Née àGlen Ellyn (près deChicago, aux États-Unis), Katherine Dunham est la seconde enfant de Fanny June Williams Taylor Dunham et son second époux d'Albert Millard Dunham. Sa mère, Fanny Dunham a reçu une formation musicale et occupe le poste de principale d'un établissement d'enseignement secondaire de la banlieue de Chicago ; elle est d'originefranco-canadienne,amérindienne et probablement africaine, la couleur de sa peau la fait souvent passer pour uneBlanche. Son père, Albert Dunham, un Afro-Américain né d'un père d'ascendancemalgache et d'une mère originaire de l'Afrique de l'Ouest, il exerce le métier detailleur et deteinturier tout en poursuivant une carrière de guitariste de jazz. Fanny Dunham décède des suites d'uncancer de l'estomac alors que la jeune Katherine est âgée de trois ans et demi[1],[2],[3],[4],[5],[6],[7],[8],[9].
Une prime enfance brinquebalée dans une famille d'artistes
Après le décès de son épouse en 1913, Albert Dunham qui gagne sa vie en tant représentant itinérant n'est pas en mesure d'assurer l'éducation de ses enfants, aussi les confie-t-il à sa sœur Lulu Dunham, uneesthéticienne, qui habite dans le quartier duSouthside de Chicago connu pour être unghetto noir. Pendant son séjour chez sa tante Lulu, Katherine Dunham fait la connaissance d'autres parents comme sa tante Clara Dunham, son oncle Arthur Dunham qui sont des acteurs qui à l'époque mettent la dernière touche à un spectacle musicalMinnehaha d'après le poème deHenry Wadsworth Longfellow,Le Chant de Hiawatha. Katherine Dunham assiste aux répétitions qui se tiennent auMonogram Theatre, elle est fascinée par les danses et les costumes. Pendant la durée du spectacle, Katherine Dunham et son frère aîné, Albert Dunham Jr. sont confiés à leur cousine Irène Dunham. Cette dernière leur fait découvrir les célébrités afro-américaines descomédies musicales commeEthel Waters,Bessie Smith,John W. Bubbles(en),J. Rosamond Johnson[10],[11],[12],[4].
En1914, Albert Dunham.Sr s'est remarié avec Annette Poindexter Dunham, une institutrice de l'Iowa, et a mis suffisamment d'argent de côté pour acheter uneteinturerie àJoliet dans la banlieue sud-ouest deChicago, un quartier principalement occupé par desBlancs . Il peut ainsi récupérer ses enfants : Katherine Dunham et son frère aîné, Albert Dunham Jr. Annette Dunham se montre affectueuse envers Katherine et fait de sorte qu'elle puisse bénéficier de la vie la plus normale et heureuse possible, malgré le racisme ambiant[13],[14],[15],[4].
Katherine Dunham entame ses études primaires à laBeale School de Joliet, une école fréquentée essentiellement par des Blancs, où elle ne rencontre aucun racisme, nouant des amitiés aussi bien avec des Blancs qu'avec des Afro-Américains. Parallèlement, comme sa famille elle fréquente la paroisse de l'Église épiscopale méthodiste africaine à Joliet[16].
Katherine Dunham achève ses études primaires à laFarragut Elementary School à Joliet[17].
Pendant ses études secondaires, Katherine Dunham écrit un poème qui est édité par leChild Life (magazine). Ses enseignants l'encourage à prendre des cours de danse afin qu'elle puisse développer son amour de la danse et c'est ainsi qu'elle entre auTerpsichorean Club de l'établissement qui développe un style de danse fluide établi parÉmile Jaques-Dalcroze etRudolf Laban[18],[19],[20].
En 1926, Katherine Dunham est admise auJolietJunior College où elle approfondit ses connaissances littéraires. Puis en1928, elle présente sa candidature auprès de l'université de Chicago qui l'admet, rejoignant ainsi son frère aîné Albert Dunham Jr. Ce dernier l'introduit auprès du mouvement culturel dit duNew Negro Movement, connu également sous le nom de laChicago Black Renaissance(en)[21] qui fait la promotion de la production intellectuelle et artistiques des Afro-Américains fondée sur leur expérience propre. Albert Dunham Jr. fait connaître à sa sœur son ami etphilosopheAlain Locke[22], surnommé le père du mouvement de laRenaissance de Harlem[23],[24],[25].
En1928, elle suit des cours de danse auprès de Ludmilla Speranzeva, Vera Mirova, Mark Turbyfill etRuth Page[29],[30], rares professeurs de ballet classique de l'époque à accepter des afro-américains.
En1933, elle fonde une école de danse, leNegro Dance Group àChicago, dont l'existence est brève. En 1935-1936, grâce à une bourse de laJulius Rosenwald Foundation, elle se rend dans lesAntilles et lesCaraïbes pour étudier les danses traditionnelles de la région. Elle analyse notamment les liens entre ces danses traditionnelles insulaires et leurs origines africaines. Elle tire de ce voyage la matière de son mémoire de licence,Les Danses d'Haïti (paru en traduction française)[31]. Parmi les autres ouvrages qu'elle a publiés, on peut citerJourney to Accompong etIsland Possessed.
Le 27 janvier 1938, elle présente son premier ballet,L'Ag'ya, au théâtre fédéral de Chicago, inspiré d'une danse qu'elle a filmé lors de son séjour enMartinique[32].
En1939 commence sa carrière cinématographique avec un court métrage entièrement consacré à sa chorégraphie et à sa compagnie : « Carnival of Rhythm »
Son style chorégraphique est marqué par la fusion des cultures[34], ainsi qu'en témoignent des œuvres commeTropics and Le Jazz Hot (1939),Tropical Revue (1943) etCarib Song (1945)[35].
En, dans son refus de se produire dans des lieux où se pratique la ségrégation. Katherine tient un discours à un public uniquement blanc venu la voir auMemorial Auditorium (Louisville, Kentucky)(en) :
Katherine Dunham en 1963.
« It makes me very happy to know that you have liked us but tonight our hearts are very sad because this is a farewell to Louisville […] I have discovered that your management will not allow people like you to sit next to people like us. I hope that time and the unhappiness of this war for tolerance and democracy will change some of these things. Perhaps then we can return. (« Que vous nous aimiez me rend très heureuse... mais cette nuit notre cœur est très triste, parce que c'est un adieu à Louisville.... J'ai découvert que votre administration ne permet pas que des gens comme vous puissent côtoyer des gens comme nous ! J’espère que cette période de guerre malheureuse pour la tolérance et la démocratie […] changera ces choses, peut être alors, pourrons nous revenir. ») »
Elle met au point sa propre technique de mouvement, empruntant à des influences antillaises, subsahariennes, sud-américaines et afro-américaines[36] en les adaptant, technique connue sous le nom de « Katherine Dunham Technique »[37],[38],[39],[40],technique devenue labellisée, les danseurs et chorégraphes qui s'en prévalent doivent obtenir unecertification[41] délivrée par l'Institute for Dunham Technique Certification.
Militants, refusant de se produire sur les scènes pratiquant la ségrégation[42],[43], Dunham et ses amis permettront à la danse africaine d'exister hors des clichés de lacomédie musicale, tout en gardant un pied à Broadway, elle s'oriente du côté de la danse moderne[44].
Considérée comme une des pionnières de la danse afro-américaine, elle est surnommée la « Mother of Black Dance » (« Mère de la danse noire »), voire la « Matriarch of Black Dance » (« Matriarche de la danse noire ») ou encore « Matriarch and queen mother of black dance »[45],[46].
Elle est l'une des professeurs du danseur et chorégraphe afro-américainAlvin Ailey, qui prend des cours à la Dunham School de New York, oùMarlon Brando etJames Dean ont également pris des cours de danse et percussions[47].
En1967, Katherine Dunham fonde lePerforming Arts Training Center(en), qui existe toujours sous le nom deKatherine Dunham Center for Arts and Humanities[48] et qui utilise l'art pour éradiquer la violence et la pauvreté urbaine.
Elle décède dans un service de fin de vie àManhattan[50],[51] leEast Saint Louis Home[52], le[53] ; ses cendres, après crémation, furent remises à des proches[54],[55],[56].