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Lajoaillerie est l'art de fabriquer des objets de parure faits deperles et de pierres (précieuses,fines, et ornementales), assemblées sur des montures demétal précieux comme l'or, l'argent, leplatine, et lepalladium. Un objet de parure ainsi assemblé est qualifié de bijou ou de joyau .
Un joyau est un objet fait de matière précieuse, généralement destiné à la parure.
Un joyau se différencie d'un bijou par un ou plusieurs de ces critères : sa grande rareté, sa beauté saisissante, sa grande durabilité, et parfois même par son histoire et sa renommée. Un joyau, à la différence d'un bijou, sera presque toujours monté d'au moins une pierre précieuse.
Au sens figuré, un joyau est une chose très belle et de grande valeur. Le rapport auluxe dusens propre du terme induit un emploi fréquent ausens figuré dans lalittérature.
Selon le milieu ésotérique, les joyaux peuvent être enchantés ou posséder naturellement des caractéristiquesmagiques.
Des perles perforées ont ainsi été trouvées dans laCueva de los Aviones, une grotte située le long de la côte sud-est de l'Espagne, et habitée par desnéandertaliens, mais aussi auKenya, àEnkapune Ya Muto, enAfrique du Sud et enAfrique du Nord, datés duMiddle Stone Age (MSA)[2].
La fabrication de la joaillerie repose sur le moulage, la déformation, le pliage, le limage, le sciage, et la soudure de pièces de métaux précieux ainsi que du sertissage de pierres précieuses, pierres fines et perles.
Cette technique consiste à fabriquer un modèle en métal qui servira à réaliser un moule. Ce moule sera ensuite utilisé pour produire une ou plusieurs pièces. De la cire chaude est injectée dans le moule et les pièces en cire obtenues sont utilisées pour reproduire la pièce avec la technique de coulée à la cire perdue. Les pièces moulées sont ensuite polies soit par un procédé mécanique soit par un procédé chimique.
Desacides sont utilisés pour enlever leborax, liquide employé pour la soudure. Pour ôter ce produit qui se cristallise, on utilise un mélange, le « déroché », composé d'une partie d'acide sulfurique pour neuf parties d'eau. On peut aussi employer un mélange d'eau et de sel à dérocher, tout aussi efficace mais moins nocif.
Le déroché permet aussi de désoxyder les bijoux après coulée du métal àcire perdue, après la soudure ou encore, après un « recuit » (le métal est chauffé au chalumeau pour redevenir plus malléable et facile à travailler).
Lesertissage consiste à fixer une pierre précieuse ou fine sur une monture métallique, en déplaçant une partie de ce métal. Les techniques couramment utilisées pour le sertissage sont[6] :
serti griffes : les griffes sont des tiges en métal sortant de la monture, tiges que le sertisseur vient replier en ergots sur la pierre pour la fixer. C'est la technique qu'on utilise couramment sur les solitaires ;
serti grains : c'est un petit copeau de métal qui est poussé par une échoppe coupante qui le sort de la masse de métal (sans l'en désolidariser) du bijou, pour le rabattre sur le bord de la pierre. Ces grains maintiennent fermement la pierre, se comportant comme de minuscules griffes ;
serti clos : une mince plaque de métal précieux entoure le logement de la pierre. On replie la feuille sur tout le périmètre de la pierre, la solidarisant ainsi à la monture ;
serti rails : les pierres sont glissées entre deux rails, cette technique est surtout utilisée pour les alliances ;
serti mystérieux ou invisible : inventé parVan Cleef & Arpels, cette technique rend le métal totalement invisible ;
serti à brides ou serti Chirol : inventé par Francis Chirol, un fil est placé entre deux pierres exerçant une pression latérale sur les deux pierres[7] ; universellement connu pour les alliances, est également utilisé pour d'autres bijoux ;
serti « LS » : récente procédure de sertissage brevetée et déposée par la société Lyon Serti. Ce serti consiste à entourer la pierre d'un fin rebord de métal à l'aide d'un outil spécial. La trace laissée par cet outil dévoile un motif d'un brillant incomparable.
Les pierres précieuses sont lediamant, l'émeraude, lerubis et lesaphir. Les pierres fines est un vaste ensemble de pierres qui ne sont pas considérées comme précieuses, mais ont une belle couleur et une belle transparence, les rendant aptes à l'usage en joaillerie[8],[9]. On les appelle également pierres semi-précieuses, bien que cette appellation soit interdite en bijouterie-joaillerie[10]. Leur usage chez les plus grands joailliers se sont élargis depuis les années 1980, après des usages novateurs par quelques créateurs dès lesannées 1930[11]. Ce sont par exemple lelarimar, letopaze, l'améthyste, l'aigue-marine, lepéridot et lacitrine, lelapis-lazuli, lamalachite et lequartz. Les pierres fines sont définies par une liste de laCIBJO dressée en 1970 àZurich qui les considère comme des minéraux[12],[13].
On parle d'alliage en joaillerie pour l'or, le platine et l'argent. Ces métaux précieux sont associés à d'autres métaux non précieux pour en modifier les couleurs et les caractéristiques.
L'or fin, soit l'or tel qu'il se trouve à l'état naturel, est jaune. Si on y ajoute du nickel, l'or devient blanc. La proportion utilisée est 75 % d'or et 25 % de nickel (on parle d'or 750 ou or 18 carats). Selon les proportions d'alliage utilisées, on pourra faire varier la couleur du bijou[14]. Ainsi, la composition de l'or rose 18 carats est de 75 % d'or, 20 % de cuivre et 5 % d'argent. La composition de l'or rouge 18 carats est de 75 % d'or et 25 % de cuivre. Dans ces deux cas, la proportion d'argent va déterminer la couleur plus ou moins rose d'un alliage[15].
Lenickel, qui est un allergène, est maintenant interdit dans la joaillerie et remplacé dans l'or blanc par unalliage de cuivre, de palladium et/ou d'argent.
Leplatine est utilisé pur à 95 % (on parle de platine 950).
Quel que soit l'alliage choisi, un bijou doit toujours porter deux poinçons : la tête d'aigle ou le poinçon d'état qui indique le titrage et le poinçon de maître qui est unique et propre à chaque fabricant. Les ouvrages en or ou en platine d'un poids inférieur à 3 grammes et les ouvrages en argent d'un poids inférieur à 30 grammes sont dispensés du poinçon de titre ou de garantie. Ils doivent cependant être aux titres légaux et marqués du poinçon de maître ou de responsabilité[16].
Les échanges entrelapidaires,diamantaires, joailliers, bijoutiers, sont basés sur le principe du « confié » : selon ce principe d'usage régulier, le diamantaire ou le lapidaire « confie » les pierres, dans de petits sachets aux plis toujours identiques, au joaillier. Il n'est demandé aucun reçu, signature, engagement ou caution. L'engagement est verbal[réf. nécessaire]. Unebande dessinée,Les Immortels, évoque cette relation de confiance et d'engagement sur la place diamantaire d'Anvers.
Cette pratique ne peut pas exister sans garde-fous. Une constante jurisprudence de laCour de cassation, en France, fait de la non restitution, à première demande, d'un « confié », un abus de confiance, délit sanctionné par le droit pénal[réf. nécessaire].
À l’époque de la standardisation, la haute joaillerie ethorlogerie font figure d’exceptions. Ce qui crée la particularité de ce secteur, c’est avant tout sa dimension artisanale, c'est-à-dire une multitude de métiers rares où le travail manuel se met au service d’une conception sur mesure de pièces infiniment précieuses et la plupart du temps uniques.
Ces créations exceptionnelles peuvent occuper un atelier pendant plusieurs milliers d’heures, et visent une clientèle très spécifique. Des procédés de fabrication presque jamais modifiés et des outils conçus il y a plusieurs siècles n’empêchent cependant pas la haute joaillerie et horlogerie d’évoluer afin de satisfaire au mieux les exigences de ses clients.
Il est ainsi possible d’affirmer que la haute joaillerie est à la bijouterie ce que lahaute couture est à la mode : il s’agit d’un monde à part, où ce n’est pas le prix qui fait la valeur d’une pièce, mais la création de la maison dont elle provient. Lionel Giraud,directeur artistique de la maison Chaumet jusqu'en 2011, affirme ainsi que « sa valeur ne repose pas sur un critère de prix, elle se définit plutôt comme une intention d’œuvre unique »[17].
De ce fait, chaque grande maison de laplace Vendôme possède sa propre identité stylistique, comme l’atteste Pierre Rainero, directeur de l’image et du patrimoine de la maison Cartier : « Un objet de la production est à la fois reconnaissable comme venant de la maison Cartier, et se doit en même temps d'être novateur ». C’est en effet sur ce point que se trouve le réel défi : rester fidèle à l'esprit de la marque, tout en sachant être créatif et évoluer, c'est-à-dire jouer entre tradition et modernité[18].
Aujourd’hui, si une création majeure peut encore nécessiter des milliers d’heures et durer jusqu’à un an, le rythme auquel les nouvelles collections sont lancées s’est cependant énormément accéléré au cours de ces dernières années.
En constatant cette augmentation du nombre de collections, on peut aussi observer un développement massif de stratégies de communication spécifiques à la haute joaillerie. En effet, la dimensionmarketing des maisons de luxe est à distinguer de la communication mise en place autour de simples bijoux, car la haute joaillerie ne se contente pas de vendre des matériaux précieux : elle y apporte aussi un savoir-faire qui les transforme et les sublime. On pourrait ainsi dire que c’est ce savoir-faire, davantage que l’objet en lui-même, qui est vendu par les maisons. De ce fait, la valeur de ces pièces uniques réside surtout dans l’identité des marques de la place Vendôme. Chez Cartier notamment, une création est signée du nom de la maison, et non de celui de l’artisan qui l’a conçu, car il s’agit d’une œuvre collective, et c’est aussi ce qui fait la singularité de la haute joaillerie[19].
On peut ainsi considérer que la dimension publicitaire n’est pas la plus importante, même si elle est aujourd’hui indispensable pour faire perdurer l’« aura » de la marque. Dans la haute joaillerie, la communication passe cependant plutôt par la relation personnelle entre le vendeur et le client : c'est l'image du joaillier d’antan, à l’écoute, qui comprend et matérialise les attentes d'un client qui a le goût et la capacité de posséder une créationsur-mesure. Les grandes maisons poussent ainsi toutes à la réalisation de pièces uniques et mettent en avant cette dimension artisanale comme autant d’arguments marketing. De plus, le côté émotionnel constitue aussi une valeur importante de la haute joaillerie. Pierre Rainero l’affirme en effet : « au-delà de la beauté des pierres, quand un artisan a passé jusqu'à deux mille heures sur une pièce, il se crée un attachement viscéral entre lui et le bijou qu'il crée »[20]. On confère alors une valeur symbolique à l’objet, transmise à la personne qui portera la pièce. La communication institutionnelle de la haute joaillerie et horlogerie s'adresse ainsi à une clientèle dont la demande est très particulière, et dont le souhait est d’acquérir quelque chose d'extraordinaire.
Placide Boué,Traité d'orfèvrerie, bijouterie et joaillerie : contenant la description détaillée des caractères physiques et chimiques des métaux et des pierres précieuses qui constituent les matières premières de cette belle branche de l'industrie française, Chez Delaunay, Paris, 1832.
Paul Lacroix et Ferdinand Séré,Le livre d'or des métiers : Histoire de l'orfèvrerie-joaillerie et des anciennes communautés et confréries d'orfèvres-joailliers de la France et de la Belgique, Séré, Paris, 1850, 216 p.
Sarah Hue-Williams,Christies : Guide de la joaillerie, Assouline, 2001.
Laurence Catinot-crost et Bertrand Meyer-Stabley,Joailliers de légende : de Chaumet à Van Cleef & Arpels, Bartillat, 2020.
Fabienne Reybaud,Le Guide de la joaillerie, Assouline, 2022.