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| Jeu de paume ou Courte paume | |
Illustration d'un double au jeu de paume (1772). | |
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Lejeu de paume est unsport pratiqué enEurope depuis l'Antiquité tardive[1] et ayant connu son âge d'or duXIVe au XVIIIe siècle. D'abord pratiqué à main nue ou gantée de cuir, il est devenu par la suite un sport de raquette. Il est l'ancêtre direct de lapelote basque, de lapelote valencienne, de laballe pelote, du jeu deballe au tambourin, dutennis et plus généralement de tous les sports deraquette. Le joueur de paume est le paumier ou paumiste. Les jeux de paume se répartissent en deux disciplines : lacourte paume (en anglaisreal tennis oucourt tennis aux États-Unis), qui se joue dans une salle à galerie, et lalongue paume, qui se joue à l'extérieur. Cet article porte sur la courte paume.
Le jeu depaume est également associé auserment du Jeu de paume, un des événements majeurs du début de laRévolution française, et auJeu de Paume, lieu d'exposition parisien.


La paume consiste à se renvoyer une balle, appelée unéteuf, au-dessus d'un filet à la manière dutennis et se pratique en individuel (1 contre 1) ou en double (2 contre 2). Le jeu de paume était pratiqué par la noblesse tandis que les « vilains » jouaient en extérieur à lalongue paume qui se pratiquait sans filet avec 1, 2, 3, 4 ou 6 paumistes par équipe. Dans le jeu de paume (oucourte paume), les points étaient comptabilisés un par un, mais à chaque unité inscrite, le joueur, d'abord situé à 60 pieds du filet, devait se rapprocher pour servir. Le premier point donnait ainsi le droit d'avancer de 15 pieds. Idem pour le deuxième, ce qui faisait 30 pieds au total. Au troisième point, le joueur pouvait de nouveau se rapprocher, mais de 10 pieds seulement pour ne pas être trop proche du filet. Il avait donc gagné 40 pieds. Ce décompte de placement pourrait avoir inspiré la façon de compter les points (15, 30, 40 et jeu) utilisée autennis[2].
Le port d’un gant de cuir afin de protéger la main qui frappe la balle se généralise à la fin duXIIIe siècle. La paume se pratique à l’origine en plein air mais, dès leXIVe siècle, les terrains de jeu sont couverts d’un toit donnant naissance aux salles de jeu de paume aussi appelées « tripots ».
La première mention d’une raquette pour jouer au jeu de paume date de1505; on jouait précédemment à main nue ou gantée de cuir. Le battoir, raquette pleine en bois, était apparu au siècle précédent. La raquette, à la différence du battoir, possède un cordage enchanvre ou en boyau. LeXVIe siècle qui s’ouvre sur cette innovation est l’âge d’or du jeu de paume en France. La pratique à main nue perdure, certaines parties opposant même les tenants des deux écoles, voire des quatre :
En1610, les paumiers se constituent encorporation. Les abus nés du succès de la paume en France se devaient d’être corrigés : certains paumiers peu scrupuleux bourraient leurséteufs de pierres provoquant des accidents, parfois mortels ; le frère deMontaigne décède ainsi. De nombreuses salles sont fermées tandis qu’une réglementation stricte, imposée par la corporation, encadre désormais la production des éteufs et des raquettes.


La folie pour le jeu de paume occasionne beaucoup d'embarras aux autorités qui peinent à canaliser ce mouvement qui touche tout le monde, du roi au simple enfant, sans oublier les femmes. Le, leprévôt deParis interdit la pratique du jeu de paume tous les jours, sauf ledimanche « parce que plusieurs gens de métier et autres du petit peuple quittaient leur ouvrage et leur famille pendant les jours ouvrables, ce qui était fort préjudiciable pour le bon ordre public ». Les joueurs ne tiennent aucun compte de cet interdit et des parties ont lieu tous les jours, au grand désespoir des autorités.
Les femmes pratiquaient également le jeu de paume.Margot la Hennuyère fait sensation à Paris, alors sous occupation anglaise, en s'imposant face aux meilleurs spécialistes parisiens du jeu.
Leslettres patentes du roi de FranceFrançoisIer en date du officialisent le professionnalisme sportif, notamment en jeu de paume. Ce texte révolutionnaire met sur le même plan les gains d’un joueur de paume et les fruits du travail. Depuis bien longtemps déjà, paris et enjeux ont transformé de fait cette activité sportive en métier pour de nombreux joueurs.
Le, au lendemain de son entrée royale dans Paris,Henri IV dispute une partie de jeu de paume. Cette partie disputée, au jeu de paume de La Sphèrerue Vieille-du-Temple, fut très appréciée par le peuple parisien et fit beaucoup pour la popularité du nouveau roi dans la capitale. Sa maîtresseGabrielle d'Estrées vient souvent le voir jouer et les courtisans peuvent admirer leur souverain suant "tout en chemise, déchirée sur le dos, avec de vieilles chausses grises à jambes de chien"[3].
L’Italien Francesco d’Ierni en1596 estime à 250 le nombre de salles de jeu de paume àParis et à 7 000 le nombre de personnes qui vivent directement ou indirectement de cette activité. En province, le jeu de paume est également très répandu.Orléans compte 40 salles.
À la suite d'un séjour en France en1598, le maître d’école anglais Robert Dallington (1561-1637) livre un tableau très critique dans son livreThe View of France (1604). Le goût des Français pour ce sport étonne : « Les Français naissent une raquette à la main », et l’auteur n’est pas avare de critiques car le sport est avant tout perçu par lesAnglais d’alors, dans la plus pure tradition dePline le Jeune, comme une perte de temps.Paris compte près de 1 800 salles et terrains en plein air de jeu de paume. Dallington précise que laFrance est « un pays semé de jeux de paume, plus nombreux que les églises et des joueurs plus nombreux que les buveurs de bière en Angleterre. »
À la fin duXVIIe siècle, les parieurs étaient nombreux comme en témoignent les mémoires du marquis de Monbrun (1701)[4]où le héros demande "paroli, enjeu double de la mise antérieure, après un gain; après deux gainssept éluat; après trois gainsquinze eluat".
En1657, 114 salles de jeu de paume sont recensées à Paris. La paume reste encore le sport roi du moment, mais il est déjà en net recul sous les coups portés parLouis XIII.Louis XIV lui donne le coup de grâce en délaissant totalement cette pratique. Ayant détruit la salle de jeu de paume construite vers 1630 par son père dans le château de Versailles, il en fait toutefois construire une autre à Versailles dans laquelle se déroulera leSerment du Jeu de paume (1789) pendant laRévolution française.

En1415, conséquence de labataille d'Azincourt, leduc d’Orléans est emprisonné pendant deux décennies enAngleterre. À l’occasion de cette captivité àWingfield dans leNorfolk, le duc introduit enAngleterre le jeu de paume qu’il pratique quasi quotidiennement. Quatre siècles plus tard, le descendant du châtelain de Wingfield,Walter Clopton Wingfield, invente letennis en adaptant le jeu de paume sur herbe. Le tennis prend d'ailleurs au Royaume-Uni le nom delawn tennis (tennis sur gazon) tandis que le jeu de paume est désigné sous le nom dereal tennis.
. Le Britannique Walter Clopton Wingfield dépose unbrevet pour l’invention d’un nouveau sport : lesphairistike. De fait, Wingfield s’appuie sur le jeu de paume et l’invention ducaoutchouc qui permet de réaliser des balles pouvant rebondir sur l’herbe. Le sphairistike est le chaînon manquant entre le jeu de paume et letennis dont le nom vient d'ailleurs d'une mauvaise prononciation et écriture du mot « tenez » (mot prononcé par le joueur qui sert au jeu de paume) envieux français par lesAnglais.
Le jeu de paume ou de courte paume * | ||
Court àNewcastle. | ||
| Domaines | Pratiques sportives Jeux | |
|---|---|---|
| Lieu d'inventaire | Île-de-France Fontainebleau | |
| *Descriptif officiel Ministère de la Culture (France) | ||
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Alors que laFrance délaisse le jeu de paume auXVIIIe siècle, ce jeu reste pratiqué auRoyaume-Uni et auxÉtats-Unis. Ces deux nations figurent aujourd'hui parmi les plus fortes tout comme l'Australie alors que laFrance tente un timide retour dans les « tripots ».
Établi dès 1740, le titre de champion du monde de jeu de paume est le plus ancien titresportif de ce type toujours attribué[5].Clergé est le premier champion du monde répertorié[6].
Le premier dimanche de septembre, la coupe de Paris enlongue paume est organisée aujardin du Luxembourg. Il existe enFrance quatre salles où l'on joue encore à la paume : une auchâteau de Fontainebleau (salle du jeu de paume du Palais national de Fontainebleau), une àParis (rue Lauriston), une àMérignac dans la banlieue deBordeaux (fermée en 2013 puis de nouveau ouverte en 2020) et une dernière àPau dans un bâtiment historique livré en 1889 sur un plan identique au jeu de paume des Tuileries[7]. Il existe également un jeu de paume désaffecté àChinon[8].
Il existe depuis 1924 une Fédération française du jeu de paume (agréée en 1926) et un Comité français de courte paume (pratiquée en salle, la longue paume étant pratiquée à l'extérieur), affilié dès ses origines à laFédération française de tennis.
En compétition, le FrançaisPierre Etchebaster est considéré comme le meilleur joueur de paume moderne. Il conserve le titre de champion du monde de1928 à1954, soit huit titres consécutifs, et se retire à62 ans. En 2008, son record est battu par l'AustralienRobert Fahey (en) qui remporte son neuvième titre consécutif. Le champion du monde de 2013 à 2018 est américain et se nommeCamden Riviere : il a remis son titre en jeu en, organisé au club du Queen's à Londres, et a été détrôné par Rob Fahey[9].
En 2012, cette pratique est inscrite à l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France[10].
La courte et la longue paume se jouent avec une raquette mais il existe aussi desjeux de paume qui se jouent toujours avec la main, notamment :
ou avec d'autres accessoires, comme :
Le jeu de paume a laissé nombre d'expressions dans la langue française[11] :

Exemple : le joueur A est au service et mène 40/15. Le joueur B renvoie la balle et effectue une chasse à 2yards (i.e. la balle rebondit pour la seconde fois sur la ligne indiquant la distance de 2 yards du mur arrière). Le score est toujours de 40/15 et les deux joueurs changent de place : le joueur B sert (côté dedans) et défend la chasse pendant que le joueur A reçoit (côté devers) et attaque la chasse.
Notons qu’une chasse est également enregistrée lorsque la balle est envoyée dans l’un des ouverts latéraux (à l’exception du dernier ouvert côté receveur qui est un point gagnant). Par ailleurs, quelle que soit l’issue du point (double faute, filet, coup gagnant ou chasse perdue ou gagnée) la chasse est terminée. Les chasses peuvent avoir lieu tant côté Dedans (service) que côté Devers (réception), même si ces dernières sont plus rares en raison d’une surface de chasse plus limitée.
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