1 Ne sont comptabilisés que les matchs en compétitions officielles, quel que soit le statut (amateur et professionnel). Les matchs amicaux ne sont pas comptabilisés. 2 Matchs officiels.
Schiaffino naît à Montevideo d'un père d'origine italienne et d'une mère paraguayenne[2]. Il découvre le football sur les terrains du quartier dePocitos puis dans différents clubs de Montevideo, notamment l'équipe du quartier dePalermo(es)[2] et travaille comme boulanger puis comme ouvrier[3]. En 1943, il participe avec son frèreRaúl à un tournoi de détection duClub Atlético Peñarol, l'un des plus grands clubs du pays, qui signe les deux jeunes[4].
Alors que Raúl, de trois ans son aîné, montre vite ses qualités de buteur en équipe première (il est le meilleur buteur duChampionnat d'Uruguay de football en1945), Juan fait ses classes en équipe réserve. Il fait ses débuts en sélection en[5], aux côtés de son frère Raul, alors qu'il n'a semble-t-il encore jamais joué en championnat avec Peñarol. Il s'impose cependant peu de temps comme un joueur hors-normes au poste de milieu offensif, brillant par ses nombreux buts et passes décisives. Bientôt surnomméEl Pepe[3], il est comparé àJosé Piendibene, gloire du club dans les années 1920[2].
Juan Schiaffino compose avecGhiggia,Hohberg,Míguez etVidalLa máquina del 49 enfrançais :« la machine de 1949 », une ligne d'attaque considérée comme l'une des plus brillantes équipes de l'histoire du club[6]. Le clubaurinegro remporte lechampionnat d'Uruguay en1949,1951,1953 et1954. En neuf saisons, Schiaffino joue 227 matchs de championnat et inscrit 88 buts. Il compte aussi à son palmarès cinq éditions duTorneo Competencia (1946, 1947, 1949, 1951, 1953) et huit autres duTorneo de Honor.
Juan Alberto Schiaffino en 1959 (AC Milan).
En 1954, profitant de sa présence enSuisse pour laCoupe du monde, le club italien de l'AC Milan l'achète àPeñarol pour une somme de 52 millions delires[4] (estimée en 2006 à 103 000 €[7]), une somme record à l'époque. Schiaffino a alors 29 ans. Il joue son dernier match pour Peñarol le et rejoint ensuite Milan, où il doit attendre sa nationalisation italienne pour être qualifié, le club comptant déjà deux étrangers dans son effectif. Il fait ses débuts enSerie A le en signant un doublé contre Trieste[2].
Malgré le poids des ans, sa vision du jeu et ses passes si précises lui permettent de jouer à un très bon niveau. Il remporte lechampionnat d'Italie en1955, pour sa première saison, puis laCoupe Latine pendant l'été1956. Malgré des relations difficiles avec le nouvel entraîneurGipo Viani, il contribue largement aux deux nouveaux titres de1957 et1959. Les Milanais atteignent aussi la finale de laCoupe des clubs champions européens en1958, grâce notamment aux trois buts de Schiaffino en demi-finale face àManchester United. Il ouvre le score en finale face auReal Madrid d'Alfredo Di Stéfano, l'<<autre>> grand joueur du moment, qui l'emporte finalement aprèsprolongation (2-3). Il dispute en six saisons 149 matchs de Serie A avec leMilan AC et marque 47 buts, 171 matchs et 60 buts toutes compétitions confondues. Il conseille le club sur le choix de son remplaçant, le jeuneGianni Rivera, auquel il livre de précieux conseils[8] et qui deviendra un des joueurs les plus emblématiques de l'histoire du club[9].
Trois ans après un transfert avorté au dernier moment, Schiaffino est transféré à l'AS Rome en 1960 contre 102 millions de livres[2], une somme d'autant plus considérable qu'il a bientôt 35 ans. L'Uruguayen y joue au milieu ou en défense, comme libéro, mais n'a plus l'endurance physique de ses années à Milan[4]. L'équipe romaine remporte laCoupe des villes de foires 1960-1961 en octobre1961, mais il n'en joue pas la finale. Il joue effectivement de moins en moins lors de la saison 1961-1962 et dispute son dernier match le[10].
Juan Schiaffino honore sa première sélection, non officielle, le face à l'Argentine[5], au cours de laquelle il réalise une passe décisive pour son frèreRaúl[11]. Il joue ensuite trois éditions deCopa Rio Branco face au Brésil, en 1946, 1947 et 1948, mais comme les autres vedettes de son club, il ne participe pas aux différentes éditions du championnat sud-américain[5].
Sélectionné pour laCoupe du monde de football de 1950, organisée par le Brésil, il inscrit deux buts lors de la facile victoire du premier tour face à laBolivie (8-0) et participe aux trois matchs du tour final. Après un nul contre l'Espagne et une victoire sur laSuède, l'Uruguay doit l'emporter lors dumatch décisif face au Brésil, grand favori, pour gagner le tournoi. Schiaffino réalise une grande prestation, inscrit le but égalisateur et offre le2e but àGhiggia[12]. Il est élu meilleur joueur du tournoi[3].
Schiaffino participe à laCoupe du monde de football de 1954 au cours de laquelle l'équipe d'Uruguay termine quatrième. Sa sortie sur blessure en demi-finale face à laHongrie handicape largement son équipe, qui s'incline 4-2 après prolongation. Du fait de son transfert en Italie[13], il jouera son dernier match pour laCeleste lors de la petite finale, perdue 1-3 contre l'Autriche.
Il totalise 21 sélections avec l'équipe d'Uruguay et marque 8 buts, dont neuf matchs et cinq buts en Coupe du monde. Il est sélectionné quatre fois dans l'équipe d'Italie.
À sa retraite sportive, Schiaffino retourne en Uruguay, où il réalise plus tard une éphémère carrière d'entraîneur. Il dirige de1974 à1975 la sélection d'Uruguay, à l'occasion de laCopa América 1975[3]. La saison suivante, il occupe le banc dePeñarol.
Longiligne, Schiaffino est un milieu de terrain complet et polyvalent, doué d'une technique et d'un contrôle de balle remarquables[2],[4]. Sa vision du jeu est exceptionnelle, lui permettant d'anticiper comme personne les situations de jeu[2], ce qui fera dire à son coéquipier à MilanCesare Maldini qu'il a« un radar à la place du cerveau »[14]. Sa frappe de balle précise et son réalisme lui permettent de marquer relativement souvent malgré une puissance modeste[15],[4].
D'abord essentiellement porté sur l'offensive, notamment lors de la Coupe du monde de 1950, il recule après son départ à Milan et devientregista, un milieu de terrain placé devant la défense et chargé d'organiser le jeu, un poste clé en Italie[2]. En fin de carrière à Rome, il jouera même parfois libéro, derrière la défense[4]. Il use d'un geste rare à l'époque, letacle glissé, qui lui permet de récupérer nombre de ballons[16].
Son talent de footballeur est resté réputé bien après sa carrière. En 2000 il apparaît au17e rang duclassement du meilleur joueur duXXe siècle selon l'IFFHS. Son nom est cité dans sept des douze classements des meilleurs joueurs du siècle sélectionnés par RSSSF en 2009[17].