Léon IX, surnommé le « Pape lorrain », ou encore le « Pape alsacien », néBruno von Eguisheim-Dagsburg le 21 juin 1002 dans un lieu inconnu deDabo ou de celui d'Eguisheim qui fait toujours débat, est le152e pape de l'Église catholique du 12 février 1049 jusqu'à sa mort, le 19 avril 1054 àRome.
Fils du seigneur d'Eguisheim, de noblesse Alsacienne et de la comtesse de Dagsbourg (actuellementDabo en Moselle),de noblesse Lorraine, le futur Léon IX est d'abordcomte-évêque de Toul puis élu pape, en décembre 1048 et intronisé le 12 février 1049 sous l'influence de l'empereurHenri III. Grand voyageur, il œuvre pour la paix. Son pontificat est marqué par le début de laréforme grégorienne. Reconnu comme saint par l'Église catholique, il estliturgiquement commémoré le.
Né dans un lieu inconnu des comtés deDabo (Dagsburg) (terres maternelles où une église lui est dédiée) ou d'Eguisheim (terres paternelles où un oratoire lui est consacré)[1], le lieu de naissance de Bruno von Eguisheim-Dagsburg[2] fait toujours débat. Si la question est d'une importance mineure, elle est en effet l'un des principaux points discutés dans les débats sur l'identité régionale du futur pape Léon IX, les uns et les autres, selon leversant des Vosges qui a leur préférence, cherchant à en faire un « pape lorrain » ou « alsacien »[3],[4],[5],[6]. En 2014, Robert Weber, maire d'Abreschviller de 1985 à 2008, démontre dans son ouvrage que Léon IX serait né au vieux château de sa commune[7].
Pendant la vingtaine d'années que dure cet épiscopat, Bruno lutte contre lenicolaïsme et lasimonie. Il s'inscrit dans le mouvement réformateur promu parCluny etGorze. Il recrute parmi les représentants de ce courant ses collaborateurs. C'est en 1048 qu'il remarque Ildebrando de Soana (Hildebrand) (futur papeGrégoire VII) et l'attache à lui. Il impose à son entourage et lui-même un train de vie humble et pieux, se comportant en moinebénédictin et donnant ainsi exemple aux abbés de son évêché[12]. À force d'énergie, il obtient l'assainissement moral des abbayes de son évêché[8].
L'autorité de l'empereur est faible sur ses vassaux et pendant le règne d'Henri III, la puissante famille romaine dont sont issus lescomtes de Tusculum, habituée à faire élire le pape, tente de reprendre ses prérogatives. Critiquant la faible moralité des papes désignés par l'empereur, elle fait élire un pape concurrent, obligeant l'empereur à intervenir militairement, à réunir un grandconcile le pour démettre les papes concurrents[12]. Mais cela ne suffit pas, coup sur coup deux papes désignés par l'empereur sont assassinés (Clément II etDamase II).
Henri III doit impérativement désigner un pape dont la moralité ne puisse être mise en doute et suffisamment habile pour gagner la confiance des Romains. Bruno, après son brillant ministère à Toul, est le candidat idéal. Pour se faire accepter, il ne doit cependant pas être le candidat désigné par l'empereur, il se rend en pèlerinage dans la Ville sainte et demande humblement aux Romains de ne l'élire que s'il leur convient[12]. Il est alors intronisé sous le nom de Léon IX (en mémoire deLéon le Grand, qui avait affirmé la primauté de l'évêque de Rome en tant que successeur dePierre[8]) le 1er février 1049[12].
Élevé dans l'esprit de laréforme clunisienne, il conclut que c'est l'indignité des papes précédents qui leur a valu leur désaveu par les Romains et leur déchéance. Il considère que le souverain temporel ne devrait pas intervenir dans la vie religieuse[13]. Comme à Toul, il s'entoure de réformateurs. Beaucoup d'ailleurs le suivent comme le moineHumbert de Moyenmoutier, dont l'intelligence est pénétrante, mais qu'un caractère abrupt ne prédispose pas à la diplomatie[8],Hugues Candide, Frédéric de Lorraine (le futur papeÉtienne IX) ouPierre Damien[13]. Il nomme un clunisien, Ildebrando de Soana (Hildebrand) (le futur papeGrégoire VII), sous-diacre et le charge de l'administration des revenus duSaint-Siège, proche de la faillite[14]. Les organes de gouvernement sont réorganisés ; les services de la chancellerie, désormais très actifs, suivent le modèle impérial et le rôle des cardinaux, auxquels sont confiés des postes clés de l'administration, s'accroît très sensiblement ; ces fonctions, naguère réservées aux représentants des familles romaines sont ouvertes aux« étrangers », ce qui souligne le caractère universel duSaint-Siège et montre que ces nominations ne doivent plus relever du clientélisme[8].
Très énergique, Hildebrand a une grande influence sur les actes de son pontificat et de ceux de ses successeurs (Victor II (1055–1057),Étienne IX (1057–1058),Nicolas II (1058–1061),Alexandre II (1061–1073)[15]. De fait, Hildebrand lance laréforme grégorienne vingt-cinq ans avant de devenir pape lui-même.
Une doctrine est élaborée, qui tend à donner au Saint-Siège le pouvoir nécessaire à l'accomplissement de la réforme. LesDictatus papæ en révèlent les idées maîtresses: dans la société chrétienne, cimentée par la foi,l'ordre laïque a pour fonction l'exécution des commandementsde l'ordre sacerdotal dont le pape est le maître absolu. Vicaire du Christ, il est le seul titulaire légitime de l'Empire, « l'empereur suprême ». Il peut déléguer ce pouvoir et reprendre sa délégation. L'empereur n'est plus le coopérateur du pape, mais son subordonné. Il devait donc exécuter le programme de réforme défini par le pape. Or ce programme remettait en cause l'Église impériale. L'un des théoriciens du mouvement,Humbert de Moyenmoutier, affirme en effet que l'inconduite des clercs provenait de leur soumission aux laïcs car ceux-ci les désignaient en fonction non pas de leur piété, mais des avantages matériels que cette nomination pouvait leur procurer[8].
Ilexcommunie et dépose les évêques reconnus coupables. Il convoque pendant sonpontificat douzeconciles. En 1050, il impose latrêve de Dieu aux seigneurs constamment en guerre les uns contre les autres.
Les désordres moraux dont souffre l'Église favorisent la propagation deshérésies. EnFrance, en particulier, oùBérenger de Tours, l'écolâtre de Tours, affirme qu'il y a seulement une présence spirituelle du Christ dans l'Eucharistie. Déjà condamné aux conciles de Rome et de Verceuil en 1050, puis au synode de Paris en 1054, Bérenger est déféré en 1054 au concile de Tours présidé par Hildebrand. Il y reconnaît que, lors de la consécration, le pain et le vin deviennent le corps et le sang du Christ[22].
Lesmusulmans venant de s'installer enSardaigne, il envoie un légat auxPisans pour leur proposer la concession perpétuelle de l'île à condition de lui reverser un tribut[12]. Ceux-ci s'acquittent pleinement de cette mission, s'emparant même de laCorse au passage.
Depuis 1016, des bandes de cadets normands tentent leur chance enItalie du Sud. En effet, le système de féodalité directe établie par lesducs de Normandie avec des règles héréditaires favorisant surtout les aînés oblige les puînés à rechercher fortune ailleurs. Beaucoup vendent leurs talents militaires commemercenaires. L'Italie du Sud est disputée entreByzantins,Sarrasins etLombards qui emploient nombre de mercenaires normands reconnus pour leur efficacité (ils gagnent maintes batailles en infériorité numérique). Ces derniers, malmenés par leurs employeurs, ne tardent pas à guerroyer pour leur propre compte et conquièrent les comtés d'Aversa et d'Apulie en Italie du Sud.Henri III les reconnaît comme vassaux de l'Empire[13]. Or, en 1051, leduché de Bénévent se soumet au pape et ce dernier, voyant sa dernière acquisition menacée par les pillardsnormands, entre en guerre contre eux. Cependant, l'aide de l'empereur Henri III et des Byzantins est insuffisante et le pape est vaincu en 1053 à labataille de Civitate en Apulie[13]. C'est un échec : il est fait prisonnier par les Normands la même année et cela brouille définitivement la papauté avec Constantinople[12]. Finalement, le pape est libéré au bout de neuf mois de détention enBénévent après avoir reconnu les possessions normandes en Apulie et enCalabre[13].
Sa réforme lui a attiré beaucoup d'inimitiés, et revenu mourant à Rome, il voit son palais pillé en 1054[12].
Sous le patriarcat deMichel Ier Cérulaire, les relations entre Rome et Constantinople sont toujours très tendues : les couvents et églises des Latins à Constantinople sont fermés[27] et les monastères et églises orthodoxes en Italie le sont tout autant[28].
↑MM. Berthelot, Hartwig Derenbourg et F.-Camille Dreyfus,Le pape Grégoire VII,La Grande encyclopédie : inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts par une société de savants et de gens de lettres, Paris, Société anonyme de La Grande encyclopédie, 1885–1902,Encyclopédie universelle.