Le nom de la ville est un demicalque caractéristique du Nord russe lorsque le nom du substrat finno-baltique n'est repris que pour moitié, l'autre moitié du nom étant d'origine russe. La deuxième partie du mot Kargopol signifiechamp en russe (pole - поле). La signification de la première partie, le motkargo, varie selon les versions :kargo dans les dialectes du nord signifiecorbeau. Encarélien par contre,karhupeldo signifiedu côté des ours. Le tout signifie donc soitchamp du corbeau, soitdu côté des ours.
Selon les archéologues, les plus anciennes colonies humaines de la région remontent au quatrième millénaire avant notre ère, à la périodenéolithique. Plus de 50 sites anciens ont été retrouvés qui sont toujours localisés à proximité des lacs ou sur les berges de rivières. Les colonies humaines étaient constituées de petits groupes qui ne dépassaient pas 25-30 personnes. Leur activité était principalement la pêche et la chasse aux oiseaux aquatiques. La proximité dulac Latcha et de l'Onega rendait le site attrayant pour ce type de population. À l'arrivée des Novgorodiens, qui sont les premiers colons russes de la région, à l'est dulac Ladoga et dulac Onega, le territoire de Kargopol est habité par des tribusfinno-ougriennes. Le souvenir de ces tribus est conservé dans les noms de rivières, de lacs :Tikhmanga, Oukhta, Lovzanga, Pilegma, Lekchma et d'autres encore[2].
AuXVIe siècle, Kargopol devient une ville commerciale importante. Une nouvelle prison y est érigée. En 1506, le grand-princeIvan III transmet la propriété de Kargopol à son fils Vassili par testament. En1539, la ville reçoit de larges droits à l'autonomie, notamment en matière de justice pénale. Par la ville de Kargopol passe le commerce de sel et de poisson avec lesPomors. Des chartes royales donnent à la ville des privilèges en matière de commerce du sel, tandis que les habitants des villes deVologda et deBelozersk n'ont pas le droit de se rendre à laMer Blanche et doivent acheter leur sel à Kargopol. Outre le sel, les marchands de Kargopol interviennent dans les transactions sur le bois, la fourrure, le minerais de fer. Les environs de la ville étaient riches en minerais de fer, en bois et en fourrure.
En 1612, lors de laguerre russo-polonaise), la ville repousse les attaques des Lituaniens et des Polonais et en1614 elle résiste à un siège mené par lescosaques.
En 1648, à l'époque du soulèvement de Moscou une révolte populaire débute contre la collecte des taxes pour l'année 1647 dont le taux avait triplé[5].
Vue aérienne des églises de Kargopol sur la place de la cathédrale
En 1765, se produit un terrible incendie (il y en eut d'autres en 1515, 1552, 1612, 1615, 1619, 1679, 1737), qui détruit la plupart des résidences et des constructions artisanales et commerciales. Neuf églises sont également gravement endommagées parmi lesquelles lacathédrale de la Nativité-du-Christ. Commencée en 1552, placée au centre de la ville le long du fleuve Onega, c'est une des principales églises de la ville. Après l'incendie, les rues sont reconstruites selon un plan géométrique régulier et c'est pour cette raison que c'est l'une des premières villes russes à avoir conservé un tel plan jusqu'à ce jour. Lors de la reconstruction des maisons, interdiction est donnée de construire à proximité des églises d'une part pour des raisons de sécurité par rapport au feu et d'autre part pour des raisons esthétiques de sauvegarde de la vue des façades des églises[6].
En 1785, le gouverneur d'Olonets, le poète et homme politique russeGavrila Derjavine, découvre un manuscrit dans un des monastères de Kargopol. Ce manuscrit renseigne que le prince deBelozersk a battu lesTchoudes, puis a trouvé ) Kargopol un endroit où se reposer, y installer son camp et construire une prison. La date probable de cet événement est l'année 1146.
Une fois que la Russie eut retrouvé l'accès à lamer Baltique et après la fondation deSaint-Pétersbourg, Kargopol déclina progressivement. Les habitants de Kargopol furent encore actifs dans l'exploration de la Russie d'Asie.Alexandre Baranov, le premier gouverneur de l'Amérique russe (Alaska), y est né.
À cette époque, la ville possède un hôpital de 45 lits, un hospice pour 30 personnes; un orphelinat avec atelier pédagogique de menuiserie et de reliure de livres pour les garçons.
Dans le domaine de l'éducation, il existe une école paroissiale pour garçons, fondée en 1809, où étudient une cinquantaine d'élèves. Également une école pour garçons d'une centaine d'élèves et une école paroissiale pour les filles qui compte 73 élèves.Le nombre de maisons construites en pierre s'élève à l'époque à 11 et 331 maisons construites en bois.
Depuis les années 1937 et jusqu'en 1960, il a existé à Kargopol une administration du camp de prisonniers mis au travail essentiellement dans l'exploitation du bois, mais avec des activités annexes (briqueteries, meubles) . Il s'agit duCamp de travail pénitentiaire deKargopollag auquel était adjoint le camp voisin de même nature deYertsevo. En 1940, il comptait 30 000 détenus[8].Dans les années 1940, durant laGrande guerre patriotique, unaéroport a été construit à l'ouest de la ville.
Le développement économique pose un problème à la ville du fait de l'éloignement d'Arkhangelsk, du faible développement du transport routier et du chemin de fer (il n'y a pas de gare à Kargopol), du caractère peu compétitif des produits locaux. L'industrie du bois pourrait se développer, mais la faiblesse des infrastructures et l'éloignement des ports d'exportation et des marchés rend ce développement difficile[11]. Les possibilités touristiques de la ville sont riches (architecture médiévale, architecture en pierre et en bois, parc nationauxzapovednik), mais l'éloignement de Kargopol rend leur développement tout aussi difficile.
Le musée d'histoire, d'architecture et des beaux-arts de Kargopol, créé en 1919, comprend 19 monuments d'architecture religieuse en bois et en pierre, dont 17 d'importance fédérale datent desXVIe siècle-XIXe siècle parmi lesquelles :
Le monastère de l'Ascension du Christ situé 39, rue Akoupova, dans la ville de Kargopol a servi de centre administratif du camp de travail deKargopollag de 1937 à 1960.
Au centre de la ville, sur laProspekt Oktiabrski, se trouve la gare routière des autocars. De Kargopol il est possible de se rendre en autocar àNiandoma où se trouve la gare la plus proche, àPlessetsk, au village de Koniovo, à la ville d'Arkhangelsk, àSeverodvinsk.