Sa percée au sein de l'appareil du Parti est tardive : Jiang Zemin est vice-président de la Commission pour les investissements étrangers de 1980 à 1982 et successivement vice-ministre puis ministre de l'Industrie électronique.
Jiang Zemin soutient la répression desmanifestations de la place Tian'anmen en 1989[1].Deng Xiaoping confie alors à Jiang Zemin les postes de secrétaire général du Parti communiste chinois, où il succède àZhao Ziyang, et de président de laCommission militaire centrale, des postes très importants en Chine communiste[1]. Il est alors vu comme incarnant une voie médiane entre le réformisme deZhao Ziyang, qui avait soutenu les manifestants, et le conservatisme du Premier ministreLi Peng.
Président de la république populaire de Chine (1993-2003)
Jiang Zemin, qui menait jusque-là une carrière discrète, devient brusquement l'homme fort du pays. En 1993, il accède au poste de chef de l'État et concentre tous les pouvoirs (14e puis15e Politburo). Deng Xiaoping étant toujours vivant, Jiang Zemin continue la politique d'ouverture et de réformes de son prédécesseur. Sous ses mandats, il assiste à la rétrocession deHong Kong, jusqu'alorscolonie britannique, et deMacao,colonie portugaise. Son désir était de prendre aussiTaïwan.
En 1998, Jiang Zemin interdit en tant que chef du Parti le renouvellement des mandats des responsables actuels, ce qui entraîne également sa retraite pour 2003, date à laquelle il remet ses attributions de secrétaire général du Parti et de président de l'État àHu Jintao, son vice-président de l'État, qui a été élu par l'Assemblée nationale populaire.
Comme son prédécesseur, Jiang Zemin a choisi de partir en douceur tout en surveillant son successeur. C'est ce qui explique qu'il ait conservé jusqu'en 2004 la présidence de la Commission militaire centrale[1]. En outre, avant de passer le relais, il a nommé plusieurs de ses proches, appartenant à lafaction de Shanghai, à des postes importants dans les institutions politiques et militaires chinoises. Un argument supplémentaire, avec sa personnalité et son expérience, pour conserver encore une influence dans les décisions du Parti et de l'État.
En, lors d'une conférence de presse à Pékin en présence du président américainBill Clinton qui l'exhorte à dialoguer avec ledalaï-lama[2], Jiang Zemin énonce comme conditions préalables à des négociations que le dalaï-lama déclare publiquement que le Tibet est une partie inaliénable de la Chine et reconnaisse Taïwan comme une province chinoise. Le dalaï-lama répondit qu'il ne souhaitait pas l'indépendance mais une autonomie authentique du Tibet, et que concernant Taïwan, c'est aux Taïwanais de se prononcer[3]. C'est sous la présidence de Jiang Zemin que débuta leDialogue entre le gouvernement tibétain en exil et la république populaire de Chine qui prit fin en 2010, sous la présidence deHu Jintao.
En, lors de sa venue en France et de son séjour chez lesChirac auchâteau de Bity enCorrèze, visite qui fut critiquée par certains hommes politiques[5], Jiang Zemin, interrogé par Jacques Chirac à propos de la possibilité de négocier avec le14e dalaï-lama, lui indiqua qu'il avait posé « deux conditions simples : que le dalaï-lama reconnaisse que le Tibet fait partie de la Chine et, puisqu'il s'est rendu à Taïwan, qu'il reconnaisse aussi qu'il s'agit d'une province chinoise ». Mais, affirme Jiang Zemin, le14e dalaï-lama « avait adopté des positions ambiguës »[4].
Jiang Zemin a fait l'objet de plusieurs plaintes pour génocide, déposées par des associations de défense de la cause tibétaine[6] et leFalun Gong, pour la répression menée par l'État chinois[7]. La justice espagnole, qui se reconnaissait unecompétence universelle pour le traitement des plaintes pour génocide même si elles n'impliquaient pas de nationaux[8], avait adressé deux commissions rogatoires au gouvernement chinois demandant que l'ancien président soit entendu. À la suite de pressions émanant d'Israël, deChine et desÉtats-Unis[9], leSénat espagnol a limité laloi de compétence universelle, celle-ci ne devant plus s'appliquer qu'à des plaignants de nationalité espagnole ou à des suspects présents sur le territoire de l'Espagne[10]. En septembre 2010, leComite de Apoyo al Tibet etThubten Wangchen, ressortissant espagnol président de laCasa del Tibet et député duParlement tibétain en exil, ont saisi la courno 2 de l'Audiencia Nacional d'Espagne enquêtant sur le génocide et autres crimes qui auraient été commis au Tibet par Jiang Zemin[11]. Le 19 novembre 2013, la Cour nationale espagnole a rendu un arrêt qui devrait entraîner l'émission de mandats d'interpellation de Jiang Zemin et de quatre autres anciens dirigeants chinois soupçonnés d'avoir bafoué les droits de l'Homme au Tibet[12],[13]. Le 10 février 2014, la Cour suprême espagnole demande l'émission d'un mandat d'arrêt international contre Jiang Zemin,Li Peng et d'autres dirigeants pour génocide au Tibet[14]. En 2014, à la suite de pressions de la Chine sur l'Espagne, sa compétence universelle sur les crimes contre l'humanité est encore limitée, conduisant à suspendre les enquêtes sur les accusations de génocide contre les cinq anciens dirigeants chinois, dont l'ancien président Jiang Zemin[15].
Jiang Zemin est marié à Wang Yeping, qui l'accompagne par exemple publiquement en 2001 lors d'une visite officielle àMalte puis en 2002 auxÉtats-Unis[17].
↑(en) Marie-Benedicte Allaire,Chirac, Jiang Discuss Rights, Nuclear Testing,Reuters, 24 octobre 1999 :« It was the first time Chirac had hosted a visiting head of state at his Bity estate -- a decision criticized by a number of politicians, uncomfortable about China's human rights record. However, French presidential officials said the intimate nature of the meeting allowedmore things to be said. »
↑Sharon Weill,De Gaza à Madrid, l’assassinat ciblé de Salah Shehadeh,Le Monde diplomatique, septembre 2009 :« Par ailleurs, les pressions exercées par les gouvernements israélien, chinois et américain incitèrent le Sénat espagnol à limiter, le 19 mai 2009, la loi sur la compétence universelle à des cas impliquant des Espagnols ou des suspects présents sur le sol espagnol. »
↑Tibet. L'Espagne demande l'arrestation de l'ex-président chinois,Ouest-France, 10 février 2014« "Jiang exerçait une autorité de contrôle sur un peuple qui a directement commis ces abus et cela le rend responsable des actes de torture et d'autres violations majeures des droits de l'homme commises par ses subordonnés contre le peuple tibétain", affirme le juge Moreno dans son arrêt. Le juge demande à Interpol d'émettre un mandat d'arrêt exigeant la capture et l'emprisonnement de Jiang pour génocide,torture et crimes contre l'humanité. »