L'œuvre de Jules Verne est universelle ; selon l’Index Translationum, avec un total de 4 751 traductions, il vient au deuxième rang des auteurs les plus traduits en langues étrangères aprèsAgatha Christie et devantWilliam Shakespeare[1]. Il est ainsi, en 2011, l'auteur de langue française le plus traduit dans le monde[2]. L'année2005 en France a été déclarée « année Jules Verne », à l'occasion du centenaire de la mort de l'écrivain[3].
Jules Gabriel Verne[4] naît au 4 de larue Olivier-de-Clisson, à l'angle de larue Kervégan sur l'île Feydeau àNantes, au domicile de sa grand-mère maternelle, Sophie Marie Adélaïde-Julienne Allotte de La Fuÿe (née Guillochet de La Perrière)[5],[N 1]. Il est le fils de Pierre Verne,avoué[6], originaire deProvins, et de Sophie Allotte de La Fuÿe, issue d'une famille nantaise de navigateurs et d'armateurs, d'ascendanceécossaise[N 2]. Jules est l'aîné d'une fratrie de cinq enfants, comprenant son frèrePaul (1829-1897), qui sera marin, mais aussi écrivain, et trois sœurs, Anne dite Anna (épouse du Crest de Villeneuve), née en 1836, Mathilde (épouse Fleury), née en 1839, et Marie (épouse Guillon, mère deClaude Guillon-Verne), née en 1842. En 1829, les Verne s'installent auno 2quai Jean-Bart (à une centaine de mètres du lieu de naissance de leur fils aîné)[5], où naissent Paul, Anna et Mathilde. En 1840, la famille connaît un nouveau déménagement dans un immeuble imposant au 6,rue Jean-Jacques-Rousseau[5], proche du port, où naît Marie[N 3].
Il entre avec son frère aucollège Saint-Stanislas, un établissement religieux conforme à l'esprit très catholique de son père (d'une façon générale, lelycée Royal n'a pas bonne réputation dans la bourgeoisie nantaise), en[8]. On y trouve quelques traces de ses premiers succès scolaires, dont voici le palmarès[9] :
De plus, plusieurs accessits de musique vocale montrent son goût pour cette matière, goût qu'il conservera toute sa vie[N 5].
De 1844 à 1846, Jules Verne est pensionnaire aupetit séminaire de Saint-Donatien (bâtiments occupés par l'actuel lycée professionnelDaniel-Brottier àBouguenais)[N 6],[10], où il accomplit la quatrième, la troisième et la seconde. Son frère le suit, en pension comme lui. Dans son roman inachevéUn prêtre en 1839[11], Jules Verne décrit ce petit séminaire de façon peu élogieuse[12].
Pierre Verne achète àChantenay, en 1838[13], une villa pour les vacances, toujours existante au 29bis, rue des Réformes, face à l'église Saint-Martin de Chantenay[14],[5] (lemusée Jules-Verne, situé également à Chantenay, est installé dans un bâtiment sans relation à la famille Verne). Toute la famille aime à se retrouver dans cette maison de campagne[15].
Lycée Royal de Nantes (actuellement lycée Georges-Clemenceau) où Jules Verne étudia.
Une légende veut qu'en 1839, à l'âge de onze ans, le petit Jules ait tenté de s'embarquer sur un long-courrier en partance pour lesIndes, en qualité demousse[19]. Son père l'aurait récupéréin extremis àPaimbœuf. Jules Verne aurait avoué avoir voulu partir pour rapporter un collier decorail à sa cousine, Caroline Tronson, dont il était amoureux. Rudement tancé par son père, il aurait promis de ne plus voyager qu'en rêve. Ce n'est qu'une légende enjolivée par l'imagination familiale[N 8] car, dans sesSouvenirs d'enfance et de jeunesse, il raconte qu'il est monté à bord d'un voilier, l'a exploré, a tourné le gouvernail, etc., ce en l'absence d'un gardien, ce qui lui vaut la réprobation du capitaine[20].
De 1844 à 1846, Jules et Paul étudient au lycée Royal de Nantes (actuellementlycée Clemenceau)[21]. Jules Verne fréquente en compagnie de ses camarades leCercle des externes du collège Royal, qui se tient dans la librairie du Père Bodin,place du Pilori[22]. Après avoir terminé les classes derhétorique etphilosophie, il passe les épreuves dubaccalauréat àRennes et reçoit la mention « assez bien », le[23].
En 1847, il est envoyé àParis par son père, prioritairement pour suivre ses études, mais aussi peut-être parce qu'on voulait ainsi l'éloigner de Nantes. En effet, Caroline Tronson (1826-1902), sa cousine dont il est épris, doit se marier le de la même année avec Émile Dezaunay, un homme de quarante ans originaire deBesançon[24]. Jules Verne en conçoit une amertume profonde au point d'écrire à sa mère, six ans plus tard, lorsque cette dernière lui demande de les accueillir à Paris :« Je serai aussi aimable que le comporte mon caractère biscornu, avec les nommés Dezaunay ; enfin sa femme va donc entrevoir Paris ; il paraît qu'elle est un peu moins enceinte que d'habitude, puisqu'elle se permet cette excursion antigestative[25] ». Caroline Tronson, après son mariage avec Dezaunay, aura cinq enfants[26].
Portrait de Jules Verne à25 ans
Après un court séjour à Paris, où il passe ses examens de première année de droit[27], il revient à Nantes pour préparer avec l'aide de son père la deuxième année[N 9]. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance de Rose Herminie Arnault de La Grossetière, née en 1827, pour laquelle il va éprouver une violente passion[28]. Son premier cahier de poésie contient de nombreuses allusions à la jeune femme, notammentAcrostiche ouLa Fille de l'air[29]. L'amour a peut-être été un moment partagé mais aucune source ne vient corroborer la chose. Les parents d'Herminie voient d'un mauvais œil leur fille se marier à un jeune étudiant dont l'avenir n'est pas encore assuré[30]. Ils la destinent à Armand Terrien de la Haye, un riche propriétaire de dix ans son aîné. Le mariage a lieu le[31]. Jules Verne est fou de rage. Il écrit de Paris à sa mère une lettre hallucinante, sans doute composée dans un état de semi-ébriété. Sous couvert d'un songe, il crie sa douleur du mariage d'Herminie en un récit de vengeance de noces maudites :« La mariée était vêtue de blanc, gracieux symbole de l'âme candide de son fiancé ; le marié était vêtu de noir, allusion mystique à la couleur de l'âme de sa fiancée ! » ou« La fiancée était froide, et comme une étrange idée d'anciens (sic) amours passait en elle »[32]. Cet amour avorté va marquer à jamais l'auteur et son œuvre, dans laquelle on trouvera un nombre important de jeunes filles mariées contre leur gré (Gérande dansMaître Zacharius ou l'Horloger qui avait perdu son âme, Sava dansMathias Sandorf, Ellen dansUne ville flottante, etc.) au point queChristian Chelebourg parle du « complexe d'Herminie » pour lesVoyages extraordinaires[33]. L'écrivain gardera également une rancune à l'encontre de sa ville natale et de la société nantaise, qu'il pourfendra dans certaines poésies, notammentLa Sixième Ville de France etMadame C…, une violente diatribe visant sans doute une des commères de la ville[34].
En, Jules Verne quitte définitivement Nantes pour Paris. Son père l'envoie poursuivre ses études de droit, en espérant qu'il lui succédera un jour[35]. À cette date, il travaille sur un roman qui restera inachevé, et qui sera par erreur publié par les Éditions du Cherche-Midi en 1992 sous le titreUn prêtre en 1839, mauvaise lecture du manuscrit qui porteen 1835[36], des pièces de théâtre dont deux tragédies en vers,Alexandre VI etLa Conspiration des poudres, et des poèmes. Alors qu'en 1847, il avait été accueilli par sa grand-tante Charuel auno 2 de la rue Thérèse, près de labutte Saint-Roch[37], en 1848, il obtient de son père de pouvoir louer un appartement meublé, qu'il partage avec Édouard Bonamy, un autre étudiant originaire de Nantes, dans un immeuble situé au 24,rue de l'Ancienne-Comédie, donnant sur laplace de l'Odéon[38].
Paris vit alors une période révolutionnaire (voirRévolution française de 1848). En février, le roiLouis-Philippe a été renversé et s'est enfui ; le, a été établi le gouvernement provisoire de laDeuxième République. Les manifestations se succèdent et le climat social est tendu. En juin, les barricades se dressent de nouveau dans Paris (voirJournées de Juin) ; le gouvernement envoie le généralCavaignac écraser l'insurrection. Fin juin, quand le futur écrivain arrive dans la capitale, Cavaignac vient de former un gouvernement qui durera jusqu'à la fin de l'année. Verne écrit à ses parents :
« Je vois que vous avez toujours des craintes en province ; vous avez beaucoup plus peur que nous n'avons à Paris... J'ai parcouru les divers points de l'émeute, rues Saint-Jacques, Saint-Martin, Saint-Antoine, le Petit Pont, la Belle Jardinière ; j'ai vu les maisons criblées de balles et trouées de boulets. Dans la longueur de ces rues, on peut suivre la trace des boulets qui brisaient et écorniflaient balcons, enseignes, corniches sur leur passage ; c'est un spectacle affreux, et qui néanmoins rend encore plus incompréhensibles ces assauts dans les rues[39] ! »
Le, Jules Verne passe avec succès son examen d'entrée en deuxième année de droit[40]. Lorsqu'Édouard Bonamy quitte Paris pour retourner à Nantes vers la fin de l'année, il obtient une chambre pour lui seul, dans la même maison[41].
Son oncle Chateaubourg[N 10] l'introduit dans lessalons littéraires. Il fréquente celui deMme de Barrère, amie de sa mère, et deMme Mariani[42]. Tout en continuant ses études, il écrit de nombreuses pièces qui resteront pour la plupart inédites jusqu'en 1991 avant d'être publiées, pour certaines, de manière confidentielle dans les trois volumes desManuscrits nantais[43] et connaîtront une publicationgrand public en 2006 aux Éditions du Cherche-Midi sous le titreJules Verne : Théâtre inédit[44].
L'influence la plus fortement exercée à cette époque sur le jeune écrivain est celle deVictor Hugo. Verne raconte à Robert H. Sherard :« J'étais au plus haut point sous l'influence de Victor Hugo, très passionné par la lecture et la relecture de ses œuvres. À l'époque, je pouvais réciter par cœur des pages entières deNotre-Dame de Paris, mais c'étaient ses pièces de théâtre qui m'ont le plus influencé, et c'est sous cette influence qu'à l'âge de dix-sept ans, j'ai écrit un certain nombre de tragédies et de comédies, sans compter les romans »[46],[N 12].
Durant cette période, les lettres de Jules Verne à ses parents concernent essentiellement ses dépenses et l'argent dont il a besoin. Cependant, au mois de, un autre événement inquiète le jeune étudiant :« Ma chère maman, le choléra est donc définitivement à Paris, et je ne sais quelles terreurs de malade imaginaire me poursuivent continuellement ! Ce monstre s'est grossi pour moi de toutes les inventions les plus chimériques d'une imagination fort étendue à cet endroit-là ! »[47]. Au même moment, Jules Verne doit se soumettre à laconscription, mais est épargné par letirage au sort. Il écrit à son père :
« Tu as toujours l'air attristé au sujet de mon tirage au sort, et du peu d'inquiétude qu'il m'aurait causé ! Tu dois pourtant savoir, mon cher papa, quel cas je fais de l'art militaire, ces domestiques en grande ou petite livrée, dont l'asservissement, les habitudes et les mots techniques qui les désignent les rabaissent au plus bas état de la servitude. Il faut parfois avoir fait abnégation complète de la dignité d'homme pour remplir de pareilles fonctions ; ces officiers et leur poste préposés à la garde de Napoléon, de Marrast, que sais-je ! - Quelle noble vie ! Quels grands et généreux sentiments doivent éclore dans ces cœurs abrutis pour la plupart ! - Prétendent-ils se relever par le courage, par la bravoure ! Mots en l'air que tout cela ! Il n'y a ni courage, ni bravoure à se battre quand on ne peut pas faire autrement ? Et me cite-t-on un haut fait d'armes accompli dans des circonstances, chacun sait qu'il y en a les 19/20 à mettre sur le compte de l'emportement, la folie, l'ivresse du moment ! Ce ne sont plus des hommes qui agissent, ce sont des bêtes furieuses, excitées par la fougue de leurs instincts. Et en tout cas, vînt-on me montrer le sang-froid le plus calme, la tranquillité la plus surprenante dans l'accomplissement de ces hauts faits que l'on paye d'une croix, je répondrai que l'on n'est généralement pas sur terre pour risquer sa vie ou arracher celle des autres, et qu'en fait de condition, j'en connais de plus honorables et de plus relevées[48]. »
Ce violent pamphlet contre l'armée n'est pas seulement une réaction de jeunesse. Toute sa vie, Jules Verne professera des idées antimilitaristes[49], non seulement dans ses lettres, mais aussi dans ses romans où il expose son dégoût de la guerre, à commencer par son premier roman, lorsque leVictoria survole deux peuplades aux prises au cours d'un combat sanguinaire :
« - Ce sont de vilains bonshommes ! dit Joe. Après cela, s'ils avaient un uniforme, ils seraient comme tous les guerriers du monde. … Fuyons au plus tôt ce spectacle repoussant ! Si les grands capitaines pouvaient dominer ainsi le théâtre de leurs exploits, ils finiraient peut-être par perdre le goût du sang et des conquêtes ![50] »
Mais cetantimilitarisme sera entaché par des idées ambiguës après laguerre de 1870 et les événements de laCommune[51], surtout au moment de l'affaire Dreyfus[52], et de nombreux héros verniens seront des militaires. AinsiFace au drapeau (1896) incarne-t-il l'état d'esprit militariste et revanchard en France, juste avant que n'éclate l'affaire Dreyfus[53], etL'Invasion de la mer (1905) montrera un Jules Verne, à la fin de sa vie, militariste, colonialiste et impérialiste[54].
À l'hiver 1851, pressé par son père de devenir avocat, il s'inscrit aubarreau de Paris et doit entrer chez lejurisconsulte Paul Championnière, ami de Pierre Verne[55]. Mais, le, alors que Jules Verne n'est pas encore entré à son service, Paul Championnière meurt[56]. Verne n'exercera ainsi jamais[57].
Il déménage et occupe une chambre garnie dans un hôtel proche deNotre-Dame-de-Lorette[58],[59] où il donne quelques leçons, ce que son père désapprouve vivement[55]. Puis, il s'installe au sixième étage du 18,boulevard de Bonne-Nouvelle, sur le palier en face de l'appartement de son amiAristide Hignard[60] avant de s'installer, en face, au 11, boulevard de Bonne-Nouvelle[59].
Jules Verne souffre déjà de maux de ventre et d'estomac[61]. L'entéralgie vernienne provient peut-être de troubles gastriques héréditaires[N 13], mais surtout d'une précoceboulimie, sans doute pathologique[62]. En 1851, il connaît sa première crise de paralysie faciale[63].Olivier Dumas précise ces attaques qui frapperont Verne quatre fois dans sa vie : « La paralysie faciale de Jules Verne n'est pas psychosomatique, mais due seulement à une inflammation de l'oreille moyenne dont l'œdème comprime le nerf facial correspondant. » Le médiocre chauffage du logement de l'étudiant explique la fréquence de ses refroidissements. Les causes de cette infirmité restent ignorées de l'écrivain ; « il vit dans la permanente inquiétude d'un dérèglement nerveux, aboutissant à la folie »[64].
En 1851, il rencontrePierre-Michel-François Chevalier dit Pitre-Chevalier (1812-1863)[71]. Celui-ci, breton et nantais comme Jules Verne, est directeur et rédacteur en chef de la revueMusée des familles[72]. Verne lui soumet une nouvelle,Les Premiers Navires de la marine mexicaine[73] qui parait dans la revue de Pitre-Chevalier en[74] et qui sera repris, mais remanié, en 1876 chez Hetzel à la suite deMichel Strogoff sous le titreUn drame au Mexique[75].
La même année Pitre-Chevalier accepte une deuxième nouvelle,Un voyage en ballon[76], qui, en 1874, prendra comme titreUn drame dans les airs, chez Hetzel[77].
Sans doute par l'entremise d'Alexandre Dumas fils, en 1852, Verne entre en relation avec les frères Seveste[78] qui viennent de reprendre le Théâtre-Historique après la faillite due aux prodigalités de Dumas père[79]. La nouvelle salle devient leThéâtre-Lyrique.Jules Seveste, le nouveau directeur, engage comme secrétaire Verne, qui ne touche d'abord pas de salaire avant d'être rémunéré à hauteur de100 F[80]. En revanche, il peut faire jouer ses pièces, la plupart écrites en collaboration avecMichel Carré[81].
En, il prend sa décision et refuse lacharge d'avoué que son père lui propose.« Je me bornerai à voir si je ferais bien de prendre ta charge, au point de vue moral et matériel. […] D'un autre côté, je commence à bien me connaître ; ces coups de tête contre lesquels tu cherches à me prémunir, je les ferais, tôt ou tard ; j'en suis certain ; la carrière qui me conviendrait le plus, ce serait celle que je poursuis ; […] si je ne puis parvenir, non par manque de talent, mais par défaut de patience, par découragement, eh bien, ce qui me conviendra le plus au monde, ce sera le barreau qui me ramènerait à Paris. […] C'est parce que je sais ce que je suis, que je comprends ce que je serai un jour ; comment donc me charger d'une étude que tu as faite si bonne, que ne pouvant gagner entre mes mains, elle ne pourrait qu'y dépérir »[82]. Un an plus tôt, il avait écrit à sa mère :« […] je puis faire un bon littérateur, et ne serais qu'un mauvais avocat, ne voyant dans toutes choses que le côté comique et la forme artistique et ne prenant pas la réalité sérieuse des objets. […] »[83].
Il fréquente laBibliothèque nationale[84]. Au début de 1851, Verne fait la connaissance du géographe et infatigable voyageur,Jacques Arago, célèbre pour un récit deVoyage autour du monde qu'il a fait surL'Uranie avec lamission de Freycinet entre 1817 et 1821[85], qui continue à parcourir le monde malgré sa cécité[N 14] et qui publie le récit de ses voyages autour du monde sous le titreSouvenirs d'un aveugle. Le jeune écrivain retrouve près de lui toutes les sensations de ses premières lectures[86]. Jacques Arago lui ouvre des horizons et l'entraîne vers un genre nouveau de littérature, alors en pleine expansion, lerécit de voyage[87].
En 1852, deux autres textes de Verne paraissent dans leMusée des familles :Martin Paz, une longue nouvelle[N 15] et une comédie-proverbe en un acte, en collaboration avec Pitre-ChevalierLes Châteaux en Californie[88].
En, il s'éloigne un moment de Paris pour se rendre à La Guerche, où son oncle Prudent offre un grand repas afin de fêter le retour dePaul Verne, le frère de Jules, aspirant auxiliaire dans la marine[89]. Avec son amiAristide Hignard[90], Jules Verne fréquente le salon du musicienTalexy[91] qui sera plus tard un des « Onze sans femmes »[92]. Ils se lancent dans l'opérette, ou plutôt l'opéra-comique, au moment oùJacques Offenbach crée un véritable engouement pour ce genre de spectacle. Le, est représentéLe Colin-maillard au Théâtre-Lyrique[93]. C'est une période où Jules Verne ne cesse d'écrire. Des nouvelles de cette époque, on peut citerPierre-Jean[94] etLe Siège de Rome qui restera inédit jusqu'en 1994[95]. Il travaille aussi surMonna Lisa commencé dès 1851 et qu'il ne finira qu'en 1855[96],[97].
Au cours d'un séjour à Nantes, l'écrivain s'est amouraché de Laurence Janmar[98]. En, le présidentJanvier de la Motte donne un grand bal travesti[99]. Le jeune écrivain y retrouve celle qu'il convoite. Laurence Janmar, habillée en gitane, se plaint à son amie que son corset, trop riche en baleines, lui meurtrit les côtes. Verne, toujours à l'affût d'un bon mot, soupire alors :« Ah ! que ne puis-je pêcher la baleine sur ces côtes ? »[100],[101]. Laurence Janmar épousera finalement un certain Charles Louis Salomon Duvergé[102] le.
Le vendredi,Jules Seveste meurt d'uneapoplexie foudroyante[103]. Son successeur,Émile Perrin[104], tente de retenir Jules Verne, mais ce dernier tient à garder sa liberté. Perrin va jusqu'à lui proposer la direction du Théâtre-Lyrique[105]. « J'ai refusé. Il m'a même offert de diriger le théâtre, moi seul, tout en restant directeur en nom et ayant une part dans les bénéfices ; j'ai refusé encore ; je veux être libre et prouver ce que j'ai fait[106]. » Dans leMusée, en, un nouveau texte de l'écrivain :Maître Zacharius ou l'Horloger qui avait perdu son âme, un conte fantastique profondément imprégné de l'influence d'Hoffmann. Zacharius, maître-horloger deGenève, a rendu ses horloges si régulières qu'elles sont devenues parfaites… Mais un jour, elles se dérèglent une à une[107].
Malgré son refus de devenir directeur duThéâtre-Lyrique, Verne y conserve son poste de secrétaire jusqu'à fin 1855[108], ce qui lui permet de représenter, le de cette année, un second opéra-comique écrit sur une musique d'Hignard,Les Compagnons de la Marjolaine[109] qui connaîtra vingt-quatre représentations[110]. Jules Verne écrit à son père :« J'étudie encore plus que je ne travaille ; car j'aperçois des systèmes nouveaux, j'aspire avec ardeur au moment où j'aurai quitté ce Théâtre-Lyrique qui m'assomme »[111].
C'est une période d'intense activité créatrice. Les pièces de théâtre s'accumulent[112]. Il peaufine notamment l'une d'entre elles, une comédie en cinq actes en vers,Les Heureux du jour, qui semble lui tenir particulièrement à cœur[113]. Il écrit plusieurs nouvelles, dontLe Mariage de M. Anselme des Tilleuls[114] etUn hivernage dans les glaces. Cette dernière paraît en 1855 dans leMusée des familles[115] et sera reprise mais modifiée par Hetzel en 1874 pour paraître dans le volume de nouvellesLe Docteur Ox. De tous les manuscrits de Verne avant sa rencontre avec Hetzel, c'est celui qui se rapproche le plus desVoyages extraordinaires, véritable prélude auxAventures du capitaine Hatteras[116]. À cette époque, il est atteint d'une deuxième crise de paralysie faciale[117]. Son ami et médecinVictor Marcé le soigne à l'aide de l'électricité[118]. Il déménage et s'installe au cinquième étage d'un immeuble au 18boulevard Poissonnière[119].
Jules Verne parle alors de mariage dans presque toutes les lettres à sa mère ; il lui demande de lui trouver une épouse, parfois sur le ton de la plaisanterie :« J'épouse la femme que tu me trouveras ; j'épouse les yeux fermés et la bourse ouverte ; choisis, ma chère mère, c'est sérieux ! »[120] ou« Trouvez-moi une femme bossue et qui ait des rentes — et tu verras »[121]. Mais on sent bien que l'angoisse de l'avenir le tiraille :« Toutes les jeunes filles que j'honore de mes bontés se marient toutes invariablement dans un temps rapproché ! Voire !Mme Dezaunay,Mme Papin,Mme Terrien de la Haye,Mme Duverger et enfinMlle Louise François »[122]. Après le mariage de Laurence Janmar avec Duvergé, Verne, amoureux éconduit, s'interroge. Pour le consoler, sa mère l'envoie en àMortagne pour y connaître un bon parti. Il lui répond dans une lettre où il invente une rencontre avec le père de sa future, d'un humour scatologique et agressif[123].
En, Auguste Lelarge, ami de Jules Verne va se marier avec Aimée de Viane. Il demande à l'écrivain d'être son témoin. Celui-ci accepte. Le mariage doit se dérouler le àAmiens, ville de la fiancée[124]. À l'occasion de son séjour, Verne y fait la connaissance de la sœur de la mariée, Honorine, veuve à26 ans d'Auguste Morel[125] et mère de deux filles[126], Louise Valentine (1852-1916) et Suzanne Eugénie Aimée (1853- ?)[127].
Honorine du Fraysne de Viane (1830-1910) séduit assez vite Jules Verne. Dans une lettre enthousiaste à sa mère, il lui fait remarquer :« Je ne sais pas, ma chère mère, si tu ne trouveras pas quelque différence entre le style de cette page et celle qui la précède, tu n'es pas habituée à me voir faire ainsi un éloge général de toute une famille, et ta perspicacité naturelle va te faire croire qu'il y a quelque chose là-dessous ! Je crois bien que je suis amoureux de la jeune veuve de vingt-six ans ! Ah ! pourquoi a-t-elle deux enfants ! Je n'ai pas de chance ! »[128].
Jules Verne envisage rapidement de se marier mais il lui faut une situation stable, ses revenus littéraires étant alors insuffisants. Avec l'aide de son futur beau-frère, Ferdinand de Viane, il envisage des plans d'investissement en bourse et de se lancer dans une activité d'agent de change[129]. Or, s'il suffit d'obtenir une charge, il faut de l'argent pour l'acquérir. Il demande 50 000 francs à son père pour acheter 1/40e de cette charge[130]. Son père s'inquiète de cette nouvelle lubie. Jules Verne lui répond :« Je vois bien que tu me prends encore pour un garçon irréfléchi, se montant la tête pour une idée nouvelle, tournant à tous les vents de la fantaisie et ne voulant m'occuper dechange que par amour duchangement. […] Il est moins question que jamais d'abandonner la littérature ; c'est un art avec lequel je me suis identifié et que je n'abandonnerai jamais ; […] mais tout en m'occupant de mon art, je me sens parfaitement la force, le temps et l'activité de mener une autre affaire. […] Il me faut une position, et une position offrable, même aux gens qui n'admettent pas les gens de lettres ; la première occasion de me marier, je la saisis d'ailleurs ; j'ai par-dessus la tête de la vie de garçon, qui m'est à charge […] cela peut paraître drôle, mais j'ai besoin d'être heureux, ni plus ni moins »[131]. Et quelques semaines plus tard :« Je n'accepterais d'avoir atteint l'âge de plusieurs de mes amis et d'être à courir comme eux après une pièce de cent sols. Non, certes, cela peut être drôle et faisable à vingt ans, mais pas au-dessus de trente ans »[132].
Pierre Verne finit par céder. Jules se retrouve remisier chez l'agent suisse Fernand Eggly, originaire de Genève, au 72,rue de Provence, à Paris[133].
Auguste Morel n'est décédé que depuis dix mois. À l'époque, le deuil se portait longtemps[N 16]. Pourtant, les événements se précipitent. Aimée De Viane, par son mariage avec Auguste Lelarge, est devenue la belle-sœur d'Henri Garcet, cousin de Jules Verne. C'est sans doute son ami Charles Maisonneuve[N 17] qui lui permet d'entrer chez Eggly, étant lui-même remisier chez un confrère. D'ailleurs, il n'est pas certain que Jules Verne ait acheté la part que l'on dit, le remisier étant appointé et non associé. Le futur marié est pris de frénésie, au point de s'occuper de tout durant le mois de. Il ne veut personne de la famille :« Je me charge, mon cher père, de voir ma tante Charuel[N 18] à cet égard et de la mettre au courant de nos affaires. Quant à l'inviter, je tiens essentiellement à n'en rien faire ! Je dirai que le mariage se célèbre à Amiens ; rien ne me serait plus désagréable que cette invitation »[134].
Le, est signé àEssome, chez Auguste Lelarge[124], notaire, le contrat de mariage[135]. Le mariage a lieu le[59]. Le matin, ils se retrouvent à la mairie du3e arrondissement (actuellement mairie du2e[N 19]). Puis le groupe de treize personnes prend la direction de l'église Saint-Eugène qui venait d'être édifiée dans la nouvellerue Sainte-Cécile, à l'emplacement de l'ancien conservatoire de musique[136]. Après la cérémonie religieuse, c'est le déjeuner, treize couverts« à tant par tête », comme l'avait voulu et annoncé Jules Verne lui-même :« J'étais le marié. J'avais un habit blanc, des gants noirs. Je n'y comprenais rien ; je payais tout le monde : employés de la mairie, bedeaux, sacristain, marmiton. On appelait :Monsieur le marié ! C'était moi ! Dieu merci, il n'y avait que douze spectateurs ! »[137].
Commecoulissier, d'après le journalisteFélix Duquesnel, il « réussissait plus de bons mots que d'affaires »[139]. À la même époque, Jules Verne semble avoir eu des maîtresses[140] mais si des noms circulent (telles Estelle Henin (morte en 1865) ou une comédienne roumaine), les faits n'ont jamais formellement été établis[141]. Jules Verne fait la connaissance d'Estelle Hénin en[142].Marguerite Allotte de La Fuÿe évoque cette femme dans sa biographie de 1928 :« […] une mortelle, une seule, captiva durant quelques saisons ce cœur extrêmement secret. La sirène, l'unique sirène, est ensevelie dans le cimetière de corail. »[143]. D'après elle, Estelle serait morte en 1885, date reprise par Jean-Jules Verne, qui note qu'elle habitaitAsnières[144]. Dans sa thèse sur Jules Verne (1980), Charles-Noël Martin confirme l'existence d'Estelle Duchesne, mais pense qu'elle est morte le[145]. Estelle Hénin épouse Charles Duchesne, clerc de notaire àCœuvres, le. En 1863, Estelle s'installe à Asnières, cependant que son mari continue de travailler à Cœuvres. Les visites de Jules Verne à la maison des Duchesne à Asnières se situent de 1863 à. Estelle meurt après la naissance de sa fille Marie[146]. Pour certains verniens, Marie Duchesne pourrait être la fille de l'écrivain[147], mais d'autres contestent la méthode de recherche et les conclusions jugées hâtives de Percereau[148].
Dans cette période, il écrit une nouvelle,San Carlos, qui conte comment des contrebandiers espagnols se jouent des douaniers français[149]. En 1857, paraît le premier recueil de chansonsRimes et mélodies, sur une musique d'Aristide Hignard, chez l'éditeur Heu qui comprend sept chansons :Tout simplement,Les Bras d'une mère,Les Deux troupeaux,La Douce attente,Notre étoile,Chanson Scandinave etChanson turque[150]. L'année suivante, il connaît sa troisième crise de paralysie faciale[151]. Le, auxBouffes-Parisiens, se joue la première deMonsieur de Chimpanzé, opérette en un acte, toujours avec Hignard. Le sujet est curieux, lorsqu'on sait que l'auteur est tout nouveau marié : Isidore, le héros, est obligé de faire le singe pour pouvoir épouser sa belle[152].
Le, Jules Verne écrit à son père :« Alfred[N 20] Hignard m'offre, ainsi qu'à son frère, un passage gratuit d'aller et retour en Écosse. Je me hâte de saisir aux cheveux ce charmant voyage… »[153].
En 1859, il entreprend ainsi unvoyage en Angleterre et en Écosse en compagnie d'Aristide Hignard[154]. Il prend des notes et, dès son retour, couche ses impressions sur le papier[155]. Ce récit est le premier travail de Jules Verne proposé à son futur éditeur Hetzel, qui le refuse[156]. Verne s'en inspirera alors pour la rédaction de ses romans écossais[157].
Le, de nouveau grâce à Alfred Hignard, les deux amis, ainsi qu'Émile Lorois, s'embarquent pour laNorvège[159]. L'écrivain ne rentrera que cinq jours après qu'Honorine a accouché d'un garçon,Michel, le[160],[161]. Il continue son métier à la Bourse[162].
Marguerite Allotte de La Fuÿe invente de toutes pièces l'introduction de Verne chez l'éditeur. L'écrivain, découragé, aurait jeté au feu le manuscrit deCinq Semaines en ballon, que sa femme aurait retiré des flammes[163]. Vingt-cinq ans plus tard, elle se contredit lors d'une émission radiophonique en créant la légende de l'introduction de Verne chezHetzel grâce à Nadar[164].Bernard Frank, dans sa biographie copiée d'Allotte, nous gratifie, lui, d'un dialogue dramatique dans la chambre de l'éditeur[165].
Parménie et Bonnier de la Chapelle pensent, quant à eux, que l’écriture deCinq Semaines en ballon, est due aux expériences duGéant de Nadar[166], ce qui s'avère un anachronisme, l'expérience ayant eu lieu six mois après l'écriture du roman () et Verne n'assistant à un vol duGéant que le[167],[168]. S'il ne prend pas part au vol, il laisse un article sur l'expérience qu'il publie dans leMusée des familles sous le titreÀ propos du Géant[169].
Comme l'écritVolker Dehs[170], il est possible qu'Hetzel ait rencontré Verne dès 1852 ou 1858[171], ainsi qu'en témoignent deux invitations écrites parPhilippe Gille, datées des mardi et mardi, à un dîner, retrouvées dans les archives Hetzel à la Bibliothèque nationale de France[172].
D'une manière certaine, c'est par une lettre de Verne àHenri d'Alméras qui préparait un article sur l'écrivain pour sonAvant la gloire, leurs débuts, que l'on apprend que la rencontre eut lieu en 1861 :« C'est Bréhat qui pour la première fois m'a présenté chez Hetzel en 1861 »[173]. Il s'agit du romancierAlfred de Bréhat.
En 1861, après avoir proposé leVoyage en Angleterre et en Écosse qui est refusé parPierre-Jules Hetzel[174], Jules Verne lui soumet un manuscrit nomméUn voyage en l'air[175]. Hetzel lui demande de le retravailler de manière plus scientifique avec déjà l'idée d'inventer une littérature vulgarisant la science[176]. Jules Verne revient quelques semaines plus tard avec ce qui deviendra sonromanCinq Semaines en ballon[177]. Celui-ci paraît le[178] et connaît un immense succès, même au-delà des frontièresfrançaises. Le premier tirage est de 2 000 et du vivant de l'auteur, il s'en vendra 76 000[179]. Il signe l'année suivante avec Pierre-Jules Hetzel uncontrat aux termes duquel il s'engage à fournir deux volumes par an. En 1865, un nouveau contrat l'engage à trois volumes à l'année. Jules Verne s'engage à fournir des romans notamment pour leMagasin d'éducation et de récréation, revue destinée à lajeunesse[180]. En fait, il va travailler pendant quarante ans à sesVoyages extraordinaires qui compteront62 romans et18 nouvelles et signera avec son éditeur six contrats consécutifs[181].
Dans la foulée de ce succès, Jules Verne propose à son éditeur un récit qu'il a écrit vers 1860,Paris auXXe siècle. L'éditeur, en termes violents, refuse absolument ce travail qu'il juge nuisible à sa réputation et va à l'encontre de l'idée qu'il se fait de Verne[182]. Abandonné, le roman ne sera publié finalement qu'en 1994 parHachette etLe Cherche midi associés[183].
Vers cette époque, il découvre l'univers d'Edgar Poe au travers des traductions deCharles Baudelaire[187]. L'écrivain américain le fascine[188], au point qu'il lui consacre la seule étude littéraire qu'il ait écrite, parue en avril 1864 dans leMusée des familles :Edgard Poe et ses œuvres[189].
C'est à cette date (1864) qu'il publie le romanAventures du capitaine Hatteras, ouvrage qui paraît d'abord dans leMagasin d'éducation et de récréation en deux parties :Les Anglais au Pôle Nord (publié du au) etLe Désert de glace (du au) avant d'être édité en volume () sous le titreVoyages et aventures du Capitaine Hatteras[190]. Il s'agit en réalité du premier titre à porter l'appellation« Voyages extraordinaires »[191],Cinq Semaines en ballon, qui quant à lui entre dans la série« Voyages dans les mondes connus et inconnus »[192], ne le prenant que dans ses rééditions à partir de 1866[193].
Hatteras est suivi dès par la publication deVoyage au centre de la Terre (édition originale in-18 le, puis en grand in-octavo le)[194]. Ces trois premiers romans de Jules Verne sont d'immenses succès[192]. Il peut ainsi abandonner la bourse et déménage àAuteuil au 39, rue La Fontaine dans un logement beaucoup plus vaste où le couple peut recevoir[195].
LeSaint-Michel I, unique représentation connue du premier bateau de Jules Verne. Dessin par Jules Verne, vers 1873, qui y a notéBourset Malais
Il décide de louer en une maison auCrotoy. Il s'installe alors dans une dépendance de la propriété Millevoye[199]. Il est en pleine rédaction de saGéographie illustrée de la France et de ses colonies[200] et y conçoitVingt Mille Lieues sous les mers[201]. Honorine, Suzanne, Valentine et Michel peuvent ainsi profiter des bains de mer. En, il loue à la propriété même un appartement pour l'été puis, au printemps 1868, une petite villa de deux étages,La Solitude. Il se fait alors construire un bateau, leSaint-Michel, unechaloupe depêche aménagée pour laplaisance[202]. Les plans du bateau sont établis par le marin Paul Bos (1826-1886)[203].
En, il s'installe à l'année dansLa Solitude et y vit effectivement à partir d'[204].
Le[207], il fonde avecVictor Massé,Léo Delibes, Auguste Lelarge, Fournier-Sarlovèze, Bazille, Bertall, Charles Béchenel et Aristide Hignard[208] le Club des « Onze-sans-femmes »[209], un dîner hebdomadaire d'autres célibataires sans métiers définis[210] qui peut aussi se comprendre par« Onze sans les femmes »[207] comme l'écritWilliam Butcher :« Il faudrait sans doute réinterpréter les mots « sans femmes », puisque nombre des invités, Verne compris, sont mariés à cette époque »[207].
En il s'installe àAmiens[211]. Il écrit alors à son amiCharles Wallut :« Sur le désir de ma femme, je me fixe à Amiens, ville sage, policée, d’humeur égale, la société y est cordiale et lettrée. On est près de Paris, assez pour en avoir le reflet, sans le bruit insupportable et l’agitation stérile. Et pour tout dire, mon Saint-Michel reste amarré au Crotoy. »[212].
Son père, Pierre Verne, meurt d'une attaque le, à Nantes[213]. Il se rend aux obsèques puis regagne Amiens et se plonge dans l'écriture duTour du monde en80 jours[213]. Il fréquente la bibliothèque de la Société industrielle où il peut se documenter grâce à son important fonds de revues scientifiques[214] et le, devient membre titulaire de l'Académie des sciences, des lettres et des arts d'Amiens, « à l'unanimité des suffrages ». Contrairement à l'usage, il ne fait alors pas un discours de réception mais lit un passage de son futur roman à paraîtreLe Tour du monde en80 jours[215]. En 1875, il en est élu directeur ainsi qu'en 1881[215] et, à cette occasion, il prononce plusieurs discours de réception, notamment en 1875, pour un de ses amis, le caricaturisteGédéon Baril[216], qui signera en 1881 les illustrations deDix Heures en chasse chez Hetzel, nouvelle que Jules Verne a auparavant lue le, en séance publique à l'Académie d'Amiens[217] et qu'Hetzel reprend à la suite duRayon vert, dans un texte remanié[218].
En 1869, Hetzel pousse Jules Verne à entrer à l'Académie française[223]. Celui-ci lui répond :« Qui n'a pas une grande fortune ou une grande situation politique n'a point de chance d'y arriver ! »[224]. Malgré tout, en, Jules Verne fait une première démarche pour postuler. Il écrit à Hetzel :« Je vous rappelle, pour mémoire, que voilà deux places vacantes à l'Académie. Vous m'avez un peu mis l'eau à la bouche. Vous avez beaucoup d'amis dans l'illustre corps. Suis-je arrivé à la situation voulue pour resupporter… un échec honorable »[225]. En vain. En 1883, il tente de nouveau sa chance par l'intermédiaire d'Alexandre Dumas fils[226], en espérant ainsi les voix deVictorien Sardou, d'Eugène Labiche et deMaxime Du Camp mais il sait qu'il a deux redoutables concurrents :Alphonse Daudet etEdmond About. C'est ce dernier qui sera élu[227]. Après un nouvel échec en 1884[228], en 1892, alors qu'une place est de nouveau libre, Jules Verne remarque que depuis sa première candidature, ce sont pas moins de trente-sept académiciens qui sont morts et qu'à aucun moment son nom n'a été sérieusement retenu. Il écrit :« Le grand regret de ma vie est que je n'ai jamais compté dans la littérature française »[229].
Du au parait, dansLe Temps,Le Tour du monde en quatre-vingts jours repris la même année en volume par Hetzel[230]. L'adaptation théâtrale de la pièce en 1874-1875 en collaboration avecAdolphe d'Ennery obtient un prodigieux succès. D'Ennery touche 7 % des recettes, Verne 5 % dont il abandonne la moitié, 1,5 % àÉdouard Cadol et 1 % àÉmile de Najac. Ce dernier, secrétaire de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, avait été chargé de faire une adaptation destinée aux États-Unis à partir de la deuxième version établie par Cadol, version qui n'aboutit pas[231]
Jules Verne, membre duYacht Club de France depuis le[232], dont il est aussi membre honoraire[233], fait construire leSaint-Michel II par l'architecte Abel Le Marchand le. Celui-ci est mis à l'eau trois mois plus tard, le. Il s'agit d'un cotre de plaisance sur les plans d'une « hirondelle de la Manche ». Jules Verne a sillonné la Manche et l'Atlantique pendant18 mois, avant d'acquérir son successeur à l'été 1877[234].
1876 est aussi le début du travail avec D'Ennery sur l'adaptation théâtrale desEnfants du capitaine Grant[235]. La même année, il obtient de la justice que son fils mineur Michel, au comportement rebelle[236], soit placé pour six mois dans une maison de redressement, lacolonie pénitentiaire de Mettray[237].
À la fin, Honorine Verne, qui organisait tous les mercredis soir des réunions de jeux et de salon, est victime d'abondantesmétrorragies qui manquent la faire mourir. Elle est sauvée par une transfusion de sang, cas rarissime à l'époque mais sera de nouveau reprise en[238]. Elle ne peut ainsi être présente au bal costumé que Jules Verne a organisé, sur le thème du Voyage à la Lune[239], pour introduire son fils et ses belles-filles dans la bonne société amiénoise[240]. Les invitations ont été lancées le lundi de Pâques[241]. Y est présent, entre autres personnalités, et parmi plus de sept cents invités, son amiNadar, le modèle deMichel Ardan, héros de ses romansDe la Terre à la Lune etAutour de la Lune, déguisé en son personnage[242], sortant d'un obus qu'on avait roulé au milieu des quadrilles[243].
Début 1878, Jules Verne, en parallèle aux finitions de l'adaptation desEnfants du capitaine Grant, commence celle deMichel Strogoff qu'il évoque depuis l'année précédente[244].
De juin à août 1878, il navigue deLisbonne àAlger sur leSaint-Michel III[245], puis, en juillet 1879, enÉcosse et enIrlande[246]. Troisième croisière en juin 1881, avec son frère, son neveu Gaston et Robert Godefroy : il visite lamer du Nord, laHollande, l'Allemagne, puis, par le canal de l'Eider,Kiel et la Baltique jusqu'àCopenhague[247].Paul Verne écrit le récit de ce dernier voyage qui est publié en 1881 chez Hetzel sous le titreDe Rotterdam à Copenhague, à la suite deLa Jangada, dans une version revue, à la demande de l'éditeur, par Jules Verne[248].
Embarqué de force pour un voyage aux Indes pendant l'été 1879, Michel Verne est mis à la porte par son père en[249] mais continue de vivre à Amiens où son père lui verse une pension[250].
En 1882, Jules Verne déménage du 44, boulevard Longueville, où il réside depuis 1873, pour emménager au 2, rue Charles-Dubois, lafameuse maison à la tour surmontée d'un belvédère, qui présente des similitudes frappantes avec les maisons à tour dans deux de ses romans posthumes,Le Secret de Wilhelm Storitz etLa Chasse au météore[251]. Le, il donnera un second bal dans sa nouvelle demeure, bal auquel sa femme peut, cette fois, assister[252].
Il décide en 1884 de faire une grande croisière autour de laMéditerranée[253]. LeSaint-Michel III dont le port d'attache étaitLe Tréport, quitte Nantes le. À son bord, se trouvent Paul Verne, Robert Godefroy,Edgar Raoul-Duval, Michel Verne, Louis-Jules Hetzel et son neveu Maurice (1862-1947), fils de Paul, qui prend des notes[254]. Il compte retrouver sa femme, en visite chez sa fille Valentine et son gendre, enAlgérie. Le navire arrive àVigo le 18, àLisbonne le 23. Verne passe àGibraltar le. À son arrivée àOran, il retrouve Honorine et est reçu par la Société de géographie de la ville. Les journaux lui consacrent de nombreux articles. Le, il est àBône où le bey de Tunis met à sa disposition un wagon spécial. Retrouvant son navire, il essuie une tempête près deMalte, visite laSicile,Syracuse, puisNaples etPompéi[255]. ÀAnzio, le groupe prend le train pourRome. Le, Verne est reçu en audience privée parLéon XIII[256]. Curieusement, le lendemain, il rend visite à la loge maçonnique de la ville[257]. Puis il rencontreLouis-Salvador de Habsbourg-Lorraine[258], avec lequel il établit une relation épistolaire qui durera jusqu'à la mort de l'écrivain[259]. Deux mois après le départ du navire, Verne est de retour à Amiens[260]. Il s'inspire de ce voyage dans la rédaction deMathias Sandorf qui sera publié dansLe Temps du au[261].
Jules Verne en 1892, avec la revue du groupe espérantophone d’Amiens. (PhotoHerbert).
Le, il se décide à vendre leSaint-Michel III[262]. L'entretien du yacht devient dispendieux, son fils s'endette et lui coûte cher[263]. Il le cède, à moitié prix, au courtier maritime Martial Noë en[264]. Contrairement à ce que de nombreux biographes ont écrit, il ne vend donc pas leSaint-Michel à cause de l'attentat dont il est victime le[265].
En effet, à cette date, alors qu'il rentre du Cercle de l'Union vers cinq heures[266], il trouve, après avoir ouvert sa porte de fer, son neveu Gaston armé d'un revolver. Celui-ci tire sur l'écrivain qu'il atteint à la jambe. Gaston, arrêté, est suspecté de folie. Son père, Paul Verne, déclarera que son fils a tiré sur Jules Verne pour attirer l'attention sur celui-ci afin de le faire entrer à l'Académie française. Gaston Verne restera interné jusqu'à sa mort, le[267]. Robert Godefroy envoie un télégramme à la maison Hetzel[268]. Mais Louis-Jules Hetzel est àMonte-Carlo, au chevet de son père qui s'éteint le[269]. La blessure de Jules Verne dont la balle ne pourra jamais être extraite, lui laissera une légèreclaudication jusqu'à la fin de sa vie[270].
Le, sa mère, Sophie Verne, meurt, il ne peut se rendre aux obsèques, car il marche difficilement et sa guérison n'avance pas[271]. Il revient cependant une dernière fois à Nantes dans le courant de cette même année, afin de régler les problèmes de succession et vendre la maison de campagne de ses parents sise rue des Réformes àChantenay[272].
Contraint de se sédentariser, il reporte son intérêt vers la vie de la cité[273]. Le, Jules Verne est élu au conseil municipal d'Amiens sur la liste républicaine (gauche modérée) conduite parFrédéric Petit[274]. Il écrit à son amiCharles Wallut : « Mon unique intention est de me rendre utile et de faire aboutir certaines réformes urbaines[275]. » Il y siégera jusqu'en 1904 et s'y occupera essentiellement des commissions concernant l'instruction, le musée, le théâtre, la culture en général et l'urbanisme[276].
Après le succès d'estime de la pièceMathias Sandorf écrite parGeorges Maurens etWilliam Busnach (1887), et malgré l'échec deKéraban-le-Têtu, d'Ennery évoquant une adaptation duChemin de France ou deNord contre Sud dont l'en dissuade Jules Verne, il revient au théâtre en 1888 et passe le mois de décembre chez d'Ennery àAntibes, puis le mois d'août 1890 àVillers-sur-Mer pour travailler à l'adaptation desTribulations d'un Chinois en Chine, mais il se brouille avec d'Ennery et la pièce ne sera alors jamais montée[277].
Jules Verne n'était en aucun cas un républicain de grande conviction ; il est toute sa vie resté monarchiste, mais de tendance orléaniste[279]. D'après un article duBulletin de la Société Jules-Verne[280], il fait partie des 100 000 signataires d’une proclamation de la nationalisteLigue de la patrie française, parue le dans le quotidienLe Soleil, organe des monarchistes, aux côtés, entre autres deJuliette Adam,Ernest Legouvé,Francisque Sarcey (ces derniers de l’entourage libéral d’Hetzel),Auguste Renoir ou encoreFrançois Coppée parmi vingt-deux académiciens, qui, tous, préfèrent, en pleineaffaire Dreyfus, l’honneur national au respect de l’individu. La Ligue se présente indépendante et située au-dessus des partis, évite de joindre ses voix au dénigrement antisémite explicite, mais réagit à la fondation précédente de laLigue des droits de l'homme qui défend l’honneur de Dreyfus[281]. Elle sera dissoute en 1904[282].
Le dossier sur le projet decirque municipal[283], déjà proposé durant le précédent mandat du maire, lui prend beaucoup de temps. Il s'y investit fortement, malgré les critiques sur la construction en dur d'un tel édifice. Il fait aboutir son projet et, le, prononce le discours d'inauguration[284].
Chevalier de laLégion d'honneur depuis le[285], Jules Verne est promu au grade d'officier le, non pas pour ses qualités d'écrivain, mais pour son dévouement de conseiller municipal[286]. Il est décoré le suivant par le préfet de la Somme[287].
Le, son frère Paul meurt des suites de troubles cardiaques dont il souffrait depuis longtemps[288]. Verne reste prostré et refuse tout déplacement. Il écrit à son neveu Maurice :
« Mon cher Maurice,
Je reçois à l'instant la dépêche m'annonçant la mort de mon pauvre frère, mort prévue, mais bien affreuse. Jamais je n'aurais pensé lui survivre. Je ne vais pas bien du tout. Depuis le jour du mariage de ta sœur, j'ai eu indigestion sur indigestion, et je ne tiens pas debout.
Je t'écris à la hâte, et t'envoie toutes nos condoléances pour ta mère et toute ta famille.
Ton oncle affectionné
Jules Verne
8 h du soir
Je crains bien qu'il me soit impossible d'aller à Paris ! »[289].
Le, il démissionne de la Société de géographie[290].
Jules Verne travaille pendant plusieurs années avecAdolphe d'Ennery à l'adaptation au théâtre du roman. Les deux hommes finissent par se disputer et la collaboration cesse. En 1899, après la mort de D'Ennery,Pierre Decourcelle, neveu de ce dernier, etErnest Blum sont envisagés pour reprendre avec Jules Verne le projet, mais il ne verra jamais le jour. Jules Verne envisage de transposer l'action en Perse et la pièce prend alors le nom deLikao. Finalement, c'estJules Mary qui est choisi pour collaborateur et un traité est signé avec le directeur duthéâtre du ChâteletÉmile Rochard pour les représentations. Mais Rochard est remplacé parAlexandre Fontanes à la direction du théâtre. Celui-ci fait monterLes Cinq Sous de Lavarède dePaul d'Ivoi, qui se déroule auJapon et en Chine. ÀLikao, Fontanes préfère aussi faire monterL'Archipel en feu deCharles Samson etGeorges Maurens, projet qui ne verra non plus jamais le jour. Les différentes étapes manuscrites de l'adaptation desTribulations n'ont jamais été retrouvées[292].
En 1900, Verne quitte l'hôtel particulier qu'il loue rue Charles-Dubois et réintègre la maison dont il est propriétaire depuis au 44 boulevard de Longueville[293]. L'appartement, moins spacieux, lui permet d'y vivre plus facilement. Il y garde ses habitudes : un cabinet de travail et sa bibliothèque attenante. Toujours la même table sur laquelle il écrit depuis trente ans[294]. L'écrivain avoue à un visiteur, Robert Sherard :« Lacataracte a eu mon œil droit, mais l'autre est encore assez bon »[295].
En 1902, il sent ses forces intellectuelles diminuer. À une demande du directeur de l'Académie d'Amiens, il répond : « Vous me demandez d'écrire quelque chose pour l'Académie. Oubliez-vous donc qu'à mon âge les mots s'en vont et les idées ne viennent plus[296]. »
Il n'écrit pratiquement plus mais confie à Robert H. Sherard qu'il a beaucoup d'avance et que ce n'est pas si grave qu'il doive travailler lentement[297]. En effet, dès 1892, Verne tient une liste des romans écrits et les corrige au fur et à mesure de leur parution[298]. Malgré tout, il accepte la présidence du Groupeespérantophone d'Amiens. Ardent défenseur de cette toute jeune langue internationale, il promet à ses amis d'écrire un roman où il décrira les mérites de l'espéranto. Il commence la rédaction deVoyage d'études vers la fin de l'année. Mais, épuisé, il pose sa plume au bout de six chapitres : lorsqu'il entama la rédaction de ce roman en sur la base d'une trame détaillée, Jules Verne avait en effet situé l'action au Congo. La presse, à la suite d'Edmund Dene Morel, se faisant l'écho en juillet et de graves exactions contre les populations indigènes, Jules Verne suspend sa rédaction[299]. Le brouillon sera repris par son fils Michel, mais l'œuvre finale (L'Étonnante Aventure de la mission Barsac) ne fera pas allusion à l'espéranto[300].
Jules Verne sur son lit de mort (1905).
Lediabète, qui attaque son acuité visuelle, l'anéantit petit à petit[301]. Après une sévère atteinte vers la fin de 1904, une nouvelle crise le terrasse, le de l'année suivante[302].
Jules Verne s'éteint le àAmiens, dans sa maison du 44 boulevard Longueville (aujourd'hui boulevard Jules Verne). Ses obsèques, célébrées à l'église Saint-Martin d'Amiens, attirent une foule de plus de cinq mille personnes. Plusieurs discours sont prononcés, notamment celui deCharles Lemire pour la Société de géographie[303]. L'empereurGuillaume II envoie le chargé d'affaires de l'ambassade d'Allemagne présenter ses condoléances à la famille et suivre le cortège. Ce jour-là, aucun délégué du gouvernement français n'était présent aux funérailles[304]. L'écrivain est inhumé aucimetière de la Madeleine à Amiens[305]. Sa tombe en marbre est réalisée en 1907 par le sculpteurAlbert Roze. Intitulée « Vers l'Immortalité et l'Éternelle Jeunesse », elle représente l'écrivain (ou l'allégorie de son œuvre) soulevant la pierre brisée de sa sépulture en écartant le linceul qui le drape, le bras tendu vers le ciel. La tombe est vraisemblablement inspirée par la lettre d'Achille Moullart (1830-1899), directeur de l'Académie d'Amiens, qui lors de la réception de Jules Verne à l'Académie avait écrit :« Un grand peuple est tombé au dernier degré de l'abaissement, et à quelque temps de là, quand ses ennemis et ses envieux chantaient unde profundis ironique sur la tombe où ils le croyaient enseveli, on l'a vu soulever peu à peu la pierre, sortir de son linceul et apparaître plus vivant et plus fort »[306].
Tombeau de Jules Verne au cimetière de la Madeleine d'Amiens.
Honorine Verne rejoint son mari, cinq ans après, le[307].
Sept romans de Jules Verne et un recueil de nouvelles paraîtront après sa mort, publiés par son fils Michel Verne, qui prendra la responsabilité de remanier les manuscrits[308]. En 1907, un huitième roman,L'Agence Thompson and Co., sera entièrement écrit par Michel, mais paraîtra sous le nom de Jules Verne[309].
Les romans de Jules Verne seront fréquemment adaptés au cinéma et à la télévision, leur récit à grand spectacle se prêtant particulièrement aux productionshollywoodiennes. Il en est de même de la bande dessinée.
Ses personnages sont des icônes de l'imaginaire populaire (telsPhileas Fogg, lecapitaine Nemo ou Michel Strogoff). De nombreux navires portent ou ont porté son nom et de nombreux événements lui sont dédiés, parmi lesquels :
Le premier exemplaire de l'ATV, un vaisseau inhabité développé par l'Europe pour ravitailler laStation spatiale internationale, a été baptiséJules Verne[310].
Trois sous-marins de l'US Navy ont porté le nom de Nautilus en hommage à Jules Verne. Le troisième l'USS Nautilus fut le premier à propulsion nucléaire.
L'association françaiseJules Verne Aventures est dédiée à la redécouverte de la planète et la sensibilisation du public à la préservation des espèces menacées.
LeTrophée Jules-Verne est une compétition dans laquelle un équipage doit réaliser à la voile, sans escale et sans assistance, le tour du monde en moins de80 jours.
En 2012, laMonnaie de Paris édite unepièce de dix euros en argent avec l'avers à son effigie, pour la collection « Euros des régions » où Verne représente laPicardie, région où il a vécu la fin de ses jours.
Vladimir Poutine affirme en 2005 qu'« il est rare de trouver aujourd'hui en Russie quelqu'un qui, enfant, ne se soit pas passionné pour Jules Verne ou Dumas »[N 21].
Entre autres, en France, laSociété Jules-Verne, fondée en 1935 et leCentre international Jules-Verne, fondé en 1971, regroupent une importante communauté de chercheurs ditsVerniens travaillant à la mise en valeur et au développement scientifique des recherches sur Jules Verne. Ces deux organismes publient leBulletin de la Société Jules-Verne et laRevue Jules Verne. AuxÉtats-Unis existent la North American Jules Verne Society[311] et la revue en ligneVerniana, bilingue[312], et enAmérique latine la Sociedad Hispánica Jules Verne[313] qui édite la revueMundo Verne. D'autres associations, moins importantes, existent aussi dans différents pays, comme laPologne ou lesPays-Bas[314].
En 2005, une exposition intituléeJules Verne, le roman de la mer lui est consacrée auMusée national de la Marine à Paris.
En 2015, Jules Verne est le vingt-troisième personnage le plus célébré au fronton des 67 000 établissements publics et établissements privés conventionnés français : pas moins de230 écoles, collèges et lycées lui ont donné son nom, derrièreJoseph (880),Jules Ferry (642),Notre-Dame (546),Jacques Prévert (472),Jean Moulin (434)[315].
Il existe aussi une rue Jules Verne àÖskemen auKazakhstan ainsi qu'un complexe résidentiel Jules Verne « ЖИЛОЙ КОМПЛЕКСЖЮЛЬ ВЕРН » àNijni Novgorod. Toujours à Nijni Novgorod, un monument représentant l'écrivain debout dans la nacelle d'un ballon a été érigé sur le quaiNikolaï Mikhaïlovitch Fedoroski(ru).
En 2022, le musée de Nantes organise une exposition autour du cent-cinquantenaire duTour du Monde[317].
Le propre fils de l'écrivain, Michel crée la SociétéLe Film Jules Verne en 1912 et signe en parallèle un contrat avec la société d'éditionÉclair Films. Il leur cède les droits d'adaptation de huit romans de son père, prend part au tournage desEnfants du Capitaine Grant (1914)[323] et superviseLes Indes noires en 1916-1917 avant de résilier son contrat avec Éclair en. Il s'associe alors avec un homme d'affaires, Jules Schreter, pour développer sa société. En 1918-1919, il réalise ainsi :L'étoile du Sud,Les500 millions de la Bégum etLa Destinée de Jean Morénas. La sociétéLe Film Jules Verne est vendue en 1932 au producteurAlexander Korda et à laLondon Films puis cesse ces activités en 1966[324].
Parmi tous les réalisateurs qui se sont attachés à transposer l'œuvre du romancier français à l'écran,Karel Zeman occupe une place à part. Pionnier du cinéma d'animation tchèque, Zeman réalise, entre 1955 et 1970, quatre longs métrages inspirés par la lecture des Voyages extraordinaires et les illustrations originales des éditions Hetzel :Voyage dans la Préhistoire (1955),L'Invention diabolique ouLes Aventures fantastiques (1958),Le Dirigeable volé (1968) etL'Arche de monsieur Servadac (1970). Dans une filiation revendiquée à Georges Méliès et au cinéma muet, Karel Zeman y mêle image réelle, animation et trucage[328].
En 2015, l'influence de Jules Verne se ferait encore sentir, selon l'universitaire américain vernienBrian Taves[329] dans des productions du genreEx Machina,Avengers : L'Ère d'Ultron et surtoutTomorrowland, qui témoigne de l'esprit d'exploration et de l'idéalisme qui imprègnent l'univers de l'auteur[319].
LesDisques Festival éditent des 33 tours avec le concours d'interprètes et de techniciens qui recréent l'univers dramatique de romans tels queDe la Terre à la Lune,Autour de la Lune,L'Île mystérieuse,Michel Strogoff,Le Tour du monde en quatre-vingts jours,Le Château des Carpathes,Les Enfants du capitaine Grant[330]. Cette collection ayant pour titre « Voyages extraordinaires. Jules Verne » remporte le Grand Prix du Disque de l'Académie du Disque Français.
Comme pour les arts cinématographiques ou d'animation, les adaptations en bandes dessinées et mangas sont très nombreuses[335]. Déjà àBarcelone à la fin duXIXe siècle apparaissent desaucas (en catalan),aleluya (en espagnol), feuilles d'images monochromes sur papier blanc, vert, brun ou mauve. Ainsi la maisonSucesor de Antonio Bosch adapteCinq Semaines en ballon,Voyage au centre de la Terre,Vingt Mille Lieues sous les mers,Aventures de trois Russes et de trois Anglais etL'Ile mystérieuse, avec des dessins copiant les gravures des éditions in-8 Hetzel. Le même éditeur publie une adaptation deDe la Terre à la Lune et d'Autour de la Lune sous le titreDe la Tierra al Sol pasando por la Luna dont dix-huit des quarante-huit vignettes sont issues des romans lunaires puis s'en éloignent à partir de la vignetteno 19 ainsi que le texte, les héros descendant sur la Lune et y rencontrant des voyageurs d'un autre obus. Parmi d'autres aucas :Los sobrinos del Capitán Grant[336], tirée de lazarzuela deMiguel Ramos Carrión,Aventuras de tres Rusos y de tres Ingleses ouVeinte mil leguas de viaje submarino[337].
AuxÉtats-Unis, dans la série de bandes dessinéesClassiques illustrés paraissent à partir de 1946 de très nombreux romans de Jules Verne. Ils connaissent aussi dans la même série des traductions auxPays-Bas, enSuède, auDanemark et enGrèce. Dans les années 1970, pratiquement tous les romans de Jules Verne sont adaptés enEspagne et de très nombreux enItalie[339].
En France,Le Journal de Mickey dans les années 1950 produit quelques adaptations et Hachette publie un intermédiaire entre les images d’Épinal et la bande dessinée avecVingt Mille Lieues sous les mers. Autres adaptations marquantes,Le Démon des glaces deJacques Tardi (1974), pasticheL'Île mystérieuse,Vingt Mille Lieues sous les mers etLes Mémoires d'un aventurier deFrançois Dimberton (1989-1991). On y voit Jules, Michel et Honorine Verne accueillir à leur bord un des héros lors d'une croisière de Jules Verne[340].
Énumérer l'ensemble des sources utilisées par Verne ne peut être exhaustif mais il est possible de remarquer qu'en grande partie son œuvre est orientée vers sa propre époque[351]. Dans sesSouvenirs d'enfance et de jeunesse Jules Verne évoque quelques influences :
« Je connaissais déjà les termes de marine, et je comprenais assez les manœuvres pour les suivre dans les romans maritimes deFenimore Cooper, que je ne puis me lasser de relire avec admiration[352]. »
ÀMarie A. Belloc venue l'interviewer, il explique sa méthode de travail :« […] bien avant d'être romancier, j'ai toujours pris de nombreuses notes en lisant les livres, les journaux, les magazines ou les revues scientifiques. Ces notes étaient et sont toutes classées selon le sujet auquel elles se rapportent, et c'est à peine si j'ai besoin de vous dire à quel point cette documentation a une valeur inestimable »[353]. Belloc observe que ces notes sont rangées dans des casiers en carton. Elles sont conservées à laBibliothèque municipale d'Amiens (Fonds Piero Gondolo della Riva)[354].
Après son travail préalable de recherche sur le sujet qu'il a choisi, Jules Verne établit les principales lignes de son futur roman :« Je ne commence jamais un livre sans savoir ce que seront le début, le milieu et la fin »[363]. Il dresse alors un plan des chapitres et commence l'écriture d'une première version au crayon« en laissant une marge d'une demi-page pour les corrections »[363]. Il lit ensuite le tout et le repasse à l'encre. Il considère que son véritable travail commence avec le premier jeu d'épreuves. Il corrige alors chaque phrase et récrit des chapitres entiers[364]. Les manuscrits de Jules Verne témoignent de l’important travail de corrections, ajouts, réécritures qu'il effectue et des nombreuses critiques et notes de son éditeur[365]. Son but est de devenir un véritable styliste comme il l'écrit lui-même à Hetzel :
« Vous me dites des choses bien aimables et même bien flatteuses sur mon style qui s'améliore. Évidemment, vous devez faire allusion aux passages descriptifs dans lesquels je me déploie de mon mieux. […] je me demande si vous n'avez pas voulu me dorer un peu la pilule. Je vous assure, mon bon et cher Directeur, qu'il n'y avait rien à dorer, j'avale très convenablement et sans préparation. […] Tout ceci, c'est pour vous dire combien je cherche à devenir unstyliste (c'est Jules Verne qui souligne), mais sérieux ; c'est l'idée de toute ma vie […][366]. »
Dans une lettre àMario Turiello[367], Jules Verne précise sa méthode :« Pour chaque pays nouveau, il m'a fallu imaginer une fable nouvelle. Les caractères ne sont que secondaires ».
Jean-Paul Dekiss étudiant le style de Jules Verne écrit :« Son rapport singulier à l'éducation a fait de Jules Verne un auteur pour enfants ; l'intérêt documentaire qu'il porte à la science le fait auteur scientifique ; sa réussite dans l'anticipation, auteur de science-fiction ; l'aventure le fait classer par la critique littéraire auteur populaire de second rang ; par l'arrière-plan auquel il relègue les analyses psychosociologiques il est considéré sans profondeur ; son style transparent est transformé en style inexistant. Que de malentendus !... »[368].
Jules Verne utilise ainsi dans les péripéties de ses romans l'histoire et la géographie, les techniques et les sciences, le tout pour produire de l'imaginaire. Il ne s'arrête pas à l'anecdote et par les connaissances, exploite ses sources pour passer au-delà du réel.« Elles donnent aux personnages et à leurs actes une transparence, une luminosité particulière qui est celle des rêves, de l'enchantement et des mythes »[374].Daniel Compère ajoute :« Il existe chez Verne une tendance à fictionner le réel, à projeter dans les récits et descriptions qu'il lit des personnages et des événements romanesques. Cette tendance se retrouve également dans les récits historiques que Verne a consacrés aux grands voyageurs depuis l'Antiquité jusqu'auXIXe siècle »[375].
Caricature de Jules Verne « allant recueillir aux bonnes sources des renseignements authentiques sur le monde sous-marin ». Paru dans leJournal d'Oran, 1884.
Derrière une apparente diversité, ce sont les thèmes qui donnent à l'œuvre de Jules Verne une unité profonde. À peine indiqués dans certains ouvrages, dans d'autres, ils deviennent le noyau de l'histoire. Un simple exemple, ce fameuxrayon vert, qui donne son titre au roman de 1882, est déjà évoqué dans des œuvres antérieures et le sera également dans des romans postérieurs. Ces fils d'Ariane assurent la cohésion à l'ensemble des écrits de Verne, toutes formes confondues (nouvelles, théâtre,Voyages extraordinaires, ébauches, poèmes)[376].
Claude Lengrand,Dictionnaire des "Voyages extraordinaires", Tome 1, Encrage, 1998,Dictionnaire des personnages,p. 75-267
Luc Cassayre, sous la direction de Jacques Noiray.Le Système des personnages dansLes Voyages extraordinaires de Jules Verne, Thèse de doctorat en littérature française, Paris IV-Sorbonne, 1999, 671 pages en 3 volumes.
Alexandre Tarrieu,Femmes, je vous aime (étude de caractères) (sur l'ensemble des personnages féminins de l’œuvre),Revue Jules Verneno 9, 2000,p. 71-116
Si Jules Verne a influencé des générations de lecteurs et d'écrivains descience-fiction, son œuvre est marquée par lestopoï littéraires de son époque.
Des stéréotypesantisémites sont présents dans certaines œuvres[378], notamment dansHector Servadac[379] :
« Petit, malingre, les yeux vifs mais faux, le nez busqué, la barbiche jaunâtre, la chevelure inculte, les pieds grands, les mains longues et crochues, il offrait ce type si connu dujuifallemand, reconnaissable entre tous. C'était l'usurier souple d'échine, plat de cœur, rogneur d'écus et tondeur d'œuf. L'argent devait attirer un pareil être comme l'aimant attire le fer, et, si ce Shylock fût parvenu à se faire payer de son débiteur, il en eût certainement revendu la chair au détail. D'ailleurs, quoiqu'il fût juif d’origine, il se faisait mahométan dans les provinces mahométanes, lorsque son profit l'exigeait, chrétien au besoin en face d'un catholique, et il se fût fait païen pour gagner davantage. Ce juif se nommait Isac Hakhabut. »
Verne applique ainsi le stéréotype du juif dans la littérature et l'imagerie populaire, dans l'esprit de l'usurierGobseck ou duNucingen deLa Comédie humaine, duMarchand de Venise, duShylock deShakespeare, de ses lectures d'Alphonse Toussenel, des sources qu'il exploite aussi, ou, entre autres, du Victor Hugo desBurgraves. À la publication d'Hector Servadac, le grand rabbin de Paris,Zadoc Kahn dénonce l'antisémitisme de Verne. Son parti pris caricatural, correspondant à l'antisémitisme ambiant, avait pourtant déjà été utilisé dans sa nouvelleMartin Paz en 1852, sans qu'aucune réserve ne soit alors soulevée[380]. Il retient vraisemblablement la leçon du rabbin et de son éditeur puisque cet aspect-là ne réapparait plus ensuite dans son œuvre[381]. Jean-Paul Dekiss explique :« Jules Verne reprend malheureusement une image à son époque répandue et n'a pas mesuré les conséquences d'un choix aussi déplorable […] À sa décharge, s'il utilise le personnage du méchant juif pour dénoncer le rôle néfaste de l'argent, c'est au phénomène de l'usure qu'il s'attaque, non à une minorité religieuse »[380].
Un autre fait, touchant à la biographie de Jules Verne, peut expliquer cette caricature antisémite du personnage d'Isac Hakhabut. Au moment de la rédaction du roman, Jules Verne est aux prises avec l'affaire Olschewitz, une famille juive polonaise qui défraie la chronique en déclarant que l'auteur desVoyages extraordinaires se nomme en réalité Julius Olschewitz[N 22]. Cette affaire l'exaspère[382]. Il cherche alors à prouver son origine catholique :« Étant breton, je suis par raison, par raisonnement, par tradition de famille chrétien et catholique romain. » (lettre à Madame Antoine Magnin)[383]. On en trouve aussi de nombreux échos dans sa correspondance avec son éditeur[384]. De plus, à la même époque Jules Verne se considérait spolié (à tort) par Jacques Offenbach pour la féerieVoyage dans la Lune, et (à raison) parAdolphe d'Ennery, pour les droits de l'adaptation duTour du monde en80 jours, tous les deux de confession israélite[385]. Par ailleurs, Verne détestait se rendre àAntibes dans la villa de son collaborateur, qui menait une vie assez dissolue aux yeux de l'écrivain[386]. Le manuscrit d'Hector Servadac contient ainsi des précisions qui ciblent sans ambiguïté D'Ennery, mais qui ont disparu de la version publiée[387].
Verne a d'abord étéanti-dreyfusard avant de changer d'avis[388]. Ayant de nombreux membres de sa famille dans l'armée, tel le généralGeorges Allotte de La Fuÿe, son cousin germain, modèle du personnage d'Hector Servadac, qui a lu et corrigé le roman du même nom[389], ce soutien peut se comprendre. ÀLouis-Jules Hetzel il écrit par exemple au sujet de l'affaire Dreyfus :« Que sera ce jour de l'an au milieu de l'anarchie morale où notre pauvre pays est tombé ? Je ne sais guère. Mais c'est tout simplement abominable, et je ne saurais trop vous dire à quel point j'ai été surpris et chagriné de l'intervention de Poincaré il y a quelques semaines. Et comment tout cela finira-t-il ? »[390] et quelques mois plus tard au lendemain du vote de la Chambre d'une loi dite de dessaisissement attribuant à la Cour de cassation la décision à prendre pour la révision du procès de Dreyfus :« Moi, qui suis anti-dreyfusard dans l'âme, j'approuve, c'est ce qu'il y avait de mieux à faire sur la question de la révision. Mais je comprends de moins en moins l'attitude de notre Poincaré »[391].Raymond Poincaré, qui en 1896, avait été l'avocat de Jules Verne et de Louis-Jules Hetzel dans une affaire en diffamation (l'inventeurEugène Turpin s'étant reconnu dans le personnage de Thomas Roch du romanFace au drapeau) où l'accusateur fut, à tort, débouté[392], dreyfusard, protestait contre cette décision qui introduisait l'arbitraire.
Progressivement, et les preuves s'accumulant, Jules Verne change d'avis. Michel Verne ardent dreyfusard n'est sans doute pas étranger à ce changement de cap[393]. Au même moment, Jules Verne rédigeLes Frères Kip dans lequel des innocents sont condamnés au bagne[393].
Jules Verne, bien qu'anti-colonialiste, reprenant les sources qu'il emploie, n'échappe pas aux préjugés de son époque[394] :
« Mais ces indigènes, demanda vivement Lady Glenarvan, sont-ils ?… — Rassurez-vous, madame, répondit le savant […] ces indigènes sont sauvages, abrutis, au dernier échelon de l'intelligence humaine, mais de mœurs douces, et non sanguinaires comme leurs voisins de la Nouvelle-Zélande. S'ils ont fait prisonniers les naufragés duBritannia, ils n'ont jamais menacé leur existence, vous pouvez m'en croire. Tous les voyageurs sont unanimes sur ce point que les Australiens ont horreur de verser le sang, et maintes fois ils ont trouvé en eux de fidèles alliés pour repousser l'attaque des bandes de convicts, bien autrement cruels. »
L'œuvre de Jules Verne, comme celle de la plupart des auteurs de l'époque, marque quelquefois une condescendance voire un parfait mépris envers les « sauvages » ou « naturels » :
« Quelques minutes après, le Victoria s’élevait dans l’air et se dirigeait vers l’est sous l’impulsion d’un vent modéré. « En voilà un assaut ! dit Joe. — Nous t'avions cru assiégé par des indigènes. — Ce n'étaient que des singes, heureusement ! répondit le docteur. — De loin, la différence n’est pas grande, mon cher Samuel. — Ni même de près, répliqua Joe. »
Cependant,Jean Chesneaux etOlivier Dumas, ont remarqué chacun de leur côté que :« Ce racisme de Jules Verne, son attitude méprisante, s'applique davantage aux couches dirigeantes et aux aristocraties tribales qu'aux peuples d'Afrique et d'Océanie dans leur ensemble. Ce qu'il dénonce le plus volontiers, comme typique de la « barbarie » africaine, ce sont les hécatombes rituelles à l'occasion des funérailles d'un souverain, tel le roitelet congolais dansUn capitaine de quinze ans (seconde partie, chapitre 12) ou les immolations massives de prisonniers en l'honneur de l'intronisation du nouveau roi du Dahomey auxquelles met fin Robur du haut de son aéronef (p. 142) »[395].
Et il est vrai que ce genre de remarque reste occasionnel ; on trouve davantage de personnages de couleur présentés sous un angle positif, à l'instar de Tom, Austin, Bat, Actéon et Hercule dansUn capitaine de quinze ans (« […] on pouvait aisément reconnaître en eux de magnifiques échantillons de cette forte race […] »). Il faut ajouter les sauvages de la Papouasie dansVingt Mille Lieues sous les mers, à propos desquels le capitaine Nemo, retiré d'une « civilisation » composée de Blancs, s'exclame :« Et d'ailleurs sont-ils pires que les autres ceux que vous appelez les sauvages ? ». Il repoussera par des charges électriques inoffensives la menace qu'ils font peser sur son équipage. Il se montrera en revanche sans pitié pour un navire européen (on saura dansL'Ile mystérieuse qu'il était britannique) qui a fait périr toute sa famille. On y apprendra aussi que le capitaine Nemo était un Hindou — donc un Asiatique —, qui participa à laRévolte des cipayes en 1857. Enfin, le colonialisme britannique en Océanie est plusieurs fois fustigé dans lesVoyages extraordinaires :Les Enfants du capitaine Grant,La Jangada,Mistress Branican[396].
De plus, dans ces romans, Jules Verne prend nettement position contre l'esclavage, position qu'il a réaffirmée à plusieurs reprises, notammentà propos de la guerre de Sécession[397]. C'est un militant de cette cause, ayant constamment applaudi à l'abolition de 1848[398]. Dans ce domaine, il est de surcroît sans concession quant aux responsables et profiteurs de l'esclavage. Ainsi, notamment dansUn capitaine de quinze ans, il s'en prend aux roitelets africains qui s'adonnent à de ravageuses guerres et à de fructueuses captures suivies de mises en esclavage de leurs frères de race, tournant souvent au drame, mais aussi à l'esclavage pratiqué dans les pays musulmans en rappelant :
« L’Islam est favorable à la traite. Il a fallu que l’esclave noir vînt remplacer, dans les provinces musulmanes, l’esclave blanc d’autrefois. »
Pour autant, il n'accorde pas aux Noirs l'égalité avec les Blancs : lorsqu'ils ne sont pas des sauvages sans pitié, les Noirs sont des serviteurs, tout dévoués à leur maître, et ne prétendant pas à un autre statut. Ainsi, dansDeux Ans de vacances, le mousse Moko, du même âge que les autres enfants, est à leur entier service, et ne prend pas part au vote qui désignera le chef de la petite colonie, ni à aucun débat :
« Moko, en sa qualité de noir, ne pouvant prétendre et ne prétendant point à exercer le mandat d'électeur […] »
Jean Chesneaux souligne le fait qu'« aucun roman vernien n'est consacré à l'expansion coloniale française proprement dite », pas plus qu'à la traite atlantique totalement ignorée.« En dépit de l'effort de compréhension envers les luttes contre le pouvoir colonial et de sa sympathie secrète pour les rebelles tels Nana-Sahib, Jules Verne n'en accepte pas moins la domination coloniale comme un fait inéluctable et acquis, mieux, comme un fait historiquement nécessaire »[399]. Mais d'autres chercheurs ont contredit ces propos en prenant entre autres l'exemple du romanL'Invasion de la mer, traitant du sujet[400].
Les dates entre parenthèses indiquent la première publication[401].
Un drame au Mexique (Musée des familles, 1851)[402], publié mais modifié en 1876 à la suite deMichel Strogoff, aussi appeléLes premiers navires de la marine mexicaine
Les Aventures du capitaine Hatteras (Magasin d'éducation et de récréation, 1864), publié en deux parties :Les Anglais au Pôle Nord (-) etLe désert de glace (-), Hetzel, 1866.
Le Comte de Chanteleine (Musée des familles, 1864)[408], publié en revue seulement ; première publication en volume en 1971 chez Rencontre (Lausanne).
De la Terre à la Lune (Journal des débats, 1865)[409] puisL'Union bretonne. Moniteur de Nantes et des départements de l'Ouest () et Hetzel, 1865.
Les Forceurs de blocus (Musée des familles, 1865)[410], publié à la suite d'Une ville flottante, Hetzel, 1871.
Les Enfants du capitaine Grant (Magasin d’éducation et de récréation, 1865)[411], publié chez Hetzel en trois parties :Amérique du Sud (),Australie () etOcéan Pacifique () et en un seul volume en.
Vingt Mille Lieues sous les mers (Magasin d’éducation et de récréation, 1869)[412], publié chez Hetzel en deux parties (1869 et 1870) et en un seul volume en.
L'Île mystérieuse (Magasin d’éducation et de récréation, 1874-1875)[421], publié chez Hetzel en trois volumes séparés :Les naufragés de l’air (1874),L’Abandonné (1875) etLe secret de l’île (1875) et en un seul volume intégral (1875).
Une ville idéale (Mémoire de l'Académie des sciences, des lettres et des arts d'Amiens, 1875)[423], T. Jeunet, 1875
Michel Strogoff (Magasin d’éducation et de récréation, 1876)[424], publié chez Hetzel en deux volumes (le volume 2 étant complété de la nouvelleUn drame au Mexique) puis en un volume intégral, comprenant aussi la nouvelle, 1876
Hector Servadac (Magasin d'éducation et de récréation, 1877)[425], publié chez Hetzel en deux volumes puis en un volume, 1877
La Maison à vapeur (Magasin d'éducation et de récréation, 1879-1880)[432], publié en deux volumes chez Hetzel puis en un, 1880
La Jangada (Magasin d'éducation et de récréation, 1881)[433], publié en deux volumes chez Hetzel puis en un, 1881
Dix Heures en chasse (Mémoires de l'Académie des sciences, des lettres et des arts d'Amiens, 1881)[434], publié dans un texte modifié à la suite duRayon vert chez Hetzel en 1882. La première édition en volume séparé aura lieu en 1955 enBelgique[435]
L'Épave du Cynthia (Magasin d’éducation et de récréation, 1885)[443], en collaboration avecAndré Laurie, Hetzel, 1885 (publié horsVoyages extraordinaires)
Deux Ans de vacances (Magasin d’éducation et de récréation, 1888)[450], publié en deux volumes par Hetzel, 1888
Famille-Sans-Nom (Magasin d’éducation et de récréation, 1889)[451], publié en deux volumes chez Hetzel, 1889
La Journée d'un journaliste américain en 2889 (The Forum, 1889), en anglais[452] puisMémoire de l'Académie des sciences, des lettres et des arts d'Amiens[453], en français dans une version modifiée sous le titreLa Journée d'un journaliste américain en 2890. Le texte, sous ce dernier titre, est de nouveau repris dansLe Petit Journal du[454] avant de paraître chez Hetzel en 1910 dans le volumeHier et demain sous le titreAuXXIXe siècle : la journée d'un journaliste américain en 2889 dans une version modifiée par rapport aux précédentes.
À la mort de Jules Verne en mars 1905, plusieurs de ses manuscrits sont en attente de publication et certains ont déjà été fournis à l'éditeur. Ces romans et nouvelles ont pour la plupart été remaniés par Michel Verne, fils de l'auteur, avant leur publication. Les versions originales n'ont été publiées que plusieurs décennies plus tard. La date indiquée entre parenthèses est celle de la première publication. La date de rédaction est indiquée entre crochets.
Le Phare du bout du monde (Magasin d’éducation et de récréation, 1905) [-][479], version remaniée par Michel Verne, Hetzel, 1905 ; première édition originale, Société Jules-Verne, 1999
Le Volcan d'or (Magasin d’éducation et de récréation, 1906) [1899][480], version fortement remaniée par Michel Verne, Hetzel, 1906 ; première édition originale, Société Jules-Verne, 1989
La Chasse au météore (Le Journal, 1908) [1901][483], version remaniée par Michel Verne, Hetzel, 1908 ; première édition originale, Société Jules-Verne, 1986
Le Beau Danube jaune (Le Journal, 1908) [1896][484], version fortement remaniée par Michel Verne publiée sous le titreLe Pilote du Danube chez Hetzel, 1908 ; première édition originale, Société Jules-Verne, 1988
En Magellanie (Le Journal, 1909) [1897-1898][485], version fortement remaniée par Michel Verne publiée en deux volumes sous le titreLes Naufragés du « Jonathan », Hetzel, 1909 ; première édition originale, Société Jules-Verne, 1987
Le Secret de Wilhelm Storitz (Le Journal, 1910) [1898][486], version fortement remaniée par Michel Verne, Hetzel, 1910 ; première édition originale, Société Jules-Verne, 1985
Pierre-Jean (nouvelle, vers 1852), non datée remaniée par Michel Verne dansLa Destinée de Jean Morénas publiée en 1910 dansHier et demain, et publiée dans sa version originale en 1991 dans lesManuscrits nantais
Le Siège de Rome (nouvelle, vers 1854), publié pour la première fois dansSan Carlos et autres récits inédits, Le Cherche-Midi éditeur, 1993
San Carlos (nouvelle, vers 1856), publié pour la première fois dansSan Carlos et autres récits inédits, Le Cherche-Midi éditeur, 1993
Le Humbug (nouvelle, vers 1870), publié mais modifié par Michel Verne dans le volumeHier et demain (1910) ; première publication du texte original de Jules Verne dans leBulletin de la Société Jules-Verneno 76, 1985
L'Oncle Robinson (roman, 1869-1870), inachevé, ébauche deL'Île mystérieuse, publiée pour la première fois en 1991 au Cherche-Midi éditeur
Voyage en Angleterre et en Écosse (roman, 1859), refusé par Hetzel, publié pour la première fois en 1989 sous le titreVoyage à reculons en Angleterre et en Écosse au Cherche-Midi éditeur
Paris auXXe siècle (roman, vers 1860), roman refusé par Hetzel, publié pour la première fois en 1994 par Hachette et Le Cherche-Midi associés
Joyeuses Misères de trois voyageurs en Scandinavie (1861), inachevé, premier chapitre d'un journal de voyage. Le seul bref fragment restant, retrouvé en 1992, a été publié pour la première fois dans une numéro spécialJules Verne de la revueGéo en
Jules Verne est d'abord attiré par le théâtre, mais n'y connaîtra qu’un succès fragile jusqu'à ce que certains desVoyages extraordinaires soient portés à la scène. Plusieurs de ses pièces ont été écrites en collaboration. La date est celle de la première représentation. Est aussi mentionnée la date de première publication. Les pièces qui n'ont pas été représentées sont répertoriées dans l'article détailléThéâtre de Jules Verne[490].
Les Châteaux en Californie ouPierre qui roule n’amasse pas mousse, comédie-proverbe en un acte (Centre culturel franco-italien de Turin,), édition :Musée des familles, 1852[492]
Les Enfants du capitaine Grant, pièce en cinq actes et un prologue (13 tableaux) (Théâtre de la Porte-Saint-Martin,), en collaboration avec Adolphe d’Ennery, édition : Hetzel, 1881
Michel Strogoff, pièce à grand spectacle en cinq actes et 16 tableaux (théâtre du Châtelet,), en collaboration avec Adolphe d’Ennery, édition : Hetzel, 1883
Le volumeLes Voyages au théâtre (Hetzel, 1881), est une anthologie regroupant les trois pièces précédentes
Les Vieux continents, fragment d'épreuves imprimées mais non vendues (entre 1881 et 1888), inédit
L'Ancien monde (entre 1881 et 1888), imprimé en un volume, avec illustrations prévues deGeorges Roux conservées aux archives Hachette ; non commercialisé et toujours inédit
Le Nouveau monde (entre 1881 et 1888), imprimé en un volume sans illustration (illustrations prévues de Georges Roux conservées aux archives Hachette) ; non commercialisé et toujours inédit
Cent-quatre-vingt-quatre poésies et chansons de Jules Verne ont été répertoriées jusqu'à présent. La plupart des chansons sont parues dans deux recueils de musique d'Aristide Hignard :Rimes et Mélodies. Un grand nombre de poésies proviennent de deux cahiers de poésies manuscrites. Ces cahiers ont été édités[499].
Liste des poésies et chansons
Les dates entre parenthèses sont simplement supposées.
(1842)A ma chère mère.
(1847)Hésitation. À une jeune personne à la noble tournure, aux yeux grands et noirs.
(1847)Paraphrase du Psaume 129.
(1847)Damoiselle et damoiseau. Ballade.
(1847)Acrostiche.
(1847)J'ai donc mal entendu....
(1847)Le cancan. Sonnet.
(1847)L'attente du simoun. Ballade.
(1847)Jupiter et Léda.
(1847)La vapeur. Sonnet.
(1847)L'Oméopathie [sic]. Sonnet.
(1847)La fille de l'air. À Herminie.
(1847)L'attente. Villanelle. Reprise avec variantes sous le titreLa douce attente. Villanelle, puis dansMonna Lisa.
(1847)Ma douce amante, pourquoi...À une demoiselle que j'aime, et qui fait tout ce qu'elle peut pour ne pas le savoir !.
(1847)Le silence dans une église. Sonnet.
(1847)La sixième ville de France. Sonnet.
(1847)Plutus Premier, roi de France. Sonnet.
(1847)Ton esprit qui désarme....
(1847)Rondeau redoublé.
(1847)Naissance de la corruption, daté.
(1847)Le cabinet du 29 octobre. Chanson, daté.
(1847)Tu dis que mon amour...,A Herminie, à mettre dans un billet doux.
(1847)Je te vois tout en larmes...
(1847)Quel aveugle !, daté.
(1847)À la potence! Rondeau, daté.
(1847)Affaire Praslin. Sonnet, daté.
(1847)Un vieil habit! Chanson, daté.
(1847)Lay.
(1847)Le monde n'est qu'un grand billard.
(1847)Chanson de gabiers. Parue sous le titreLes gabiers. Chanson maritime. Musique d'Aristide Hignard.
(1847)Le pouvoir maintenant regrette....
(1847)L'orpheline au couvent.
(1847)Le chien fidèle aboie....
(1847)La Mort. Sonnet.
(1847)Le Koran.
(1847)On voit dans le Koran... Sonnet.
(1847)Chatterton. Elégie.
(1847)L'hôpital. Sonnet.
(1847)La lune. Sonnet.
(1847)L'adieu à une dame. Sonnet.
(1847)Herminie!... Sonnet.
(1847)Le Jeudi saint à Ténèbres.
(1847)Madame C...!.
(1847)Monsieur a beaucoup d'enfants....
(1847)La nuit.
(1847)A l'hôpital. Rondeau.
(1847)O toi que mon amour....
(1847)Tempête et calme.
(1847)Le génie. Sonnet.
(1847)Parodie.
(1847)Chanson d'argot.
(1847)Quel cerveau.... Dernier texte du premier cahier de poésies.
(1848)Douleur.
(1848)L'amour et l'amitié....
(1848)Pour une mère....
(1848)Le superbe cortège....
(1848)Chant des barricades, daté.
(1848)Lorsque la douce nuit..., daté.
(1848)La nuit à cet instant....
(1848)Mon Dieu, puisque la nuit....
(1848)Conseils à un ami. Sonnet.
(1848)La cloche du soir, d'après un tableau allemand. Sonnet.
(1848)Existe-t-il sur terre....
(1848)Sonnet d'après Kerner.
(1848)Connaissez-vous mon andalouse....
(1848)En l'âme, il est souvent....
(1848)O toi, dont les regards…, in lettre à sa mère du 30 juillet 1848.
(1848)J'aime ces doux oiseaux….
(1848)Lorsque l'hiver arrive….
(1848)Voyageur fatigué….
(1848)Compliments, daté.
(1849)Avec ce punch… Chanson.
(1849)A ma sœur, le jour de sa première communion.
(1849)Au Général Cambronne.
(1849)La jeune fille. Sonnet.
(1849)Bonheur domestique. Sonnet.
(1849)Quand par le dur hiver… Sonnet.
(1849)La vie est une fleur… Sonnet.
(1849)Vous êtes jeune et belle… Sonnet.
(1849)Catinetta mia, je vous dis… Sonnet.
(1849)Comme la jeune vigne….
(1849)La vie. Dernier poème de jeunesse.
(1850). Deux dédicaces en vers, adressées à Alexandre Dumas fils et Charles Maisonneuve, pour les représentations desPailles rompues.
(1854)A ma chère et petite sœur, le jour de sa première communion.
(1855)Parmi les astres purs…, sonnet écrit pour Marie Verne.
(1855)Lettre en vers à son père de mars 1855.
(1855)En avant les zouaves !!! Chanson guerrière. Musique d'Alfred Dufresne.
(1856)Daphné. Mélodie. Musique d'Aristide Hignard.
(1856)Tout simplement. Rondeau. Musique d'Aristide Hignard. Repris en partie et avec variantes dansHector Servadac.
(1856)Les bras d'une mère. Berceuse. Musique d'Aristide Hignard.
(1856)Les deux troupeaux. Eglogue. Musique d'Aristide Hignard.
(1856)Notre étoile. Musique d'Aristide Hignard.
(1856)Chanson scandinave. Musique d'Aristide Hignard. Reprise et augmentée dansLe pays des fourrures.
(1856)Chanson turque. Musique d'Aristide Hignard.
(1860)Mathilde, écoute-moi…, poésie composée pour le mariage de Mathilde Verne.
(1860)Souvenirs d'Ecosse. Musique d'Aristide Hignard. Reprise avec variantes dansLes Indes noires.
(1860)Au printemps. Romance. Musique d'Aristide Hignard.
(1861)Mesdames et Messieurs…, poésie composée pour le mariage de Marie Verne.
(1862)La Tankadère. Chanson chinoise. Musique d'Aristide Hignard. Reprise avec variantes dansLes tribulations d'un Chinois en Chine.
(1868)Un nid au soleil levant…, insérée dans une lettre à Hetzel du 11 février 1868.
(1870)Les clairons de l'armée. Chœur. Musique d'Aristide Hignard.
(1875)Le corail luit…, chanson tsigane du manuscrit deMichel Strogoff.
(1884)Lorsque vibre la chanson…, inMathias Sandorf.
(1884)Au marquis Gravina. Rome.
En 1886, alité, à la suite de l'attentat perpétré contre lui par son neveu Gaston, Jules Verne recommence à versifier, en écrivant des triolets sur les personnes en vue d'Amiens. Une première série comprend dix-neuf triolets:
Trop de fleurs ! Causerie,Bulletin d'horticulture de Picardie, ; première édition en volume dansTextes oubliés, 10/18, 1979
To my english readers, réponse en anglais à la dédicaceTo Jules Verne, publié en guise de préface inA Plunge into space de Robert Cromie, Frederick Warne and Co, 1891
Compte rendu des opérations de la caisse d'épargne d'Amiens (), édition : T. Jeunet, 1898
Rapport sur l'exploitation du théâtre (conseil municipal d'Amiens, séance du) ; première édition en volume dansVisions nouvelles sur Jules Verne, Centre de documentation Jules Verne, 1978
↑Marie Verne était surnommée « le chou » et avait pour parrain son frère aîné selonCécile Compère, « Jules Verne de Nantes »,Revue Jules Verne,no 4,,p. 13.
↑Le fait n'est pas attesté et repose sur les dires d'une des premières biographies sur Jules Verne, écrite par une de ses petites-nièces par alliance,Marguerite Allotte de La Fuÿe (Kra, 1928), et dont les développements légendaires ont très souvent été repris par la suite bien que les recherches scientifiques les aient depuis infirmés (cf.Volker Dehs, « Précisions biographiques sur Marguerite Allotte de La Fuÿe »,Revue Jules Verne,no 32,,D'un biographe l'autre, Centre international Jules-Verne,,p. 69-76 etCharles-Noël Martin,La Vie et l’œuvre de Jules Verne, Michel de l'Ormeraie,,p. 260).
↑Jules Verne jouait fort bien du piano. VoirPierre Terrasse, « Les études de Jules Verne »,Bulletin de la Société Jules-Verne,nos 37-38,,p. 106-107.
↑. Dans ce séminaire, on accepte deux catégories d'élèves : les ecclésiastiques et les laïcs. Ces derniers paient le double de la somme demandée aux autres. Jules et son frère sont naturellement dans la catégorie des « laïcs ». VoirCécile Compère, « Jules Verne de Nantes »,Revue Jules Verne,no 4,,p. 15.
↑Cette légende a persisté dans la réédition de l'ouvrage de Marguerite Allotte de la Füye en 1953. La biographe se fonde pour la crédibilité de l'événement sur des faits et des personnes réels, notamment un certainJean-Marie Cabidoulin qui tenait le cabaretL'Homme-qui-porte-trois-malices, et le navireLa Coralie qui appartenait effectivement à l'armateur Le Cour Grand-Maison. cf.M. Allotte de la Füye, Hachette, 1953,p. 21–22. Charles-Noël Martin, qui, en 1971, se basant sur Marguerite Allotte de la Füye, dans son ouvrageJules Verne, sa vie et son œuvre (éd. Rencontre), avait repris la fugue, démontre en 1978 la supercherie dans son ouvrageLa Vie et l’œuvre de Jules Verne, Michel de l'Ormeraie,p. 21-22, notamment ses déformations des lettres de Jules Verne à sa famille, ses citations mensongères et ses interprétations fallacieuses. Il revient avec plus de détails sur le sujet, en 1981, dans son article« La fugue dumousse Jules Verne »,BSJV,no 60,,p. 136-140. Voir aussi :Volker Dehs, « Faits ou légende ? Le retour de la Coralie »,Revue Jules Verne,nos 19-20,,p. 169-174 où le chercheur nuance les travaux de Martin et Dumas, en démontrant les faits réels sur lesquels s'est appuyée Allotte de la Füye pour écrire sa biographie, notamment la reprise par celle-ci d'une monographie de 1909 éditée au Crotoy par Paul Eudel, un ami de Jules Verne, relatant la fugue qu'Eudel donne comme un témoignage indirect de la part de Jules Verne. Eudel nomme alors le navireOctavie. Raymond Ducrest de Villeneuve, autre membre de la famille de Jules Verne, qui écrit en 1929-1930 sesMémoires dans l'objectif de corriger les erreurs de sa cousine par alliance Marguerite, ne contredit pas l'histoire de la fugue mais il dit :« je ne puis laisser passer cette aventure de laCoralie attribuée à Jules Verne, et je crois bien ne pas me tromper en disant que c'est à Paul qu'elle est arrivée, toujours hanté par son amour de la Mer et son désir d'être marin. Mais passons. ». LesSouvenirs personnels de Raymond Ducrest de Villeneuve ont été publiés en mars 2021 aux éditions Paganel.
↑À cette époque, les étudiants provinciaux doivent se rendre obligatoirement à Paris pour passer leurs examens. Voir Cécile Compère, « Le Paris de Jules Verne », dansRevue Jules Verne, 4 (1997),p. 41.
↑L'oncle Chateaubourg est un parent par alliance deChateaubriand.
↑Marie A. Belloc, dans son entretien avec Jules Verne, paru sous le titreJules Verne at home dans leStrand Magazine en février 1895, note :« La petite pièce est dépouillée, mis à part les deux bustes deMolière et deShakespeare… ». inEntretiens avec Jules Verne - 1873-1905, réunis parDaniel Compère et Jean-Michel Margot. Genève, Slatkine. 1998,p. 104.
↑À ce sujet, une coquille malheureuse a été reproduite dans le volumePoésies inédites. En effet une poésie de Victor Hugo est mêlée à celles de Verne. Il s'agit deRomance (pages 218-219 du volume), écrite en 1825 et parue dans l'édition d'Odes et Ballades. En fait, Verne avait tout simplement recopié ce poème pour l'incorporer dans son roman noir et gothique qui est resté inachevé. Voir Olivier Dumas, « Quand Jules Verne devient Victor Hugo (et vice-versa !) », dansBulletin de la Société Jules-Verne,no 93 (1989),p. 9-10.
↑Verne écrit à sa mère :« Je suis bien Allotte sous le rapport de l'estomac ». Lettre à sa mère de février 1855,Correspondance familiale,p. 372.
↑Jacques Arago est aveugle depuis une dizaine d'années, au moment de sa rencontre avec Jules Verne. Il mourra auBrésil en 1855. cf. François Sarda,Les Arago: François et les autres, Tallandier, 2002,p. 190
↑Le personnage de l'indien Martin Paz appartient aux grandes figures verniennes à venir et le final sera repris dansFamille-Sans-Nom.
↑Avant la dernière guerre encore, la veuve était recluse pendant des mois, ensevelie dans le grand voile noir, puis le petit voile, enfin le demi-deuil. Il fallait respecter les usages. Note de Cécile Compère pour son article « Extrapolations autour d'un acte de mariage », dansBulletin de la Société Jules-Verne,no 62 (1982).
↑C'est cet ami qui paya les frais d'impression desPailles rompues et auquel Verne dédicacera la pièce.
↑Le nom de Rosalie Verne, veuve Charruel, grand-tante de Jules Verne, est toujours écrit Charuel.
↑Paris comptait à cette époque douze arrondissements. L'actuel découpage en vingt arrondissements n'entre en vigueur que le.
↑Ce Juif polonais du nom d'Olschewitz (ou Olszewitz) quitte sa Pologne natale, abjure solennellement la religion juive et change à Paris son nom en Julien de Verne, en se basant sur son patronyme qui dérive de la racine slave Olscha, « aulne » (alors qu'en langue gauloise, le mot vergne, devenu verne, désigne également cet arbre dans lespatronymes français). Cet Olschewitz prend par erreur Jules Verne pour un frère émigré, perdu de vue, si bien qu'entre 1875 et 1905, divers articles de presse accréditent la thèse que Jules Verne est un Juif d’origine polonaise. Cf.Gilles de Robien,Jules Verne : le rêveur incompris,Éditions Michel Lafon,,p. 181.
↑« 2005, année Jules Verne »,Revue Jules Verne,nos 22-23, — La revue présente le bilan de tous les événements liés au centenaire de la mort de Jules Verne.
↑Charles Noël Martin,La Vie et l'œuvre de Jules Verne, Michel de L'Ormeraie,,p. 29. L'information venant deMarguerite Allotte de La Fuÿe (Jules Verne sa vie, son œuvre, Kra,,p. 24) peut être sujette à caution.
↑Cécile Compère, « Jules Verne de Nantes »,Revue Jules Verne,no 4,,p. 20. Note : Dans l'ordre universitaire, Nantes dépend alors de l'Académie de Rennes.
↑Christian Robin,Un monde connu et inconnu : Jules Verne, Centre universitaire de recherches verniennes de Nantes,,p. 20
↑Jules Verne :Théâtre inédit, Le Cherche-Midi, 2006, éditions établies sous la direction de Christian Robin, préface deJean-Marc Ayrault
↑Jean-Paul Dekiss,Jules Verne l'enchanteur, Éditions du Félin, 1999,p. 26.
↑Interview donnée par Jules Verne à Robert H. Sherard, parue inMc Clure's Magazine en janvier 1894. VoirEntretiens avec Jules Verne, Slatkine, 1998,pp. 88–89.
↑Lettre à sa mère du 17 mars 1849,Correspondance familiale,p. 274.
↑Lettre à son père du,Correspondance familiale,p. 273.
↑Voir sur le sujet, Jean-Louis Mongin,Jules Verne et le Musée des Familles, Encrage, 2013
↑Marc Soriano,Les Premiers Navires de la marine mexicaine, inPortrait de l'artiste jeune, suivi des quatre premiers textes publiés de Jules Verne, Gallimard, 1978,p. 53-78
↑Jean-Paul Dekiss,Jules Verne l'enchanteur. Éditions du Félin, 1999,p. 30.
↑Les Châteaux en Californie ou Pierre qui roule n'amasse pas mousse, comédie-proverbe en prose, neuf personnages, en collaboration avec Pitre-Chevalier. Dessins dePaul Gavarni, 1853
↑Gilbert Prouteau,Le Grand Roman de Jules Verne, sa vie, Hachette, 1979,p. 190
↑Albert Soubies,Histoire du Théâtre-Lyrique, Paris, Fischbacher, 1899.
↑Lettre de Jules Verne à son père, du 19 avril 1854 (collection Vaulon), sur papier à en-tête du Théâtre Lyrique (ancien Opéra national) publiée par Olivier Dumas dans leBulletin de la Société Jules-Verne (nouvelle série),no 83,p. 14, troisième trimestre 1982.
↑Voir Alexandre Tarrieu,Voyage au centre du théâtre,Revue Jules Verneno 11, 2001
↑Alexandre Tarrieu,Le cercle polaire inJules Verne, le poète de la science, Timée-éditions, 2005,p. 60-61
↑Éric Weissenberg,Jules Verne: Un univers fabuleux, Favre, 2004,p. 148
↑Longtemps non identifié en raison d'une erreur de copie de la correspondance de Jules Verne stipulant« Victor Marie ». Voir sur Victor Marcé : J-P. Luauté et Th. Lempérière,La Vie et l'œuvre pionnière de Louis-Victor Marcé, Éditions Glyphe, 2012, 264 p. et Éric Weissenberg,Jules Verne : Un univers fabuleux, Favre, 2004,p. 148
↑Auguste Morel était clerc de notaire à Amiens. Sa famille était originaire deDoullens. Il meurt le 5 juillet 1856 à la suite d'une pneumonie. VoirVisions nouvelles sur Jules Verne, Centre de documentation Jules Verne, 1978,p. 22
↑Cécile Compère,Jules Verne au féminin,Revue Jules Verneno 9, 2000,p. 17
↑Recherches sur la nature, les origines et le traitement de la science dans l'œuvre de Jules Verne. Thèse de doctorat, 1980, note 188.
↑Norbert Percereau, « Le secret de la « Fiancée invisible », dansBulletin de la Société Jules-Verne,no 159,p. 9–28, septembre 2006.
↑Claire Marie Duchesne meurt à son domicile à Paris le 2 avril 1942 à76 ans. Cf. Percereau, « Le secret de la « Fiancée invisible », dansBulletin de la Société Jules-Verne,no 159, septembre 2006.
↑Publiée pour la première fois en 1993 dans le volumeSan Carlos et autres récits inédits au Cherche-Midi.
↑Un deuxième volume paraîtra en 1863. Voir Patrick Barbier, « Hignard et Verne: les mélodies de l'amitié » inVoyage autour de Jules Verne, Académie de Bretagne et des Pays de Loire, 2000 et Alexandre Tarrieu, « Aristide Hignard (1822-1898) » inRevue Jules Verne,no 11,1er semestre 2001 ainsi que le numéro 24 (2007) de laRevue Jules Verne entièrement consacré au thème de Jules Verne et la musique.
↑Olivier Dumas,Voyage en Angleterre et en Écosse, la première grande œuvre de Jules Verne et le premier Voyage à reculons, inBulletin de la Société Jules-Verneno 89, 1989.
↑Olivier Dumas,À propos deVoyage en Angleterre et en Écosse (suite), inBulletin de la Société Jules-Verneno 95, 1990.
↑Jean-Paul Dekiss,Jules Verne, le rêve du progrès, Découvertes Gallimardno 119, 1991,p. 35
↑M. Allotte de la Füye,Jules Verne, sa vie, son œuvre, Simon Kra, 1928,p. 115-123.
↑Qu'elle confirme dans une lettre adressée à Catherine Bonnier de la Chapelle du 28 avril 1982 (BNF, côte NAF 14008, f°225).
↑B. Frank,Jules Verne et ses voyages, Flammarion, 1941,p. 104-110.
↑A. Parménie et C. Bonnier de la Chapelle,Histoire d'un éditeur et de ses auteurs. P. J. Hetzel, Albin Michel, 1953,p. 427.
↑Il ne participe pas au vol. LeGéant part du Champ de Mars le 4 octobre 1863. Il enlève treize passagers qui avaient payé leur place. La seconde ascension a lieu le 18 octobre, en présence de Napoléon III et se termine aux Pays-Bas. Nadar effectue six ascensions spectaculaires avec ce ballon qu'il revend en juin 1867.Martin 1978, note 3,p. 134
↑Les péripéties de cette rencontre sont détaillées par Volker Dehs dansQuand Jules Verne rencontre Pierre-Jules Hetzel,Revue Jules Verneno 37, 2013,p. 127-135.
↑Département des manuscrits, NAF 17063, f°112 et 113.
↑Le texte de 1867 contient deux chapitres de plus (45 au lieu de 43). Cf. Piero Gondolo della Riva,Bibliographie analytique de toutes les œuvres de Jules Verne, tome I, Société Jules-Verne, 1977,p. 13-14.
↑Le couple loue l'appartement dès 1863. Philippe Mellot, Jean-Marie Embs,Le Guide Jules Verne, Éditions de l'Amateur, 2005,p. 20
↑Lucie Lagarde, « Jules Verne dans le mouvement de la géographie »,Bulletin de la Société Jules-Verne, vol. 15,no 60,p. 154-157
↑Bulletin de la Société de géographie, 1868,p. 411
↑Bulletin de la Société de géographie, janvier-juin 1873,p. 440
↑Philippe Valetoux,Jules Verne en mer et contre tous, Magellan, 2005
↑Jean-Paul Dekiss,Jules Verne, L'enchanteur, Éditions du Félin, 1999,p. 116
↑Marie-Hélène Huet,L'histoire des Voyages extraordinaires, Lettres modernes, 1973,p. 19
↑Qui n'est pas la ville de naissance de sa femme, contrairement à ce que la plupart des biographes ont écrit, celle-ci étant née àVesoul. VoirVisions nouvelles sur Jules Verne, Centre de documentation Jules Verne, 1978,p. 54
↑Lettre citée par Jean-Paul Dekiss,Jules Verne, L'enchanteur, Éditions du Félin, 1999,p. 159
↑Jean-Paul Dekiss,Jules Verne, L'enchanteur, Éditions du Félin, 1999,p. 215
↑a etbAlexandre Tarrieu,Le quotidien de Jules Verne à l'Académie d'Amiens,Bulletin de la Société Jules-Verneno 180, septembre 2012,p. 11-16
↑Discours de M. Gédéon Baril.Réponse de M. Jules Verne,Mémoires de l'Académie des lettres, sciences… d'Amiens, T. Jeunet, 1875
↑Piero Gondolo della Riva,Bibliographie analytique de toutes les œuvres de Jules Verne, tome I, Société Jules-Verne, 1977.
↑Le texte original est paru dans leJournal d'Amiens. Cf. Olivier Dumas,Les deux versions de Dix Heures en chasse,Bulletin de la Société Jules-Verneno 63, 1982.
↑Marie Cordroc'h,De Balzac à Jules Verne, Bibliothèque nationale, 1966,p. XIX
↑Jean-Michel Margot,A propos des voyages des Saint-Michel II et III,Verniana, vol. 9, 2016-2017,p. 87–92 (Lire en ligne)
↑Philippe Mellot, Jean-Marie Embs,Le guide Jules Verne, Éditions de l'Amateur, 2005,p. 25
↑Piero Gondolo della Riva, « Jules Verne, franc-maçon ? », dansBulletin de la Société Jules-Verne,no 171, 2009,p. 3-5.
↑Brigitta Mader,L’Étranger du quai des esclavons. À propos de la première rencontre entre Jules Verne et Louis Salvator et la question : qui était le comte Sandorf ?,Bulletin de la Société Jules-Verneno 190, décembre 2015,p. 48
↑Lettre de Jules Verne à Louis-Jules Hetzel du 16 février 1887,Correspondance de Jules et Michel Verne avec Louis-Jules Hetzel, tome I, Slatkine, 2004.
↑Stéphane Pajot,Nantes histoire de rues, D'Orbestier, 2010,p. 208
↑Discours d'inauguration du cirque municipal reproduit dans leJournal d'Amiens du 24-25 juin 1889. Le texte original a été réédité en 1989 aux éditions du Centre de documentation Jules Verne, avec présentation, annotations et bibliographie spécifique, par Claude Lepagnez.
↑Il est décoré d'après le dossier« pour ses romans scientifiques ». Dossier base Léonore LH/2692/1
↑Le dossier[1] contient seize pièces et est incomplet. Voir Alexandre Tarrieu,Les 1 000 yeux de Tarrieu,Bulletin de la Société Jules-Verneno 196, mai 2018,p. 4-5
↑Cécile Compère, « Monsieur Verne, président et présidé », dansBulletin de la Société Jules-Verne,no 69, 1984,p. 26-32
↑Jean Guillon-Verne,À la recherche de la tombe de Paul Verne,Bulletin de la Société Jules-Verneno 192, août 2016,p. 49-51
↑Piero Gondolo della Riva, « Les dates de composition des derniersVoyages extraordinaires », dansBulletin de la Société Jules-Verne, 119 (1996),p. 12–14.
↑Voir sur le sujet : Lionel Dupuy,Jules Verne espérantiste !, SAT-Amikaro, 2009
↑Jacques Davy.Notice, inSan Carlos et autres récits inédits, Le Cherche-Midi éditeur, 1993,p. 208-211.
↑Volker Dehs,Compléments bibliographiques à propos de quelques publications de Jules et Michel Verne,Bulletin de la Société Jules-Verneno 181, décembre 2012,p. 29
↑Xavier Kawa-Topor,Karel Zeman et Jules Verne : le cinéma pour île mystérieuse, inJules Verne en images,Revue 303, numéro spécial, décembre 2014,p. 118-131.
↑Jean Chesneaux,Une lecture politique de Jules Verne, Maspero,,p. 177-178.
↑Christian Chelebourg, L'Invasion de la mer : une écofiction coloniale,Mythologie, Hors-sérieno 14, 2018,p. 96-99.
↑La bibliographie est établie à partir de Piero Gondolo della Riva,Bibliographie analytique de toutes les œuvres de Jules Verne, 2 tomes, Société Jules-Verne, 1977 et 1985
↑Exceptionnellement l'édition in-18° (1908) ne précède pas celle in-8° (1907). Cf. Volker Dehs,Compléments bibliographiques à propos de quelques publications de Jules et Michel Verne,Bulletin de la Société Jules-Verneno 181, décembre 2012,p. 29
↑Il a été démontré que la date du 12 juin donnée par Marguerite Allotte de la Füye était erronée (cf. Volker Dehs,La Fortune méconnue desPailles rompues, inBulletin de la Société Jules-Verneno 198, mai 2019,p. 9-15)
↑De juillet 1867 à décembre 1881, leJournal des voyages publie le texte en feuilleton. Alexandre Tarrieu,LaGéographie de la France dansLe Journal des Voyages. Une étude comparative,Bulletin de la Société Jules-Verneno 166, juin 2008,p. 57-60
Un article bibliographique spécifique serait utile(mars 2023). Compte tenu du nombre d'ouvrages ou d'études relatives au sujet de l'article, il serait utile de créer unarticle bibliographique spécifique. On ne garderait alors dans l'article que les ouvrages biographiques ou de référence principaux, ainsi que ceux utilisés pour écrire l'article.
Jules Verne, par sa popularité, est le sujet de très nombreuses études biographiques et bibliographiques, de valeurs très inégales, certains biographes n'étant que des compilateurs d'ouvrages précédemment parus, cherchant parfois uniquement le sensationnel plus que la rigueur scientifique, loin de l’exégèse. Pour établir une bibliographie pertinente et rigoureuse, plusieurs recherches ont été publiées :
Volker Dehs,Guide bibliographique à travers la critique vernienne/Bibliographischer Führer durch die Jules-Verne-Forschung, Schriftenreihe und Materialien der Phantastischen Bibliothek Wetzlar, Vol. 63, (édition bilingue)
André Bottin,Bibliographie des éditions illustrées desVoyages extraordinaires de Jules Verne en cartonnage d'éditeur de la collection Hetzel, Escounduda,, 567 p.
Volker Dehs, « Bibliographie des discours et communications publiques de Jules Verne »,Bulletin de la Société Jules-Verne,no 112,,p. 49-56
Georges Bastard,Jules Verne, auteur desVoyages extraordinaires, E. Dentu, 1883, 64 p. (première étude consacrée à Jules Verne (avec celle de Jules Claretie), de son vivant même)
Jules Verne, sa vie et son œuvre, Lausanne, Rencontre,, 321 p.
Martin,La Vie et l'œuvre de Jules Verne, Paris, Michel de l'Ormeraie,, 289 p.
Recherches sur la nature, l’origine et le traitement de la science dans l’œuvre de Jules Verne : thèse de doctorat de lettres, Paris, Université Paris VII,.
Le Testament de Gabès : "L'invasion de la mer" (1905), ultime roman de Jules Verne, Tunis/Pessac, Sud éditions,, 131 p.(ISBN2-86781-356-5,lire en ligne)
(avec Issam Marzouki),Jules Verne, l'Afrique et la Méditerranée, Sud éditions,, 163 p.(ISBN978-2-70681-941-4)
François Raymond etSimone Vierne (dir.),Jules Verne et les Sciences humaines, colloque de Cerisy, Paris UGE, 10/18 1979 communications deRay Bradbury,Alain Buisine, Daniel Compère,Jean Delabroy, Béatrice Didier, Olivier Dumas, Françoise Gaillard, Marie-Hélène Huet, Dominique Lacaze, Jacques Neefs, Robert Pourvoyeur, François Raymond, François Rivière,Guy Rosa,Jean-Luc Steinmetz, Simone Vierne.
Dictionnaire des personnes citées par Jules Verne (3 volumes), Marratxí (Iles Balears), Paganel Ediciones, 2019-2021, 320 p.(ISBN978-84-09-16246-8)
(en)Brian Taves,Hollywood Presents Jules Verne : The Father of Science Fiction on Screen, Lexington (Kentucky), The University Press of Kentucky,(ISBN9780813161129)
Mario Turiello,Trente-trois Lettres de Jules Verne commentées par leur destinataire, M. Mario Turiello,Bulletin de la Société Jules-Verneno 4,,p. 162-202
(avec Piero Gondollo della Riva),Jules Verne. Dix lettres inédites et une lettre inédite de M. Deviane [beau-père de Jules Verne], Société des amis de la Bibliothèque Municipale de Nantes,, 65 p.
R. Rennie,La Correspondance échangée entre P.J. Hetzel et les illustrateurs duMagasin d'éducation et de récréation : thèse de doctorat, Université Paris VII,
Jules Verne et la mer, avec la participation deBernard Giraudeau et Olivier Sauzereau, réalisation de Paul Cornet, Odysséus Productions / France 3 Ouest et F3 NPCP, 2005
Jules Verne saga, série documentaire de64 épisodes de13 minutes sur l’ensemble de l’œuvre de Jules Verne, réalisationPaul Cornet, avecOlivier Sauzereau, Objectif découverte / Villes de Nantes, 2013 à 2017
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