De son vrai nom Julie Anne Smith, elle naît d’un père américain, le juge militaire etcolonel Peter Moore Smith, et d’une mère écossaise, Anne Love, psychologue et assistante sociale àGreenock, qui émigra auxÉtats-Unis avec sa famille en 1951[2].
Elle a une sœur plus jeune, Valerie, et un frère né en, Peter Moore SmithIII. Déménageant sans cesse debase militaire en base militaire, elle vit dans près de23 résidences entre les États-Unis et l’Allemagne[4]. En 1979, elle passe ses premiers diplômes en Allemagne à l’American High School deFrancfort-sur-le-Main. Elle reçoit plus tard son diplôme universitaire de l’école des Arts et des Lettres de l’université deBoston.
Peu populaire à l'école, elle est refusée au sein de l'équipe descheerleaders. Avec deux amies, elle intègre ensuite un club de théâtre, où elle est encouragée par son professeur. Elle a également une passion pour la lecture[5].
Après un très bref passage àHollywood en 1982, Julianne Moore apparaît dans une minusculesérie B,Timerider : The Adventure of Lyle Swann deWilliam Dear, elle quitte la côte californienne rapidement. Julie Anne Smith s’installe àNew York en 1983 et travaille comme serveuse, tournant dans quelques publicités, avant de décrocher les rôles des jumelles Frannie et Sabrina Hugues dans lesoap opera :As the World Turns[5]. Elle gagne pour ses interprétations le Daytime Emmy Award. Elle travaille dans la série de 1985 à 1988. Avec son cachet, elle revient au théâtre, participant à un atelier dirigé par le metteur en scène expérimental Andre Gregory : elle fait partie d'une troupe répétant la pièceOncle Vania pendant cinq ans, le spectacle résidant dans le processus de répétition. Parmi les quelques spectateurs invités, le réalisateurRobert Altman la remarque[5].
Pour s'inscrire à la Screen Actors Guild, elle doit changer de nom. Comme il existait déjà une actrice du nom de Julie Smith, elle choisit le prénom de Julianne, contraction de ses deux prénoms[4]. Cependant, il existait aussi une actrice s'appelant Julianne Smith. Elle décide alors d’utiliser comme nom de famille le deuxième prénom de son père – Moore – et devient donc Julianne Moore.
Durant cette période, elle tourne, loin d'Hollywood, un petit film indépendant :Safe deTodd Haynes. Elle y incarne une femme au foyer de lamiddle class atteinte d’une maladie incurable. Le film est élu par leVillage Voice « meilleur film de l’année 1995 ». À 35 ans, ce projet lui permet surtout d'être pour la première fois tête d'affiche.
L'année 1999 est marquée par des retrouvailles : tout d'abord,Robert Altman la sollicite à nouveau et la dirige, en compagnie deGlenn Close, dansCookie's Fortune, une comédie noire sur l'Amérique profonde dans laquelle deux femmes camouflent le suicide de leur tante en meurtre pour éviter l'opprobre social. Puis c'estP.T. Anderson qui la dirige dans le remarqué et ambitieux film choralMagnolia. Enfin, elle partage l'affiche du mélodrameLa Fin d'une liaison, deNeil Jordan, avec le BritanniqueRalph Fiennes. Son interprétation lui vaut sa seconde nomination à l'Oscar, cette fois dans la catégoriemeilleure actrice.
En 2004, elle défend trois projets qui passent inaperçus : tout d'abord, elle est la tête d'affiche de la comédie dramatique indépendanteMarie and Bruce, qu'elle co-produit également. Puis elle s'essaie à la comédie romantique hollywoodienne avecUne affaire de cœur, dont elle partage l'affiche avecPierce Brosnan. Enfin, elle est la vedette du thriller fantastique d'horreurMémoire effacée, deJoseph Ruben. Un flop critique et commercial.
Cette mauvaise passe se prolonge : en2005, elle retrouveDavid Duchovny pour la comédie romantique indépendanteChassé-croisé à Manhattan, devant la caméra deBart Freundlich. Elle est ensuite la tête d'affiche du biopic à moyen budget,The Prize Winner of Defiance, Ohio, deJane Anderson, qui lui permet de livrer un portrait de femme forte. Elle partage ensuite l'affiche du thrillerLa Couleur du crime avecSamuel L. Jackson. Ces trois films sont des flops critiques et commerciaux, et ne sont même pas distribués enFrance. SelonImdb, l’actrice frôle même de peu une nomination auxRazzie Awards pour son interprétation catastrophique dans cette dernière production.
En 2006, elle tient un second rôle réduit (trois scènes seulement), mais remarquable dans l'ambitieux thriller de science-fictionLes Fils de l'homme, réalisé par le MexicainAlfonso Cuarón.
En mars de la même année, à 45 ans, elle fait ses débuts àBroadway dans la pièce deDavid Hare :The Vertical Hour. Mise en scène parSam Mendes, la pièce dépeint la vie d'une femme mûre et meurtrie. Après avoir soutenu l'intervention américaine enIrak, cette dernière réalise la tragédie le désastre humain que la situation a engendrés.
L'année2007 est contrastée : elle secondeNicolas Cage, tête d'affiche d'un autre thriller de science-fiction,Next, réalisé par le néo-zélandaisLee Tamahori. Mais elle retrouve aussiTodd Haynes pour un second rôle dans son acclamé biopic expérimental deBob Dylan,I'm Not There. Elle y interprète une chanteusefolk inspirée deJoan Baez.
Moore poursuit alors dans un cinéma indépendant lui permettant de défendre successivement des rôles de quinquagénaires fortes. En 2008, elle est la tête d'affiche du drame britanniqueSavage Grace. Le film raconte la vie et la mort atroce deBarbara Daly Baekeland : ses névroses, sa dépression et surtout sa relation incestueuse avec son fils Antony, incarné par le jeuneEddie Redmayne. Enfin, l'actrice tient le premier rôle du drame de science-fictionBlindness, réalisé par le BrésilienFernando Meirelles.
En 2009, elle fait partie du casting de femmes réunies parRebecca Miller pour son remarqué film indépendantLes Vies privées de Pippa Lee. Puis elle partage l'affiche du drame à petit budgetA Single Man avecColin Firth. Il s'agit du premier essai en tant que réalisateur du stylisteTom Ford. Enfin, elle joue les femmes bourgeoises trompées pour une plus jeune pour les besoins du thriller psychologiqueChloé, filmé par le CanadienAtom Egoyan.
Fin 2009, elle devient l'égérie de la marqueBulgari.
Les années 2010 vont lui permettre de poursuivre cette renaissance créative.
Consécration et tête d'affiche du cinéma indépendant (années 2010)
Elle renoue en 2013 avec des seconds rôles dans des productions commerciales : dans le remakeCarrie : La Vengeance, où elle seconde la jeuneChloë Grace Moretz ; puis le film d'actionNon-Stop, porté parLiam Neeson. Elle accepte aussi de participer à la comédie romantique noireDon Jon, premier long-métrage en tant que réalisateur deJoseph Gordon-Levitt.
C'estDavid Cronenberg qui lui permet de livrer une performance d'une grande intensité dramatique avec la satireMaps to the Stars, où elle incarne une actrice quinquagénaire dans le creux de la vague, névrosée, ivre de reconnaissance et prisonnière d'une relation aussi destructrice qu'incestueuse avec sa mère, ex-star de cinéma plus adulée qu'elle. Moore obtient lePrix d'interprétation féminine au67e Festival de Cannes en 2014.
Parallèlement, elle tente aussi de confirmer avec des films indépendants : en 2015, elle joue de nouveau une quinquagénaire frappée par la maladie pour le drameFree Love, dePeter Sollett ; en 2016, elle retrouve la réalisatriceRebecca Miller pour un petit rôle dans sa comédie dramatique indépendanteMaggie a un plan, porté par la valeur montanteGreta Gerwig. En 2017,Todd Haynes la dirige de nouveau dans l'expérimentalLe Musée des Merveilles. Enfin, elle donne la réplique àMatt Damon, pour les besoins de la satireBienvenue à Suburbicon, sixième réalisation de la starGeorge Clooney.
L'année 2018 lui permet d'être la tête d'affiche de deux films indépendants de cinéastes dont elle a déjà croisé la route :Bel Canto, dePaul Weitz, puisGloria, deSebastián Lelio.
En2024, Julianne Moore interprète le rôle d'Ingrid dans le filmLa Chambre d'à côté dePedro Almodóvar, rejoignant ainsi le cercle fermé desChicas Almodóvar, actrices ayant tourné avec le cinéaste espagnol[8].
Dans un entretien au magazineParade fin 2007, Julianne Moore aurait parlé de son désir de commencer une nouvelle carrière : « Depuis mon adolescence, j'ai toujours adoré écrire. Je désire me lancer dans une carrière littéraire, c'est un souhait qui me tient vraiment à cœur. Écrire est une activité que l'on peut faire par soi-même, sans aucune intervention extérieure, au contraire du métier d'actrice qui ne peut se faire que dans le cadre d'une collaboration. »
En, elle écrit un premier livre pour enfants,Freckleface Strawberry, l’histoire d’une petite fille rousse qui tente de combattre les préjugés des autres enfants face à sa couleur de cheveux (et de peau) si particulière.
Malgré de telles déclarations, l’actrice a continué à tourner pour la télévision jusqu'en2012 et poursuit sa carrière au cinéma.
Enchaînant des films d'auteurs et les films commerciaux, elle est parvenue, pourVanity Fair,« à ce que son corps ne soit jamais un objet sexuel. Juste un outil de travail », à la différence d'actrices commeSharon Stone ouKim Basinger,« cataloguée[s] commesex kitten ». Elle« s'expose beaucoup plus en acceptant des rôles risqués de femmes fragilisées, blessées, complexes, en proie à la maladie (Safe etStill Alice, qui lui vaut un Oscar en 2015) ou à la solitude tapie derrière les apparences, comme dans le premier film de Tom Ford,A Single Man »[5].