LeKGB (Komitet gossoudarstvennoï bezopasnosti, en alphabet cyrillique : КГБ, Комитет государственной безопасностиÉcouterⓘ), c'est-à-direComité pour la sécurité de l'État, est le principalservice de renseignement de l'URSS post-stalinienne, où il avait notamment la fonction depolice politique.
Avatar des organismes successifs de la police politique soviétique :Tchéka,GPU,NKVD, enfin MGB (ministère de la Sécurité de l'État) en 1946, le KGB est créé le et fonctionne jusqu'au. Son quartier général était situé à laLoubianka (2, placeFélix-Dzerjinski) àMoscou.
MGB (МГБ) est le sigle pourMinisterstvo Gossoudarstvennoï Bezopasnosti (Министерство Государственной Безопасности), c'est-à-dire : ministère de la sécurité de l'État. Ce ministère est confié àViktor Abakoumov.
Les deux organismes sont de nouveau séparés : le nouveau MVD détient notamment les pouvoirs de police judiciaire, tandis que le KGB nouvellement créé assume les fonctions de sécurité intérieure et extérieure — contrôlant lesTroupes frontalières soviétiques —, sous les ordres du Conseil de ministres. À sa tête se trouve un directeur.
Le, le KGB est rebaptisé« KGB de l'Union soviétique » et son directeur obtient une place auPolitburo.
Depuis sa création, le KGB fut considéré comme« l'épée et le bouclier » de larévolution bolchévique et duParti communiste de l'Union soviétique. Le KGB obtint de nombreux succès dans les premières années de son existence. La faiblesse des services de sécurité américains et britanniques d'alors offrit au KGB l'occasion de pénétrer les services de renseignement étrangers avec ses propres agents comme les « Cinq de Cambridge ». Le succès le plus important des services secrets soviétiques fut incontestablement l'obtention d'informations détaillées concernant le bâtiment où avait été construite labombe atomique (projet Manhattan), possible grâce aux agents infiltrés du KGB, telsKlaus Fuchs etTheodore Hall.
Pendant laguerre froide, le KGB chercha à contrôler, intimider voire liquider les dissidents politiques accusés de « subversion idéologique », telsAlexandre Soljenitsyne ouAndreï Sakharov. Il obtint également des succès remarquables dans l'espionnage, comme la récolte continue detechnologie occidentale par ses agents telsMelita Norwood et l'infiltration du gouvernement d'Allemagne de l'Ouest sousWilly Brandt par l'intermédiaire de laStasi. Cependant, la révélation d'opérations du KGB en cours par des défections en son sein de personnes haut placées — tellesElizabeth Bentley(en) auxÉtats-Unis etOleg Gordievsky enGrande-Bretagne — d'une part, et d'autre part l'essoufflement des vocations idéologiques après la répression de l'insurrection de Budapest en1956 et lePrintemps de Prague en1968, dont le résultat fut un déclin important des capacités opérationnelles du KGB, constitua un double revers. Néanmoins, le KGB fut renseigné par des membres des services secrets de l'Ouest commeAldrich Ames (officier de laCIA) ouRobert Hanssen (agent spécial duFBI), l'aidant à contrebalancer la perte de ses agents talentueux.
Dans les années 1980, le KGB emploie encore 700 000 personnes sur le territoire de l'Union soviétique[3], auxquels s'ajoutent près de 5 millions d'« informateurs » ou de « correspondants » dans le monde[4]. Plus de 200 000 fonctionnaires sont présents pour la surveillance des frontières[5].
Le KGB fut compromis quand son président, le généralVladimir Krioutchkov, utilisa les ressources internes du KGB pour aider la tentative deputsch de Moscou d' qui avait pour but de renverserMikhaïl Gorbatchev. Le, Krioutchkov fut arrêté et le généralVadim Bakatine(en) fut nommé à la tête du KGB avec pour mission de le dissoudre. Le KGB cessa officiellement d'exister le. Ses services furent divisés en plusieurs branches distinctes : la Sécurité intérieure (Service de sécurité intérieure de l'URSS — futurFSK, puisFSB), le Service central de renseignement de l'URSS (futurSVR) et le Service des gardes-frontières. D'autres services autonomes ont vu le jour en 1992, tel le Service de création de codes et de décryptage (FAPSI), tandis que les unités d'élite étaient confiées au ministère de l'Intérieur, leFSB se voyant retirer ses pouvoirs d'instruction. En 1995, le FSB a retrouvé ses pouvoirs d'instruction et ses unités d'élite. En 2002, lesgardes-frontières et le FAPSI sont revenus dans le giron du FSB.
Le KGB avait sa propre unité deforces spéciales « anti terroriste », le Vympel créé en 1981, repris depuis par le FSB dont voici l'écusson.
Apparemment, le domaine d'action du KGB recoupait plus ou moins les mêmes fonctions et pouvoirs que ceux exercés auxÉtats-Unis par laCentral Intelligence Agency (CIA), la division decontre-espionnage duFederal Bureau of Investigation (FBI), duFederal Protective Service et duSecret Service. Mais il n'y avait aucun contrôle de ses activités, ni de limites de ses moyens. En fait, le KGB, en tant que police politique secrète était soumis auPolitburo, et plus précisément, au secrétaire général du parti communiste de l'URSS. Cependant, le KGB ne peut pas être considéré comme un service de renseignement fonctionnant comme ses concurrentsoccidentaux (CIA,DGSE ouMI-6) étant donné sa très forte influence et ses multiples fonctions[7], son contrôle de la société soviétique et ses effectifs considérables. Le KGB tirait sa mission idéologique de ses insignes : « le bouclier pour défendre la révolution, l'épée pour écraser ses ennemis » (L'Épée et le Bouclier, 23). Ses missions attitrées étaient l'espionnage extérieur, le contre-espionnage, la liquidation des opposants politiques et des organisations contre-révolutionnaires à l'intérieur de l'Union soviétique et à l'étranger, la garde des frontières, la sécurité duParti communiste et des chefs de l'État, et les propriétés de l'État soviétique. Certains experts estiment que le KGB comptait 1,5 million de collaborateurs alors que le gouvernement soviétique affirmait que ses services secrets comptaient 480 000 employés dont 217 000 gardes-frontières[8]. Toutes les administrations soviétiques étaient sous surveillance de ce service qui les utilisait comme couverture pour ses missions. SelonEdouard Chevardnadze, environ 30 % des employés du ministère des Affaires étrangères étaient agents travaillant aussi pour le KGB[9].
Le KGB a su tisser un des plus importants réseaux internationaux d’agents capables d’infiltrer énormément de milieux, qu'ils soient intellectuels, politiques (notamment dans les partis communistes d’Europe), religieux, militaires,maçonniques, étudiants, industriels.
De nombreuses associations furent utilisées par celui-ci :
Autant de « front associations » qui permettaient parfois au KGB et alliés d'implanter ses agents à l'Ouest, mais qui étaient surtout régulièrement utilisés dans le cadre de mesures actives pour propager ladésinformation, telle l'opérationINFEKTION, concoctée par le service des « mesures actives » de la1re direction générale du KGB[10] avec parfois l'aide de journalistes comme le FrançaisAndré Ulmann.
À la différence de laCentral Intelligence Agency (CIA), il manquait au KGB un service d'analyse des renseignements, ce qui limitait considérablement sa capacité à tirer profit des très nombreux renseignements collectés. Ceci était dû au système de parti unique enURSS ;Staline, puis plus tard,Nikita Khrouchtchev, agissaient souvent comme leur propre analyste : les cadres du KGB qui avaient une opinion contraire ou différente étaient régulièrement écartés. La peur de transmettre des informations allant à l'encontre de l'opinion d'un supérieur signifiait que les renseignements technologiques et scientifiques avaient une position prédominante au KGB[réf. nécessaire].
En matière d'espionnage, le KGB se reposait beaucoup sur le renseignement humain (HUMINT) dans ses premières années, particulièrement illégal, alors que sa contrepartie occidentale, qui faisait davantage confiance à des renseignements basés sur la technologie et l'imagerie (IMINT) et le renseignement par signaux (SIGINT). Pendant la guerre froide, l'augmentation des mesures de sécurité empêcha les tentatives du KGB de reconstruire ses réseaux de renseignement humains dans leur ampleur originelle et la priorité fut alors donnée à l'espionnage électronique.
Le KGB était dirigé par un haut fonctionnaire, nommé par le Comité central duParti communiste de l'Union soviétique (PCUS) sur recommandation du Département des organes administratifs du CC du PCUS et avec un avis favorable du Politburo du CC du PCUS.
Les présidents du KGB, aprèsIouri Andropov, étaient en même temps membres du Politburo du CC du PCUS.
Le président du KGB était secondé par :
un Présidium du KGB (collège composé des principaux directeurs et des chefs de services) ;
un Comité du PCUS (ayant les droits et le statut d'un comité d'arrondissement de la ville de Moscou) ;
un Comité de la jeunesse communiste –Komsomol (avec le même statut du comité d'arrondissement) ;
Les cadres de carrière ayant un statut de type militaire, il n'y avait pas pour eux de syndicat. Seuls les employés civils pouvaient se réunir en syndicat.
troisième direction générale :contre-espionnage (au sein des armées) ;
direction générale des gardes-frontières ;
huitième direction générale : sécurité des communications etchiffrement.
Directions :
quatrième direction : sécurité des transports ;
direction de la protection de la Constitution (cinquième direction avant 1989 : police politique et idéologique dont la mission était la chasse des dissidents et la surveillance des groupes religieux) ;
sixième direction : contre-espionnage économique et sécurité industrielle ;
septième direction : surveillance (service des « fileurs ») ;
quinzième direction : sécurité des installations du gouvernement (dont le contrôle desarmes nucléaires) ;
direction technique opérationnelle (OTU) : soutien technique aux opérations ;
direction de la construction militaire : sites militaires stratégiques.
Sections et services :
sixième section : interception et inspection du courrier ;
dixième section : archives ;
douzième section : interceptions téléphoniques ;
section d'enquête ;
service de protection du KGB (auparavant neuvième direction ou direction de la Garde) : protection rapprochée des hauts dignitaires du Parti communiste et du gouvernement soviétique ;
↑« La force mécanisée du Pacte »,Ligne de Front,no 3H,,p. 47.
↑« Les enquêtes du KGB devaient — comme du temps de la Tcheka au début de la NEP — être dûment enregistrées auprès de la procurature générale et des procuratures locales. Les résultats de ces enquêtes devaient être communiqués au fur et à mesure au département spécial de la Procurature, chargé de les superviser (la procédure était la même au niveau local) » ; Moshe Lewin,Le siècle soviétique, Paris, Fayard-Le Monde diplomatique, 2003,p. 235 et analyse du nouveau phénomène,p. 253-256.
ChristopherAndrew et VassiliMitrokhine,Le KGB contre l'Ouest 1917-1991 : Les archives Mitrokhine [« The Mitrokhine Archive: The KGB in Europe and The West »], Paris,Fayard,, 983 p.(ISBN978-2-213-60744-3).