LesKabyles hadra ouKabyles el hadra(enarabe algérien :قبايل الحضرة,Qbayel el-Ḥaḍra) sont l'ensemble des montagnards arabophones duNord-Constantinois parlant undialecte arabe sédentaire[1]. Les Kabyles hadra d'origineberbèreSanhadja etKutama se sont par la suite arabisés[2],[3].
On les retrouve donc dans la totalité de lawilaya de Jijel, le nord de lawilaya de Mila et l'ouest de lawilaya de Skikda[4] (Collo).
L'expression était à l'origine le nom donné aux montagnards berbères arabisés du Nord-Constantinois et ayant abandonné la vie de montagne pour aller s'installer dans les plaines et dans les cités[5]. Ce nom a ensuite été élargi à l'ensemble des tribus arabophones de la région.
Dans la tradition locale, le nom par lequel on désignait les tribus arabophones du Nord-Constantinois semble avoir étéQabail El Had'ra par opposition auxQabail En-nighass ou Qabail, tribus berbérophonesdeKabylie[6]. Cet usage du termeqbayl pour nommer les montagnards est une particularité algérienne ancienne : les « Kabyles » n'étaient pas alors les seuls habitants du Djurdjura[7].
Philippe Marçais, à la suite de Slane et donc d'Ibn Khaldoun, explique :« L'emploi du pluriel arabeqabā’il (...) est fort ancien. Il remonte aux quatre premiers siècles qui suivirent la conquête musulmane de la Berbérie. Les arabes se confinaient alors aux villes[...]. À vivre en « qbaïl », en tribus sédentaires ou nomades, dans les montagnes, dans les plaines, dans les steppes, il n'y avait alors que des Berbères. Pour la première fois, l'invasion du XIe siècle « implanta » des tribus arabes dans le pays (...). » [Dans le plat-pays, explique-t-il plus loin, les deux populations fusionnèrent], (...), les montagnards sédentaires continuèrent leur existence de planteurs d'arbres et de modestes laboureurs. Ils restèrent desqbaïl. »[7].
Hadra viendrait du mot arabehadara qui veut direcivilisation ouurbanité[8] ; il aurait été aussi utilisé pour désigner les Arabes qui demeurent dans les villes du Maghreb et qui sont appelés Hadara c'est-à-dire courtisans (urbanisés)[9].
LesKabyles hadra sont d'origine cosmopolite, issus de diverses tribus Berbères comme lesKutama, lesSanhadja, lesZénètes, qui se sont par la suite arabisés[10].
La région a connu une précocearabisation, aux nombreuses formes berbères qu'on définit de« préhilalienne », à l'instar du parler desTrara et celui desJbala; dont l'arabisation survient avant l’installation des tribus arabes, elle est le résultat d'un rapport entre laMéditerranée, les chaînes littorales et les grandescités islamiques intérieures : entreConstantine et les ports deJijel etCollo pour lapetite Kabylie, qui a conduit à l'arabisation des paysans berbères[11]. Ces sociétés de montagne, offrent un trait singulier : la densité du scripturaire, la prédominance de l'arboriculture et une activité artisanale qui fit leur réputation[12].
À la suite de l'indépendance de l'Algérie en1962 et à la disparition des structurestribales au profit d'un État souverain, le pseudonyme deKabyle hadra n'est désormais plus d'usage courant, ces derniers ne se définissant que rarement ainsi ; il est davantage perçu comme faisant partie de la culture de la région.
Lors de la conquête française, les Kabyles Hadra étaient indépendants du joug turc, utilisaient la langue arabe, et habitaient principalement en clairière[13].