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Joseph McCarthy

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Pour les articles homonymes, voirMacCarthy.

Joseph McCarthy
Illustration.
Joseph McCarthy en 1954.
Fonctions
Président duComité sur les Opérations gouvernementales du Sénat des États-Unis

(2 ans)
PrédécesseurJohn Little McClellan
SuccesseurJohn Little McClellan
Sénateur des États-Unis

(10 ans, 3 mois et 29 jours)
Élection5 novembre 1946 (en)
Réélection4 novembre 1952 (en)
CirconscriptionWisconsin
Législature80ème (en),81ème (en),82ème (en),83ème (en) et84ème (en)
PrédécesseurRobert M. La Follette, Jr.
SuccesseurWilliam Proxmire
Biographie
Nom de naissanceJoseph Raymond McCarthy
Date de naissance
Lieu de naissanceGrand Chute (comté d'Outagamie,Wisconsin,États-Unis)
Date de décès (à 48 ans)
Lieu de décèsBethesda (comté de Montgomery,Maryland,États-Unis)
Nature du décèsHépatite
NationalitéAméricaine
Parti politiqueParti démocrate(1936-1944)
Parti républicain(1944-1957)
Conjoint
Jean Fraser Kerr (m. 1953–1957)
Diplômé deUniversité Marquette
ProfessionAvocat
ReligionCatholicisme

Signature de Joseph McCarthy
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Joseph Raymond McCarthy, né le àGrand Chute (Wisconsin) et mort le àBethesda (Maryland), est unavocat ethomme politiqueaméricain.

Originellement affilié auParti démocrate, McCarthy rejoint leParti républicain pendant laSeconde Guerre mondiale alors qu'il est encore en service actif. En 1944, il tente de se faire élire auSénat des États-Unis mais échoue à obtenir l'investiture du parti face àAlexander Wiley, le sénateur sortant duWisconsin. Retentant sa chance deux ans plus tard, il bat le sénateur sortantRobert M. La Follette Jr. (en) lors de la primaire républicaine et est vainqueur du démocrateHoward J. McMurray (en) lors de l'élection générale, lui permettant d'entrer au Sénat et d'y rejoindre son ancien rival Wiley, le.

Sénateur discret durant ses trois premières années auCongrès, McCarthy se fait connaître le en prononçant un discours sur les« ennemis de l'intérieur » dans lequel il affirme détenir une liste de« membres duParti communiste et [...] d'un réseau d'espionnage » qui« infestent » ledépartement d'État des États-Unis et« façonne sa politique ». Accédant à une notoriété nationale après ce discours, McCarthy multiplie, dans les années qui suivent, les accusations de contagioncommuniste au sein du département d'État, mais aussi de l'administration duprésident Truman, deLa Voix de l'Amérique, de l'US Army et d'Hollywood, donnant lieu à des enquêtes qui contribuent à créer un climat de paranoïaanticommuniste, connu sous le nom de « Chasse aux Sorcières », « Seconde Peur rouge » (Second Red Scare) ou encore « maccarthysme » (ce dernier terme étant rentré dans lelangage courant pour désigner toutsapage de réputation ou campagne de dénigrement visant à éliminer uneopposition, le plus souvent degauche, au nom de lasécurité nationale).

Les campagnes de dénigrement de McCarthy, à l'origine de sa célébrité, finissent par provoquer sa disgrâce en 1954, notamment après que nombre de ses accusations se sont révélées infondées (en outre, aucune de ses enquêtes ne débouche sur une inculpation pourespionnage) et qu'un collègue (le sénateurLester C. Hunt duWyoming) qu'il a faitchanter s'estsuicidé. Le, le Sénat américain adopte par 67 voix contre 22 unemotion de censure à l'égard de McCarthy et celui-ci retombe dans l'oubli, ses trois dernières années au Sénat étant aussi sinon plus insignifiantes que ses trois premières.

Dépendant de lamorphine et de l'alcool, Joseph McCarthy décède d'unehépatite aiguë (probablement causée par sonalcoolisme) le à l'hôpital naval de Bethesda.

Biographie

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Jeunesse et début de carrière

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McCarthy est né dans une ferme de la ville deGrand Chute, dans leWisconsin. Il est le cinquième des sept enfants de Timothy McCarthy et de Bridget Tierney, famille catholique de fermiers[1].

Sa grand-mère paternelle est d'origineallemande, et ses trois autres grands-parents d'origineirlandaise. McCarthy abandonne ses études au lycée à l'âge de 14 ans afin d'aider ses parents à l’exploitation familiale, pour les reprendre plus tard dans laLittle Wolf High School deManawa et obtenir son diplôme en une année, le seul de l'histoire de son lycée à avoir accompli pareille performance. Ambitieux, McCarthy se lance simultanément dans des études d'ingénieur et de droit, obtenant un diplôme dans cette seconde spécialité à l'université Marquette, àMilwaukee, entre1930 et1935. Admis à l'association du barreau en 1935, il travaille dans un cabinet d'avocats àShawano et se lance alors dans une campagne électorale infructueuse pour le poste deDistrict Attorney sous l'étiquette démocrate dès 1935. En 1939, il devient le plus jeune juge de l'histoire du Wisconsin mais provoque des controverses quant à la rapidité de ses jugements, notamment ses fameux « divorces minute »[2].

McCarthy pendant son service dans lesCorps des Marines des États-Unis.

En 1942, McCarthy se met en retrait de son poste de juge pour s'engager comme simple soldat dans leCorps des Marines des États-Unis, où il sera promu ensuite au grade de lieutenant.

Il sert comme officier de renseignements pour une escadrille de bombardement basée dans lesîles Salomon et àBougainville. Il participe ainsi à 11 missions comme photographe et mitrailleur de queue, obtenant uneDistinguished Flying Cross en 1952 ; l'attribution de cette médaille a été plus tard soumise à enquête et contestée — McCarthy sera également cité négativement par l'amiralChester Nimitz pour s'être prétendu victime d'une blessure de guerre, alors qu'il s'était cassé le pied lors d'une cérémonie sur un bateau[3].

Encore en service en 1944, il fait campagne pour obtenir l'investiture républicaine en vue de l'élection sénatoriale américaine au Wisconsin mais il est largement battu par le sénateur sortantAlexander Wiley lors des primaires, obtenant quasiment deux fois moins de voix que ce dernier. Démissionnant des Marines en avril 1945 et réélu sans concurrent à ses fonctions judiciaires, il entreprend une campagne énergique pour l'élection sénatoriale américaine de 1946 au Wisconsin (en), financée en partie par les investissements boursiers qu'il avait faits pendant la guerre. McCarthy obtient de peu (47,25 % des suffrages contre 46,03) l'investiture républicaine face au sénateur sortantRobert M. La Follette Jr. (en) qui avait été constamment réélu depuis 1926, puis il bat facilement son concurrentdémocrateHoward J. McMurray (en) arrivant en tête du scrutin dans tous lescomtés de l'État à l'exception decelui de Dane[4].

Carrière sénatoriale

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Entre 1946 et 1949, les trois premières années de McCarthy au Sénat se passent sans incident particulier. Il est même perçu comme une personne chaleureuse et amicale. Il fait cependant l'objet de critiques pour avoir pris la défense d'un groupe de soldatsSS condamnés à mort lors d’unprocès pour leur rôle dansle massacre de prisonniers de guerre américains à Malmedy et autres endroits enBelgique au cours de labataille des Ardennes, en 1944. Les condamnations à mort des nazis seront commuées en réclusion àperpétuité grâce à McCarthy, qui conteste néanmoins que l'instruction et leprocès se soient déroulés en bonne et due forme. Il relaye notamment des accusations selon lesquelles les accusés auraient été torturés durant les interrogatoires précédant le procès. Face au caractère infondé et passablement fantaisiste de ces rumeurs, de nombreuses personnes accusent alors McCarthy d'être tombé sous l'influence denéonazis.

McCarthy, en homme ambitieux et avide de popularité, rebondit en faisant des tournées de discours, intervenant devant de nombreuses organisations sur des sujets très divers. Dans une de ses campagnes les plus remarquées, il propose ainsi des lois immobilières et s'oppose au rationnement du sucre. Durant la présidence deHarry S. Truman, il acquiert une notoriété nationale après un discours prononcé le, devant le Club des femmes républicaines deWheeling, enVirginie-Occidentale. Les paroles prononcées par McCarthy n'ont pas été enregistrées de façon fiable, la présence des médias étant minimale, et sont donc sujettes à débat, mais il est généralement admis qu'il y a exhibé une feuille de papier qu'il prétend alors être une liste de communistes notoires travaillant audépartement d'État. McCarthy aurait notamment déclaré[5] :

« Je tiens là une liste de 205 personnes dont le secrétaire d'État sait qu'elles sont affiliées au Parti communiste et qui sont néanmoins en poste et façonnent la politique du département d'État. »

McCarthy déclara par ailleurs qu'il faisait allusion à 57 « communistes notoires », le nombre de 205 faisait référence au nombre de personnes travaillant au département d'État et qui, pour une raison ou une autre, n'auraient pas dû être en poste. Ce chiffre finit par acquérir une certaine importance lorsqu'il fut utilisé comme point de départ à une accusation de parjure contre McCarthy.

Il existait en effet une liste du département d'État des employés problématiques, parfois pour des raisons de loyauté, mais aussi pour ivrognerie ou incompétence. Le discours de McCarthy, dans un pays inquiet de l'agressivité de l'Union soviétique en Europe et de laguerre de Corée en Asie, en plein procèsAlger Hiss et pendant l'affaireAmerasia (en), fait l'effet d'une traînée de poudre. La population prit les accusations de McCarthy comme une explication de la chute de laChine aux mains deMao Zedong et même du développement de l'arme nucléaire soviétique l'année précédente[6].

Le sénateur démocrateMillard Tydings (en), opposant et victime de McCarthy.

La réaction des médias étonna McCarthy lui-même, l'amenant à réviser ses accusations et ses chiffres dans les jours qui suivirent, un mouvement qui allait devenir sa marque de fabrique. ÀSalt Lake City, quelques jours plus tard, il mentionna un chiffre de 57, puis au Sénat, le, le chiffre de 81 ; il donna un discours marathon détaillant chacun des cas, les preuves étant pour la plupart ténues ou inexistantes, mais l'effet du discours fut néanmoins considérable. Le Sénat convoqua lecomité Tydings (en) pour examiner l'accusation, qui se révéla sans fondement. Trois jours après que le Comité eut écarté ces accusations, leFBI arrêtaitJulius Rosenberg pour espionnage et pour sa participation dans les fuites duprojet Manhattan afin d'accélérer l'acquisition de l'arme nucléaire par l'Union soviétique.

Pour McCarthy, il fut facile de reformuler ses accusations et de continuer à les marteler devant la presse et au Sénat. L'utilisation habile des médias permit à McCarthy de faire couvrir largement ses nouvelles accusations, tout en laissant sous silence les anciennes qui venaient d'être invalidées[7].

McCarthy se lança aussi dans la destruction politique de ses contradicteurs, une tactique couronnée par sa campagne contre le sénateur démocrate quatre fois rééluMillard Tydings (en) lors de l'élection sénatoriale américaine de 1950 au Maryland (en) ; cette victoire intimida les critiques. McCarthy avait fait distribuer unephotographie truquée de Tydings en compagnie du leader communisteEarl Browder, ce qui mit un terme à la carrière de Tydings dans ce qui allait devenir« l'élection la plus sale de l'histoire de la politique américaine ».

Croisade anticommuniste

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Entre 1950 et 1953, McCarthy répéta ses accusations selon lesquelles le gouvernement n'agissait pas contre l'infiltration communiste dans ses rangs ; il y gagna un vaste soutien populaire et des sources de revenus importantes. Ses finances furent l'objet d'une enquête sénatoriale en 1952, dont le rapport signalait des irrégularités et des comportements contestables, mais rien qui justifiât une action en justice. Le, il épousa dans lacathédrale Saint-Matthieu de Washington, Jean Fraser Kerr (1924 - 1979), anciennereine de beauté devenue assistante chercheuse dans son équipe en 1948[8] et avec qui il adoptera une fille en, Tierney Elizabeth[9].

Après sa réélection triomphale de 1952, à laquelle ses accusations ont largement contribué, le Parti républicain le nomma président du « Sous-comité sénatorial d'enquête permanent ». Néanmoins, son manque de fiabilité et sa façon de se soustraire aux questions précises l'empêchent de gagner la confiance du parti (particulièrement du présidentDwight D. Eisenhower, qui aurait déclaré :« Je n'irai pas faire un concours de qui pisse le plus loin avec cette espèce de putois »). L'une des têtes de Turc favorites de McCarthy fut le généralGeorge C. Marshall, que McCarthy traitait de menteur et de traître, de concert avec le sénateurWilliam E. Jenner (en) de l'Indiana. Eisenhower écrivit un discours dans lequel il inclut une défense enflammée du général Marshall, que des soutiens de McCarthy parvinrent à lui faire retirer. Harry Truman en éprouva du ressentiment à l'égard d'Eisenhower, qu'il traita de couard. Truman considérait Marshall comme un des plus grands héros de l'histoire des États-Unis.

Joseph McCarthy face auchef du service juridique de l'US ArmyJoseph N. Welch (en), le.

À la différence de la « Commission parlementaire aux activités anti-américaines » et du « Sous-comité interne de sécurité du Sénat », le comité de McCarthy qui se concentrait initialement sur les universitaires, le parti démocrate ou la presse, s'en prit aux fonctionnaires subalternes des institutions gouvernementales. Il commença par une enquête sur la bureaucratie deVoice of America, et obtint le retrait de livres prétendument pro-communistes à la bibliothèque du département d'État. Entre-temps, McCarthy continuait de porter des accusations sur des influences communistes au sein du gouvernement, ce qui exaspérait Eisenhower ; ce dernier rechignait à se confronter publiquement à McCarthy en raison de sa popularité croissante, mais il le considérait comme dangereux et hors de tout contrôle, et entreprit de le faire démettre de son poste par différentes manœuvres[10].

Un certain nombre de personnes démissionnèrent précocement de leur poste au comité, notammentRobert F. Kennedy, qui en vint littéralement aux mains avec le conseiller en chef de McCarthy,Roy Cohn. Ces démissions entraînèrent la nomination de Matthews comme directeur exécutif. Ce dernier était un ancien membre de plusieurs organisations de « front communiste », et se vantait d'avoir été membre de plus d'organisations de ce genre qu'aucun autre Américain ; cependant, après être tombé dans la disgrâce des groupes radicaux des années 1930, il se transforma en un fervent anticommuniste. Matthews était ministre duculte méthodiste et se faisait souvent appeler « docteur Matthews », bien qu'il n'en eût pas le titre. Il démissionna plus tard, après sa description des sympathies communistes dans le clergé protestant, avec son papier titré « Les Rouges dans nos églises », qui avait fait scandale parmi les sénateurs. Pendant cette période critique, McCarthy maintint son contrôle sur le sous-comité et dicta ses choix dans l'embauche des employés, ce qui suscita plusieurs démissions supplémentaires[6].

McCarthy et Truman

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En 1947, peu d'employés du gouvernement américain savaient que les preuves de l'espionnage soviétique massif au sein du gouvernement étaient récoltées par deux organisations : leFBI menait une enquête de contre-espionnage et leSignal Intelligence Service de l'armée américaine, àArlington Hall, décryptait les communications soviétiques. Chaque service travaillait sur le même sujet en ignorant les activités de l'autre. Aussi, lorsque McCarthy accusa le gouvernement Truman de protéger des agents soviétiques en connaissance de cause, ses accusations parurent vraisemblables à de larges franges du public américain.

McCarthy et le maccarthysme étaient en partie un problème de politique électorale : ils cherchaient à faire passer le président Truman et leParti démocrate pour des faibles, voire des traîtres à la solde des communistes. Ces accusations tombèrent à plat à propos de Truman, lequel, ignorant les décryptages duprojet Venona qui confirmaient l'interrogatoire d'Elizabeth Bentley, considérait McCarthy comme « le meilleur atout du Kremlin » pour sa capacité à diviser le pays[6].

McCarthy et Eisenhower

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Dwight D. Eisenhower, candidat à la présidence de1952, désapprouvait les tactiques de McCarthy, mais fut néanmoins contraint de faire une partie de sa tournée électorale avec lui, dans le Wisconsin. Il comptait y faire un commentaire dénonçant le programme de McCarthy, mais finit par couper cette partie de son discours, sur le conseil d'un de ses collègues conservateurs. Il fut par la suite vivement critiqué pendant sa campagne pour avoir cédé à la pression de son parti et abandonné ses convictions personnelles. Après qu'il eut été élu président, il fit clairement savoir à son entourage[11] qu'il n'approuvait pas McCarthy, et prit des mesures actives[réf. nécessaire] pour obtenir l'arrêt de ses activités.

La chute de McCarthy est due en partie à son attaque frontale contre le président Eisenhower, contre les fonctionnaires de la CIA et des héros de guerre de l'Armée des États-Unis. D'un côté, ce dernier, qui détestait McCarthy, travaillait en sous-main[11] à le faire démettre et à limiter son influence ; mais de l'autre, la façon dont Eisenhower évitait la confrontation frontale pourrait avoir prolongé le pouvoir de McCarthy en démontrant que des figures aussi éminentes qu'Eisenhower n'osaient pas le critiquer directement[6].

La chute de McCarthy

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LemajorIrving Peress (en) faisant part d'une lettre de menace qu'il a reçu lors des audiences, le.

À l'automne 1953, le comité McCarthy se lança dans son enquête au sein de l'Armée des États-Unis. Il cherchait, sans succès, à démasquer un réseau d'espionnage dans leArmy Signal Corps. Le comité en était venu à concentrer son attention sur un dentiste new-yorkais du nom deIrving Peress (en), qui avait été incorporé comme capitaine dans l'armée, et qui avait refusé de répondre à des questions concernant l'appartenance à des « organisations subversives » sur les formulaires dudépartement de la Défense, et qui avait été recommandé à la démobilisation par leChirurgien général de l’armée en. Malgré cela, il demanda et reçut une promotion au rang de major en octobre de la même année.Roy Cohn informa le conseiller général de l’arméeJohn G. Adams (en) de ces faits en et Adams promit d’ouvrir une enquête.

Comme aucune action n’avait été ouverte contre Peress le mois suivant, McCarthy le fit comparaître devant le Comité le. Peress s’appuya vingt fois sur leCinquième Amendement quand il fut interrogé sur son appartenance auParti communiste des États-Unis d'Amérique, sur sa participation à une école d’entraînement communiste et sur ses efforts pour enrôler du personnel militaire dans le Parti communiste. Deux jours plus tard, McCarthy envoya une lettre ausecrétaire à l'ArméeRobert T. Stevens (en) résumant le témoignage de Peress et demandant qu’il soit appelé à comparaître devant lacour martiale, et que l’armée retrouve qui avait promu Peress, sachant qu’il était un communiste. Le jour même, Peress demanda sa démobilisation, qu’il obtint dubrigadier généralRalph Wise Zwicker (en).

McCarthy discutant avecRoy Cohn lors des audiences en 1954.

En revenant sur cette question, McCarthy s'attira la fureur des médias à propos de son traitement du brigadier général Zwicker. Entre autres choses, McCarthy comparait l'intelligence de Zwicker à celle d'un enfant de cinq ans, et déclarait que Zwicker n'était pas apte à porter l'uniforme de général. Charles Potter fut l'un des quelques sénateurs républicains à rompre une lance contre McCarthy ; il écrivit unephilippique sur la question,Day of Shame (Jour de Honte), décrivant McCarthy comme une brute terrorisant ses concitoyens. Le traitement de Zwicker, héros de guerre décoré, l'avait particulièrement indigné. Au début de l’année 1954, l’armée accusa McCarthy et son conseiller en chefRoy Cohn d’exercer des pressions pour un traitement de faveur deG. David Schine (en), ami et ancien adjoint de Cohn. McCarthy réfuta ces accusations, faites selon lui en représailles de ses déclarations sur Zwicker l’année précédente.

Edward R. Murrow, père du journalisme audiovisuel à l'origine de la chute de McCarthy.

Une des attaques les plus virulentes contre les méthodes de McCarthy fut un épisode de la série documentaireSee It Now[12] animée parEdward R. Murrow, qui fut diffusé le. L’émission consistait en des extraits de discours de McCarthy, où celui-ci accusait le Parti démocrate de « vingt ans de trahison » (1933-1953) ; il portait la même accusation à l'égard des administrations deFranklin Delano Roosevelt etHarry S. Truman et insultait deux témoins, dont le brigadier général Zwicker.

Le reportage de Murrow, couplé à l’affaire de David Schine la même année, déclencha une lourde perte de popularité de McCarthy car il s’agissait de la première remise en cause publique de ses agissements par des personnalités respectables. Pour contrer cette mauvaise publicité, McCarthy fit une apparition dansSee It Now trois semaines plus tard et y émit diverses attaques personnelles contre Murrow. Cette réponse fut mal accueillie par le public et fit décroître d’autant plus sa popularité.

Déchéance et mort

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Le sénateur républicainRalph Flanders à l'initiative de lamotion de censure contre McCarthy.

Le, McCarthy est censuré par leSénat américain par 67 voix contre 22, qui vote une motion de blâme et lui retire la présidence du sous-comité d’enquête. Même si McCarthy conserve sa charge de sénateur, cette décision ruine définitivement sa carrière en tant que figure majeure de la politique américaine[13]. Afin de ne pas avoir à se prononcer,John Fitzgerald Kennedy, élu démocrate duMassachusetts, est absent au moment du vote, ayant volontairement prolongé son séjour dans un hôpital[14].

Sombrant dans l’alcoolisme, McCarthy meurt à l'hôpital naval de Bethesda le d'unehépatite aiguë, probablement liée à son abus de boisson[15].

Stèle tombale de Joseph McCarthy, avec en arrière-plan laFox River.

McCarthy ayant droit à desobsèques nationales, unemesse de Requiempontificale est célébrée le dans lacathédrale Saint-Matthieu de Washington en présence de 70 membres du sénat, de personnalités officielles et de dignitaires du clergé. Il est enterré au cimetière paroissialSt. Mary's Parish d'Appleton où 30 000 personnes défilent pour lui rendre un dernier hommage[16].

À l'été 1957, une élection sénatoriale partielle est convoquée dans le Wisconsin afin de pourvoir le siège laissé vacant par McCarthy. Les candidats des deux principaux partis, le républicain Walter J. Kohler Jr. et le démocrateWilliam Proxmire, se positionnent ouvertement contre le bilan maccarthyste, le candidat démocrate allant jusqu'à qualifier McCarthy de« honte pour le Wisconsin, le Sénat et l'Amérique ». Soutenu dans son positionnement, il est facilement élu au Sénat (avec 15,93 points d'avance sur Kohler) et y siégera pendant plus de 36 ans[17]. D'ailleurs, Joseph McCarthy reste à ce jour le dernier républicain à avoir occupé le siège de classe I du Wisconsin au Sénat américain.

Postérité

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Des journalistes et historiens commeM. Stanton Evans (en)[18] ouArthur L. Herman (en)[19], considèrent que le rôle de McCarthy dans l'histoire de laguerre froide devrait être réévalué, lemaccarthysme auquel son nom est associé lui forgeant unelégende noire. Alors que la commission présidée par McCarthy a traqué d'éventuels agents, militants ou sympathisants communistes aux États-Unis, elle n'est pas impliquée dans les affaires les plus célèbres de cette période, la condamnation à mort d'Ethel et Julius Rosenberg, l'affaire deWilliam Remington (en), d'Alger Hiss ou les auditions desDix d'Hollywood[6].

Après avoir examiné les messages cryptés de plusieurs agences de renseignement soviétique (projet Venona)[20] et les archives déclassifiées du KGB, l'historienJohn Earl Haynes (en) conclut que, sur 159 personnes figurant sur les listes utilisées ou mentionnées par McCarthy, la majorité pouvait être considérée comme menaçante pour la sécurité de l'État américain et que neuf d'entre elles avaient apporté leur aide à l'espionnage soviétique[21].

Ces ouvrages sont considérés comme durévisionnisme par plusieurs chercheurs qui rappellent que lemaccarthysme, par sa campagne contre les communistes américains etcontre les homosexuels, reste le symbole de l’intolérance et de la peur aveugle, reposant sur des dénonciations sans le moindre fondement rationnel ou des accusations sans preuve[22].

La mort de McCarthy est considérée comme suspecte par lethéoricien du complotWilliam Guy Carr, qui écrit que son bulletin de décès indique « cause unknown »[23].

Dans les arts et la culture populaire

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Filmographie

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Cinéma

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Le personnage dusénateur John Yerkes Iselin dansUn crime dans la tête, sorti en 1962, est une référence directe à Joseph McCarthy[24].

Il apparait sous forme d'images d'archives dansGood Night and Good Luck deGeorge Clooney en 2005.

En 2012, McCarthy est présent dans ledocufictionThe Real American – Joe McCarthy deLutz Hachmeister sous les traits deJohn Sessions.

Randy Davison l'incarne ensuite en 2021 dansBillie Holiday, une affaire d'État deLee Daniels.

Télévision

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Téléfilm

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En 1977,Peter Boyle l'incarne dans leTail Gunner Joe deJud Taylor.

En 1992, il est incarné parJoe Don Baker dansCitizen Cohn, le persécuteur.

Série

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En 2023, Il est incarné parChris Bauer dansFellow Travelers (2023).

Documentaire

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En 2020, sortMcCarthy, itinéraire d'un opportuniste, qui revient sur son histoire politique.

Musique

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Chanson

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Joseph McCarthy est par ailleurs cité dans la chansonExhuming McCarthy deR.E.M., présente sur l'albumDocument (1987). On peut y entendre des extraits de discours. Il est également présent dans le morceauWe Didn't Start the Fire deBilly Joel sorti en 1989.

Littérature

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Roman

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Joseph McCarthy et lemaccarthysme sont l'un des sujets du romanUn autre monde (The Lacuna, 2009) deBarbara Kingsolver, qui obtient notamment lePrix Orange pour la fiction[25].

Notes et références

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  1. (en) Richard H. Rovere,Senator Joe McCarthy,University of California Press,, 280 p.(ISBN 0-520-20472-7,lire en ligne),p. 79.
  2. Oshinsky 2005,p. 27.
  3. Herman 2000,p. 30.
  4. (en) Edwin R. Bayley,Joe McCarthy and the Press, Univ of Wisconsin Press,(lire en ligne),p. 89-90.
  5. (en) Robert Griffith,The Politics of Fear : Joseph R. McCarthy and the Senate, University of Massachusetts Press,, 362 p.(ISBN 0-87023-555-9),p. 49.
  6. abcd eteLutz Hachmeister, documentaire « Un vrai Américain : Joe McCarthy » sur Arte, 2011.
  7. Gabriel Périès,Construire l'ennemi intérieur,Éditions L'Harmattan,(lire en ligne),p. 38-43.
  8. Après la mort de Joseph McCarthy en mai 1957, elle se remariera à G. Joseph Minetti, vice-président duCivil Aeronautics Board, conseil d'aéronautique civile américain.
  9. (en) Mary Brennan,Wives, Mothers & the Red Menace : Conservative Women and the Crusade against Communism, University Press of Colorado,,p. 42.
  10. (en) L. Alan,Voice of America : A History,Columbia University Press,(ISBN 0-231-12674-3),p. 53.
  11. a etbHerbert S. Parmet,Eisenhower and the American Crusades 1998 Transaction Publishers. pp. 248, 337, 577.(ISBN 0-7658-0437-9).
  12. cet épisode fut le thème du filmGood Night and Good Luck deGeorge Clooney, sorti en 2005.
  13. (en)The Censure Case of Joseph McCarthy of Wisconsin (1954), United States Senate, Historical Office.
  14. Frédéric Martinez,John Fitzgerald Kennedy, Paris, Éditions Perrin,,p. 290-291
  15. Oshinsky 2005,p. 503-504.
  16. (en)Joseph McCarthy Photographs : The Funeral.
  17. (en) « WISCONSIN : Running Scared », surTime,.
  18. (en) Medford Stanton Evans,Blacklisted By History : The Real Story of Joseph McCarthy and His Fight Against America's Enemies, Crown Forum,, 672 p.
  19. Herman 2000.
  20. Haynes 2000,p. 487.
  21. (en) John Earl Haynes,« Senator Joseph McCarthy’s Lists and Venona » , avril 2007,p. 62.
  22. Oshinsky 2005,p. ix-xi.
  23. William-Guy Carr,Brouillard rouge sur l'Amérique, éditions Saint Rémi.
  24. (en-US) DavidLehman, « The Prophecy of an Assassination », surThe American Scholar,(consulté le).
  25. (en-GB) « The Lacuna, By Barbara Kingsolver »,The Independent,‎(lire en ligne, consulté le).

Bibliographie

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Voir aussi

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Liens externes

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Défense de McCarthy

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Critiques de McCarthy

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  • Liens vers des livres
    • Richard H. Rovere,Senator Joe McCarthy (extrait)
    • Article extrait deFrom Seeds of Repression; Harry S. Truman and the Origins of McCarthyism par Athan Theoharis, Quadrangle Books, Chicago, 1971;McCarthy and McCarthyism in Wisconsin, Michael O'Brien, University of Missouri Press, Columbia and London, 1980; Blacklist:Hollywood on Trial, AMC, broadcast Feb 28, 1996
  • Publications académiques
    • Jesse Friedman,The Fight for America (un essai qui affirme que McCarthy est le plus « grand démagogue de l'histoire des États-Unis »)
  • Films :
v ·m
Années 1940
Années 1950
Années 1960
Années 1970
Années 1980
Années 1990
Années 2010
Années 2020
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