Ne pas confondre avec l'autre reine de FranceJeanne de Bourgogne (duché) (morte en 1349), épouse du roiPhilippe VI de Valois (1328-1350).
Pour les articles homonymes, voirJeanne de Bourgogne etJeanne II.
| Reine de France(d) | |
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| Comté de Bourgogne | |
| Consort royal de Navarre | |
| Comté d'Artois |
| Reine de France(d) | |
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| Comtesse de Bourgogne | |
| Consort royal de Navarre(d) | |
| Comtesse d'Artois(d) |
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Jeanne II de Bourgogne[1], née vers 1291 et morte le àRoye,comtesse de Bourgogne etd'Artois, estreine de France de 1316 à 1322 en tant qu'épouse du roiPhilippe V dit « le Long ».
Jeanne est la fille aînée d'Othon IV de Bourgogne (av. 1248-1303),comte de Bourgogne, et deMahaut d'Artois (v. 1268-1329)comtesse d'Artois[2].
Son prénom, Jeanne, féminisation deJean, lui aurait été attribué, selon Jean-Luc Chassel, en mémoire deJean Ier de Chalon, grand-père du comte Othon[3].
Jeanne de Bourgogne est, de son propre chef,comtesse de Bourgogne (1303-1330),fief d'Empire dans lequel elle succède à son frèreRobert de Bourgogne (1303-1315), ainsi quecomtesse d'Artois (1329-1330), fief qu'elle hérite de sa mère Mahaut d'Artois.
Le[2], àCorbeil, elle épouse le futurPhilippe V (v. 1293-1322), ditPhilippe le Long, fils dePhilippe IV le Bel et de la reineJeanne Ire de Navarre[4].
À la Pentecôte de 1313, à l’occasion des fêtes de l’adoubement des fils du roi, elle prend la croix en même temps que ses belles-sœursMarguerite de Bourgogne, reine de Navarre, etIsabelle de France, reine d’Angleterre[5]. Il semble cependant qu’elle ait été contrainte à ce vœu par son époux,Philippe de Poitiers[6].
En 1314, lors du procès dit dela tour de Nesle, où sa sœurBlanche de Bourgogne et sa belle-sœurMarguerite de Bourgogne sont reconnues coupables d'adultère, elle n'est accusée que de connivence[2]. Elle est enfermée dans laforteresse de Dourdan[2]. Ne cessant de crier son innocence, elle échappe à l'accusation d'adultère, mais elle est toutefois poursuivie pour ne pas avoir dénoncé la conduite de ses belles-sœurs. Acquittée par arrêt duParlement, elle est libérée entre le 24 et le et retrouve sa place auprès de son époux à la cour de France[7].
L'influence de sa mère fut certainement pour beaucoup dans son retour en faveur, Mahaut d'Artois ne souhaitant pas perdre le rôle que pouvait lui procurer l'avènement de son gendre,Philippe le Long.
En novembre1316, à la mort de son neveu, l'héritier du trône de France,Jean le Posthume, son époux étant proclamé roi de France, elle devient reine de France. Elle est couronnée à lacathédrale Notre-Dame de Reims lors du sacre de son mari, le 6 (fête de l'Épiphanie) ou le dimanche[8]. Elle a comme chancelierPierre Bertrand, qui sera son exécuteur testamentaire[9].
Jeanne garde une attention constante pour soncomté de Bourgogne dont elle est issue ; l'épouse du roi de FrancePhilippe V le Long fait venir de Paris dès 1318 des tisserands et des drapiers pour y faire prospérer une nouvelle bourgeoisie àMarnay[10] et àGray[11]. Au décès du roi, elle revient en comté de Bourgogne.

SelonPierre Bersuire, c'est à la demande de Jeanne de Bourgogne qu'est composéL'Ovide moralisé, une adaptation en français des célèbresMétamorphoses d'Ovide[12].
Thomas Le Myésier (ca),chanoine d'Arras et disciple deRaymond Lulle, lui dédie sonBreviculum seu electorium parvum, version abrégée de sa monumentale compilation des œuvres de Lulle,Electorium magnum[13].
En 1317, elle fait copier et enluminer unlivre d'heures par un moine deSaint-Denis du nom de Gilles Mauléon[14],[15].
Ses dispositions testamentaires ordonnent la fondation ducollège de Bourgogne àParis.
Jeanne de Bourgogne meurt à 39 ans, àRoye le[2]. Tandis que son corps est inhumé à Paris dans l'église ducouvent des Cordeliers, son cœur est déposé àSaint-Denis près de son époux.
De son union avecPhilippe V le Long sont issus cinq enfants :
Jeanne de Bourgogne est un personnage secondaire apparaissant à de nombreuses reprises dans les premiers tomes de la célèbre suite romanesque historiqueLes Rois maudits deMaurice Druon, publiée de 1955 à 1977.
Dans le premier tome,Le Roi de fer (1955), dont l'action se déroule de mars à, Jeanne, alors comtesse de Poitiers et mariée au second fils du roi, apparaît sous la plume de Druon comme une jeune femme de 21 ans,« grande, élancée, avec des cheveux blond cendré, un maintien un peu composé, et un œil oblique de lévrier », se vêtant« avec une simplicité qui était presque une recherche »[17]. Alors que sa cousine Marguerite de Bourgogne et sa sœur Blanche, respectivement mariées au fils aîné et au troisième fils du roi, entretiennent une liaison extraconjugale avec les frèresPhilippe etGauthier d'Aunay, Jeanne, bien que fidèle à son mari,« épouse constante mais entremetteuse bénévole, qui prenait un trouble plaisir à vivre les amours d'autrui », favorise l'adultère de ses deux belles-sœurs en combinant les rendez-vous et en facilitant les rencontres,« moitié par faiblesse, moitié par amusement »[18]. Lorsque l'intrigue est révélée, les trois brus royales, tondues et vêtues de bure, sont traduites publiquement en justice : Marguerite et Blanche, reconnues coupables d'adultère, sont condamnées à l'emprisonnement à vie dans la forteresse de Château-Gaillard, alors que Jeanne, considérée comme complice, est enfermée au château de Dourdan[19].
Dans le troisième tome,Les Poisons de la Couronne (1956), qui se déroule en 1315-1316 sous le règne de Louis X le Hutin, Mahaut d'Artois parvient à obtenir le retour en grâce de Jeanne et à la réconcilier avec son époux Philippe au château d'Hesdin[20].
Le quatrième tome,La Loi des mâles (1957), qui se déroule en 1316-1317 autour des intrigues pour la succession de Louis X, se conclut par la victoire de son frère Philippe, l'époux de Jeanne, reconnu roi de France.
L'œuvre de Druon a été portée à l'écran à deux reprises. Dans l'adaptation télévisée deMarcel Jullian réalisée parClaude Barma et diffusée en 1972-1973, le rôle de Jeanne de Bourgogne est tenu parCatherine Rich, alors que danscelle de 2005 réalisée parJosée Dayan, elle est incarnée parJulie Depardieu.
Jeanne de Bourgogne est également l'un des personnages du film muetBuridan, le héros de la tour de Nesle (1923), dePierre Marodon.
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