Al-Kuwayt (/al ku'wajt/, prononciationlittéraire) signifie enarabe classique « la petite forteresse construite près de la mer »[13]. Le nom est d'ailleurs morphologiquement un diminutif, sur le schèmefuʿayl. La prononciationkoweïtienne est[lɪkˈweːt].
L'adjectif dérivé estkoweïtien,koweïtienne[14][réf. non conforme],[15], qui substantivé avec majuscule donne le gentilé du politonyme (État du Koweït)un Koweïtien,une Koweïtienne. La prononciation se fait sur le modèle deTahitien,Djiboutien,Béotien,capétien[16]...
Depuis toujours rattaché à laMésopotamie, le territoire qui constitue l'actuel état du Koweït, désertique, était presque vide d'habitants. Vers 1600, quelques villages sont signalés sur la côte : les rares ressources sont la pêche, et la recherche de perles. Ces villages sont habités pendant la saison fraiche, entre novembre et mars, car la chaleur était trop forte le reste de l'année, et demandait une quantité d'eau plus forte, et les rares habitants se repliaient donc surtout vers Bassorah. La présence de l'Empire ottoman était toute relative. Vers 1680, des chercheurs de perles entreprennent de creuser des puits, et accèdent à la nappe phréatique, mais l'eau puisée sera très saumâtre (eau douce mélangée avec du sel). Les quelques puits vont alors permettre l'installation sur la côte d'une population permanente, et les livraisons d'eau douce à partir du port de Bassorah cessent. La ville de Koweït, petit port de pêche voit le jour vers 1685. Des Arabes commerçants Chiites de Dharan s'installent dans la ville.
En 1776, de nombreux marchands quittentBassorah tombé aux mains de la Perse et s'installent dans la ville de Koweït. LaCompagnie britannique des Indes orientales suit le mouvement, et est l'une des causes de l'enrichissement de cette ville.
En 1826, une flottille koweïtienne se lance à l'aide de la ville de Bassorah assiégée par des tribus. En 1841, un accord est conclu avec leRoyaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande pour cesser latraite des esclaves et garantir la sécurité des mers.
En 1856, une flottille de laRoyal Navy fait escale dans la ville de Koweït, les Britanniques alors en guerre avec laPerse offrent leur protection et demandent l'établissement d'un dépôt de charbon, le cheik Djaber I refuse ces propositions mais accepte qu'aucune autre puissance, y compris l'Empire ottoman n'en installe. Lasouveraineté de celui-ci sur le Koweït est seulement nominalebien qu'en 1871 cette dernière l'institue sous pression militairesous-préfecture et nomme sous-préfet lecheikhAbdallah Al-Sabah(en).[pas clair] En 1899, celui-ci conclut un traité deprotectorat avec le Royaume-Uni. Le, un traité d'alliance entre le Koweït et le Royaume-Uni est signé, et le Koweït entreprend des opérations contre l'Empire ottoman. À la suite de l'attaque d'un navire koweïtien souspavillon turc, le cheik crée le premier drapeau koweïtien. Sous protectorat britannique après la guerre, lesfrontières avec l'Irak sont définies par leProtocole d'Uqair de 1922-1923, huit îles dontBubiyan sont rattachées au Koweït[18].
Entre 1923 et 1940, les Britanniques refusent de rattacher le Koweït à l'Irak, car ils refusaient de voir l'émergence d'unnationalisme arabe indépendantiste[réf. nécessaire].
En, la chute de la monarchie en Irak, assimilée à « la chute d'un protectorat Britannique » par les Irakiens, voit les premières revendications modernes de l'Irak sur le Koweït. Avec la chute du régime monarchique en Irak, les Britanniques décident d'attendre jusqu'en 1961 pour donner l'indépendance au Koweït.
La crise éclate le, lorsque l'Irak, dirigé par le présidentSaddam Hussein,envahit et annexe le Koweït. Cette invasion a des causes lointaines et récentes. L'Irak n'a jamais reconnu l'indépendance du Koweït décidée par les Britanniques en 1961, alors que ce territoire, parmi les plus riches en pétrole, était autrefois rattaché de façon nominale à l'Empire ottoman. Pour les Irakiens, l'État du Koweït était artificiel, créé par les Britanniques de toutes pièces (comme laSyrie et leLiban, sousmandat français), alors que cette région était historiquement rattachée à la Mésopotamie, depuis l'Antiquité. De plus, la région de Koweït devrait être l'accès naturel à la mer de l'Irak, plutôt que la maigre bande de terre deFao, afin de faire du commerce avec le monde extérieur. Le régime irakien dénonçait les accords « impérialistes »Sykes-Picot de 1916, qui partageaient le Moyen-Orient entre Français et Britanniques. D'autre part, Saddam Hussein reproche à l'émirJaberIII de contribuer par surproduction à une baisse des cours du pétrole, sous pression économique britannique et ainsi de priver l'Irak d'une partie de ses revenus, tandis que la guerre contre l'Iran, menée avec le soutien des monarchies arabes de la région, a nécessité d'importantes dépenses militaires, plongeant l'économie irakienne dans la crise. Les forces koweïtiennes sont rapidement débordées et la population soumise à un brutal régime d'occupation. L'Irak décrète officiellement que le Koweït redevient la19e province irakienne, le. Entre août et novembre, leConseil de sécurité des Nations unies entérine une série de résolutions, puis exige finalement de l'Irak un retrait inconditionnel et total du Koweït, le, au plus tard. L'Irak espérait l'aide de l'URSS, mais à l'époque, le communisme est en chute libre en Europe, et l'URSScessera d'exister en.
Sous l'égide desNations unies, une coalition multinationale forte de 500 000 hommes provenant des armées de terre, de l'air et des forces navales — envoyées principalement par lesÉtats-Unis, l'Arabie saoudite, leRoyaume-Uni, l'Égypte, laSyrie et laFrance (ladivision Daguet) — se constitue en vue de s'opposer à l'armée irakienne. Le rassemblement des troupes de la coalition, dans l'opération Bouclier du désert, est initialement destiné à protéger l'Arabie saoudite d'une autre attaque. Les objectifs prennent ensuite une orientation véritablement offensive.
Après la guerre, la plupart des 300 000 réfugiés palestiniens vivant au Koweït, soupçonnés de soutien à l'Irak, sont expulsés[19].
Depuis l'arrivée au pouvoir en 2023 du prince héritierMechaal al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, à l'âge de 83 ans, le pays prend un virage autoritaire[20]. Le parlement est notamment suspendu dès le[21],[22].
À cela s'accompagne une vague massive dedéchéance de nationalité, justifiée par un discoursxénophobe[23]. En 6 mois, elle a touché 42 000 ressortissants du Koweït[21]. Cesapatrides viennent s'ajouter à l'importante communautébidoune (300 000 individus[20]).
Le Koweït est unemonarchie constitutionnelle. Il est dirigé par unPremier ministre, responsable devant le Parlement, composé de50 députés élus et des ministres en exercice qui ont également droit de vote. Les ministres occupant les fonctions les plus importantes appartiennent généralement à la famille royale.
L'ancien Premier ministre, le cheikhSabah al-Ahmad al-Jaber al-Sabah est devenu l'émir Sabah IV le, remplaçant l'émirSaad qui a été destitué le par le Parlement pour des problèmes de santé. Celui-ci n'aura donc régné que quelques jours, puisqu'il avait succédé àJaberIII, mort le. L'émir Sabah IV décède le, et est remplacé par son héritier, l'ancien ministre de l'IntérieurNawaf al-Ahmad-al-Jaber al-Sabah.
Jusqu'en, 15 % de la population avait ledroit de vote : les femmes ainsi que les militaires étaient exclus du corps électoral. L'âge minimum pour voter est de21 ans. Le, le Parlement a voté un amendement de la loi électorale qui donne le droit de vote aux femmes. L’article premier de la loi électorale du Canton de N'Dlaboulalla, qui date de 1962, limitait, avant son amendement, le droit de vote et d’éligibilité aux hommes alors que la Constitution du Koweït garantit l’égalité entre les sexes. Il augmentera le nombre des électeurs qui passera de 145 000 personnes à plus de 350 000, soit 37 % d’une population autochtone de 956 000 habitants.Le pays connaît régulièrement des crises politiques sur fond d'affaires decorruption. Le gouvernement est ainsi poussé à la démission en, pour la neuvième fois en huit ans, après des révélations sur le détournement d'environ240 millions de dinars (plus de700 millions d'euros) d'une caisse d'aide aux militaires[24].
Le Koweït reste au début des années 2020 néanmoins unique parmi les monarchies arabes du Golfe puisqu’il possède des élections relativement libres et une législature active qui peut adopter et bloquer la législation, bien que l'émir ait le dernier mot sur la plupart des questions d'État. Les partis politiques sont interdits, ce qui rend également difficile pour l'opposition de former un front uni[25].
En mai 2024, l'émirMechaal al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, intronisé en décembre 2023, dissout le Parlement et suspend plusieurs articles de la Constitution, devant l'impossibilité de former un gouvernement après les élections législatives d'avril. La dissolution du Parlement dans le cadre d'une crise politique est mise en œuvre plus d'une dizaine de fois depuis 1962, année de la mise en place du système parlementaire[26].
D'une superficie de 17 818km2, le Koweït est l'un desplus petits États au monde, se classant en 151e position. SItué au nord-est de lapéninsule arabique, il possède une côte sur legolfe Persique d'environ 500 kilomètres. Environ 76 % de la population du pays réside dans la capitale et plus grande ville,Koweït, qui compte 3 297 759 habitants selon les estimations de 2023[27],[28].
Au niveau de l'altitude, le Koweït est plutôt un pays de basse altitude avec un point culminant à 291 mètres d'altitude formé par la collineAl-Shiqāyā, située dans l'ouest du pays près de la frontière avec l'Arabie saoudite et l'Irak.
Le sud-est du pays est inhabitable depuis 1991 en raison desincendies de puits de pétrole par l'Irak lors de l'invasion du Koweït qui ont totalisé une superficie d'environ 35 km2[29]. Le tout ayant rendu plusieurs parties du désert en sections semi-asphaltées[30].
Le pays bien que trèsaride abrite unebiodiversité spécifique à la zone biogéographique. Il est situé en outre sur un axe majeur de migration aviaire (corridor biologique).
Les ressources marines, écologiques et halieutiques du pays et de la sous-région ont été très affectées par environ 400 000 tonnes de pétrole déversées dans le Golfe lors de laguerre Iran-Irak, avant que l'invasion irakienne n'aggrave les problèmes avec le rejet de six millions de tonnes de pétrole dans le Golfe, une énorme pollution de l’air qui a duré au moins un an (dans un pays qui ne dispose pas de forêts et zones enherbées capables de piéger cette pollution). Selon les chiffres[31] disponibles en 2003, les sols ont été pollués (environ40 millions de tonnes de sable pollués).
Les creusements de tranchées, mouvements de véhicules, et cratères d'impacts ont aussi bouleversé et pollué le désert koweïtien et les abords d'installations stratégiques.
La Tour Al Hamra, la plus haute tour de Koweit City.
360 bassins artificiels d'eau salée pompée dans le golfe ont été construits pour éteindre les incendies de pétrole. Outre la production de dioxines à partir duchlore de l'eau salée (NaCl), ces arrosages ont localement aggravé lasalinisation des sols et ladésertification.
Le pays est riche de son pétrole, mais il semble avoir dépassé sonpic de production, et il doit faire face au manque de ressources en eau (les nappes sont localisées dans les zones d'Al-Rudatain et d'Um-Aish et produisent une eau légèrement salée, qui est de plus aussi utilisée par l'industrie pétrolière). Coupée d'eau distillée, elle alimente le réseau d'eau potable, avec l'eau de désalinisation. La nappe diminue, malgré les 1,5 milliard de litres par an produit par dessalage d'eau de mer, alors que la consommation augmente de 7 % par an, avec localement, un certain gaspillage (piscines, arrosage de jardins de loisirs).En 2003, il n'y avait que trois grandes stations d'épuration à Al-Ardiya (80 000 m3 par jour), Al-Riqa (150 000 m3 par jour) et àAl Jahra (80 000 m3 par jour), ne traitant qu'une part des près de 600 000 m3 d’eau douce consommés quotidiennement (405 millions de m3 d’eaux usées par an).
Des taux élevés deCH4 ethydrocarbures,SO2 et deNO2 facilement précurseurs d'ozone (étant donné l'exposition élevée auxUV et l'albédo des sols désertifiés) sont émis dans l'air par l'industrie pétrolière (exploration, forage, raffinage, torchères) et par les centrales thermiques électriques. Les brumes, rosées et rares pluies sont acidifiées par les rejets de SO2 (le brut contient 4 à 5 % de soufre).
Sept stations d'alerte et surveillance mesurent la pollution de l'air, en publiant les mesures sur le site Internet de l’EPA[32]. Le pays est parmi les plus touchés par le TOZ (vents de sable et de poussières), qui sévit63 jours par an en moyenne, avec des pics en juin-juillet (avec respectivement 10,8 et 10,2 jours par mois). Ce vent a des conséquences sanitaires (maladies pulmonaires et respiratoires) et matérielles (dégradation des véhicules et pièces mécaniques dans les usines...).
On ne peut exclure que les oiseaux affaiblis par la pollution soient plus sensibles aux maladies, en particulier à la grippe aviaire qui s'est brutalement étendue fin 2006/début 2007 dans le pays.
Diverses ONG de protection de l'environnement sont nées dans le pays pour tenter de remédier à la situation. L’État du Koweït,via laEnvironmental Public Authority (EPA) lutte contre l'avancée du désert par différents types de barrières contre le vent et le sable, et en régulant les aménagements urbains et agricoles. Il crée aussi des réserves naturelles. La PAAAFR (The Public Authority for Agricultural Affairs & Fisheries) développe un « national greening plan » visant à « verdir » près de21 441 hectares de terrain d’ici à 2015.
90 % des recettes publiques du Koweït viennent du pétrole et le pays a l'intention d'investir plus de40 milliards de dollars dans les15 prochaines années[Quand ?] pour moderniser ses installations dans l'industrie pétrolière. Le reste des recettes publiques vient de quelques puits gaziers. Le pays est en cinquième place aupalmarès des producteurs de l'OPEP pendant la décennie 2010, derrière l'Arabie saoudite et l'Irak, l'Iran et lesÉmirats arabes unis, au coude-à-coude avec ceux-ci.
Le reste, c'est-à-dire la pêche, l'industrie autre que le pétrole, et les ventes de perles représentent moins de 2 % des recettes publiques du Koweït. Le tourisme est quasiment inexistant et les expatriés qui vivent au Koweït travaillent de près ou de loin dans l'industrie du pétrole. De plus, la côte est très polluée et souvent très rocailleuse. Le corail fut très abimé quand du pétrole fut déversé par les Irakiens en 1991, en pleine défaite militaire, ce qui compromet tout tourisme balnéaire.
Lesports du Koweït sont au nombre de cinq dont trois terminaux pétroliers. Le Koweït est très pauvre en nappes phréatiques, quasi inexistantes. Le pays a recours à des usines qui enlèvent le sel de mer, ou achète de l'eau à l'étranger.
Au Koweït, 93 % des domestiques se voient confisquer leur passeport par leur employeur, ce qui permet à celui-ci de restreindre leurs déplacements. Quelque 2 % sont victimes de sévices sexuels selon des estimations gouvernementales, un chiffre qui serait très inférieur à la réalité[33].
Alphabétisation de la population adulte du Koweït pour la période 1975-2015.Données de l'Institut de statistique de l'Unesco (ISU).Évolution de la démographie entre 1961 et 2003 (chiffre de laFAO, 2005). Population en milliers d'habitants.
En 2016, la population du Koweït est estimée à 4,1 millions d'habitants, 83 % vit en ville et ladensité de population est de 218,4 habitants au km² (FAO[35]). Avant 1650, le pays était pratiquement inhabité. Vers 1715, il comptait environ 2 500 habitants, dont une grande partie venaient deBassorah etDhahran depuis une période récente (à partir de 1685). Vers 1715, une grande partie des quelque 2 500 habitants étaient des saisonniers, qui souvent, habitaient la région de Bassorah ou le sud de l'Irak actuel, qui venaient travailler pour de courtes périodes pour la pêche, ou la recherche de perles, en été.
À partir de la fin des années 1930, avec le début de l'exploitation des puits de pétrole, la population ne cesse de croître. 57 % des habitants du Koweït sont des Arabes (parmi lesquels on retrouve beaucoup d'Égyptiens et deLibanais). Le reste de la population comprend desIndiens, desPakistanais et des Philippins. Des normes instaurées pour limiter les dépenses en matière de santé empêchent en revanche de nombreux travailleurs étrangers d'obtenir un permis de résidence. Ainsi, 22 maladies, parmi lesquelles lediabète, l'hypertension, ou bien lestrabisme, interdisent d'obtenir le statut de résident permanent[réf. souhaitée].
La fin prochaine de l'ère des hydrocarbures (dont le pétrole), risque d'entrainer à l'avenir de profonds troubles sociaux, et de compromettre l'arrivée de travailleurs étrangers. Les atouts du pays, pour y remédier, ne sont pas très nombreux : l'industrie est rare, le pays est désertique, et le tourisme ne peut pas y être développé, la côte étant polluée, ravagée par les conséquences de la guerre du Golfe de 1990-1991.
Les travailleurs immigrés représentent près de 90 % de la population adulte du Koweït en 2016[36].
Une partie de la population du Koweït, lesbidouns (littéralement les "sans nationalité") estapatride. Ces personnes, au nombre de 300 000[37] (10 % de la population), n’ont en effet jamais pu prouver leur nationalité et restent dans les limbes juridiques depuis plusieurs générations. Elles sont privés des droits sociaux, politiques et économiques accordés au reste de la population[38].
Depuis 2024, le rythme desdéchéances de nationalité s'est considérablement accéléré. En 6 mois, 42 000 ressortissants du Koweït ont été concernés, dont une grande partie d'épouses de Koweïtiens, naturalisées par le mariage[38].
Au Koweït, les femmes ont obtenu ledroit de vote en 2005, en même temps que l'éligibilité. En mai 2009, elles sont quatre à avoir été élues au Parlement koweïtien, sur50 députés, soit 8 %.