
Lejeune homme nu, ou lafuite du jeune homme nu, est un épisode relaté dans l'Évangile selon Marc au chapitre 14, lors de l'arrestation de Jésus. Il ne figure dans aucun autre passage duNouveau Testament et fait partie duSondergut de cetévangile.
Il n'occupe que deux courtsversets. Son extrême brièveté est inversement proportionnelle au nombre de commentaires qu'il a suscités parmi lesexégètes, principalement en raison de son caractère insolite.
La scène se situe au moment où les gardes, munis d'épées et de bâtons, viennent s'emparer deJésus de Nazareth au jardin deGethsémani. Ses disciples l'abandonnent alors et prennent tous la fuite.
« Un jeune homme le suivait, n’ayant sur le corps qu’un drap. On se saisit de lui ; mais il lâcha son vêtement, et se sauva tout nu[1]. »
Sans transition, Jésus est ensuite conduit chezCaïphe en vue de sonprocès. Le jeune homme nu, dont il n'est plus question, n'a donc pas de lien direct avec l'épisode et son irruption dans le récit fait figure d'énigme[2]. À l'instar de nombreux autres spécialistes,Camille Focant en conclut que cette anecdote, placée à la fin de la scène de l'arrestation, peut exprimer la « portée symbolique de ce qui se joue dans le drame en cours »[2].

Les quatreÉvangiles canoniques fournissent une narration circonstanciée de l'arrestation de Jésus, mais seulcelui de Marc, qui seraitle plus ancien suivant le consensus actuel, relève ce détail[3]. En particulier, les évangilesselon Matthieu etselon Luc, qui reprennent la majeure partie du texte marcien, ne reproduisent pas cettepéricope.
Parmi lesbiblistes, son caractère inattendu a traditionnellement joué en faveur de son historicité : une anecdote aussi étrange ne semble pas due à l'imagination du rédacteur[4]. Nombreux sont les commentateurs qui, à la suite deGrégoire le Grand, estiment que cet épisode a une tonalité autobiographique : le jeune homme nu ne serait autre queMarc en personne, soucieux d'affirmer sa présence sur les lieux[4]. Plusieurs éditions canoniques duXXe siècle indiquent en note : « Ce bref récit propre à Mc met en scène probablement l'évangéliste lui-même[5] » ou encore : « Mc est seul à raconter cet incident ; l’apparence autobiographique de ce détail a depuis longtemps suggéré qu’il pourrait s’agir de l’évangéliste lui-même[6]. »
Selon une autre interprétation, ce jeune homme symbolise le disciple qui reste proche du Christ jusqu'au dernier moment, alors que les autres l'ont abandonné, mais doit cependant s'enfuir pour échapper à ses assaillants : « Ce personnage anonyme est peut-être l'image du disciple fidèle qui essaie de suivre le Maître[6]. »
Divers commentateurs opèrent un rapprochement entre le drap perdu par le jeune homme et la robe blanche dont est revêtu celui qui apparaît auxSaintes Femmes enMarc 16, lors de la découverte duTombeau vide, juste avant l'annonce de laRésurrection de Jésus[4].
La nudité du personnage peut également être perçue comme une image du croyant dépouillé de ses certitudes à la suite de l’arrestation de Jésus. Telle est l’hypothèse d’Élian Cuvillier, notamment[4].
| Auteur et datation | ||
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| Utilisation de Marc | ||
| Contenu propre à l'Évangile selon Marc | ||
| Exégèse moderne | ||
| Représentations | ||
| Palettes des autres livres du Nouveau Testament | ||