LesJeux olympiques de 1900, officiellement nommésJeux de laIIe olympiade, sont la deuxième édition desJeux olympiques modernes. Ils ont lieu àParis enFrance du14 mai au dans le cadre de l'Exposition universelle. La décision d'organiser les Jeux de 1900 à Paris est prise lors duIer congrès olympique qui a lieu en1894. Une concurrence se développe après lesJeux de 1896 entre d'un côtéPierre de Coubertin, président duComité international olympique (CIO), qui veut organiser les Jeux de laIIe olympiade à Paris mais qui ne réussit pas à mettre en route son projet, et de l'autreAlfred Picard, commissaire général de l'Exposition universelle, qui veut organiser des « concours internationaux d'exercices physiques et de sports ». L'instance dirigeant alors le sport en France, l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA), penche finalement en pour les concours de l'Exposition plutôt que pour les Jeux de Coubertin. Ce dernier est alors obligé au printemps 1899 d'accepter le compromis que suggère l'USFSA :« Les concours de l'Exposition tiennent lieu de Jeux olympiques pour 1900 et comptent comme équivalent de la deuxième olympiade. » Ces concours ne sont pas appelés « Jeux olympiques » dans les documents officiels ni sur les affiches de promotion. Ainsi, de nombreux athlètes ignoreront, pour certains jusqu'à leur mort, qu'ils ont disputé des Jeux olympiques.
Les concours sportifs attirent 58 731 participants mais selon le CIO, 997 athlètes venant de 24 pays dont 22 femmes s'affrontent dans les épreuves qu'il considère comme olympiques. Les femmes sont présentes aux Jeux olympiques pour la première fois ; la joueuse de tennis britanniqueCharlotte Cooper est la première championne olympique dans une épreuve individuelle. Le CIO reconnaît 95 épreuves sur un total estimé de 477. Parmi les compétitions reconnues, troissports (lapelote basque, lecricket et lecroquet) et plusieurs épreuves (par exemple le saut en longueur à cheval et la natation avec obstacles) font leur seule apparition de l'histoire au programme olympique. Les compétitions non reconnues incluent des disciplines telles que lesconcours de ballons, lapêche à la ligne et letir au canon, ainsi que des épreuves professionnelles, réservées aux Français ou avechandicap et des concours scolaires.
Vainqueur du 60 mètres, du 110 mètres haies, du 200 mètres haies et dusaut en longueur, l'athlète américainAlvin Kraenzlein remporte le plus d'épreuves reconnues comme olympiques. Après les Jeux de 2020, il est toujours le seul à avoir obtenu quatre titres olympiques individuels enathlétisme la même année. Il devance le tireur suisseKonrad Stäheli (trois titres et une troisième place) et l'athlète américainRay Ewry qui gagne trois épreuves de sauts sans élan, alors qu'il a perdu l'usage de ses jambes entre 12 et 17 ans à cause de lapoliomyélite. Un Parisien âgé de 7 à 12 ans est appelé en renfort comme barreur pour le duo néerlandais qui remporte une épreuve d'aviron. On n'a jamais retrouvé le nom du garçon qui est vraisemblablement le plus jeune champion olympique de l'histoire. LaFrance, pays dont provient plus de la moitié des athlètes, domine letableau des médailles établia posteriori avec 102 médailles dont 27 en or. Elle devance lesÉtats-Unis (47 médailles dont 19 en or) et laGrande-Bretagne (30 dont 15 en or).
À l'instigation du baronPierre de Coubertin, leIer Congrès olympique est organisé du 16 au dans le grand amphithéâtre de laSorbonne, àParis, par l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques. Les deux principaux objets sont l'étude des principes de l'amateurisme et le rétablissement desJeux olympiques. Coubertin a prévu que les premiers Jeux olympiques modernes auraient lieu à Paris en 1900, en même temps que l'Exposition universelle, mais les délégués estiment que six ans seraient une trop longue attente. Des Jeux sont donc prévus en1896. Sur proposition du représentant de la GrèceDimítrios Vikélas, la compétition est organisée àAthènes[1],[2]. Cela figure au point XIII de la déclaration sur la réglementation de l'amateurisme et le rétablissement des Jeux olympiques selon lequel le congrès décide« que les Jeux Olympiques aient lieu la première fois à Athènes, en 1896, et pour la seconde fois à Paris, en 1900, et ensuite de quatre ans en quatre ans, dans d'autres villes du monde »[3].
À la fin des Jeux de 1896, en tant que nation à l'origine des Jeux, la Grèce revendique le droit d'organiser les épreuves olympiques tous les quatre ans. Notamment soutenu par les athlètes américains et l'athlète et écrivain britanniqueGeorge Stuart Robertson, le roiGeorgesIer demande auCIO présidé par Pierre de Coubertin qu'Athènes soit la ville hôte permanente des Jeux[4]. Coubertin réussit à convaincre ses collègues du CIO de ne pas soutenir cette proposition[5]. Dans une lettre ouverte adressée au roi, il remercie les Grecs pour l'énergie et l'enthousiasme avec lesquels ils ont organisé la compétition d'Athènes mais confirme que les Jeux suivants auront lieu à Paris en 1900. Les Grecs considèrent ensuite que le baron est« un voleur qui essaie de priver la Grèce de l'un de ses joyaux historiques »[4]. Cependant, la famille royale réalise ensuite que son projet serait impossible à réaliser pour des raisons financières. Ladéfaite face à l'Empire ottoman en 1897 réduit encore la possibilité de Jeux à Athènes en 1900[4].
Certains dirigeants de laTroisième république estiment que la défaite lors de laguerre franco-allemande de 1870 est liée à la mauvaise condition physique des jeunes Français et l'éducation physique devient obligatoire à l'école primaire en 1882[5],[6]. Le commissaire général de l'Exposition universelle de 1900,Alfred Picard, propose d'y organiser des concours internationaux d'exercices physiques. Il reçoit l'accord du gouvernement pour inclure ces concours sportifs dans le programme de l'Exposition en[5]. L'objectif est d'organiser des compétitions ouvertes au plus grand nombre pour promouvoir la pratique des exercices physiques dans le pays[7].
En, Pierre de Coubertin rencontre Alfred Picard et lui annonce qu'il va proposer en juin de rétablir les Jeux olympiques et d'organiser la première édition à Paris. Il lui propose également de mettre en place une exposition consacrée à l'histoire des sports :« Le projet comportait l'édification dans l'enceinte de l'Exposition ou ses annexes d'une reconstitution de l'Altis d'Olympie. Dans l'intérieur des monuments eussent été groupés tous les objets et la documentation concernant les sports, aussi bien ceux de l'Antiquité que du Moyen Âge ou des temps modernes. » Picard ne donne pas de suite à cet entretien[8],[9]. Il crée la commission préparatoire aux Concours internationaux qui se réunit pour la première fois le. Coubertin, qui a organisé les concours scolaires de l'Exposition de 1889, en a été nommé membre mais il ne participe pas aux réunions car il se trouve en Grèce pour préparer les Jeux de 1896. La commission établit un plan général des concours qu'elle publie en. Selon ses mémoires, Coubertin a« compris qu'il n'y avait pour les Jeux olympiques, rien à attendre de M. Alfred Picard » et s'est« résolu à organiser les Jeux de 1900 en dehors de toute ingérence administrative par le moyen d'un comité privé »[10]. En, après la parution de la classification générale de l'Exposition, il écrit une lettre au ministre du Commerce pour exprimer son inquiétude quant à la place du sport au sein de l’événement et Picard répond que« ni l'un ni l'autre des griefs articulés par M. de Coubertin ne sont fondés »[11]. Coubertin estime que le projet de Picard« ne peut qu'échouer et, en tout cas, tant par le cadre choisi (Vincennes) que par la multitude des commissions et sous-commissions et l'énormité du programme (on y prétendait insérer lebillard, lapêche à la ligne et leséchecs), ce ne pourra être qu'une sorte de foire chaotique et vulgaire »[12].
Il met donc en place un comité d'organisation pour les Jeux olympiques composé notamment d'aristocrates et connu sous le nom de son président, le vicomtede La Rochefoucauld. L'intention de Coubertin est la suivante :« La foule aura les concours et les fêtes de l'Exposition et nous ferons, nous, des jeux pour l'élite : élite des concurrents, […] élite de spectateurs, gens du monde, diplomates, professeurs, généraux, membres de l'Institut »[13]. Le comité annonce à la presse en qu'il s'est formé« devant le mauvais vouloir et l'inertie des bureaux de l'Exposition »[13]. Coubertin obtient des promesses de soutien à Paris pour l'organisation et de participations d'athlètes étrangers[13]. Le programme établi par son comité est basé sur celui des Jeux de 1896, avec l'addition de laboxe, dupolo et dutir à l'arc et la suppression du tir[14]. Publié en, il est jugé« mesquin et indigne de la nation » par Picard[15]. En novembre, l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA), dont Coubertin est le secrétaire général en titre, décide de ne pas soutenir le comité La Rochefoucauld qui« représentait la France démocratique et sportive d'une façon vraiment trop imparfaite » mais de se tenir à disposition de l'Exposition universelle pour contribuer à l'organisation de ses concours sportifs[15]. En, les Concours internationaux physiques et de sports sont annoncés dans leJournal officiel avec une trentaine de disciplines qui seront disputées pour la plupart dans lebois de Vincennes[N 1] et l'organisation des jeux athlétiques est attribuée à l'USFSA[15].Daniel Mérillon, ancien député et président de l'Union française des sociétés de tir, est nommé délégué général pour les concours sportifs de l'Exposition universelle en. Coubertin tente de collaborer avec lui pour organiser les Jeux olympiques mais Picard, qui les qualifie d'« anachronisme », s'y oppose fermement. Avec ces difficultés et à la suite de« divergences de vue entre la presque unanimité du comité et M. Pierre de Coubertin », le vicomte de La Rochefoucauld et les autres membres du comité annoncent leur démission[16],[17].
Isolé, Coubertin est obligé au printemps 1899 d'accepter le compromis que suggère l'USFSA :« Les concours de l'Exposition tiennent lieu de Jeux olympiques pour 1900 et comptent comme équivalent de la deuxième olympiade[18]. » Malgré une organisation qu'il considère comme insuffisante (« rien ne sortait de terre… ni des bureaux, sinon des sous-commissions nouvelles et de copieux règlements ») et qui provoque l'inquiétude à l'étranger, Coubertin apporte ensuite son soutien aux concours de l'Exposition en tant que président du CIO : il écrit des articles dans les journaux étrangers, envoie des circulaires à ses collègues du CIO et fait également la promotion des concours lors d'un voyage en Europe du Nord[19],[20]. Alors qu'il souhaitait profiter de l'organisation simultanée de l'Exposition universelle et des Jeux olympiques pour augmenter l'impact de ces derniers, Coubertin doit finalement reconnaître des concours sportifs étalés sur cinq mois, ouverts aux professionnels et aux femmes, mais qui sont éclipsés par l'Exposition et qui ne sont pas nommés « Jeux olympiques » ni dans les documents officiels ni sur les affiches de promotion[5],[21],[22],[23].
Daniel Mérillon, délégué général aux sports pour les concours sportifs de l'Exposition universelle de 1900.
Daniel Mérillon, ancien député et président de l'Union française des sociétés de tir, est nommé délégué général aux Concours d'exercices physiques et de sports. Il est assisté de cinq délégués adjoints[24]. Les concours sportifs sont organisés par une commission supérieure d'une trentaine de membres présidée parOctave Gréard et par douze comités comptant au total environ 700 membres chargés d'établir le programme des épreuves faisant partie de leurs sections respectives. Environ 530 membres des jurys dont 130 étrangers sont également nommés. L'organisation des épreuves est déléguée par contrats aux fédérations sportives des sports concernés.Pierre de Coubertin, président duCIO, fait partie des vice-présidents de la section « Jeux athlétiques »[25].
Les buts des concours sportifs sont notamment d'« imprimer à des œuvres destinées à améliorer la force physique et morale du pays un prodigieux élan, en démontrant par des concours internationaux l'importance et l'utilité de ces exercices et en leur donnant une large publicité[26] » et de« mettre en lumière les progrès de l'œuvre patriotique entreprise pour l'éducation physique et la jeunesse[27] ». En plus de leur rôle dans l'éducation et la promotion du sport, le commissaire général de l'ExpositionAlfred Picard souhaite donner un caractère scientifique aux concours sportifs. Il demande donc la création du comité d'hygiène et de physiologie, dirigé par le médecinÉtienne-Jules Marey et composé d'une cinquantaine de chercheurs. Constituant la section XIII du programme général, ce comité a notamment pour objectif de déterminer les effets des différents sports sur le corps, observer leurs mécanismes et découvrir les raisons des performances exceptionnelles des meilleurs athlètes[5],[28].
Les dépenses des différents comités d'organisation pour les concours sportifs s'élèvent à 1 780 620 francs dont 953 448 pour les prix distribués aux participants. Sur cette somme, 1 045 300 francs sont des subventions de l'Exposition universelle. Les recettes provenant des billets d'entrée revenant à l'Exposition sont très inférieures aux prévisions : elles sont de 59 059,60 francs. Les autres frais pris en charge par l'Exposition s'élèvent à 280 500 francs (dont 150 000 francs pour la construction duvélodrome et 80 000 pour le parc d'aérostation). Les dépenses de l'Exposition pour l'organisation des concours sportifs atteignent donc environ 1 280 000 francs. En ajoutant les 150 000 francs que la ville de Paris a payé pour le vélodrome aux dépenses des comités d'organisation et de l'Exposition, les concours sportifs coûtent environ 2,2 millions de francs au total[29].
Les 1 045 300 francs attribués aux comités d'organisation des concours sportifs représentent environ 1 % du budget global de l'Exposition universelle. Cette somme est équivalente à environ 2,5 millions d'euros de 2006[30].
L'affiche reconnuea posteriori comme l'affiche officielle des Jeux de 1900.
Aucune affiche n'est conçue pour promouvoir l'ensemble des concours sportifs de l'Exposition universelle mais des affiches sont créées pour les différents sports. Elles ne font cependant pas référence aux Jeux olympiques, qui sont presque inconnus du public en 1900. Une affiche qui annonce les concours d'escrime, dessinée parJean de Paleologu, est retenuea posteriori comme l'affiche officielle des Jeux de 1900. Elle représente une escrimeuse alors qu'aucune femme ne participe aux concours d'escrime. Il existe d'autres affiches pour l'athlétisme, l'aviron et la gymnastique. Le terme « olympique » n'apparaît pas non plus dans les documents officiels. Les compétitions sont regroupées sous le nom « Concours internationaux physiques et de sports »[31],[32]. Beaucoup d'athlètes ne savent pas que les épreuves auxquelles ils participent font partie des Jeux olympiques[33].
Le,La Vie au grand air annonce dans un numéro de 30 pages le programme complet des concours sportifs de l'Exposition et indique les moyens de transport disponibles pour se rendre sur les sites des compétitions depuis Paris[25],[34]. Le magazine publie ensuite régulièrement des résumés et des photographies des épreuves[35].
Les concours sportifs de l'Exposition universelle attirent au total 58 731 participants dont 1 587 étrangers[6],[36]. Cependant, en listant les épreuves qu'il considère comme olympiques dans son livreThe 1900 Olympic Games, l'historien américainBill Mallon recense 1 222 participants connus sur un total estimé de 1 588 participants (dont 22 femmes)[37]. Sur ces 1 222 athlètes connus, 743 sont français[38]. Selon leComité international olympique, 997 athlètes (dont 22 femmes) participent aux Jeux olympiques de 1900[39]. Cela représente une forte augmentation par rapport auxJeux olympiques de 1896 qui comptent 241 participants d'après les chiffres du CIO[40]. Selon les décisions prises lors duIer congrès olympique, les participants aux Jeux olympiques sontamateurs à l'exception des escrimeurs[41].
La joueuse de tennis britanniqueCharlotte Cooper, première championne olympique dans une épreuve individuelle, photographiée en 1900.
Les femmes participent pour la première fois aux Jeux olympiques en 1900. Des épreuves féminines degolf et detennis sont organisées et quelques femmes participent à des épreuves mixtes envoile, encroquet et enéquitation[37],[42].
La comtesseHélène de Pourtalès, qui a les nationalités suisse et américaine, remporte une course de voile avec son mariHermann le. Le Comité international olympique ainsi que plusieurs historiens la considèrent comme la première participante aux Jeux et la première championne olympique de l'histoire[43],[44],[45].Bill Mallon, en s'appuyant sur les recherches de Ian Buchanan, relève cependant que sa participation n'est pas bien documentée et qu'elle n'est peut-être que propriétaire du bateau sans prendre part à la course du. Dans un article écrit en 1995, Mallon considère queJeanne Filleul-Brohy etMarie Ohier, qui participent aux épreuves de croquet à partir du, sont les premières participantes olympiques[44],[46] auxquelles il faut rajouterMme Desprès, une participante aux mêmes épreuves de croquet, qui a été identifiée comme femme par les historiens des Jeux olympiques après la diffusion de cet article[47]. Cependant le tournoi féminin de croquet n'attire qu'un seul spectateur payant[48]. C'est doncCharlotte Cooper, vainqueur du tournoi féminin de tennis en juillet, qui serait la première championne olympique[44],[49]. Cooper est dans tous les cas la première championne olympique dans une épreuve individuelle[33].Blanche de Marcigny représente la France en hippisme dans la catégorie chevaux de selle.
Pierre de Coubertin n'est pas favorable à l'arrivée des femmes aux Jeux olympiques[50],[51]. En 1928, il écrit :« Quant à la participation des femmes aux Jeux, j'y demeure hostile. C'est contre mon gré qu'elles ont été admises à un nombre grandissant d'épreuves[52]. » Le développement du sport féminin fait également réagir d'autres personnalités : le poèteSully Prudhomme écrit qu'il a« horreur de tout ce qui tend à substituer la force à la grâce, l'énergie à la douceur, l'adresse à la spontanéité chez la jeune fille et, en général, tout ce que la femme emprunte à l'homme de qualités viriles, la dénature et nuit à son charme » et l'écrivainÉmile Zola se dit« très partisan de tous les exercices physiques qui peuvent contribuer au développement de la femme, à la condition bien entendu qu'elle n'en abuse pas »[49].
Sans en donner la liste, le Comité international olympique indique que 24 nations ont pris part aux Jeux olympiques de 1900[39]. Bill Mallon compte 28 pays participants aux épreuves olympiques[37] alors qu'André Drevon, auteur du livreLes Jeux olympiques oubliés : Paris 1900, liste 30 pays ayant pris part aux concours sportifs de l'Exposition universelle[53]. Selon le CIO, les athlètes desJeux olympiques de 1896 venaient de 14 pays différents[40].
Les 28 pays recensés par Bill Mallon sont les suivants (le nombre indiqué entre parenthèses correspond au nombre d'athlètes engagés connus pour chaque pays)[38] :
Les deux pays supplémentaires indiqués par André Drevon sont le Portugal (participant aux épreuves desauvetage qui ne sont pas reconnues comme olympiques par Mallon)[38],[53],[54] et la Nouvelle-Zélande (présente aux épreuves de natation selon Drevon mais pas d'après Mallon)[38],[55].
Des athlètes de deux autres pays participent aux épreuves olympiques en 1900.Adolphe Klingelhoeffer, né en France, représente ce pays lors des épreuves d'athlétisme mais il est de nationalité brésilienne au moment des Jeux[56].Francisco Henríquez de Zubiría, également né en France mais détenteur de la nationalité colombienne en 1900, fait partie de l'équipe française detir à la corde[57].
Des sportifs venant de nations n'ayant pas encore leur indépendance en 1900 représentent un autre pays : des gymnastes algériens concourent pour France, des Irlandais font partie des équipes britanniques dans plusieurs sports[58] et l'escrimeur croateMilan Neralić représente l'Autriche[59].
Salle de courte paume aux Tuileries. L'épreuve est annulée faute de participants.
Les compétitions sont réparties pendant la durée de l'Exposition sur la période allant du au. Le programme suivant, qualifié de« complet et remarquablement intéressant », est adopté par la commission supérieure des exercices physiques et des sports lors de sa séance du[60] :
Section I — Jeux athlétiques : courses à pied et concours athlétiques, football rugby, football association, hockey, cricket, lawn-tennis, croquet, jeux de boules, baseball, crosse canadienne, longue paume, balle au tamis, courte paume, jeux de golf, pelote basque.
Section III — Escrime : concours de fleuret, concours d'épée, concours de sabre.
Section IV — Tir : tir à la cible, tir au fusil de chasse, tir aux pigeons, tir à l'arc et à l'arbalète, tir au canon.
Section V — Sport hippique : concours hippique, polo hippique.
Section VI — Vélocipédie : courses vélocipédiques.
Section VII —Automobilisme : concours de tourisme, concours de motocycles, courses de vitesse, concours de voitures de place et de livraison, concours de poids légers, concours de poids lourds.
Section VIII — Sport nautique : régates à l'aviron, concours de yachting à la voile, concours de bateaux à moteurs mécaniques, concours de natation, concours de pêche à la ligne.
Section IX — Sauvetage : concours de manœuvres de pompes à incendie, concours de sauvetage sur l'eau, concours de premiers secours aux blessés civils et militaires.
Section X — Aérostation : concours de ballons (vingt-quatre concours de natures diverses : durée, altitude, distance), concours de colombophilie.
Section XI — Exercices militaires préparatoires : fête et concours d’exercices militaires préparatoires
Section XII — Concours scolaires : Jeux athlétiques scolaires, aviron scolaire, gymnastique scolaire, fête des écoles communales de la ville de Paris, concours de fleuret inter-scolaire, championnat de tir des écoles supérieures, championnat de tir des lycées et collèges, championnat de tir des écoles primaires.
Jury du match de baseball entre équipes américaines, le sur les terrains duRacing Club de France auBois de Boulogne, après l'annulation des parties prévues du 14 au 19.
Plusieurs compétitions proposées dans la section I sont écartées : lepatinage peu pratiqué à Paris, l'haltérophilie« accaparée par les professionnels », lamarche qui« ne présente pas les caractères d'un concours de jeux athlétiques » et laboxe, lacanne et lalutte à cause de leur dangerosité et leur« caractère trop théâtral »[61]. Quatre concours ne sont pas organisés faute de participants : lehockey, lacrosse, laballe au tamis et lacourte paume[35]. Le tournoi debaseball n'a pas lieu non plus mais un match est joué entre deux équipes américaines. Il est mentionné dans le rapport de la délégation américaine mais pas dans le rapport des concours sportifs de l'Exposition[62].
Selon André Drevon, environ 477 épreuves sont disputées au total dans 34 disciplines dont trois réservées aux Français (concours scolaires, exercices militaires et tir au canon). Sept autres disciplines ne réunissent que des concurrents français et certaines épreuves des disciplines restantes sont réservées au Français[63]. Le Comité international olympique indique 95 épreuves[39] mais la liste des résultats olympiques disponible sur son site indique 85 épreuves pour un total de 89 podiums (deux finales pour le quatre avec barreur en aviron, deux courses pour trois catégories en voile)[64]. Le CIO n'a en fait jamais pris de décision formelle pour déterminer lesquelles des épreuves de 1900 il reconnaît comme olympiques[65]. Dans son livreThe 1900 Olympic Games,Bill Mallon a donc listé les épreuves qu'il considère comme olympiques en utilisant cinq critères : les épreuves doivent être internationales, sanshandicap, ouvertes à tout le monde (sans limite d'âge ni réservées aux débutants par exemple), sans véhicule motorisé et réservées aux amateurs (à l'exception de l'escrime)[66]. En appliquant ces critères, il retient 89 épreuves pour un total de 95 podiums (deux finales pour le quatre avec barreur en aviron, deux courses pour cinq catégories en voile)[67]. Le CIO et Bill Mallon reconnaissent tous deux 19sports et 20 disciplines[37],[64],[N 3], dont trois font leur seule apparition aux Jeux olympiques : lapelote basque, lecricket et lecroquet[68]. L'aviron, qui fait sa première apparition en tant que sport olympique lors de cette édition, fut le seul nouveau sport à avoir été présent depuis à chacune des éditions qui ont suivie jusqu'à nos jours.
La plaquette des Sports deFrédéric de Vernon remise aux participants des différents concours.
Des prix d'une valeur totale de 953 448 francs sont remis aux participants des concours sportifs de l'Exposition[36]. Des objets d'art sont généralement remis aux meilleurs sportifs amateurs et des prix en espèces aux professionnels. Des médailles et plaquettes sont également distribuées, notamment la plaquette des Sports envermeil, en argent ou en bronze gravée parFrédéric de Vernon. Un côté de cette plaquette représente un athlète sur un podium brandissant une branche delaurier avec à l'arrière-plan l'acropole d'Athènes, et l'autre côté une déesse ailée tenant des branches de laurier avec à l'arrière-plan des monuments de l'Exposition universelle[69],[70].
Le centre-ville deParis ne suffit pas pour accueillir la totalité de l'Exposition universelle. Un deuxième ensemble est donc prévu dans lebois de Vincennes, avec notamment les pavillons de l'Automobile et du Cycle et les sites des épreuves sportives. Il est desservi par lapremière ligne du métro de Paris qui ouvre en[53]. La seule installation sportive déjà présente à cet endroit est un vieux vélodrome qui est choisi pour les concours de tir à l'arc. L'aménagement des sites nécessaires pour y accueillir tous les concours sportifs« entraînerait desfrais de construction élevés et ne répondrait pas au but que l'on poursuit : la création de grands concours passagers sans dédoublement de l'Exposition elle-même ». Le projet est donc modifié et les compétitions sont réparties dans la région parisienne, et ailleurs en France pour le golf et la voile[30],[71],[72].
De nombreuses épreuves ont tout de même lieu dans le bois de Vincennes. Le cyclisme étant un des sports les plus populaires à l'époque, unnouveau stade vélodrome d'une capacité de 4 000 places y est bâti pour un coût de 300 000 francs répartis à parts égales entre l'Exposition et la ville de Paris qui cherchait à en construire un[71],[73],[74]. Il accueille les compétitions decyclisme, degymnastique, decricket, defootball et derugby. Les concours d'automobilisme, detir au canon, decolombophilie, desauvetage et deballons sont également disputés au bois de Vincennes, notamment autour dulac Daumesnil[75].
Les sites des compétitions qui se sont déroulées à Paris et dans sa proche banlieue sont indiqués sur la carte suivante. Cinq sites se trouvent en dehors de la carte :Argenteuil (courses de bateaux à moteur),Satory (tir), legolf de Compiègne,Meulan etLe Havre (voile)[75].
Les concours sportifs de l'Exposition universelle s'étendent du au. Aucune cérémonie d'ouverture ou de clôture n'est organisée pour les épreuves[83],[84], mais les concours sportifs sont mentionnés par le ministreAlexandre Millerand lors de la cérémonie de clôture de l'Exposition[85].
Les épreuves d'athlétisme sont les seules qui sont promues en tant qu'épreuves olympiques à l'étranger[86]. Appelées « Championnats du monde » dans le rapport officiel, elles ont lieu le1er juillet, le et le pour les professionnels et sur cinq journées entre le 14 et le pour les amateurs. Elles sont disputées à laCroix-Catelan dans lebois de Boulogne, sur les terrains duRacing Club de France[87]. Les courses ont lieu sur une piste en herbe de 500 mètres parsemée de trous et de bosses[86]. Le comité d'organisation estime que jusqu'à 2 000 à 3 000 spectateurs, dont beaucoup d'Américains, assistent aux épreuves. Au total, plus de 700 athlètes dont environ 200 étrangers (la moitié sont américains) participent aux compétitions[87]. Les amateurs disputent 24 épreuves sanshandicap et 12 avec handicap et les professionnels s'affrontent dans dix épreuves (sept courses, lesaut en hauteur, le saut en longueur, et le lancer du poids)[88]. En recensant les participants aux épreuves amateurs sans handicap, considérées comme olympiques,Bill Mallon en compte 115 venant de 16 pays[38].
Alvin Kraenzlein, vainqueur de quatre épreuves, lors du saut en longueur.
Les compétitions amateurs sont largement dominées par lesAméricains.Alvin Kraenzlein, champion amateur des États-Unis dans trois épreuves en 1899 et détenteur du record du monde du saut en longueur, participe à huit épreuves en trois jours. Il remporte le 60 mètres en 7 secondes, avec un dixième d'avance sur son compatrioteWalter Tewksbury. Lors des séries du 110 mètres haies, il bat le record du monde avec un temps de 15,6 secondes puis gagne la finale en 15,4 secondes devant ses compatriotesJohn McLean etFrederick Moloney. Il remporte également le 200 mètres haies devantNorman Pritchard (Inde britannique) et Walter Tewksbury[89]. Kraenzlein est le seul à franchir facilement les haies ; il est considéré comme l'inventeur de la technique de franchissement moderne[90]. Le, les qualifications du saut en longueur sont remportées par l'AméricainMeyer Prinstein grâce à un saut de 7,17 mètres. La finale est prévue le dimanche et plusieurs universités américaines affiliées auméthodisme qui interdisent à leurs athlètes de concourir le dimanche demandent aux organisateurs de la déplacer. Après le refus des Français, les athlètes américains se mettent d'accord pour ne pas se présenter à la finale. Prinstein, qui est de confession juive, accepte également. Alvin Kraenzlein participe cependant à la finale et bat d'un centimètre le saut de Prinstein ; il obtient donc une quatrième victoire. Bien qu'il n'ait pas participé à la finale, les organisateurs attribuent la deuxième place à Prinstein qui se sent trahi par son compatriote. Le lendemain, Prinstein gagne l'épreuve du triple saut devant le champion olympique en titreJames Connolly[91]. Après les Jeux de 2016, Alvin Kraenzlein est toujours le seul sportif ayant remporté quatre titres individuels en athlétisme en une édition des Jeux[92].
Le grand favori du100 mètres est l'AméricainArthur Duffey qui a battu ses principaux rivauxFrank Jarvis etWalter Tewksbury lors d'une course organisée une semaine plus tôt. Bien qu'ils n'aient jamais couru sur une piste en herbe auparavant, Jarvis et Tewksbury égalent le record du monde qui est de 10,8 secondes pendant les séries alors que Duffey semble s'être économisé. Lors de la finale, Duffey a déjà une forte avance à mi-parcours mais, probablement victime d'une entorse, il s'effondre peu après et laisse Jarvis gagner devant Tewksbury alors que l'AustralienStan Rowley obtient la troisième place[93]. Bien que les Américains ne soient pas habitués à participer à cette épreuve, Tewksbury remporte le 400 mètres haies devant le FrançaisHenri Tauzin qui était invaincu jusque-là[94]. Également deuxième du 60 mètres et troisième du 200 mètres haies, Tewksbury obtient sa cinquième médaille en gagnant le 200 mètres devant Norman Pritchard[95]. Encouragé par les spectateurs français qui confondent son uniforme bleu et blanc de l'université Columbia avec celui du Racing Club de France, l'AméricainMaxie Long remporte le 400 mètres alors que trois de ses compatriotes ne participent pas à la finale, qui a lieu un dimanche, pour des raisons religieuses[96].
L'AméricainRay Ewry, vainqueur de trois épreuves, lors du saut en hauteur sans élan.
L'AméricainRay Ewry, victime de lapoliomyélite, a perdu l'usage de ses jambes entre 12 et 17 ans. À Paris, alors qu'il a 27 ans, il remporte pourtant les trois premiers des huit titres olympiques de sa carrière. Il gagne d'abord l'épreuve du saut en hauteur sans élan en battant le record du monde grâce à un saut de 1,65 mètre, devant son compatrioteIrving Baxter qui est en partie d'originesioux. Il remporte ensuite le saut en longueur sans élan en franchissant 3,21 mètres, également devant Baxter. Enfin, il atteint 10,58 mètres lors dutriple saut sans élan toujours devant Baxter. Après cette performance, le public parisien le surnomme « l'homme caoutchouc »[97]. Le concours du saut à la perche a lieu dans la confusion : trois des meilleurs sauteurs américains ne veulent pas que l'épreuve ait lieu un dimanche. Deux d'entre eux,Charles Dvorak et Bascom Johnson, se présentent tout de même au concours mais ils repartent car on leur dit qu'il est reporté. Les officiels changent ensuite d'avis et l'épreuve a lieu sans eux mais en présence de Baxter, encore présent après avoir remporté le saut en hauteur. Baxter gagne le saut à la perche devant son compatrioteMeredith Colket. Les Américains protestent et deux autres concours sont organisés mais les résultats finaux ne sont pas modifiés[98]. Irving Baxter compte donc au total cinq médailles[86].
Les Britanniques dominent les courses de demi-fond et de fond :Alfred Tysoe remporte le 800 mètres en2 min 1 s 2 alors que l'AméricainDavid Hall, qui a couru en1 min 59 s 0 lors des qualifications, termine au troisième rang[99] etCharles Bennett bat le record du monde en terminant le 1 500 mètres en4 min 6 s 2 devant le FrançaisHenri Deloge et l'AméricainJohn Bray[100].George Orton, paralysé jusqu'à l'âge de 12 ans après être tombé d'un arbre, remporte le 2 500 mètressteeple 45 minutes après avoir terminé au troisième rang du 400 mètres haies. Il est le premier médaillé olympique canadien. Le BritanniqueSidney Robinson et le FrançaisJean Chastanié qui ont mené la plupart de la course terminent deuxième et troisième[101]. Le BritanniqueJohn Rimmer gagne le 4 000 mètres steeple devant ses compatriotesCharles Bennett etSidney Robinson après avoir mené du début à la fin. Le 5 000 mètres par équipes, auquel les Américains ne participent pas car la course a lieu un dimanche, est remporté par les Britanniques devant les Français. L'AustralienStan Rowley, trois fois médaillé de bronze en sprint, participe avec les Britanniques à qui il manquait un athlète mais son résultat n'est pas pris en compte car seuls les quatre meilleurs temps de chaque équipe sont comptabilisés[102].
Le HongroisRudolf Bauer remporte le lancer du disque devant le BohémienFrantišek Janda-Suk et l'AméricainRichard Sheldon. La zone d’atterrissage des disques se trouve entre deux rangées d'arbres, ce qui augmente la difficulté de l'épreuve[103]. Lors du lancer du marteau, c'est un chêne situé dans la zone de lancement qui perturbe les athlètes. Détenteur du record du monde, l'AméricainJohn Flanagan doit attendre son quatrième essai pour se placer au premier rang devant deux compatriotes[104]. Les Américains réalisent également un triplé lors du lancer du poids[86].
Le départ et l'arrivée dumarathon se situent à la Croix-Catelan et le parcours, d'une longueur de 40,260 kilomètres, suit lesfortifications de Paris ce qui lui vaut le surnom de« marathon des fortifs ». Les concurrents prennent le départ en milieu d'après-midi par une température de39 degrés. À certains endroits, ils doivent trouver leur chemin parmi les automobiles, les cyclistes, les tramways, les carrioles des artisans, les passants et les troupeaux de moutons et de vaches conduits vers lesabattoirs de la Villette. Les cinq concurrents français ont reconnu le parcours mais le SuédoisErnst Fast, qui fait partie des favoris, est mal aiguillé par un policier à laporte de Passy alors qu'il est en tête et prend du retard. Un autre des favoris, le FrançaisGeorges Touquet-Daunis, s'arrête dans un café après 12 kilomètres et annonce après quelques bières qu'il ne repartira pas à cause de la chaleur. Seuls sept des treize concurrents terminent la course. Le marathon est remporté en2 h 59 min 45 s par le Luxembourgeois courant pour la FranceMichel Théato, devant le FrançaisÉmile Champion et Ernst Fast[105],[106]. Les Britanniques et les Américains accusent Théato d'avoir pris des raccourcis et d'avoir été escorté[107].
Enaviron, une journée de régates populaires sur laMarne est d'abord organisée le pour les rameurs dits « de promenade ou indépendants ». Elle compte 270 participants et réunit 10 000 spectateurs. Les compétitions ont ensuite lieu les samedi 25 et dimanche sur laSeine, dans le bassin d'Asnières-Courbevoie. Neuf épreuves sont au programme : une course à un rameur senior, les courses à deux, quatre et huit rameurs juniors et seniors, une course à quatre rameurs seniors secondaire et une course à quatre rameurs pour débutants[108]. Les épreuves éliminatoires ont lieu le samedi et le dimanche matin et les finales, pour lesquelles la navigation sur la Seine est interrompue, le dimanche après-midi[109]. La longueur du parcours est de 1 750 mètres[110]. Pour les quatre épreuves seniors considérées comme des épreuves olympiques, Bill Mallon recense 107 participants venant de huit pays[38]. Les épreuves sont très populaires auprès du public[111].
Les compétitions decroquet ont lieu les week-ends entre le et le sur la pelouse de Madrid dans le bois de Boulogne. Ce programme dissuade les joueurs provinciaux et étrangers de participer au concours ; une douzaine de Parisiens seulement (dont trois femmes) y prennent part. Un amateur anglais, probablement le seul spectateur payant, fait le déplacement depuis Nice pour assister à la première journée[47],[119]. C'est la seule apparition de ce sport aux Jeux olympiques mais leroque, une variante du croquet, fait partie du programme en1904[120].
Quatre épreuves sont disputées : le championnat simple à une boule par point, le championnat simple par camps (deux boules contre deux boules), le championnat double et le handicap simple à deux boules[119]. Les trois premières sont considérées comme olympiques[121]. L'épreuve à une boule se joue sur plusieurs tours à élimination ; elle est remportée parGaston Aumoitte devantGeorges Johin etChrétien Waydelich[122]. Chrétien Waydelich gagne le concours à deux boules devantMaurice Vignerot, vainqueur de l'épreuve avec handicap, etJacques Sautereau[123]. Seuls les noms des vainqueurs du championnat double sont connus : il s'agit des deux premiers de l'épreuve à une boule, Gaston Aumoitte et Georges Johin[124].
Les épreuvescyclistes, appelées « courses vélocipédiques », ont lieu dans levélodrome de Vincennes entre le 9 et le[125]. Les courses professionnelles de ce sport très populaire à l'époque comprennent le 1 000 mètres, le 2 000 mètres, le 100 kilomètres, le 100 milles (160 kilomètres) et le Bol d'or couru sur 24 heures.Maurice Garin, futur vainqueur dupremier Tour de France en 1903, termine troisième du Bol d'or[5],[126]. Trois courses sont réservées aux amateurs et donc considérées comme olympiques : la vitesse individuelle, la course aux points et les 25 kilomètres[127],[128]. Selon Bill Mallon, 72 cyclistes (dont 59 Français) venant de six pays y prennent part[38].
Selon les règles décidées lors duIer Congrès olympique en 1894, l'escrime est la seule discipline olympique à laquelle les professionnels peuvent participer[41]. Les sept épreuves organisées à Paris sont donc considérées comme olympiques : une épreuve amateur et une pour les professeurs dans chaque arme (fleuret,épée etsabre), et une finale à l'épée entre les meilleurs professeurs et amateurs. L'escrime est un des sports les plus populaires en France à l'époque et c'est la discipline olympique qui réunit le plus d'athlètes en 1900 :258 dont47 étrangers venant de18 pays[38],[132].
Les concours de fleuret ouvrent le programme des concours sportifs le. Ils sont disputés dans la salle des fêtes de l'Exposition sur leChamp-de-Mars[133]. Lors du tournoi amateur, des séries permettent de qualifier 8 des 54 escrimeurs pour la finale lors de laquelle chacun d'entre eux affronte les sept autres. Le capitaineÉmile Coste remporte la compétition avec six victoires, devantHenri Masson (cinq) etMarcel Boulenger (quatre)[134]. Pendant le tour final du tournoi des maîtres,Lucien Mérignac etAlphonse Kirchhoffer ont chacun six victoires ; ils disputent donc un match de barrage remporté par Mérignac.Jean-Baptiste Mimiague termine au troisième rang[135].
Les concours d'épée ont lieu en plein air, sur la terrasse duJeu de paume aujardin des Tuileries, ou dans des tentes les jours de pluie. Après les séries éliminatoires, les trois meilleurs de chacune des trois demi-finales disputent unepoule finale.Ramón Fonst, un Cubain de 16 ans qui a grandi en France, la termine à égalité avecLouis Perrée (deux touches chacun). Après une touche invalidée par le jury de chaque côté, Fonst contre une attaque de Perrée et remporte le barrage. La troisième place revient àLéon Sée[77],[136].Albert Ayat, le professeur de Fonst, remporte le concours des maîtres devantGilbert Bougnol etHenri Laurent. Les quatre meilleurs amateurs et les quatre meilleurs maîtres s'affrontent ensuite dans une poule finale. Albert Ayat obtient la première place devant son élève Ramón Fonst et Léon Sée[77].
Finalement, les concours au sabre ont lieu dans la salle des fêtes de l'Exposition. Vingt-trois escrimeurs dont treize étrangers prennent part au concours amateur. Le comteGeorges de La Falaise remporte la compétition en gagnant six de ses sept matchs du tour final, devantLéon Thiébaut qui en gagne cinq. L'AutrichienSiegfried Flesch termine au troisième rang[137]. Deux Italiens obtiennent les deux premières places du tournoi des maîtres :Antonio Conte, professeur à Paris, etItalo Santelli qui enseigne à Budapest. L'AutrichienMilan Neralić est troisième[5].
Un attelage à quatre chevaux lors de la présentation.
Lesconcours hippiques sont organisés du au par laSociété hippique française sur laplace de Breteuil à Paris[5],[138]. Cinq épreuves sont organisées : le saut d'obstacles, le saut en hauteur et le saut en longueur reconnus par le CIO ainsi que l'attelage à quatre chevaux et le prix international de selle, non reconnus par le CIO[138] mais considérés comme olympiques parBill Mallon etDavid Wallechinsky[139],[140]. Selon Mallon, 48 athlètes (dont une femme) venant de huit pays participent aux épreuves[38]. La Grande-Bretagne n'est pas représentée car ses cavaliers sont impliqués dans laseconde guerre des Boers[141].
Quatre matchs defootball, sport appelé à l'époque « football-association », sont prévus sur la pelouse duvélodrome de Vincennes : une équipe française doit affronter successivement une équipe suisse, une équipe belge, une équipe allemande et une équipe anglaise. Mais les Suisses et les Allemands n'envoient pas d'équipe à Paris, et seules trois équipes en tout se présentent. L'Union des sociétés françaises de sports athlétiques choisit leClub français, champion de Paris, pour représenter la France. Deux matchs ont finalement lieu. Le Club français affronte devant 500 spectateurs l'Upton Park Football Club qui représente la Grande-Bretagne[145]. Les Anglais remportent la partie par quatre buts à zéro, dont deux marqués parJ. Nicholas avant sa sortie pour une entorse à la cheville[146]. La Belgique est représentée par une sélection d'étudiants venant de différentes universités du pays, notamment de Bruxelles, et la plupart d'entre eux se rencontrent pour la première fois. Le Club français bat la sélection belge sur le score de 6-2 devant 1 500 spectateurs. Aucun classement concernant les matchs de football n'apparaît dans le rapport des concours sportifs de l'Exposition[145]. Le club français est le seul à avoir joué deux matchs, les Britanniques et les universitaires belges ne s'étant même pas affrontés. Pourtant, un podium olympique sera établi plus tard : le club britannique est considéré vainqueur devant le Club français et la sélection belge (qui compte également un joueur britannique)[146],[147].
L'AméricaineMargaret Abbott qui remporte le tournoi féminin.
Les épreuves degolf sont organisées augolf de Compiègne dans l'Oise car il n'y a pas de terrain plus proche de Paris. Les spectateurs viennent pour la plupart de l'étranger[82]. Trois épreuves sont au programme : le tournoi masculin d'amateurs (appelé « Grand prix de l'Exposition de 1900 »), le tournoi féminin (« Prix de la ville de Compiègne ») et le « Handicap d'amateurs » pour les hommes[148], non reconnu comme olympique[149].
Le tournoi masculin a lieu le et réunit douze golfeurs. L'AméricainCharles Sands, du club de Saint Andrews àYonkers (New York), termine les deux manches en 167 coups et remporte la compétition. Il participe également à l'épreuve olympique de tennis. L'ÉcossaisWalter Rutherford du club deJedburgh est deuxième avec 168 coups et l'AnglaisDavid Robertson membre du club deTroon prend la troisième place avec 175 coups[148],[150]. Le lendemain, le tournoi féminin réunit dix participantes. L'AméricaineMargaret Abbott du club deChicago gagne le concours en terminant le parcours de neuf trous en 47 coups. Elle est venue à Paris en 1899 avec sa mèreMary Abbott, qui termine septième du tournoi, pour étudier l'art. Plus tard, elle explique sa victoire par le fait que« toutes les Françaises avaient apparemment mal compris la nature du jeu prévu ce jour-là et sont venues en hauts talons et jupes serrées[N 4] ». Elle meurt en 1955 sans savoir qu'elle a remporté le tournoi olympique[47], ni qu'elle est la première championne olympique américaine de l'histoire. Elle restera la seule médaillée d'or de son sport jusqu'au retour du tournoi féminin degolf au programme olympique à Rio en 2016.Pauline Whittier, une Américaine deBoston qui étudie àSaint-Moritz en Suisse, est deuxième avec un score de 49 coups. La troisième place revient àDaria Pratt (53 coups), une Américaine membre du club deDinard enBretagne[151].
Au cœur de l'éducation sportive de laTroisième République, lagymnastique est, selonJules Ferry,« l'avant-garde pacifique de la patrie en arme ». Les concours sont disputés auvélodrome de Vincennes[5],[7]. La vingt-sixième fête fédérale de l'Union des sociétés de gymnastique de France réunit 8 050 participants les 3 et[152],[141]. Un défilé des gymnastes a lieu le dans le vélodrome[33]. Le Championnat international a lieu les 29 et et le concours de l'Association des sociétés de gymnastique de la Seine est organisé le[5].
Le Championnat international compte 135 participants dont 108 Français[38]. Il se dispute sur 16 épreuves : la barre horizontale, les barres parallèles, les anneaux, le cheval d'arçon et l'exercice au sol (à chaque fois un exercice imposé et un exercice libre) ainsi que le saut de cheval, le saut en hauteur, le saut en longueur, le saut à la perche, la montée à la corde et le lever de pierre. Chaque épreuve peut rapporter 20 points, ce qui donne un maximum de 320 points[153]. Le FrançaisGustave Sandras remporte le concours avec 302 points devant ses compatriotesNoël Bas (295) etLucien Démanet (293)[154]. Après les Jeux de 2016, Sandras est toujours le seul Français champion olympique de gymnastique dans le concours général individuel[141],[155].
Les épreuves denatation sont organisées sur laSeine entreCourbevoie etAsnières. Elles attirent au total 183 nageurs venus de 14 pays dont 66 étrangers. Parmi eux on compte 16 plongeurs suédois effectuant des démonstrations[156] et 24 professionnels participant à la seule course qui leur est réservée, un 4 000 mètres[157]. Les sept autres épreuves sont réservées aux amateurs et reconnues comme olympiques ; Bill Mallon y a recensé 78 participants connus venant de 12 pays[64],[38]. Des séries de six nageurs sont organisées et les chronométreurs et juges suivent les concurrents en utilisant des bateaux ou des barques. Jusqu'à 5 000 spectateurs assistent aux compétitions[156].
Le départ du 4 000 mètres nage libre.
Les concurrents du 200 mètres nage libre obtiennent des temps très rapides pour l'époque car ils nagent dans le sens du courant. L'épreuve est remportée par l'AustralienFrederick Lane devant le HongroisZoltán von Halmay, qui utilise une nouvelle technique proche ducrawl[158]. Lors du 200 mètres par équipes, les participants parcourent la distance en même temps et des points sont attribués à chaque équipe selon le classement de ses cinq nageurs. Les Britanniques de l'Osborne Swimming Club, favoris, sont disqualifiés car ils arrivent en retard. L'équipe berlinoise remporte la compétition devant les Tritons lillois et lesPupilles de Neptune de Lille[159],[160]. Le BritanniqueJohn Arthur Jarvis, favori du 1 000 mètres nage libre, remporte facilement la course avec plus d'une minute d'avance sur l'AutrichienOtto Wahle et Zoltán von Halmay[161]. Il gagne également le 4 000 mètres nage libre amateurs avec cette fois plus de dix minutes d'avance sur ses poursuivants. Zoltán von Halmay, deuxième, gagne sa troisième médaille et le FrançaisLouis Martin obtient la troisième place[162]. L'AllemandErnst Hoppenberg remporte le 200 mètres dos devant l'AutrichienKarl Ruberl alors que le favori, le BritanniqueRobert Crawshaw, ne termine pas la course[160]. Lors du 200 mètres avec obstacles, les nageurs doivent franchir une barre horizontale, passer par-dessus une rangée de bateaux et nager sous une autre rangée de bateaux. Le vainqueur du 200 mètres nage libre, Frederick Lane, traverse l'arrière des bateaux où le passage est plus facile qu'au milieu et s'impose avec une petite avance sur Otto Wahle[159]. Lors de l'épreuve du parcours sous l'eau, les participants doivent plonger et nager le plus loin et le plus longtemps possible en restant sous la surface de l'eau. Deux points sont attribués pour chaque mètre parcouru en ligne droite et un point pour chaque seconde. Deux membres des Tritons de Lille,Charles Devendeville etAndré Six, obtiennent les premières places avec respectivement 188,4 et 185,4 points. Le DanoisPeder Lykkeberg, qui termine au troisième rang, a parcouru une distance plus grande mais a reçu moins de points car son tracé n'était pas rectiligne[163]. Trois de ces sept épreuves (le 200 mètres par équipes, la course d'obstacles et le parcours sous l'eau) font leur seule apparition aux Jeux olympiques[164].
Les concours depelote basque, un réservé aux amateurs et un pour les professionnels, sont prévus sur le terrain de la Société du Jeu de pelote àNeuilly-sur-Seine[80]. Une équipe française venant deCambo (Basses-Pyrénées) et deux équipes madrilènes s'affrontent dans le tournoi professionnel qui attire jusqu'à mille spectateurs[165]. Une équipe française et une équipe espagnole s'inscrivent au tournoi amateur, mais les Français se retirent avant la compétition. Le premier prix est tout de même remis àFrancisco Villota, de Madrid, etJosé de Amézola, de Bilbao[166],[167]. Ils sont reconnus 104 ans plus tard comme les premiers champions olympiques espagnols[168]. Les Français,Maurice Durquetty etEtchegaray, sont considérés comme les médaillés d'argent[169],[170].
Le Bagatelle Polo Club de Paris, médaillé de bronze.
Les épreuves depolo sont disputées sur le terrain duBagatelle Polo Club de Paris entre le et le. Plusieurs compétitions internationales sont organisées, les participants étant regroupés selon leur niveau[171]. Cinq équipes participent au grand prix international de l'Exposition reconnu comme le tournoi olympique. Les Foxhunters Hurlingham battent le Compiègne Polo Club en quart de finale (10-0), le Bagatelle Polo Club de Paris en demi-finale (6-4) et le Polo ClubRugby en finale (3-1). L'équipe vainqueur est composée de joueurs britanniques et américains. Les joueurs du Polo Club Rugby, qui perd la finale après une victoire sur le score de 8-0 contre une équipe mexicaine en demi-finale, sont britanniques, américains et français. La troisième place est partagée entre le Bagatelle Polo Club de Paris (France et Grande-Bretagne) et l'équipe mexicaine[38],[169],[172].
Trois matchs derugby à XV, appelé à l'époque « football rugby », sont prévus auvélodrome de Vincennes : France – Allemagne, Grande-Bretagne – Allemagne et France – Grande-Bretagne. La partie entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne n'a cependant pas lieu car les équipes ne peuvent pas rester à Paris pendant les quinze jours nécessaires[173]. L'équipe de l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques, composée de joueurs venant de différents clubs du pays, représente la France. L'équipe allemande est celle duFußballclub Frankfurt et les Moseley Wanderers représentent la Grande-Bretagne[174],[175].
Devant 2 519 spectateurs payants, la France bat l'Allemagne le sur le score de 27–17[5]. Le journalisteFrantz Reichel joue notamment avec l'équipe française[176]. Le match entre les Français et les Anglais, qui a lieu le, est la dernière compétition des Jeux olympiques de 1900[5]. Il est joué devant 6 000 spectateurs dont 4 389 payants. Les Anglais, qui arrivent à Paris le matin même après avoir joué à Birmingham la veille, perdent sur le score de 27-8[5],[177]. Selon le palmarès olympique, la France est médaillée d'or et les Anglais et les Allemands médaillés d'argent[177],[178]. Un joueur français d'origine haïtienne,Constantin Henriquez, est le premier participant noir connu aux Jeux olympiques[179].
La Française Antoinette Gillou qui participe au double mixte.
Les tournois detennis, appelé à l'époque « lawn-tennis », sont organisés sur les terrains de la société de sports de l'île de Puteaux fondée en 1886[79]. Le lieu est défini cinq jours avant le début des compétitions quand les terrains duCercle du bois de Boulogne choisis initialement sont jugés insuffisants. Quatre tournois amateurs, un tournoi professionnel et six tournois avechandicap ont lieu à partir du. Les joueurs britanniques remportent les quatre tournois amateurs sans handicap qui réunissent 26 participants venus de quatre pays[180],[181].
Les frères Doherty sont les favoris dusimple messieurs :Reginald a gagnéWimbledon de 1897 à 1900 alors queLawrence fera de même de 1902 à 1906. Ils se retrouvent en demi-finale. Comme ils n'acceptent de s'affronter que lors des tournois majeurs, Reginald déclare forfait et laisse Lawrence accéder à la finale. Ce dernier y bat l'IrlandaisHarold Mahony, qui avait battu en demi-finale le BritanniqueArthur Norris[182],[181]. Les frères Doherty disputent ensemble ledouble messieurs. Après avoir éliminé Mahony et Norris en demi-finale, ils gagnent facilement la finale contre une paire composée de l'AméricainBasil de Garmendia et du FrançaisMax Decugis sur le score de 6-1, 6-1, 6-0[183]. Lors des demi-finales dusimple dames, la BritanniqueCharlotte Cooper qui a déjà remporté trois fois Wimbledon élimine la championne des États-Unis 1899Marion Jones alors queYvonne Prévost, considérée comme la meilleure joueuse française, bat la BohémienneHedwig Rosenbaum[184]. Cooper remporte la finale contre Prévost sur le score de 6-1, 6-4[185] et devient la première femme championne olympique dans une épreuve individuelle[33]. Reginald Doherty et Charlotte Cooper dominent ledouble mixte, gagnant la finale contre Harold Mahony et Hélène Prévost[186].
Trois épreuves de tir au pistolet apparaissent au palmarès olympique. Le tir à 25 mètres feu rapide (60 coups) est dominé par les Français :Maurice Larrouy,Léon Moreaux etEugène Balme obtiennent les trois premières places[192]. Au tir à 50 mètres (60 coups), le SuisseKarl Conrad Röderer gagne le premier prix grâce à ses 503 points sur 600 possibles. Il devance le FrançaisAchille Paroche (466 points) et le SuisseKonrad Stäheli (453 points)[194]. La Suisse remporte également le tir à 50 mètres par équipe : ses cinq tireurs obtiennent un total de 2 271 points sur 3 000 possibles. La France est deuxième avec 2 203 points et les Pays-Bas troisièmes avec 1 876 points[192]. Cinq épreuves de tir à la carabine sont considérées comme olympiques. Lors de l'épreuve par équipes du tir à 300 mètres trois positions, les cinq participants de chaque équipe tirent 40 fois couché, 40 fois à genoux et 40 fois à genoux ce qui donne un total de 6 000 points possibles. La Suisse est première avec 4 399 points, devant la Norvège (4 290 points) et la France (4 278 points)[195]. Le SuisseEmil Kellenberger remporte le tir trois positions devant le DanoisAnders Peter Nielsen, qui a battu Kellenberger au tir couché mais moins bien réussi le tir debout. Le NorvégienOle Østmo et le BelgePaul van Asbroeck obtiennent le troisième prix[196]. Des classements pour chaque position sont établis à partir des mêmes résultats. Les scores du tir couché sont serrés : le FrançaisAchille Paroche est premier avec 332 points sur 400 possibles alors qu'Anders Peter Nielsen est deuxième avec 330 points et le NorvégienOle Østmo troisième avec 329 points[197]. Déjà vainqueur des deux épreuves par équipe et troisième au tir du pistolet à 50 mètres, Konrad Stäheli remporte l'épreuve de tir à la carabine à genoux avec un total de 324 points. Emil Kellenberger et Anders Peter Nielsen, qui obtiennent 314 points, se partagent la deuxième place. Le Danois Lars Jørgen Madsen remporte le tir debout devant Ole Østmo et le BelgeCharles Paumier du Verger[192]. Lors du ball-trap, le FrançaisRoger de Barbarin et le BelgeRené Guyot atteignent chacun 17 cibles sur 20. Ils disputent donc un barrage qui est remporté par Roger de Barbarin. Le FrançaisJustinien Clary est troisième bien qu'il ait également obtenu 17 points[198].
Après une parade officielle qui permet à 1 723 délégués représentant les compagnies d'arc et d'arbalète de défiler dans Paris le, les épreuves detir à l'arc ont lieu du au dans l'ancien vélodrome de Vincennes, situé à proximité dunouveau. Cet emplacement a le désavantage d'être exposé au vent. Les concours réunissent 5 254 tireurs dont 200 étrangers venus de Belgique et des Pays-Bas[199]. Cependant, seuls 17 d'entre eux sont connus (treize Français et quatre Belges)[38]. À l'exception du Championnat du monde qui n'oppose que deux tireurs, le Comité international olympique reconnaît les six épreuves auxquelles des étrangers ont participé, ce qui exclut le Championnat de France, le Championnat des sociétés et le tir à l'arbalète[200],[201],[202].
Les médaillés du tir au chapelet et du tir au cordon doré à 33 mètres sont identiques : le BelgeHubert Van Innis devance les FrançaisVictor Thibault etFrédéric Petit. Le podium du tir au chapelet à 50 mètres dominé parEugène Mougin est entièrement français, alors que lors du tir au cordon à 50 mètres le FrançaisHenri Hérouin devance Hubert Van Innis et le FrançaisÉmile Fisseux[200]. Le concours du tir à la perche, épreuve populaire dans le Nord de la France et en Belgique, consiste à viser des cibles situées au sommet d'un mat[199]. Deux épreuves de ce type sont disputées : le BelgeEmmanuel Foulon remporte le concours à la herse et le FrançaisÉmile Grumiaux le concours à la pyramide. Finalement, le Championnat du monde oppose les deux meilleurs archers du tir au chapelet et au cordon doré : au tir au berceau (à la cible), Henri Hérouin domine Hubert Van Innis. Cette épreuve considérée comme olympique parBill Mallon n'est pas reconnue par le CIO[202],[200].
L'équipe scandinave vainqueur du Racing Club de France, au tir à la corde.
L'épreuve detir à la corde (ou lutte à la corde) est organisée avec les compétitions d'athlétisme à laCroix-Catelan. Deux équipes s'inscrivent : la France, représentée par leRacing Club de France, et les États-Unis. Cependant, les Américains déclarent forfait car trois membres de leur équipe participent au même moment au lancer du marteau. Ils sont remplacés par des athlètes suédois et danois qui décident au dernier moment de former une équipe commune. Les Scandinaves remportent assez facilement les deux manches. À la fin de la journée, les Américains affrontent les Scandinaves hors compétition. Après avoir remporté la première manche, les Américains sont en train de perdre la deuxième quand certains de leurs compatriotes se trouvant dans le public commencent à tirer la corde pour les aider. Les officiels interviennent ensuite pour éviter une bagarre entre les deux équipes[203],[204].
Deux sites différents sont utilisés pour les compétitions devoile. Les courses pour les bateaux de moins de 10 tonneaux, répartis en cinq catégories, ont lieu sur le plan d'eau du Cercle de la voile de Paris sur laSeine àMeulan. Les courses pour les voiliers plus gros, répartis en deux catégories, sont organisées par la Société des régates duHavre et ont lieu en mer[205]. Les bateaux sont classés selon lajauge Godinet qui est en vigueur depuis 1892[206]. D'après le décompte deBill Mallon, 97 compétiteurs (dont une femme) sont connus : 75 Français et 22 étrangers venant d'Allemagne, des États-Unis, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et de Suisse[38]. Pour établir le classement des courses de chaque catégorie, le temps des équipages est ajusté selon le poids de leur bateau. Ce sont donc des courses avechandicap ; l'historienDavid Wallechinsky ne les considère pas comme olympiques pour cette raison[207].
Les compétitions des bateaux légers ont lieu sur laSeine, àMeulan.
Les régates de Meulan commencent le par la course ouverte, à laquelle tous les bateaux de moins de 10 tonneaux doivent participer pour pouvoir concourir dans leur catégorie respective les jours suivants. Soixante-cinq voiliers prennent le départ de cette course de 11 kilomètres. Le vent est si faible qu'aucun bateau n'arrive avant le délai prévu, qui est donc prolongé. Sept bateaux sont classés dont deux sont ensuite disqualifiés pour avoir utilisé un autre moyen de propulsion que leurs voiles[208],[209]. La course est remportée par le bateauScotia du BritanniqueLorne Currie devantAschenbrödel de l'AllemandPaul Wiesner etTurquoise du FrançaisÉmile Michelet[210]. Le vent est suffisant lors des courses suivantes mais les conditions sont tout de même difficiles à cause du grand nombre de bateaux présents dans la Seine au même moment. Deux courses sont organisées pour chacune des cinq catégories. Dans certains cas le Comité international olympique les reconnaît les deux[211],[212]. Les courses pour les bateaux de moins de 0,5 tonneau se font sur huit kilomètres. Tous les participants sont français. La première course est remportée parBaby dePierre Gervais et la seconde parFantlet d'Émile Sacré[213]. La première course des bateaux de0,5 à1 tonneau, courue sur15 kilomètres, est remportée parAschenbrödel qui devanceScotia de17 secondes. Le bateau allemand est cependant disqualifié pour sa jauge trop élevée (1,04 tonneau) et la première place revient aux Britanniques tandis que l'équipage français deCrabe II, arrivé avec dix minutes de retard, prend la deuxième place[208]. Les équipages français dominent la deuxième course puisqueCarabinier termine au premier rang devantScamasaxe etCrabe II[211]. Les courses des bateaux d'un à deux tonneaux se font sur un parcours de19 kilomètres. Le bateau suisseLerina, sur lequel se trouve la comtesseHélène de Pourtalès, remporte la première course dont il est le seul participant étranger. Après avoir changé de catégorie,Aschenbrodel gagne la deuxième course devantLerina[214]. SurOlle, le BritanniqueWilliam Exshaw et ses coéquipiers français remportent les deux courses de deux à trois tonneaux d'une distance de 19 kilomètres devant le bateau françaisFavorite. Ce dernier a remporté lacourse 1 au temps mais a été classé deuxième selon son temps ajusté[215]. Dans la catégorie des trois à dix tonneaux, le bateau françaisFémur devance le NéerlandaisMascotte et le FrançaisGitana. Le bateau britanniqueBona Fide, arrivé trop tard pour la première course après son transport par chemin de fer depuisCannes, remporte facilement la deuxième course devantFavorite[216].
Le voilierEstérel, vainqueur de la catégorie des 10 à 20 tonneaux auHavre.
Au Havre, les courses ont lieu dès le1er août sur une mer agitée[208]. Le classement de la catégorie de 10 à 20 tonneaux est établi après trois courses de 22milles marins. La deuxième manche est reportée deux fois au lendemain à cause des conditions trop mauvaises. Le bateau françaisEstérel remporte deux des trois manches et termine premier devantQuand-Même et le BritanniqueLaurea[217],[218]. À cause du mauvais temps, seuls quatre des 14 équipages inscrits prennent le départ de la course des plus de 20 tonneaux. Elle se joue sur une seule manche de 40 milles marins. Les bateaux britanniquesCicely, de 96 tonneaux, etBrynhild, de 153 tonneaux, obtiennent les deux premières places. Le bateau américainFormosa dont lespinnaker a été emporté par le vent termine troisième[219]. Le bateauSouvenance, quatrième, reçoit un prix spécial d'encouragement en tant que premier yacht français[218].
Le tournoi dewater-polo, qui figure au programme des concours de natation, a lieu sur laSeine dans le bassin d'Asnières les 11 et. Sept équipes venant de quatre pays y participent, soit au total 58 nageurs[38],[220],[221]. Au premier tour, le Osborne SC deManchester bat largement les Tritons lillois sur le score de 12-0. La deuxième équipe desPupilles de Neptune de Lille gagne quant à elle contre le Berliner Swimming Club (3-2) tandis que leBrussels Swimming and Water-Polo Club bat la première équipe des Pupilles de Neptune de Lille (2-0). En demi-finale, le Osborne SC élimine les Pupilles de Neptune de Lille sur le score de 10-1 alors que le Brussels SWC bat laLibellule de Paris par 5 buts à 1. La finale oppose donc le Osborne SC au Brussels SWC. Les Britanniques sont à nouveau très supérieurs à leurs adversaires et remportent le match sur le score de 7-2 tout en se permettant des passes acrobatiques et des tirs depuis le milieu du terrain[221],[222].
Les concours d'automobilisme se divisent en deux parties : les épreuves d'endurance et la course de vitesse. Les cinq épreuves d'endurance permettent de tester les véhicules de différentes catégories au niveau du fonctionnement du moteur, de la consommation, de la facilité de la conduite et du confort. Les départs sont donnés sur la piste qui fait le tour dulac Daumesnil dans lebois de Vincennes et les véhicules parcourent ensuite la ville ou la banlieue de Paris sur une distance qui peut atteindre 800 kilomètres[224]. La course de vitesseParis-Toulouse-Paris se déroule en trois étapes sur un parcours de 1 448 kilomètres. Dix-huit des 55 véhicules au départ atteignent l'arrivée.Alfred Velghe est vainqueur dans la catégorie des voitures avec une moyenne supérieure à65km/h. Il conduit une voitureMors de plus d'une tonne munie de pneumatiquesMichelin.Louis etMarcel Renault, qui ont fondéleur société en 1899, remportent la catégorie des voiturettes (voitures de moins de 400 kg) au volant de leur dernier modèle avec une moyenne de36,4km/h à l'aller et plus de42km/h au retour[225].
Les épreuves decolombophilie sont organisées au parc d'aérostation deVincennes par la Fédération colombophile de la Seine[226]. Les concours doivent se dérouler tôt le matin pour que les pigeons aient le temps de rentrer avant la nuit mais c'est l'après-midi que le public est le plus nombreux. Deux types d'épreuves sont donc prévus : des lâchers-concours matinaux auxquels participent des sociétés venant de toute la France et des lâchers-spectacles organisés l'après-midi pour satisfaire le public de l'Exposition universelle. Lors des lâchers-spectacles, plusieurs milliers de pigeons sont lâchés en même temps. Comme ils doivent pouvoir rentrer rapidement à leur colombier, ils sont fournis par les sociétés dudépartement de la Seine et deVersailles[227].
Lesconcours de ballons ont lieu sur 15 journées entre le et le et sont un événement important de l'Exposition. Les catégories inscrites au programme sont la durée de vol, la distance maximale, l'altitude maximale et la distance minimale (le but est d’atterrir le plus près possible d'un point déterminé à l'avance). Au total, 46 pilotes (tous français) effectuent 156 vols avec 48 ballons différents. En comptant les passagers qui peuvent aider le pilote, 326 personnes (dont quelques femmes) participent aux concours[228]. Le et le, des tempêtes mettent en danger les concurrents du concours de durée. Le,Jacques Balsan remporte le concours d'altitude en atteignant 8 558 mètres[229]. Lors du concours final,Henry de La Vaulx parvient à poser son ballon près deKiev enUkraine (alors dans l'Empire russe) après avoir parcouru 1 925 kilomètres en 35 heures et 45 minutes. Il a donc battu les records du monde de la distance et la durée de vol[230].
Les épreuves deboules sont organisées au boulodrome deSaint-Mandé. Deux tournois sont disputés : laboule lyonnaise et laboule parisienne (ou jeu de berges). Cinquante-quatre quadrettes (216 joueurs), toutes françaises, y participent[231]. Une équipe de Lyon remporte la boule lyonnaise et une équipe de Saint-Mandé la boule parisienne[232].
Le concours delongue paume a lieu aujardin du Luxembourg. Des parties à terrer et des parties à enlever sont disputées par les participants séparés en deux catégories de niveaux. Trois des quatre tournois sont remportés par la Société de longue paume de Paris[233].
Lesconcours de bateaux à moteur mécanique ont lieu dans laSeine àArgenteuil dans un bassin d'une longueur de 6 kilomètres[234]. Quarante-neuf concurrents, tous français, participent aux épreuves. Les bateaux sont répartis en quatre catégories selon leur longueur ; une épreuve de vitesse et une épreuve de fond sont disputées dans chaque catégorie. La plupart des embarcations sont des bateaux à vapeur ou à pétrole mais un bateau propulsé par un moteur électrique remporte également une course[235].
Le concours depêche à la ligne a lieu sur l'île aux Cygnes à Paris, le long de laSeine. Il attire 600 concurrents et 20 000 spectateurs en quatre jours. Malgré une pollution accidentelle à cause d'un égout, les participants capturent 2 051 poissons dont 881 lors de la finale. Élie Lesueur qui vient d'Amiens gagne la coupe car il a pêché le plus gros poisson et Hyacinthe Lalanne reçoit le diplôme de premier du monde pour ses 47 prises[236].
Les épreuves desauvetage regroupent trois catégories différentes. Le concours de manœuvres depompes à incendie qui réunit des pompiers de six pays a lieu dans lebois de Vincennes. Ceux deKansas City (États-Unis) etPorto (Portugal) remportent respectivement les concours internationaux professionnel et amateur. Les 1 000 participants des épreuves desauvetage sur l'eau se mesurent sur laSeine entreCourbevoie etAsnières. Ils doivent par exemple sauver des volontaires et mannequins se trouvant sur un bateau de pêche de 30 tonneaux dont le naufrage est simulé. Environ 3 000 personnes participent aux concours depremiers secours auvélodrome de Vincennes. L'épreuve la plus populaire est l'exercice réel en cas de guerre : les participants doivent avancer dans un parcours d'obstacles en portant un brancard chargé d'un homme sans le secouer[237],[238].
Letir au canon à 60 mètres, au polygone d'artillerie de Vincennes.
Les épreuves detir au canon sont organisées au polygone d'artillerie deVincennes en collaboration avec la Société de tir au canon de Paris[239]. Le programme est composé de trois parties : le tir individuel, le tir de batteries de campagne et le tir de batteries de siège[240]. L'épreuve individuelle d'une durée de six jours réunit 542 participants qui doivent manier un canon de 90 millimètres[241]. Pour le tir de batteries de campagne, 16 officiers et sous-officiers assistés de 30 personnes tirent avec six canons. Quarante-six batteries sont formées pour cette épreuve[242]. Lors du tir de batteries de siège, un commandant, douze pointeurs et huit assistants sont nécessaires pour manier les quatre canons[243].
Les organisateurs des concours sportifs de l'Exposition universelle ne listent pas les victoires obtenues par les athlètes de chaque pays et n'établissent aucun classement entre les nations participantes[85]. Lesmédailles olympiques en or, argent et bronze attribuées aux trois premiers de chaque épreuve apparaissent pour la première fois auxJeux olympiques de 1904[70]. Letableau des médailles des Jeux olympiques de 1900 a donc été établi rétrospectivement en attribuant des médailles aux trois premiers des épreuves considérées comme olympiques[244].
LaFrance, pays dont provient plus de la moitié des athlètes, domine le classement pour la seule fois de son histoire (si l'on ne compte pas lesJeux intercalaires de 1906) avec 101 médailles dont 26 en or. LesÉtats-Unis sont deuxièmes avec 47 médailles dont 19 en or, la plupart obtenues lors des épreuves d'athlétisme. LaGrande-Bretagne est troisième avec 30 médailles dont 15 en or. Les douze médailles remportées ensemble par des athlètes de différents pays sont attribuées à l'équipe mixte[5],[245].
Le tableau suivant a été publié sur le site du CIO mais n'est plus en ligne. Il prend en compte 89 podiums établis dans 85 épreuves différentes (deux finales pour le quatre avec barreur en aviron, deux courses pour trois catégories en voile), ce qui n'est pas conforme au nombre de 95 épreuves indiqué en 2019 sur le site[39]. Depuis juillet 2021, le CIO a confirmé le nouveau tableau officiel des médailles (voir second tableau) où la France figure en première nation toujours mais avec un total de 27 médailles d'or.
Dernier tableau des médailles publié par le CIO (2008)[245]
Le tableau suivant est celui du sitesports-reference.com, notamment édité parBill Mallon. Il prend en compte 95 podiums établis dans 89 épreuves différentes (deux finales pour le quatre avec barreur en aviron, deux courses pour cinq catégories en voile).
Tableau des médailles de sports-reference.com (selonMallon 1998)[67]
Comme le tableau des médailles par pays, le classement des sportifs les plus médaillés a été établi rétrospectivement. Il est dominé par les athlètes américains, notammentAlvin Kraenzlein qui a remporté quatre épreuves etRay Ewry qui en a gagné trois. Le tireur suisseKonrad Stäheli est deuxième avec quatre médailles dont trois d'or[246]. Le classement suivant a été établi parBill Mallon :
Les concours sportifs de l'Exposition universelle sont considérés comme un grand succès par les journalistes de l'époque. Le quotidien sportifLe Vélo écrit par exemple que« Le sport en 1900 a gravité autour de cet unique foyer, Paris ».L'Auto-Vélo indique quant à lui que« Jamais en effet depuis l'époque où tous les quatre ans les Jeux olympiques suscitaient en Grèce et dans tout le monde antique des émotions considérables, jamais le sport n'a été plus en honneur que cette année, jamais il n'a préoccupé autant la foule. […] Aussi le sport est-il devenu en quelque sorte la religion nouvelle »[248]. Le magazine sportifLa Vie au grand air relève cependant régulièrement des problèmes d'organisation tels que des modifications du programme au dernier moment ou des sites peu adaptés aux épreuves[30].
Le, devant les membres duComité international olympique réunis à Paris,Pierre de Coubertin décrit l'événement comme une« imposante manifestation sportive dont l'influence sur l'athlétisme aura été bienfaisante ». Il remet lors d'un banquet la médaille olympique àDaniel Mérillon, délégué général aux sports pour les concours sportifs de l'Exposition universelle de 1900. Lors de la même soirée l'ItalienEugenio Brunetta d'Usseaux, membre du CIO s'exprimant au nom des représentants étrangers, évoque des« manifestations grandioses » et un« souvenir impérissable »[249].
Dans ses mémoires publiés en 1931, Pierre de Coubertin est en revanche très critique envers l'organisation des concours sportifs en 1900. Il écrit notamment à propos des Jeux olympiques :« Malheureusement, s'il y avait un endroit au monde où l'on s'y montrât indifférent, c'était avant tout Paris[250]… » et« Des résultats intéressants, mais n'ayant rien d'olympique, furent notés. Selon l'expression d'un de nos collègues, on avait« utilisé notre œuvre en la mettant en charpie ». Le mot demeura juste. Il caractérise l'expérience de 1900. Elle prouvait, en tout cas, qu'il fallait se garder de jamais laisser les Jeux s'annexer à quelqu'une de ces grandes foires au milieu desquelles leur valeur philosophique s'évapore et leur portée pédagogique devient inopérante[251]. »
En se basant notamment sur ces mémoires, les historiens du sport, français en particulier, portent généralement un jugement négatif sur les organisateurs qui ont laissé une place modeste aux Jeux olympiques au sein de l'Exposition universelle[22]. Dans sonHistoire du Sport français de 1870 à nos jours publiée en 1983, Jean-Toussaint Fieschi écrit par exemple :« Cela aurait pu être une importante manifestation, l'occasion d'affirmer en France le fait sportif ; ce ne fut qu'une triste foire, un fatras d'épreuves plus ou moins officielles, amateurs et professionnelles, éparpillées aux quatre coins de la capitale, englouties au milieu d'une épidémie de concours, parades et revues. Que les Jeux aient pu survivre à un tel fiasco paraît aujourd'hui à peine croyable[83]. » La situation est similaire dans le monde anglo-saxon où les Jeux de 1900 et1904, tous deux organisés dans le cadre d'une Exposition universelle, sont parfois qualifiés de« Farcical Games » (« Jeux grotesques » ou semblables à unefarce)[252].
↑abc etdAlice Cartier et Yves Morales, « Événementiel sportif et attractivité urbaine et touristique des territoires : L'Exposition universelle de Paris en 1900 »,Téoros,no 33,,p. 32-40(lire en ligne, consulté le).
La version du 12 juillet 2019 de cet article a été reconnue comme « article de qualité », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.