Joëlle Choupay-Mogensen est la fille d’Herbert Choupay-Mogensen, diplomatedanois de l'Unicef (ayant des origines française et allemande), et d'une mèrefrançaise, Claudia Cadoux, née enSyrie[2],[3]. Étant née sur sol américain et ayant vécu une partie de sa vie sur celui-ci, elle a ainsi la nationalité américaine[4]. Elle a trois sœurs cadettes : Dominique, née en1954[5], Natasia (née en1957) et Katja (née en1962).
Jusqu'à l'âge de neuf ans, elle vit auxÉtats-Unis puis, jusqu'à seize ans, àCopenhague (sa mère est enceinte de Katja lorsque la famille part, Katja étant la seule enfant du couple à être née dans le pays natal de son père)[2],[6], auDanemark, où son père a souhaité retourner[7]. Elle fait ses études dans une école catholique où son talent pour le chant est remarqué par une des sœurs[8]. Elle montre également des prédispositions pour la natation et le volley-ball. À quinze ans, elle devient choriste de la radio nationale danoise[9],[3].
En 1969, elle suit ses parents enFrance, àGrimaud dans le Var, et s'inscrit à l'école des Beaux-arts de Marseille[7].
La même année, attablée avec sa sœur Dominique à la terrasse d'un café du port deSaint-Tropez, ville où elle chante dans les discothèques pendant les vacances[4], elle fait la connaissance de deux musiciens deMichel Polnareff, le guitaristeSerge Koolenn et le batteur Richard Dewitte (Riton), arrivés sur le port à bord de laFord Mustang du chanteur[7]. Entre elle et Serge, c'est le coup de foudre[10]. À la fin des vacances, le couple se sépare, Serge Koolenn devant remonter à Paris où il vit chez sa mère. Au bout de six mois, la jeune fille le rejoint et le couple emménage dans un petit appartement àColombes[4].
En 1970, à la suite de la dépression de Michel Polnareff, en panne d'inspiration, Serge Koolenn et Richard Dewitte se retrouvent au chômage. Pour faire bouillir la marmite, ils travaillent dans une boîte de nuit : Richard est derrière la sono, Serge et Joëlle derrière le bar[4]. Ces derniers sortent, en 1971, un tout premier simple –Sonne, carillonne – où ils chantent en duo, mais le disque reste confidentiel.
Ensemble, ils créent, en, àParis, le groupeIl était une fois, avec Lionel Gaillardin, Bruno Walter et Christian Burguière (ces deux derniers remplacés plus tard par Jean-Louis Dronne et Daniel Schnitzer).
En 1972, Joëlle remporte, devant trois mille concurrents, le concours « Futures vedettes », organisé par le magazineSalut les copains et Pathé-Marconi[7]. Cette victoire ouvre à la chanteuse les portes dumonde du spectacle et permet au nouveau groupe de trouver un éditeur et d'enregistrer un premier album,Rien qu'un ciel, quelques mois plus tard. C'est un tel succès que le groupe est appelé à participer à sa premièreémission de télévision en compagnie deSacha Distel et de passer à l'Olympia en première partie deSalvatore Adamo[4].
Pendant la période1972-1978, leur succès est porté par quatre albums,Rien qu'un ciel (1972),La rage aux poings (1974),Ils vécurent heureux (1975) etPomme (1978), l'album américain du groupe.J'ai encore rêvé d'elle (1975) etViens faire un tour sous la pluie (1975) sont leurs plus gros tubes, devant leurs autres titres :Ne bouge pas, ne change pas (1975),Tourne la page (1977),Il a juste besoin d'un bateau (1977),Pomme (1978),Mescalino (1979) etLa clé des cœurs (1979). Leur plus grand succès,J'ai encore rêvé d'elle, chanté en duo par Joëlle et Richard Dewitte, donne à penser à certains admirateurs que les deux sont amants ou mariés[4]. À l'étranger, les disques du groupe se vendent très bien, notamment au Japon, où il est rebaptisé « Joëlle et son orchestre »[4].
Joëlle est l'icône du groupe, tous les regards se portent sur elle, parfois même aux dépens des autres membres. Photogénique et télégénique, elle est prise dans l'engrenage médiatique et se coupe peu à peu de ces derniers[7]. Ses absences aux répétitions se multiplient et elle conteste avec virulence les décisions prises lorsqu'elle n'est pas là[4]. Le succès lui est monté à la tête, elle est devenue capricieuse[12].
Lorsque Richard Dewitte annonce qu'il quitte le groupe, celui-ci éclate au cours de l'été 1979 (Joëlle et Serge Koolenn étaient déjà séparés depuis six mois)[7]. La chanteuse, qui aime toujours Serge, parti avec une autre[13], tombe alors en dépression et s'installe dans un studio àNeuilly-sur-Seine[9].
Fin 1979, elle signe seule un contrat avecEddie Barclay[9]. Sortent, en1980, l'album soloJoëlle tout court, en1981, le45 toursHomme impossible, et trois jours après sa mort en1982, le 45 toursAime-moi. L'accueil du public est timide, malgré la chansonTu sonnes, qui plaît[12].« Il n'y a plus personne, pour lui écrire paroles et musique », constatePhilippe Jaenada,« des avions comme Serge Koolenn ou Richard Dewitte, [...] elle ne chante plus que des choses simplettes et nunuches »[12].
En, elle tente une carrière d'animatrice de télévision en présentant l'émission de variétésTout nouveau tout beau, programmée enseconde partie de soirée surAntenne 2. La première émission est consacrée au chanteurDaniel Balavoine, au groupe Clin d'œil et àLaurent Voulzy. Il n'y en aura pas d'autres, la chanteuse en est grandement affectée. SelonJean-Christophe Averty, un professionnel de l'audiovisuel, l'émission aurait dû être programmée enpremière partie de soirée, horaire où la chanteuse aurait retrouvé son public[14],[15].
Joëlle fait sa dernière apparition télévisée en juin 1981 lors de l'émissionMidi Première deDanièle Gilbert, avec le groupeSparks etKaren Cheryl.
Le 14 mai 1982, la chanteuse se rend chez ses sœurs àNeuilly-sur-Seine. Elle passe ensuite la nuit avec des amis au second étage d'un appartement situé au 1bis,rue Curial, dans le19e arrondissement de Paris[16]. Le lendemain matin, elle est retrouvée morte, elle avait alors 29 ans. Elle aurait été victime d'unœdème aigu du poumon d'après l'autopsie[7], cependant les circonstances et les causes de sa mort restent controversées. Antonin Nicol, son biographe[16], évoque« une malformation cardiaque de naissance » comme origine du décès. Richard Dewitte, pour sa part, attribue celui-ci à la prise d'une dose de« quelque chose d'extrême » fournie par un revendeur[17],[18], avis qu'il abandonne en 2022, affirmant qu'elle est morte d'une malformation cardiaque et non d'une overdose[19].
Joëlle Mogensen est enterrée aucimetière du Montparnasse (division 7) dans le tombeau de la famille de sa mère, la famille Taupinot. Sur la stèle, l'épitaphe « Sois heureuse au jardin du souvenir – 1982 » est gravée sous son portrait[20].
La Rage aux poings (bande originale du filmLa Rage au poing) musique du film composée et dirigée parÉric Demarsan etDominique Perrier dont 4 titres interprétés par Il était une fois) (LP 1974)
Joëlle...tout court :Flo (Claude Lemesle, Mogensen,Pierre Billon) / T'as Raison (Lemesle, Mogensen, Billon) / Marianophobe Et Beatleman (Lemesle, Billon) / C'est Fini N'en Parlons Plus (Christian Gaubert, Billon) / Bienvenue A Bord (Maurice Vallet, Paul-Jean Borowski) / Rien Que Pour Ça (Bruno Victoire, Lemesle, Billon) / J'm'engueule Toute Seule (Lemesle, Peter Dibbens, Mike Shepstone) / Tu Sonnes (Billon, Dibbens, Shepstone) / 13 Ans (Lemesle, Billon) / Mon Pays C'est Les Gens (Vallet, Borowski) / Rideau (Gaubert, Lemesle) / Générique (Mogensen, Billon) (33 tours) Barclay – 96110 (1980)
Joëlle...tout court :Kochira kissui no Paris (E.Takizawa, Joëlle, Doll) / Flo (Claude Lemesle, Mogensen,Pierre Billon) / T'as Raison (Lemesle, Mogensen, Billon) / Marianophobe Et Beatleman (Lemesle, Billon) / C'est Fini N'en Parlons Plus (Christian Gaubert, Billon) / Bienvenue A Bord (Maurice Vallet, Paul-Jean Borowski) / Rien Que Pour Ça (Bruno Victoire, Lemesle, Billon) / J'm'engueule Toute Seule (Lemesle, Peter Dibbens, Mike Shepstone) / Tu Sonnes (Billon, Dibbens, Shepstone) / 13 Ans (Lemesle, Billon) / Mon Pays C'est Les Gens (Vallet, Borowski) / Rideau (Gaubert, Lemesle) / Générique (Mogensen, Billon) (33 tours) Barclay – K28P-45 (1980) (Pressage Japonais)
Sonne, carillonne (Serge Koolenn) / Je rêve (Serge Koolenn) (duo avec Serge Koolenn avant la formation du groupe) (45 tours) EMI / Pathé / Pathé-Marconi C 006-11488 (1971)
La fille de l'univers (Richard Gachner, D. Rosi, Pierre-André Dousset) / Le trèfle à quatre feuilles (Serge Koolenn) La chanson "La fille de l’univers" fut interprétée par Joëlle dans le cadre des présélections au concours de l’Eurovision 1972 (45 tours) Pathé / EMI 2C006-12 214 M (1972)
Tu sonnes (Pierre Billon, Peter Dibbens, Mike Shepstone) / Flo (Claude Lemesle, Joëlle Choupay-Mogensen, Pierre Billon) (unique single extrait du LPJoëlle tout court) (45 tours) Barclay 62 691 (1980)
Kochira kissui no Paris (E.Takizawa, Joëlle, Doll) / Mon Pays C'est Les Gens (Vallet, Borowski) (unique single extrait du LPJoëlle tout court pressage Japonais) (45 tours) Barclay K07S-7009 (1980)
Homme impossible (Bertrand Chatenet, Daniel Labat) / Interview (Éric Estève, Claude Morgan) (45 tours) Barclay 100 110 (1981)
Aime-moi (Joëlle Choupay-Mogensen, Jean Hikke) / Il m’appelle (David Woodshill, Joëlle Choupay-Mogensen) (45 tours) Barclay 100 220 (1982)
↑[Il était une fois, une belle et tragique histoire], propos de Richard Dewitte recueillis par Patrice Demailly,Nord Éclair, 20-04-2012 :« Joëlle, c'était l'identité forte du groupe ? >> C'était notreMick Jagger à nous. Si elle n'avait pas été là, je ne pense pas que le groupe aurait marché de cette manière. Elle a été une locomotive. »
↑a etbAntonin Nicol,Il était une fois Joëlle, 3 février 1953 - 15 mai 1982, Pau, 1997.
↑Mariée par la suite à Henri Séré dit Riquet, qui faisait partie, entre autres, des Bain Didonc, des Jelly Roll et des Peetles avec les futurs membres d'Il était une fois.
↑Interview de la mère de Joëlle réalisée par Jean-Jacques Frances en septembre 2002.
↑abc etdPhilippe Jaenada,Sulak, Robert Laffont, 2013, 458 p., p. 51 :« sa rencontre, en février 1977 à l'Olympia, avec les musiciens de Joe Dassin (dont le groupe assurait la première partie) qui ne marchaient pas qu'au lait en poudre, ne lui a pas été des plus profitables, physiquement parlant. »