Pour les articles homonymes, voirJules Guérin (homonymie).
| Rédacteur en chef L'Antijuif | |
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| Directeur Grand Occident de France | |
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| A travaillé pour | L'Antijuif(- |
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| Idéologie | Antisémitisme, antidreyfusisme(d),antimaçonnisme |
| Membre de |
Jules-Napoléon Guérin, né àMadrid le et mort àParis le[1], est unjournalistefrançais, directeur de l'hebdomadaireL'Antijuif et qui fut au centre de l'affaireFort Chabrol.
Né àMadrid enEspagne, il est le fils de Virginie Simyan et Pierre Guérin[2].
Son père, ingénieur, avait été appelé pour construire la premièreusine à gaz espagnole, commanditée par la Société des huiles minérales de Colombes dirigée par M. Mallet. Ce dernier va embaucher le jeune Jules ainsi que son frère Louis, vers 1877, comme jeunes apprentis. En août 1885, Jules y devient directeur du personnel. En janvier 1888, il est condamné par le tribunal de commerce pour concurrence déloyale vis-à-vis de la Société de Colombes ; il connaît par la suite quelques ennuis financiers dont une faillite jugée frauduleuse[3].
Au départ proche deJean Allemane et dessocialistes, il se rapproche desradicaux puis s'en éloigne[4] avant de rejoindre, en 1889, laLigue nationale anti-sémitique de France fondée parDrumont etBiez. Lemarquis de Morès participant au financement de la ligue, il s'en rapproche et une amitié grandit ; il fonde ensuite une association, « Les Amis de Morès »[5].
A partir de 1893, il collabore au journal antisémite fondé parÉdouart Drumont,La Libre Parole, ainsi que sa version illustrée,La Libre Parole illustrée[5].
Contre leGrand Orient de France, il fonde[6], en février 1897, la Ligue antimaçonnique et antisémite, qu'il renommera en 1899Grand Occident de France : elle est particulièrement active et virulente lors del'affaire Dreyfus, qui devient une affaire nationale à partir de novembre 1894. Guérin est alors financé par leduc d'Orléans[7] et par le millionnaire catholiqueEdmond Archdeacon[8].
En mai 1898, il fait huit jours de prison àAlger pour voies de fait[3], après avoir rencontréMax Régis, fondateur deL'Antijuif algérien.
Les tensions entre la direction de la Libre Parole et la Ligue antisémite amène Guérin à créer son propre journal :L'Antijuif en août 1898[5].
Guérin était également membre de laLigue de la patrie française.
Il fut impliqué dans lecoup d'État manqué de février 1899 mené notamment parPaul Déroulède ce qui lui valu d'être poursuivi pourcomplot contre la sûreté de l'État.
Du 12 août au, il se réfugia alors dans l'immeuble qu'occupait l'organisation du Grand Occident de France dans larue de Chabrol (siège de son journal) avec une douzaine d'hommes armés et y soutint un siège qui dura 38 jours (épisode dit du « Fort Chabrol »). L'épisode, où la garde républicaine et la police dirigée par le préfet Lépine apparurent inefficaces, suscita des railleries dans l'opinion publique[9]. Jules Guérin fut arrêté après sa reddition et condamné en 1900 à une peine de dix ans de détention, commuée l'année suivante en bannissement ; le gouvernement de défense républicaine avait en effet décidé depoursuivre les meneurs en Haute Cour[10].
Les détestations et jalousies des différents protagonistes des évènements de 1899 rendaient une nouvelle union des droites ou l'organisation de tentatives de coup d'état impossible. Jules Guérin poursuivra malgré tout son activitéantisémite et sa propagandeanti-dreyfusarde jusqu'à sa mort.
Domicilié àAblon-sur-Seine, il meurt à Paris le 12 février 1910rue Oudinot dans le7e, laissant une veuve, Jeanne Rouvière, âgée de 32 ans au moment du décès[2].
D'après le témoignage de ses proches,Marcel Proust aurait assisté à ses obsèques[11]. Il est enterré à Paris aucimetière de Montmartre. Sa tombe, restée sans nom pendant 80 ans, a été restaurée par l'Association Mémoire Jules Guérin[12].
Louis-Ferdinand Céline lui rend hommage dansMaudits soupirs pour une autre fois[13] :« Le Fort Chabrol dans mon enfance… la rue barrée en face de l'église… en haut de la rue La Fayette. Ça me faisait repasser des souvenirs… J'écoutais plus leurs bêtises… C'était encore avec mon père après son bureau. Ils tiraillaient par les fenêtres, ils soutenaient un siège… des anarchistes… Je la voyais encore la rue… la rue vide… la barricade… on était montés de l'Opéra, enfin de notre Passage. C'était un événement terrible. Je crois que c'est les premiers coups de feu que j'ai entendus… Et puis du temps avait passé… Je me souvenais bien du nom de leur chef : Guérin… Mon père en parlait souvent… Et puis encore quelques années… Un dimanche d'hiver à Ablon en 1910, j'avais vu partir son cercueil sur unbachot. »
Jules Guérin est interprété parHubert Delattre dans la série françaiseParis Police 1900, qui développe plusieurs épisodes de sa vie, notamment lorsqu'il dirige le journalL'Antijuif, ou encore ses rapports familiaux et ses liens avec Édouard Drumont.
Dans la mini-série télévisée pourAntenne 2Émile Zola ou la Conscience humaine (1978) deStellio Lorenzi, son rôle est joué parJean-Pierre Bagot.