Movatterモバイル変換


[0]ホーム

URL:


Aller au contenu
Wikipédial'encyclopédie libre
Rechercher

Jorge Isaacs

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Wikipédia:Bons articles

Vous lisez un « bon article » labellisé en 2011.

Page d’aide sur l’homonymie

Pour les articles homonymes, voirIsaacs.

Jorge Isaacs
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait de Jorge Isaacs par Víctor Moscoso.
Données clés
Nom de naissanceJorge Enrique Isaacs Ferrer
Naissance
Cali,Drapeau de la ColombieColombie
Décès (à 58 ans)
Ibagué,Drapeau de la ColombieColombie
Activité principale
Auteur
Langue d’écritureespagnol (Colombie)
MouvementRomantisme

Œuvres principales

modifier

Jorge Enrique Isaacs Ferrer, né le à Cali et mort le àIbagué, est unécrivain etpoètecolombien. Surtout connu pour son romanMaría, il a également étésoldat,politicien etexplorateurscientifique. Il est considéré comme un des auteurs les plus significatifs duXIXe siècle enAmérique latine.

Alors qu'il est soldat dans un conflit opposant lesconservateurs auxlibéraux, Jorge Isaacs fait la connaissance du poèteGregorio Gutiérrez González et commence alors à écrire des poésies. Par la suite, il fait découvrir ses manuscrits au groupe littéraire« El Mosaico » qui édite 30 de ses compositions poétiques. En 1864, il commence à écrire son romanMaría qui est publié trois ans après et devient une des œuvres les plus notables duromantisme de la littératureespagnole.

En plus de son activité littéraire, Jorge Isaacs s'engage en politique. Il est d'abordreprésentant à la Chambre pendant quelques années avant d'occuper le poste de consul auChili entre 1871 et 1872. Alors qu'il est membre de l'aile radicale du parti libéral, il élabore les stratégies à développer au sein de l'enseignement. En effet, pour les libéraux, l'analphabétisme et l'ignorance empêchent la formation du citoyen, la réalisation d'une démocratie, le progrès et la paix. Cependant, ses activités politiques et au sein de l'Éducation sont sources de désillusions et d'échecs.

En 1881, après avoir intégré une mission scientifique qui doit étudier les territoires inconnus dulittoralatlantique puis continué à explorer seul plusieurs régions de la Colombie, il entame une recherche documentaire pour écrire unetrilogie sur l'histoire du Grand Cauca à travers trois romansFania,Camilo (ouAlma negra) etSoledad. Ce projet reste cependant inachevé, l'écrivain mourant le des suites d'une rechute de lamalaria qu'il avait contractée quelques années plus tôt.

Biographie

[modifier |modifier le code]

Jeunesse

[modifier |modifier le code]
Hacienda El Paraíso
L'haciendaEl Paraíso en 2010.

Jorge Isaacs, né le àCali enColombie au sein d'une famille de huit enfants[1], a pour parents George Henry Isaacs Adolfus et Manuela Ferrer Scarpetta[2]. Le prénom d'Isaacs est sujet à caution : certains auteurs tels que Fabio Martínez prétendant que son véritable prénom est Jorge Ricardo tandis que María Teresa Cristina Z. affirme qu'il s'agit bel et bien de Jorge Enrique[B 1]. En 1926, une polémique qui va durer dix-sept ans éclate quant au lieu de naissance de l'écrivain colombien. Alors que l'essayisteBaldomero Sanín Cano a écrit en 1920 dans le prologue du livrePoesías Completas de Jorge Isaacs que ce dernier est né àQuibdó, chef-lieu dudépartement deChocó en Colombie, le poète Mario Carvajal déclare en 1926 que le véritable lieu de naissance est Cali et exige de Sanín Cano qu'il modifie ce qu'il avait écrit. Carvajal va même jusqu'à faire placer le une plaque commémorative sur la maison où le poète est supposé être né[C 1]. L'acte debaptême d'Isaacs n'a été trouvé ni à Cali ni à Quibdó où un incendie a détruit en 1839 les archives paroissiales[3]. En réponse à Carvajal, le poète Reinaldo Valencia publie en lepamphletJorge Isaacs no nació en Cali sino en Quibdó (Jorge Isaacs n'est pas né à Cali mais à Quibdó). Finalement, en 1943, un groupe d'intellectuels de Cali composé de Luis Carlos Velasco Madriñán, Leonardo Tafur Garcés, Alfonso Zawadzky, José Ignacio Vernaza et Mario Carvajal publie le livreJorge Isaacs, hijo de Cali (Jorge Isaacs, fils de Cali) dans lequel sont recueillies plusieurs conférences émises surRadio Pacífico démontrant qu'Isaacs est bien né à Cali[C 1].

Le père de Jorge Isaacs, qui est uncitoyenanglaisjuif, arrive en Colombie en 1822 en provenance de laJamaïque. En 1827, il s'établit en tant que commerçant à Quibdó et se convertit auchristianisme afin de pouvoir se fiancer[2]. George Henry Isaacs Adolfus, qui est le fils de Henri Isaacs et de Sara Adolphus, se marie le dans lamunicipalité de Quibdó avec Manuela Ferrer Scarpetta, fille du militaire catalan Carlos Ferrer Xiques et de María Manuela Scarpetta Roo. En 1829, il obtient la carte denaturalisation colombienne et s'intéresse à la vie politique de la région vers 1833[A 1]. En 1840, il acquiert deuxhaciendassucrières à proximité dePalmira :La Manuelita, nommée ainsi en l'honneur de son épouse, etLa Santa Rita. En 1854, il achète l'haciendaEl Paraíso dans les environs deBuga où Jorge Isaacs passe son adolescence[2].

Enfant, Jorge Isaacs apprend ses premiers mots avec Doña Matilde Pombo O'Donnell, la mère deJulio (1817-1862) et deSergio (1822-1888) Arboleda[B 2]. Il entre ensuite dans une école primaire de Cali puis fréquente l'établissement scolaire du maîtreManuel María Luna àPopayán. En 1848, à l'âge de onze ans, il est envoyé àBogota afin d'étudier aucolegio del Espíritu Santo (collège du Saint-Esprit) dirigé par lepédagogueLorenzo María Lleras[2]. En, il retourne à Cali, probablement sans avoir terminé ses études debaccalauréat[4]. Jorge Isaacs souhaite suivre des études demédecine mais, alors que ses parents pensent l'envoyer àLondres, des difficultés financières ne permettent pas à ce projet d'aboutir[A 2].

Campagnes militaires

[modifier |modifier le code]
Article connexe :Guerres civiles colombiennes.
Jorge Isaacs en 1856
Jorge Isaacs en 1856.

Le, le généralJosé María Melo organise uncoup d'État contre le présidentJosé María Obando, entraînant une dictature militaire à Bogotá[5]. Cette année-là, alors âgé de 17 ans, Jorge Isaacs s'enrôle dans l'armée du colonel Manuel Tejada qui lutte contre la dictature de Melo. Durant cetteguerre civile, il livre sa première bataille contre des partisans du dictateur qui se trouvent cantonnés dans la municipalité de Palmira[B 3]. Cette guerre civile contribue à la ruine des haciendas de ses parents[A 2]. À l'issue de cette campagne dans laquelle il combat durant sept mois[C 2], il essaye de monter un commerce à Cali, mais sans succès[2]. Jorge Isaacs se marie en 1856 avec Felisa González Umaña qui n'a que14 ans. De leur union, naîtront sept enfants : Clementina, Julia, María, Lisímaco, Jorge, Daniel et David[1].

Le, le généralTomás Cipriano de Mosquera s'insurge contre le gouvernement deMariano Ospina Rodríguez[B 4], décrétant la séparation de l'État souverain de Cauca de laConfédération grenadine[6]. Commence alors laguerre civile colombienne de 1860-1862 qui voit s'affronter militairement les partisconservateur etlibéral. Les premiers souhaitent un État centralisé fort et un grand pouvoir pour l'Église tandis que les seconds souhaitent un État fédéral laissant un grand pouvoir aux États fédérés et une mise à l'écart de l'Église dans les affaires de l'État. Jorge Isaacs retourne alors au champ de bataille afin de combattre sous les ordres du général Braulio Henao contre la révolution commandée par Cipriano de Mosquera, participant notamment à la bataille de Manizales qui se déroule le lors de cette guerre civile[7]. C'est à cette période qu'il se déclare êtreconservateur[A 2]. Bien des années plus tard, en 1893, Jorge Isaacs expliquera son intervention aux côtés des conservateurs, déclarant[7] :

« J'ai instinctivement compris que Mosquera travaillait au service de son ambition redoutable et démesurée. Aujourd'hui, dans un cas similaire, j'accomplirais, bien que ça me coûtât la vie, ce que j'ai alors fait. »

Durant ce conflit opposant les conservateurs auxlibéraux, il est envoyé àAntioquia où il fait la connaissance du poèteGregorio Gutiérrez González et commence à écrire des poésies. Ainsi, plusieurs de ses poèmes tels queRío Moro, ont été écrits durant ses campagnes militaires[2]. Alors que la guerre civile se termine en 1861 avec la victoire de Cipriano de Mosquera, Jorge Isaacs retourne dans le département duValle del Cauca, son père étant mort d'unecirrhose[B 5] le[A 2].

Débuts littéraires

[modifier |modifier le code]
Maison du père de Jorge Isaacs dans le quartier El Peñón, à Cali
Maison dans le quartierEl Peñón où Jorge Isaacs finit l'écriture deMaría.

Isaacs retourne à Cali pour se charger des affaires familiales, conformément aux dernières volontés de son père. Afin de sauver les haciendas et les affaires familiales de la ruine, il contracte des prêts mais ne parvient pas à s'en acquitter à temps. Il part à Bogotá en 1863, laissant son frère Alcides à la tête du patrimoine familial qui a fortement diminué[A 2]. Lors du séjour de Jorge Isaacs à Bogotá, les plaintes de plus de trente créanciers ne cessent de tomber. Il est alors cité à comparaître le devant leJuzgado Segundo del Circuito. Il décide d'utiliser les services d'Aníbal Galindo et deJosé María Vergara y Vergara, avocats reconnus dans le pays et membres du cercle littéraire« El Mosaico » (« La Mosaïque »)[2],[B 5]. En 1864, pour solder les dettes, les haciendasLa Santa Rita etLa Manuelita sont finalement vendues mais les sommes recueillies ne sont pas suffisantes pour rembourser intégralement les créanciers[A 2].

Isaacs est convié un soir de à lire ses manuscrits chezJosé María Samper durant une cession extraordinaire de la société littéraire« El Mosaico », devant quatorze autres écrivains. Il est applaudi par les participants pour ses poèmes. La même année, trente de ses compositions poétiques – dontRío Moro,La muerte del sargento,La vuelta del recluta etLa reina del campamento – sont éditées en tant que« nouveauté littéraire ». Cette rencontre est très importante pour Isaacs et pour la suite de son activité littéraire, sa vision artistique s'enrichissant avec le regard descriptif et attentif de la réalité des autres membres d'« El Mosaico »[2],[B 6].

Alors qu'il devient inspecteur en pour superviser la construction de la route reliantCali àBuenaventura, Jorge Isaacs contracte lamalaria, vivant dans les forêts insalubres du littoral. La même année, lors de sa convalescence, il commence à écrire les premiers chapitres du romanMaría dans un campement appeléLa Víbora (La Vipère) et situé sur les rives du río Dagua. Il finit l'écriture de son roman un an après[2] dans la maison paternelle située dans le quartierEl Peñón à Cali[8] et achetée le[9]. Le texte de cette première édition est d'abord corrigé à Cali par son frère Alcides qui est professeur de grammaire, avant d'être envoyé à Bogotá pour être relu par José María Vergara y Vergara, Ricardo Carrasquilla, Ricardo Silva et José Manuel Marroquín.María est publié pour la première fois en à l'imprimerie de José Benito Gaitán et est tiré à 800 exemplaires, se vendant au prix de 1,60 $[A 2],[10]. Bien que ce soit un échec sur le plan économique, Jorge Isaacs ne recevant que 200pesos pour les200 exemplaires vendus, le livre est un succès littéraire, José Joaquín Ortiz déclarant dans le journalLa Caridad, lecturas del hogar que les vers de ce volume« furent accueillis avec un rare enthousiasme ». En 1869, la deuxième édition, corrigée parMiguel Antonio Caro, est réalisée à l'imprimerie de Medardo Rivas[B 7]. Dans cette nouvelle mouture, Isaacs décide notamment d'augmenter de deux ans l'âge de María[A 2]. Le succès deMaría est rapide. En effet, la première édition de cette œuvre apparaît en 1870 auMexique, en 1874 enFrance, en 1882 enEspagne et en 1890 auxÉtats-Unis[11].

Débuts en politique

[modifier |modifier le code]
Couverture du roman María en 1882
Couverture illustrée par Alejandro de Riquer du romanMaría paru aux Éditions E. Domenech (Barcelone, 1882).

Selon Américo Carnicelli, dans le livreHistoria de la masonería paru en 1975, Jorge Isaacs intègre lafranc-maçonnerie le[12] où il devient membre de3e degré autemple maçonniqueEstrella del Tequendama número 11 de Bogotá. Il parvient à y atteindre le33e degré et devient l'un des membres fondateurs du temple maçonniqueAurora del Cauca à Cali dont seront notamment membres des personnalités telles que son cousin César Contó, Tomás Cipriano de Mosquera etPedro Alcántara Herrán[8].

En 1866, Isaacs est élureprésentant à la Chambre par le parti conservateur de l'État du Cauca[7],[13]. Dans le même temps, alors qu'il jouit d'une reconnaissance dans le domaine littéraire, Jorge Isaacs travaille à Bogotá aux côtés deSergio Arboleda[14] en devenant, du au, rédacteur de l'hebdomadaire conservateurLa República qui publie des éditoriaux et des articles politiques, sociaux et économiques[A 3]. Durant cette période, Isaacs soutient la candidature présidentielle à la nation du conservateurPedro Justo Berrío[7], alors président de l'État souverain d'Antioquia qui était une des divisions administratives et territoriales desÉtats-Unis de Colombie[15]. L'élection présidentielle de 1868 aboutit finalement à la victoire du libéralSantos Gutiérrez[16].

Il est réélu représentant à la Chambre en 1868 et 1869 par le Parti conservateur. Le, l'aînée de ses enfants, Clementina, décède à l'âge de 11 ans[13]. Le, Jorge Isaacs est nommé secrétaire général de la Chambre de Représentants[10], étant également reconduit la même année pour un nouveau mandat, mais cette fois en tant que membre de l'aile radicale du libéralisme avec qui il a lié des affinités à la suite du coup d'État mené contre Mosquera en 1867[7]. De militant actif dans les rangs du parti conservateur, Isaacs est ainsi devenu peu à peu libéral modéré puis libéral radical[C 3]. Bien que ce changement ne puisse être expliqué avec certitude, un certain crédit peut être apporté au jugement deshistoriennes Yolanda Domínguez et Martha Lucía Cabrera selon lequel« Jorge Isaacs, outre les considérations purement religieuses, s'est senti attiré par le parti libéral au moment où il a dû faire face à la faillite économique quand il a cessé d'être un grand propriétaire terrien et qu'il n'avait plus d'esclaves et d'hacienda, et qu'en arrivant à Bogotá, il a rejoint la bureaucratie officielle, dédiant une partie de son temps au commerce (dans un entrepôt de textiles), devenant négociant et prenant part à la petite bourgeoisie libérale »[C 4]. Par ailleurs, Jorge Isaacs défend laséparation de l'Église et de l'État ainsi que l'organisation de la nation autour d'unÉtat fédéral. Il est également l'un des principaux précurseurs de l'éducation laïque et gratuite[B 8].

Entre 1871 et 1872, il occupe le poste de consul au Chili[7] afin de changer l'opinion qu'ont les Chiliens sur la Colombie et d'augmenter les relations commerciales entre les deux pays[A 3]. Pendant cette période passée au Chili, Jorge Isaacs travaille au sein de plusieurs journaux :El Mercurio,Sud-América,La Revista de Santiago etLa Revista Chilena[A 3]. Par ailleurs, il y écrit ses « Notes de voyage » qu'il envoie au Journal de Cundinamarca dans lesquelles il commente les progrès que connaît l'économie du Cauca lors de ces dernières années de paix. Il rédige également un travail intituléLa Confederación Argentina (La Confédération Argentine) qui définit cetteorganisation politique comme un modèle de progrès[10]. En 1873, de retour à Cali, il se consacre aux travaux agricoles dans son haciendaGuayabonegro mais c'est un échec. Pour faire face aux litiges que lui occasionne cette deuxième ruine économique, il écrit le pamphletA mis amigos y a los comerciantes del Cauca le. Dès lors, Isaacs se consacre uniquement aux activités politiques, rejoignant l'aile radicale du libéralisme dirigée parManuel Murillo Toro. Par la suite, il participe à la vie politique du Cauca au sein d'un groupe minoritaire dirigé par son cousin César Contó qui est élu président de l'État souverain de Cauca en 1875 grâce à une coalition entre les radicaux et les partisans de Mosquera afin d'enrayer la montée du Parti conservateur. Contó nomme alors l'écrivain au poste de surintendant de l'instruction publique du Cauca. Jorge Isaacs devient ensuite secrétaire duministère de l'Éducation jusqu'en 1877[A 3],[7].

Activités au sein de l'Éducation

[modifier |modifier le code]
Article connexe :Système éducatif colombien.
Portrait de Johann Heinrich Pestalozzi
Johann Heinrich Pestalozzi inspira Jorge Isaacs dans ses projets pour l'Éducation.

Alors que Jorge Isaacs a rejoint l'aile radicale du parti libéral, cette dernière décide de s'engager en profondeur dans des réformes sur l'Éducation, estimant celles-ci nécessaires au développement du pays. En effet, selon les libéraux radicaux, l'analphabétisme et l'ignorance empêchent la formation du citoyen, la réalisation d'une démocratie, le progrès et la paix. Le, leDecreto Federal Orgánico de la Enseñanza Primaria (décret fédéral organique de l'enseignement primaire) impose l'instruction obligatoire dans tout le pays. Bien qu'Isaacs ne soit pas un théoricien de l'éducation, il estime qu'il n'y a pas de développement sans éducation et que l'école permet de former les citoyens[17],[B 9]. Diverses publications officielles telles queEl Escolar de Popayán dirigé pendant un temps par Jorge Isaacs[2] etLa Escuela deNeiva font référence aux activités de l'écrivain dans le domaine de l'éducation. Dans le journal politiqueEl Programa Liberal de Popayán, l'écrivain expose les stratégies à développer au sein de l'enseignement primaire et montre leur application pour le département du Cauca[17].

Isaacs commence à s'intéresser à l'éducation lors de son séjour au Chili en tant que consul, découvrant les systèmes éducatifs argentin et chilien. Dans son article intituléLa Confederación Argentina, il explique notamment que le gouvernement argentin a rendu l'école gratuite, l'enseignement primaire étant une« véritable question d'être ou ne pas être ». Par ailleurs, il destine une grande partie de ses revenus auxbibliothèques, auxuniversités etcollèges ou encore auxécoles normales afin de développer l'éducation. L'éducation des enfants, des adultes et la formation des enseignants ont été certaines des préoccupations les plus constantes chez l'auteur deMaría. Toutefois, pour former correctement les citoyens, il est nécessaire d'instruire les femmes et d'ouvrir davantage d'écoles pour les enfants ainsi que pour les futurs enseignants. Un de ses projets les plus chers sera ainsi de mettre en place des écoles du soir pour que les artisans, les cultivateurs ou les enfants pauvres qui travaillent de jour puissent avoir accès à l'enseignement[17].

Il insiste également pour que le principe éducatif du pédagoguesuisseJohann Heinrich Pestalozzi soit adopté. Ce projet échoue, de nombreux maîtres ne pouvant assister aux cours de préparation à cette nouvelle méthodologie[C 5] qui consiste à guider l'enfant dans son apprentissage en allant de l'aspect concret aux concepts abstraits, du cas particulier aux idées générales, et ce en faisant des exercices simples qui introduisent des exercices plus compliqués se basant sur le vécu[18]. En, il fonde à Cali une école pour hommes dirigée par l'Allemand Gustavo Radlach qui travaille dans des conditions précaires et sans collaborateur. À partir de, Jorge Isaacs occupe les postes de délégué spécial et d'inspecteur dans les municipalités de Palmira et de Cali[17].

Le, Contó nomme son cousin au poste de surintendant général de l'instruction publique du Cauca[17]. Lors de la révolte des conservateurs de 1876, Jorge Isaacs suspend ses activités au sein de l'éducation et retourne à Bogotá pour tenir informé le président colombien de l'époque,Aquileo Parra, des évènements qui se déroulent lors de la bataille des Chancos (batalla de Los Chancos), bataille qu'il commence en au grade de capitaine du bataillon dessapeurs et termine en tant que chef d'état-major de la troisième division de l'armée du sud en[2]. Lorsque cette guerre civile se termine, Isaacs réoccupe le poste de surintendant général de l'instruction publique du Cauca pendant quelques mois[17] jusqu'à sa nomination en en tant que secrétaire du gouvernement du Cauca par le président de l'État souverain du Cauca Modesto Garcés[10]. Entre et, il occupe le poste de directeur de l'Instruction publique de l'État de Tolima[17].

Désillusions politiques

[modifier |modifier le code]

Alors que Jorge Isaacs considère l'éducation comme essentielle au développement du pays, il continue ses activités politiques au sein de l'aile radicale du libéralisme. En 1877, alors qu'il occupe le poste de secrétaire du gouvernement de l'État du Cauca depuis août de cette même année, il utilise son influence pour plaider en faveur des droits des indigènes et lutter contre les abus dont ils sont victimes. Cependant, face aux pressions qu’exerce Mosquera sur Isaacs en déclarant qu'il« ne possédait pas le bon jugement ni la circonspection vitale d'un homme de sa position », l'auteur deMaría renonce à son poste[2]. Le, durant une séance à laChambre des représentants de Colombie pendant laquelle lui et des membres libéraux duCongrès s'opposent à l'instauration de lois favorisant le clergé[10], il insulte le secrétaire de la Guerre,Andrés Cerón. Après cette séance, Isaacs et d'autres libéraux sont poursuivis dans la rue etlapidés par des groupes de fanatiques. Cet évènement sera appelé« Lapidation du Congrès »[A 4]. L'hôtel dans lequel l'écrivain et politicien colombien loge est également attaqué par des habitants de Bogotá. Il considère, à ce moment-là, qu'il faut lancer une révolution qui permettrait aux radicaux de reprendre le pouvoir[7]. En, il assume pendant une courte période la direction du journal radicalisteLa Nueva Era (La Nouvelle Ère) dans lequel paraissent des éditoriaux vindicatifs contre les conservateurs et les gens soutenantRafael Núñez[10].

Fin 1879,Tomás Rengifo quitte le poste de président de l'État d'Antioquia au milieu d'une situation confuse. Le,Pedro Restrepo Uribe, alors vice-président de cet État, se déclare président[2]. Isaacs dirige une révolution qui renverse Restrepo Uribe trois jours plus tard. Il expliquera sa participation à ce mouvement dans le livre intituléLa revolución radical en Antioquia paru à Bogotá en 1880[19]. Bien qu'il prenne le pouvoir le et se déclare chef civil et militaire d'Antioquia[A 4], il ne dispose pas de l'appui des principaux chefs de la région, et Pedro Restrepo Uribe, grâce aux troupes nationales, peut récupérer son poste. À la suite de cela, Isaacs est expulsé du Congrès, avec pour conséquence la fin de son activité politique[7]. Il part alors s'installer avec sa famille à Ibagué dans une maison que lui prête l'écrivain et homme politiqueJuan de Dios Restrepo[10] plus connu sous lepseudonyme d'Emiro Kastos[20]. En, Isaacs publie à Bogotá le premierchant du poèmeSaulo et le dédie au généralJulio Argentino Roca, alors président de l'Argentine, qui en fera imprimer une édition de luxe àBuenos Aires[2],[21].

Études scientifiques

[modifier |modifier le code]
Monument dédié à Jorge Isaacs
Monument dédié à Jorge Isaacs et aux personnages principaux deMaría, àCali.

En, le gouvernement de Rafaël Núñez désigne Jorge Isaacs comme secrétaire de la mission scientifique qui doit étudier les territoires inexplorés du littoral atlantique afin de reprendre le projet de la Commissionchorographique dirigée parAgostino Codazzi et laissé tel quel depuis son décès le[2]. Isaacs signe un contrat d'un an avec le gouvernement pour un salaire annuel de 3 000pesos, prorogeable selon son désir[10]. La commission chorographique, mise en place en 1850 sous la direction dugéographeitalien, est l'institution qui a entamé en Colombie un travail d'explorations, de descriptions et d'inventaires, marquant ainsi un antécédent de grande importance sur le plan de la trajectoire géographique et de la recherche scientifique nationale[22].

L'objectif du comité scientifique fixé par le gouvernement de Núñez est d'étudier les troisrègnes naturels de la République de Colombie, avec un intérêt tout particulier pour la connaissance et l'exploitation des mines, considérées comme très importantes pour le développement matériel du pays. Par ailleurs, cette commission doit spécifier et décrire les plantes, résines, huiles et fruits utiles à la médecine et à l'industrie. Jorge Isaacs, qui devient secrétaire de la mission scientifique, rejoint l'équipe composée de Carlos José Manó le directeur de cette mission, Francisco Javier Tapia lebotaniste et dessinateur, Lázaro María l'auxiliaire technique et Rubén J. Mosquera lecopiste et auxiliaire du secrétaire. L'écrivain colombien est chargé de réviser et rédiger les travaux. Il doit également écrire ses propres observations sur divers sujets tels que la description de la nature physique lors du parcours de la mission, les coutumes des habitants, le degré de progrès moral et intellectuel atteint notamment à travers l'enseignement public et la gestion des écoles, le développement probable de la population à travers le régime hygiénique des grands centres qu'il explore, ou encore faire une étude statistique simple des eaux médicinales. Par la suite, toutes les observations sont publiées dans les Annales d'Instruction Publique (Anales de Instrucción Pública)[10].

Jorge Isaacs explore ainsi les terres deLa Guajira ainsi que celles de laSierra Nevada de Santa Marta, territoire des indiensMotilon. En 1884, il publie son étudeethnologique,Las tribus indígenas del Estado de Magdalena, antes provincia de Santa Marta (Les tribus indigènes de l'État de Magdalena, ancienne province de Santa Marta), dans lequel il écrit ses observations sur les peuples indigènes rencontrés tant sur le plan géographique, historique et linguistique que de leurs traditions et de leurs religions[2],[10]. Bien que son contrat avec la commission chorographique ne soit pas reconduit, Isaacs continue ses explorations dans la région méridionale du Cundinamarca où il trouve dans des cavernes de nombreux crânes humains très anciens. En, il commence un voyage sur la côte atlantique, accompagné de son fils Jorge et de son serviteur Belisario qui meurt durant cette expédition. Il découvre notamment des gisements dehouille àRiohacha et àDibulla, dupétrole dans le golfe d'Urabá et deux gisements dephosphate de chaux à La Guajira et sur l'Isla Fuerte[10].

Fin de vie

[modifier |modifier le code]
Carrosse funèbre avec les restes de Jorge Isaacs
Carrosse funèbre avec les restes de Jorge Isaacs à son arrivée à Medellín en 1905.

Jorge Isaacs revient à Ibagué vivre avec sa famille entre 1888 et 1895. Il souhaite acquérir des financements avec l'aide d'investisseurs étrangers afin d'exploiter des mines d'or mais c'est un échec. Il décide alors de revendre ses droits en 1894 à laPanamerican Investments Co. En 1891, il reprend la plume afin de travailler sur la troisième édition de son romanMaría[A 5]. En 1892, il écrit également le poème sur Antioquia,Tierra de Córdova, qu'il dédie àJosé María Córdova[23]. Par ailleurs, il entame une recherche documentaire pour écrire unetrilogie sur l'histoire du Grand Cauca à travers trois romansFania,Camilo (ouAlma negra) etSoledad[A 5]. Le, accompagné de son fils Lisímaco, Isaacs se rend à Bogotá afin de recevoir un hommage pour son travail industriel. Il y revoit pour la dernière fois son ami, le poèteJosé Asunción Silva[24].

Il meurt à Ibagué le des suites d'une rechute de la malaria qu'il avait contractée en 1864[2]. Son projet sur la trilogie du Grand Cauca reste ainsi inachevé[A 5].Miguel Antonio Caro, alors président de la République de Colombie, s'oppose à ce que le deuil national en l'honneur de l'écrivain soit à peine déclaré mais la pression des adversaires politiques d'Isaacs est telle que même le nom du défunt n'apparaîtra pas dans l'enquête duPapel Periódico Ilustrado en 1882 afin de déterminer les dix personnalités colombiennes les plus distinguées du pays. Cependant, depuis l'annonce du décès de Jorge Isaacs, un groupe de citoyens d'Antioquia organise une campagne pour transférer ses restes mortuaires à Medellín[2]. Son cadavre est finalement enterré en 1905 selon ses dernières volontés dans la capitale d'Antioquia, terre de José María Córdova, et ce bien qu'il ait toujours exprimé son amour pour le Cauca en déclarant :« Oui, j'aime beaucoup le Cauca, bien qu'il soit si ingrat avec ses propres enfants ! »[7].

Œuvre littéraire

[modifier |modifier le code]

Roman

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :María (roman).
Couverture du roman María
Couverture du romanMaría incluant un prologue deJosé María de Pereda (1899).

Le seulroman de Jorge Isaacs,María (publié en 1867), est devenu une des œuvres les plus notables duromantisme de la littératureespagnole. Considéré comme un des chefs-d'œuvre de la littérature hispano-américaine,María raconte plusieurs histoires d'amour impossibles, les personnages appartenant à desclasses sociales ou ethnies différentes, et notamment celle entre Efraín et sa cousine María[25]. Alors que le jeune homme doit quitter son village du Cauca afin de poursuivre des études à Bogotá, il y laisse María qui est folle amoureuse de lui. Ils se revoient six ans plus tard, éprouvant toujours les mêmes sentiments l'un envers l'autre, mais Efraín doit de nouveau partir pour terminer ses études à Londres. À son retour, deux ans plus tard, il apprend par sa sœur Emma que María est morte durant son absence. Efraín demeurera inconsolable, pleurant sur la tombe de sa bien-aimée.

En 1920, à la suite de la publication complète des poésies de Jorge Isaacs par la maison d'éditionMaucci àBarcelone, Baldomero Sanín Cano écrit un prologue surMaría. Il rapproche l'œuvre de l'auteur colombien aux principaux courants dunaturalisme et duromantisme européen, percevant dans ce roman l'influence des écrivainsfrançaisJean-Jacques Rousseau etFrançois-René de Chateaubriand[C 6]. En 1946, l'écrivain et critique littéraire colombienAntonio Gómez Restrepo écrit sur le roman de Jorge Isaacs :« C'est le livre colombien le plus diffusé dans le monde ; il a souvent été réimprimé en Colombie et dans d'autres pays où on parle l'espagnol. Il a été traduit en plusieurs langues[26]. »

Le romanMaría, composé de 65 chapitres, se base sur diverses expériences autobiographiques de Jorge Isaacs. En effet, comme l'auteur du roman, Efraín doit quitter son village du Cauca pour poursuivre des études à Bogotá. Il essaie également d'apprendre la médecine, écrit des poésies et travaille dans une hacienda[27]. Cependant, l'écrivain ne parle pas de sa vie politique agitée alors que les autres expériences significatives de sa vie sont transférées à son personnage Efraín[28]. Au-delà de l'intrigue sentimentale deMaría, Jorge Isaacs raconte également la vie dans les plantations de la vallée du Cauca, fait découvrir différentes scènes locales telles que la chasse au tigre ou le travail de la canne ainsi qu'une société féodale et esclavagiste se voyant heureuse, avec des rapports sains entre les maîtres et leurs esclaves[29].

Poésie

[modifier |modifier le code]
Couverture de Poesías completas
Couverture dePoesías completas de Jorge Isaacs (parution en 1920).

L'œuvre poétique de Jorge Isaacs est peu connue, même en Colombie, par les critiques et éditeurs. Ceci peut s'expliquer de diverses façons : le romanMaría a fait de l'ombre à sa production poétique de qualité médiocre, le faible intérêt des étudiants pour la poésie colombienne duXIXe siècle et l'ingérence des facteurs idéologiques en politique et religion dans l'évaluation et l'oubli de la poésie d'Isaacs. Ainsi, au décès du poète, seule une petite partie de son œuvre est reprise dans des livres, le reste étant dans des manuscrits ou dans la presse colombienne et étrangère de l'époque[C 7].

Plusieurs des poèmes de Jorge Isaacs tels queRío Moro sont écrits durant ses campagnes militaires[2]. Il a ainsi composé ses premiers poèmes entre 1859 et 1860[A 2]. Sa reconnaissance en tant que poète est due à sa rencontre avecJosé María Vergara y Vergara qui le présente en mai 1864 lors d'une réunion aux membres de la société littéraire« El Mosaico » qui éditera par la suitePoesías[C 7]. Cependant, alors qu'il a acquis une reconnaissance dans le monde littéraire à Bogotá grâce à ses poésies[C 7], Jorge Isaacs délaisse l'écriture devers à la suite de la publication de son romanMaría car ses activités journalistiques, politiques et diplomatiques lui prennent beaucoup de temps. Ainsi, il ne compose que sept poèmes entre 1868 et 1873[C 8].

Le militantisme dans le radicalisme et son retour à la vie politique en 1875 lors d'une période de violentes confrontations entre libéraux et radicaux autour des questions sur la religion et l’Éducation, sa participation auxguerres civiles de1876 et1885 ainsi que l'échec de sa révolution à Antioquia sont autant d'expériences qui ont modifié la poésie d'Isaacs, ce dernier développant dès lors une diatribe contre lathéocratie, le fanatisme engendrant la tyrannie, l'Espagne déchue ou encore la corruption et la décadence contemporaines[C 8].

En 1881, Jorge Isaacs publie le premierchant du poèmeSaulo qui doit faire face à de nombreuses critiques[C 9]. Il est rejeté par son manque de clarté par plusieurs lecteurs qui cherchaient et attendaient dans un poème une anecdote, une situation définie ou un noyau narratif qui s'avère être inexistant dans ce chant[C 10]. De son côté, le poète et essayiste colombien Adriano Páez défend cette poésie, considérant que« le nouveau travail poétique d'Isaacs est un chant lyrique, débordant de passion, plein de beauté et de grandes inspirations »[C 11].

Par ailleurs, plusieurs poèmes de Jorge Isaacs sont rédigés en l'honneur de ses proches. Ainsi, le, il écrit la poésieElvira Silva à l'occasion du décès de la sœur du poète José Asunción Silva[13],[30]. En, il compose le poème sur Antioquia,Tierra de Córdova, qu'il dédie à José María Córdova[23].

En 1920, l'éditionPoesías completas est publiée en Espagne avec un prologue deBaldomero Sanín Cano, Cependant il y manque d'importantes compositions du poète[C 12]. En 1967, Armando Romero reprend et classe pour la première fois la totalité de l'œuvre connue de Jorge Isaacs[C 13]. Alors que la poésie de l'auteur du Cauca tend à disparaître avec le temps, l'écrivain colombienGabriel García Márquez, qui considère que le romanMaría d'Isaacs est« un texte sacré de la littérature colombienne », déclara dans une entrevue qu'« il est surprenant chez un tel homme d'être si mauvais poète. Je crois qu'il n'y a pas de poèmes de lui qui puissent être sauvés. Ses poésies demeurent car il est l'auteur deMaría »[C 14].

Selon un article de R. Jiménez Triana paru dansEl Telegrama le,« Jorge Isaacs a connu deux périodes en tant que poète : la première qui correspond à sa jeunesse et dans laquelle ressort le culte à la nature et l'intensité avec laquelle il ressent cet amour à la mère commune ; dans la deuxième, les illusions mortes et les déboires envenimés ont fait que sa muse se recentre quelque peu et perde la fraîcheur et la spontanéité de sa jeunesse pour les remplacer par un subjectivisme mélancolique ». Ces deux périodes sont séparées par une période stérile entre 1871 et 1873 qui correspond au moment où Isaacs est consul au Chili de 1871 à 1872 puis lorsqu'il gère son haciendaGuayabonegro à son retour en Colombie pendant un an[21].

Drames

[modifier |modifier le code]
Mausolée de Jorge Isaacs
Mausolée de Jorge Isaacs auMusée cimetière San Pedro à Medellín.

En plus de son romanMaría et de ses poésies, Jorge Isaacs s'est également adonné à l'écriture dedrames historiques sous l'influence de l'école romantique imposée en Europe entre les années 1800 et 1830[31]. Il développe probablement sa vocation théâtrale alors qu'il étudie durant son enfance aucolegio del Espíritu Santo (collège du Saint-Esprit) dirigé par lepédagogueLorenzo María Lleras. Ce dernier, grand promoteur du théâtre national vers le milieu duXIXe siècle, fut l'auteur, traducteur et directeur d'œuvres dramatiques qui étaient ensuite jouées par les élèves lors de représentations au sein du collège[31].

Bien que le théâtre soit l'activité littéraire la plus méconnue de Jorge Isaacs, le poète rédigea cependant trois drames :Amy Robsart (1859),María Adrian (ouLos montañeses en Lyon, 1860) etPaulina Lamberti (1860)[C 15]. Les deux premiers, dont les manuscrits sont conservés à laBibliothèque nationale de Colombie, sont inconnus du grand public. En 1952, Rafael Maya fait connaîtrePaulina Lamberti dans la revueBolívar[31]. Jorge Isaacs considère ses drames comme des œuvres juvéniles qui présentent tous les défauts caractéristiques à cette époque initiale mais ne se résigne pas à les oublier et garde envers eux l'affection que l'on porte à ses premières œuvres. Ainsi, en 1884, il laisse une annotation dans le manuscrit dePaulina Lamberti :« Il faut de nouveau écrire le drame, et s'il n'est pas mieux, le brûler. »[31]

L'action des trois drames, qui ont pour sujet une tragique histoire d'amour, se déroule dans un contexte historique européen : le règne d'Isabelle d'Angleterre pourAmy Robsart qui se base sur le romanKenilworth deWalter Scott paru en 1821, laRévolution française pourMaría Adrian et lePremier Empire instauré parNapoléon Bonaparte pourPaulina Lamberti[31]. Ce dernier drame est considéré comme le plus abouti d'Isaacs, tant du point de vue de la structure que du langage et de la caractérisation des personnages, leur psychologie étant davantage développée[31]. Luís Carlos Velasco Madriñan pose la thèse qu'un quatrième drame qui« a été perdu » était le premier brouillon deMaría, à l'origine conçu comme œuvre dramatique[C 16].

Hommages et postérité

[modifier |modifier le code]

Adaptations et documentaires

[modifier |modifier le code]
Article connexe :Cinéma colombien.
Photographie extraite du film María (1922)
María de Máximo Calvo Olmedo et Alfredo del Diestro, 1922.

Au cinéma, le romanMaría et Jorge Isaacs ont été sujets à de nombreuses productions audiovisuelles[32]. La premièreadaptation cinématographique deMaría, dont il ne reste aujourd'hui aucune trace, a été réalisée par leMexicain Rafael Bermúdez Zataraín en 1918[32]. En 1922, la Colombie entre réellement dans l'ère du cinéma muet avecMaría réalisé parAlfredo del Diestro etMáximo Calvo Olmedo. Il ne reste plus aucune copie de ce film tiré du romanMaría. Calvo Olmedo a conservé quelques photographies du film dans un album et laFundación Patrimonio Fílmico Colombiano possède encore un fragment de 45 secondes de ce film qui durait trois heures[33].

Différentes versions du romanMaría ont été portées aupetit écran. Ainsi, en 1972,Luis Eduardo Gutiérrez réalise unfeuilleton télévisé de77 épisodes d'une durée de30 minutes chacun. En 1991,RCN Televisión confie à l'écrivain colombienGabriel García Márquez l'écriture duscénario d'un feuilleton de3 épisodes pour une durée totale de6 heures à partir de l'opus magnum de Jorge Isaacs. De son côté, le sculpteurEnrique Grau, qui manque de financement, réalise en 1966 une version deMaría enmm[32],[34].

TitreRéalisateursAnnéeGenreSujetPays
MaríaRafael Bermúdez Zataraín1918FictionMaríaMexique
MaríaMáximo Calvo Olmedo etAlfredo del Diestro1922FictionMaríaColombie
MaríaChano Urueta1938FictionMaríaMexique
María (tres romances)Bernardo Romero Lozano1956FictionMaríaColombie
MaríaEnrique Grau1966FictionMaríaColombie
La MaríaAlfonso Castro Martínez1970FictionMaríaColombie
MaríaTito Davison1972FictionMaríaColombie, Mexique
MaríaLuis Eduardo Gutiérrez1972FictionMaríaColombie
En busca de MaríaJorge Nieto etLuis Ospina1985DocumentaireMaríaColombie
Literatura colombiana: Jorge Isaacs - La MaríaCamina1986DocumentaireJorge IsaacsColombie
Jorge Isaacs : "La María"Juan Fernando Gutiérrez1988DocumentaireMaríaColombie
MaríaLisandro Duque Naranjo1991FictionMaríaColombie
Pepe BayonaLisandro Duque Naranjo1995DocumentaireMaríaColombie
Cuando bramó el CombeimaLucero Moreno et Gabriel Beltrán2000DocumentaireJorge IsaacsColombie
Biografía: Jorge IsaacsAstrid Muñoz Ovalle2002DocumentaireJorge IsaacsColombie
Isaacs a la sombra de su obraAdolfo L. Cardona2003DocumentaireJorge IsaacsColombie
Source :« Fundación Patrimonio Fílmico Colombiano »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)

Commémorations diverses

[modifier |modifier le code]

En 1918, soit vingt-trois ans après la mort de Jorge Isaacs, le critique et poète colombien Maximiliano Grillo se rend compte que la vie et l'œuvre de l'écrivain entrent dans l'oubli, aucunebiographie n'ayant été écrite à son sujet. Grillo, lors d'une conférence, présente alorsMaría comme étant un roman romantique et sensible ainsi que la vie du politicien et guerrier que fut Isaacs. Cette conférence est publiée en 1927 àParis, aux ÉditionsLe Livre, dans son livre intituléEnsayos y comentarios[35],[36].

Lethéâtre Jorge Isaacs est inauguré le en hommage à l'écrivain vallecaucano du même nom. Ce bâtiment, de style néoclassique français et réalisé par Hermann S. Bohmer, est déclarémonument national en 1984 et rouvre en 1989 après plusieurs années d'abandon[37].

En 2000, laBanque de la République de Colombie met en circulation un billet de 50 000 pesos à l'effigie de Jorge Isaacs en son hommage[38],[39].

L'aéroport (en) d'Albania, dans le département deLa Guajira, porte le nom de Jorge Isaacs.

Notes et références

[modifier |modifier le code]

Ouvrages utilisés

[modifier |modifier le code]
  1. p. ix.
  2. abcdefgh etip. x.
  3. abc etdp. xi.
  4. a etbp. xii.
  5. ab etcp. xiii.
  1. p. 22.
  2. p. 25.
  3. p. 25-26.
  4. p. 26.
  5. a etbp. 27.
  6. p. 27-28.
  7. p. 30.
  8. p. 39.
  9. p. 41.
  1. a etbp. 337.
  2. p. 17.
  3. p. 247
  4. p. 238-239
  5. p. 28.
  6. p. 328.
  7. ab etcp. 373-374.
  8. a etbp. 376.
  9. p. 37.
  10. p. 378.
  11. p. 379.
  12. p. 381.
  13. p. 382.
  14. p. 383.
  15. p. 10.
  16. p. 460.

Autres références

[modifier |modifier le code]
  1. a etb(es) Rafael H. Salazar R., « Jorge Isaacs », El Tiempo,(consulté le)
  2. abcdefghijklmnopqr ets(es) Ricardo Rodríguez Morales, « Jorge Isaacs (1837-1895) », Credencial Historia (édition n°64),(consulté le)
  3. (es) « Era Chocoano Jorge Isaacs », El Tiempo,(consulté le)
  4. (es) María Teresa Cristina Z., « Biographie de Jorge Isaacs »,Université de Valle(consulté le)
  5. Annuaire des deux mondes : histoire générale des divers états (1853-1854), Paris, Bureau de la revue des deux mondes,,p. 809-822
  6. (es) Claudia Vásquez L., « Biografía de Tomás Cipriano de Mosquera »,Bibliothèque Luis Ángel Arango(consulté le)
  7. abcdefghi etj(es) Alonso ValenciaLlano, « La agitada vida política de Jorge Isaacs », Credencial Historia (édition n°64),(consulté le)
  8. a etb(es) José EduardoRueda Enciso,Boletín de Antropología,vol. 21, Medellín,Université d'Antioquia,(ISSN 0120-2510,lire en ligne), « Jorge Isaacs: de la literatura a la etnología »,p. 340
  9. (es) EdgarVásquez Benítez,Historia de Cali en el siglo 20 : sociedad, economía, cultura y espacio,Université de Valle,, 318 p.(ISBN 978-958-33-2904-3,lire en ligne),p. 134
  10. abcdefghij etk(es) María Teresa Cristina Z., « Jorge Isaacs: Biografía »,Bibliothèque Luis Ángel Arango(consulté le)
  11. (es) « La literatura fue su redención », El Tiempo,(consulté le)
  12. (es) AlfredoLaverde Ospina,Tradición literaria colombiana : dos tendencias : una lectura de Isaacs, Silva, García Márquez y Mutis, Universidad de Antioquia,, 275 p.(ISBN 978-958-714-171-9,lire en ligne),p. 34
  13. ab etc(es) « Cronología de Isaacs », El Tiempo,(consulté le)
  14. (es) Otto Morales Benítez, « El desconocido político Jorge Isaacs », Centro Virtual Isaacs(consulté le)
  15. (es) Luis Fernando Molina, « Biografía de Pedro Justo Berrío »,Bibliothèque Luis Ángel Arango(consulté le)
  16. (es) Luis AlfonsoAlarcón Meneses, « Comportamiento electoral y actores políticos en el Estado Soberano del Magdalena »,Huellas (Revista de la Universidad del Norte),no 55,‎,p. 76(ISSN 0120-2537,lire en ligne)
  17. abcdef etg(es) María Teresa Cristina Z., « Isaacs y la educación, desarrollo de las ideas del radicalismo », Credencial Historia (édition n°64),(consulté le)
  18. Françoise Waridel, « Johann Heinrich Pestalozzi (1746 – 1827) », Journal L'Essor,(consulté le)
  19. (es) « La novela romántica - María de Jorge Isaacs », Gobernio Bolivariano de Venezuela(consulté le)
  20. (es) « Biografía de Juan de Dios Restrepo (Emiro Kastos) », Bibliothèque Luis Ángel Arango(consulté le)
  21. a etb(es) DonaldMcGrady,Thesaurus : Boletín del Instituto Caro y Cuervo,t. 19,(lire en ligne), « La poesía de Jorge Isaacs »,p. 416-480
  22. (es) « Biografía de Agustín Codazzi », Bibliothèque Luis Ángel Arango,(consulté le)
  23. a etb(es) Raúl JiménezArango, « Reseña del libro: La tierra de Córdoba », Bibliothèque Luis Ángel Arango,(consulté le)
  24. (es) José EduardoRueda Enciso,Boletín de Antropología,vol. 21, Medellín,Université d'Antioquia,(ISSN 0120-2510,lire en ligne), « Jorge Isaacs: de la literatura a la etnología »,p. 337-356
  25. NicolasBalutet,Histoire de la Littérature Latino-américaine, Lyon, Confluences & Traverses,, 66 p.(ISBN 978-2-9530280-1-0),p. 15
  26. (es) Daniel Samper Pizano, « 1867: un año maravilloso para la literatura colombiana », El Tiempo,(consulté le)
  27. (es) Benito Varela Jácome, « Introducción à María, de Jorge Isaacs », Biblioteca Virtual Miguel de Cervantes,(consulté le)
  28. (es) « Prólogo de María », Bibliothèque Luis Ángel Arango,(consulté le)
  29. NoëlSalomon,Actes Du VI Congres National Des Hispanistes Francais, Presses Univ. Franche-Comté,, « Nation et littérature en Amérique hispanique de 1810 à 1880-1890 »,p. 45-58
  30. (es) Jorge Isaacs, « Elvira Silva », Bibliothèque virtuelle Miguel de Cervantes,(consulté le)
  31. abcde etf(es) María Teresa Cristina Z., « El teatro de Jorge Isaacs. Tres dramas con trasfondo histórico », Credencial Historia (édition n°65),(consulté le)
  32. ab etc(es) Jorge Alberto Moreno Gómez, « Jorge Isaacs y su obra en el audiovisual », Fundación Patrimonio Fílmico Colombiano(consulté le)
  33. (es) Leila El'Gazi, « María (Máximo Calvo) », Credencial Historia (édition n°112)(consulté le)
  34. Jean-JacquesKourliandsky,La Colombie de A à Z : Jorge Isaacs, Bruxelles,André Versaille éditeur,, 239 p.(ISBN 978-2-87495-040-7),p. 129-131
  35. (es) Fabio Martínez, « Las biografías de Jorge Isaacs », Centro Virtual Isaacs(consulté le)
  36. (es) « Maximiliano Grillo (Letras americanas: La vorágine) », Bibliothèque Luis Ángel Arango(consulté le)
  37. (es) Alcaldía de Cali, « Nuestros sitios turísticos y deportivos: Santiago de Cali tiene 470 años », surcali.gov.co(consulté le)
  38. (es) « Billete de 50.000 pesos »,Banque de la République de Colombie,(consulté le)
  39. (es) « Billete de $ 50.000: homenaje al escritor Jorge Isaacs »,Université de Valle(consulté le)

Annexes

[modifier |modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

[modifier |modifier le code]

Bibliographie

[modifier |modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Liens externes

[modifier |modifier le code]
v ·m
Culture
Littérature
Musique
Théologie et philosophie
Arts figuratifs
Architecture
Pays
Cet article est reconnu comme « bon article » depuis saversion du 27 octobre 2011 (comparer avec la version actuelle).
Pour toute information complémentaire, consulter sapage de discussion et levote l'ayant promu.
La version du 27 octobre 2011 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Jorge_Isaacs&oldid=221862256 ».
Catégories :
Catégories cachées :

[8]ページ先頭

©2009-2025 Movatter.jp