Extrait en jersiais, avec récitation deMan Bieau P'tit Jèrri par Ben Spink, professeur de jersiais.Stand de langue jersiais lors de la Faîs'sie d'Cidre (la fête du cidre).Collecteur pour le recyclage en langue jersiaise à Saint-Hélier.
La langue insulaire n'a été reconnue comme langue officielle par le gouvernement de l'île que le. Avant cette date, seuls l'anglais et lefrançais étaient langues officielles sur l'île[3].
L'enseignement facultatif du jersiais se fait dans les écoles de Jersey. Environ deux cents enfants apprennent le jersiais dans les écoles élémentaires de l'île.
On retrouve des éléments du jersiais dans latoponymie normande de l'île, ainsi que dans des noms de rue.
On voit de lasignalétique bilingue dans les musées de Jersey, à l'aéroport, dans les gares maritimes et dans les paroisses.
Selon le recensement de 2011, 1 700 personnes[1] (sur 97 857 habitants, soit 1,7 % de la population) parlaient le jersiais habituellement ou parfois. Selon les enquêtes jusqu'à 15 % de la population ont une compréhension de la langue. Pour la première fois, on a remarqué en 2001 une croissance de l'usage de la langue chez les enfants et les jeunes gens.
Un site web en langue jersiaise existe,Les Pages Jèrriaises. Ce site offre de nombreuses informations diverses culturelles et linguistiques sur lalangue normande de Jersey.
LaGaspésie, région orientale duQuébec, est probablement le seul endroit au monde en dehors l'île deJersey où la langue jersiaise s'est imposée.
Des immigrants jersiais, arrivés enGaspésie, en terrefrançaise, ont pu établir une communauté jersiaise forte et parler le jersiais, au moment où à Jersey l'éducation devenait obligatoire et seulement en anglais.
Lejèrriais participait alors à deux cultures, lafrançaise et l'anglaise. Dans les commerces, on employait la langue jersiaise afin que les habitants, qu'ils soient français ou anglais, comprennent mot aux échanges entre les commis.
Lejèrriais est encore parlé dans les années 1960 mais lefrançais a maintenant largement pris le dessus. Il existe toutefois une Société des Jersiais et Guernesiais de laGaspésie et des emprunts au jèrriais existent toujours dans le français populaire parlé dans certaines régions de la Gaspésie.
Le JersiaisWace est considéré comme fondateur de la littérature jersiaise auXIIe siècle.
Mais il ne reste que quelques bribes de la langue écrite avant l'introduction de l'imprimerie à Jersey en1783. Dès les premières revues et journaux imprimés à Jersey, on retrouve des lettres, des articles et des vers en jersiais.
La première poésie imprimée et datée (1795) sera une annonce publicitaire rimée pour du tabac au nom deMatthew Le Geyt (1777-1849), auteur également de vers satiriques sur la vie militaire et sociale de l'époque.
Laelius (Messire Robert Pipon Marett)
Robert Pipon Marett, poète, avocat, journaliste etbailli de Jersey (1820-1884), jouait un rôle important dans la standardisation de l'orthographe. Il avait proposé l'orthographe du français comme base – la langue française étant à l'époque seule langue officielle de l'administration à Jersey. SaFille Malade fut citée parFrançois-Victor Hugo dans son livreLa Normandie inconnue.
Pendant son exil à Jersey,Victor Hugo s'intéressait à la langue des pêcheurs insulaires et accueillait les auteurs du pays. Il trouvait un sympathisant dans le poète Philippe Asplet (1818 -1893). À Jean Sullivan (1813-1899), auteur jersiais, Hugo a écrit en1864 que le jersiais est une « précieuse langue locale » et dans sonArchipel de la Manche, Hugo a écrit : « Quant au patois, c'est une vraie langue, point méprisable du tout. Ce patois est un idiome complet, très riche et très singulier. »
Augustus Asplet Le Gros (1840-1877) écrivait des vers lyriques sur les thèmes de la femme, du patriotisme jersiais et des scènes de genre. Éditeur d'une petite revue annuelle de poésie, il encourageait une littérature sérieuse en jersiais. Il a travaillé, avec l'écrivain jersiaisPhilippe Langlois, à un dictionnaire qui a servi de base auGlossaire du Patois Jersiais édité par la Société jersiaise en1924.
Edwin John Luce (1881-1918), rédacteur du journalLa Nouvelle Chronique de Jersey, écrivait des vers satiriques.
Philippe Le Sueur Mourant (1848-1918) écrivait des séries d'articles pour les journaux et almanachs qui racontaient les aventures de personnages typiquement jersiais, tout d'abord des campagnards et puis à partir de1911 des Jersiais naïfs en ville face à l'anglicisation croissante de la société.
George Francis Le Feuvre, « George d'la Forge », 29.9.1891 - 27.10.1984, Auteur en langue Jèrriaîthe
George Francis Le Feuvre (1891 -1984) qui écrivait sous le nom deGeorge d'la Forge émigra auCanada après laPremière Guerre mondiale et à la suite devint citoyen desÉtats-Unis, mais entre la fin de laSeconde Guerre mondiale et sa mort, il envoyait une lettre hebdomadaire en jersiais aux journaux de Jersey - des commentaires sur le monde, la politique américaine, mais surtout des mémoires de sa jeunesse à Jersey et le monde disparu de son enfance. Déraciné mais patriote, il gardait un conservatisme et un purisme dans sa langue, surtout influencé par lalexicographie de Fraînque Le Maistre.
Fraînque Le Maistre (1910-2002), fermier, entama avec l'aide deJean Dorey, le travail d'un dictionnaire encyclopédique du jersiais qui fut publié en1966 avec la participation financière des États de Jersey à l'occasion des 900 ans de laConquête de l'Angleterre. Le Maistre, honoré par lesAcadémies de Caen et d'Uppsala, par la Reine Elizabeth II et par la République française, a également longtemps été rédacteur de la revue trimestrielle en jersiais. Défenseur de la vieille langue, il se battait contre l'anglicisme et lanéologie au point de promouvoir desgallicismes et des archaïsmes. Il était poète assez médiocre, mais c'est surtout ses recherches entoponymie et sur le lexique du jersiais qui lui servent de monument.
Un panneau à Saint-Hélier explique le patrimoine linguistique, de l'anglais, du français et du jersiais, des noms de rue.Annonce de bienvenue en jersiais à l'aéroport de Saint-Hélier.Vente duDictionnaithe Jèrriais-Angliais.
En933, Jersey fut incorporé dans le territoire duduché de Normandie. Le normand est arrivé, mais le début d'un développement autonome devait attendre la division de la Normandie en1204.
Le jersiais contient des mots d'origine scandinave, tels que :
greune (rocher en mer juste au-dessous de la surface à marée basse)
Depuis des siècles, les Jersiaisempruntent des mots à l'anglais. Les servantes venues de la campagne travailler dans des maisons d'Anglophones en ville avaient appris des mots tels que :
sâsse-paine (casserole, desaucepan)
scrober (nettoyer à la brosse, descrub)
ticl'ye (bouilloire, detea kettle)
coutchi (cuisiner, decook)
ouâchinner (agiter le linge dans de l'eau savonnée, dewash)
Depuis, la technologie a introduit des mots commela bike (le vélo),la motorbike (la moto),stèrter (démarrer, destart) etdêpliodgi (débrancher, deplug).
applyitchi pouor eune dgiabbe (faire une demande d'emploi, deapply for a job)
être întérêssi dans tchiquechose (s'intéresser à quelque chose,be interested in something)
i' couothit hors (il est sorti en courant, dehe ran out)
Le français a influencé le lexique du jersiais par de nombreux emprunts. Notamment, le motgarçon a remplacé le mothardé, bien quehardelle continue une existence en parallèle à côté defil'ye.
On retrouve un petit nombre de mots d'originebretonne ; par exemple, le motpihangne (araignée de mer) vient debihan (petit),quédaine (vite) degaden (lièvre).
La première étude grammaticale du jersiais (Jersey : Ses Antiquités M. De La Croix), publiée en1859, fut suivie par la première anthologieRimes et Poésies Jersiaises en1865.
UnGlossaire du Patois Jersiais écrit pendant la seconde moitié duXIXe siècle fut publié en1924. C'est cet ouvrage qui inspira le jeune Le Maistre dans son travail lexicographique.
« La rue noire » à Saint-Ouën, Jersey : ce nom de rue montre le /th/ jersiaisLe musée de la vie à la campagne (le musée des traditions rurales de Jersey).Les paroisses de Jersey en jersiais.
L'une des particularités du jersiais est le /th/ qui distingue la langue de celle deGuernesey et du normand continental.
/th/
jersiais
français
mouaithe
mûre
liéthie
lecture
ouothinner
se tracasser
pithot
oie
Le « l mouillé », qui s'écrit en guernesiais et en normand continentalll, s'écrit en jersiais soitli soitly,l'y :
On reconnaît leou dans des mots empruntés et adaptés de l'anglais, tels que:ouadgîn (camion, dewagon),oualipe (coup de poing, dewallop),souîndgi (lancer, deswing) etbaûsouîn (maître d'équipage, deboatswain)
Il existe des différences dialectales entre les paroisses de l'ouest et de l'est, ainsi que quelques variations lexicales.
Variations lexicales
jersiais de l'ouest
jersiais de l'est
français
pônchet
paûchi
pouce
bandé
haûlinne
corde attachée au panier de pêche du homard
pêtre
airangnie
araignée
tchênelle
gliand
gland
paînfais
bênarde
berce
Lagémination est représentée dans l'orthographe par untrigrammeconsonne-apostrophe-consonne. Par exemple,t't,ch'ch,s's,th'th. On retrouve la gémination surtout dans les noms verbaux et la conjugaison des verbes au futur et au conditionnel :
la faîs'sie (action de faire) ;
la donn'nie (action de donner) ;
la brîng'gie (action de balayer ou brosser) ;
ou pâl'la (elle parlera) ;
j'féth'thêmes (nous repasserions, nous ferrerons un cheval) ;
Y'a un coin d'tèrre qué j'aime, qué j'n'oubliéthai janmais - Dans mes pensées tréjous preunmyi - Car jé n'vai rein à compather à ses bieautés Dans touos mes viages à l'êtrangi. Jèrri, man paradis, pus belle taque souos l'solé - Qué j'aime la paix dé chu Jèrri! L'amour lé veurt, j'ai si envie dé m'en r'aller Èrvaie man chièr pétit pays.
Man bieau p'tit Jèrri, la reine des îles - Lieu dé ma naissance, tu m'pâsse bein près du tchoeu; Ô, tchi doux souv'nîn du bouôn temps qu'j'ai ieu Quand j'pense à Jèrri, la reine des îles!
Jé connais touos tes charmes; et combein qu'j'en ai joui Auve eun-é chiéthe anmie, aut' fais! Quand même qué pouor achteu jé n'sais pon tout près d'lyi, N'y'a rein qu'Jèrri dans mes pensées. Et pis, comme tout bouôn Jèrriais, dans l'fond dé man tchoeu J'ai grand' envie dé m'en r'aller Dans l'île tchi m'a donné tant d'amour et d'bonheu, Èrvaie ma chiéthe et man siez-mé.
Man bieau p'tit Jèrri, la reine des îles - Lieu dé ma naissance, tu m'pâsse bein près du tchoeu; Ô, tchi doux souv'nîn du bouôn temps qu'j'ai ieu Quand j'pense à Jèrri, la reine des îles!