Pour les articles homonymes, voirAbbé Louis etLouis.
| Député français | |
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| Pairie de France | |
| Ministre des Finances |
| Baron |
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| Archives conservées par | Archives nationales (269AP)[1] |
Le baronJoseph-Dominique Louis, également appelé l’abbé Louis oule baron Louis, est unhomme politique etdiplomatefrançais né àToul (province des Trois-Évêchés) le et mort àBry-sur-Marne (Val-de-Marne) le. Il s'imposa comme un remarquable technicien des finances publiques et fut à cinq reprisesministre des Finances, sous les deuxRestaurations et lamonarchie de Juillet.

Fils d'un avocat auparlement de Metz et de Marianne Royer, Joseph-Dominique Louis, né dans l'évêché de Toul, et baptisé à l'église Saint-Jean de Toul, suivit des études au séminaire deMetz, où il reçut lesordres mineurs et fut ordonné diacre. Il fut étudiant à la Faculté des droits de Paris où il obtint le baccalauréat en droit le et la licence en droit le. Ces diplômes lui permirent d’occuper le poste de conseiller-clerc au parlement de Paris en 1780[2] où l'on ne tarda pas à remarquer ses aptitudes en matière financière. Il commença à fréquenter les cercles parisiens, et rencontra le financierIsaac Panchaud et l'abbé de Périgord, agent général du Clergé de France.
Membre, en1788, de l'assemblée provinciale de l'Orléanais, il fut, en1789, l'un des rédacteurs des cahiers de doléances pour la paroisse Saint-André-des-Arts. Le, à l'occasion de laFête de la Fédération, il assista Talleyrand en qualité de diacre lors de la messe célébrée sur l'autel de la patrie auChamp de Mars. Il prêta serment à laconstitution civile du clergé et fut, pour cette raison,excommunié tout en accomplissant une mission diplomatique enSuède pourLouis XVI etMarie-Antoinette. Il en fut récompensé par une nomination en qualité deministre de France auDanemark en janvier1792, mais la situation évoluant rapidement il n'occupa pas ce poste, faillit devenir ministre des Relations extérieures en juillet de la même année puis, après lesévénements du 10 août, il passa enAngleterre, où il fut embauché en commis de la banque Greffulhe (ce qui lui permit de ne pas figurer sur la liste des émigrés). Selon la formule du Marquis d’Audiffret, « il put profiter de son séjour en Angleterre pour y emprunter les véritables principes d’administration et de crédit public dont il devait doter un jour sa patrie »[2]. En Angleterre, il observa aussi le contrôle financier du Parlement et le principe de spécialité budgétaire[2].
Au lendemain du18 brumaire, il rentra en France où la situation se normalisait et fut successivement nommé chef de bureau au ministère de la Guerre (1800), puis à la chancellerie de laLégion d'honneur (1806), avant d'entrer auConseil d'État en qualité demaître des requêtes.
Vers cette époque, le gouvernementnapolitain voulut lui confier la création et la direction de plusieurs institutions financières. On en parla à l'Empereur qui refusa de le laisser partir : « Quel est donc cet homme, dit-il, pour lequel tout le monde demande et qui, lui, ne demande rien ? »
Louis fut alors nommébaron de l'Empire () et appelé à la présidence du conseil de liquidation établi enHollande (1810), puis enWestphalie, avant d'entrer dans les bureaux du Trésor public alors dirigé par lecomte Mollien, où il fut chargé de la direction du contentieux, et d'être nomméconseiller d'État en1811.
Le, il défendit avec fougue devant le Corps législatif le projet de loi pour la vente des biens des communes qui devait, sous la Restauration, être vivement reproché au gouvernement impérial[3].

Selon le marquis d’Audiffret, en se ralliant à Louis XVIII en 1814, le baron Louis embrassa « avec toute l’ardeur de son patriotisme, le système de gouvernement qui lui accordait des institutions analogues à celles dont l’Angleterre jouissait depuis longtemps, et qui avaient été l’objet constant des études et de l’admiration de cet homme d’État »[2]. En1814, le baron Louis se trouvait dans le sillage de son ami Talleyrand, qui le fit nommerministre des Finances le1er avril par la commission du gouvernement provisoire ; cette nomination fut confirmée parLouis XVIII () et il resta en poste jusqu'au.
Son rôle fut essentiel pour le rétablissement de la branche aînée. L'État était en quasi-banqueroute, et Louis ne trouva d'abord que 500 000 francs dans les caisses du Trésor. Il rétablit la confiance en assurant que la France paierait les dettes de l'Empire et fonda alors le système qui établit sa réputation et qu'il exposa devant les Chambres pendant la session de1814 : il s'agissait de couvrir un budget de dépenses pour1815 de 1,445 million, dans lequel les dépenses militaires avaient été réduites au maximum, en particulier en comprimant les effectifs et en mettant en demi-solde les soldats démobilisés, en émettant desbons royaux à 8 % d'intérêt, mais aussi en vendant des biens des communes et des bois de l'État (loi du) et en maintenant la plupart desdroits réunis. Le, les députés l'entendirent, non sans étonnement, se livrer à une violente critique de l'administration financière de l'Empire, dont il avait été l'un des hauts dirigeants. Ces attaques provoquèrent un échange de pamphlets entre lui-même et l'ancien ministreGaudin, duc de Gaète. La querelle fut interrompue par le débarquement de Napoléon auGolfe-Juan.
Il fut longtemps considéré que le baron Louis n’avait jamais rédigé aucun écrit. Pourtant, sous le couvert de l’anonymat, il écrivit un ouvrage en 1814 dénommé « Opinion d’un créancier de l’État sur le budget, et sur les observations et réflexions dont il a été l’objet, adressée aux créanciers de l’État ». Ce pamphlet de cinquante pages aurait été rédigé à la suite des controverses et des débats qui surgirent au moment de la préparation du budget de l’État en 1814, et serait plus particulièrement le fruit d’une polémique engagée entre le baron Louis et Martin Michel Charles Gaudin, duc de Gaète. Riche en informations sur les convictions du baron Louis en matière de finances, son unique ouvrage nous révèle surtout de manière directe que cet homme, au cœur de l’appareil d’État, était aussi l’un de ses créanciers[4]. Marqué par les débats et polémiques, le pamphlet de Joseph-Dominique Louis fut une riposte au service du crédit public, mais le baron profita aussi de cet ouvrage pour s’afficher comme un penseur libéral, désireux d’affranchir le crédit de ses prescriptions légales et morales en organisant un plaidoyer pour le respect des dettes de l’État.
Le baron Louis suivit le roi àGand lors desCent-Jours et vint reprendre son portefeuille le.
La situation financière était particulièrement délicate. On a dit que le baron Louis réussit à soustraire à l'avidité des Alliés les encaisses dissimulées par quelques comptables dévoués, et qu'il obtint, dans ce moment critique, des secours du commerce et des receveurs généraux. Il mit aussi sur pied un emprunt forcé, dont la souscription ne fut pas exempte de difficultés ; mais il n'hésita pas à prendre des mesures rigoureuses et à menacer les récalcitrants de vendre leurs meubles, et l'emprunt fut d'ailleurs exactement remboursé plus tard à tous les créanciers. Après avoir concédé auparti ultra un grand nombre de destitutions, le baron Louis, en désaccord avec la majorité de laChambre des députés, quitta le gouvernement le, lorsque leduc de Richelieu remplaça Talleyrand à la tête du ministère, laissant son portefeuille aucomte Corvetto.
Il avait été élu, le, député par le grand collège du département de la Meurthe[5] et, le même jour, par le département de la Seine[6]. Il fut réélu le par le grand collège de la Meurthe[7], prit place au centre gauche et vota avec les royalistes modérés. Il se mêla surtout aux discussions financières, combattit les idées ducomte de Villèle et entra à maintes reprises dans des détails techniques qu'il possédait à fond mais qu'il exprimait mal, n'étant pas doué pour l'art oratoire.
Le, il reprit le portefeuille des finances dans le ministèreDessolles, dirigé en réalité parÉlie Decazes.
Le baron Louis obtint de nouvelles avances de fonds des receveurs généraux en leur donnant un intérêt direct dans les bénéfices qu'ils procuraient au Trésor. Il fit établir dans chaque département des livres auxiliaires du Grand Livre de la dette publique, destinés à recevoir les fonds des habitants des provinces ; cette mesure fut vivement combattue par lesultras comme propre à développer dans toute la France le goût de l'agiotage. Il se déclara en outre partisan de l'augmentation de 42 millions de la dette consolidée. Lorsqu'il annonce que ses prédécesseurs ont laissé un déficit de 112 millions de francs, cela fait baisser la Bourse et une ordonnance du Préfet de police de Paris interdit lePassage des panoramas auxcoulissiers, qui décident d'émigrer de manière informelle vers les tables duCafé Tortoni de Paris[8].
Il connut de nombreux déboires devant les chambres. Pendant la session de1818-1819, en présentant un projet de loi relatif au monopole des tabacs, il provoqua un murmure général en prononçant un éloge appuyé de la régie « dont les formes, dit-il, s'adoucissent de jour en jour, et avec laquelle les habitants se familiarisent de plus en plus »[9]. Lors de la discussion de la loi de finances pour1819, un député, M. Roy, lui ayant représenté que l'article concernant la dette flottante ne pouvait être réuni à un autre projet de loi parce que la proposition royale devait être mise en délibération telle qu'elle avait été présentée à la Chambre, le baron Louis provoqua l'hilarité générale en s'écriant : « Eh bien ! nous la changerons ! »
Il était d'un caractère emporté, irascible, entêté et tranchant. Selon un biographe du temps : « Il querellait naguère un conseiller d'État dans son salon comme autrefois un garçon de bureau dans les corridors de larue de Varenne[10]. Livrée à ces fréquents moments d'impatience, Son Excellence jette sa tête dans ses deux mains insuffisantes pour dérober un nez qui a plus que la longueur ordinaire. Sa voix devient alors perçante et rude ; elle atteint aufa des pianos les plus élevés. »[9]
Lorsque le ministère se divisa au sujet de la loi électorale, le baron Louis, qui souhaitait son maintien, avec les royalistes constitutionnels, démissionna le en même temps que Dessolles et Gouvion Saint-Cyr. Il resta toutefoisministre d'État et membre du Conseil privé jusqu'à l'avènement du ministère Villèle le, et fut élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur.
Le, il fut réélu député par le1er arrondissement électoral de la Meurthe (Nancy)[11] en même temps que par le1er arrondissement électoral duPuy-de-Dôme (Clermont-Ferrand)[12]. Il opta pour la Meurthe et reprit sa place au centre gauche de la Chambre. Il se prononça contre les lois d'exception et combattit le ministère Villèle, qui lui fit retirer le titre de ministre d'État (ordonnance du) et parvint à faire échouer sa candidature à Nancy le[13]. Le baron Louis se retira alors àBercy, où il avait acquis en1810 les vastes terrains où furent construits lesentrepôts à vin[14].
Il retrouva son siège de député le, élu dans le2e arrondissement de la Meurthe (Lunéville)[15] et dans le8e arrondissement de Paris[16], mais échouant àChâteau-Salins[17]. Il opta pour Paris et siégea à la Chambre dans l'opposition au ministèrePolignac. Il signa l'adresse des 221 et fut réélu le, mais cette fois à Château-Salins[18].
Le baron Louis prit une part active au renversement deCharles X et à l'établissement de lamonarchie de Juillet. Il fut nommé à nouveau ministre des finances le dans leministère nommé par la commission municipale de Paris, fut confirmé par leduc d'Orléans dans leministère provisoire du1er août 1830 et resta en place dans lepremier ministère du règne de Louis-Philippe Ier jusqu'au. L'arrivée à la tête du conseil des ministres deJacques Laffitte, qui prit pour lui le portefeuille des finances, l'amena alors à quitter le gouvernement.
Une nouvelle fois, il travailla activement à rétablir les finances de l'État, et fut réélu dans la Meurthe en.
Il retrouva le portefeuille des finances pour la dernière fois le dans leministère Casimir Perier, jusqu'au.
Il se déclara contre le séquestre des biens de Charles X et de sa famille, approuva l'état de siège (1832).
Le, il fut élu député par le4e collège de laMarne (Sézanne) en remplacement deCasimir Perier qui avait opté pour Paris[19], mais le, à son départ du ministère,Louis-Philippe le nommapair de France. Il siégea à la Chambre des pairs jusqu'à sa mort et y soutint constamment les mesures les plus conservatrices, intervenant à plusieurs reprises sur des questions de finances.
À sa mort, en1837, sa considérable fortune est partagée entre ses neveux et nièces, issus du mariage de sa sœur, Perpétue, avec Jean-François Gaulthier de Rigny, parmi lesquels l'amiralHenri Gaulthier de Rigny et le généralAlexandre Gaulthier de Rigny. Il est enterré dans un enclos privé aucimetière de Bry-sur-Marne.
Le baron propriétaire de terrains d'une superficie de 13 hectares dans lacommune de Bercy, entre le domaine duPetit château de Bercy et larue de la Grange-aux-Merciers, y installa au cours des années 1820 desmagasins de vins dans le prolongement de ceux créés au cours des années précédentes par les Maires de cette commune, M. de Chabons puisLouis Julius Gallois[20].
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Gouvernement Casimir Perier (13 mars 1831 - 16 mai 1832) | ||
|---|---|---|
| Sous le règne deLouis-PhilippeIer | ||
| Intérieur | Casimir Perier Président du Conseil | |
| Justice | Félix Barthe | |
| Affaires étrangères | Horace Sébastiani | |
| Guerre | Jean-de-Dieu Soult | |
| Finances | Joseph-Dominique Louis | |
| Marine et Colonies | Henri de Rigny | |
| Instruction publique | ||
| Travaux publics,Agriculture etCommerce | Antoine Maurice Apollinaire d'Argout | |
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Premier ministère (11 août - 2 novembre 1830) | ||
|---|---|---|
| Sous le règne deLouis-PhilippeIer | ||
| Ministres d'État | ||
| Intérieur | François Guizot | |
| Justice | Jacques Charles Dupont de l'Eure | |
| Affaires étrangères | Mathieu Molé | |
| Guerre | Étienne Maurice Gérard | |
| Finances | Joseph-Dominique Louis | |
| Marine et Colonies | Horace Sébastiani | |
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| (← MINISTÈRE PROVISOIRE) Gouvernement précédent •••• Gouvernement suivant (LAFFITTE →) | ||
| Sous la lieutenance-générale deLouis-Philippe d'Orléans | ||
| Intérieur | François Guizot | |
| Justice | Jacques Charles Dupont de l'Eure | |
| Affaires étrangères | Jean-Baptiste Jourdan | |
| Guerre | Étienne Maurice Gérard | |
| Finances | Joseph-Dominique Louis | |
| Marine | Henri de Rigny | |
| Instruction publique | Édouard Bignon | |
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| Sous le règne deLouis XVIII | ||
| Affaires étrangères | Général Dessolles | Jean-Joseph Dessolles Président du Conseil |
| Intérieur | Comte Decazes | |
| Justice | Comte de Serre | |
| Guerre | Maréchal de Gouvion Saint-Cyr | |
| Finances | Baron Louis | |
| Marine et Colonies | Baron Portal | |
| (← RICHELIEU I) Gouvernement précédent •••• Gouvernement suivant (DECAZES →) | ||
| Sous le règne deLouisXVIII | ||
| Affaires étrangères | Prince de Talleyrand | Prince de Talleyrand Président du Conseil |
| Justice etIntérieur | Baron Pasquier | |
| Guerre | Maréchal de Gouvion Saint-Cyr | |
| Finances | Baron Louis | |
| Marine etColonies | Comte de Jaucourt | |
| Police | Duc d’Otrante | |
| (← COMMISSION NAPOLÉON II) Gouvernement précédent •••• Gouvernement suivant (RICHELIEU I →) | ||
| Règne deLouis XVIII | ||
| Affaires étrangères | Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord | |
| Justice | Charles Henri Dambray | |
| Intérieur | François-Xavier-Marc-Antoine de Montesquiou-Fézensac | |
| Guerre | ||
| Finances | Joseph-Dominique Louis | |
| Marine | Pierre-Victor Malouët | |
| Ministre d'État | Emmerich Joseph de Dalberg | |
| Maison du Roi | Pierre Louis Jean Casimir de Blacas d’Aulps | |
| (← GOUVERNEMENT PROVISOIRE DE 1814) Gouvernement précédent •••• Gouvernement suivant (GOUVERNEMENT DES CENT-JOURS →) | ||
| Sous le règne deNapoléon Ier | ||
| Membres du gouvernement | Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord Président | |
| Affaires étrangères | Antoine de Laforêt | |
| Justice | Pierre Paul Nicolas Henrion de Pansey | |
| Intérieur | Jacques Claude Beugnot | |
| Guerre | Pierre Dupont de l'Étang | |
| Finances | Joseph-Dominique Louis | |
| Marine | Pierre-Victor Malouët | |
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| (← NAPOLÉONIer) Gouvernement précédent •••• Gouvernement suivant (PREMIÈRE RESTAURATION →) | ||