Pour les articles homonymes, voirPorges.
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Julius ditJules Porgès (né àVienne, le et mort àRochefort-en-Yvelines, le) est undiamantaire et un industriel français.
Fils d'unjoaillier tchèque, Maurice Porgès (1798-1870) et de son épouse née Henriette Reitlinger, il est issu de la grande bourgeoisie juiveaustro-hongroise de Prague[1], qui s'impose dans le commerce des diamants. En1857, à 18 ans, il rejoint son frère Heinrich à Paris, où il crée la société Jules Porgès et Compagnie et devient un diamantaire réputé.
Sur les conseils de son associé Charles Wernher, il fait l'acquisition de concessions enAfrique du Sud dans le protectorat anglais, devenant ainsi également producteur.
En 1873 il y envoie deux de ses protégés,Alfred Beit etJulius Wernher, qui ont tous deux travaillé pour lui àParis, pour le représenter et n'ira sur place qu'en1876. Julius Wernher avait eu pour premier employeur Théodore Porgès, le cousin de Jules Porgès.
Vers1875, il possédait déjà environ 10 % des mines de diamants du site deKimberley. Entre1875 et1880, il acquiert de nombreuses autres mines enAfrique du Sud, en particulier les quatre premiers sites producteurs de diamants :De Beers,Bultfontein,Dutoitspan et surtout la totalité deKimberley, en association avec le britanniqueCecil Rhodes[1]. Sa société assure la taille des diamants àAmsterdam et contrôle leur commerce au niveau mondial. Toujours en association avecAlfred Beit etJulius Wernher, Jules Porgès crée laCompagnie française de diamants du cap de Bonne-Espérance.
Il choisit le camp du britanniqueCecil Rhodes lorsque celui-ci élimine son rivalBarney Barnato, pour constituer un premier conglomérat, la « De Beers unifiée », qui rachète la Kimberley Central Mining Company détenant les parts de Barnato, après des négociations menées par Porgès. Le chèque, le plus gros jamais signé à cette époque, s'élève à quatre millions delivres sterling (soit cent millions de francs-or de l'époque et l'équivalent de deux milliards de livres en 2010)[2].
Porgès revend laCompagnie française de diamants du cap de Bonne-Espérance au futur nouveau conglomératDe Beers en 1887[3].
Surnommé le « Roi du diamant », il acquiert aussi, entre 1880 et 1888, des mines d'or dans la région deJohannesbourg, qui s'avèrent nécessiter des investissements lourds. Très lié àRodolphe Kann et son frèreMaurice, il parvient à intéresser lesRothschild qui entrent dans le capital de ses affaires.
Il fonde la Compagnie financière et minière Corner House de Market Square à Johannesbourg, avant de se retirer de ses entreprises sud-africaines en1890, à 52 ans, pour réinvestir une partie de sa fortune dans l'immobilier parisien.
Homme d’une grande distinction, plein d’intuition et de finesse, il épouse Rose-Anne, dite Anna Wodianer (Vienne, Autriche, -Kalwang, Autriche,), naturalisée française le.
Le couple devient une figure emblématique de l'aristocratie parisienne; son épouse viennoise, d’une grande beauté, souhaite fait revivre l'esprit des dernières années de l’Ancien Régime français.
En1892, pour 4 millions de francs, ils font édifier parErnest Sanson un hôtel, aujourd'hui détruit, inspiré duchâteau d’Asnières deJacques Hardouin-Mansart de Sagonne, au 18 de l'avenue Montaigne, dans leVIIIe arrondissement, sur l’emplacement de la « Maison pompéienne » du princeNapoléon-Jérôme Bonaparte.
Une célèbre collection d'art ancien
La demeure, où le couple donne des fêtes brillantes mais solennelles, abrite dans une galerie une collection comptant plusieurs toiles deRubens,Van Dyck,Rembrandt,Bruegel de Velours etLe Lorrain, qui sont exposées dans un opulent décor de boiseries, de murs tendus de damas, de meubles anciens recouverts de précieux objets décoratifs dont des statuettes de cabinet en bronze, dans une mise en scène qui fait penser à la collection Hertford-Wallace.
Porgès constitue une des cinq grandes collections - et la plus importante - de plaques en émail de Limoges duXVIe siècle, anonymes mais dites "du Maître de l'Enéide", sur un ensemble de 82 connues, dont 36 encore diverses mains privées à ce jour. La seule des 20 plaques conservées par sa veuve, titréeLes bocages fortunés (vers 1525-1530), que Porgès avait fait placer dans un cadre français fin duXVIIe siècle, est mise en vente par ses héritiers le 28/05/2021 (article de V. Schmitz-Grucker dans "La Gazette Drouot" n°15 du 16/04/2021, p.14 à 18, qui publie une photographie de la galerie où l'on voit cet objet).
Réapparition du bureau de la bibliothèque de son hôtel parisien
Un rare bureau plat marqueté au décor dit "à la Grecque" de Philippe-Claude Montigny a fait partie d'une vente aux enchères publiques à Drouot le 3/06/2022 (reprod. coul. pp 48 et 49 du n°21 de "La Gazette Drouot" - 27/05/2022).
ÀRochefort-en-Yvelines, le couple rachète le château de lafamille de La Rochefoucauld pour 900 000 francs et y fait édifier par l’architecteCharles Mewès, qui a déjà conçu l'hôtel Ritz de Paris, une demeure immense inspirée de l’hôtel de Salm (Palais de la Légion d'honneur à Paris), mais double de dimensions, dominant un grand jardin de style régulier avec cascades et terrasses ponctuées de topiaires.
L’entreprise démesurée reste inachevée après quatre années et 18 millions de francs d'investissement; lors de laPremière Guerre mondiale, le château devient un hôpital auxiliaire de la Croix-Rouge qui accueille 150 blessés en convalescence. Lechâteau Porgès est vendu par Mme Porgès en 1924 à Jean-Léopold Duplan, industriel de la soie.
M. et Mme Jules Porgès étaient boutons de l'équipage de Bonnelles, à laduchesse d'Uzès.
Leur fille unique, Henriette Hélène, dite « Elly » (Baden, Autriche, - 1946), sera marquise de la Ferté-Meun.