : « Ah ! que de biens nous a faits cette fable du Christ ! » Voltaire ajoute d’ailleurs : « Le grand nombre de témoins fortifie ordinairement une accusation, mais ici il l’affaiblit : il n’y a point du tout d’apparence qu’un souverain pontife ait proféré devant treize témoins ce qu’on dit rarement à un seul[9]. »
↑Jean-Marie Le Gall, « Le temps des réformes bénédictines », dansHistoire de l'abbaye de Lérins, Bellefontaine, 2005,p. 373
↑Abbé Émile Hollier (curé de Sainte-Ursule-de-Pézénas), Histoire de l'abbaye de Gigean (Saint-Félix-de-Montceau), Pézénas, chez l'auteur, 1925, in-8, p.119/238.p. Plan
↑Will Durant,Histoire de la civilisation, tome 15., Lausanne, Société Coopérative Éditions Rencontre,, 431 p.,p. 348.
↑Jesse W. Harris,John Bale, a study in the minor literature of the Reformation, Library of English Renaissance literature, Ayer Publishing, 1970,p. 120-124,extraits sur Google Books.
Gonzague Truc,Léon X et son siècle, Grasset, 1941.
Yves-Marie Hilaire,Histoire de la papauté. 2 000 ans de mission et de tribulations, Seuil,coll. « Points », 2003.
Arthur Heulhard,Histoire abrégée de l'Église de Jésus-Christ, principalement pendant les siècles du Moyen Âge, éd. Émile Guers, 1908.
Fred Bérence,Les Papes de la Renaissance, Éditions du Sud & Albin Michel, Paris, 1966.
Alfred Jourdain,Les Médicis, Éditions Rencontre, Lausanne, 1968.
Amin Maalouf, "Léon l'Africain". Le pape Léon X apparaît dans la 4e partie, "le livre de Rome". Capturé par des pirates siciliens, Hassan el-Wazzan est offert en cadeau à Léon X, qui le nomme Jean-Léon de Médicis dit Léon l'Africain. Apparition aussi du Cardinal Jules, cousin de Léon X, qui deviendra le Pape Clément VII.