Pour les articles homonymes, voirJockey (homonymie).
| Fondation | |
|---|---|
| Prédécesseur | Société d'encouragement pour l'amélioration des races de chevaux en France(d) |
| Type | |
|---|---|
| Forme juridique | |
| Domaine d'activité | |
| Siège | Paris (2,rue Rabelais) |
| Pays |
| Membres | 1 146 |
|---|---|
| Président | Roland du Luart (depuis 2014) |
| Affiliation | Cercle Royal du Parc,Cercle de l'Union interalliée,Knickerbocker Club,Yacht Club royal de Suède, Circolo della Caccia(d), Metropolitan Club(en) |
| SIREN | |
|---|---|
| OpenCorporates |
LeJockey Club de Paris est une association française, prenant la forme d'un club privé. Il est l'un des clubs français les plus huppés et les plus élitistes. Situé au 2rue Rabelais àParis, il patronne une course hippique, leprix du Jockey Club, décerné pour la première fois en 1836 àChantilly.
Le Jockey Club est créé en par lasociété d'encouragement pour l'amélioration des races de chevaux en France[1] qui organisa, dès, les premières courses àChantilly. Il porta alors le nom deCercle d'encouragement avant de prendre son nom actuel.
Le club connut plusieurs adresses : 2rue du Helder, 2rue Drouot, 30rue de Gramont, 1rue Scribe à partir de1863, avant de s'installer en1925 à son adresse actuelle. Les initiateurs de la société d'encouragement sont : Adolphe, comte de Vaublanc, leduc de Guiche, le dandy Henry Seymour, le comte de Cambis, le comte Demidoff, Ernest Leroy, Jules Fasquel (fondateur du haras deCourteuil),Charles Laffitte, le chevalier Machado,le prince de la Moskowa,Joseph Rieussec, Maxime Caccia (officier piémontais), lecomte Delamarre, Anne-Édouard Denormandie[2],[3]. Par la suite, des amis s'adjoindront aux réunions de cette société[2].
Frédéric Rouvillois, auteur de l'ouvrageHistoire dusnobisme, rappelle que ce club a été créé auXIXe siècle dans une période d'anglomanie exacerbée[4].
Très vite, le Jockey Club s'octroie une sorte de brevet de bon ton et surtout d'exclusivisme :« un beau nom, une existence brillante, le goût des chevaux et de la dépense assurent l'admission au Jockey », écrit en 1864Charles Yriarte[5], le premier historien du cercle. À l'époque s'y retrouvent tous les principaux noms de lanoblesse française, ainsi que quelques représentants des noblesses étrangères[6], de la noblesse d'apparence[7] et de la bourgeoisie française ou d'origine étrangère.

James Tissot, l'un des portraitistes les plus recherchés de la société parisienne chic, montre ses modèles dans des décors somptueux évoquant la richesse et la sophistication, par exemple Eugène Coppens de Fontenay, qui était en 1867 le président du Jockey Club de Paris[8].
Marcel Proust cite le Jockey Club à de nombreuses reprises comme le cercle le plus fermé du monde, le sanctuaire de l'élite ou encore le monde de l'entre-soi[9].

Les fils, frères ou neveux des membres du Jockey Club étaient obligés de patienter avant de pouvoir y entrer[10]. Il fondèrent en 1852 le Petit-Cercle, surnommé le « Cercle des Moutards ». Établirue Le Peletier , puisrue Royale en 1854, il prend le nom de Cercle de la Rue Royale. Il fusionne en 1856 avec le Jockey Club, mais se reforme, composé des mêmes éléments[11], sous le nom de Nouveau Cercle de la rue Royale, qui absorbe en 1916 leCercle Agricole et devient par la suite leNouveau Cercle de l'Union.
Parmi les 1 146 membres actuels[12] du Jockey, on compte des membres de la noblesse et de la bourgeoisie.
« Ni les hommes d'affaires ni les intellectuels n'y ont leur place, s'ils se contentent d'être l'un ou l'autre. […] Aujourd'hui encore, tous les membres du cercle ont des manières de vivre identiques. Le snobisme de l'argent discret est de règle et posséder un château relève de la tradition familiale[6]. »
Malgré la présence de nombreux membres d'ascendance noble, le Jockey Club se défend d'être une annexe de l'ANF[13] car le cercle n'est pas réservé à la noblesse.
Le, lemaréchal Lyautey est élu membre, parrainé par le Armand de La Rochefoucauld, duc de Doudeauville, président et legénéral de Mac Mahon, duc de Magenta.
En 1930,Charles de Noailles en démissionne, alors que son exclusion est évoquée après le scandale provoqué par le filmL'Âge d'or deLuis Buñuel, qu'il a financé[14].
Le, leduc d'Édimbourg est élu membre, parrainé par Armand de La Rochefoucauld, duc de Doudeauville etsir Oliver Charles Harvey.
En 1954,Charondas dans son ouvrageUn juge d'armes au Jockey-club, distingue les familles selon leur origine :noblesse oubourgeoisie[15]. Il écrit qu'avant l'échec de la Restauration monarchique auXIXe siècle« le cercle était ouvert aux grands notables et aux personnalités importantes, même de famille modeste[15]. » Il écrit également :
« Si les temps ont changé, si le Jockey-Club n'a plus de nos jours la même célébrité et le même éclat qu'il y a deux ou trois générations, il retient encore souvent l'attention de l'opinion […][15]. »
Sur le Jockey Club, Cyril Grange écrit :
« Il n'est pas sûr aujourd'hui que l'échelle de valeurs qui mettrait au sommet de la hiérarchie le Jockey-Club et en dernière position l'association la moins aristocratique remporterait tous les suffrages mondains[16]. »
Éric Mension-Rigau écrit quant à lui que le Jockey Club est un des derniers bastions où prévaut la distinction de la naissance et qu'il symbolise la résistance de la noblesse à sa dissolution dans la masse et à son assimilation aux riches. Ce club est selon lui le plus élitiste de tous les cercles, loin devant ses deux principaux concurrents, l'Interallié et l'Automobile Club de France, dont les portes finissent toujours par s'ouvrir à celui qui a beaucoup d'argent. Il cite notamment une femme issue de la noblesse :
« Le Jockey Club est un cercle où n'importe qui ne peut pas être élu. Des critères sont respectés. À l'Interallié, on peut tous y aller, si on a deux parrains et de quoi payer. C'est très ouvert, ce qui n'est pas le cas du Jockey Club, où il faut être acceptable avant même d'avoir des parrains[6]. »
Les femmes ne peuvent être membres du Jockey Club[17],[18].
La direction du club est exercée par un comité composé d'un président, de quatre vice-présidents et de vingt-cinq membres et par un sous-comité. Le comité est réélu tous les ans.
Pour être admis, les candidats doivent être présentés par deux parrains membres de l'Association[20], soumettre leur candidature au vote des membres et atteindre une majorité des cinq-sixièmes par un scrutin où les votes négatifs sont encore appelés « boules noires »,bien que le système des boules blanches ou noires soit abandonné depuis longtemps[réf. nécessaire].
Le droit d'admission est de 702 € et la cotisation annuelle de 1 405 €[12].
« L'idée d'un art populaire comme d'un art patriotique, si même elle n'avait pas été dangereuse, me semblait ridicule. S'il s'agissait de le rendre accessible au peuple, on sacrifiait les raffinements de la forme “bons pour des oisifs” ; or, j'avais assez fréquenté de gens du monde pour savoir que ce sont eux les véritables illettrés, et non les ouvriers électriciens. À cet égard, un art, populaire par la forme, eût été destiné plutôt aux membres du Jockey qu'à ceux de la Confédération générale du travail ; quant aux sujets, les romans populaires enivrent autant les gens du peuple que les enfants ces livres qui sont écrits pour eux. On cherche à se dépayser en lisant, et les ouvriers sont aussi curieux des princes que les princes des ouvriers. »
— Marcel Proust,Le Temps retrouvé, 1927,p. 38 [édition folio]
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