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Judas Iscariote

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Pour les articles homonymes, voirJudas (homonymie).

Judas Iscariote
Le Paradis perdu. 1667.
Fonction
Apôtre
Biographie
Naissance
Date inconnueVoir et modifier les données sur Wikidata
JudéeVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Activité
Période d'activité
Ie siècleVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Maître

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Judas Iscariote (ouIscariot, ouIscarioth) est, selon latradition chrétienne, l'un des douzeapôtres deJésus de Nazareth. Selon lesévangiles canoniques, Judas a facilité l'arrestation de Jésus par les grands prêtres deJérusalem, qui le menèrent ensuite devantPonce Pilate. Il figure à travers l'histoire l'archétype dutraître.

Nom de Judas Iscariote

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Les trente deniers de Judas (fresque duXVIe siècle). Comme souvent, Judas est vêtu de jaune “terne”, couleur traditionnelle, au Moyen-Âge, de la trahison (entre autres)[N 1].

« Judas » et « Jude »

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Dans leNouveau Testament, le nom de Judas (en grec : Ὶούδας,Ioudas) est la forme habituelle du prénom hébreu Yehudah (hébreu יְהוּדָה), qui est attribué par leTanakh àJuda, quatrième fils deJacob et initiateur de lavente de Joseph par ses frères, pour vingt pièces d'argent[1]. Ce prénom est extrêmement courant parmi les hommes juifs du premier siècle de notre ère, en hommage au hérosJudas Maccabée. De nombreux personnages portant ce nom sont mentionnés au long du Nouveau Testament, dont l'apôtreJudas Thaddée ainsi qu'unJude ou Judas parmi lesfrères de Jésus (Mt 13:55)[2],[3], ou encore« Jude Didyme Thomas », c'est-à-dire l'apôtreThomas tel qu'il est appelé dans l'Évangile selon Thomas[4] ainsi que dans l'Évangile selon Jean[5].

Judas Iscariote n'apparaît que six fois dans lesévangiles canoniques[6]. Les autres Judas dans les évangiles sont de préférence nommés « Jude » par les traducteurs afin d'éviter la confusion avec« le traître Judas »[7],[8].

« Iscariote »

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La signification du surnom « Iscariote » (Ὶσκάριωθ ou Ὶσκαριώτης) fait débat. L'explicationtraditionnelle[9] est que ce nom (Iskariôth, transcription grecque de l'hébreu איש־קריות,’îsh qriyôt) aurait été donné à Judas car il était un homme (îsh) de la ville deQeriyyot, localité dupays de Juda[10],[11], dont parle leLivre de Josué 15:25[N 2], soit un Judéen. Toutefois, l'existence de cette ville de Qeriyyot duIXe siècle av. J.-C. n'est pas attestée à l'époque de Jésus. D'autre part, la formulation n'est pas la formulation habituelle « Judas de Qeriyyot », mais « Judas de la population de Qeriyyot », formulation dont l'usage n'est attesté nulle part ailleurs. Les étymologistes et les spécialistes de l'onomastique ont donc de sérieux doutes à ce sujet.Simon Claude Mimouni estime d'autant plus difficile de penser qu'« Iscarioth » soit une référence à ce village deJudée que, dans l'Évangile des Ébionites, un texte presque contemporain auxévangiles synoptiques, il est précisé que Judas est d'originegaliléenne comme tous les autresapôtres[12].

Une autre hypothèse a été émise. Son nom pourrait être la formesémitisée de l'épithètelatinesicarius, en considérant que le « i » a été placé devant le surnom pour lui donner une forme sémitique[12]. Enlatin, le motsicarius signifie le « porteur de dague »[13]. Dans laPeshitta, versionaraméenne desévangiles, il est appelé Judassikariot, « Sicaire » étant probablement un nom péjoratif pour désigner les Juifs révoltés contre lepouvoir romain comme leszélotes[14], lesGaliléens[15] et autres« brigands » ou « bandits »[16] (lestai engrec[17]).

« Sur la trahison de Judas et sur sa mort, les seules informations que l'on ait proviennent de sources chrétiennes ». « L'historicité de ce personnage [...] reste fragile et ne se fonde sur aucune certitude historique » selonSimon Claude Mimouni. C'est également l'avis du théologienJean-Pierre Lémonon[18]. En effet, les récits de la mort de Jésus dans les évangiles (ou récits de laPassion) « sont destinés à l'édification des fidèles lors des pratiquesliturgiques » et n'ont pas été conçus comme des documents historiques[19].

Éléments biographiques

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Trahison de Judas

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Judas regarde le spectateur dansLa Cène deRubens. Judas est encore vêtu de jaune[N 1].

D'après l'évangile selon Matthieu[20], Judas, qui assurait le rôle de trésorier, livreJésus aux grands prêtres deJérusalem, et obtient pour celatrente pièces d'argent (les « deniers de Judas ») (30 est lavaleur numérique de יהודה,Yéhudah, « Judas » en hébreu). Dans lesévangiles synoptiques, Jésus se trouvait au jardin deGethsémani quand Judas le désigne aux gardesen l'embrassant.

LeSanhédrin, rassemblant les autorités religieuses juives, et favorable au gouvernement colonial romain, condamna Jésus à mort (Matt. 26, 65-66), puis le mena devantPilate,gouverneur romain deJudée.

Mort de Judas

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Relief de lacathédrale Saint-Lazare d'Autun. Lapendaison de Judas.

Dans l'Évangile selon Matthieu, Judas meurt peu de temps après la condamnation de Jésus : « Pris de remords, il rapporta les pièces d'argent aux grands prêtres et aux anciens, en disant : j'ai péché en livrant un sang innocent [...]. Alors, il se retira en jetant l'argent du côté du sanctuaire et alla se pendre »[21].

LesActes des Apôtres (1, 18) indiquent : « Cet homme, ayant acquis un champ avec le salaire du crime, est tombé, s'est rompu par le milieu du corps, et toutes ses entrailles se sont répandues ». Le champ acquis par Judas avec les deniers, ou bien acquis par des prêtres ayant récupéré l'argent jeté dans le sanctuaire, se nommeHaqeldemah (« Le Champ du Sang », enaraméen).

Ces deux textes se complètent sans se contredire, certains experts affirmant qu’il se serait pendu dans un champ au bord d’un précipice, la corde s’étant par la suite rompue d’où la chute, « Matthieu apportant la méthode, Luc apportant la fin »[22].

Traditions ultérieures

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Gnosticisme

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Article détaillé :Évangile de Judas.

L’Évangile de Judas est un évangilegnostique sensiblement daté duIIe siècle et déclaréapocryphe auIIIe siècle par laGrande Église. Il relate une discussion oùJésus demande à Judas de le débarrasser de son enveloppe charnelle. Dans l'Évangile de Judas, Judas est celui qui a été choisi par Jésus pour l'aider à mourir en allant signaler sa présence aux Romains afin que son sacrifice puisse avoir lieu. Cet évangile présente Judas comme le disciple ultime et pose une relation de complicité et d'amitié entre les deux personnages, et non une relation fondée sur la tromperie, comme le font les évangiles canoniques[23].

Christianisme

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D'après unescholie d'Apollinaire de Laodicée (qu'on retrouve peut-être dans un texte de Théophylacte), vers130,Papias d'Hiérapolis connaissait une autretradition sur la mort de Judas, devenu tellement enflé qu'il ne pouvait plus passer là où une charrette passait aisément et qui finit écrasé par ladite charrette en répandant ses boyaux dans la rue[pas clair] !

LaLégende dorée du dominicainJacques de Voragine (1228-1298) rapporte la même tradition concernant la mort de Judas, relayée parEusèbe de Césarée qui citePapias d'Hiérapolis, reprise plus tard parEuthyme Zigabène (mort vers 1120) etThéophylacte d'Ohrid (mort après 1126) : Judas aurait survécu à sa pendaison, mais serait devenu affreusementhydropique et aurait fini écrasé par un char[24],[25] pour ensuite, selon ce dernier, « se retrouver au ciel ».Pierre le Chantre (mort en 1197) explique pour sa part que Judas aurait accepté l'argent pour des raisons honorables, sa famille étant dans le besoin[26].

Ladamnation de Judas est évoquée surtout à partir duXIIe siècle, qui voit fleurir lesVitae du traître duNouveau Testament. Sa condamnation et sa prédestination ont été plutôt rejetées par lesPères de l’Église et les premiersconciles[27]. Toutefois, au cours des trois premiers siècles de l'Église primitive, ceux qui défendaient le salut de Judas étaient déclaréshérétiques[28]. De même, leCatéchisme du concile de Trente[29], écrit auXVIe siècle, contient trois passages enseignant explicitement que Judas n’a pas profité de laRédemption et qu’il a perdu son âme.

Cela étant, la majeure partie des théologiens considère aujourd'hui que ce n'est pas tant la trahison de Judas qui est en cause, car elle est pardonnable puisquepour tout péché, miséricorde, pour peu qu'il y ait au moins un début de regret. Mais le problème est surtout lesuicide de Judas qui, dans ce cas précis, marque un refus de l'espérance, donc de lamiséricorde et dupardon.

Interprétations modernes : réécriture d'épisodes de la Bible hébraïque

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Figure controversée dans l'historiographie chrétienne, pourJean-Pierre Lémonon, Judas« reste une figure évanescente dont l'historicité peut à bon droit susciter le doute tant il ne paraît exister que pour sa place dans l'économie duSalut »[18].

Personnage traditionnel du traître

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Dans l'iconographie chrétienne, et principalement sur les vitraux, Judas le traître, toujours vêtu de jaune[N 1], est présenté commeroux à partir duXIe siècle (Trahison de Judas recevant les trente deniers, maîtresse-vitre de l'église Saint-Ouen des Iffs)[30].

Paul, qui écrit ses épîtres dans les années 50, ne semble pas avoir la moindre idée de l'identité de celui qui a trahi Jésus. Une vingtaine d'années après la mort de Jésus, il se contente d'écrire : « Dans la nuit où le Seigneur a été livré [aux autorités]… »

« Le mauvais serviteur qui vole son maître, l'ami qui le trahit, est unmidrash [en l'occurrence, une sorte deparabole] provenant duPsaume 41, 10-11 », selon S. C. Mimouni[31].

Cette fonction de traître est traditionnellement interprétée de trois manières différentes : d'un point de vue théologique, la trahison et la crucifixion sont un plan conçu par Dieu pour lesalut universel et larémission des péchés de l'espèce humaine ; d'un point de vue psychologique, la trahison de Judas s'explique d'après l'évangile selon Matthieu par sacupidité mais cette explication reste boiteuse car trente deniers représentent une somme assez maigre ; d'un point de vue historique, Judas, patriote déçu par la « passivité[32] de Jésus », l'aurait livré afin de provoquer une révolution armée contre l'occupant romain, sans pour autant faire de Judas un « zélote », terme anachronique au temps de Jésus.

Mention de Satan

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« La mention que Satan a pénétré dans Judas [par exemple dans Luc, 22, 3 ; Jn, 13, 27] provient sans doute deZacharie 3, 1-2 - pratiquement un des seuls récitsvétéro-testamentaire où apparaît Satan »[33].

Trente deniers

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Différentes iconographies (ici lePortement de croix deJean Fouquet, 1452-1460) montrent Judas pendu par ses cheveux, son cou ou ses pieds à un arbre, une poutre ou unsureau, planteparasitée par l'oreille de Judas (champignon appelé aussi« oreille du juif » ou « oreille du diable ») que latradition chrétienne a entouré d'une aura maléfique[34].

L'épisode des trente pièces d'argent remises à Judas semble, lui, découler deZacharie 11, 12.

La trahison pour les trente deniers renverrait à la vente deJoseph pour 20 pièces d'argent[35].

Genre littéraire du midrash

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« La forme propre au contexte culturel et religieux des deux évangélistes qui ont donné le plus de détails sur Judas, Matthieu et Jean, renvoie aumidrash - c'est-à-dire au commentaire exégétique, en forme de récit, du texte sacré - : de la sorte, le personnage de Judas se voit recomposé selon des données tirées de laBible ou de ses commentaires midrashiques ». Judas aurait donc été transcrit selon un genre littéraire en usage dans le judaïsme[19]. Ainsi selon le cinéastePaul Verhoeven, le récit de la trahison de Judas serait adapté d'un épisode de la biographie deDavid relaté dans leDeuxième Livre de Samuel : Jésus a été livré par Judas comme le roi David a été trahi par son fidèle conseillerAchitophel ; les deux voient clair dans le cœur de leur ennemi, mais s'abandonnent à la volonté de Dieu. Dans ces circonstances, levassal de David, Ittaï, lui jure fidélité, commePierre le fait avec Jésus. Les lieux sont identiques (passage par leMont des Oliviers). Au dénouement, les deux traîtres, Achitofel et Judas, se suicident, etc.[36]

Judas dans l'histoire de l'antijudaïsme chrétien

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« Judas est une des pièces maîtresses du dossier de l'antijudaïsme chrétien », selon l'historienS.C. Mimouni[37]. « La présence de Judas dans l’arsenal des armes de l’antisémitisme moderne mériterait à elle seule de faire l’objet d’un livre », selon(en)en:Hans-Josef Klauck[38].

Fonction du personnage

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Figure traditionnelle de Judas (rouge, cornu, queuté, aux oreilles démesurées, tapissé de billets de banque et portant des bourses d'argent) auMusée du jouet traditionnel àAguascalientes (Mexique).
Pendaison de Judas, habillé de jaune, pour ses péchés lors d'une reconstitution théâtrale à San SimonTexcoco auMexique (2013).

Judas est devenu l'archétype dutraître dans laculture chrétienne et son nom même passe dans l'usage commun. Le dictionnaireLittré renvoie dans l'article « traître » à l'expression « Traître comme Judas : se dit d'un homme qui, sous le masque de l'amitié, trahit de la manière la plus cruelle ». L'expression « baiser de Judas » désigne un baiser de traître. Au deuxième sens de ce mot, c'est une ouverture ou un système optique aménagés dans une porte, pour voir ce qui se passe de l'autre côté sans être vu.

« Si latradition s'est focalisée sur ce personnage, c'est à des fins très précises, car il est bien évident qu'on ne s'étend pas sur un traître sans raison. Cette question trouve peut-être sa solution dans la formule souvent reprise dans les évangiles pour désigner Judas comme « l'un des Douze » (Mc 14, 10.43). Ce groupe desDouze aux yeux de la tradition est le signe desdouze tribus [d'Israël] : il symbolise l'annonce d'un nouvel Israël en construction. Or l'événement de la mort de Jésus, qui dément en quelque sorte cette annonce, est ainsi attribué à la trahison de Judas, un des Douze - de la sorte, ce personnage représente symboliquement ceux qui refusent de reconnaître Jésus dans sa messianité, on lui attribue la mort de Jésus. En bref et en clair, le personnage de Judas symbolise l'ensemble desJudéens qui ont refusé de reconnaître en Jésus leMessie attendu par Israël[39]. »« De Judas àJudaeus [Judéen en latin] ou àIoudaios [Judéen en grec], il n'y a qu'un pas qui semble avoir été franchi allègrement, bien que rien dans les premiers textes chrétiens ne permette de le franchir". C'est à partir duIIIe siècle que l'on trouve le thème des "Judéens aimant Judas", dans leContre les Judéens duPseudo-Cyprien[40]. »

Judas est le seul des apôtres à être un Judéen, alors que les onze autres sont desGaliléens. Le fait que ce nom soit porté par celui qui a trahi Jésus pour de l'argent a, par amalgame chrétien, un lien avec les accusations dedéicide et de vénalité dont lesJuifs ont été victimes au cours des siècles[41].

Bûcher de Judas

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Incendie d'un Judas en pyjama rayé sur laPlaza Mayor, le dimanche de Pâques àAnguiano en Espagne (2016).

Lebûcher de Judas est une pratique traditionnelle datant duMoyen Âge, suivie durant les fêtes desPâques chrétiennes dans lapéninsule ibérique, puis diffusée enAmérique latine. Cette tradition festive est également observée enEurope centrale et reste pratiquée dans plusieurs pays européens et américains. Elle consiste à insulter et battre dans la rue une poupée de taille humaine représentant Judas Iscariote, et à y mettre le feu en public. Outre lacrémation, d'autres mauvais traitements sur les effigies de Judas incluent lapendaison, lalapidation, laflagellation, le lynchage et l'explosion de pétards.

Ces festivités ont parfois suscité des manifestationsantisémites au préjudice des populationsjuives locales.

Textes

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Jean Chrysostome (IVe siècle) se répand en invectives contre l’Iscariote à de nombreuses reprises et en particulier dans deuxsermons consacrés à la trahison de Judas et dans sonDiscours contre les juifs. Il brosse le portrait d’un être cupide et veule, qui trahit son maître pour de l’argent et symbolise tous les Juifs qui ont condamnéJésus. Son jugement, accablant au regard de l’histoire, est sans appel. À partir de Jean Chrysostome, une tradition s’ouvre, qui associe trahison etjudéité. On la retrouve dans lesPassions, mais aussi dans l’art qui dépeint Judas sous des traits hideux[42].

Maurice Barrès assimileAlfred Dreyfus, officier juif soupçonné à tort de trahison au profit de l'Allemagne, à la figure néo-testamentaire de Judas, dans « La Parade de Judas »[43].

Joseph Goebbels, proche d'Adolf Hitler et un des responsables les plus puissants duIIIe Reich, écrit en 1918 une pièce en vers (non publiée mais conservée àCoblence) de cinq tableaux sur Judas[44].

Le mot « traître »

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Le spécialiste ensciences du langage Alain Rabatel préfère à « traître », qui qualifie traditionnellement Judas, la traduction plus conforme au texte de « donneur », celui de l’agent du don (celui par qui leFils de l’Homme est livré[45]). « Cette traduction, conforme à l’original, est à tous égards fondamentale, tant l’interprétation dominante de la trahison de Judas a alimenté unantisémitisme religieux à l’égard dupeuple déicide »[46] non conforme aux textes[47].

Ainsi, propose-t-il qu’on se garde « de parler du « traître » Judas, ou que là où ils paraissent inévitables, on mette au moins les mots « traître », « trahir », « trahison » entre guillemets, et que dans la mesure du possible on explique dans une note que ces mots ne saisissent pas la réalité historique mais expriment seulement une interprétation douteuse d’auteurs duchristianisme primitif »[46].

Judas dans l'art

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Iconographie

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L'attribut de Judas est la bourse d'argent. Dans l'iconographie, Judas porte une bourse qui représente non seulement sa charge de trésorier au sein de la communauté des apôtres, mais aussi et surtout le salaire de sa trahison et sacupidité. SurLa Cène deLéonard de Vinci, Judas est représenté tenant une bourse dans sa main droite.

Dans l'iconographie classique, Judas est souvent représenté vêtu dejaune, comme c'est notamment le cas chezRubens ouGiotto. C'est en particulier de cet état de fait que découle l'association du jaune et de la notion de traîtrise[48],[49] - et l'assignation aux Juifs à partir du Moyen Age de cette couleur de l'infamie[49].

Romans

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Dans leVoyage desaint Brendan, le moine rencontre Judas puni en enfer, sauf le dimanche où l'apôtre peut savourer ce jour perché sur son rocher (transformé en iceberg dans les poèmes deMatthew Arnold etRudyard Kipling)[50].
  • Thomas de Quincey dansJudas Iscariote et autres essais (1883) tente une réhabilitation en faisant agir sciemment Judas pour accomplir le destin d'un Christ hésitant[51].
  • Ferdinando Petruccelli della Gattina, dansLes Mémoires de Judas (1867), le décrit comme un révolutionnaire qui se bat contre l'oppression romaine.
  • Jorge Luis Borges, dans sa nouvelle « Trois versions de Judas » (inFictions, Folio, 1944), imagine un théologien danois duXIXe siècle dont la thèse était que Dieu s'était fait homme jusqu'à l'infamie, Judas étant en fait le fils de Dieu, et non pas le Christ...
  • Leo Perutz, dans son romanLe Judas de Léonard, avance l'hypothèse que Judas a trahi Jésus parorgueil : s'apercevant qu'il l'aimait plus que tout, il n'a pas supporté d'être dépendant de quelqu'un au point de s'oublier lui-même.
  • Giuseppe Berto,Évangile selon Judas, trad. de l'italien par René de Ceccaty, 1982 (titre original,La Gloria, 1978) ; dans ce roman, « Judas devine l'attraction que la mort exerce sur son maître » ; il s'aperçoit que « Jésus se rapproche de lui chaque fois que son désir de mort se fait lancinant »[52].
  • Jean Ferniot en fait un martyr dansSaint Judas (1984).
  • Pierre Bourgeade dans son romanMémoires de Judas (1985) lui fait accepter de livrer Jésus pour accomplir l'Écriture.
  • Dominique Reznikoff:Judas Iscariote. Arles (Actes Sud) 1993
  • José Saramago, dans son romanl'Évangile selon Jésus-Christ (O Evangelho segundo Jesus Cristo, 1991) évoque le fait que c'est à la demande de Jésus lui-même que Judas, le disciple dont il était le plus proche et qui avait le plus confiance en lui, l'a dénoncé.Éric-Emmanuel Schmitt, dans son roman épistolaireL'Évangile selon Pilate (2001), reprend cette idée deJosé Saramago.
  • Amos Oz,Judas (2014).Excellent roman, qui n'a rien à voir avec Judas Iscariot.
  • James P. Blaylock,Le dernier denier (1988).Leolane Kemner,Trente deniers (2015).
  • Steven Savile,L'héritage de Judas (2010). L'auteur évoque dans ce roman fictif une "revanche" des Sicaires, mouvement fanatique (issu d'une descendance de Judas), croyant que Judas Iscariote est le véritable messie

Poésie

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Dans laDivine Comédie, œuvre composée, selon la critique, entre 1307 et 1321,Dante situe Judas dans leneuvième cercle de l'Enfer réservé auxtraîtres et lui attribue le pire châtiment : être éternellement dévoré parSatan.

Théâtre

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Musique

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Le baiser de Judas,Église Sainte-Croix d'Agiasmáti (Chypre).

Cinéma

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  • De la crèche à la croix (1912), film muet deSidney Olcott. Judas fut interprété parRobert G. Vignola.
  • El beso de Judas (1954) film espagnol de Rafael Gil
  • Charles Robert Carner,Judas, 2004
  • National Geographic,L'évangile selon Judas, 2006
  • Rabah Ameur-Zaïmeche,Histoire de Judas,2015
  • Judas apparaît dans les films consacrés à Jésus. DansLa Dernière Tentation du Christ (1988) deMartin Scorsese,adaptation fidèle du romanLa Dernière Tentation deNíkos Kazantzákis, il est un disciple fidèle à qui Jésus demande de le livrer pour que s'accomplissent les Écritures. Cependant, le caractère négatif du personnage de Judas n'a pas totalement disparu, il est transféré sur le groupe auquel Judas appartenait à l'origine, celui deszélotes ; ces amis de Judas assassinent Lazare ressuscité, pour effacer les preuves de la divinité de Jésus ; les zélotes du film reprochent à Jésus de ne pas combattre le pouvoir colonial romain avec suffisamment de détermination.
  • Marie Madeleine : Dans le film de 2018, Judas trahit Jésus afin de provoquer la sentence divine. Ce Judas est principalement motivé par la résurrection de sa famille qu'il a perdu à cause de la famine.

Télévision

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Bande Dessinée

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Notes et références

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Notes

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  1. abc etdÀ propos de Judas en jaune, dans l'iconographie religieuse, cette valeur symbolique négative et « traîtresse » de ce type de jaune « terne » a perduré au-delà de la période médiévale, notamment pour la couleur du vêtement de Judas. Pour ce qu'il en est des connotations et de la symbolique du jaune, notamment au Moyen-Âge, voir la section « Beaux-arts » ainsi que la section « Symbolique » de l'article consacré à cette couleur. Le jaune « terne », celui de la trahison, tire sur le vert, mais le jaune orangé « brillant » et lejaune or sont plutôt associés à la sainteté. C'est le cas du fameux tableau deGiotto« Le baiser de Judas », vers 1305 (voir la galerie ci-dessous dans la section « Iconographie »).
  2. Le site archéologique de cette cité, baptisée aujourd'huiTel Qeriyyot (ouTel Creot), se trouve actuellement à mi-chemin entre la ville deBeer-Sheva et lamer Morte, à quelques kilomètres de laLigne verte, à une vingtaine de kilomètres au sud d'Hébron.

Références

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  1. Genèse 37, 23-28
  2. Simon Claude Mimouni,La figure de Judas et les origines du christianisme : entre tradition et histoire quelques remarques et réflexions, inThe Gospel of Judas in Context: Proceedings of the First International Conference on the Gospel of judas, publié par Maddalena Scopello, éd. Brill, 2008, Danvers, USA,p. 135-136.
  3. Simon Claude Mimouni,La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem, inStudia patristica vol.XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006,p. 450 et 455.
  4. Jean-Yves Leloup,L'Évangile de Thomas, éd. Albin Michel, Paris, 1986.
  5. (en) « Saint Thomas (Christian Apostle) – Britannica Online Encyclopedia », Britannica.com(consulté le)
  6. Simon Claude Mimouni,La figure de Judas et les origines du christianisme : entre tradition et histoire quelques remarques et réflexions, inThe Gospel of Judas in Context: Proceedings of the First International Conference on the Gospel of Judas, publié par Maddalena Scopello, éd. Brill, 2008, Danvers, USA,p. 135.
  7. Cipriani, S. (2000). « Judas Tadeo », in Leonardi, C.; Riccardi, A.; Zarri, G.,(es)Diccionario de los Santos, Volumen II. España: San Pablo,p. 1409-1410,(ISBN 84-285-2259-6)
  8. JoAnn Ford Watson,Anchor Bible Dictionary, article Thaddeus (person),p. 8 762.
  9. « JUdas ISCYARIOT », surlemonde.fr,
  10. RichardBauckham,Jesus and the Eyewitnesses: The Gospels as Eyewitness Testimony, Grand Rapids, Michigan,William B. Eerdmans Publishing Company,(ISBN 978-0802874313),p. 106
  11. Jewish Encyclopedia Judas Iscariot
  12. a etbSimon Claude Mimouni,La Figure de Judas et les origines du christianisme : Entre tradition et histoire. Quelques remarques et réflexions, dans Maddalena Scopello (dir.),The Gospel of Judas in Context. Proceedings of the First International Conference on the Gospel of Judas, Leyde - Boston, Brill, 2008,p. 136.
  13. cf. par exempleRobert Eisenman (Robert Eisenman surdata.bnf.fr),James the Brother of Jesus: The Key to Unlocking the Secrets of Early Christianity and the Dead Sea Scrolls,p. 179.
  14. Voir par exempleAndré Paul, dans l'Encyclopedia Universalis
  15. Xavier Levieils,Contra Christianos. La Critique sociale et religieuse du christianisme des origines au concile de Nicée (45-325), Berlin, De Gruyter, 2007,p. 138.
  16. Simon Claude Mimouni,Le Judaïsme ancien duVIe siècle avant notre ère auIIIe siècle de notre ère, Paris,P.U.F., 2012,p. 438.
  17. Simon Claude Mimouni,Le Judaïsme ancien duVIe siècle avant notre ère auIIIe siècle de notre ère, Paris,P.U.F., 2012,p. 434.
  18. a etbJean-Pierre Lémonon,Ponce Pilate, Éditions de l'Atelier,,p. 5
  19. a etbSimon Claude Mimouni etPierre Maraval,Le Christianisme des origines à Constantin, PUF, 2006, p.120.
  20. Mt 26. 15, suivantZa 11. 12
  21. Matt. 27,5, TOB / Traduction œcuménique de la Bible, éd. Cerf.
  22. (en)stephenjbell, « Did Judas Die Twice? », surApologetics Press,(consulté le)
  23. « Textes Fondateurs » Salomé »(consulté le)
  24. J. B. M. Roze,inLa légende Dorée deJacques de Voragine, Paris, 1967,p. 217, noteno 1.
  25. Joseph Wheless,Forgery in Christianity, éd. Cosimo, 2007,p. 138.
  26. Pierre-Emmanuel Dauzat,Judas : de l’Évangile à l'Holocauste, éd. Bayard, 2006.
  27. La « tragédie » de Judas. La légende de Judas d'après le manuscrit 1275 de la bibliothèque municipale de Reims, Anne Lafran, Le Moyen Âge 2013/3-4, Cairn.info.
  28. Les Caïnites à l'origine de « l'Évangile de Judas », F. Banchini, « Giuda Iscariota ; tra condanna e assoluzione. Testimonianze letterarie ed epigrafiche dei primi tre secoli di cristianesimo », Vivens homo 16 [2005] p.143-155.
  29. Catéchisme du concile de Trente, Bouère, Dominique Martin Morin, 1998, p. 216, 251 et 305.
  30. (en) Ruth Mellinkoff, « Judas's Red Hair and the Jews »,Journal of Jewish,no 9,‎,p. 31-46.
  31. Simon Claude Mimouni et Pierre Maraval,Le Christianisme des origines à Constantin, PUF, 2006, p. 121.
  32. Simon Claude Mimouni et Pierre Maraval,Le Christianisme des origines à Constantin, PUF, 2006, p. 119 et 120.
  33. Simon Claude Mimouni et Pierre Maraval,Le Christianisme des origines à Constantin, PUF, 2006,p. 120-121.
  34. (en) Patrick Harding,Mushroom Miscellany, HarperCollins,,p. 120.
  35. Genèse 37, 28
  36. Paul Verhoeven,Jésus de Nazareth, trad par A-L Vignaux, 2015, p. 230-231.
  37. Simon Claude Mimouni et Pierre Maraval,Le Christianisme des origines à Constantin, PUF, 2006, p. 122.
  38. Hans-Joseph Klauck,Judas, un disciple de Jésus, Paris, Cerf, 2006, p. 15.
  39. Simon Claude Mimouni et Pierre Maraval,Le Christianisme des origines à Constantin, PUF, 2006,p. 119.
  40. Simon Claude Mimouni et Pierre Maraval,Le Christianisme des origines à Constantin, PUF, 2006,p. 121.
  41. Les juifs, l’argent et l’antisémitisme : comment est née la haine mythique du juif, Oscar Rickett, Middle East Eye.
  42. Régis Burnet, « Figures des apôtres dans le premier christianisme », Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences religieuses [En ligne], 119 | 2012,, consulté le.
  43. Texte publié dans M. Barrès,Scènes et doctrines du nationalisme, 1902.
  44. Régis Burnet, « Figures des apôtres dans le premier christianisme », Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences religieuses [En ligne], 119 | 2012, mis en ligne le 05 octobre 2012, consulté le. URL :http://asr.revues.org/1067.
  45. Dans l’Épître aux Galates, il est dit que Jésuss’est livré pour nous (Ga 2, 20), dans l’Épître aux Romains, que Dieu l’a livré (Rm 8, 32) ou qu’il a été livré (Rm 4, 25) par Dieu, « qui fait fonction desujet logique dupassif théologique », H.-J. Klauck,op. cit., p. 46.
  46. a etbAlainRabatel, « L'arrestation de Jésus et la représentation de Judas en Jean, 18, 1-12. Mise en perspective avec l'univers de la gnose dans l'Évangile de Judas »,Études théologiques et religieuses,vol. 84,no 1,‎,p. 49(ISSN 0014-2239 et2272-9011,DOI 10.3917/etr.0841.0049,lire en ligne, consulté le)
  47. « La présence de Judas dans l’arsenal des armes de l’antisémitisme moderne mériterait à elle seule de faire l’objet d’un livre. », Hans-Joseph Klauck,Judas, un disciple de Jésus, Paris, Cerf, 2006, p. 15.
  48. Le jaune : tous les attributs de l'infamie !, L'Express (08/2004). Et n'oublions pas que le sobriquet de « jaunes » est attribué, dans le langage desluttes syndicales, aux ouvriers non-grévistes qui « brisent » par leur action l'effet paralysant de la grève, et passent outre au « piquet de grève » (voir la section « Symbolique du jaune en Occident » dans l'article consacré à cette couleur).
  49. a etbManuel Jover, « Le baiser de Judas »,La Croix,‎(ISSN 0242-6056,lire en ligneAccès limité, consulté le)
  50. (en) Peter Stanford,Judas. The Troubling History of the Renegade Apostle, Hodder & Stoughton,,p. 47.
  51. Albert, Marie-Aude, « Judas Iscariote ou les Avatars littéraires du douzième apôtre (Leonid Andreev, Maksimilian Vološin, Paul Claudel) »,Revue des Études Slaves, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS,vol. 71,no 2,‎,p. 359–375(DOI 10.3406/slave.1999.6600,lire en ligneAccès libre, consulté le).
  52. B. Westphal,Roman et évangile, PULIM, 2002,p. 89.
  53. « Un nommé Judas », surLes Archives du Spectacle(consulté le)
  54. « Secrets d'Histoire - S02E02 - Judas a-t-il trahi Jésus ? », surTélérama Vodkaster(consulté le)

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles

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Essais

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  • Catherine Soullard (Dir.), Judas (livre collectif avec Olivier Abel, Jean Collet, Jean Lambert, Marie-Geneviève Lambert-Chartier, Marc Rogin Anspach et Catherine Soullard), coll.Figures mythiques, 1999, éditions Autrement.
  • Pierre-Emmanuel Dauzat,Judas : de l'Évangile à l'holocauste, Bayard, 2006; Perrin, collection tempus, 2008.
  • Armand Abécassis,Judas et Jésus : une liaison dangereuse, Éditions 1, 2002.

Articles connexes

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Liens externes

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Personnages duNouveau Testament
Jésus de Nazareth (Jésus-Christ)
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Évangiles
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