Des cinq nations n'ayant pas participé à l'édition précédente (Allemagne,Autriche,Bulgarie,Empire ottoman devenueTurquie le3mars 1924 etHongrie), seule l'Allemagne ne participe pas aux Jeux. La participation atteint un nouveau record de 44 nations et 3 089 athlètes (dont 135 femmes). Ils s'affrontent dans 17 sports et 23 disciplines qui regroupent un total de 126 épreuves (moins que la précédente édition). Sept délégations font leurs débuts aux Jeux olympiques d'été : l'Équateur, l'Irlande, laLituanie, lesPhilippines, l'Uruguay, laLettonie et laPologne ; ces deux dernières ont déjà participé aux Jeux olympiques mais il s’agissait de ceux d'hiver, qui se sont déroulés quelques mois avant ceux d'été.
Comme lors des deux éditions précédentes, lesÉtats-Unis sont la nation la plus médaillée, suivie de laFinlande et de la France. À leurs participations aux Jeux pendant l'entre-deux-guerres, les Finlandais seront surnommés les « Finlandais volants ». La France remporte trente-huitmédailles, dont treize en or et termine à la dernière marche dupodium. L'athlète finlandaisPaavo Nurmi est le sportif le plus médaillé avec cinq médailles, toutes en or, remportant les cinq épreuves auxquelles il participe. Avec lui, lenageur américainJohnny Weissmuller et l'escrimeur françaisRoger Ducret sont les deux sportifs les plus en vue de la compétition. Le nageur et joueur de water poloHenri Padou fut également une figure de ces Jeux. Lors de ces Jeux, dixrecords olympiques sont enregistrés, ainsi que neuf nouveauxrecords du monde.
Cette envie dePierre de Coubertin d'organiser des Jeux olympiques en France pour la seconde fois remonte à l'édition de 1900 à Paris, durant laquelle de nombreux problèmes ont eu lieu et est d'ailleurs par certains considérée comme de simples concours internationaux ; l'appellation des Jeux de 1900 se nommant « concours internationaux d'exercices physiques et de sports », ce qui porte à confusion. Dans l'optique d'organiser des meilleurs Jeux, il souhaite prouver au monde que Paris et la France sont capables d'accueillir les athlètes du monde entier dans des compétitions confraternelles mais le CIO ne l'entend pas de cette oreille. C'est après de nombreuses discussions que Pierre de Coubertin obtient la satisfaction du CIO. C'est durant cette même session que lesJeux olympiques d'hiver de 1924 àChamonix-Mont-Blanc seront décidés ainsi que la construction du tout premiervillage olympique pour les Jeux d'été.
Le BaronPierre de Coubertin se retira à l’occasion de cesJeux olympiques d'été de 1924. L’un des derniers souhaits du président duComité international olympique aura été de voir son pays organiser les Jeux olympiques après ceux contestés de1900. Malgré l’absence du public et quelques difficultés financières, ces Jeux furent une réussite dans la participation et les performances des athlètes, mais aussi par l’intérêt grandissant pour l’événement.
Coubertin[1] avait fondé leCIO en 1894 et fut l’un des principaux instigateurs du renouveau des Jeux olympiques de l’ère moderne. Durant ces Jeux, un hommage solennel lui fut rendu le à l’occasion du trentième anniversaire de la rénovation des Jeux. Il confirma son intention de se retirer en déclarant à cette occasion « J’ai fait mon œuvre ». En 1925, Pierre de Coubertin céda sa place de Président du Comité international olympique aucomte belgeHenri de Baillet-Latour. Le baron poursuivra ses collaborations avec l’olympisme en conseillant le CIO et en rédigeant de nombreux ouvrages, dont la « Charte de la Réforme pédagogique ». Pierre de Coubertin meurt en 1937.
En1922, un Comité exécutif d'organisation est nommé par une assemblée duComité olympique français. Ce comité est présidé par le comteClary et est composé de 26 membres désignés par les fédérations sportives nationales et de sept membres élus par le Comité national. Il s'agit notamment deGaston Vidal, sous-secrétaire d’État à l’Enseignement technique, du marquisde Polignac, de M. Giraudoux, directeur de la Propagande au ministère des Affaires étrangères, de Gilbert Peycelon, délégué du Gouvernement et deHenry Paté, haut-commissaire à l’Éducation physique. D'anciennes gloires sportives sont également associées au comité exécutif, commeFrantz Reichel etJules Rimet.
Le comité est chargé entre autres du financement, des infrastructures, de l'organisation du calendrier sportif, et de l'accueil des athlètes et des spectateurs. Dès la désignation de Paris, l'État français s'engagea à financer ces Jeux à hauteur de vingt millions de francs. La ville deParis quant à elle fournit les terrains ainsi qu'une subvention de dix millions de francs.
Le premiervillage olympique est un ensemble de baraquements en bois.
La décision de confier au Comité d'organisation des Jeux le logement des délégations fut prise en 1923 lors du congrès olympique de Rome. La ville deColombes accueille donc le premiervillage olympique[2],[3] du genre constitué de baraquements en bois. Les athlètes ont à disposition un bureau de change, un salon de coiffure, un bureau de poste, un kiosque à journaux, un service de blanchissage et un service de garde des objets de valeur. Trois repas par jour sont offerts. Les Britanniques acceptent les conditions offertes à condition d'avoir droit à un cuisinier britannique. Quant aux Américains, ils préfèrent s'installer dans le parc duchâteau de Rocquencourt.
Stade olympique Pariant sur les vertus du « Grand Paris », le comité d'organisation opte pour le choix de bâtir le stade olympique àColombes. Les dirigeants du sport français réclament un grand stade de 100 000 places, mais le financement ne peut être réuni. Il est réalisé, avec le Comité national des sports (CNS), par leRacing Club de France, qui obtient 50 % des recettes des Jeux sous la forme dustade de Colombes, qui est doté de 45 000 places dont 20 000 assises, conçu par l’architecteLouis Faure-Dujarric qui lui donne un riche équipement : eau chaude, éclairage électrique, chauffage des locaux, vestiaires pouvant accueillir jusqu’à 1 200 athlètes, piste d’entraînement aménagée sous la tribune marathon et salles de presse sous les gradins[4].
Vue aérienne du stade olympique (1924).
Colombes l'emporte sur lestade Pershing ou leParc des Princes, autres sites candidats. Sur décision du gouvernement, Pershing est évoqué dès 1921, puis le fameux Parc des Princes, déjà connu pour accueillir les compétitions nationales et internationales derugby,football etcyclisme, semble être le favori. Cependant, la ville deParis refuse de financer les travaux au Parc, et on se replie alors en banlieue. En1922, on évoque même un temps le retrait des Jeux de Paris pour les donner àLyon.
Le, la cérémonie d'ouverture[6] se tient austade de Colombes devant 40 000 spectateurs. Les 44 délégations pénètrent dans le stade par ordre alphabétique. L'Afrique du Sud est la première nation à défiler et laYougoslavie la dernière. Les délégations les plus applaudies furent laFrance, leRoyaume-Uni et lesÉtats-Unis.Gaston Doumergue, nouveauprésident de la République française, proclame officiellement l'ouverture des Jeux olympiques de 1924 en présence des membres duComité international olympique, en particulier de son président, le baronPierre de Coubertin. La Société nationale des orphéonistesCrick-Sicks chantèrent pour cette occasion. Après une sonnerie de trompette et un coup de canon, le drapeau olympique est hissé au sommet du mât central du stade. La cérémonie se termine par un discours du comte Clary, président du Comité d'organisation. Enfin, le serment olympique des athlètes est prêté par le françaisGéo André, ancien médaillé olympique en 1908 et 1920.
La cérémonie de clôture du inaugure un nouveau rituel lors des Jeux olympiques en hissant trois drapeaux dans le stade : celui du Comité international olympique, celui du pays hôte et celui du prochain pays à accueillir les Jeux.
44 nations prennent part aux Jeux d'été de1924. L'Allemagne n'est pas invitée par le comité d'organisation, qui prétexte qu'il n'était pas en mesure d'assurer la sécurité de la délégation allemande[8], mais les autres nations vaincues lors de laPremière Guerre mondiale, écartées en1920, font leur retour.
17 sports et 126 épreuves composent le programme desJeux olympiques de 1924. Il s'agit de l'ultime apparition durugby alors que letennis est disputé pour la dernière fois avant sa réintroduction en 1988 avec les professionnels. Lasavate, le canoë canadien, lapelote basque et lacanne de combat sont en démonstration.
Les « Finlandais volants » est le surnom donné aux athlètes finlandais de l'entre-deux-guerres en raison de leur suprématie sur les courses de fond et de demi-fond. Lors de cesJeux olympiques de 1924, laFinlande remporte huit titres et douze médailles au total.
Weissmuler remportera deux médailles supplémentaires aux Jeux olympiques de 1928, enrichissant un palmarès exceptionnel de52 titres nationaux et de67 records du monde. Il mettra un terme à sa carrière en n’ayant jamais perdu une course. En 1929, Johnny Weissmuler se lança dans le cinéma en interprétant le rôle deTarzan.
Enescrime, le FrançaisRoger Ducret réussit l'exploit de remporter cinq médailles dans les trois disciplines qui composent ce sport. Ducret remporte tout d'abord l'épreuve dufleuret individuel en battant son compatriotePhilippe Cattiau. Tous deux décrochent le titre par équipe avecl'équipe de France face à laBelgique. Roger Ducret s'impose ensuite à l'épée par équipe, toujours face aux Belges. L'escrimeur français obtient une nouvelle médaille, celle d'argent, dans l'épreuve d'épée individuelle et dusabre individuel. Ces Jeux de 1924 marquent par ailleurs l'apparition dufleuret féminin dans les épreuves olympiques. La médaille d'or est attribuée à la Danoise Ellen Osiier.
L'équipe de rugby des États-Unis.
Parmi les autres faits sportifs marquants, l'équipe desÉtats-Unis derugby composée de joueurs defootball américain, remporte le tournoi en battant la France17 à 3[8]. Entennis, l'américainVincent Richards décroche trois médailles dont deux d'or en simple et double messieurs. L'équipe de France decyclisme survole les épreuves avec six médailles dont quatre titres sur les six courses au programme. En athlétisme, le sauteur en longueur américain William DeHart Hubbard obtient la première médaille d'or individuelle pour un athlète noir. Son compatrioteClarence Houser remporte les concours du disque et du poids. Enfin, enfootball, l'équipe d'Uruguay gagne le tournoi olympique. Son milieu de terrain,José Andrade, éblouit les spectateurs parisiens par ses dribbles, ses changements de rythme et son élégance. Il est élu meilleur joueur du tournoi.
Sportifs les plus médaillés aux Jeux olympiques de 1924
La délégation desÉtats-Unis remporte plus du tiers des épreuves et totalise99 médailles. Elle devance laFinlande avec37 médailles (dont dix titres en athlétisme). LaFrance, pays organisateur, se classe troisième nation avec38 médailles (dont treize d'or).
En marge des épreuves sportives, des concours d'art sont organisés à l'occasion de ces Jeux olympiques de Paris du au.Henry de Montherlant participe à l'épreuve de littérature[13]. Les deux autres domaines artistiques dans lesquels des prix sont décernés sont l'architecture et la sculpture. Le jury de l'épreuve de musique a considéré qu'aucune oeuvre présentée ne méritait de récompense.
Résultats des Concours d'art dans le cadre des Jeux olympiques de 1924[13]
Environ sept cents journalistes sont présents à Paris pour suivre les compétitions. Pour la première fois, des épreuves olympiques sont commentées en direct à la radio grâce à l'arrivée de laTSF[14]. Afin de mieux suivre les exploits sportifs, le journalisteEdmond Dehorter se place dans la nacelle d'un ballon survolant les différents sites olympiques.
↑Du 7 au 22 juin, en même temps que des « concours sportifs » et des épreuves de virtuosité, le déjeuner était offert par la municipalité ou la Société de tir locale, inL'Éclaireur de l'est.
↑Le Mexique y est noté par erreur comme participant pour la première fois, alors que son équipe de polo avait remporté la médaille de bronze aux Jeux olympiques d'été de 1900.
Coll.,Les Jeux olympiques, tome 1 1896-1960, Paris,L'Équipe, 2003,p. 116-1931
Jeux olympiques de Paris 1924. Les cartes postales A.N. Paris, édité par l'Association française des collectionneurs olympiques et sportifs. Compilation des cartes postales de l'éditeurArmand Noyer.