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Lekilt (fèileadh beag[1] engaélique écossais et parfoisphilabeag en anglais) est unhabit traditionnel porté par les hommes desHighlands, les Hautes Terres d’Écosse, comme d'autres porteraient unpantalon. Le kilt est généralement unejupe portefeuille plissée (dos plissé tandis que le devant est constitué de deux panneaux qui se croisent) faite de purelaine auxmotifs colorés d'un « tartan », terme dont l'équivalent en gaélique écossais est le motbreacan qui signifie « tacheté ».
Bien que le kilt écossais soit traditionnellement porté lors d'occasions formelles ou lors d’événements traditionnels tels que lesHighland Games ou laBurns Night, il a été depuis les années 2000 adopté comme élément ducostume masculin décontracté[3].
Le kilt, plat par-devant, et plissé à l’arrière, est porté avec une large ceinture de cuir brun ou noir dont la boucle, habituellement argentée, est souvent ornée d'entrelacs ou ducrest du clan du porteur.
Lesporran, un petit sac porté à la taille, sert de poche. Fait de cuir ou de fourrure, il peut reprendre les motifs de la boucle de ceinture, ou dusgian dubh, la dague traditionnelle portée dans la chaussette[4].
Uneépingle, fixée sur le premier volant juste au-dessus du genou droit, a pour fonction de maintenir le rabat en place et de lui éviter ainsi de se soulever. Elle figure généralement uneépée dont lagarde porte lecrest du clan ou tout autre motif traditionnel.
Lesghillie brogues (chaussures). Leslacets sont longs et lacés spécifiquement de manière à former, de face, untriangle isocèle après avoir été tourné quatre fois ensemble (voir photo ci-dessus). Le nœud peut être fait soit sur le côté, soit sur le devant. Les chaussettes portées avec le kilt, appelées "kilt hose", sont souvent en laine et peuvent être ornées de motifs traditionnels.
Traditionnellement, le kilt se porte sans dessous[4]. La majorité des porteurs de kilt ont leur propre préférence, et ne s’inquiètent généralement pas de ce que les autres peuvent porter (ou ne pas porter) sous leur kilt. Lesuniformes portés par les membres de plusieurs régiments militaires ne s’accommodant pas de dessous, le port du kilt sans sous-vêtements est souvent qualifié de « régimentaire ».
Dans certaines circonstances, des dessous peuvent se révéler nécessaires. Il est souvent difficile à quelqu’un qui n’est pas familier du port du kilt de préserver sapudeur quand il le porte à la régimentaire, particulièrement par vent fort. Un des plus anciens fabricants de kilts, ainsi que la plus ancienne maison de vente par correspondance d’Écosse, offrent à la vente des dessous spécialement conçus pour le kilt, mais la plupart des porteurs de kilt qui mettent des dessous choisissent descaleçons ou desslips classiques.
Pour finir, la décision de porter ou pas des dessous à certaines occasions revient au porteur de kilt[5]. Quel que soit son choix, ce qu’un gentilhomme porte sous son kilt ne regarde que lui. Il est de règle qu’un homme bien élevé se montre discret sur la question. Ainsi, la réponse à une question sur ce sujet peut laisser deviner la réponse, mais y répond rarement directement. La réponse peut également être « rien n’est abîmé (en anglaisworn signifie à la foisporté pour un vêtement etabîmé). Tout est en parfait état de marche », ou « des chaussures et des chaussettes ».
LesÉcossais ont également une réponse toute faite à cette question de savoir ce qu'ils portent sous leur kilt : « The future of Scotland » (L'avenir de l'Écosse).
Selon une étude du scientifiquenéerlandais Erwin Kompanje, le kilt (porté traditionnellement) permettrait également de produire dusperme de meilleure qualité, lessous vêtements serrés auraient un impact négatif sur la fertilité[6],[7].
Comme letartan, il ne s'agit pas d'une tradition très ancienne. Ce vêtement avait ainsi été créé dans les années 1720 parThomas Rawlinson[8] pour des motifs économiques, lorsqu'unmaître des forges choisit cet habit pour vêtir sesouvriers, plus approprié pour fabriquer ducombustible. Ceux-ci, pauvres, n'avaient pas les moyens de porter des vêtements cousus et enfilaient jusque-là par nécessité une sorte deplaid ceinturé. Le maître des forges s'inspire donc de cette tenue, qu'il fait retravailler par untailleur, ce qui devient l'uniforme de ses employés.
En 1745, après la répression de larévolte jacobite, les autorités décident de mettre fin à tout particularisme culturel écossais, ce qui signe la fin du port du kilt pour les ouvriers et le peuple en général, les soldats derégiments écossais passés du côté anglais bénéficiant toutefois d'une exemption.
En 1782, l'interdiction est levée et le port du kilt passe désormais auxclasses supérieures, qui veulent montrer ostensiblement leurs racines, imaginant que ce vêtement est très ancien. Les élites écossaises le font réaliser dans des formats coûteux et sophistiqués. L'historienne Anne-Marie Thiesse ajoute :« Le kilt doit probablement son succès à ce qu'il est l'antithèse du pantalon, « uniformemasculin » de la modernitébourgeoise », dans le contexte de lapremière révolution industrielle.
La « découverte » par les frères Allen d'unmanuscrit intituléVestiarum Scotticum, prétendument rédigé auXVIe siècle et qui affirme que le kilt était porté dans toute l'Europe auMoyen Âge avant de disparaître à laRenaissance, participe du succès du vêtement, à une époque où la construction desidentités nationales a mis à la mode l'époque médiévale, si besoin en réinventant un passé qui n'a jamais existé. Ce goût pour lestraditions écossaises est parachevé par la passion de la reineVictoria et de son époux pour ledomaine de Balmoral, qu'ils font agrandir en « style écossais » : désormais,« l'Écosse est consacrée comme réduit des authentiques valeurs ancestrales du Royaume-Uni » conclut Anne-Marie Thiesse[9].
Le kilt est devenu une tenue habituelle pour les grandes occasions, les mariages, enhabit de cérémonie avec unhaut-de-forme ou enjaquette pour les grandes occasions, de même que pour les cocktails ensmoking. Le kilt est désormais porté par quiconque, peu importe sa nationalité ou ses origines. Bien qu'il puisse se porter avec unecravate blanche (c'est-à-dire une veste de frac), il est plus habituel de le voir porté avec une cravate noire (veste de smoking).
Les kilts sont devenus de plus en plus répandus comme vêtement de ville. Il n’est pas rare du tout de voir des kilts faire leur apparition dans des pubs écossais et irlandais, et il devient de plus en plus fréquent de les voir sur les lieux de travail. Le kilt se porte alors avec deschaussures noires, des chaussettes écrues roulées sur la chaussure, et peut-être même untee shirt. On peut être un peu plus habillé en portant unechemise boutonnée et unpull, et même uneveste de sport.
Souvent, le kilt et ses accessoires sont loués pour les grandes occasions, car l’ensemble du costume traditionnel coûte assez cher.
Pour les militaires, le kilt est un vêtement lourd de sept à huit mètres de laine, chaud, aux trames caractéristiques d’un clan (ou famille, organisation, ville, région ou pays) et qui descend jusqu'au-dessus du genou. Au Canada, un régiment militaire porte le kilt, lesBlack Watch et certains régiments historiques, entre autres les78e Fraser Highlander.
Aujourd'hui, les kilts faits d'un tissu plus léger avec de 3 à 5 mètres d'étoffe gagnent en popularité pour les randonnées, les bals (ceilidhs), et pour les spectateurs de matchs de football, de rugby ou de sports celtiques.
Le kilt moderne est plissé en plis plats ou en plis ronds[10] avec les plis cousus et le bas n'allant pas plus loin que le milieu du genou.
Le kilt est traditionnellement réservé aux hommes, bien que des femmes se soient aussi vêtues d'un kilt, ou dejupes dessinées d'après des kilts, et les femmes joueuses decornemuse portent fréquemment des kilts. Des jeunes femmes portent également des jupes plissées semblables à des kilts.
Comme toutes sortes derobes, le kilt est soumis aux caprices de lamode. Depuis lesannées 1980, des kilts sont apparus dans des matières comme lecuir, lejean, le polyviscose (mélange depolyester et deviscose) et l’acrylique. Des couleurs unies ont aussi été utilisées à la place du tartan, ainsi que des motifs camouflage, prisé surtout par les Nord-Américains.
LesIrlandais ont aussi leurs kilts, soit de couleur unie utilisés principalement dans lespipes-bands ou lors des danses, soit entartan, mais avec des tons différents de ceux de l’Écosse.
D'autres communautés celtiques aux quatre coins de la planète, particulièrement en Amérique, ont développé leur propre motif de kilt (comme la communauté celtique de Summerside à l'Île-du-Prince-Édouard,Canada), mais la plupart ont gardé le tartan de leurs ancêtres.
Depuis 2001, toujours dans cet esprit de renaissance celtique, le kilt a fait naturellement son apparition enBretagne comme vêtement interceltique comme le précise son inventeur Richard Duclos, mais comme le dit M. Duclos lui-même, il n'a jamais été porté par des Bretons car ce n'est pas un vêtement de tradition bretonne. Son inventeur précise que, pour lui,« une tradition il faut bien que cela commence un jour ». Passionné de kilt écossais, Richard Duclos alors qu'il était revenu de vacances d'Écosse avec un kilt écossais a pris conscience qu'il portait sur lui« une carte d'identité écossaise » et, considérant qu'il n'était pas Écossais mais Breton, il s'est dit :« je veux un kilt breton », après cela il a pris ses pinceaux et son crayon et au bout de six mois le tartan national breton était né. Le porter était pour lui une façon de revendiquer sa « bretonitude », chose qu'avant il ne pouvait faire qu'avec une vareuse de pêcheur breton[11].
Il existe 18 tartans bretons dont leBrittany National[12] (National Breton) créé en. Les autres tartans sont les neuf tartans pour les pays traditionnels qui composent la Bretagne :Bro Kerne[13] (Cornouailles),Leon,Tregor,Gwened (Vannetais),Dol,Saint-Malo[14],Rennes,Nantes etSaint-Brieuc. Ont été créés ensuite leBrittany national walking[15] (tartan de chasse), leMenez Du, leSpered Menez Are (Esprit desMonts d'Arrée), leBro Vigouden, leBrittany National Grey (déclinaison moderne du tartan national breton). Un tartan breton du club kilt du pays de Lorient a été créé par Madame France Hétier et déposé auregister of tartans d'Edimbourg, en 2017[16],[17]. Créé le, le dernier né de la lignée des tartans bretons est leGroe, le tartan de l’île de Groix[18]. Il existe également un tartan « Chevalier breton »[19]. Tous les tartans bretons sont enregistrés officiellement enÉcosse.
Depuis, laNormandie dispose d'un tartan appelé « National Normandy » déposé officiellement en Écosse et qui commémore les mercenaires normands qui se sont installés sur les terres écossaises, après le couronnement deGuillaume le Conquérant. Certains d'entre eux sont à l'origine de grandes dynasties comme les Sinclair ou les Menzies.
Dans lemouvement punk il y a aussi nombre de personnes qui portent le kilt bien qu'il soit éclipsé par le pantalon écossais (trews). Il est généralement porté avec des chaussures de sécurité ou des bottes d'armée, et un t-shirt généralement simple.
En France au sein descorniches, le kilt est un vêtement emblématique des « khûbes », c'est-à-dire des redoublants de2e année[20].
Le kilt a été fortement associé à l’Écosse dans la culture populaire, si bien que certains films montrent des Écossais portant cette tenue même à des époques où le kilt n'était pas encore porté en Écosse.
Dans le filmHighlander, sortie en 1986, une partie du début du film se passe en Écosse auXVIe siècle, où tous les Écossais portent des kilts, pour montrer les origines du protagoniste, Connor MacLeod.
Dans le filmBraveheart, sortie en 1995, qui montre la rébellion deWilliam Wallace en Écosse contre les Anglais auXIIIe siècle, les Écossais sont montrés comme portant des kilts et des peintures de guerres.
Parmi les nombreux personnages déjantés qui apparaissent dans le jeu-vidéo80 jours, développé parFrogwares, des Écossais forment un club pour valoriser le port du kilt à travers le monde (la SFPK, Société des Fiers Porteurs de Kilt)[21].
Certaines personnalités du monde du spectacle ont été vues arborer un kilt pour des occasions spéciales telSean Connery. D'autres artistes écossais l'ont essayé depuis.James McAvoy qui joua dansLe Dernier Roi d'Écosse porte parfois le tartan desJohnstone (le clan de son grand-père), mais il admet que la couleur ne compte pas vraiment à ses yeux. Un autre acteur écossais,Ewan McGregor (d'illustre lignage), s'est aussi affiché en public avec les couleurs deson clan. D'autres acteurs écossais telBilly Boyd l'ont porté lors de la sortie duSeigneur des Anneaux ou encoreSam Heughan à différentes occasions accompagnant ou non la sortie de la série à succèsOutlander.David Tennant etGraham McTavish l'ont aussi porté.
Gary Sheffield,La Première Guerre mondiale en 100 objets : ces objets qui ont écrit l'histoire de la grande guerre, Paris, Elcy éditions,, 256 p.(ISBN978 2 753 20832 2),p. 154-157