Kourmanbek Bakiev suit des études d'informatique à l'université de Kouïbytchev (actuelleSamara). Il rentre en République socialiste soviétique de Kirghizie en 1979. Il obtient le poste de directeur dans une usine en 1985 et commence son ascension politique au sein duParti communiste de Kirghizie(en).
Il est nomméPremier ministre le. À la suite d'une répression sanglante en contre des manifestants, Bakiev démissionne de son poste de Premier ministre. Les circonstances de sa démission ne sont pas claires : s'agit-il d'une critique de la répression du président ou, au contraire, un limogeage déguisé par leprésidentAskar Akaïev mécontent de la répression organisée par son Premier ministre. Bakiev est remplacé au poste de Premier ministre par le vice-Premier ministreNikolaï Tanaïev (d'ethnie russe) le.
Après larévolution des Tulipes du, Bakiev s'empare des pleins pouvoirs : il est Premier ministre par intérim etprésident de la République par intérim. Il est nommé à ces fonctions le par la chambre haute du Parlement kirghiz sortant. Le 28, après l'auto-dissolution du Parlement sortant, qui avait initialement prolongé son mandat jusqu'à la tenue de nouvelles élections législatives et présidentielle[2],[3], il est confirmé comme Premier ministre et comme président de la République par intérim par le nouveau Parlement issu des élections contestées de février-mars[4],[5].
Sa légitimité constitutionnelle demeure longtemps incertaine. Dans un premier temps l'ancien présidentAskar Akaïev, réfugié enRussie, n'ayant pas démissionné, Bakiev est essentiellement reconnu par les États occidentaux et de l'OSCE. Après la démission effective d'Akaïev le, sa légitimité reste toutefois contestée au sein même de l'hétéroclite opposition kirghize, l'ancien vice-présidentFelix Koulov ayant annoncé sa candidature contre lui.
Bakiev promet alors des élections générales libres et démocratiques pour le. Après plusieurs reports, l'élection présidentielle est prévue le. Bakiev, homme le plus riche du Kirghizistan et venant du Sud, fait un pacte avec l'ancien général duKGB et homme politique du Nord, Felix Koulov. Bakiev se présente comme président et Koulov obtiendra, en cas de victoire, le poste de Premier ministre.
Le, Bakiev se retrouve sans opposant majeur à l'élection et est élu au premier tour avec environ 88 % des voix. De multiples plaintes defraude électorale sont recensées, mais l'OSCE et lesÉtats-Unis ne remettent pas en cause la victoire de Bakiev. Bakiev devient ainsi officiellement président duKirghizistan.
Début, l'opposition kirghize manifeste sur la place centrale de Bichkek pour réclamer une réforme constitutionnelle réduisant les compétences du président. Elle réclame également de juguler la corruption et de rendre indépendante la compagnie de radiotélévision. Après des affrontements acharnés, les opposants et les fidèles du président Kourmanbek Bakiev parviennent finalement à un compromis sur la Constitution.
En, il est réélu président après un scrutin où il obtient 76 % des voix, mais entachée de fraudes et d'irrégularités, l'élection est jugée non-démocratique par l'OSCE et critiquée par l'Union européenne[7].
Après son arrivée au pouvoir, Bakiev a vite déçu les espoirs réformistes nés de larévolution des Tulipes[8]. Il installe des proches au pouvoir, notamment dans les domaines des affaires étrangères et de l'économie[8], et fait des réformes anticonstitutionnelles, limitant notamment leslibertés d'expression et deréunion[9], ou permettant à l'armée de participer aux opérations demaintien de l'ordre public[9]. Le pouvoir exerce aussi des pressions sur lesmédias[9]. Des privatisations de sites de productions d'énergie ont lieu de façon opaque[9], avec pour conséquence le doublement des prix de l'électricité[8].
En, une taxe a été fixée par le gouvernement sur les appelstéléphoniques cellulaires, dont le montant allait selon l'opposition directement dans les comptes d'un fonds détenu par le fils du président Bakiev, Maxime Bakiev.
Tout cela contribue à l'impopularité de Bakiev auprès de la population. Sa politique extérieure est elle marquée par le jeu de balance entreMoscou etWashington, qui possèdent tous les deux desbases militaires dans le pays[8].
Le, à la suite de l'emprisonnement de membres de l'opposition, unerévolte populaire démarre dans les rues deBichkek. L'opposition prend d'assaut les bâtiments gouvernementaux, et se proclame comme nouveau gouvernement, à la place de Bakiev. Ce dernier était fortement accusé ces derniers mois de dérive autoritaire[10],[11].
Bakiev se réfugie dans le sud du pays pour tenter de rallier des proches, mais le gouvernement provisoire lève sonimmunité et menace de le faire arrêter[12]. Il démissionne une semaine plus tard, le[13]. Il est possible qu'il ait accepté de démissionner en échange de garanties sur sa sécurité et celles de ses proches[14].
Il s'exile auKazakhstan[15] puis enBiélorussie, d'où il se rétracte et annonce qu'il est toujours le « président élu du Kirghizistan »[16]. Il traite alors le nouveau gouvernement provisoire de« bandits qui veulent s'emparer du pouvoir. »[16]
Finalement, le gouvernement provisoire demande fin avril l'extradition de Bakiev[17], pour qu'il soit jugé pour les massacres commis par les forces de sécurité pendant la révolte, responsables de plus de 80 morts, mais la Biélorussie rejette catégoriquement cette demande[18]. Bakiev acquiert même lanationalité biélorusse par la suite[19].Amnesty International accuse Bakiev d'avoir autorisé le recours à la force contre les manifestants pendant la révolte[20].
Sonprocès par contumace débute àBichkek en[21]. Exilé en Biélorussie avec sa famille, il est condamné parcontumace, le, à la prison à perpétuité et à la confiscation de ses biens, pour la répression des manifestations du, qui avaient causé la mort d'environ 80 personnes ainsi que 300 blessés. Son frère cadet,Janich Bakiev(en), qui dirigeait le service de protection des personnalités de l'État, écope de la même peine, et son fils, de 10 ans de prison pourblanchiment d'argent et abandon de poste[22].
En, dans un autre procès par contumace, Kourmanbek et Janich Bakiev sont condamnés respectivement à 24 ans et à perpétuité pour le meurtre deMedet Sadyrkoulov(en), un opposant politique tué en 2009[23].