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Kroumirs

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Kroumirs
الخمير
Description de cette image, également commentée ci-après
Deux guerriers kroumirs.

Autres
Régions d’origineDrapeau de la TunisieTunisie
LanguesArabe classique,arabe tunisien
ReligionsIslam sunnite
Ethnies liéesArabes

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LesKroumirs,Khroumirs ou encoreKhmir (arabe :الخمير) sont un ensemble de tribus d'originearabe formant uneconfédération tribale établie dans leNord-Ouest de laTunisie, au sein d'une région qui porte leur nom, laKroumirie.

Il s'agit de l'une des plus importantes confédérations tribales tunisiennes, constituée d'au moins25 fractions. Elle s'étend sur le gouvernorat deJendouba, entreFernana etTabarka. Elle est connue notamment pour sa résistance face au pouvoirbeylical et à laconquête française de 1881.

Histoire

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Origines

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Carte du territoire des Kroumirs.

En1891,Lucien Bertholon donne plusieurs hypothèses sur l'origine des Kroumirs, en soulignant toutefois l'absence d'une tradition écrite à ce sujet. Ainsi, l'historien arabeIbn Khaldoun (fin duXIVe siècle) la fait descendre d'Abdallah-El-Khoumiri, membre d'une tribu originaire d'Arabie arrivée enAfrique du Nord en973 et dont les sept fils seraient les ancêtres des actuels Kroumirs. Selon d'autres versions, datant de l'époque coloniale, la population serait issue desChabbia, une confédération religieuse arabe venue du Sud tunisien[1].

Hommes kroumirs.
Guerriers kroumirs.

Cela rejoint les origines énumérées par deux militaires français, Henri Guérard et Émile Boutineau, en1892. Ainsi, dans une première hypothèse, les Kroumirs seraient les descendants d'un certain Khmir-Ben-Omar, et seraient venus d'Arabie lors de laconquête arabe de l'Afrique du Nord au moment de laprise de Sufétula, gouvernée alors par lepatriceGrégoire. L'un des descendants de Khmir-ben-Omar, nommé Sidi-Abdallah-ben-Djemmel, s'installe avec les siens près d'Aïn Draham, et ses enfants forment la tribu des Khmirs.

La seconde version proviendrait des Kroumirs eux-mêmes et se rapproche beaucoup de la précédente. Le fondateur de leur tribu est originaire d'une tribu d'Arabie, appelé Banû Khmir. Cette tribu est l'une des premières à embrasser la cause du prophèteMahomet et à se lancer avec les autres peuples de l'Arabie à la conquête de l'Afrique du Nord. Elle s'arrête auMaroc, où elle s'établit dans laSeguia el-Hamra. Plus tard, un membre de cette tribu nommé Abdallah-el-Khmir quitte ses frères et se dirige vers l'Ifriqiya pour s'établir dans l'actuelleKroumirie. Abdallah-el-Kmir aurait eu sept enfants qui donnent naissance à diverses fractions des Kroumirs[2].

Jacques Taïeb, dans son article de l'Encyclopédie berbère consacré à la région, rapporte également que les habitants déclarent descendre d'une tribu arabe, les Banû Khamr ou Khumayr, dont un représentant, Khumayr Ben ‘Umar, est un compagnon du conquérant de l'Afrique du Nord,Oqba Ibn Nafi al-Fihri. Il juge cette tradition plausible[3]. Khumayr Ben ‘Umar est aussi un compagnon du prophète Mahomet, et a participé à plusieurs batailles sous sa direction. Il est connu pour sa sagesse et ses conseils avisés, et considéré comme l'un des sages de l'islam. Il meurt en665 àKairouan.

Selon leTarikh al-Tabari de l'historienperseTabari, les Banu Khumayr sont originaires de la région duNejd, en Arabie. Ils appartiennent à l'une des branches desBanu Hanifa, une confédération tribale qui joue un rôle important dans l'histoire de l'Arabie préislamique. Les Banu Khumayr sont impliqués dans les guerres et les conflits qui ont lieu pendant les premières années de l'islam, notamment pendant lapériode des Ridda (guerres contre les rebelles qui ont suivi la mort du prophète) et pendant lesguerres de conquête de l'empire islamique. Certains membres de la tribu sont également impliqués dans des rébellions contre lescalifes, notamment contreAbou Bakr. Malgré leur implication dans ces conflits, les Banu Khumayr sont connus pour leur soutien à l'islam et leur contribution à sa propagation. Certains membres de la tribu sont des compagnons du prophète, tandis que d'autres participent à des expéditions militaires pour étendre lecalifat omeyyade. Le savantIbn Hajar al-Asqalani dans sonAl-Isaba fi tamyiz al Sahaba ainsi que l'historienHakim al-Nishaburi dans sonAl-Mustadrak alaa al-Sahihain le mentionnent également.

Une autre version mentionne une arrivée auXVIe siècle après un refoulement des populationsHouaras présentes sur le territoire[4], et affirmant une origine arabe des Kroumirs[5].

Époque moderne

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Carte de l'expédition française menée contre les Kroumirs.

Durant lapériode beylicale, les Kroumirs sont réputés pour leur tradition cavalière et guerrière[6]. Ils se révoltent de manière récurrente face au pouvoir dubey de Tunis et ne paient pas d'impôts contrairement aux autres tribus tunisiennes. Selon l'historien tunisien Abdellaziz Guesmi, leur devise est« mourir dans son lit, c'est mourir en charogne ». Selon lui, pour un Kroumir, il fallait être tué en défense de l'honneur de la famille et celui de l'islam[6] pour mourir en homme. En1864, les Kroumirs, lassés par les exactions dugrand vizirMustapha Khaznadar se révoltent et marchent surTunis, dans un premier temps avec l'appui desDrid deBéja. Toutefois ceux-ci font défection. Indignés, les Kroumirs descendent néanmoins de leurs montagnes en janvier1865 et se ruent sur les plaines fertiles, pillant les propriétés et les troupeaux[7].

Carte postale illustrant une bataille entre les Kroumirs et les Français.

Par la suite, les Kroumirs sont connus pour avoir été à l'origine de laguerre franco-tunisienne de 1881 qui mène à l'établissement duprotectorat français[8]. En effet, au début de l'année1881, des troubles éclatent à lafrontière algéro-tunisienne entre la tribu des Kroumirs et celle des Ouled Nahd enAlgérie française. Lors d'une incursion des Kroumirs, six soldats français sont tués ainsi qu'une cinquantaine de Ouled Nahd.Jules Ferry,président du Conseil, ordonne une offensive décrite comme« une expédition punitive » pour garantir l'intégrité territoriale de la France[9]. Un corps expéditionnaire de 24 000 hommes placé sous le commandement du généralLéonard-Léopold Forgemol de Bostquénard est déployé. La guerre éclate et la résistance des Kroumirs est féroce, celle-ci rassemblant de nombreuses tribus tunisiennes face à l'envahisseur français. Les pertes françaises sont lourdes et la guerre marque l'opinion publique française. Un mot d'argot populaire naît, un Kroumir désignant désormais dans la languefrançaise un voyou, un malotru, un pillard[10]. Lacité des Kroumirs dans le13e arrondissement deParis portera d'ailleurs leur nom. Le nom désigne également unefriandise d'inspiration orientale créée en France à la fin duXIXe siècle, composée d'unepâte d'amande trempée dans un bain desucre d'orge auchocolat[11].

Combat du djebbel Haddedah entre les Kroumirs et les Français en avril 1881.

Ainsi, de très nombreuses descriptions par des ethnologues et historiens français datent de cette période. En1892, Henri Guérard et Émile Boutineau énoncent que les Kroumirs sont« primitivement de race arabe » de par leurs mœurs et leur physique et sont décrits comme étant« grands »,« bien découplés »,« très forts », avec une musculature très développée. Ils témoignent également de la similarité des Kroumirs avec les autresArabes de par leurs vêtements et leurs coutumes de mariage[12]. En1896, un ethnologue français dénommé Marcelli les décrit comme« grands, fort, vigoureusement charpentés »[13].

Les Selloul sont la fraction la plus peuplée de la confédération[14]. Les Kroumirs sont par ailleurs engagés au nombre de 15 000 au sein de l'armée beylicale tunisienne[15].

Culture

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Mode de vie

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Révolte chez les Kroumirs.

Les Kroumirs sont desnomades[16], ils s'adonnent à la culture céréalière et bovine, notamment dans les régions deBéja etFernana[17]. Cependant, certaines tribus kroumires sontsédentaires, telles que les Amdoun, les Nefza ou encore les Ouchtata[18]. Ces tribus sédentaires ne vivent pas dans des villages, mais plutôt en petites agglomérations (douars) composées de familles, dans des constructions réalisées enbois dechêne-liège, très répandu dans la région, ou en cabanes construites en pierres et recouvertes par lachaume, isolées et dispersées dans les plaines et collines de la région[14].

Paysage de laKroumirie.

Le dimanche, ils se retrouvent lors du marché hebdomadaire à Fernana qui constitue une ressource collective et un poids économique. Ce marché se nommerait « Souk Fernana » (Fernana serait la traduction de« liège ») ou « Souk Sidi Abdallah Ben Jemmel », le saint dont les Kroumirs revendiquent l'origine et qui aurait formé ce marché[14].

Patrimoine

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Cavalier kroumir lors du premier festival équestre deKairouan en 2016.

Leurs tenues ne diffère pas de celle des autres hommes tunisiens, hormis par le port d'un volumineuxturban et d'unagal et non d'unechéchia[17]. Quant aux femmes, elles portent lamelhafa, une tenue traditionnelle présente partout dans le pays. Celles-ci se couvrent le corps d'or et de bijoux les jours de fêtes[19].

Ladanse traditionnelle kroumirienne est appelée« tamtam », tandis que la musique traditionnelle est caractérisée par des instruments tels que leguembri (sorte de luth) et lezukra (instrument à vent).

Les Kroumirs sont connus pour leur religiosité.Musulmans, ils s'adonnent aux cultessoufis. Une fois par an, à la fin de l'été, ils se rassemblent autour de laqoubba dumarabout Sidi-Abdallah-ben-Djemel pendant trois jours[17]. Historiquement, ils sont réputés pour leur cavalerie[20].

Composition

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Abdallah El Khroumiri, le fondateur de la tribu, a plusieurs fils, qui donnent leur nom aux diverses fractions, et eux-mêmes ont plusieurs fils qui donnent leur nom aux sous-fractions[21] :

  • Amor, fondateur de la fraction des Ouled Amor, a plusieurs fils qui donnent leur nom aux sous-fractions : Brick (Brickia) et Raïs (Rouaïssia) qui sont les fils biologiques d'Amor. Saïd (Ouled Ben Saïd) et Hamed (Houamdia) sont ses fils adoptifs ; Hamed est issu des Ouled Sidi Hamed des environs de Jendouba.
  • Berrim, fondateur de la fraction des Atatfa, a comme fils Zerdour (Saïdia) et Bou Nouiga (Zeraïdia). À eux vient s'ajouter Arfa, issu des Ouled Arfa des Drid, qui devient le gendre de Berrim et donne naissance à la sous-fraction des Aroufia.
  • Bellil, fondateur des Ouled Cedra, a comme fils Bou Baker (Bouakria), Sedira (Ouled Cedra), Salem El Djerid (Soualmia) et Djeraidia dont la sous-fraction a le même nom. Sedira, Salem et Djeraidia sont les fils adoptifs de Bellil, les trois étant originaires des Ouled Sedira de Ghardimaou.
  • Karin, fondateur des Selloul et des Khemiria, a comme fils Jaballah (Jouablia), Belaïd (Belaïdia), Soula (Soua'iia) et Bou Chehima (Selloul).
  • Bou Khris, fondateur des Khraissia, a comme fils Belal (Belala), Athman (Athmania), Moumen (Moumenia) et Gherib (Gheraïbia). À eux s'ajoutent comme fils adoptif Asouad (sous-fraction des Soudân), originaire des Amdoun des environs de la ville d'Amdoun.
  • Bou Khemira, fondateur des Ouled Ali Ben Nacer, a comme fils Aziza (Azaizia), Mbarek (Ouled Ali Mbarek), Ameur (Zouandria) et Naceur, sa sous-fraction étant éponyme de la fraction. À eux s'ajoutent les fils adoptifs que sont Hellal (Ouled Hellal) et Gaïd (Gouaïdia), tous deux originaires des Drid, le premier des Ouled Jouin, le second des Ouled Mannaa.
  • Moussa, fondateur des Debabsa, a comme fils Bou Debous (sa sous-fraction est éponyme de la fraction), El Handrouini (Hamram), Tibina (Tbaïnia) et Ameur (Aoumriat). À eux s'ajoute son fils adoptif El Ennchdi (El Aliat), originaire des Nehed.

S'ajoutent également les Taddemaka, présents dans les environs de Tabarka, qu'Ernest Fallot fait remonter auxTouaregs[22].

Notes et références

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  1. Lucien Bertholon, « Exploration anthropologique de la Khoumirie »,Bulletin de géographie historique et descriptive,no 2,‎,p. 417(lire en ligne, consulté le).
  2. Henri Guérard et Émile Boutineau,La Khroumirie et sa colonisation, Paris, Augustin Challamel/Lecène, Oudin et Cie,, 163 p.(lire en ligne),p. 29.
  3. Jacques Taïeb,« Kroumirie », dansSalem Chaker (dir.),Encyclopédie berbère,vol. 28-29 :Kirtēsii – Lutte, Aix-en-Provence,Édisud,(ISBN 2-7449-0707-3,lire en ligne),p. 4294–4297.
  4. « Correspondance »,Bulletin de l'Académie d'Hippone,no 21,‎,p. 130(lire en ligne, consulté le).
  5. Victor-Adolphe Malte-Brun,La France illustrée,t. IV, Paris, Jules Rouff,(lire en ligne),p. 3-4.
  6. a etb« Rétrospective : les Beni Khémir ou l'âpreté au combat », surKapitalis,(consulté le).
  7. Abbé Neu,Notice historique sur la ville de Béja, Namur, Jacques Godenne,.
  8. « Conquête de la Tunisie par la France : le prétexte de l'insécurité à la frontière », surretronews.fr,(consulté le).
  9. (it) « La storia delle parole: crumiro », sursaidinitaly.it,(consulté le).
  10. « Kroumir », surlalanguefrancaise.com(consulté le).
  11. « Kroumirs », surlespetitsgateaux.fr(consulté le).
  12. Guérard et Boutineau 1892,p. 32-33.
  13. Marcelli,Aperçu historique sur la tribu des Kroumirs sous les Carthaginois, les Romains, les Vandales, les Arabes et les Turcs, Paris, Imprimerie de Moquet, 1876-1886, 15 p.(lire en ligne),p. 4.
  14. ab etcFatma Ben Slimane, « Conflit autour du marché des montagnards Khmirs dans les années 1870 : communauté, immunités et revendications d'autonomie »,L'Année du Maghreb,no 23,‎,p. 135-151(ISSN 1952-8108,lire en ligne, consulté le).
  15. Lahbib Chebbi, « La Khroumirie dans les archives historiques du Ministère de la Défense (Château de Vincennes) »,Africa,t. X,‎,p. 119-120(ISSN 0330-8235,lire en ligne, consulté le).
  16. « La frontière orientale de l'Algérie »,L'Afrique explorée et civilisée,(DOI 10.5169/seals-131603, consulté le),p. 225.
  17. ab etcLucien Bertholon etAlexandre Lacassagne, « Quelques renseignements sur les habitants de la Kroumirie »,Publications de la Société linnéenne de Lyon,no 6,‎,p. 74(lire en ligne, consulté le).
  18. Lucette Valensi,Fellahs tunisiens : l'économie rurale et la vie des campagnes aux 18e et 19e siècles, Paris, Mouton,, 46 p.(ISBN 2-7193-0939-7,lire en ligne),p. 23.
  19. P.-H. Antican,Le pays des Khroumirs : leurs institutions, leurs coutumes et leurs chants populaires, Paris, Librairie Delagrave,, 188 p.(lire en ligne),p. 52.
  20. « La cavalerie à Fernana : un patrimoine culturel à valoriser », surKapitalis,(consulté le).
  21. M. Souyris-Rolland,Histoire traditionnelle de la Kroumirie, Tunis,Institut des belles lettres arabes,, 39 p.(lire en ligne),p. 8-9.
  22. Ernest Fallot,Par delà la Méditerranée, Paris, E. Plon & Nourrit,, 307 p.(lire en ligne),p. 280.
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