Il a étudié le luth et la composition en France et en Italie. En 1598, il a été engagé comme luthiste à la cour du roiChristian IV de Danemark, où il est resté pendant près de dix ans. Il est ensuite retourné en Angleterre, où il a continué à composer et à jouer, et devient luthiste à la cour royale d'Angleterre, en 1612.
Dowland est surtout connu pour ses chansons pour voix et luth, dont beaucoup expriment une profonde mélancolie. Ses œuvres les plus célèbres incluentFlow, my tears,Come Again,In Darkness Let Me Dwell etLachrimae, or Seven Teares. Il a également composé de la musique pour luth seul et des pièces demusique de chambre.
De 1579 à 1584, il est au service de Sir Henry Cobham, ambassadeur d'Angleterre à la cour de France, àParis, puis de son successeur, SirEdward Stafford. Il opte pour lecatholicisme[3]. En 1584, il rentre en Angleterre, où il se marie. Il obtient une licence de musique du collège deChrist Church à l'université d'Oxford en 1588. Son filsRobert Dowland nait en 1591, qui deviendra également un luthiste de renom. On n'a pas de trace officielle d'autres enfants, même si Dowland parle de "ses enfants" dans une lettre[4].
Il postule en vain pour succéder àJohn Johnson[5],[6], luthiste de la reineÉlisabethIre d'Angleterre ; d'après lui, sa candidature aurait été rejetée en raison de sa conversion au catholicisme. Néanmoins, sa conversion n'avait pas été rendue publique et, à l'époque, être catholique n'empêchait pas d'être musicien de cour en Angleterre[7] (c'est notamment le cas deWilliam Byrd). C'était son souhait le plus cher et certains voient dans ce refus une origine possible du caractère mélancolique de la musique de Dowland[4].
Il séjourne par la suite àCassel (il bénéficie du mécénat deMaurice de Hesse-Cassel),Venise,Florence etNuremberg. À la fin de 1596 ou au début de 1597, il rentre à Londres, où il espère cette fois encore être engagé comme luthiste de la cour. Mais son ami et bienfaiteur Henry Noel meurt peu après lui avoir écrit pour lui demander de rentrer à Londres. Il publie en 1597 sonFirst Booke of Songes and Ayres (chansons avec accompagnement au luth), qui rencontre un grand succès et fait l'objet de cinq éditions successives[4].
De novembre 1598 à 1606, il est luthiste à la cour du roiChristian IV de Danemark, où il est très considéré et bénéficie d'un bon salaire et d'une grande liberté[4]. En 1603, date de la mort de la reine Elizabeth Ière, il voyage en Angleterre où il essaye probablement de se placer, toujours sans succès, auprès des successeurs de la reine, le roiJacques VI et Ier et sa femmeAnne de Danemark qui n'est autre que la sœur de Christian IV de Danemark[4]. Ce voyage a aussi probablement pour but de superviser la publication de son œuvre la plus célèbre, lesLachrimæ, or Seven Teares (1604), sept pavanes pour cinq violes et un luth, basées sur l'airFlow, my tears[8].
Puis il rentre définitivement en Angleterre en 1606, où il est durant quelques années employé par un courtisan du nom de Theophilus Howard, Lord Walden[4]; Dowland lui dédie son recueil de chansonsA Pilgrimes Solace (1612). Finalement, en 1612, il obtient le poste convoité depuis si longtemps de « musicien pour le luth » (musician for the lute) à la cour royale d'Angleterre. Après cela, il ne compose presque plus. Il reçoit son dernier traitement de musicien de cour le, et est enterré dans l'église Sainte-Anne de Blackfriars(en) à Londres le suivant.
L'œuvre musicale de Dowland comprend des pièces chantées accompagnées auluth, despsaumes, des œuvres pour luth seul et pourensemble de violes (« consort of viols ») avec accompagnement de luth.
Son œuvre instrumentale la plus connue,Lachrimæ ouSeaven Teares Figured in Seaven Passionate Pavans ... (Pleurs, ouSept larmes représentées par sept pavanes passionnées ...) est un groupe de septpavanes pour cinq violes (donc à 5 parties instrumentales) avec un luth soutenant cettepolyphonie, publiée en 1604. Chacune d'entre elles étant fondée sur le "motif des larmes"Flow, my tears (« Coulez, mes larmes »), quatre notes descendantes qui proviennent d'une pièce de luth que Dowland avait originellement composée dès les années 1590[4]. Cette pièce devint l'une des plus connues de la musique pour ensemble instrumental de cette époque. Sa pavaneLachrymæ antiquæ fut aussi l'un des grands succès duXVIIe siècle.
Les pièces chantées de Dowland traitent de différents thèmes. Musicalement, il s'agit principalement de chants strophiques, plus rarement de pièces à composition continue (durchkomponiert en allemand[9]), c'est-à-dire composées de bout en bout puisqu'on n'y trouve pas les formules simplement reproduites de strophe en strophe. L'accompagnement est en grande partiehomophone, enrichi cependant par de nombreux ornements. Quelques airs, commeFlow, my tears ouOh, sweet woods (« Ô, doux bois ») contiennent aussi des passagespolyphoniques à composition continue (durchkomponiert), mais la polyphonie reste dans les limites de ce qui peut être joué au luth. La manière de déclamer le texte le laisse distinct et compréhensible en permanence et les ornements sont utilisés comme éléments expressifs.
Les œuvres instrumentales de Dowland ont une importance particulière. Ses compositions pour ensemble devioles de gambe avec accompagnement de luth marquent dans l'histoire de la musique européenne un premier point culminant dans le développement d'une musique instrumentale indépendante de la voix.
La musique de Dowland exprime souvent la mélancolie, un sentiment très présent dans la musique, les arts et les préoccupations de l'époque élizabéthaine, en faisant un véritable courant artistique et littéraire. En témoignent les publications du médecinTimothy Bright en 1586 (Traité de la mélancolie), et deRobert Burton en 1621 (L'Anatomie de la mélancolie)[4].
Dowland écrivit d'ailleurs une pièce pourconsort dont le titre pourrait selon certains résumer son œuvre. Elle est intitulée, en latin :Semper Dowland, semper dolens (Toujours Dowland, toujours souffrant). Cette humeur mélancolique est mise en relief par une harmonisation riche en couleurs et en dissonances.
Ce serait cependant oublier d'autres pièces plus humoristiques, commeMy Lord Chamberlain, His Galliard[10] uneinvention pour deux luthistes jouant sur un seul luth. Elle utilise le rythme de la danse appeléegaillarde.
Cette liste se limite aux compositions publiées par Dowland. Elle est suivie de l'œuvre intégrale pour luth seul, dont les pièces se trouvent dans divers recueils, parfois collectifs.
Dowland publieThe First Booke of Songes or Ayres à Londres en 1597. Il s'agit d'un des plus importants et des plus influents recueils de l'histoire de la musique pour luth.
Lachrimæ, or Seven Teares, publié en 1604, contient les sept pavanes pour consort de violes et luth du Lachrimæ et 14 compositions supplémentaires pour la même formation, dont le célèbreSemper Dowland semper Dolens.
Dernière publication de John Dowland,A Pilgrimes Solace paraît en 1612 et contient des madrigaux plus que de simplesayres. Lecontrepoint est nettement plus présent ici que dans les recueils antérieurs.
La musique de Dowland est un thème récurrent des livres descience-fiction dePhilip K. Dick. Elle est aussi mentionnée à de nombreuses reprises dansLe Temps où nous chantions de l'auteur américainRichard Powers. L'écrivain japonais Haruki Murakami dans1Q84 fait également allusion à ce compositeur.
↑Peter Holman (avecPaul O'Dette), "John Dowland", Grove Music Online.
↑W. H. Grattan Flood,The Gentleman's MagazineMM, Volume 301 (1906), pages 287 à 291. Voir également Diana Poulton,John Dowland, University of California Press (1982)
↑Ouvrage collectif, sous la direction de Marc Vignal,Dictionnaire de la musique, Paris, Larousse,, 882 p.(ISBN9782035113061), Page 241