Kaulon Kaulonia (italien) | |
Temple de Kaulon. | |
Localisation | |
---|---|
Pays | ![]() |
Région | Calabre |
Province | Ville métropolitaine de Reggio de Calabre |
Localités | Monasterace Marina etPunta Stilo |
Type | Cité grecque |
Coordonnées | 38° 26′ 43″ nord, 16° 34′ 42″ est |
Altitude | 0 à 5 m |
Histoire | |
Date de création | VIIe siècle av. J.-C. |
Date de redécouverte | 1911 |
Découvreur | Paolo Orsi |
Responsable actuel | Dr Simonetta Bonomi |
Internet | |
Site web | Monasterace |
modifier ![]() |
Kaulon ouKaulonia (grec ancien :Καυλών) est unecité grecque de laGrande-Grèce sur le littoral de lamer Ionienne située sur le territoire deMonasterace, enville métropolitaine de Reggio de Calabre. La ville deCaulonia distante de quinze kilomètres tire son nom de cette cité grecque.
Selon une tradition locale, le nom deKaulon dériverait de celui de son mythique fondateur Kaulo, héros de laguerre de Troie et fils de l'amazone Clete, la nourrice de la reinePenthésilée[1]. Il existe pourtant d'autres versions, dont celle deStrabon, selon laquelleKaulon viendrait deaulonia ouvallonia qui signifie « profonde vallée », et celle deFrancesco de Sanctis (1817-1883) qui émet l'hypothèse que le nom de la ville dériverait en fait dekaulos qui signifie tronc d'arbre[2].
Il existe deux hypothèses relatives à la fondation de la ville de Kaulon. Selon la première, émise parStrabon etPausanias le Périégète, elle aurait été fondée par desAchéens menés par Tifone, originaire de la ville d'Aigion dans lePéloponnèse. La seconde hypothèse est plus moderne et selon celle-ci, Kaulon aurait été une colonie de la puissante cité deCrotone, au centre de laGrande-Grèce[3],[4]. Un fait important s'oppose pourtant à la dernière hypothèse, les fouilles archéologiques concordent pour dater la création de la cité auVIIe siècle av. J.-C. alors que l'influence de la cité de Crotone sur le reste deGrande-Grèce, correspondant à son apogée, date duVIe siècle av. J.-C.[5].
Entre675 et650 av. J.-C., Kaulon est conquise par la cité de Crotone pour prévenir d'éventuelles attaques de la ville deLocri Epizefiri au sud du fleuveSagra (anciennementTurbolo)[1].
Kaulon était délimitée au nord par leSagra où eut lieu auVIe siècle av. J.-C. labataille de la Sagra qui opposa la cité deCrotone, au nord de celle-ci, à la cité deLocri Epizefiri, au sud de celle-ci. Pendant cette bataille, Kaulon est alliée à la cité de Crotone et est donc défaite par Locri etRhêgion qui prennent la ville en causant un très grand nombre de morts[6].
AuIVe siècle av. J.-C., Kaulon compte 10 000 habitants et s'étend sur près de47 hectares[1].
En389 av. J.-C., la ville de Kaulon est battue par une alliance entre lesLucaniens et le tyran de SyracuseDenys l'Ancien. Une grande partie des habitants de la ville sont alors déportés en Sicile dans les villes deSyracuse etPietraperzia, tandis que le territoire de Kaulon est totalement cédé à la cité voisine deLocri Epizefiri. La ville est ensuite recréée parDenys le Jeune, fils deDenys l'Ancien, mais elle est prise parHannibal Barca pendant ladeuxième guerre punique. Elle devient définitivement unecolonie romaine en205 av. J.-C. après que le consul Quinto Fabio Massimo l'a conquise[7].
Des sources littéraires d'origine grecque affirment que la cité de Kaulon possédait un port à doubles accostages à l'embouchure de lafiumara d'Assi et qu'elle était une cité pratiquant le commerce de bois[7]. De plus, elle était riche en matières premières, dont la pierre, le magnésium, le sel, l'or et le plomb. Elle aurait également été un centre pour la production manufacturée en métal et en terre cuite[8].
SelonStrabon, la ville est progressivement abandonnée à partir de277 av. J.-C. et jusqu'auIer siècle à cause d'incursions barbares et la population se transfère enSicile où elle fonde une seconde Kaulon[9].
Pendant l'époque romaine, Kaulon apparait comme étape sur l’Itinerarium Maritimum, qui fait partie de l'Itinéraire d'Antonin, sous le nom deStilida[1].
La cité de Kaulon était entourée de murailles dont certaines parties sont encore visibles. Dans le centre urbain de la ville grecque ont été retrouvées les bases et les fondations d'untemple dorique datant de450 av. J.-C. de 6 colonnes en largeur et 14 colonnes en longueur et qui s'étend sur une aire de 41,20 × 18,20 mètres. La toiture de cet édifice se composait de tuiles enmarbre de Paros originaire desCyclades[10].
Les murailles de la ville, dont on a retrouvé des tours à base rectangulaire et des portes, correspondent à quatre phases distinctes : la première va duVIIe siècle av. J.-C. auVIe siècle av. J.-C., la seconde date de la fin duVIe siècle av. J.-C., la troisième duVe siècle av. J.-C. et la quatrième duIVe siècle av. J.-C. auIIIe siècle av. J.-C.[10].
Une partie de la cité de Kaulon est aujourd'hui située sous lamer Ionienne. En 1982, pendant une expédition sur les fonds marins de la commune deMonasterace on individualisa des colonnes grecques à 50 mètres de profondeur[10].
Au sud-ouest de la cité, à 200 mètres des murailles, se trouve le sanctuaire grec de la Passoliera qui a été découvert par Paolo Orsi. De nombreux vestiges y ont été trouvés, dont des tessons de terre cuite de la fin duVIe siècle av. J.-C. au milieu duVe siècle av. J.-C., et qui se trouvent aujourd'hui aumusée national de la Grande-Grèce deReggio de Calabre. On y trouve aussi de la céramique duVIIIe siècle av. J.-C., quelque temps avant la création de la cité par lesAchéens, ce qui laisse supposer une occupation archaïque des lieux. De plus, sur la colline du Phare àPunta Stilo, à quelques centaines de mètres du site archéologique actuel, les vestiges d'un temple archaïque ont été découverts, bien que celui-ci a laissé très peu de traces[10].
Toujours sur le territoire deMonasterace, au lieu-dit deFontanelle, ont été retrouvés les vestiges d'une villa romaine datant duIer siècle av. J.-C. auIVe siècle. À 8 kilomètres du site de Kaulon, dans la commune deCamini au lieu-ditJeritano, une tombe grecque datant de350 av. J.-C. a été individualisée. Elle est aujourd'hui conservée aumusée national de la Grande-Grèce. La zone de sa découverte àCamini est aujourd'hui considérée comme une des nécropoles de Kaulon[10].
Les premières fouilles du site sont effectuées de1911 à1913 par l'archéologuePaolo Orsi, qui avait découvert Kaulon et qui était à l'époque le Directeur de la Surintendance des Biens Archéologiques de Calabre et également le cofondateur dumusée national de la Grande-Grèce[11].
La structure de la ville grecque laissait supposer l'existence d'un centre urbain principal, entouré de murailles et situé au niveau de la mer. À l'intérieur du centre se trouvait untemple dorique dont il est aujourd'hui possible de voir les fondations[12].
Selon les études effectuées par des archéologues dont Orsi, la construction de ce temple aurait été dirigée par des maîtres deSyracuse. En effet, lecalcaire utilisé était en grande partie originaire de la Sicile. L'aire se trouvant devant le temple, aujourd'hui recouverte par l'avancée de lamer Ionienne, était occupée par le centre habité, ce qui est prouvé par les vestiges grecs qui y ont été retrouvés et qui témoignent de la lente érosion de la côte[12].
Les fouilles plus récentes menées depuis 1999 par l’École normale supérieure de l'Université de Pise ont permis de mettre au jour une bonne partie des sanctuaires urbains de Kaulon auxquels appartient le temple dorique. De nombreux autres édifices de grandes et petites dimensions ont été découverts ou individualisés grâce à l'étude systématique des matériaux architecturaux retrouvés. Ces découvertes ont permis de mieux comprendre la vie de ce sanctuaire depuis sa création au milieu duVIIe siècle av. J.-C. jusqu'à la première décennie duIIIe siècle av. J.-C. Des études plus modernes permettent maintenant de savoir que le temple n'a pas été construit avec du matériel de Sicile mais avec des pierres d'extraction locale[13].
Un deuxième centre de grande importance de la cité de Kaulon était situé sur le mont Tersinale. On y trouve de nombreusesfavissæ, des restes defrontons ornés de têtes de lions ainsi que desacrotères provenant des différentes phases de construction d'un petit temple[12].
Les vestiges archéologiques découverts sur les lieux sont pour la plupart exposées aumusée national de la Grande-Grèce deReggio de Calabre. Un musée archéologique est aussi ouvert dans la commune même deMonasterace, à proximité du site. Parmi les pièces maîtresses de la collection qui s'y trouve, on remarque deux mosaïques représentant des dragons et dont une couvre une aire de 25 m2, ce qui en fait la plus grande mosaïque hellénistique d'Italie du Sud[14].
Le financement de la conservation des mosaïques au musée de Monasterace se fait à travers des donations et du mécénat, le principal étant celui d'un groupe d'étudiants de l'Institut Amerigo Vespucci deVibo Valentia qui restaurent la mosaïque principale à eux seuls après avoir fait un don de 5 000 euros[15].
En décembre 2013, les vestiges de la casemate et une partie des ruines de Kaulon situées sur le littoral ont été abimés par le mauvais temps et la mer agitée qui a inondé les terres les plus proches, qui ne possédait alors aucune protection contre les intempéries. La Surintendance des Biens Archéologiques de Calabre et la commune deMonasterace ont alors fait une demande de financement pour un parc archéologique d'une valeur d'un million et demi d'euros qui reste encore aujourd'hui, en 2015, sans réponse. Laprovince de Reggio de Calabre fait alors savoir son intention de donner 2,5 millions d'euros pour la construction de sécurités et de protections autour du site archéologique[16].
Le 2 février 2014, leministère des Biens et Activités culturels et du Tourisme annonce un financement de 300 000 euros à la Surintendance des Biens Archéologiques de Calabre pour une intervention urgente de mise en sûreté du site avec la construction de murs de protection contre l'avancée de lamer Ionienne[17].
En 2010 a été effectuée une exposition auprès de l'université de Florence nomméeSpigolando tra gli archivi qui était accompagnée d'un court-métrage sur Kaulon :A scuola di archeologia seguendo le orme di Paolo Orsi a Caulonia (« L'école d'archéologie selon Paolo Orsi à Kaulon »). De décembre 2013 à mars 2014 a lieu une exposition entièrement consacrée à Kaulon :Kaulon, la cité de l'amazone Clete àFlorence auprès du Musée National d'Archéologie deToscane[18].
Pendant l'Exposition universelle de 2015 àMilan, est montrée dans le Pavillon de l'Italie du 14 au 21 août 2015 une reconstruction virtuelle parstéréoscopie de la Maison du Dragon de Kaulon. Cette exposition virtuelle avait été réalisée par l'université de Calabre dans laprovince de Cosenza[19].
Sur les autres projets Wikimedia :
Archéologie de laGrande-Grèce Vestiges de la Grèce classique en Sicile et Italie du Sud | ||
---|---|---|
Sicile | ![]() | |
Calabre | ||
Italie du Sud |