La filiation de Jean XI reste encore un sujet discuté. SelonLiutprand de Crémone (Antapodosis, II. c. 48) et leLiber pontificalis, il était le fils naturel du papeSerge III (904–911), (« Johannes, natione Romanus ex patre Sergio papa »,Liber Pont, ed. Duchesne, II, 243).Ferdinand Gregorovius[2],Ernst Dümmler, Thomas Greenwood (Cathedra Petri: A Political History of the great Latin Patriarchate),Philip Schaff et Rudolf Baxmann[3] s'accordent avec Liutprand pour voir en Serge III le père de Jean XI qu'il aurait eu deMarozieIre. En pareil cas, Jean XI serait le seul fils illégitime d'un pape qui soit devenu pape lui-même. (Silvère était le fils légitime du papeHormisdas). D'autre part Horace Kinder Mann[4], Reginald L. Poole[5], Peter Llewelyn (Rome in the Dark Ages),Karl Joseph von Hefele, Auguste Friedrich Gfrörer[6],Ludovico Antonio Muratori et Francis Kenrick[7] soutiennent que le pape Jean XI devait le jour àAlbéricIer,comte de Tusculum. Mann note ainsi avec raison que ces allégations contre Serge III proviennent de sources biaisées et peu fiables notamment des écrits deLiutprand de Crémone, fervent partisan de l'empereur du Saint-EmpireOtton Ier contre les papes, et qu'elles ne s'accordent pas avec ce que des chroniqueurs fiables commeFlodoard disent deSerge III[8].
Sa mère,MarozieIre, était la maîtresse de Rome à l'époque où il monta sur lachaire de saint Pierre. Elle était donc, pense-t-on, en mesure d'exercer sur le pape une domination complète.
Quand Marozie fut renversée, Jean XI passa sous la coupe d'Albéric II de Spolète (932–954), son frère cadet. Le seul pouvoir qui restait au pape était l'exercice de ses fonctions purement spirituelles. Toutes les autres étaient aux mains d'Albéric II, qui ne se mêlait pas seulement de questions profanes, mais aussi de questions ecclésiastiques.
C'est sur l'insistance d'Albéric II, que lepallium fut conféré àThéophylacte de Constantinople,patriarche de Constantinople (935), et aussi àArtaud de Reims,archevêque de Reims (933). Certaines sources traditionnelles catholiques considèrent le pontificat de Jean XI comme le moment où l'Église était tombée le plus bas, mais c'est lui tout de même qui a accordé un grand nombre de privilèges à la congrégation deCluny, qui devait être par la suite un puissant acteur de la réforme de l'Église.
↑Baxmann, Rudolf (1869),Die Politik der Päpste vonGregor I, bis Gregor VII,II, Elberfeld,pp. 58-125.
↑« Serge commença par déclarer nulles les ordinations conférés parFormose, mais qu'il ait mis à mort ses deux prédécesseurs et qu'il ait eu de Marozie un fils illégitime qui devait être par la suite le pape Jean XI, voilà ce qu'on doit regarder comme des plus douteux. De telles assertions n'ont été faites que par des adversaires mal intentionnés ou mal informés, et elles ne s'accordent pas avec ce que disent de lui des contemporains respectables [commeFlodoard] », Mann, Horace Kinder (1912), « Sergius III »,Catholic Encyclopedia, New York, Robert Appleton Company,XIII.
↑Poole, Reginald L. (1917), « Benedict IX and Gregory VI »,Proceedings of the British Academy, 8: 230.