Cet article concerne la région culturelle et historique. Pour la province ouzbeke, voirProvince de Khorezm. Pour les autres significations, voirKhwarezm (homonymie).
Certains des chercheurs pensent que le Khwarezm est ce que les anciens textesavestiques appellentAiryanem Vaejah (Airyanəm Vaēǰah ; plus tarden moyen-perseĒrān-wēz)[4]. Ces sources affirment queKounia-Ourguentch, la capitale de l'ancien Khwarezm, est en fait Ourva, la huitième terre d'Ahura Mazda mentionnée dans le textePahlavi deVendidad[5]. Cependant,Michael Witzel, un chercheur en histoireindo-européenne ancienne, pense qu'Airyanem Vaejah se trouve dans ce qui est aujourd'hui l'Afghanistan, dont les régions du nord font partie de l'ancien Khwarezm et duGrand Khorasan[6]. L'hypothèse ne fait pas consensus. L'historien de l'Université d'Hawaï,Elton L. Daniel(en), pense que Khwarezm est bien « le lieu le plus probable » correspondant à la maison d'origine du peupleavestique[7].
Comme laSogdiane, le peuplement de Khwarezm est le fruit de l'expansion de lacivilisation de l'Oxus pendant l'âge du bronze, qui fusionne avec les Indo-Iraniens lors de leurs migrations vers 1000 av. J.-C. Les premiers États de l'âge du fer sont nés de cet échange culturel[8].
Entre -1850 et -1500, apparaît, dans les basses vallées de l'Amou-Daria et duZeravchan, la culture dite deTazabaqyab(en). Elle semble correspondre à une population indo-iranienne, peut-être issue de laculture d'Andronovo, autochtone duKazakhstan, qui se serait fixée dans cette zone pour pratiquer une agriculture sédentaire, aux côtés d'autres populations déjà implantées dans lesoasis de la région.
L'Empire achéménide prend le contrôle de Khwarezm à l'époque du roiDarius Ier (522-486 av. J.-C.)[9],[10]. Et le poètepersanFerdowsi mentionne en abondance des villes persanes commeAfrasiab etChach dans sonLivre des Rois. Le contact avec l'Empire achéménide a une grande influence sur la culture matérielle de Khwarezm, inaugurant une période de riche développement économique et culturel[9].
SousShapur Ier, l'empire sassanide s'étend jusqu'au Khwarezm[15].Yaqut al-Hamawi confirme que Khwarzem est une capitale régionale de l'empire sassanide. Des sources telles qu'Al-Biruni etIbn Khordadbeh et d'autres font clairement référence au Khwarezm comme faisant partie de l'empire iranien (perse)[16]. Sous le règne deKhosrow II, de vastes zones du Khwarezm sont conquises[17].
Pendant une brève période, la région passe sous suzerainetéSamanides, avant de devenir sujet deMahmud de Ghazni en 1017. À partir de ce moment, les invasions turco-mongoles et le long règne des dynasties turco-mongoles supplantent le caractèreiranien de la région[19] bien que le titre de Khwarezm-Shah se maintienne jusqu'auXIIIe siècle[19].
La date de la fondation de la dynastie Khwarezmien reste controversée. Lors d'une révolte en 1017, les rebelles khwarezmiens assassinentAbu'l-Abbas Ma'mun et son épouse,Hurra-ji, sœur du sultanGhaznavidMahmud[20]. En réponse, Mahmud envahit et occupe la région du Khwarezm, qui comprend Nasa et leribat deFarawa[20]. En conséquence, le Khwarezm devient une province de l'empire Ghaznévide de 1017 à 1034. En 1077, le gouvernement de la province, qui appartient depuis 1042/1043 auxSeldjoukides, tombe aux mains d'Anush Tigin Gharchai, un ancien esclaveturc du sultan seldjoukide. En 1141, le sultan seldjoukideAhmed Sanjar est vaincu par lesQara Khitai à labataille de Qatwan, et le petit-fils d'Anush Tigin,Ala ad-Din Atsiz, devient vassal deYelü Dashi desQara Khitan[21].
Le sultan Ahmed Sanjar est mort en 1156, peu après la montée sur le trône d'Il-Arslan dont le règne est marqué par des tensions avec lesKara-Khitans et une rivalité pour le contrôle des tribus turques. À sa mort, son filsAla ad-Din Tekish finit par consolider le pouvoir en élargissant les frontières du Khwarezm à travers des campagnes militaires efficaces, notamment contre les sultans deGhur et le dernier sultanseldjoukide,Toghrul III[22]. En 1200, Tekish meurt et est remplacé par son fils,Ala ad-Din Muhammad, qui lance un conflit avec lesGhurides[23]. Il étend le territoire à son plus important niveau en 1215.
En 1219, Gengis Khan mèneune campagne dévastatrice qui détruit l’État khwarezmien, marquant la fin de son indépendance[22].
Lors de son voyage en Asie centrale en 1334Ibn Baṭṭûṭa[24] se rend à Khuwârizm, ville qu’il décrit comme « la plus grande ville turque, la plus importante, la plus belle et la plus imposante ». La ville est gouvernée par le sultanUzbak, de laHorde d'or, représenté par le grand émir Quṭlûdumûr. L’auteur décrit une ville qui a beaucoup d’affluence et on le voit par la mention qu’il fait d'unezâwiya, située à l'extérieur de Khuwârizm, où sont nourris les voyageurs. Son récit montre une ville rythmée par les ritesreligieuxmusulmans.
En 1360, une dynastie mineure indépendante des Turcs, les Ṣūfīs, apparait à Ḵwarazm, mais Solaymān Ṣūfī est écrasé parTamerlan en 1388. Le contrôle de la région est disputé par les Timourides et la Horde d'Or, mais en 1511, il passe à une nouvelle dynastie locale ouzbèke duKhanat de Khiva[25].
Le khanat de Khiva est le nom du Khwarezm adopté dans la tradition historique russe pendant la période de son existence (1512-1920). Dans les sources russes, le terme Khiva Khanat a commencé à être utilisé à partir duXVIIIe siècle[26].
Pendant la majeure partie de son histoire, jusqu'à la conquête mongole, les habitants de la région sont d'origine iranienne[27] et parlent unelangue iranienne orientale appeléeKhwarezmien[28]. La langue khwarezmienne survit pendant plusieurs siècles après l'arrivée de l'Islam jusqu'à la turquification de la région[2].
↑C.E. Bosworth,History of Civilizations of Central Asia, Vol. IV: The Age of Achievement: AD 750 to the End of the Fifteenth Century, Part One: The Historical, Social and Economic Setting, edited by M. S. Asimov and C. E. Bosworth. Multiple History Series. Paris: UNESCO Publishing, 1998.
↑MacKenzie, D. N. "Khwarazmian Language and Literature," in E. Yarshater ed. Cambridge History of Iran, Vol. III, Part 2, Cambridge 1983, pp. 1244–1249