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L'expressionjour J (enanglais :D-Day), déjà utilisée par les militaires lors de la préparation des offensives de la fin de laPremière Guerre mondiale[1], désigne actuellement le mardi, premier jour dudébarquement de Normandie, marquant le début de labataille de Normandie lors de laSeconde Guerre mondiale. Le motD-Day est employé dès mai 1945 par les fondateurs à Bayeux du comité du débarquement dont le président est Raymond Triboulet[2].

Lejour J, qui marque le premier jour de labataille de Normandie (opérationOverlord), opposant les forces allemandes de laWehrmacht (et sestroupes supplétives), et les troupes de débarquement desforces Alliées duSHAEF, est une opération ayant lieu surdes plages normandes enFrance occupée, prévue le mais finalement repoussée au mardi en raison des conditions météorologiques. Cette opération militaire, baptiséeNeptune, fut une des opérations majeures de l'histoire, tant par ses complications que par l'importance des moyens mis en œuvre. L'idée d'une opération militaire apparut dès 1942 mais le début de l'organisation ne commença qu'en. C'est le généralDwight D. Eisenhower qui fut chargé de la mise en place de l'opération.
Le, les gigantesques convois, qui ont déjà appareillé des ports anglais, doivent faire demi-tour sur une mer de plus en plus démontée. Vers22 h, après avoir pris connaissance du communiqué météorologique, le chef alliéDwight D. Eisenhower annonce l'irrévocable décision que le débarquement aura lieu le :« Je n'aime pas cela, déclare-t-il, mais il me semble que nous n'avons pas le choix… Je suis absolument persuadé que nous devons donner l'ordre… »
La nuit du 5 au, l'armada, la plus formidable jamais rassemblée, s'approche des côtes françaises : 2 727 bateaux de types les plus variés chargent ou remorquent plus de 2 500 engins de débarquement escortés par 590 navires de guerre, dont 23 croiseurs et 5 cuirassés[4].

À3 h 14 le, des bombardiers larguent leurs cargaisons sur les plages choisies. À3 h 30, 13 300 parachutistes des101e division aéroportée ,82e division aéroportée américaines et6e division aéroportée (Royaume-Uni) sont parachutés sur le Cotentin et surl'Orne (fleuve). Ces unités ont pour mission de tenir et capturer des têtes de pont libérant les accès des plages, permettant ainsi aux troupes fraîchement débarquées de pénétrer à l'intérieur des terres. Les erreurs de largages alliées engendrent une totale désorganisation du côté allemand empêchant une contre-attaque. De nombreux parachutistes se noient dans les zones volontairement inondées par les Allemands, en partie à cause du poids de leur équipement.
36 parachutistes desForces françaises libres duSpecial Air Service furent aussi parachutés enBretagne, vers minuit, dans la nuit du 5 au ; 18 dans leMorbihan (opérationDingson) et 18 dans lesCôtes-du-Nord (opérationSamwest). L'un d'eux, le caporalÉmile Bouétard, un Breton, fut tué au combat entre minuit et une heure le àPlumelec, dans le Morbihan. Il fut probablement le premier mort du débarquement[5],[6], d'autres sources mentionnant toutefois plutôt un mort de l'opérationTonga, le lieutenant britanniqueHerbert Denham Brotheridge[7],[8].
Les Alliés sont de diverses nationalités : desBritanniques et desCanadiens (83 115), desAméricains (73 000) mais aussi desFrançais, desPolonais, desBelges, desTchécoslovaques, desNéerlandais, desNorvégiens, etc. soit environ plus de 200 000 combattants.
Des différentes plages où ont débarqué les Alliés, c'estOmaha Beach, surnommée« Bloody Omaha » (« Omaha la sanglante »), qui connut le plus de pertes humaines.
On compte au total 1 500 000 hommes qui ont débarqué sur les plages de Normandie à la fin du mois de[9].
L'opérationNeptune, la partie navale du débarquement de Normandie (Overlord) désigne les différentes phases de ce débarquement.

À2 h du matin, près de 11 500 appareils (5 000 chasseurs, 3 500 planeurs de transport et 3 000 bombardiers) décollent. Les 2 500 bombardiers lourds (B-17 Flying Fortress etB-24 Liberator du côté américain,Halifax du côté britannique) et moyens (B-26 Marauder etA-20 Havoc du côté américain,de Havilland Mosquito du côté britannique)larguent près de 12 000 tonnes de bombes sur lesdéfenses côtières allemandes[10]. Lasupériorité aérienne alliée est telle que son aviation effectue en ce jour 14 674 sorties, quarante fois plus que laLuftflotte 3, très affaiblie, qui comptabilise alors moins de 500 appareils disponibles[11].
À5 h 50, les vaisseaux de guerre (cuirassés, croiseurs, destroyers) prenant le relais de l'aviation fournissent unsoutien (en) d'artillerie de marine : les navires tirent 2 000 obus puis leschalands de débarquement arrosent les plages de 14 000roquettes[12]. Malgré ce déluge de feu, lesbatteries allemandes résistent grâce à leurs dalles de deux mètres d'épaisseur et leurs fondations en béton armé. D'autres facteurs, pour une part difficile à mesurer, expliquent l'efficacité limitée des bombes et des obus sur les défenses allemandes (mauvaise visibilité pour les bombardiers, houle pour vaisseaux de guerre, peur de toucher les troupes alliée). Leur impact a cependant déstabilisé les troupes enfermées dans leurs bunkers (effet psychologique négatif au sein des garnisons allemandes qui, en y semant la peur et la confusion, réduit leur combativité)[13] et les a désorganisé (destruction des lignes de communication, coupure des voies logistiques telles que lesponts et les lignes dechemin de fer…). Bien que les bombardements préliminaires aériens et navals n'ont pas eu l'efficacité attendue, ce pilonnage combiné a contribué au succès du jour J en limitant les pertes des navires de guerre, des navires amphibies et des forces de débarquement[14].




La première commémoration du débarquement a lieu en1945, àArromanches, en présence de l'ambassadeur britanniqueDuff Cooper et de sa femme,Diana Cooper, et de soldats britanniques[22]. Depuis, chaque année, des commémorations ont lieu le 6 juin pour célébrer le débarquement et le début de la libération de l'Europe de l'Ouest.
Jusque dans lesannées 1980, les commémorations du débarquement sont essentiellement militaires : les chefs d'État ne sont pas représentés. Leur mise en place après la guerre doit beaucoup àRaymond Triboulet, député duCalvados et plusieurs foisministre des Anciens combattants. Aucun président américain ne vient sur les plages normandes avantRonald Reagan (exceptéJimmy Carter en1978, mais à titre privé). Ce phénomène commémoratif assez récent tient en particulier aux réticences dugénéral de Gaulle à célébrer une opération militaire anglo-américaine, dont les Français avaient été en grande partie exclus. En 1964, le général de Gaulle refuse de participer au20e anniversaire du débarquement ; il délègue l'un de ses ministres qui déclare que le succès du Jour J était dû à la résistance française[23]. Mais dans le contexte deguerre froide, afin de montrer aux Soviétiques que laSeconde Guerre mondiale n'avait pas uniquement été gagnée à l'est mais aussi à l'ouest, le bloc occidental décide de médiatiser davantage ce cérémonial. Le tournant est dû àFrançois Mitterrand qui, en 1984, transforme la cérémonie militaire d'alors en cérémonie politique où sont invités les chefs d'État. L'historienOlivier Wieviorka note ainsi :« dorénavant, les commémorations ne sont plus axées sur l'idée de victoire, mais sur l'idée de paix, de réconciliation et de construction européenne ». Cela va de pair avec une américanisation de l'événement, qui se manifeste avec l'emprunt à l'anglais américain du terme « vétéran », et de l'expression « D-Day » à la place de « Jour J ». Après lafin de l’URSS, d'autres nations se joignent aux commémorations, comme en 2004 l'Allemagne (avec le chancelierGerhard Schröder) et la Russie[24].
La télévision,vecteur de masse, vecteur demémoire, contribue à écrire un récit du Débarquement, notamment lors des commémorations qui sont les cérémonies sans doute les plus médiatisées parmi tous les événements relatifs à la mémoire de la Seconde Guerre mondiale.« La date du 6 juin 1944 semble aujourd’hui résumer à elle seule la victoire alliée. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. En 1945, un sondage Ifop demandait aux Français : « Quelle est la nation qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne nazie ? » Réponse : URSS à 57 % et États-Unis à 20 %. En 2004, les chiffres s’étaient inversés[25]. Entre les deux, il y a eu lachute du bloc soviétique et le fantastique succès des films hollywoodiens, qui, duJour le plus long (1962) àIl faut sauver le soldat Ryan (1998), ont redessiné le souvenir des derniers mois de la guerre »[26].
.« Devant eux, le capitaine ouvre solennellement une enveloppe jaune cachetée. Le contenu est d'un laconisme extraordinaire, quelques mots qui font chanceler les consciences :
« Jour J : 16 avril.
Heure H : 6 heures. » »