LesJeux olympiques d'été de 1996, officiellement appelésJeux de laXXVIeolympiade de l'ère moderne, se sont déroulés àAtlanta. LesÉtats-Unis accueillirent les Jeux olympiques d'été pour la quatrième fois aprèsSaint-Louis en 1904 etLos Angeles en 1932 et 1984. Ils furent également surnommés lesJeux olympiques du centenaire, cent ans après lespremières olympiades modernes.
Des polémiques furent engagées sur la légitimité du choix de la ville d'Atlanta au détriment d'Athènes pour les Jeux du centenaire, et sur les problèmes d'organisation liés aux transports et à l'informatique.
Le choix d'Atlanta, siège social de la boisson gazeuseCoca-Cola, au détriment d'Athènes, lors des Jeux du centenaire, suscita de multiples remarques. De nombreux membres duCIO étaient soucieux d'offrir à laGrèce, berceau de l'olympisme, ce qui semblait lui revenir de droit 100 ans après les premiers Jeux de l'ère moderne.
LeComité international olympique privilégia la ville américaine en raison notamment de ses infrastructures de qualité. Pour beaucoup, Atlanta, et en particulier Coca-Cola fut récompensé de sa présence de longue date dans l'olympisme, soutenant chaque édition depuisAmsterdam en 1928[1]. La marque est devenue dès 1986 membre du programme TOP[2], qui regroupe 11 multinationales finançant les Jeux olympiques (50 % des sommes sont redistribuées au mouvement olympique et 50 % servent à l'organisation des Jeux eux-mêmes).
C'est en 1987 queBilly Payne, avocat d’Atlanta et ancien joueur defootball américain universitaire eu l'idée de présenter la candidature de sa ville à l’organisation desJeux olympiques d'été de1996. Andrew Yong, maire d'Atlanta rechercha immédiatement des financements auprès des entreprises locales[3]. Payne devint directeur du comité local d’organisation et présenta sa candidature au Comité olympique américain, puis auComité international olympique, en mettant notamment en avant l'hospitalité et le patrimoine culturel de la ville d'Atlanta, lieu de naissance deMartin Luther King. Le comité voulut également promouvoir l'image de la ville jouant un rôle important dans le monde. Après avoir obtenu l’organisation des Jeux en, plus d'un milliard de dollars defonds d’investissement furent financés par les pouvoirs publics mais également par la vente de billets et par lesponsoring d'entreprises américaines. De nombreux sites sportifs furent alors élargis ou construits pour l'occasion, et de larges efforts furent entrepris par la construction de logements et la rénovation destransports publics. Près de 7 500 chambres d’hôtel virent le jour entre 1990 et l'ouverture des Jeux, portant le total à 60 000 dans la région d'Atlanta. Par ailleurs, le gouvernement fédéral dégagea de fortes sommes pour la rénovation des routes, des trottoirs et des éclairages publics dans le centre-ville d’Atlanta.
L'emblème de ces Jeux d'Atlanta représente un flambeau dont la base est représentée par les cinq anneaux olympiques qui surmontent le chiffre 100 faisant honneur au centenaire. Les flammes se dégageant de la torche se terminent par uneétoile, symbole de l'excellence sportive. Dans sa version originale[4], le logo est de couleur dorée à l'image des médailles d'or. La couleur verte présente dans le fond symbolise les lauriers du vainqueur ainsi que l'image écologique de la ville d'Atlanta. Les pictogrammes des épreuves sont créées par le graphisteMalcolm Grear(en) et dont les figures humaines se basent sur lesamphores grecques de l'Antiquité. La modification majeure est celle dupentathlon moderne qui représente le cross avec une étoile à 5 branches (depuis 1972, on le représentait par l'équitation avec une étoile)[5].
La torche olympique[6], inspirée de l'architecture de laGrèce antique, est composé de 22 roseaux d'aluminium représentant toutes les éditions des Jeux olympiques. Sur les bagues figurent l'emblème des Jeux, le nom des précédentes villes hôtes ainsi que l'inscriptionAtlanta 1996. Les médailles olympiques[7] sont toutes frappées sur l'avers de la déesse de la victoire tenant dans sa main la couronne du vainqueur. Sur le revers, on retrouve l'emblème des Jeux et un rameau d'olivier.Lamascotte des Jeux d'Atlanta se prénommeIzzy[8]. Elle changea d'apparence à plusieurs reprises pendant le déroulement des Jeux, une bouche et un nez finissant même par se dessiner. Izzy, qui ne fut inspiré d'aucun animal, fut la13e mascotte officielle des Jeux olympiques.
Pour fêter le centenaire desJeux olympiques, les organisateurs offrirent aux 83 000 spectateurs dustade olympique d'Atlanta et aux 3,5 milliards de téléspectateurs un spectacle grandiose. Cette cérémonie d'ouverture permit de mettre en avant l'aspect culturel du sud desÉtats-Unis, mais voulut également rendre hommage au centième anniversaire du mouvement olympique moderne.
Le moment fort de ce fut l'arrivée sur le stade de la flamme olympique, qui avait parcouru près de 24 000 kilomètres à travers lesÉtats-Unis par l'intermédiaire de 10 000 volontaires. Le dernier relayeur fut l'ancienboxeur professionnel américainMohamed Ali, champion olympique aux Jeux de 1960 sous le nom de Cassius Clay. Dans une grande émotion générale, Mohamed Ali[9], atteint par lamaladie de Parkinson, approcha sa main tremblante tenant le flambeau olympique vers la vasque encore éteinte[10]. Durant ces Jeux d'Atlanta, sa médaille d'or remportée en 1960 lui fut offerte à nouveau[11].
La musique jouée durant la cérémonie d'ouverture fut l'œuvre, comme en 1984, du compositeur américainJohn Williams. La chanson de ces Jeux,The Power of the Dream, composée parKenneth Edmonds etDavid Foster, fut interprétée par la chanteuse québécoiseCéline Dion, accompagnée par l'orchestre symphonique d'Atlanta. La chanteuse américaineGladys Knight reprit la chansonGeorgia on my Mind deRay Charles. En fin de cérémonie, la sopranoJessye Norman interpréta l'œuvre de Mark Watters, « Citius, Altius, Fortius ».
Le cœur des Jeux d'Atlanta est leparc du Centenaire. Au sein de ce site figure leStade olympique du centenaire. D'une capacité de 85 000 places, l'enceinte fut construite spécialement pour les Jeux de 1996. Elle accueillit les compétitions d'athlétisme ainsi que les cérémonies d'ouverture et de clôture. L'immense stade couvert duGeorgia Dome fut le lieu des épreuves de gymnastique artistique et de basket-ball. Les cinq salles duGeorgia World Congress Center furent utilisées pour l'escrime, le judo, le handball, le tennis de table, la lutte et l'haltérophilie. Le centre aquatique fut leGeorgia Tech Aquatic Center. Les autres sites du Parc olympique étaient l'Alexander Memorial Coliseum (boxe), l'Atlanta-Fulton County Stadium (baseball), leGeorgia State University Gymnasium (badminton), leMorris Brown College Stadium (hockey sur gazon), l'Omni Coliseum (volley-ball) et leWolf Creek Shooting Complex (tir). Les épreuves équestres furent disputées auGeorgia International Horse Park, le cyclisme sur piste au vélodrome duStone Mountain Park.
Au cours de l'été 1996, leNational Weather Service (NWS) a fourni un soutien météorologique à partir de son bureau dePeachtree City en banlieue sud d'Atlanta et d'un bureau au site Olympique de voile de Savannah[14],[15]. Les besoins spécifiques de chaque site et la gestion de la compétition étaient beaucoup plus détaillés que pour les prévisions publiques du service météo normal, les seuils pour divers phénomènes étant très bas. Ainsi des avis pour l'occurrence à court terme de toute pluie ont été émis plutôt que les alertes plus traditionnelles de précipitations abondantes. Plus de 1 200 avis et avertissements ont été émis pendant la période d'assistance météorologique olympique, concernant des phénomènes allant de la formation derosée et de faible visibilité à la foudre et aux fortes pluies. Plusieurs technologies émergentes ont été utilisées pour les opérations d'alerte au sein des deux bureaux, y compris un système d'aide à la décision d'alerte, un ensemble de capteurs météorologiques aux sites et l'échange d'informations avec les responsables aux sites de compétitions[15].
Les deux centres étaient opérés par des météorologues provenant de divers bureaux du NWS, d'un certain nombre du Canada (selon une entente d'échange initiée avec lesJeux olympiques d'été de 1984 àLos Angeles et ceux d'hiver de 1988 deCalgary), ainsi que d'Australie (en prévision desJeux de 2000 àSydney)[16]. Les observations, prévisions et alertes étaient formulées en anglais et un logiciel, appelé METEO 96, fut utilisé pour les traduire automatiquement en français, une des langues officielles des Olympiques[17]. Les météorologues canadiens, qui étaient bilingues, révisaient les traductions des bulletins non standards pour les transmettre ensuite aux sites de compétitions et aux médias.
Ces Jeux d'Atlanta furent marqués par des problèmes d'organisation[18] liés notamment à la communication et au transport des athlètes et des spectateurs. Du point de vueinformatique, la transmission des informations par la sociétéIBM connut quelques ratés. Dans la capitale de lacommunication qu'estAtlanta, des retards de données de résultats ainsi que des informations erronées sur les athlètes furent constatés durant ces Jeux. Les agences de presse internationales dénoncèrent alors le non-respect des engagements pris par la société informatique[19].
Le point noir de ces Jeux concerna letransport des athlètes et des spectateurs vers les différentssites olympiques. Le réseau de transport de la ville d'Atlanta s'avéra très insuffisant[20]. Les lignes de métro ne furent pas assez nombreuses tandis que les autobus furent confrontés à d'énormes embouteillages. La marche à pied devint par conséquent inéluctable[21]. D'autres problèmes liés à l'organisation furent constatés, du retard dans les épreuves à des erreurs d'attribution de médailles.
En réaction à ces problèmes, leComité international olympique mit en garde le comité d'organisation (l'ACOG) sur les conséquences que pourraient avoir pour son image de marque les défaillances de l'organisation, dues à la sous-estimation de l'ampleur de la manifestation[22].
Du fait de ces différents problèmes, la presse railla l'organisation avec les surnomsGlitch games ouMylanta(en) games[23]. À la cérémonie de clôture,Juan Antonio Samaranch désigne Atlanta 1996 comme « les Jeux les plus exceptionnels », une formule nettement plus nuancée que celle utilisée habituellement : « les meilleurs Jeux à ce jour »[24],[25].
Alors que l'Amérique est toujours sous le choc de l'explosion, inexpliquée à l'époque, duVol 800 TWA au large deLong Island causant 230 morts, un attentat meurtrier[26] survient durant lesJeux olympiques d'Atlanta avec l'explosion d'une bombe dans leparc du Centenaire, au beau milieu du village olympique.
Dans la nuit du vendredi au samedi, à 1h20 heure locale, uneexplosion violente[27] se produit au cœur duparc du Centenaire fréquenté alors par des étudiants et des touristes pour faire la fête. Le bilan est lourd : deux morts et 111 blessés. Dès les premières constatations, la police déclare que la bombe, d'origine artisanale, était composée d'un tube en métal contenant des clous et des vis.Très vite, leComité international olympique condamna cet incident et affirma que ces Jeux d'Atlanta devaient se poursuivre, comme dans le passé à la suite de laprise d'otages sanglante de Munich en 1972. Ce samedi, une minute de silence fut observée sur tous les sites et les drapeaux olympiques mis en berne.Lors de la cérémonie de clôture,Juan Antonio Samaranch déclara qu'« Aucun acte de terrorisme n'a jamais détruit ni ne détruira jamais le Mouvement olympique[28] ».
Quelques années plus tard, un suspect dénomméEric Rudolph, proche des milices et mouvements religieux extrémistes hostiles au gouvernement fédéral, sera arrêté[29] puis condamné à la prison à vie[30].
Un nouveausport fait son apparition à l'occasion des Jeux olympiques d'Atlanta, lesoftball, tout comme les disciplines dubeach-volley et duVTT. Par ailleurs, les femmes disputent pour la première fois le tournoi olympique defootball.
Au total, ce sont 26 sports et 271 épreuves qui figurent au programme des Jeux de 1996.
Aviron Résultats détaillés À 34 ans, le BritanniqueSteve Redgrave devient le premier rameur de l'histoire à remporter une quatrième médaille d'or en quatre Jeux olympiques. Il remporte ce titre en compagnie deMatthew Pinsent dans l'épreuve du deux sans barreur, comme quatre ans auparavant. Le bilan général fait apparaitre l’avènement des équipages australiens (6 podiums).
Basket-ball Résultats détaillés LesÉtats-Unis remporte le tournoi olympique masculin debasket-ball quatre ans après la premièreDream Team. Ils battent laYougoslavie en finale. Chez les femmes, la victoire revient aux Américaines face aux Brésiliennes.
Cyclisme Résultats détaillés Lecyclisme accueille pour la première fois des professionnels. L'EspagnolMiguel Indurain, quintuple vainqueur duTour de France, remporte l'épreuve du contre-la-montre, alors que le SuissePascal Richard gagne l’épreuve en ligne. Chez les femmes, la FrançaiseJeannie Longo décroche deux médailles, dont le titre sur la course en ligne. Les épreuves duVTT, disputées pour la première fois auxJeux olympiques, sont remportées par le NéerlandaisBart Brentjens et par l'ItaliennePaola Pezzo.
Résultats détaillés Pour sa première apparition olympique, la FrançaiseLaura Flessel remporte le titre individuel et le titre par équipe à l'épée. Trois nations dominent les épreuves d'escrime : la France, l'Italie et la Russie.
Haltérophilie Résultats détaillés Le TurcNaim Suleymanoglu devient le premier haltérophile champion olympique de la discipline trois fois de suite.
Handball 35 000 spectateurs, c'est le nouveau record du monde pour un match de handball qui a été battu lors du match de la finale qui opposait l'Équipe de Croatie qui s'imposa 27 à 26 face à l'Équipe de Suède.Résultats détaillés
Judo Résultats détaillés LeJapon et laFrance se partagent six des 14 épreuves disputées. Ces derniers obtiennent leurs meilleurs résultats olympiques, notamment grâce àDavid Douillet titré chez les lourds.
Tir Résultats détaillés L'épreuve mixte deskeet ayant été supprimée par le CIO sur proposition de l'Union internationale de tir pour être remplacée par des épreuves pour hommes et pour femmes[37], une épreuve pour hommes est bien programmée, mais pas celle pour femmes, pourtant prévue au départ[38]. SelonLe Point, c'est le résultat de la performance deZhang Shan, championne olympique de l'épreuve mixte àBarcelone, première (et dernière) femme à réaliser l'exploit[39].
La délégation desÉtats-Unis remporte sur son sol 101 médailles dont 44 en or. Elle devance laRussie (63 médailles dont 26 d'or) et l'Allemagne (65 médailles dont 20 d'or). L'éclatement des blocs et la naissance de nouveaux États entrainent une plus large répartition des titres. Sur les 197 pays en lice, 79 ont gagné au moins une médaille.
Les dix premières nations au classement des médailles[40] :
LesJeux olympiques d'Atlanta enregistrent un nouveau record des montants des droits de retransmission avec plus de 896 millions de dollars. Pour avoir l'exclusivité de diffusion dans le territoire américain, la chaineNBC déboursa à elle seule 456 millions de dollars. Cet investissement fut largement rentabilisé par la vente de ses espaces publicitaires estimés à 675 millions de dollars. On considère que près de dix-neuf milliards de spectateurs et de téléspectateurs, en audience totale cumulée, regardèrent les épreuves.
15 108médias étaient présents àAtlanta, dont 5 695 organes depresse écrite et 9 413 diffuseurs. Plus de 19 161journalistes et techniciens accrédités couvrirent les Jeux. Plus de 47 466 volontaires ont participé à l'organisation.
Droits de télévision des Jeux olympiques de 1996[41]
↑En 1960,Cassius Clay avait jeté sa médaille d'or dans une rivière car on avait refusé de le servir dans un restaurant à cause de sa couleur. Néanmoins, cette version des faits fut souvent contredite, des journalistes soupçonnent qu'il l'aurait égaré et qu'il inventa un prétexte, même si l'incident de la cafétéria est probablement vrai. Voir« Le mystère de la médaille olympique de Mohamed Ali », surVice Sports,.