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Légende noire

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Unelégende noire est la perception négative d'un personnage, d'une organisation ou d'un événement, résultant de l'accumulation de rumeurs négatives et souvent infondées. Une légende noire ne saurait se confondre avec la vérité historique.

Lebiais inverse correspond à un ensemble de stéréotypes flatteurs, parfois entourés de mystères et de préjugés, qui nourrissent une « légende rose » ou « légende dorée » à caractèrehagiographique. Légende noire et légende rose s'expriment dans des médiassensationnalistes ou dans deshistoriographies orientées[1],[2].

Origine espagnole

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Article détaillé :Légende noire espagnole.

L'expression fut introduite à propos de l'Espagne, de sonhistoire et du peuple espagnol en 1914 par l'historienJulián Juderías[source insuffisante] qui voulait dénoncer les« récits fantastiques » colportés sur son pays à l'étranger,« les descriptions grotesques », les accusations, la négation voire« l'ignorance systématique de tout ce qui est favorable dans les divers domaines de la culture et de l'art » et enfin les accusations proférées« à partir de faits exagérés, mal interprétés ou totalement faux ». Juderias entendait en particulier dénoncer ce qu’il estimait être exagéré et injuste dans les reproches concernant l’extermination par les Espagnols des populationsamérindiennes, l’obscurantisme religieux, le règne dePhilippe II d'Espagne (accusé notamment debigamie, d'inceste et de meurtre parGuillaumeIer d'Orange-Nassau) et les méthodes de l’Inquisition.

Même siEmilia Pardo Bazán etVicente Blasco Ibáñez ont utilisé le terme dans le sens moderne, avant Juderías[3], il serait son large diffuseur, et celui qui décrit le concept en 1914 dans son livreLa Légende noire :

« […] l'environnement créé par les histoires fantastiques sur notre pays qui sont nées dans tous les pays, les descriptions grotesques qui ont toujours profilé le caractère espagnol en tant qu'individus et collectivement, le déni, ou au moins l'ignorance systématique de tout ce qui est favorable dans les diverses formes de culture et d'art, les accusations en tout temps, ont été proférées sur l'Espagne sur les motifs de faits exagérés, mal interprétés ou faussés dans leur intégralité, et, enfin, l'affirmation contenues dans des livres qui semblent respectables et vrais et souvent reproduite, discutée et prolongée dans la presse étrangère, que notre pays est, du point de vue de la tolérance, la culture et le progrès politique, une exception lamentable dans le groupe des nations européennes. »[4]

— Julián Juderías, La Légende noire

La seconde œuvre estL'Histoire de la légende noire de l'hispano-américaineRomulo D. Carbia. Si Juderías met davantage l'accent sur le côté européen de la légende, l'argentin Carbia se concentre sur le côté américain.

En 1944, l'American Council on Education, préoccupé par les préjugés anti-hispaniques du matériel éducatif aux États-Unis, a défini le concept dans un long rapport disant que :

« La Légende Noire est un terme utilisé par les écrivains espagnols pour désigner la vieille propagande contre les pays ibériques, qui a commencé au XVIe siècle en Angleterre et a depuis été une arme pour les adversaires de l'Espagne et du Portugal dans les guerres de religion, maritimes et coloniales de ces quatre siècles. »[5]

Philip Wayne Powell dans son livre deTree of Hate (1971) définit essentiellement la légende noire comme la croyance que :

« [La prémisse de base de la Légende noire est que] les Espagnols se sont toujours montrés comme exceptionnellement cruels, intolérants, tyranniques, obscurantistes, paresseux, sectaires, avides et perfides, c'est-à-dire qu'ils sont si différents d'autres peuples à cet égard que les Espagnols et l'histoire de l'Espagne devraient être vus et compris en des termes qu'on n'emploie pas d'habitude pour décrire et interpréter les autres. »[6]

— P.W. Powell, Tree of Hate

Une origine française ?

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Le biographe deJulián Juderías dans son introduction à l'édition du centenaire deLa leyenda negra insiste sur le fait que l'origine de l'expression « légende noire » comme pendant de « légende dorée » est peut-être française[7]. En effet,Arthur Lévy, auteur de l'ouvrageNapoléon intime (1893) a écrit :

« Napoléon, durant sa vie, a été tour à tour l'objet du culte et du mépris de ses sujets. Aujourd'hui, — quoique l'influence de son action individuelle sur les destinées de la France et de l'Europe ne puisse encore être exactement définie, — sa mémoire nous partage toujours en deux camps, les admirateurs et les détracteurs, également zélés pour dénaturer, en bien comme en mal, la personnalité de l'Empereur. […] Toutefois, en étudiant la vie de l'Empereur avec droiture, on voit bientôt la réalité se dégager de la légende dorée et de ce qu'il est permis d'appeler la légende noire napoléonienne. Cette réalité la voici : Napoléon ne fut ni un dieu ni un monstre, mais, simplement, — selon la célèbre formule classique qu'on peut lui appliquer — il était homme, et rien d'humain ne lui était étranger. Le haut sentiment familial, en effet, la bonté, la gratitude, la cordialité, furent ses qualités essentielles. »

— A. Levy, Napoléon intime

Ainsi, toujours selonLuis Español, l'expression lancée par Lévy à propos de NapoléonIer aurait été traduite par les auteurs espagnols Cayetano Soler et Emilia Pardo Bazán dans leurs ouvrages respectifs de 1899, reproduite par des journalistes et pris de l'importance à partir du classique de Juderías, puis finalement serait retournée en France où elle sera notamment réutilisée dans des ouvrages sur la légende noire de NapoléonIer (cf.infra).

Interprétations critiques de la légende noire espagnole

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Article principal :Légende noire espagnole.

Les dernières années, il s'est formé un groupe d'historiens, parmi lesquels Alfredo Alvar, Ricardo Garcia Carcel, Lourdes Mateo Bretos et Carmen Iglesias, qui ne croient pas en l'existence objective de la légende, mais considèrent que la légende noire est la perception par les Espagnols de leur image à l'étranger.

« La "légende noire" est pour ainsi dire, la façon dont l'Espagne perçoit son image hors de l'Espagne […] La légende noire est, par conséquent, formée des traits négatifs — qui sont objectivement les plus répétés — que la conscience espagnole découvre dans l'image d'elle-même. »[8]

— V. de Osma, El Imperio y la leyenda negra

Garcia Carcel nie même l'existence de la légende noire dans son livreLa Leyenda Negra :

« Ni leyenda, en tanto en cuanto el conjunto de opiniones negativas de España tuvieran no pocos fundamentos históricos, ni negra, dado que el tono nunca fue constante ni uniforme. Abundan los grises, pero la coloración de estas opiniones estuvo siempre determinada por los colores contrapuestos de lo que aquí hemos llamado leyenda rosa. »

— G. Carcel,La Leyenda Negra

Selon l'historien et hispanisteHenry Kamen[9], le concept de la légende noire a cessé d'exister dans le monde anglophone depuis de nombreuses années, mais persiste en Espagne pour des raisons de politique intérieure. La position de Kamen et son livreEmpire ont été vivement critiqués parArturo Perez-Reverte[10] et José Antonio Vaca de Osma. L'historienJose Pérez estime également que le légende noire a disparu, mais qu'il en reste toujours des traces, car les préjugés sur l'Espagne ne sont pas différents de ceux qui existent sur d'autres pays.

L'écrivain argentinErnesto Sábato, dans son articleNi leyenda blanca ni negra (« Ni légende blanche ni noire »), publié dans le journalEl País en 1991 avant la fin du500e anniversaire de la découverte de l'Amérique, propose de pallier le« faux dilemme » entre les deux légendes pour présenter une approche qui,« sans nier les atrocités perpétrés par les agresseurs », soit capable de justifier la culture, la langue espagnole et le métissage, qui a créé une société dans les Amériques.

Utilisation postérieure du terme

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Le terme fut ensuite vulgarisé par les historiens pour d'autres objets de recherche. Ainsi, enFrance, lesTempliers,Louis XIV,Napoléon Ier (« l'ogre corse » qui tyrannise l'Europe selon la légende noire distillée par les pamphlétaires britanniques est cependant aussi l'objet d'une légende dorée de la part de ses partisans et des divers régimes politiques qui se succèdent en France[11]) ainsi queNapoléon III (« Le2 décembre a donné naissance à une légende noire qui a rejailli rétrospectivement sur le18 Brumaire »[12]) ont selon plusieurs historiens été sujets à des « légendes noires ».

Légende noire napoléonienne

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Article connexe :Légende napoléonienne.

Les deux Napoléon ont été l'objet de fortes critiques dès leur arrivée au pouvoir mais alors que« la légende noire de NapoléonIer, très vivante après sa chute, laissait place progressivement sans disparaitre, à une légende dorée devenue prédominante, du côté de Napoléon III, le rejet allait longtemps s'imposer »[13]. La mémoire républicaine ne manquera pas de noter que« les deux Empires se sont imposés par la force, au terme de coups d'État »[14] et que, dans le cas de Napoléon III, celui-ci devra avant même son élection à la présidence de la République, être l'objet de très vives caricatures (Honoré Daumier dansLe Charivari) avant d'être pour la postérité qualifié deNapoléon le petit parVictor Hugo[13].

La légende noire de NapoléonIer

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SelonLuis Español, l'expression mêmelégende noire est peut-être née de l'ouvrage d'Arthur LévyNapoléon intime (1893) ce qui souligne l'importance de la propagande négative à ce sujet (cf.supra).

Lesconquêtes napoléoniennes déclenchent tantôt l'admiration, comme celle du poète allemandGoethe qui reçoit laLégion d'honneur par décret du deNapoléon ou du philosopheHegel, tantôt la haine, comme celle des Espagnols lorsquel'empereur envahit leur pays, ce qui développe une légende noire avec le premier pamphlet diffusé dans toute l'Europe[15], leCatéchisme espagnol, préparant les explosions nationales qui mettront fin auGrand Empire[16].

Sous leConsulat puis lePremier Empire, la caricature, arme privilégiée des opposants, était d'abord du fait des Anglais puisqu'elle ne pouvait beaucoup se développer en France à cause de lacensure[13], puis celle des royalistes le qualifiant d'usurpateur[17], de même que les républicains[18]. Elle explose en France en 1814, à la première chute de l'Empereur. Lespamphlets alors les plus cinglants sontDe Buonaparte et des Bourbons, écrit par le royalisteFrançois-René de Chateaubriand etDe l'esprit de conquête et de l'usurpation par le libéralBenjamin Constant[19]. Les critiques sont aussi reprises avec talent par le graveurLouis-François Charon. Concrètement, elles mettent en cause l'Empereur pour avoir« enflammé l'Europe et provoqué des centaines de milliers de morts », avançant des chiffres gonflés comme celui de 1,7 million de Français victimes desguerres napoléoniennes (« chiffre deux fois supérieur au total communément admis »)[13]. NapoléonIer est qualifié d'ogre ou de cannibale et son pouvoir est présenté comme assis sur un « trône de cadavres », fondé sur une « série de crimes » (l'exécution duduc d'Enghien et des principaux chefs de la conspirationCadoudal)[13]. Lors de la période desCent-Jours ou de laRestauration, les avis se retournent (une quinzaine de personnalités sont toujours restées fidèles à l'empereur[20]), oscillant entre lalégende dorée et la légende noire, les plus grands adeptes du retournement politique étantCharles-Louis Huguet de Sémonville,Joseph Fouché etTalleyrand[21]. Sous la Restauration, sa politique religieuse, celle à l'égard de lapapauté, est aussi mise en cause alors que l'idée que Bonaparte ne soit même pas français de naissance est avancée par Chateaubriand. Cependant, dans le contexte de l'époque, cette légende noire ne parvient pas à éclipser le « mythe du grand homme », ce qui aboutira au retour de ses cendres sous le règne deLouis-PhilippeIer[22].

Alors que la légende noire est réactivée par celle de son neveu Napoléon III dont la politique (et surtout la perte de l'Alsace et la Lorraine) est vivement critiquée parVictor Hugo,Henri Rochefort ouMaurice Joly, des hommes politiques commeMaurice Barrès se retournent vers Napoléon, ses conquêtes victorieuses devant inspirer le sentiment derevanchisme. Au début durégime de Vichy, cette légende noire réapparaît sous la plume du royalisteCharles Maurras avant une nouvelle fois de se retourner après labataille de Mers el-Kébir qui voit croître l'hostilité française contre le Royaume-Uni[22]. En 1968, au cours d'une série de conférences télévisuelles de laTélévision suisse romande[23], l'historienHenri Guillemin propose une vision documentée et critique d'un Napoléon arriviste et intéressé, uniquement préoccupé de sa réussite personnelle et de celle de sa famille[24]. En 2005,Claude Ribbe écritLe Crime de Napoléon, un pamphlet contre ce dictateur « misogyne, homophobe, antisémite, raciste, fasciste, antirépublicain » qui a rétabli l'esclavage[25].

La légende noire de Napoléon III

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Masque mortuaire de Napoléon III.
Article détaillé :Napoléon III.

« Napoléon III a longtemps été victime d'une légende noire, d'une caricature forgée par ses nombreux ennemis politiques, les républicains, les royalistes, les libéraux... » pour reprendre les mots du professeur d'histoire contemporaineGuy Antonetti[26]. Selon les détracteurs et opposants du dernier empereur des Français, il est à la fois un« crétin » (Thiers),« Napoléon le petit » ou« Césarion » (Victor Hugo) ou encoreBadinguet,« une espèce d'aventurier sans scrupules, et d'arriéré mental ridicule, un mélange desatrape débauché et de démagogue fumeux, bref un pantin insignifiant »[26]. L'œuvre de Victor Hugo, bâtie sur l'opposition permanente entre la gloire de Napoléon Ier et la bassesse tyrannique prêtée à Napoléon III, contribua considérablement à asseoir l'image d'un despote médiocre et sans scrupules. L'écrivainÉmile Zola, circonspect sur l'Empereur dont il note la complexité et qu'il appelle« l'énigme, le sphinx »[26], rappela ainsi dans ses romans la spéculation effrénée et la corruption nées de l'« haussmanisation » et de la flambée boursière (La Curée,L'Argent), le choc que l'irruption des grands magasins représenta pour le petit commerce (Au Bonheur des Dames), la dureté des luttes sociales sous Napoléon III (Germinal). Toutefois, le même Émile Zola démontra comment le même homme pouvait être regardé différemment en fonction du camp idéologique où l'on se situait, des revirements idéologiques ou des métamorphoses de l'âge[27], en écrivant que« Le Napoléon III desChâtiments, c'est un croquemitaine sorti tout botté et tout éperonné de l'imagination de Victor Hugo. Rien n'est moins ressemblant que ce portrait, sorte de statue de bronze et de boue élevée par le poète pour servir de cible à ses traits acérés, disons le mot, à ses crachats »[28].

Le Second Empire eut« longtemps mauvaise presse »[29]. Les acquis territoriaux de 1860 (Nice et la Savoie) obtenus à la suite d'uneguerre victorieuse contre l’Autriche sont oubliés, effacés par le traumatisme que constitue alors laperte de l’Alsace et de la Moselle marquant durablement la conscience nationale jusqu'à la fin de laPremière Guerre mondiale. Apparemment peu doué pour la prophétie,Louis Pasteur, fervent bonapartiste[30] affligé par la chute de l'Empire, déclarait alors confiant que« malgré les vaines et stupides clameurs de la rue et toutes les lâches défaillances de ces derniers temps, l'Empereur peut attendre avec confiance le jugement de la postérité. Son règne restera comme l'un des plus glorieux de notre histoire »[31].

Souvent mentionnée par les historiens dans leurs biographies de l'Empereur[32], la légende noire est notamment analysée en profondeur, sans être exhaustive des autres auteurs, par les historiensPierre Milza etÉric Anceau dans leurs ouvrages respectifs consacrés à Napoléon III.

PourÉric Anceau,« le 2 décembre a permis aux républicains de s’ériger en défenseurs du droit et de faire du coup d’État le mal absolu. Depuis le 2 décembre 1851, qui se dit républicain en France ne peut prêter la main à un coup d’État, ni s’en faire l’apologiste »[33]. Cette« référence négative désormais pour tout républicain authentique » selon les mots de l'historienRaymond Huard pour désigner le,« jour néfaste parce qu’il mit fin à l’existence de la Seconde République »[34], fut l'argument des républicains pour combattre tout retour en force du césarisme plébiscitaire, que ce soit lors duboulangisme puis plus tard lors de la montée dugaullisme[35]. Le précédent d'un président devenu empereur ainsi rendra impensable, jusqu'en 1962, toute élection du chef de l'État au suffrage universel direct,François Mitterrand comparant avec virulence legénéral de Gaulle à Napoléon III afin d'instruire le procès des institutions de laVe République[36]. L'historienMaurice Agulhon utilise pour sa part les termes delégende noire et delégende rose pour les différentes versions ou approches données à l'insurrection en province au moment du coup d'État, notamment le fait que les historiens républicains tendaient à minimiser« les faits de lutte des classes » qui la sous-tendaient[37].

Pour Pierre Milza,« l'année terrible [1870] a fortement traumatisé les contemporains, peut-être autant que le fera la débâcle de 1940 » ce qui explique également, en sus du, le« long discrédit » dont souffre longtemps l'image de Napoléon III[38].

Dans sa biographie, Éric Anceau note particulièrement que laIIIe République s'édifie sur les ruines du Second Empire et en opposition à Napoléon III, à sa famille et à ses proches voués à l'opprobre[39]. Il paie ainsi la personnalisation durégime césarien et, qualifié d'« aventurier qui avait trompé les Français pour accéder au pouvoir », devient unbouc émissaire commode, tenu pour seul responsable de la défaite et de la mutilation du territoire français[40],[41]. Alors qu'Eugénie était dénigrée en raison de sa dévotion religieuse ou de son origine espagnole, lepréfet Haussmann était lui aussi victime de l'hallali intellectuel exprimé notamment dans les ouvrages publics de laIIIe République à l'instar duGrand dictionnaire universel duXIXe siècle dePierre Larousse en 1876[42].

Si l'Empereur est, selonPierre Milza, l'objet d'un« déferlement de haines »[43] au travers depamphlets, caricatures et chansons qui le présentent comme un despote vénal et immoral, l'historien confirme que ces invectives ont lieu surtout au moment où le régime républicain n'est pas encore acquis et doit encore se construire et s'enraciner. Non seulement tout nom relatif à la toponymie impériale est globalement éliminé de la voie publique, à l'exception des batailles remportées durant le régime[40], mais la nouvelle légitimité républicaine exige alors que tous les mythes sur lesquels reposait le précédent pouvoir, telle l'image idéalisée du « sauveur de la nation », soient abattus et discrédités[44].

Précisant être un« républicain qui ne nourrit aucune nostalgie à l'égard de l'Empire »[38], Pierre Milza note cependant, au travers de plusieurs commémorations concrètes officielles intervenues depuis les années 1980, les prologues de ce qu'il considère, comme« l'ultime étape d'une réhabilitation tardive et inachevée » : le rapatriement des cendres de Napoléon III, de son épouse et de leur fils, à l'instar de celles de NapoléonIer[45].

Ainsi, en 1988, pour la première fois en 118 ans, un gouvernement français s'était fait représenter lors d'une cérémonie organisée à la mémoire de Napoléon III et avait envoyé un détachement de lagarde républicaine rendre les honneurs de l'État à l'ancien Empereur lors d'unemesse de requiem en l'église Saint-Louis-des-Invalides[46]. En 2008, prenant la suite de plusieurs demandes antérieures d'origines diverses,Christian Estrosi, alorssecrétaire d'État français à l'Outre-Mer et candidat à la mairie deNice, demandait le rapatriement des cendres de Napoléon III pour 2010, année du150e anniversaire du rattachement du comté de Nice à la France[47]. Enfin, lors de son hommage public et national au président de la Cour des Comptes,Philippe Séguin, le, le président de l’Assemblée nationale,Bernard Accoyer, déclarait que celui qui fut aussi l'auteur en 1990 deLouis-Napoléon le grand, en« rompant avec la tradition héritière de Victor Hugo », avait« entrepris de réhabiliter la mémoire de Napoléon III, substituant au personnage caricatural de Badinguet la vision d’un empereur moderniste et soucieux du bien commun, qui équipa et enrichit la France »[48].

Notes et références

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  1. Marc Ferro,Histoire des colonisations, Seuil,,p. 263.
  2. Marie-Sol Ortola, Marie Roig Miranda (dir.),Mémoire, récit, histoire dans l'Europe desXVIe et XVIIe siècles, GroupeXVIe – XVIIe siècles en Europe,,p. 236-246.
  3. Español Bouché, Luis (enero 2008). « La Leyenda Negra: una denuncia de Julián Juderías » (en español). La Aventura de la Historia (111): pp. 56-61. ; Español Bouché, p. 112
  4. « […] el ambiente creado por los relatos fantásticos que acerca de nuestra patria han visto la luz pública en todos los países, las descripciones grotescas que se han hecho siempre del carácter de los Españoles como individuos y colectividad, la negación o por lo menos la ignorancia sistemática de cuanto es favorable y hermoso en las diversas manifestaciones de la cultura y del arte, las acusaciones que en todo tiempo se han lanzado sobre España fundándose para ello en hechos exagerados, mal interpretados o falsos en su totalidad, y, finalmente, la afirmación contenida en libros al parecer respetables y verídicos y muchas veces reproducida, comentada y ampliada en la Prensa extranjera, de que nuestra Patria constituye, desde el punto de vista de la tolerancia, de la cultura y del progreso político, una excepción lamentable dentro del grupo de las naciones europeas. ».
  5. « The "Black Legend" is a term long used by Spanish writers to denote the ancient body of propaganda against the Iberian peoples which began [sic] in sixteenth century England and has since been a handy weapon for the rivals of Spain and Portugal in the religious, maritime, and colonial wars of those four centuries. ».
  6. « The basic premise of the Black Legend is that] Spaniards have shown themselves, historically, to be uniquely cruel, bigoted, tyrannical, obscurantists, lazy, fanatical, greedy, and treacherous; that is, that they differ so much from other peoples in these traits that Spaniards and Spanish history must be viewed and understood in terms not ordinarily used in describing and interpreting other people. »in P.W. Powell,Tree of Hate, éd. 1985, p. 11
  7. Julián Juderías,La leyenda negra de España, intro. Luis Español, Madrid, La Esfera de los Libros, 2014, pp. 72-74
  8. « La «leyenda negra» es por así decir, la imagen exterior de España tal como España la percibe […] La leyenda negra consiste, por tanto, en los rasgos negativos — que son objetivamente los más repetidos — que la conciencia española descubre en la imagen de ella misma. », Carmen Iglesiasin Vaca de Osma,El Imperio y la leyenda negra, p.208
  9. [1]
  10. [2]
  11. Napoléon, de la mythologie à l'Histoire de Nathalie Petiteau
  12. Louis Girard,Napoléon III, Librairie Arthème Fayard, 1986 réédition 2002, p. 514
  13. abcd eteJacques-Olivier Boudon,Les Bonaparte, regards sur la France impériale, chapitreles légendes noires,La Documentation française, dossier n°8073, janvier-février 2010, p. 32
  14. Jacques Olivier Boudon, p 18
  15. Napoléon y est assimilé à Satan.
  16. Jean Tulard,Le mythe de Napoléon, A. Colin,,p. 13.
  17. Jean-Paul Bertaud,Les Royalistes et Napoléon : 1799-1816, Éditions Flammarion,, 463 p..
  18. DiscoursL'usurpateur républicain deJean Cottereau
  19. Benjamin Constant,De l'esprit de conquête et de l'usurpation : dans leurs rapports avec la civilisation européenne, Le Normand,, 199 p..
  20. Adrien-Jean-Quentin Beuchot,Dictionnaire des Immobiles, Poulet,, 502 p..
  21. Alexis Eymery,Dictionnaire des girouettes, A. Eymery,, 491 p..
  22. a etbJean Tulard,L'anti-Napoléon - La légende noire de l'Empereur, Gallimard,, 343 p.(ISBN 978-2-07-045185-2).
  23. Intégrale des vidéos de Guillemin sur laTélévision suisse romande
  24. Guillemin, Henri -Napoléon tel quel Paris, Trévise, 1969, 153 p. Réédition Utovie
  25. Claude Ribbe,Le Crime de Napoléon, Editions Privé,, 206 p..
  26. ab etcGuy Antonetti, ibid, p. 269-270
  27. Pierre Milza, p. 325
  28. Émile Zola, texte paru dansLe Gaulois en août 1895 et cité dansAndré Castelot,La féerie impériale, Perrin, 1962, p. 55
  29. Éditorial deJean Garrigues, professeur à l’université d'Orléans, président duCHPP,Revue d'histoire politique,no HS 4 2008/3,p. 5-6.
  30. Présenté à l'Empereur en 1863, Louis Pasteur avait publié sesÉtudes sur le vin (1866) en les dédiant à Napoléon III
  31. Lettre du 5 septembre 1870 adressé par Louis Pasteur au Maréchal Vaillant, cité par Éric Anceau, p. 559
  32. Louis Girard, p. 514.
  33. Le coup d’État du 2 décembre 1851 ou la chronique de deux morts annoncées et l’avènement d’un grand principe, Revue d'histoire politique,no 12 –2009/2, p. 24-42.
  34. Autour de Décembre 1851,Revue d'histoire du XIXe siècle.
  35. Pierre Milza, p 745
  36. François Mitterrand,Le Coup d'État permanent, 1964.
  37. Maurice Agulhon, ibid, p. 214.
  38. a etbPierre Milza, p. 775
  39. Éric Anceau,Napoléon III, Taillandier, 2008, 750 p.
  40. a etbÉric Anceau,p. 568.
  41. Éric Anceau,p. 15 :« L'image négative du souverain domina au lendemain de la défaite contre les Allemands à Sedan et de la chute du Second Empire […]. Cette vision [d'aventurier qui a trompé les Français] permettait aux républicains, désormais au pouvoir, de faire à bon compte de l'ancien Maître de la France un repoussoir et plus largement, à la nation de trouver un bouc émissaire commode pour tous les malheurs qui venaient de s'abattre sur elle ».
  42. Patrice de Moncan,Le Paris d'Haussmann, éditions du Mécène, 2009, p 193
  43. Pierre Milza, p. 743.
  44. Pierre Milza, p. 742-744.
  45. Pierre Milza, p. 776.
  46. Éric Anceau, p 569
  47. Rendez-nous les cendres de Napoléon III !,Historia
  48. Discours funéraire deBernard Accoyer le.

Voir aussi

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Articles connexes

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Bibliographie

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En français

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Autres langues

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Liens externes

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Premier et Second Empire

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Louis XIV

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