Titre original | Diario di un vizio |
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Réalisation | Marco Ferreri |
Scénario | Liliana Betti Marco Ferreri Riccardo Ghione |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Società Olografica Italiana |
Pays de production | ![]() |
Genre | comédie dramatique |
Durée | 94 minutes |
Sortie | 1993 |
Pour plus de détails, voirFiche technique etDistribution.
Journal d'un vice (Diario di un vizio) est unecomédie dramatiqueitalienne réalisée parMarco Ferreri, sortie en1993. Le film met en scène Benito (Jerry Calà), en couple avec Luigia (Sabrina Ferilli), qui développe une obsession pour le sexe et pense à coucher avec toutes les femmes qu'il voit.
Il s'agit de l'avant-dernier film du réalisateur avant sa mort, réalisé entreLa Maison du sourire (1991) etNitrate d'argent (1996). L'œuvre est présentée à la43e Berlinale[1] et vaut àJerry Calà lePremio del gotha della critica italiana du meilleur acteur, grâce à un rôle dramatique en dehors de ses interprétations habituelles[2].
Benito, vendeurérotomane de détergents de mauvaise qualité, qui rêvait de devenir professeur dephilosophie, mène une vie de nomade solitaire et incertaine, entre pensions sordides et aventures insignifiantes. Sa principale occupation consiste à consigner méticuleusement le déroulement de son existence banale dans unjournal intime rempli de coupures de presse et de photos. Il y consigne toutes sortes de détails : ses pensées, ses rêves, le nombre de cigarettes fumées, ses petits problèmes de santé, les repas qu'il prend seul et les messages sexuels qu'il adresse aux nombreuses inconnues qui l'attirent. Le seul point positif de sa vie est sa relation houleuse avec sa séduisante fiancée Luigia, qui lui dit un jour qu'elle l'aime et letrompe l'instant d'après avec l'un de ses nombreux prétendants. Un jour, Benito disparaît dans la nature, ne laissant comme preuve de son existence qu'une trace : son journal intime.
Écrit par le réalisateur en collaboration avec les scénaristesLiliana Betti etRiccardo Ghione, il s'agit de l'avant-dernier film de Ferreri[4]. Pour le rôle principal, Ferreri a fait appel àJerry Calà, acteur comique et émotif de nombreux films des années 1980, en lui confiant un rôle inhabituellement sérieux et engagé, un peu comme l'avait fait précédemmentPupi Avati dans le film à sketchesSposi (1988), dans lequel Calà jouait unprésentateur de télévision sur le déclin, désespérément à la recherche d'une nouvelle opportunité[5].
L'idée de l'œuvre est de raconter, sous la forme d'un drame existentiel à la tonalité grotesque, l'histoire d'un homme ordinaire, un érotomane sans qualités particulières, pauvre, seul, dont la seule vitalité réside dans sa curiosité et son désir constants de trouver de nouvelles amies avec lesquelles il pourra avoir des relations érotiques fugaces, croyant ainsi évacuer sescomplexes œdipiens inavoués.
Benito a un travail qui ne marche pas et qu'il déteste, il se déplace constamment entramway et déclare à sa fiancée qu'il « n'a pas unelire », allant jusqu'à voler sa chaîne en or pour rembourser une dette à l'usurier et s'offrir le luxe d'un repas somptueux. Toute l'histoire est racontée à travers une intrigue irréelle et délibérément invraisemblable, entrecoupée de scènes oniriques sporadiques.
« Benito non è più l'operaio di L'angelo del male. Ha questa voglia di ricerca poetica, questo sguardo doloroso su se stesso quando scrive, ha bisogno d'amicizia e d'amore. Amo questo film perché penso di essere arrivato a qualcosa. Dopo tanti film, tutte le idee che ti vengono sembrano stupide. Là no, compreso ciò che riguarda la forma. La forma è importante, come il modo di filmare il territorio urbano. Ecco perché amo il film: perché non c'è costruzione drammaturgica, si resta sempre all'inizio delle cose. »
— Marco Ferreri en 1997 à propos deJournal d'un vice[6]
« Benito n'est plus l'ouvrier deLa Bête humaine. Il a ce désir de recherche poétique, ce regard douloureux sur lui-même quand il écrit, il a besoin d'amitié et d'amour. J'aime ce film parce que je crois que je suis arrivé à quelque chose. Après tant de films, toutes les idées qui vous viennent semblent stupides. Ce n'est pas le cas, y compris en ce qui concerne la forme. La forme est importante, comme la façon de filmer la zone urbaine. C'est pour cela que j'aime ce film : parce qu'il n'y a pas de construction dramaturgique, on reste toujours au début des choses. »
Il est curieux de constater la présence, non créditée, deJessica Rizzo, actrice pornographique et entrepreneuse de théâtre italienne, que le protagoniste confond avecFrancesca Dellera.
Le film est présenté à la43e Berlinale, où seuls le producteur Vittorio Alliata et les acteursJerry Calà etSabrina Ferilli sont présents, à la suite d'un malaise dont le réalisateurMarco Ferreri a été victime quelques jours plus tôt à l'issue de l'avant-première de presse à Milan[7]. Ce dernier a néanmoins participé à la conférence de presse de présentation du film par téléphone, ce qui a donné lieu à une discussion animée avec un journaliste italien[8].
Lorsque ce dernier a demandé à Ferreri pourquoi il avait fait appel à un acteur de comédie comme Jerry Calà pour un film aussi complexe, Ferreri s'est emporté en le traitant de« testa di cazzo » (litt. « tête de nœud ») et a répliqué en disant que les comédiens font les meilleurs acteurs dramatiques[9].
Le film est projeté à Milan. A l'issue de la projection, le film est très bien accueilli par le jury et les critiques présents, qui ont surtout vanté les interprétations de Calà et Ferilli. Le verdict du public présent fut en revanche moins unanime, partagé entre applaudissements et huées[10].
Lors de sa sortie en salle, le film reçoit des critiques mitigées et rapporte 263 000 000 lires, un chiffre nettement inférieur aux comédies habituelles de Jerry Calà qui rapportaient plusieurs milliards[11]. Les détracteurs ont particulièrement souligné la morosité de l'histoire et des lieux (uneRome méconnaissable) et l'interprétation pas entièrement convaincante des acteurs secondaires.Paolo Mereghetti attribue trois étoiles au film et écrit dans son dictionnaireIl Mereghetti : « Le film avec lequel Ferreri revient à la case départ, se reconnaissant davantage dans l'amoralité du personnage de Luigia que dans la monotonie de celui de Benito »[12].
Le film a été particulièrement apprécié par les critiques Aldo Grasso et Natalia Aspesi, qui ont toujours été des détracteurs des interprétations de Calà, mais qui ont été positivement impressionnés par sa prestation dans le film de Ferreri. Le critique Claudio Trionfera, dansIl Tempo, a également fait l'éloge du jeu du protagoniste, le décrivant comme étant à la fois drôle et angoissant, puis parle du film comme d'« une histoire photographique fantaisiste et sans précédent [...] »[13].
Lietta Tornabuoni deLa Stampa a décrit l'œuvre comme suit : « L'un des plus beaux films de Marco Ferreri, visuellement raffiné et innovant, interprété par Jerry Calà avec une véritable bravoure,Journal d'un vice, intelligent, amusant, poignant, raconte dans un style d'une rare originalité un homme ordinaire contemporain ». Pino Farinotti donne deux étoiles au film, en commentant : « Le scénario n'est pas très précis et le film aurait besoin d'un protagoniste plus convaincant »[14].
Le film a été présenté en sélection officielle en compétition lors deBerlinale 1993[1].
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