Membre duParti social-démocrate d'Allemagne (SPD) comme son pèreWilhelm Liebknecht, il se bat pour le droit des jeunes à faire partie d'organisations politiques et surtout contre le militarisme. Son livreMilitarisme et anti-militarisme lui vaut un procès et une peine de prison de 18 mois, durant laquelle il est élu député auReichstag.
Il devient militant du SPD. Il est élu en 1907 président de la Fédération internationale de la jeunesse socialiste[4]. Il publieMilitarisme et anti-militarisme, un pamphlet antimilitariste pour lequel il est condamné pourhaute trahison. Encore emprisonné, il est élu député à la Chambre des représentants de Prusse. Il est député SPD auReichstag à partir de 1912[5].
En octobre 1912, il épouseSophie Ryss (1884–1964)[6]. Julia, sa première épouse qui lui a donné trois enfants est morte l'année précédente[7].
À la veille de laPremière Guerre mondiale, il participe à un rassemblement contre la guerre, organisé avec des représentants des partis socialistes belge, français et allemand àCondé-sur-l'Escaut[8],[9].
En, bien qu'opposé au vote des crédits de guerre, il vote pour par discipline de parti. En décembre1914, il est le premier député du Reichstag à voter contre ces crédits de guerre, passant outre à la consigne de son groupe parlementaire[2].
« En élevant une protestation contre la guerre, ses responsables et ceux qui la mènent, contre la politique générale qui l'a provoquée, contre les plans d'annexion, contre la violation de la neutralité de la Belgique, contre la dictature militaire, contre l'oubli des devoirs politiques et sociaux dont les classes dirigeantes se rendent coupables aussi et surtout maintenant, nous refusons les crédits demandés. »
L'année suivante, il entraîne dans le refus le députéOtto Rühle, puis plus tard une vingtaine de députés socialistes.
Au début de l'année1915, il fonde, avecRosa Luxemburg, laLigue spartakiste, qui devient en 1917 une tendance autonome de l'USPD après l'exclusion des pacifistes par le SPD. Liebknecht milite tout au long de la Première Guerre mondiale en expliquant qu'il ne faut pas combattre les prolétaires d'autres pays, mais les bourgeois de son propre pays. Un tract distribué au mois de porte un slogan dont il est l'auteur :« L'ennemi est dans notre propre pays »[11]. Mobilisé, il refuse de se servir d'une arme. Lors du rassemblement du, appelé par lesspartakistes, il prononce à nouveau un discours contre la guerre[12], est arrêté, accusé de haute trahison et emprisonné.
Libéré en, il est un acteur majeur de larévolution allemande de novembre 1918 : le à 16 heures, il proclame la « république socialiste libre d'Allemagne », d'un balcon duchâteau de Berlin (conservé depuis et incorporé à la façade duStaatsratsgebäude) ; il est cependant pris de vitesse par le social-démocratePhilipp Scheidemann, qui proclame la République allemande (future« république de Weimar ») deux heures plus tôt. LaLigue spartakiste, conduite notamment par Liebknecht et Rosa Luxemburg, réclame un régime où le pouvoir serait détenu par lesconseils ouvriers. Mais les spartakistes sont désavoués par ceux-là mêmes à qui ils veulent donner le pouvoir : le 16 décembre, le Congrès national desConseils d'ouvriers et de soldats, seul pouvoir légitime aux yeux des spartakistes, se réunit et décide qu'il ne lui appartient pas de décider du sort de l'Allemagne, et que cette tâche devra être confiée à une assemblée constituante élue au suffrage universel. Dans la nuit du au, la Ligue spartakiste, qui s'est séparée peu avant de l'USPD, se réunit avec d'autres groupes : les révolutionnaires se constituent enParti communiste d'Allemagne (KPD), qui entend boycotter lesélections du 19 janvier et faire de l'Allemagne une« république des conseils »[13] (Liebknecht était cependant défavorable à ce boycott).
Dans les premiers jours de janvier, le limogeage dupréfet de police de BerlinEmil Eichhorn, membre de l'aile gauche de l'USPD, provoque une manifestation massive de l'USPD et du KPD. Des manifestants en arme occupent les locaux de plusieurs journaux, et le bruit court que des régiments berlinois et des garnisons extérieures se sont soulevés. L'information est fausse mais elle détermine Karl Liebknecht à appeler à l'insurrection pour maintenir l'occupation des journaux, inciter les ouvriers berlinois à la grève et faire tomber le gouvernement. Malgré les protestations de plusieurs membres du comité central du KPD et notammentRosa Luxemburg qui juge l'action dangereuse, l'option de Liebknecht est approuvée, déclenchant la « révolte spartakiste »[14]. L'insurrection, lancée sans plan précis, est un échec ;Gustav Noske, un des dirigeants duSPD, reçoit les pleins pouvoirs duprésident Ebert pour mener la répression, et s'appuie pour cela sur lescorps francs. Le, Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg, arrêtés chacun de leur côté, sont tous deux roués de coups puis assassinés par les militaires qui étaient censés les conduire en prison.
« Je ne puis tout préciser, je ne puis que me hasarder ; je ne puis pas récolter mais seulement semer et fuir ; je ne puis souffrir l'heure de Midi : une aurore, un couchant, que telle soit ma journée ! » (D'une lettre antérieure auxLettres du front et de la geôle[15])
La vie de Karl Liebknecht a fait l'objet d'un film en deux parties (sorties en1965 et1972), intituléKarl Liebknecht (titres originaux :Solange Leben in mir ist (première partie) etTrotz alledem ! (seconde partie)), réalisé parGünter Reisch.
De 1949 à 1974, le souvenir de Karl Liebknecht est entretenu par l'administration postale de laRDA. Dès1949, la poste de la zone d'occupation soviétique édite un timbreIn Memoriam du. Il y est associé à la figure deRosa Luxemburg, comme lors des émissions postérieures réalisées enRDA qui se chiffrent à cinq :
en 1959, dans une série de deux valeursin memoriam 15.1.1919, l'une d'elles le représente, l'autre timbre présentant Rosa Luxemburg ;
en 1966, dans un bloc de deux timbres pour l'anniversaire de la conférence fondatrice du groupespartakiste de 1916 (Reichskonferenz der Spartakusgruppe), il figure sur l'un en médaillon à côté de Rosa Luxemburg, l'autre timbre reproduisant le Manifeste spartakiste ;
en 1967, dans une série de trois valeurs émise pour le cinquantenaire de la révolution de en Russie (50.Jahrestag der Novemberrevolution), il est de nouveau associé à Rosa Luxemburg, les deux autres vignettes célébrantLénine et la création du journalDie Rote Fahne (Le Drapeau rouge) ;
en 1971, une série de deux timbres en paire émise à l'occasion du centième anniversaire de la naissance de Rosa Luxemburg rappelle son souvenir ainsi que celui de Rosa Luxemburg.
↑CécileDenis,Continuités et divergences dans la presse clandestine de résistants allemands et autrichiens en France pendant la Seconde Guerre mondiale : KPD, KPÖ, Revolutionäre Kommunisten et trotskystes, (thèse de doctorat réalisée sous la direction d’Hélène Camarade, soutenue publiquement le 10 décembre 2018 à l’université Bordeaux-Montaigne)(présentation en ligne)
↑Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht,À bas la guerre ! À bas le gouvernement ! Le procès Liebknecht,Éditions de l'Épervier, 2010.
↑Serge Berstein, Pierre Milza,L'Allemagne de 1870 à nos jours, Armand Colin, 2010, p. 70-71.
↑Alfred Döblin,Novembre 1918. Une révolution allemande : Karl & Rosa, traduit de l'allemand par Mayvonne Litaize et Yasmin Hoffmann, Agone, 2008,(ISBN978-2-7489-0079-8)