La commune est située dans lebassin versant du Rhin au sein dubassin Rhin-Meuse. Elle est drainée par l'Albe, le ruisseau Kuhmattgraben, le ruisseau de Sussmatte et le ruisseau le Matzengraben[Carte 1].
Au, Léning est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[12].Elle est située hors unité urbaine[13] et hors attraction des villes[14],[15].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (82,9 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (82,9 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :terres arables (47,4 %), prairies (35,5 %), forêts (12,1 %), zones urbanisées (5,1 %)[16]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 3].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Bien que le village ait été possédé auXIIIe siècle par les comtes deLinange originaires deLeiningen enRhénanie-Palatinat, son nom est plus ancien et n’a aucun rapport avec cette illustre famille. Une des mentions les plus anciennes et irréfutables de Léning se trouve dans une charte de l’abbaye de Wörschweiler où Léning est mentionné sous le nom deLendingen[17] (1240). Par la suite on trouve dans les archives diverses dénominations dontLaudingen (1365),Lenningen-Altorf (1510)[18],Altorff-Leningen (1559)[18],Linningen-Aldorf (1567)[18],Leiningen (1587),Leyningen (1594)[18],Leiningen-et-Altorff (XVIe siècle)[18],Léning-les-Hingsanges (1626)[18],Lenningen (1633)[18], puisLéning qui prévaudra à partir duXVIIIe siècle (1793), jusqu’à l’annexion allemande (1871-1919) où l’ancien nom deLeiningen devient le nom officiel du village.
La plupart des auteurs contemporains admettent à la suite de Stoffel[19] que la mention « Altorf juxta Tannae villam » trouvée dans une charte de l’évêqueEnguerrand de Metz[20] datant de l’an 787 fait référence àFrancaltroff près deGrostenquin. Dans cette hypothèse, l’origine de Léning, dont Francaltroff n’était jusqu’auXVIIIe siècle qu’une annexe paroissiale, pourrait être antérieure à cette époque.
Léning faisait initialement partie du comté deMarimont (Mörsberg) dont avait hérité auXIIe siècle la puissante maison des comtes deSarrebruck puis au siècle suivant les comtes deDeux-Ponts (Zweibrücken) et deLinange (Leiningen) qui en sont issus[21].
À la suite du mariage de Cunégonde de Linange (Kunigunde von Leiningen) avec Henri I de Blâmont, Léning échut vers 1266 aux sires deBlâmont[23] dont les armes ont inspiré l’actuel blason du village.
Kunigunde von Leiningen (1259-1311), chapelle des Cordeliers, Nancy.
Détachée du comté de Marimont et morcelée au gré des héritages, la seigneurie de Léning a été divisée dès leXIIIe siècle et jusqu’à laRévolution française en deux parties distinctes :
L’autre moitié de la seigneurie de Léning était unfief relevant duduché de Lorraine dont furent investies au cours des siècles diverses familles dont les Kerpen, lesRaville (Rollingen), lesCréhange (Kriechingen) et à la fin duXVIe siècle les comtes deNassau-Sarrebruck[25].
La foire annuelle de la Saint-Barthélemy, patron de la paroisse, est une tradition très ancienne, comme le prouve une mention trouvée en1510 dans les comptes du receveur deDieuze[28].
Lesplaids annaux (Jahrgeding) de Léning se tenaient traditionnellement le jeudi qui suit l’Épiphanie[29],[30]. Les droits et devoirs de chacun y étaient précisés et la justice rendue. Les seigneurs d’Hingsange et leduc de Lorraine se partageaient lahaute justice pour moitié. La moyenne et la basse justice appartenaient pour moitié aux seigneurs d’Hingsange et auxvassaux du duc de Lorraine.
Laguerre de Trente Ans qui dévasta la toute la Lorraine n’épargna pas le village de Léning qui fut brûlé trois fois et perdit une grande partie de ses habitants[31].
Conformément aux dispositions dutraité de Vienne (1738), leduché de Lorraine perd son indépendance et sa souveraineté en1766 à la suite du décès du ducStanislas Leszczyński. Le village de Léning devient alors français et est rattaché à laprovince de Lorraine, née de la fusion desTrois-Évêchés (dont faisait partie la seigneurie de Hingsange annexée de facto au royaume depuis 1552) et des anciensduchés nouvellement acquis.
De la Révolution française à la Seconde Guerre mondiale
Lecahier de doléances[32] des habitants de la commune a été rédigé le par Joseph Riquet, maire de Léning puis député duTiers à l'assemblée dubailliage de Dieuze et enfin celle deSarreguemines. Ces doléances témoignent de l’injustice du système féodal, de la lourdeur des taxes et des nombreux litiges entre les villageois et le comte d’Helmstatt qui semble avoir été âpre au gain et fort peu conciliant.
Le découpage de la Lorraine en départements en 1790 fait fi aussi bien des liens historiques de ses territoires que de lafrontière linguistique mosellane. Le vœu formulé par l'assemblée de réduction de Sarreguemines de créer un département lorrain de langue allemande n'a pas été retenu[33]. La commune se voit ainsi intégrée au département de laMeurthe majoritairement francophone.
Léning en 1901.
Léning en 1916.
Léning en 1916.
La gare en 1917.
Léning en 1914.
En 1871, Léning est annexé àEmpire allemand en vertu dutraité de Francfort. La commune reprend le nom de « Leiningen » et fait alors partie de l'arrondissement de Château-Salins au sein dudistrict de Lorraine, l’un des trois districts administratifs duReichsland Elsass-Lothringen. C'est une époque de prospérité économique et Léning bénéficie de la construction d'une gare de chemin de fer sur laligne de Champigneulles à Sarralbe. En 1914, la mobilisation des soldats duReichsland s’opéra dans l’ordre et le calme, les défections furent rares ; seuls quelques centaines de mobilisables proches de la frontière s’enfuirent en France plutôt que de se battre pour leKaiser[34]. Huit jeunes soldats originaires de Léning laissèrent ainsi leur vie sur les champs de bataille de laPremière Guerre mondiale comme le rappelle pudiquement une plaque apposée dans l'église du village car ils ne sont pas morts pour la France mais « avec Dieu pour l'Empereur et la Patrie » selon la devise prussienne.
Conformément à l’article 27 duTraité de Versailles, Léning redevient française en 1919 et se voit rattachée au nouveau département de laMoselle qui adopte les limites administratives dudistrict de Lorraine.
Le village n'a pas étéévacué en 1939-1940 et n'a pas subi de dégâts matériels importants lors des combats. L'adjudant-chef Joseph Grosse (1908-1940) originaire de Léning perdit la vie le dans la défense héroïque deCappel par la4e Armée française[35]. De à, le village est occupé par l’Allemagne et annexéde facto autroisième Reich qui l’incorpore auGau Westmark. Le, leGauleiterJosef Bürckel promulgua l’ordonnance instituant le service militaire obligatoire pour les Mosellans, en violation du droit international. Nombreux furent les jeunes Alsaciens-Lorrains qui refusèrent de se battre pour letroisième Reich. Quatre jeunes soldats de Léning qui avaient été incorporés dans laWehrmacht perdirent la vie sur les champs de bataille entre 1944 et 1945. Le drame de cesMalgré-nous et de leurs familles marquera encore longtemps les esprits.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[36]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[37].
En 2022, la commune comptait 329 habitants[Note 2], en évolution de +0,92 % par rapport à 2016 (Moselle : +0,52 %,France horsMayotte : +2,11 %).
L’église Saint-Barthélemy qui était devenue trop petite et avait beaucoup souffert lors de laguerre de Trente Ans, semble avoir été entièrement reconstruite auXVIIIe siècle. En 1726 les habitants demandèrent à leursdécimateurs (l’abbaye deSaint-Avold, le comte d’Helmstatt, la dameRhingrave de Dhaun etPuttelange) de pourvoir à l’agrandissement de l’église[42]. Les travaux furent achevés en 1747. L’église abrite un beau mobilier duXVIIIe siècle (boiseries, autels, chaire…) qui a été inscrit en 1993 sur la liste des monuments historiques. Leclocher à flèche de charpente primitif a été remplacé au début duXXe siècle par un pittoresqueclocher à bulbe.
Croix monolithe érigée en 1700 à la sortie du village au lieu-dit « Am steinernen Kreuz » par Nicolas Houpert et Anne Marie Wolff[43] Elle porte l'inscription suivante enhaut allemand : « ANNO 1700 IM NAMEN DES HEREN HAT NICKOLA HVPERT ANNA MARI WOLFFIN DIS CREITZ LASEN [VFRICHTEN]. (Au piédestal) O MENSCH GEDENCKE AN DE [...] »
Lesarmes de Léning seblasonnent ainsi: De gueules à l'épée d'argent garnie d'or, accostée de deux saumons adossés d'argent.
Il s'agit des armes d'Henri I deBlâmont (de gueules accostée de deux saumons adossés d'argent) qui posséda Léning auXIIIe siècle, l'épée symbolisant le martyre de saint Barthélemy, patron de la paroisse.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
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