Khalifa Haftar est issu de la tribu des Ferjany, dont le fief est la ville deSyrte, ville natale du colonelMouammar Kadhafi[3].
En 1963, Khalifa Haftar entre à l'académie militaire royale deBenghazi, où il fait la connaissance du colonel Kadhafi. Adhérant auMouvement des officiers libres, il participe avec lui et d'autres camarades au coup d'État du contre le régime du roiIdrisIer. À ce titre, il neutralise labase aérienne américaine Wheelus, située non loin deTripoli, qui est alors un pilier de la présence desÉtats-Unis en Méditerranée. Elle sera finalement prise sans qu'un coup de feu ne soit tiré[4].
Il affirmea posteriori avoir cependant pris rapidement ses distances avec Mouammar Kadhafi, dont il juge le comportement trop autoritaire. En 1973, ce dernier l'envoie comme négociateur auprès du présidentAnouar el-Sadate pour préparer la participation libyenne à laguerre du Kippour, contre Israël. Lors de ce conflit, il commande une unité de chars qui franchit laligne Bar-Lev, chaîne de fortifications construite par l'État hébreu le long ducanal de Suez[4]. Il reçoit la médaille du Sinaï[5].
En 1978, puis en 1983, il est envoyé àMoscou pour suivre la formation de l'école de l'état-major soviétique[4],[6].
Il demande finalement à rencontrer Hissane Habré et lui déclare qu'il est désormais opposé à Khadafi, ce qui lui permet d’être libéré avec la majorité des autres prisonniers. Soutenu par les États-Unis, il devient à la fin des années 1980 le chef de la « Force Haftar » basée au Tchad. Constituée des quelque 2 000 Libyens capturés avec leur chef, ce groupe équipé par Washington était destiné à envahir la Libye pour renverser Kadhafi. Mais la Force Haftar dut être exfiltrée en urgence en 1990, à l'arrivée au pouvoir à N'Djamena d'Idriss Déby. Le nouvel homme fort tchadien était soumis à de fortes pressions de Kadhafi pour livrer le général. Par ailleurs, la fin de la guerre froide rebat les cartes diplomatiques, la France souhaitant développer ses relations avec la Libye et ne mettant plus à l'ordre du jour le renversement de Kadhafi[4].
Les États-Unis organisèrent un pont aérien, avec escales au Nigeria et auZaïre pour ses hommes ; il s'exila aux États-Unis, atterrissant à Washington le[7]. Les anciens soldats libyens bénéficient alors d'un programme destiné aux réfugiés (cours d'anglais, formation professionnelle et aide médicale) et sont répartis dans plusieurs États du pays. Khalifa Haftar s'installe àVienna, près deLangley, le siège de laCIA[8]. Répondant à une interview en, il confirme que les anciens combattants libyens reçoivent un entraînement militaire régulier. En 1995, il publie un fascicule :Le changement en Libye, une vision politique du changement par la force[4].
Il s'active, se déplaçant àGenève,Madrid ou encoreSofia, pour préparer un nouveau coup d'État contre Kadhafi[9]. Celui-ci doit avoir lieu le mais finalement, une vague d'arrestations lancée une semaine avant l'opération compromet le projet. Certains des conjurés sont exécutés ; deux des frères de Khalifa Haftar sont condamnés à 15 et 20 ans de prison[4].
En 2011, il retourne en Libye pour soutenir l'insurrection. Le, un porte parole de l'armée annonce qu'il a pris le commandement de l'armée rebelle. Il participe à labataille du golfe de Syrte et à latroisième bataille de Brega. ÀBenghazi, il est l'un des chefs militaires duConseil national de transition (CNT), avec le généralAbdelfattah Younès (assassiné en 2011). Après la chute de Kadhafi, il est nommé le chef de l'état-major de l'armée, provoquant la colère des islamistes, qui le considèrent comme « l'homme des Américains ». Ce titre est cependant officieux[10]. Il se retire finalement dans sa maison de Benghazi[4].
De 2011 à 2013, il réside enVirginie, aux États-Unis[1].
En 2014, l'État n'étant pas arrivé à unifier les nombreux groupes armés, qui refusent de se placer sous l'autorité de l'armée régulière, il fonde sa propre force armée. Il reproche aux étrangers de venir s'enrichir en Libye puis repartir et critique l'inaction du gouvernement concernant l'insécurité. Initialement présenté comme un« général de pacotille » par les médias, il gagne en crédibilité en unifiant une partie de l'armée et des tribus contre les islamistes d'Al-Qaida. Dans sa conquête du pouvoir, il a le soutien des fédéralistes duConseil de la Cyrénaïque(ar) (dirigés par Ibrahim Jebran et basés àTobrouk), des forces spéciales de la région orientale, d'unités de l'armée de l'air et de certaines milices[8],[4].
Il annonce le une initiative qui prévoit le gel duCongrès général (le Parlement), du gouvernement et de la constitution provisoire. Il affirme qu'il ne s'agit pas d'un coup d'État ce que confirment les autorités libyennes. Le, la milice paramilitaire qu'il dirige attaque le Parlement. Il mène parallèlement une offensive contre des islamistes de Benghazi, qu'il qualifie de « terroristes »[11]. Le, il est nommé commandant en chef de l'Armée nationale libyenne[12]. Le pays est alors divisé entre l'Ouest, aux mains de la coalition islamisteFajr Libya, et l'Est (dontBenghazi), dirigé par le général Haftar[13]. En dépit de son refus d'appliquer lacharia dans sa gouvernance, le général Haftar reçoit l'appui desalafistesmadkhalistes, qui constituent même« ses plus fervents soutiens militaires », selonFrederic Wehrey(en), spécialiste de la Libye à laFondation Carnegie pour la paix internationale[14].
En, il est promu maréchal par leParlement de Tobrouk[15]. En 2017, Haftar annonce qu'il est prêt à collaborer avec la Russie et les États-Unis pour lutter contre le terrorisme[16]. Il bénéficie également de l'appui de l'Égypte et desÉmirats arabes unis[3]. Le, il rencontreFayez el-Sarraj àAbou Dhabi pour la première fois depuis sa nomination à la tête duConseil présidentiel[17]. Les deux protagonistes annoncent la publication prochaine d'un communiqué sur un accord[18].
Le, une réunion interlibyenne sous l'égide du gouvernement français se tient auchâteau de La Celle, en présence duprésident de la République,Emmanuel Macron, et du ministre des Affaires étrangères,Jean-Yves Le Drian ; la réunion se conclut par la signature d'un accord entreFayez el-Sarraj et le maréchal Haftar qui s'engagent à un cessez-le-feu enLibye[19]. Le, deux ans après la signature desaccords de Skhirat, le maréchal Haftar affirme que le mandat du Conseil présidentiel, reconnu par la communauté internationale, mais qu'il n'a jamais reconnu, a pris fin[20].
Considéré comme l'homme fort de l'Est libyen, il retourne fin 2017 la situation politique à son avantage, ses forces contrôlant une grande partie du pays, au détriment du gouvernement d'entente nationale. Il se présente également comme un recours pour éventuellement diriger le pays dans les années à venir[5]. Il s'entoure alors d'un cercle restreint, composé de deux de ses fils, Saddam et Khaled, qui dirigent des brigades, alors que ses autres fils Okba et Sadiq le conseillent en matière économique et diplomatique[21]. Aoun al-Ferjani est son bras droit militaire[21]. Par ailleurs, au sein du gouvernement de Tobrouk, Salim Mahmoud al-Ferjani dirige la Sûreté de l'État, Balgassem al-Ferjani la Sécurité intérieure et Ayoub al-Ferjani est chargé des investissements militaires[21]. Enfin, Fadel el-Dib est son conseiller politique[21].
Le, le maréchal Haftar lance un appel à marcher sur Tripoli[22]. Sa déclaration déclenche l'offensive sur Tripoli et l'arrivée de l'Armée nationale libyenne aux portes de la capitale[23]. Cette situation entraîne des réactions de la communauté internationale, qui appelle au calme et à éviter une guerre civile[24].
Le, Khalifa Haftar appelle à la« mobilisation générale » face à une possible intervention turque[25].
À partir de 2018, Haftar se rapproche également durégime syrien deBachar el-Assad : cette alliance est officialisée le 3 mars 2020 par la signature d'un accord portant sur la réouverture de l'ambassade libyenne à Damas[26].
Le 27 avril 2020, il proclame le transfert du pouvoir du gouvernement de l'Est à son armée[27].
En juillet 2022, Khalifa Haftar a été condamné par un tribunal fédéral américain à dédommager des ressortissants libyens l’accusant de tortures et d’exécutions extrajudiciaires[29].
En avril, le fils de Haftar (Saddam Haftar) part en Turquie pour une réconciliation, la Turquie avait longtemps soutenu le gouvernement d’union nationale mais à présent elle est en bonne entente après plusieurs années de conflit avec le gouvernement d’Haftar[31].
En juin 2025, les forces de l'Est libyen, sous l'autorité de Khalifa Haftar, ont bloqué la progression de la caravane humanitaire "Al Soumoud", qui tentait de rejoindre le poste-frontière de Rafah afin de soutenir la population de Gaza. Les autorités de l'Est ont interrompu l'accès à la ville de Syrte, coupé les réseaux de communication (téléphone et internet) et interdit la livraison de nourriture, d’eau et de médicaments aux quelque 1500 participants de différentes nationalités, principalement de Libye, Tunisie et Algérie. Plusieurs arrestations ont également eu lieu parmi les membres de la caravane, sans accès à une assistance juridique. Malgré des négociations impliquant des délégations tunisiennes, algériennes et mauritaniennes, les conditions de sécurité se sont dégradées sur le terrain. Les organisateurs ont dénoncé ces mesures comme des tentatives de pression visant à contraindre la caravane à renoncer à sa mission humanitaire[32].
↑« Libye : le maréchal Khalifa Haftar prêt à s'allier avec Trump et Poutine pour lutter contre le terrorisme - France 24 »,France 24,(lire en ligne, consulté le).