Pour les articles homonymes, voirCohen.
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| Enfants | Olivier Cohen-Steiner(d) Jean-François Steiner Josée Steiner |
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Kadmi Cohen, né le àŁódź (Royaume de Pologne), enEmpire russe, est un écrivain français, d'origine juive qui défendra très tôt sa position pour le sionisme. Il est déporté pendant laSeconde Guerre mondiale àAuschwitz où il meurt en.
Isaac Kadmi-Cohen est né le àŁódź, enPologne (alors partie de l'Empire russe). Ses parents l'envoient enPalestine à l'époqueottomane, en1910, àTel Aviv, nouvellement créée pour étudier à l'école secondaire et pour apprendre et perfectionner sonfrançais. Eux-mêmes, fortement imprégnés des idéessionistes, émigreront enPalestine sous mandat britannique, après laPremière Guerre mondiale.
Très rapidement, Isaac Cohen se prend d'amour pour la France, et en, dès le début de laPremière Guerre mondiale, il s'engage en tant que volontaire dans laLégion étrangère pour participer à ce qu'il considère comme une « guerre de libération contre les puissances centrales ». Il prend alors le nom de Kadmi Cohen en référence àCadmos, fondateur de la ville deThèbes dans lamythologie grecque.
Démobilisé, il décide de rester en France, fait des études de droit et obtient sa licence le. Il prête serment peu après, le. Profitant de la loi sur lanaturalisation des volontaires étrangers, il acquiert lanationalité française par un décret du, et le, il est admis aubarreau de Paris. Il se marie alors avec une jeune françaisecatholique, qui se convertira aujudaïsme et en1922, avec sept autres jeunes confrères, il crée une association qui prendra quelques mois plus tard le nom deUnion des Jeunes Avocats de Paris (UJAP[1]). En1928, il est fondateur et président de l'Association des anciens combattants volontaires juifs.
Son combat principal en tant que journaliste et écrivain, va rapidement être lié au mouvementsioniste. En, il passe une thèse dephilosophie à laFaculté de droit de l'université de Paris, intitulé:Introduction à l'histoire des institutions sociales et politiques chez les Sémites, dans laquelle il soutient la différence entre lesémitisme et lenon-sémitisme sur la base de la relation avec la terre et le pouvoir. Quelques années plus tard, en1929, il publie son œuvre considérée comme la plus originaleNomades. Essai sur l’âme juive, qui développe le thème de sa thèse de doctorat. Un an plus tard, en1930, il fait paraitre l'essaiL'abomination américaine. Essai politique où il critique lematérialismeaméricain et soutient une nouvelle Europe des peuples. La même année, il publieL'État d'Israël qu'il dédie à son amiAnatole de Monzie, où il expose sa thèse dupansémitisme.
À partir de1929, il collabore de façon assidue à la revueMercure de France. Ses articles sont principalement axés sur l'antisémitisme et la question juive. Au début desannées 1930, il sympathise avec leparti sioniste révisionniste deVladimir Jabotinsky, mais est également favorable à un rapprochement entre laTroisième République et la cause sioniste: il soutient entre autres un accord entre leschrétiens maronites et la direction sioniste pour la colonisation duLiban.
À la veille de laSeconde Guerre mondiale, il se rapproche du canaanisme d'Ada Gourevich, partisan d'un projet politique pansémite au Proche-Orient, englobant Juifs et Arabes.
En1941, Kadmi Cohen est emprisonné aucamp de Royallieu, près deCompiègne. Pendant son internement, il fonde le mouvementMassada pour la renaissance du judaïsme de la Diaspora et la création d'un État juif. Le nom du mouvement rappelle l'héroïque défense des Juifs àMassada, dans le désert deJudée, contre lesRomains en73.
Relâché de Royallieu en début1942, il publie son manifeste et s'installe chez son frère qui demeure près deVichy. Avec l'aide de l'ancienjésuite Joseph Catry, il entre en contact avec André Lavagne, secrétaire privé dumaréchal Pétain, à qui il exprime ses idées. Son projet d'une émigration massive des Juifs de France vers la Palestine aurait suscité quelques sympathies chez les autoritéscollaborationnistes, mais a été fortement combattu par les institutions juives de France telles que l'Union des Juifs français à Paris et le consistoire de Lyon. Lors d'une de ses interventions auprès du Gouvernement de Vichy, il défend son idée qui, selon lui est :
« La possibilité de faire quitter la France aux Juifs avec autant d'efficacité que les Allemands, mais humainement, volontairement et en vertu d'un accord international et non plus par la violence, en wagons à bestiaux, d'une manière qui était gravement dommageable au prestige de la France à l'étranger[2]. »
Début1944, Kadmi Cohen, âgé de 52 ans, est de nouveau arrêté cette fois par laGestapo, envoyé aucamp de Drancy et déporté par le convoino 70[3], en date du au camp deGleiwitz, un des sous-camps ducamp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, où il meurt en. Il laisse derrière lui, sa femme et trois enfants (Jean-François Steiner (*1938),Josée Steiner (*1939) etOlivier Cohen-Steiner, professeur à l'Université de Paris X (1936-2019).
L'attitude équivoque de Kadmi Cohen pendant la guerre[4],[5] est remise en question plusieurs années après sa mort, lors de la publication en1966 par son filsJean-François Steiner du romanTreblinka. La révolte d'uncamp d'extermination. L'œuvre est préfacée parSimone de Beauvoir, et raconte le soulèvement armé des Juifs dans le camp d'extermination. Ce livre, qui repose en partie sur les témoignages de certains survivants, suscite de virulentes critiques polémiques dans la presse pour sa présentation antihistorique et irréaliste de la condition des Juifs prisonniers, et pour son attaque des dirigeants juifs de l'époque. L'action des leaders juifs pendant la Seconde Guerre mondiale avait déjà été mise en cause quelques années auparavant parHannah Arendt dans son livre LaBanalité du mal publié en1963 après le procès d'Adolf Eichmann.
Pour de nombreux critiques, le mariage de Jean-François Steiner avec Grit von Brauchitsch, la petite-fille duGeneralfeldmarschallWalther von Brauchitsch, ancien chef d'état-major de l'armée allemande et accusé decrime de guerre, confirme saposition existentielle semblable à celle de son père,malade de l'activismenihiliste, de la compréhension du nazisme et de la continuité de l'antisémitisme[réf. nécessaire]. Dans lesannées 1990, Jean-François Steiner fera de nouveau parler de lui en défendantMaurice Papon, accusé de collaboration sous le gouvernement de Vichy.