| Journal d'une pétainiste (Vercors janvier 1944 - mai 1945) | |
Portrait de Philippe Pétain (Affiche) | |
| Auteur | Philippe Laborie |
|---|---|
| Pays | |
| Préface | Gilles Vergnon |
| Genre | Journal / étude historique |
| Éditeur | PUG |
| Date de parution | 2020 |
| Nombre de pages | 431 |
| ISBN | 978-2-7061-4717-3 |
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Journal d'une pétainiste est, à l'origine, unjournal tenu par Monique Guyot, manuscrit découvert auxarchives départementales de l'Isère et qui présente des événements dont l'auteure a été le témoin direct lesquels se déroulent pour l’essentiel àVillard-de-Lans et sur leplateau du Vercors (partagé entre les départements de l'Isère et de laDrôme), entre le début de le mois de janvier 1944 et mai 1945.
Ce journal, repris dans son intégralité, dans un livre édité par lesPresses universitaires de Grenoble, présente également le travail de recherche effectué par l’historien Philippe Laborie, ce qui permet de relier l’histoire personnelle de Monique Guyot dans l’Histoire nationale et plus précisément dans l'histoire dumaquis du Vercors et de l'occupation allemande dans le sud-est de la France.

Au cours de laSeconde Guerre mondiale,Grenoble est située enzone libre jusqu'en. À cette période, ledébarquement des troupes alliées en Afrique du Nord provoque l'invasion de la majeure partie de la zone libre par les troupes allemandes et l'occupation par l'armée italienne d'une zone située à l'est de lavallée du Rhône. En, l'un des premiersmaquis de France est installé dans lemassif du Vercors surplombant la ville[1]. Grenoble est alors « promue » sur les ondes de laBBC comme étant la « capitale des maquis »[2].
Le journal intime de Monique Guyot commence le 21 janvier 1944, veille des premières attaques allemandes contre le Vercors qui se dérouleront le auxGrands Goulets (hameau des Barraques-en-Vercors), puis le29 janvier àMalleval, où est situé le6e BCA reconstitué parAlbert de Seguin de Reyniès, suivies de celles au monastère d’Esparron et àSaint-Julien-en-Vercors.
Les 13 et, les Allemands, qui, selon certains témoignages, auraient été provoqués par le déploiement d'un immense drapeau aux couleurs de la République libre du Vercors, visible depuis la vallée[Note 1], occupentSaint-Nizier, accès le plus aisé vers le massif du Vercors.contraignant ainsi les maquisards à quitter le Vercors nord et à se replier au-delà des gorges de la Bourne.
Bénéficiant de parachutages d'armes de la part des alliés, les troupes du Vercors qui manquent tout de même d'armes lourdes sont attaqués le par la157e division du généralKarl Pflaum appuyé par un débarquement aéroporté de chasseurs-parachutistes à Vassieux, avec utilisation par les planeurs de la piste initialement prévue pour recevoir des renforts alliés. Le dispositif français ne peut pas résister et le François Huet et son chef d'État-major,Pierre Tanant, ordonnent la dispersion des groupes de maquisards.
LesAlliés,débarqués le 15 août 1944 en Provence, finissent par atteindre Grenoble et le Vercors avant la fin du mois d'aout et la population française va apprendre progressivement l'ampleur du massacre des populations du plateau du Vercors perpétré par les troupes allemandes.
Monique Guyot, auteure du journal intime daté entre le 21 janvier et le, est née le àVoreppe (Isère) et décédée le àSaint-Ismier (Isère), est célibataire, mère d'un enfant qu'elle adopta en novembre 1946.
Elle est issue d'une famille depieds-noirs établis enTunisie mais qui s'installa en Isère avant laPremière Guerre mondiale. Peu de temps avant laSeconde Guerre mondiale, elle ouvre avec sa mère, Marie-Thérèse Penet, une pension pour enfants à Villard-de-Lans, gros bourg du Vercors qui bénéficiant d'un air pur, accueille de nombreux établissements sur son territoire. En juin 1943, Monique Guyot fait l'acquisition d'une ferme et de terres agricoles situés dans le hameau (ou vallée) de Loscence, un lieu-dit situé à proximité du bourg deLa Chapelle-en-Vercors (Drôme) où elle se rend très régulièrement[3].
Philippe Laborie, auteur de l'analyse du journal intime de Monique Guyot, est enseignant en histoire. Il est né dans lesLandes en1968[4],[5].
Alors qu'il effectue une recherche de nature historique sur le maquis du Vercors aux archives départementales de l'Isère en 2017, il découvre le journal intime de Monique Guyot sous la forme de sept petits cahiers d'écoliers[6],[7] et décide de présenter l’histoire de ce manuscrit qu’il présente et éclaire avec d’autres éléments, tout en comparant avec d'autres écrits liés à cette période[8].


Le livre se présente en deux parties avec des annexes, unepréface, un avertissement et un index (indiquant les noms de lieux et de personnes évoqués dans le journal)[9] :
La première partie (62 pages), intituléeMonique Guyot, le retour de Jeanne d’Arc, est une analyse historique effectuée par Philippe Laborie sur contenu du journal de Monique Guyot, femme de 38 ans, résidant dans le Vercors dans les années 1940.
La seconde partie (173 pages) est la retranscription intégrale du texte du journal de Monique Guyot (avec des annotations), auquel elle avait donné pour titre,Le Revers de la médaille.
La troisième partie est constituée par des annexes (42 pages) avec d'une part un texte plus synthétique écrit à postériori du journal et rassemblant les notes de Monique Guyot, puis une sélection de lettres extraites de la correspondance de Monique Guyot et enfin une rapide chronologie synthétique qui permet de mettre en perspective les événements locaux, nationaux et internationaux. Le, les territoires occupés par les Italiens sont à leur tour contrôlés par les Allemands à la suite de la signature de l'armistice de Cassibile entre l'Italie et lesAlliés. L'arrivée des troupes allemandes à Grenoble en va alors provoquer une occupation beaucoup plus violente.
Le journal de Monique Guyot nous indique que cette femme de 38 ans hait les Allemands, mais, également les Résistants (qu'elle dénomme les « dissidents »). Au nom de sa propre liberté, elle ne supporte pas les contraintes imposées par la guerre. Elle reproche aux « dissidents » d’être des diviseurs drapés dans les habits d'une fausse armée et écrit dans son journal :« J’ai trop aimé l’armée pour pouvoir contempler avec indifférence ou admiration cette lamentable parodie ».
Après la tragédie de Vassieux-en-Vercors, un village du plateau du Vercors rasé par l’armée allemande où sont exécutés de nombreux habitants, elle écrit :« ces gens étaient les plus braves du monde. Je ne pardonnerai jamais à ceux qui sont la cause de leur misère et de leurs ruines » et imputera ces exactions à la présence des dissidents sur le secteur attirant ainsi l'ennemi dans ce coin reculé et tranquille. Après le saccage de La Chapelle en Vercors par cette même armée allemande, commune où est installée sa ferme, elle ajoute que« la dissidence a bien travaillé. De ce lieu, paisible et charmant, elle a fait un cimetière et un monceau de ruines. » De la même façon, elle minimise l'action de laRésistance intérieure française.
Gilles Antonowicz estime que« les sentiments de Monique Guyot étaient alors largement partagés, l’indifférence de nombreux habitants du Vercors à l’égard du maquis se muant en méfiance, puis en rancœur, après les massacres et destructions provoqués par la résistance armée »[10].
Fidèle à l'idéologie du ministre de la propagande du régime de Vichy,Philippe Henriot, Monique Guyot reste hostile, après-guerre, aux Alliés qu'elle présente comme des ennemis de la France[11].

Ce manuscrit inédit est le journal intime d'une simple citoyenne dumassif du Vercors, admiratrice dumaréchal Pétain, alors chef de l'État. Oubliés depuis 75 ans, les sept petits cahiers d’écolier écrit de la main de Monique Guyot nous livrent les réflexions et les jugements d’une femme pendant la guerre, dans le Vercors isérois et drômois, la région deGrenoble ainsi qu'àMarseille etToulon car elle se déplace beaucoup (à pied et par différents types de transport).
Son journal se présente dans un sens différent de la majorité des autres témoignages historiques relatant les faits de cette période et de ces lieux gagnés par laRésistance contre l'occupation et lacollaboration car Monique Guyot défend avec ardeur une vison pétainiste de la société et des événements qui se déroulent autour d'elle et dont elle est le témoin direct mais sans y participer activement[12],[13][source secondaire nécessaire].