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John von Neumann

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Pour les articles homonymes, voirNeumann.

John von Neumann
John von Neumann dans lesannées 1940.
Fonction
Président
American Mathematical Society
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière de Princeton(en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Neumann János Lajos
Surnom
Good Time JohnnyVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Hongroise
Américaine(à partir de 1937)
Formation
Activités
Père
Max von Neumann(d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Margaret Neumann(d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Mariette Kövesi(d)(de à)
Klara Dan von Neumann(de à)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Marina von Neumann Whitman(en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Maîtres
László Rátz(en),Gábor SzegőVoir et modifier les données sur Wikidata
Directeur de thèse
Distinction
Œuvres principales
Plaque commémorative

modifier -modifier le code -modifier WikidataDocumentation du modèle

John von Neumann (Neumann János Lajos) (ˈnojmɒn ˈjaːnoʃ ˈlɒjoʃ,János Lajos Neumann en hongrois), né le àBudapest et mort le àWashington, est unpolymathe,logicien,mathématicien etphysicienaméricano-hongrois. Il a apporté d'importantes contributions enmécanique quantique, enanalyse fonctionnelle, enlogique mathématique, enlogique quantique, eninformatique théorique, ensciences économiques et dans beaucoup d'autres domaines des mathématiques et de la physique. Il a de plus participé aux programmes militaires américains.

Biographie

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Famille

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Aîné d'une fratrie de trois, János Neumann naît àBudapest dans une famille juive, de Margit Kann et de Miksa Neumann, unavocat originaire dePest qui deviendra le conseiller juridique principal puis le directeur de la Banque de crédit et d'hypothèque hongroise. Miksa Neumann est anobli le et intégré à lanoblesse hongroise avec leprédicatdeMarghita (marghitai Neumann en hongrois ;Neumann von Marghita en allemand).

Les enfants Neumann grandissent dans une famille qui côtoie et reçoit chez elle l'élite intellectuelle hongroise et où l'on discute autantsciences,musique etthéâtre quelittérature. János et ses deux jeunes frères, Mihály (1907) et Miklós (1911), apprennent ainsi, en plus du hongrois, l'allemand et le français dès leur plus jeune âge. Le jeune Neumann ne prête guère attention à ses origines juives, sinon pour son répertoire de blagues[1].

Enfance

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János est unenfant prodige : à six ans, il converse avec son père engrec ancien et peut mentalement faire la division d'un nombre à huit chiffres[2]. Une anecdote rapporte qu'à huit ans, il a déjà lu les quarante-quatre volumes de l'histoire universelle de la bibliothèque familiale et qu'il les a entièrement mémorisés : il aurait été capable de citer de mémoire des pages entières de livres lus des années auparavant. Il entre au lycéeluthérien de Budapest(Budapesti Evangélikus Gimnázium) qui était germanophone en 1911.

En 1913, son père achète un titre nobiliaire austro-hongrois et le jeune Neumann János devientmargittai Neumann János, puis prend le nom Johann von Neumann qui sera anglicisé, dans les années 1930, en John von Neumann au moment de l'émigration aux États-Unis (alors que ses frères choisiront pour patronymes Newman et Vonneumann).

Académie des sciences de Hongrie.

Études et période allemande

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À seulement 22 ans, il reçoit sondoctorat en mathématiques (et enphysique expérimentale et enchimie comme matières secondaires) de l'université Loránd-Eötvös pour une thèse sur l'axiomatisation de lathéorie des ensembles[3]. En parallèle, il obtient un diplôme engénie chimique de l'École polytechnique fédérale de Zurich (à la demande de son père, désireux que son fils s'investisse dans un secteur plus rémunérateur que les mathématiques[4]), et aussi sur les conseils deTheodore von Kármán. Neumann ne fréquente ces deux universités que pour passer les examens. Il est le major de sa promotion pour les deux universités.

Entre 1926 et 1930, il est le plus jeune au monde[5] à recevoir à 25 ans le titre deprivat-docent àBerlin et àHambourg. Il reçoit une bourse de lafondation Rockefeller pour travailler également à l'université de Göttingen — à l'époque capitale mondiale des mathématiques et de la physique théorique — avecRobert Oppenheimer sous la direction deDavid Hilbert[6]. Durant cette « période allemande », l'une des plus fécondes de sa vie, il côtoie égalementWerner Heisenberg etKurt Gödel.

Princeton

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Bâtiment de l'IAS à Princeton.

En 1930, Neumann estprofesseur invité à l’université de Princeton. Il dispense des cours pendant peu de temps entre 1930 et 1933[N 1].

De 1933 à sa mort en 1957, il est professeur de mathématiques à la faculté de l'Institute for Advanced Study qui vient d'être créée. Il est alors le plus jeune professeur de cette institution où des personnalités telles qu'Albert Einstein,Kurt Gödel,Paul Dirac etAlan Turing ont leur bureau. Pendant les années précédant la guerre, il se consacre à larecherche fondamentale. En collaboration avecGarrett Birkhoff, il publie en 1936La logique de la mécanique quantique et, entre 1936 et 1937, à l'Institute for Advanced Study de Princeton,Continuous Geometry, qui va jeter les bases du développement de lathéorie des treillis.

En 1937, il est naturalisé américain, l'année même où il commence sa collaboration avec le Laboratoire de recherche balistique (Balistic Research Laboratory)[7].

Seconde Guerre mondiale et guerre froide

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La guerre devenant inévitable, il s'oriente vers lesmathématiques appliquées (statistiques,analyse numérique,balistique,détonique,hydrodynamique). Il développe laméthode de Monte-Carlo pour faire l'économie detemps de calcul et participe à la création des premiersordinateurs pour raccourcir ce temps de calcul qui devient une ressource essentielle de la guerre moderne.

À partir de 1940 et jusqu'à sa mort, il est membre du comité consultatif scientifique du Ballistic Research Laboratory (laboratoire en recherches balistiques de l'US Army). De 1943 à 1955, il est consultant scientifique aulaboratoire national de Los Alamos et participe auprojet Manhattan, calculant notamment la hauteur optimale de l'explosion pour assurer un impact optimum[8]. Il entame ses travaux sur lalogique probabiliste au lendemain d’uneconférence Macy en 1946, oùWalter Pitts avait présenté les modèles biologiques. En 1947, il définit l'architecture de von Neumann pour les ordinateurs, et la met en œuvre sur l'ENIAC. Plus tard, avec Pitts etWarren McCulloch, il introduit une notion d’aléatoire dans les réseaux de façon à les rendre capables de fonctionner en présence d’erreurs et de bruits affectant les calculateurs élémentaires et leurs connexions. Il inspirera au cinéasteStanley Kubrick le personnage duDocteur Folamour[9].

En 1952, il devient membre du Comité consultatif général (General Advisory Committee) de la Commission américaine à l'énergie atomique (United States Atomic Energy Commission) dont il prend la direction en 1955. Il est l'un des théoriciens de laguerre froide et de ladestruction mutuelle assurée. En 1956, peu avant son décès, il reçoit leprix Enrico Fermi.

Mort

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Pierre tombale de Von Neumann.

À la fin de sa vie, von Neumann est confronté à deux conséquences de son engagement dans la phase destructrice de l'énergie nucléaire, l'une d'ordre psychologique, l'autre d'ordre physique. La première se traduit par un pessimisme croissant[N 2]. La seconde conséquence est qu'il souffre d'un cancer, probablement le résultat d'un contact prolongé avec des sources radioactives, lors de travaux sur desarmes nucléaires auLaboratoire national de Los Alamos ou lors d'essais sur labombe A auxquels il a assisté dans lePacifique, ceci s'ajoutant à un excès de confiance qui le conduit à ne jamais respecter les mesures de sécurité requises[10].

Il meurt en 1957 à l'âge de 53 ans dans l'hôpital militaire duWalter Reed Army Medical Center, d'uncancer des os ou dupancréas[11]. Son lit d'hôpital est sous haute surveillance militaire[12] car on craint que, fortement drogué pour supporter la douleur, il ne divulgue accidentellement dessecrets militaires dont il a eu connaissance[13]. Il est inhumé dans lecimetière de Princeton (en).

Opinions politiques et vie privée

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Badge de von Neumann à Los Alamos.

Ayant vécu laterreur rouge hongroise imposée en 1919 parBéla Kun et larépublique des conseils de Hongrie, et informé de celle qui règne en URSS, Von Neumann professe unanticommunisme combatif. Il collabore aucomplexe militaro-industriel américain, est consultant pour laCIA et laRAND Corporation. Il consacre une grande partie de son temps à des questions apparemment éloignées des sciences pures, mais dans des cercles — comme laRand Corporation — où des scientifiques peuvent trouver tous les moyens nécessaires, dont financiers, pour laisser libre cours à leur imagination et mener à bien des projets scientifiques qui auraient été entravés autrement.

Neumann est aussi un bon vivant, dont on dit qu'il sait tout compter, sauf lescalories qu'il ingurgite. Il aime plaisanter et raconter des blagues salaces. Il regarde les jambes des femmes avec une telle insistance que certaines des secrétaires àLos Alamos mettent un carton ou une feuille de papier protectrice devant leur bureau[12]. Il aurait proposé le mariage à sa première épouse en remarquant :« On sera capables de s'amuser tous les deux, vu à quel point on aime boire »[12].

Il se marie une première fois en avec Mariette Kövesi[N 3] avec qui il a une fille, Marina, née en 1935, qui deviendra plus tard professeur à l'université du Michigan et conseillère économique du présidentNixon. Les années précédant la guerre sont mouvementées sur le plan professionnel et personnel. Deux ans après leur mariage, sa femme tombe amoureuse du physicien J.B. Kuper. Elle quitte donc von Neumann en emmenant sa fille Marina au Nevada, en vue de divorcer plus facilement. Les motifs invoqués par Mariette pour obtenir la séparation sont l'abus et la cruauté. Ces deux traits de caractère ont parfois été repris pour dénoncer les défauts et le manque de stabilité émotionnelle de von Neumann. Ils divorcent en 1937, mais conservent toujours une relation cordiale[N 4].

À l'automne 1938, il se rend dans sa ville natale pour y retrouver une de ses anciennes maîtresses, une femme qui, bien qu'issue d'une famille bourgeoise, n'a aucune difficulté à obtenir le divorce et, lui faisant part de son inquiétude face à la situation politique, veut au plus vite émigrer aux États-Unis. John von Neumann épouseKlara Dan à Budapest le, et traverse une dernière fois l'Europe pour embarquer à bord duQueen Mary[14].

Contributions

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À la logique mathématique

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L'axiomatisation des mathématiques sur le modèle des éléments d'Euclide atteint des nouveaux degrés de rigueur et de profondeur à la fin duXIXe siècle, en particulier enarithmétique avecRichard Dedekind etGiuseppe Peano et engéométrie avecDavid Hilbert. Au tournant duXXe siècle, en revanche, lathéorie des ensembles, la nouvelle branche des mathématiques créée en particulier parGeorg Cantor, est fortement ébranlée par la découverte de paradoxes par Cantor lui-même,Cesare Burali-Forti etBertrand Russell. En 1897, Burali-Forti découvre qu'il ne peut y avoir d'ensemble de tous les ordinaux sous peine de contradiction ; Russell publie en 1903 son célèbreparadoxe au sujet des ensembles qui n'appartiennent pas à eux-mêmes.

Au cours des vingt années qui suivent,Ernst Zermelo, puisAbraham Adolf Fraenkel etThoralf Skolem, montrent comment axiomatiser la théorie des ensembles de façon à éviter les paradoxes connus, tout en permettant la construction d'ensembles effectivement usités en mathématiques, en particulier les constructions de Cantor. Ceci aboutit finalement à la théorieZFC (théorie de Zermelo-Fraenkel avecaxiome du choix). Cependant ils n'excluent pas la possibilité d'ensembles qui, s'ils ne sont pas paradoxaux, semblent contre-intuitifs comme les ensembles qui appartiennent à eux-mêmes. Dans sa thèse de doctorat, von Neumann énonce l'axiome de fondation qui exclut en particulier cette éventualité, et permet surtout de hiérarchiser l'univers des ensembles. Il propose également lathéorie des classes, une reformulation de la théorie ZFC, qui permet de parler de collections d'objets qui ne sont pas nécessairement des ensembles, de façon adéquate à une notion restée assez informelle chez Cantor. Cette théorie a ensuite été améliorée parPaul Bernays puis par Kurt Gödel. Elle est désormais connue sous le nom dethéorie des ensembles de von Neumann-Bernays-Gödel (en abrégé, NBG).

Pour simplifier, on dira que l'axiome de fondation précise que les ensembles doivent être construits progressivement en partant de l'ensemble vide, de sorte que, si un ensembleA appartient à un ensembleB, alorsB ne peut pas appartenir àA. Afin de prouver que l'addition de ce nouvel axiome n'engendre pas de nouvelle contradiction (du type de Russell), von Neumann introduit une nouvelle méthode de démonstration, la méthode des modèles internes, qui fut illustrée ensuite par Gödel pour montrer la cohérence relative de l'hypothèse du continu, et qui est devenue essentielle dans la théorie des ensembles.

Avec cette méthode et la notion de classe, le système axiomatique de la théorie des ensembles semble totalement satisfaisant et adéquat aux intuitions de Cantor, mais la question se pose de savoir s'il est complet. Une réponse négative est apportée en 1930 parGödel qui, au congrès international des mathématiques deKönigsberg, annonce son premierthéorème d'incomplétude : dans n'importe quelle théorie récursivement axiomatisable, cohérente et capable de « formaliser l'arithmétique », on peut construire un énoncé arithmétique qui ne peut être ni prouvé ni réfuté dans cette théorie. Von Neumann fut alors l'un des rares à comprendre ce résultat et ses conséquences, en particulier pour leprogramme de Hilbert auquel il adhérait comme beaucoup de mathématiciens de l'époque. Il fut capable dans le mois qui suivit la conférence de proposer à Gödel la conséquence suivante de son théorème : les systèmes axiomatiques, sous des conditions analogues, sont incapables de démontrer leur propre consistance. C'est le secondthéorème d'incomplétude de Gödel, que cependant ce dernier connaissait déjà[15]. Il est probable que von Neumann fut pour beaucoup dans la reconnaissance des travaux de Gödel, et il fut toujours d'une grande aide pour ce dernier.

On doit aussi à von Neumann la notion d'ensemble transitif, ainsi qu'une définition précise et simple de la notion denombre ordinal en théorie des ensembles, qui permet en particulier laconstruction des entiers naturels (on parle alors d'ordinal de von Neumann, ou d'entier de von Neumann).

À la mécanique quantique

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En 1900,David Hilbert présente saliste des 23 problèmes dont le sixième porte sur l'axiomatisation de laphysique. Dans les années 1930, lamécanique quantique est peu acceptée par les physiciens, pour des raisons tout autant philosophiques que techniques. D'un côté, lenon-déterminisme quantique n'a pas été réduit en dépit des efforts d'Albert Einstein, d'un autre côté, la théorie est sous-tendue par deux formalisationsheuristiques, concurrentes et équivalentes avec, d'une part, la formalisation matricielle deWerner Heisenberg et, d'autre part, l'approche par leséquations différentielles ondulatoires d'Erwin Schrödinger. Il manque une formulation mathématique unique, unificatrice et satisfaisante de la théorie.

Von Neumann, en 1926, s'attaque à l'axiomatisation de la mécanique quantique et réalise rapidement qu'un système quantique peut être considéré comme un vecteur dans unespace de Hilbert analogue de dimension 6N (où N est le nombre de particules, trois coordonnées spatiales et trois coordonnées canoniques). Les quantités physiques traditionnelles (position et énergie) peuvent être remplacées par desopérateurs linéaires dans ces espaces.

La physique quantique est désormais réductible aux mathématiques des opérateurshermitiens linéaires dans un espace de Hilbert. Par exemple, le fameuxprincipe d'incertitude de Heisenberg selon lequel on ne peut déterminer à la fois la position et la vitesse d'une particule équivaut à la non-commutativité des deux opérateurs correspondants.

Cette formulation mathématique réconcilie Heisenberg et Schrödinger, et von Neumann publie en 1932 son classiqueLes Fondements mathématiques de la mécanique quantique (Mathematische Grundlagen der Quantenmechanik[16]). Si cette axiomatisation plaît énormément aux mathématiciens pour son élégance, les physiciens lui préfèrent celle dePaul Dirac, publiée en 1930[17] et qui s'appuie sur une étrange fonction, lafonction δ de Dirac (laquelle est en fait unedistribution, au sens que formaliseraLaurent Schwartz quelques années plus tard). Cette théorie sera durement critiquée par von Neumann.

À l'économie

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Jusqu'auxannées 1930, l'économie (du moins les courants majeurs d'alors) utilise un grand nombre de données chiffrées mais sans réelle rigueur scientifique. Elle ressemble à laphysique duXVIIe siècle : dans l'attente d'un langage et d'uneméthode scientifique pour exprimer et résoudre ses problèmes. Alors que laphysique classique a trouvé la solution dans lecalcul infinitésimal, von Neumann propose pour l'économie, dans un souci axiomatique qui le caractérise, lathéorie des jeux et la théorie de l'équilibre général.

Sa première contribution significative, en 1928, est lethéorème du minimax qui énonce que, dans unjeu à somme nulle avec information parfaite (chaque joueur connaît les stratégies ouvertes à son adversaire et leurs conséquences), chacun dispose d'un ensemble de stratégies privilégiées (« optimales »). Entre deux joueurs rationnels, il n'y a rien de mieux à faire pour chacun que choisir une de ces stratégies optimales et s'y tenir.

Von Neumann améliore par la suite sa théorie pour y inclure les jeux avecasymétrie d'information et les jeux avec plus de deux joueurs. Son travail aboutit en 1944 avec la publication, en collaboration avecOskar Morgenstern, de la célèbre[18]Théorie des jeux et comportements économiques[N 5].

Sa seconde contribution essentielle à la science économique est la solution, formulée en 1937, d'un problème formulé en 1874 parLéon Walras concernant l'existence d'un point d'équilibre dans les modèles mathématiques d'un marché basé surl'offre et la demande. Il trouve la solution en appliquant lethéorème du point fixe de Brouwer. L'importance toujours actuelle des travaux sur le problème de l'équilibre général et la méthodologie sous-jacente desthéorèmes de point fixe est soulignée par l'attribution du« prix Nobel » d'économie en 1972 àKenneth Arrow et 1983 àGérard Debreu.

John V. Neumann construit, également, unmodèle optimal decroissance économique équilibrée (avecplein emploi, constance dusalaire réel et où l'épargne et l'investissement sont équivalents) dans lequel les facteurs de production (travail et sol) existent en quantité abondante[19]. La production augmente aussi rapidement que les hommes sont disposés à travailler sur des territoires aussi bien vastes que libres. Malgré l'augmentation de la population, laproductivité du travail (et du sol) n'en continue pas donc d'augmenter et laloi des rendements décroissants ne peut pas entrer en action[19].

À l'armement atomique

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En 1937, peu après l'obtention de la citoyenneté américaine, il s'intéresse auxmathématiques appliquées, devient rapidement l'un des principaux experts en matière d'explosifs et est conseiller de l'US Navy. Le, le présidentRoosevelt autorise la fabrication d'une bombe atomique. On forme une équipe pluridisciplinaire avec la collaboration de différents départements desuniversités Columbia, de Californie et de Chicago et von Neumann y est intégré.

L'une de ses découvertes tient à ce que des bombes de « large dimension » ont uneffet dévastateur plus important si elles explosent en hauteur plutôt qu'au sol[N 6]. Cela sera mis en pratique lors de l'explosion des premières bombes atomiques les 6 et, von Neumann ayant calculé l'altitude précise pour maximiser l'étendue des dommages causés.

Fat Man, la bombe A.

Dans le cadre duprojet Manhattan, il est chargé du calcul deslentilles explosives nécessaires à la compression du noyau enplutonium de l'essaiTrinity et deFat Man, labombe A larguée surNagasaki.

À cette époque, il fait également partie du comité chargé de sélectionner les cibles pour la bombe atomique. Le choix initial de von Neumann — le centre deKyoto, capitale culturelle du Japon — est alors écarté parHenry Stimson, le ministre de la guerre, sur la consigne formelle du président Roosevelt d'éviter de bombarder Kyoto, ville qui l'avait ébloui lors d'une visite avant laSeconde Guerre mondiale.

Après-guerre,Robert Oppenheimer faisant la remarque que les physiciens avaient « connu le péché » en développant la bombe atomique se voit répliquer par von Neumann« Parfois on confesse un péché pour s'en attribuer le crédit »[réf. nécessaire]. Von Neumann ne manifesta aucun regret en public quant à son travail sur l'armement nucléaire[réf. nécessaire].

Il travaille ensuite au développement de labombe H. Si le dessin qu'il conçoit avecKlaus Fuchs n'est pas celui retenu, il est reconnu qu'il est un pas dans la bonne direction sur la voie poursuivie parEdward Teller etStanislaw Ulam.

Pendant la guerre, leLaboratoire national de Los Alamos réunit l'élite intellectuelle juive centre-européenne qui a fui lenazisme, et particulièrement l'élite intellectuelle juive hongroise avec, outre John von Neumann,Paul Erdős,Eugene Wigner,Edward Teller,Leó Szilárd ouDennis Gabor. Une blague[12] circule alors dans les couloirs selon laquelle non seulement lesmartiens existent et qu'ils sont doués d'une intelligence surhumaine, mais ils prétendent venir d'un pays inconnu, la Hongrie, et parlent tous une langue inintelligible au reste de l'humanité.

Le développement des bombes A et H nécessite un nombre très important de calculs en ayant recours aux ordinateurs. C'est surtout dans ce domaine que l'apport de von Neumann va être essentiel[20].

À l'informatique

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Von Neumann a donné son nom à l'architecture de von Neumann utilisée dans la quasi-totalité desordinateurs modernes, l'apport d'autres collaborateurs de l'EDVAC en est par conséquent grandement minimisé (on citeraJ. Presper Eckert,Grace Hopper[21] etJohn William Mauchly parmi d'autres). Cela est dû au fait qu'il est, en 1945, le rapporteur des travaux pionniers en la matière (First Draft of a Report on the EDVAC). Le modèle de calculateur à programme auquel son nom reste attaché et qu'il attribuait lui-même àAlan Turing, possède une unique mémoire qui sert à conserver lesinstructions et lesdonnées. Ce modèle, extrêmement innovant pour l'époque, est à la base de la conception de la plupart des ordinateurs conçus aujourd'hui.

Schéma de l'architecture de von Neumann.

Les ordinateurs construits avec l’architecture de von Neumann sont constitués de quatre composants :

  1. L’unité arithmétique et logique (UAL) ou unité de traitement, qui effectue les opérations de base ;
  2. L’unité de contrôle, qui est chargée du séquençage des opérations ;
  3. Lamémoire, qui contient à la fois les données et le programme qui indique à l’unité de contrôle quels calculs faire sur ces données. La mémoire se divise enmémoire vive (programmes et données en cours de fonctionnement) etmémoire de masse (programmes et données de base de la machine) ;
  4. Les dispositifs d’entrées-sorties, qui permettent de communiquer avec le monde extérieur[22].

Depuis la publication duFirst draft of a report on the EDVAC par John von Neumann en, la paternité de la machine de von Neumann est toutefois discutée. Les opinions divergent. Plusieurs pionniers sont mentionnés : Presper Eckert et John Mauchly (Université de Pennsylvania, Philadelphia), John von Neumann (Institute for Advanced Study, Princeton), Alan Turing (Université de Cambridge) etKonrad Zuse (Berlin). Un aperçu détaillé sur cette question litigieuse se trouve dans l’œuvre suivante :(de) HerbertBruderer,Konrad Zuse und die Schweiz : Wer hat den Computer erfunden? Charles Babbage, Alan Turing und John von Neumann, Munich, Oldenbourg Verlag,, 224 p.(ISBN 978-3-486-71366-4). Un débat intéressant en cette matière s'est déroulé également entre Nancy Stern et Alice Burks.

Von Neumann est le premier à envisager la notion desingularité technologique dans les années 1950[23].

À la modélisation par automates cellulaires

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Articles détaillés :Automate cellulaire etConstructeur universel.

L'activité de von Neumann ne se limite pas au domaine militaire après la guerre. Au cours de cette deuxième étape de sa vie, il travaille sur le thème du constructeur universel, faisant ainsi écho à son intérêt pour la reproduction, l'un des grands secrets de sa vie. Il veut montrer qu'elle ne répond pas à d'étranges lois cachées, mais à des règles mathématiques qui constituent le véritable langage de la nature.

Avec Stanislaw Ulam, il est également à l'origine du concept novateur d'automate cellulaire. Ayant échoué dans la conception physique d'automates auto-reproducteurs, il travaille sur ce problème de manière purement mathématique en étudiant comment un processus d'auto-reproduction peut être simulé sur une grille discrète où chaque case, ou cellule, ne peut avoir qu'un nombre restreint d'états. Ces travaux seront publiés dans son œuvre posthumeTheory of Self-Reproducing Automata ; ils ont notamment inspiré à Conway le modèle dujeu de la vie. Dans une certaine mesure, ce modèle préfigure celui de la reproduction cellulaire et de l'ADN[24].

À l'analyse fonctionnelle

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Article détaillé :Histoire de l'analyse fonctionnelle#Von Neumann.
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John von Neumann rencontre à l'Université de GöttingenDavid Hilbert[N 7], le mathématicien qui a le plus influencé sa carrière scientifique[25].

Honneurs et récompenses

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Honneurs

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Récompenses

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Citations

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« Si les gens ne croient pas que les mathématiques sont simples, c’est uniquement parce qu’ils ne réalisent pas à quel point la vie est compliquée[N 8]. »

« En mathématiques, on ne comprend pas les choses, on s'y habitue[N 9]. »

Œuvres

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Notes et références

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(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé« John von Neumann »(voir la liste des auteurs).

Notes

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  1. Il ne brillait pas par ses compétences d'enseignant, il parlait très rapidement, ne s'attardait jamais sur les explications, et ses étudiants avaient à peine le temps de prendre des notes. Réf. Enrique Gracián Rodríguez et Stéphanie Logrado (Trad.)La théorie des jeux et les mathématiques de la négociation : von Neumann., p.108.
  2. Il était entièrement convaincu que l'holocauste nucléaire pourrait être retardé pendant un certain temps, mais qu'au bout du compte, il serait inévitable. Sa principale amertume se tournait vers les gouvernements qui étaient dans l'impossibilité d'accéder à la stabilité politique nécessaire pour éviter l'issue fatale. Réf. Enrique Gracián Rodríguez et Stéphanie Logrado. (Trad.)La théorie des jeux et les mathématiques de la négociation : von Neumann., p.133.
  3. Cet amour de jeunesse était la fille d'un médecin de Budapest. Pour pouvoir se marier, le mathématicien fut contraint de se convertir au catholicisme. Il le fit, bien qu'il fût né dans une famille de culture traditionnelle juive. Réf. Enrique Gracián Rodríguez et Stéphanie Logrado (Trad.) La théorie des jeux et les mathématiques de la négociation : von Neumann. P.107.
  4. Le couple s'accorde sur la garde de sa fille : elle restera avec sa mère jusqu'à l'âge de douze ans, puis elle passera son adolescence auprès de son père. Réf. Enrique Gracián Rodríguez et Stéphanie Logrado (Trad.) La théorie des jeux et les mathématiques de la négociation : von Neumann. P.109.
  5. LeNew York Times lui consacra un bel article qui soulignait la révolution que représentait cette nouvelle approche. Malgré cela, seulement 4 000 exemplaires furent vendus en cinq ans, les acheteurs n'étant pas tous économistes ni mathématiciens, mais aussi joueurs professionnels qui durent être très déçus en y découvrant 165 pages de formules mathématiques. Réf. Enrique Gracián Rodríguez et Stéphanie Logrado (Trad.) La théorie des jeux et les mathématiques de la négociation : von Neumann. P.97/99.
  6. Ce que les médias résumeront alors en« Von Neumann a découvert que c'est mieux de rater sa cible plutôt que de l'atteindre. »
  7. En 1927, il reçut une bourse Rockfeller afin d'effectuer des études postdoctorales à l'université de Göttingen, centre névralgique des mathématiques à l'époque. Réf. Enrique Gracián Rodríguez et Stéphanie Logrado (Trad.) La théorie des jeux et les mathématiques de la négociation : von Neumann. P.33.
  8. Citation (en anglais) rapportée par(en)Franz L. Alt (en), « Archaeology of computers: Reminiscences, 1945-1947 »,Communications of theACM,vol. 15,no 7,‎,p. 693-694 et relatée sur unepage de Palle Jorgensen.
  9. « Young man, in mathematics you don't understand things. You just get used to them. » Réponse rapportée par Felix T. Smith, duStanford Research Institute, à un ami physicien qui avait dit« J'ai peur de ne pas comprendre la méthode des caractéristiques » (« I'm afraid I don't understand the method of characteristics. » cité en note dans l'introduction de(en)Gary Zukav (en),The Dancing Wu Li Masters (en), (1re éd. 1979)(lire en ligne).

Références

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  1. Peter L. Bernstein (en),Plus forts que les dieux. La remarquable histoire du risque, Flammarion, 1998,p. 121.
  2. Poundstone 2003.
  3. (en) « John (Janos) von Neumann », surle site duMathematics Genealogy Project.
  4. (en)John J. O'Connor etEdmund F. Robertson, « John von Neumann », surMacTutor,université de St Andrews..
  5. (en) Ingeborg Reichle,Art in the Age of Technoscience,Springer,,p. 163.
  6. (en) Miklós Rédei,John Von Neumann : Selected Letters,AMS,,p. 2.
  7. Enrique Gracián Rodríguez et Stéphanie Logrado 2018,p. 107-108.
  8. (en) Robert Stan Norris,Racing for the Bomb, Steerforth Press,,p. 383.
  9. Voir le documentaire dePhilippe Calderon,John von Neumann, Prophète duXXIe siècle, 2013[présentation en ligne].
  10. Enrique Gracián Rodríguez et Stéphanie Logrado 2018,p. 133.
  11. (en) Norman Macrae,John von Neumann : The Scientific Genius Who Pioneered the Modern Computer, Game Theory, Nuclear Deterrence, and Much More, Pantheon Press,,p. 231.
  12. abc etdCité par François Lavallou, « John von Neumann », dansTangente, hors sérieno 25,p. 140-143.
  13. (en) AlexandruClefos et DumitruBega, « The last representative of great mathematicians »,repository.utm.md,‎(lire en ligne, consulté le)
  14. Enrique Gracián Rodríguez et Stéphanie Logrado 2018,p. 107-110/136.
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