Djeddah[1] (enarabe :جدّة,Jidda,/ˈdʒɪd.da/), souvent translittéréDjedda[2], parfoisJeddah ouGedda, est la deuxième ville d'Arabie saoudite, située sur les bords de lamer Rouge. C’est aussi un grand centre de commerce.
L'origine du nom de la ville de Djeddah a plusieurs explications. La première suppose que Djeddah vient du nom du chef du clan Quda'a, « Jeddah Ibn Helwaan Al-Qudaa'iy ». La seconde explication, et la plus communément admise, suppose que le nom de la ville est un dérivé de « Jaddah », c'est-à-dire la « grand-mère » en arabe. Ce nom viendrait du fait qu’Ève, considérée comme la grand-mère de l'Humanité, serait enterrée à Djeddah. Si l'existence dece tombeau n'a jamais été prouvée, des inscriptions à l'entrée du cimetière où il est entreposé font état de sa présence. La sépulture supposée d'Ève est cependant scellée depuis 1975 afin d'éviter que l’endroit ne devienne source d'idolâtrie, un péché dans l'islam[4],[5].
La transcription du nomDjeddah en alphabet latin suppose plusieurs orthographes. Ainsi, sur une carte enfrançais de 1827, le nom de la localité est orthographiéGedda. En 2008, le consulat général de France et les autres représentations francophones de la ville écriventDjeddah. Cependant, en France, le ministère des Affaires étrangères recommande « Djedda »[2]. Enanglais, les autoritésbritanniques utilisent jusqu’en 2007 la graphieJedda, mais sont passées depuis lors àJeddah, graphie qui se retrouve aussi dans les documents officiels saoudiens[6].
Les excavations de la vieille ville d'Al-Balad suggèrent qu'à l’aube de l'ère desOmeyyades auVIIe siècle, la tribu yéménite Quada (بني قضاعة) fonde un village de pêcheurs après avoir quitté leYémen central pour se rendre à La Mecque. Ce mouvement migratoire aurait été causé par la rupture dubarrage de Marib dans la région d’origine de ce peuple[7].
D’autres études archéologiques ont montré que la zone était déjà peuplée pendant l’âge de pierre, à la suite de la découverte d’écritures Thamudi dans le Wadi Briman (وادي بريمان), à l’ouest de la ville, et le Wadi Boweb (وادي بويب), au nord-ouest.
La période desCalifes Bien guidés (اَلْخِلَافَةُ ٱلرَّاشِدَةُ) qui suit la mort de Mahomet en 632 conduit Djeddah à se développer. L'avènement de l'Islam et l’établissement du pèlerinage à La Mecque comme un pilier obligatoire de l'Islam transforme ce port de pêcheur en porte des lieux saints de La Mecque et de Médine où transitent les pèlerins. Cette transformation s'opère sous le règne deOthmân ibn Affân (عثمان بن عفان بن أبي العاص بن أمية) avec le développement des infrastructures d'accueil des pèlerins. Le troisième calife fait de la ville, le port officiel de La Mecque en 647. Djeddah devient alors une ville dynamique et fait l'objet de nombreuses conquêtes[8],[3].
En 969, laDynastie chiite Fatimide prend le contrôle de la côte ouest de la péninsule arabique et envahit Djeddah. Depuis l'Égypte, le califat chiite prend possession des territoires côtiers de la Méditerranée et de la mer Rouge entre l'actuelleAlgérie, foyer du califat et l'Arabie saoudite. La province duHedjaz et Djeddah est soumise à ce califat durant près de 200 ans pendant lesquels la ville devient un centre économique important. Le califat inclut le port de Djeddah dans sa stratégie diplomatique et de développement économique en lien avec l'océan Indien, ce qui offre une nouvelle dimension économique à Djeddah qui revêtait auparavant une vocation exclusivement religieuse[9].
Saladin est le premier dirigeant de laDynastie Ayyoubide qui met un terme à un califat chiite fatimide agonisant en 1170. À partir de sa prise de pouvoir au Caire, il étend ses conquêtes deJérusalem auYémen ainsi que dans la province duHedjaz, et par là même Djeddah[10]. Ces conquêtes s'inscrivent dans un vaste objectif d'unification des territoires musulmans mais aussi de contre-attaque des invasions franques qui se multiplient dans la région[11]. Saladin étend la politique de fondation des écoles juridiques (madrasas), destinée à la formation des cadres du nouvel État. S'il entreprend durant son règne de mener laguerre sainte dans la région moyen-orientale, il tient à ne pas persécuter les fidèles des autres religions. De cette manière, la région peut bénéficier durant cette période d'une certaine prospérité culturelle et économique. À la mort de Saladin en 1193, le sultanat se divise en quatre branches et se délite progressivement jusqu’en 1260[12].
La septième croisade donne aux Mamelouks l'opportunité de se substituer au pouvoir de la dynastie Ayyoubie affaiblie par les divisions. En 1254, le Hedjaz bascule et passe sous contrôle mamelouk. Alors que la zone d'influence du sultanat Mamelouk s'étend à l'Égypte, Djeddah devient la place stratégique de commerce dans l'océan Indien grâce à son positionnement sur la mer Rouge. Mais le sultanat mamelouk doit faire face aux incursions navales des Portugais qui tentent de prendre le contrôle de laroute des épices. Dans les années 1500, l'empire mamelouk ne peut plus faire face à ces attaques. Il contracte alors une alliance avec l'empire Ottoman pour contrer les charges portugaises[13].
Entre 1505 et 1517, Djeddah est le théâtre d'affrontements entre l'alliance islamique ottomane-mamelouke et les Portugais. Ces derniers ont pour objectif de prendre les lieux saints de La Mecque et de Médine et de les faire passer sous domination chrétienne. Djeddah est fortifiée et se retrouve protégée des invasions européennes[13].
En 1517, après avoir repoussé les invasions portugaises l'Empire ottoman se retourne contre l'empire Mamelouk et prend le contrôle duHedjaz.SelimIer, sultan ottoman, conquiert aussi l'Égypte et laSyrie, l'empire mamelouk tout entier est désormais sous domination ottomane. Le sultan devient le gardien des lieux saints de l'Islam après la soumission du Chérif de La Mecque[14]. En 1525, l'héritier de SelimIer,Soliman le Magnifique, prend conscience de l'importance stratégique de la ville de Djeddah et entreprend de nouvelles fortifications conséquentes pour la protéger des invasions. Ces fortifications comptent 6 tours de garde et 6 portes : la Porte de La Mecque à l'Est, la Porte du Maghreb à l'Ouest, la Porte du Chérif au Sud. Les autres portes, celles d'Al Bunt, du Sham et de Médine, sont orientées vers le nord[9].
Ahmed Al-Jazzar, le militaire ottoman connu pour son rôle dans le siège deSaint-Jean-d'Acre en 1799, passa la première partie de sa carrière à Djedda, où il tua en 1750 soixante-dix nomades qui se rebellaient contre l’exécution de leur chef Abdullah Beg. Ce fait lui valut pour le reste de sa vie le surnom deJezzar ou boucher en arabe.
Durant la seconde moitié duXVIIIe siècle, les tribus duNejd et ladynastie al Saoud s'unissent pour créer le premier État saoudien. Alors qu'il suscitait l'hostilité des Ottomans contrôlant le Hedjaz et les lieux saints de l'Islam, ce premier État saoudien entre en confrontation directe avec l'empire turc. En 1802, les saoudiens détruisentKerbala, une des villes saintes chiites. Après cette razzia, ils se donnent pour objectif de conquérir La Mecque ainsi que Djeddah[14]. Ils y parviennent en 1803 avant d’être délogés en 1813 par leChérif Pacha qui reprend le contrôle de la région avec l'appui du wali d’Acre, Ahmad Pacha al-Jazzar, à la suite d’une bataille décisive qui se déroule à Djeddah[9].
Dans les années 1700, le Hedjaz et ses villes principales dont Djeddah se vide de ses habitants à cause d'une famine qui sévissait dans la région, une pénurie due à au conflit entre l'armée ottomane et l'armée du Nejd qui s'affrontaient dans la region[15].
Le, les provinces du Nejd et du Hedjaz fusionnent pour donner naissance au Royaume d'Arabie saoudite. La capitale de la province nouvellement créée devientla Mecque et Djeddah perd son statut historique de ville politique. Cependant, tandis que l'Arabie saoudite s'ouvre progressivement aux relations internationales avec les autres États, Djeddah se trouve une place au niveau diplomatique. Les États étrangers ouvrent leurs consulats et ambassades à Djeddah, ville réputée plus libérale que Riyad la conservatrice. Ce n'est que plus tard dans les années 1980 que les ambassades et les centres décisionnels sont transférés dans la capitale saoudienne qui se modernise[16],[17].
Djeddah se situe dans la province duHedjaz qui signifie littéralement « la barrière ». Ce nom provient d'une chaîne de montagne qui s'étend sur plus de 2000 kilomètres entre laJordanie et leYémen. Djeddah se situe sur la plaine côtière appeléeTihama qui désigne l’ensemble du littoral ouest de la péninsule arabique.
Le climat de Djeddah est de typedésertique. Selon laclassification de Köppen, le climat de Djeddah est de type BWh, un climat chaud et désertique[18]. La température en hiver est élevée, allant de 15 °C à l'aube à 28 °C l'après-midi. Les températures estivales sont extrêmement chaudes, dépassant souvent les 43 °C dans l'après-midi et tombant à 30 °C dans la soirée. Les étés sont également très humides. Les précipitations à Djeddah sont clairsemées et se produisent en petites quantités en novembre et en décembre. Les orages violents sont fréquents en hiver. Les tempêtes de poussière se produisent en été et parfois en hiver, venant des déserts de la péninsule arabique ou d'Afrique du Nord[19].
Djeddah est le siège d'institutions islamiques à l'instar de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) et de laBanque islamique de développement. La ville dispose d'un port et d'un aéroport international pour l'accueil des pèlerins en route pour les lieux saints. Jusque dans les années 1950, le principal revenu économique de Djeddah était basé sur ledroit de douane imposé aux pèlerins et aux marchandises. La ville connaît une très forte croissance à partir des années 1970 tout comme le reste du pays depuis que l'exploitation du pétrole s’est intensifiée[20]. 70 % de la marchandise qui entre dans le pays par voie maritime transite par le port de Djeddah, ce qui en fait le port le plus important du pays[21].
Djeddah possède l'aéroport international Roi-Abdelaziz qui est également l'aéroport desservantla Mecque pour les pèlerinages duHajj. L'aéroport est situé à 30 kilomètres au nord du centre-ville. Au niveau maritime, leport de Djeddah(en) est le plus important port saoudien et l'un des plus importants au monde, où transitent les marchandises venant d'Occident vers l'intérieur du pays. La ville constituait un relais sur la route des Indes.
La rue King Abdullah, l'une des rues les plus importantes de Djeddah, s'étend de King Fahd Road à l'ouest de Djeddah, jusqu'à l'extrémité est de la ville. Elle est réputée pour abriter de nombreux sièges d'entreprise, et se situe à proximité de la gare centrale de Djeddah. Dans cette rue, se situele deuxième plus haut mât de drapeau du monde, qui culmine à une hauteur de 170 mètres[24].
Tahlia Street est une importante rue commerçante du centre de Djeddah, réputée pour ses grands magasins et boutiques haut de gamme. Elle est renommée « Prince Mohammad bin Abdul Aziz Road » par le gouvernement, mais ce nom officiel n'est pas très utilisé[25].
Al Balad (المدينة, littéralement « la ville ») a été fondé auVIIe siècle et constitue le centre historique de Djeddah. La spécificité architecturale de ce quartier sont les bâtiments historiques qui disposent de balcons en bois caractéristiques[26]. Les efforts de préservation de ce patrimoine architectural sont entamés dans les années 1970. En 1991, la municipalité de Djeddah fonde la Société de préservation historique de Djeddah afin de préserver l'architecture et la culture historique d'al Balad[27]. En 2009, al Balad est nommé par la Commission saoudienne du tourisme et des antiquités pour être inscrit sur la liste dupatrimoine mondial de l'UNESCO[3]; dont elle fait ainsi partie depuis 2017.
Al Balad est divisé en plusieurs quartiers qui ont hérité leurs noms de leur emplacement géographique dans la ville ou pour certains événements célèbres dont ils ont été témoins : Haret Al Mazloom, Haret Al-Sham, Haret Al Yemin, Haret Al Bahr, Krintena Hara, Haret Al million Tifl[8].
Pendant leboom pétrolier à la fin des années 1970 et 1980, le maire de la ville de l'époque,Mohammed Said Farsito, amène l'art dans les espaces publics de Djeddah. Jeddah contient un grand nombre de sculptures et d'œuvres d'art moderne, généralement situées dans des ronds-points. Les sculptures comprennent des œuvres deJean Arp,César Baldaccini,Alexander Calder,Henry Moore,Joan Miró etVictor Vasarely[28]. Dans le cadre d'un accord avec la France, l'Arabie saoudite se lance en 2018 dans la construction d'un opéra à Djeddah[29].
Lafontaine du roi Fahd est le jet d'eau est le plus haut du monde avec 312 mètres de hauteur les jours de vent favorable. Construite dans les années 1980 selon le modèle déjà existant àGenève, la fontaine du roi Fahd est mise en service en 1985.
La porte dela Mecque, appelée « Porte du Coran » (بوابة مكة), est située à 60 km de Djeddah, sur la route Makkah Mukkarram de l'autoroute reliant Djeddah à La Mecque. La porte matérialise la limite de la zoneharam de la ville de La Mecque, à partir de laquelle les non-musulmans ne sont pas admis. Cette porte est conçue en 1979 par le designer saoudienDia Aziz Dia. La structure géante représente un livre, le Coran, posé sur un repose-livre[30].
De nombreuses mosquées historiques sont présentes dans le quartier d'al Balad. La mosquée d'Othmân ibn Affân, située dans le quartier Al Mazloom, est surnommée la mosquée d'ébène car deux poteaux d'ébène soutiennent sa structure. Elle dispose d’unminaret construit au cours duXVe siècle[9]. Les mosquées Akash et Al Mem'ar, construites auXIVe siècle, sont toujours en activité grâce aux dons des fidèles[33]. La mosquée al Rahma, construite en 1985 dans le district d'Al Shatti du quartier d'al Balad, occupe une superficie de 1670 m² dont une partie se trouve sur pilotis au-dessus de la mer, et peut accueillir plus de 300 fidèles[34]. La mosquée Al Pacha, située à Haret al-Sham, est construite par un pacha turc, Baker, qui est nommé chef de Djeddah en 1735. Cette mosquée est dotée d'un style particulier de minaret qui en fait un monument archéologique de la ville. Le vieux minaret est resté ainsi jusqu'en 1978 lorsqu’il fut démoli et remplacé par un nouveau minaret[8].
La mosquée du roi Fahd, construite en 1986, est connue pour son architecture typiquement marocaine, bien distincte des autres mosquées du Royaume saoudien. Lamosquée du roi Saoud est la plus grande mosquée de Djeddah. Construite en 1987, elle couvre une superficie de 9700 m². Parmi ses nombreux dômes, le plus grand a une envergure de 20 mètres et atteint une hauteur de 42 mètres[35].
Fondé en 1996 et situé au centre-ville, le musée Abdul Raouf Khalil propose une vaste collection d'objets et d'artefacts appartenant aux Turcs ottomans et aux tribus de pêcheurs, premiers habitants de la région[36].
Lestade Roi-Abdallah (مدينة الملك عبدالله الرياضية) est situé à environ 60 kilomètres au nord de Djeddah. Construit en 2012, le stade dispose d'une capacité de 62.241 places. C’est le deuxième plus grand stade d'Arabie saoudite après lestade international du Roi-Fahd àRiyad.