Son mandat est marqué par d'importantes dissensions au sein de son parti, en particulier sur la politique européenne. Il se fait réélire en 1995 à la tête de sa formation, mais ne retrouve jamais l'autorité nécessaire pour gouverner sans difficultés. En 1997, il est largement défait par lestravaillistes deTony Blair et se retire quatre ans plus tard de la vie politique.
John Major est appelé John Roy Major, mais seul le prénom « John » apparaît sur son certificat de naissance. Il utilise le prénom Roy jusqu'au début desannées 1980.
Bien qu'il soit né dans le quartier riche deSutton dans la banlieue deLondres, la famille de Major doit déménager vers le quartier plus pauvre deBrixton, après que son père a fait faillite. Il fréquente l'école de Rutlish(en) sans se faire remarquer et quitte l'école à16 ans en 1959 avec quelques attestations de niveau (O-level) en histoire, langue anglaise et littérature anglaise ; il a ensuite obtenu les mêmes attestations pour les mathématiques et l'économie, ayant suivi des cours par correspondance.
Le premier travail de Major est celui d'employé de bureau chez un courtier en assurances, en 1959, dont il démissionne ayant peu de goût pour ce travail. Il adhère auxJeunes Conservateurs(en) à Brixton à la même époque[1].
Major a19 ans quand son père meurt en 1962, à l'âge de82 ans[b].
Le, il épouseNorma Johnson, avec laquelle il a ensuite deux enfants : James et Elizabeth.
Major fait une demande pour être chauffeur debus, mais est refusé en raison de sa grande taille[2],[3],[c]. Après une période sans emploi, Major commence à travailler auLondon Electricity Board(en) en 1963[d]. Il décide ensuite de suivre des cours par correspondance pour la maîtrise du métier de banquier. Ceci lui permet d’obtenir un poste de responsabilité à laStandard Chartered Bank (en), au sein de laquelle il gravit rapidement les échelons. Il est notamment envoyé travailler àJos au Nigeria en 1967 où il manque de peu de mourir dans un accident de voiture[4],[5].
Il ne quitte la Standard Chartered Bank qu'en 1979, après son élection auParlement, mais reste ensuite membre de l'Association des banquiers.
John Major montre un intérêt pour la politique dès son plus jeune âge, faisant des discours juché sur un carton sur le marché deBrixton. En 1964, à l'âge de21 ans, il se présente à l'élection duconseil deLambeth, un borough de Londres, mais n'est élu qu'en 1968, contre toute attente, lors d'un basculement en faveur des conservateurs. Il siège au conseil en tant que vice-président du comité au logement et est responsable de la construction de plusieurs résidences municipales. En 1971, Major se présente dans un autre quartier londonien où la victoire semble plus facile pour le Parti conservateur, mais il est battu.
Il se présente au Parlement à St. Pancras North, dans le borough londonien deCamden, aux deux élections générales de 1974, mais ne peut s'imposer à ce poste traditionnellement occupé par lestravaillistes. En, il obtient l'investiture du parti conservateur dans leHuntingdonshire et se trouve facilement élu au Parlement aux élections générales de 1979. En 1983, Major devient membre du Parlement pourHuntingdon grâce à un changement dans le tracé des circonscriptions. Il y est réélu en 1987, 1992 et 1997. Il ne se représente pas auxélections générales de 2001.
Il devient secrétaire particulier auParlement en 1981 etassistant whip[e] à partir de 1983. Il est nommésous-secrétaire d'État à la Sécurité sociale en 1985 et devient ministre pour la même fonction en 1986. Il entre au cabinet ministériel en tant que secrétaire en chef au Trésor en 1987, puis est nommé secrétaire aux Affaires étrangères en 1989. Il ne reste que trois mois à ce poste avant de devenirchancelier de l'Échiquier après la démission deNigel Lawson en. Major présente son unique budget auprintemps 1990. Il le présente comme « budget pour l’économie » et annonce le TESSA (Tax Exempt Special Saving Account) pour inciter les foyers britanniques à placer leur argent en banque après les fortes chutes enregistrées au cours des années précédentes.
En,Michael Heseltine, un conservateur mécontent de la politique deMargaret Thatcher, demande à ce qu'un nouveau dirigeant du parti conservateur soit élu. Lorsque Thatcher se retire de l'élection au second tour, John Major etDouglas Hurd s'y présentent. Bien qu’il lui manque deux voix pour atteindre les187 votes nécessaires à la victoire lors du second tour, les résultats de Major sont suffisants pour forcer ses rivaux à lui faire des concessions et il devientPremier ministre le.
Major est le Premier ministre du Royaume-Uni pendant laguerre du Golfe. Pendant ses premières années àDowning Street, l’économie mondiale qui s’était bien portée au cours desannées 1980 subit une récession. Alors que tout le monde s’attendait à ce qu’il perde les élections de 1992 face àNeil Kinnock, Major fait sa campagne dans la rue, déclamant de nombreux discours sur une tribune comme il le faisait dans sa jeunesse. Cette touche populiste, contrastant avec la campagne lisse destravaillistes, toucha l’électorat et offre à Major un deuxième et inattendu mandat, avec une majorité très affaiblie au Parlement. Cette situation devient vite insurmontable, surtout après que leRoyaume-Uni est forcé de se retirer duSystème monétaire européen, le mercredi Noir (le), seulement cinq mois après les élections. Il affirme avoir chanté dans sa douche le jour de la sortie du SME.
Cependant le parti conservateur s’effondre, victime de luttes internes. Major essaie de régler cette crise par une approche modérée, mais il se trouve confronté à la droite du parti et au Cabinet ministériel.
Sa politique concernant l’Union européenne dresse l’opposition contre le gouvernement qui essaie alors de ratifier letraité de Maastricht. Bien que le Parti des travaillistes soutienne le traité, ils sont prêts à faire des choix tactiques dans le seul but d’affaiblir le gouvernement. Les travaillistes déposent un amendement demandant un vote sur le chapitre social du traité. Plusieurs députés conservateurs votent contre le gouvernement et le vote est perdu. Major contre-attaque en demandant un second vote le lendemain () qu’il déclare vote de confiance (c'est-à-dire qu’il démissionne s’il perd). Il gagne par40 voix, mais son autorité a été atteinte.
Plus tard le même jour, Major accorde un entretien àMichael Brunson pourITN. Lors d’un moment d’inattention et alors qu’il pense que les micros sont éteints, Brunson demande à Major pourquoi il n’a pas limogé les ministres qui ont conspiré contre lui. Il répond « Nous ne voulons pas de trois bâtards de plus dehors. Quelle était la maxime deLyndon Johnson déjà[f] ?... ». Major explique plus tard qu’il a utilisé le chiffre trois par hasard, mais de nombreux journalistes identifient immédiatement les trois ministres comme étantPeter Lilley,Michael Portillo etMichael Howard, troiseurosceptiques importants. Un enregistrement de la conversation est récupéré parThe Daily Mirror et distribué par le journal, incommodant Major au passage.
À la suite de l'assassinat de l’avocat irlandaisPat Finucane par des paramilitaires loyalistes agissant de concert avec le service de renseignements britannique, il fit pression en 1992 sur le procureur, l'obligeant à accepter de conclure avec l'assassin, Brian Nelson, un plaider-coupable lui permettant d’être libéré au bout de quatre ans et de ne pas être confronté à un contre-interrogatoire lors de son procès[6].
John Major donne en une vigueur nouvelle aux discussions secrètes menées avec l'IRA depuis plusieurs années. Une note confidentielle transmise à ce moment-là auSinn Féin, après une vague d'attentats, témoigne de dispositions à la négociation : « Tous les protagonistes de ce conflit ont la responsabilité d'y mettre fin. Personne n'a le monopole de la souffrance. Un processus d'apaisement est nécessaire ». (Matthew Carr,La Mécanique infernale). Le, John Major etAlbert Reynolds, lePremier ministre irlandais, publient laDowning Street Declaration, ce qui entraîne l'année d'après un premier cessez-le-feu de l'IRA.
L'accord du Vendredi saint est signé bien après que John Major a quitté Downing Street, par son successeur Tony Blair. Mais John Major a contribué à ouvrir la voie à la paix enIrlande du Nord, après des dizaines d'années de violences féroces. Son rôle exact dans le tournant d'un conflit qui semblait inextricable reste à préciser, et peut-être à mettre en valeur.
Il entretient de bons rapports avec lesmonarchies du Golfe, félicitant même le sultan d'Oman,Qabus ibn Saïd, pour l'adoption en 1996 d'une loi destinée à renforcer ses pouvoirs[7].
À la conférence du parti conservateur de 1993, Major commence sa campagne « Retour aux sources ». Celle-ci doit répondre entre autres aux problèmes dans les domaines de l’économie, de l’éducation ou de la police. Cependant, elle est interprétée par certains (parmi lesquels des membres du cabinet conservateur) comme une campagne moralisatrice. Cette campagne a des effets désastreux pour le parti conservateur et le cabinet.
En 1995, John Major démissionne de la tête du parti conservateur afin d’organiser de nouvelles élections et de rassembler les conservateurs autour de lui.John Redwood, le secrétaire d’État duPays de Galles se présente contre lui. Major gagne avec218 votes contre89 pour Redwood (8 abstentions et12 blancs), ce qui est suffisant pour s’imposer au premier tour, mais seulement trois voix de plus que l’objectif qu’il s’est lui-même fixé.
Sa réélection à la tête du parti ne suffit pas à restaurer son autorité. En, les conservateurs perdent la majorité à laChambre des communes. Major réussit à tenir malgré tout, mais doit organiser de nouvelles élections pour le Parlement en alors que son mandat arrive à terme.
La défaite de Major aux élections générales de 1997 face àTony Blair ne surprend presque personne, mais l’ampleur de cette défaite n’était pas prévisible. Major démissionne de la tête du parti conservateur après cet échec. Par la suite, et contrairement àMargaret Thatcher, il garde un profil bas et reste un peu à l’écart de la politique, donnant simplement quelques conseils de temps en temps. Il se livre aussi aucricket, sa passion, en tant que président duSurrey County Cricket Club.
John Major est un membre du comité consultatif européen duCarlyle Group à partir de 1998 et est en outre nommé directeur de Carlyle Europe en.
Major ne se présente pas aux élections générales de 2001 et refuse la place, à vie, à laChambre des lords offerte habituellement aux anciensPremiers ministres.
Cette retraite tranquille n'est dérangée que par la révélation en d’une relation extra-conjugale antérieure avec une autre membre du Parlement,Edwina Currie, pendant quatre ans.
Pendant sa présidence du parti conservateur, John Major est présenté comme quelqu'un d'honnête (« Honest John ») mais ennuyeux et incapable de mettre fin aux querelles intestines des conservateurs. DansSpitting Image (équivalent anglais desGuignols de l'info), sa marionnette, d'abord un artiste de cirque, est remplacée par un homme grisâtre dînant avec sa femme, lui disant « Délicieux, ces petits pois, ma chérie » de temps en temps. Le journalPrivate Eye, parodieL’Agenda secret d’Adrian Mole, 13 ans et trois quarts deSue Townsend pour écrireL’Agenda secret de Johnny Major, 54 ans un quart, avec « ma femme Norman » et « Monsieur Docteur Mawhinney » comme personnages récurrents.
Parce qu’il a grandi àBrixton, souvent appelée la « capitale de la communauté jamaïcaine à Londres », certains journalistes de télévision et de radio lui ont prêté des surnoms tels que « Johnny Reggae ».
Son premier ministre des Affaires étrangères a étéDouglas Hurd, qui était déjà à ce poste depuisfin 1989 et qui a été candidat à l'élection du nouveau chef du parti conservateur en 1990 : il a démissionné vers et a été remplacé par l'ÉcossaisMalcolm Rifkind.
Son premier ministre des Finances(chancelier de l'Échiquier) a étéNorman Lamont. Ce dernier était assez démuni devant l'indécision de Major dans la crise monétaire de l'ERM (Major refusait de retirer le sterling du serpent monétaire). Des sommes énormes ont été consacrées à soutenir la monnaie... sans résultat.
De plus, Major n'a pas modifié son équipe de conseillers économiques. Ces sept mois ont été fatals pour la suite de sa carrière malgré une légère amélioration économique, due à une dévaluation trop tardive.
Au Congrès du Parti, en 1993, des scandales éclaboussant d'autres ministres éclatent.Ainsi,David Mellor,Tim Yeo,Tim Smith etNeil Hamilton doivent démissionner.Cependant Major a été très actif dans ses négociations secrètes avec l'IRA provisoire pour finalement parvenir à la paix. Cela a été sa plus grande réussite. Malgré ses tentatives pour maintenir son hégémonie, il perd les élections de 1997.
↑Sa mère meurt huit ans plus tard en 1970, âgée de65 ans.
↑Il a souvent été rapporté à tort que c’était en raison d’un niveau insuffisant enarithmétique.
↑Fait dû au hasard,Tony Blair, son successeur au poste de Premier ministre a également travaillé pour la même compagnie lorsqu'il était jeune.
↑Celui qui veille à la discipline au sein de son groupe parlementaire.
↑La maxime de Johnson expliquait, en parlant deJ. Edgar Hoover, qu’il était préférable de l’avoir « sous la tente pissant à l’extérieur qu'en dehors de la tente pissant à l’intérieur ».