Pour les articles homonymes, voirStablinski.
Cet article possède unparonyme, voirJean Starobinski.
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5 championnats ![]() 1 grand tour ![]() 12 étapes dans les grands tours Tour de France (5 étapes) Tour d'Espagne (5 étapes) Tour d'Italie (2 étapes) Classiques Amstel Gold Race1966 Grand Prix de Francfort 1965 Paris-Bruxelles 1963 |
Jean Stablewski, ditJean Stablinski, né le àThun-Saint-Amand, dans leNord, et mort le àLille, est uncoureur cyclistefrançais d'originepolonaise, qui fit une brillante carrière de1952 à1968, remportant au total 106 victoires professionnelles. Elle fut marquée par quatre titres dechampion de France sur route (1960,1962,1963,1964), un titre dechampion du monde sur route (1962), une victoire auTour d'Espagne 1958 et lors de classiques dont leGrand Prix de Francfort,Paris-Bruxelles et l'Amstel Gold Race. Il fut un fidèle coéquipier deJacques Anquetil, dont il fut le capitaine de route.
Le père de Jean Stablewski, Martin Stablewski, a quitté laPologne et s'est installé dans le Nord de laFrance à l'âge de 25 ans, en 1924. Il travaille à la Zinguerie franco-belge deThun-Saint-Amand, dans le département duNord. Ses quatre premiers enfants, nés en Pologne, et sa femme le rejoignent plus tard. Peu après la naissance d'un cinquième enfant, en 1926, l'épouse de Martin Stablewski meurt. Lors d'un séjour dans sa famille en Pologne, il rencontre Pélagia qui devient sa femme et s'installe avec lui en France. Leur enfant Jean Stablewski naît le à Thun-Saint-Amand. Comme beaucoup d'immigrés polonais, il descend à lamine. L’existence tragique du paternel marqua la jeunesse de Jean, qui en parlait peu[1]. Martin Stablewski meurt le, écrasé par un camion allemand alors qu'une patrouille contrôle ses papiers. Deux frères de Jean Stablewski sont faits prisonniers et détenus en Allemagne. Un troisième s'engage dans la Résistance puis dans l'armée américaine et participe à la libération de l'Alsace. Il part ensuite enGrande-Bretagne et auxÉtats-Unis. Au sortir de la guerre, Jean est seul à demeurer avec sa mère. En 1946, à 14 ans, il est contraint de quitter l'école pour travailler à la zinguerie, faute de quoi la maison de la famille leur serait reprise[2]. Il est naturalisé français en 1948[3]. En 1949, il trouve pour sa mère un nouveau mari, dont il épouse la fille, Génia, en 1954[4]. Leur fils,Jacques Stablinski, naît en 1956, et devient également cycliste. Il est champion de France amateur en 1975, puis coureur cycliste professionnel pour Fiat et Puch Campagnolo Sem. Dix ans plus tard, en 1966, leur fille Cathy Stablinski naît à son tour.
Pour compléter ses revenus, vers l'âge de 15 ans, Jean Stablewski joue de l'accordéon dans des bals. À l'Harmonie deLecelles, il fait la connaissance d'un cycliste nommé Ilario Masséra et découvre son sport. Malgré l'opposition de sa mère, il achète un vélo de course. Le, il participe à sa première course, à Vicoigne, près deRaismes, et termine onzième. Il gagne ensuite trois courses puis sa mère lui interdit de courir. Pour la convaincre de le laisser pratiquer le cyclisme, il rentre un soir tard, ivre et fumant une cigarette. Il est ainsi convenu qu'il arrêtera de sortir le soir mais pourra s'adonner à sa passion[5].
Membre du Vélo Club Solesmois de 1946 à 1948, ensuite membre des Écureuilsamandinois en1948, Jean Stablewski y court aux côtés d'Elie Marsy, un des meilleurs coureurs de la région et futur professionnel[6]. Il évolue l'année suivante face à des coureurs plus expérimentés, commeGabriel Dubois. En 1950, il quitte la zinguerie de Thun-Saint-Amand et travaille pendant trois mois à la mine, àBellaing. C'est à cette époque qu'il commence à entrevoir la possibilité de faire carrière dans le cyclisme. Membre de la Pédale thunoise, il remporte en mai le Grand Prix Leonide Lekieffre. Un journaliste deLa Voix des Sports lui prédit alors une « brillante carrière » et le nomme dans son article « Jean Stablinsky ». Ce nom restera employé durant sa carrière. Il s'inscrit à l'école du bâtiment d'Hérin pour devenir cimentier-plâtrier. Premier de sa promotion, il est recruté àValenciennes par les Établissements Fortier[7].
En1952, Jean Stablinski est approché par le consul de Pologne àLille afin qu'il participe à laCourse de la Paix, épreuve-phare du cyclisme amateur dont les organisateurs souhaitent faire concourir une équipe de cyclistes du nord de la France d'origine polonaise. Il accepte et se rend au départ de la course àVarsovie avec quatre autres coureurs régionaux. Il gagne la troisième étape àKatowice avec une minute d'avance sur le peloton, après une échappée solitaire durant les trente derniers kilomètres. Il devient le premier Français à revêtir le maillot de leader de cette course. Il le perd lors de la septième étape. ÀPlzeň, enRépublique tchèque, il remporte la dixième étape. Le lendemain, il perd ses chances de s'imposer au classement général : une roue de son vélo se casse et, ne comptant plus qu'un équipier à ses côtés, derrière lequel se trouve son directeur sportif, il perd du temps. Il termine à la troisième place de cette Course de la Paix, derrièreIan Steel etJan Veselý. Il dira quinze ans plus tard de cette course qu'elle est son « meilleur souvenir cycliste »[8]. En juillet, il dispute leTour de Belgique indépendants[9]. Considéré comme un des favoris, il finit à la troisième place et remporte le Grand Prix de la montagne et deux étapes. Ses résultats en Belgique et lors de la Course de la Paix permettent à Jean Stablinski d'être repéré parRaymond Louviot, dirigeant de l'équipe Gitane-Hutchinson, qui lui fait signer un contrat au mois d'août[10].
Jean Stablinski devient cycliste professionnel en. En octobre, lors de sa première course importante,Paris-Tours, il s’échappe seul pendant une vingtaine de kilomètres et termine à la treizième place, dans le groupe de tête. Il commence sonservice militaire au452e Groupe d'artillerie antiaérienne àVerdun. En1953, il prend une licence d'indépendant[9] aux Écureuils amandinois, ce qui lui permet de participer à des courses pour amateurs ou professionnels lors de ses permissions. Il devient ainsi champion de la sixièmerégion militaire. En juin, il prend part auCritérium du Dauphiné libéré, qu'il quitte lors de l'antépénultième étape, afin d'aller disputer le championnat de France militaires àMontpellier. Il le remporte avec plus de six minutes d'avance, ayant effectué seul les 90 derniers kilomètres. Il revêt son premier maillot tricolore de champion de France. Grâce à cette victoire, il lui devient plus facile de se libérer pour s'entraîner et disputer des courses. Ainsi au début du mois d'août, il est vainqueur d'étape et troisième au classement général duTour de la Manche, course par étapes de niveau régional remportée parJacques Anquetil. C'est la première rencontre de Stablinski avec ce coureur, encore peu connu et dont il deviendra un équipier fidèle et un ami. Il dispute ensuite leTour de l'Ouest, où il gagne encore une étape. En septembre, il est septième deBordeaux-Paris, course majeure dont la longueur est réputée favoriser les coureurs expérimentés[11].
Jean Stablinski termine son service militaire en avril1954 et peut dès lors réintégrer l'équipe Gitane. Comme nombre d'autres coureurs, il espère pouvoir participer au Tour de France. Celui-ci est alors disputé par équipes nationales et régionales et les coureurs y sont sélectionnés par les organisateurs de la course. Stablinski participe en juin auCritérium du Dauphiné libéré, auTour du Nord, puis remporteParis-Bourges, « sa première victoire d'envergure ». Il obtient grâce à elle sa sélection dans l'équipe Nord-Est-Centre duTour de France, aux côtés notamment deGilbert Bauvin,Roger Hassenforder, etGilbert Scodeller, son ami. Durant ce Tour, le premier à prendre son départ à l'étranger, àAmsterdam, il se classe deux fois troisième d'étapes, àBayonne etToulouse. Il abandonne lors de l'avant-dernière étape à cause de douleurs au ventre. En septembre, il est douzième duGrand Prix des Nations qu'Anquetil gagne pour la deuxième fois[12].
En début d'année1955, Stablinski s'aligne sur les courses disputées sur la côte méditerranéenne et destinées à préparer la saison. Il est quatrième duGrand Prix de l'Écho d'Alger et huitième duGrand Prix de l'Écho d'Oran. Au printemps, il participe à laFlèche wallonne (17e), àLiège-Bastogne-Liège (20e), auTour de Picardie (6e). Il commence à pouvoir espérer une place dans l'équipe de France du Tour. Sa septième place auTour du Sud-Est en mai n'est pas encore suffisante pour queMarcel Bidot, sélectionneur, lui accorde une des deux dernières places qu'il lui reste à attribuer. Ce dernier est convaincu par la victoire de Stablinski lors deParis-Valenciennes, sur ses routes d'entraînement. Le directeur technique de l'équipe du Nord-Est-CentreSauveur Ducazeaux souhaite également l'avoir avec lui, et c'est finalement dans cette équipe que Stablinski dispute son deuxièmeTour de France, toujours avec Bauvin, Scodeller, Hassenforder, ainsi queRoger Walkowiak. Il se classe quatrième d'étape àThonon-les-Bains et septième àPoitiers, et termine ce Tour à la35e place. Dans la foulée de cette course, il participe à descritériums et en remporte plusieurs. Ce choix lui est reproché plus tard par Raymond Louviot après une douzième place décevante auGrand Prix des Nations, à nouveau dominé par Anquetil. Il termine cette saison avec une18e place lors deParis-Tours[13].
Stablinski change d'équipe en 1956 et rejoint Essor-Leroux-Hutchinson, dont est également membreJean Robic, ancien vainqueur du Tour de France. Après une victoire au Critérium d'Alger et une dixième place auCritérium national, il est confiant lorsqu'il abordeParis-Roubaix au début du mois d'avril. Il en prend cependant la52e place. Visant à nouveau une participation au Tour de France, il remporte en mai le Tour du Sud-Est, en y gagnant deux étapes dont un contre-la-montre. Une semaine plus tard, il est sixième deBordeaux-Paris. Alors qu'il apprend sa sélection en équipe de France pour leTour, il est de nouveau appelé à servir l'armée française et part pour leMaroc. Il y reste jusqu'en novembre, se voyant accorder une permission en août pour la naissance de son fils Jacques[14].
Le début d'année 1957 est décevant pour Jean Stablinski quant à ses résultats personnels. Il obtient sa première place sur un podium en mai, auxQuatre Jours de Dunkerque, où il est troisième. Son travail de coéquipier et sa victoire d'étape au Tour du Sud-Est lui permettent d'être sélectionné en équipe nationale pour leTour de France. Il gagne ensuite leTour de l'Oise en juin. Au Tour de France, le leader de l'équipe de France estJacques Anquetil, dont c'est la première participation. L'équipe assure la victoire d'Anquetil et écrase la course en gagnant en outre le classement par points parJean Forestier, le classement par équipes, et 13 des 22 étapes. « Équipier modèle » qui « organise la course » de l'équipe, Jean Stablinski gagne la douzième étape. Il est échappé avecHenry Anglade, qu'il lâche aumont Faron, et arrive àMarseille avec douze minutes d'avance sur le second. Il termine ce Tour à la43e place du classement général. Ses performances lui offrent de nombreuses invitations pour des critériums d'après-Tour. Il en gagne sept.Malgré sa forme du moment, il ne se voit attribuer qu'une place de remplaçant en équipe de France pour le championnat du monde sur route àWaregem, enBelgique, au grand dam d'Anquetil et de Marcel Bidot pour lesquels Stablinski aurait été précieux tant dans un rôle de coéquipier que pour éventuellement disputer la victoire. Ce championnat est remporté par le BelgeRik Van Steenbergen devant les FrançaisLouison Bobet etAndré Darrigade[15].
Gếné par des douleurs consécutives à une chute, Stablinski connaît un début d'année 1958 difficile. Il obtient néanmoins la dixième place deMilan-San Remo. Le déroulement deParis-Roubaix, lors duquel il aide Jacques Anquetil avant d'abandonner et de voir ce dernier échouer à cause d'une crevaison, est pour lui une grande déception. Malgré cette entame de saison, grâce au forfait deJean Forestier il fait partie de l'équipe de France qui part disputer leTour d'Espagne fin avril, sous la direction deGeorges Speicher. Lors de la quatrième étape, il arrive à Barcelone dans un groupe d'échappés, ce qui lui permet de prendre la première place du classement général. Le lendemain, il remporte avec ses coéquipiers le contre-la-montre par équipes. Il cède cependant le maillot jaune le lendemain au Belge Daan De Groot. Un autre Belge, Rik Van Looy, vainqueur de cinq étapes de cetteVuelta, occupe ensuite la première place. « Harcelé par les Espagnols », il abandonne lors de la douzième étape, ce qui permet à Stablinski, vainqueur entretemps d'une étape, de reprendre le maillot jaune. Stablinski bénéficie de la mésentente qui règne au sein de l'équipe d'Espagne, divisée par la rivalité entreJesús Loroño etFederico Bahamontes, au point que Luis Puig renonce à diriger ses coureurs. Seule une chute causée par un chien lors de la dernière étape met temporairement en péril la victoire de Stablinski. L'équipe de France lui permet de revenir dans le peloton et de remporter cetteVuelta, avec près de trois minutes d'avance sur l'ItalienPasquale Fornara et trois minutes surJesús Manzaneque. Malgré ce succès important, il ne peut disputer le championnat de France, car la participation est conditionnée par l'obtention de points lors de courses françaises. En juillet, il prend part auTour de France dans une équipe de France qui échoue cette fois. Son meilleur coureur estLouison Bobet, septième au classement général, tandis queRaphaël Géminiani, dont Jacques Anquetil n'a pas voulu, est troisième. Anquetil abandonne en fin de Tour, alors que la victoire est déjà acquise au LuxembourgeoisCharly Gaul. Les cinq victoires d'étapes de Darrigade sont la seule satisfaction des Français. Stablinski est pour sa part mécontent d'avoir vu ses coéquipiers participer à la poursuite d'un groupe d'échappés dans lequel il figurait. À nouveau absent de la sélection française pour lechampionnat du monde, il se fracture une clavicule lors d'un critérium en Espagne. Il reprend la compétition en septembre et participe en novembre avec Gilbert Scodeller aux derniersSix Jours de Paris disputés auVélodrome d'hiver. Ils se classent treizièmes[16].
Le premier résultat satisfaisant de Jean Stablinski en 1959 intervient lors duCritérium national, dont il prend la neuvième place. Il est ensuite troisième de la première édition duGrand Prix de Denain. Ambitieux lors deParis-Roubaix, il termine à la38e place. Le mois suivant, il endosse le rôle de coéquipier d'Anquetil. Il l'aide à gagner lesQuatre Jours de Dunkerque, puis l'accompagne auTour d'Italie. Anquetil termine deuxième, à plus de six minutes de Charly Gaul qui domine la course et enlève son deuxièmeGiro. AuTour de France, l'équipe de France est cette fois désunie par la rivalité entreRoger Rivière et Anquetil. Deuxième de la huitième étape àBordeaux, Stablinski est éliminé à l'issue de la treizième étape, car il arrive dans un groupe hors délais après avoir donné sa roue à Géminiani pour le dépanner. Anquetil finit troisième et Rivière quatrième de ce Tour remporté par Bahamontes. Dans la foulée du Tour, Stablinski gagne quatre critériums, est absent du championnat du monde et se classe quatrième du Grand Prix d'Orchies. À l'issue de cette année qu'il a trouvée difficile, Stablinski songe à quitter le cyclisme et à ouvrir un café avecElie Marsy, mais décide de poursuivre sa carrière[17].
Il aborde l'année 1960 avec l'intention de courir plus souvent pour lui-même et d'étoffer son palmarès. Quatrième duTour de Sardaigne et seizième deParis-Nice, il remporteNice-Gênes à la fin du mois de mars, avec l'aide de son coéquipier irlandaisSeamus Elliott, deuxième de la course. Toujours ambitieux lors deParis-Roubaix, il doit abandonner après deux chutes. En mai, lesQuatre Jours de Dunkerque présentent une étape contre-la-montre plus courte que les années précédentes, ce qui sied mieux aux caractéristiques de Jean Stablinski. Il gagne la première étape et termine à la deuxième place, derrièreJoseph Planckaert,« bien entouré de sa garde Flandria »[18]. Il se rend ensuite en Italie où il aide Jacques Anquetil à être le premier Français lauréat duGiro, en devançantGastone Nencini et Charly Gaul. Stablinski s'adjuge la treizième étape à Milan. Il y profite de la présence dans le même groupe d'échappés que lui d'André Darrigade : il attaque seul à trois kilomètres de l'arrivée et personne ne se lance à sa poursuite, craignant de favoriser Darrigade. En juin, il prend part àReims au championnat de France sur route, dont son coéquipierJean Graczyk est considéré comme le favori. Figurant dans le groupe de têtes, Stablinski s'échappe à l'entame du dernier tour de circuit, soit à une vingtaine de kilomètres de l'arrivée, et n'est pas repris. Il obtient son premier titre de champion de France devantLouis Rostollan et André Darrigade. Après ce succès, sa place en équipe de France est acquise. Il doit cependant renoncer auTour de France : il souffre d'uneinduration, apparue deux ans plus tôt et non-soignée, et dont la guérison nécessite désormais un arrêt de plusieurs semaines. Il reprend la compétition à la fin du mois de juillet en disputant quelques critériums puis lechampionnat du monde sur route, sur leSachsenring, enSaxe. Il en prend la quatorzième place, tandis que Darrigade est deuxième de la course dominée parRik Van Looy. Il gagne ensuite leGrand Prix d'Orchies, organisé par le patron de son équipe, Robert Leroux, en y devançant trois de ses coéquipiers. En fin de saison, il envisage de participer àParis-Brest-Paris, course disputée tous les dix ans depuis 1891. Elle n'a cependant pas lieu et ne sera plus organisée. Stablinski clôt sa saison avec une blessure à l'épaule contractée lors de la seule édition des Six Jours de Lille, organisés sans succès parJean Leulliot[19].
En début d'année 1961, Jean Stablinski participe auTour de Sardaigne, puis est aux côtés de Jacques Anquetil lors de sa victoire surParis-Nice. Son premier objectif de l'année, leCritérium national, est également gagné par Anquetil. En avril, il est21e deParis-Roubaix. Il remporte ensuite les Boucles roquevairoises, une étape duTour du Var et desQuatre Jours de Dunkerque puis part àTurin disputer leGiro, dont Anquetil est considéré comme le favori. Ce dernier termine cependant à la deuxième place, devancé de près de quatre minutes par l'ItalienArnaldo Pambianco. Vainqueur d'un contre-la-montre àBari et porteur dumaillot rose pendant quatre jours, il perd ce Tour d'Italie lors de l'avant-dernière étape, àBormio, après le passage ducol du Stelvio. Jean Stablinski termine à la82e place[20] et manque de peu d'emporter la huitième étape àTarente, où il est battu par le NéerlandaisPiet van Est[21]. Au championnat de France, sur lecircuit de Rouen-les-Essarts, Stablinski est en tête de la course avecClaude Colette lorsqu'ils chutent à une quarantaine de kilomètres de l'arrivée. Tandis que Colette abandonne, Stablinski est rattrapé par un groupe de coureurs. LorsqueRaymond Poulidor attaque, seul Stablinski parvient à le suivre. Il perd cependant son titre de champion de France au profit de Poulidor, qui a commencé sa carrière professionnelle l'année précédente.
En juillet, Jean Stablinski participe auTour de France avec l'équipe de France. Celle-ci écrase la compétition. Anquetil gagne son deuxième Tour en prenant le maillot jaune lors de la deuxième portion de la première étape, pour le garder jusqu'à la fin de l'épreuve. Il gagne deux étapes contre-la-montre, et le reste de l'équipe sept, dont quatre par André Darrigade, vainqueur du classement par points. L'équipe gagne également le challenge des équipes. Stablinski, élu« coureur le plus loyal du Tour », s'impose lors de la septième étape àChalon-sur-Saône et termine42e.
Auchampionnat du monde àBerne, il figure dans le groupe d'échappés mais ne peut empêcher une nouvelle victoire du BelgeRik Van Looy[22].
Raphaël Géminiani, coureur jusqu'en 1960, crée en 1962 une nouvelle équipe cycliste qu'il dirige, Saint-Raphaël-Helyett-Hutchinson. Elle reprend une partie des coureurs de l'équipe Saint-Raphaël-Géminiani et de l'équipe Helyett, dont Stablinski, Anquetil, Graczyk, Elliott, Rostollan, et engage les frères Willi etRudi Altig. Après un début de saison difficile, marqué par un Paris-Nice qu'aucun de ses coureurs ne termine, l'équipe part à la fin du mois d'avril disputer leTour d'Espagne. Cette course est un succès. Seamus Elliott et Rudi Altig portent alternativement le maillotamarillo à partir de la deuxième étape, et ce dernier s'impose au classement général. L'équipe gagne 13 des 17 étapes ainsi que le classement par équipes. Anquetil n'est cependant pas satisfait d'être éclipsé par Altig et abandonne avant le départ de la dernière étape. Jean Stablinski, vainqueur d'étape àValladolid, termine sixième du classement général. Le championnat de France disputé àRevel permet à Stablinski de retrouver le maillot tricolore perdu un an plus tôt. Revenant à mi-course sur un groupe d'échappés en compagnie deJoseph Groussard et Stéphane Lach, il se retrouve seul en tête dans le dernier tour de circuit en contrant une attaque d'Anatole Novak et gagne le championnat.
LeTour de France 1962 est le premier depuis1929 à être disputé par équipes de marques, et non par équipes nationales et régionales. L'ambiance au sein de l'équipe Saint-Raphaël-Helyett-Hutchinson se détériore rapidement : alors qu'Anquetil, tenant du titre, est leader de l'équipe, Rudi Altig s’adjuge la première étape àSpa enBelgique et prend le maillot jaune, qu'il perd le lendemain. Il s'impose à nouveau àAmiens et porte à nouveau le maillot jaune pendant trois jours. Anquetil réaffirme son statut de leader en s'adjugent la huitième étape, un contre-la-montre, àLa Rochelle. Il prend le maillot jaune à deux jours de l'arrivée, à l'occasion d'un contre-la-montre àLyon. Il y devanceErcole Baldini de trois minutes et Poulidor de cinq minutes. Vainqueur final devantJoseph Planckaert et Poulidor, Anquetil est le troisième coureur à remporter le Tour de France une troisième fois, aprèsPhilippe Thys etLouison Bobet. Stablinski, trentième et toujours précieux équipier d'Anquetil, gagne une étape au vélodrome deCarcassonne. Saint-Raphaël-Helyett est première au classement par équipes et Rudi Altig au classement par points.
Afin de préparer lechampionnat du monde, Stablinski prend part auCircuit des Trois villes sœurs, en Belgique, qu'il remporte. Il est dès lors considéré comme l'un des favoris du championnat, disputé àSalò en Italie, le. À 85 kilomètres de l'arrivée, il figure dans le groupe de tête, avec son camarade d'entraînement et ami Seamus Elliott, Groussard, Hoevenaers, Wolfshohl. À 23 kilomètres de la fin, Stablinski s'échappe seul. Malgré une crevaison, il gagne la course. Elliott se classe deuxième.
Après ce succès, Stablinski est très demandé par les organisateurs de critériums. Il dispute égalementParis-Tours, où il est21e, et leTrophée Baracchi, contre-la-montre en duo, où il est huitième avec Seamus Elliott. Il est présent auxSix Jours de Bruxelles, en équipe avecReginald Arnold. En fin d'année, il séjourne enNouvelle-Calédonie, en compagnie notamment d'Anquetil et Graczyk, et y dispute huit courses locales[23].
En début d'année 1963, la Fédération française de cyclisme sollicite Jean Stablinski afin qu'il prenne part au championnat du monde de cyclo-cross. Cette participation ne fait toutefois pas l'unanimité : le sélectionneur nationalRobert Oubron notamment n'apprécie pas de devoir écarter un spécialiste du cyclo-cross au profit de Stablinski. Ce dernier décline finalement la proposition de la fédération. Il aide Anquetil à remporter Paris-Nice. Lors deParis-Roubaix, il perd toute chance de succès à cause d'une chute dans le Caouin. Fin avril, il prend le départ deParis-Bruxelles sans ambition, prévoyant même d'abandonner près de chez lui. Il fait cependant partie d'un groupe de coureurs qui s'échappent dès les premiers kilomètres. Au fil de la course, le nombre de coureurs autour de lui se réduit. SeulTom Simpson reste avec lui en tête de la course après la côte de Marouset à 35 kilomètres de l'arrivée. Simpson attaque à quelques kilomètres de l'arrivée. Stablinski, qui d'abord « temporise », revient et le lâche dans la dernière côte. Il obtient sa première victoire avec le maillot de champion du monde, ainsi que la première grande classique internationale de son palmarès.
Il se rend immédiatement après ce succès auTour d'Espagne, où il reprend son rôle d'équipier d'Anquetil. Celui-ci occupe la première place du classement général dès le premier jour de course en gagnant un contre-la-montre. Stablinski gagne une étape àLérida, en empêchantJosé Martín Colmenarejo, deuxième du classement général, d'empocher la minute de bonification attribuée au vainqueur. Il se classe neuvième de cetteVuelta, que remporte Anquetil. Celui-ci devient le premier coureur à remporter les troisgrands tours nationaux (Tours de France, d'Italie et d'Espagne). Stablinski gagne ensuite leTour de Haute-Loire, en battant son compagnon d'échappée au sprint, puis une étape du Critérium du Dauphiné libéré, en battant au sprintFederico Bahamontes après avoir fait montre de qualités de grimpeur inattendues pour suivre ce dernier en montagne. Au championnat de France, au circuit des Essarts-Rouen, Anquetil souhaite lui disputer le titre. Un autre coureur de l'équipe Saint-Raphael,Louis Rostollan, est longtemps seul en tête. Il est rattrapé, puis lâché à 18 km de l'arrivée par Stablinski. Poursuivi par Anquetil et Ignolin, Stablinski obtient son troisième titre de champion de France.
Afin de pallier l'éventuelle absence d'Anquetil, il est un temps envisagé de donner à Stablinski un rôle de leader auTour de France. Anquetil décide finalement de participer, et c'est dans le rôle d'équipier que Stablinski s'y aligne. Il se classe deuxième de la troisième étape àRoubaix, où Seamus Elliott s'impose et prend le maillot jaune. Il quitte ce Tour lors de la seizième étape. Anquetil devient le premier coureur à gagner quatre Tours de France.
Après une deuxième place auBol d'or des Monédières, Stablinski part défendre son titre de champion du monde àRenaix, en Belgique. Alors queRik Van Looy tance une équipe de France forte mais pas soudée autour d'un leader, il est lui-même battu par un des siens,Benoni Beheyt. Jean Stablinski est neuvième en ayant lancé le sprint de Darrigade, quatrième. Le, il chute lors d'un cyclo-cross àFontenay-sous-Bois. Il souffre de multiples fractures, et passe l'hiver à se rétablir[24].
Jean Stablinski peine à obtenir de bons résultats en début d'année 1964. Son premier résultat satisfaisant est la septième place duTour de Belgique, en avril. Trois jours plus tard, il fait partie du groupe d'échappés qui va se disputer la victoire duParis-Roubaix, mais en est écarté par deux crevaisons. Il est septième de cette édition, la plus rapide, remportée par le NéerlandaisPeter Post. En mai, une chute lors des Quatre Jours de Dunkerque lui cause une entorse de l'épaule et une fêlure d'un os du poignet. Il reprend la compétition deux semaines plus tard, auGrand Prix du Midi libre, où il est deuxième d'étape. À la fin du mois, il prend part auBordeaux-Paris, en ayant pour cela refusé d'accompagner Anquetil auTour d'Italie. La course est remportée parMichel Nédélec, jeune coureur que ses concurrents ont laissé s'échapper. Jean Stablinski est deuxième.
En juillet, Stablinski est au départ duTour de France àRennes. Il y accompagne à nouveau Anquetil, qui a remporté leGiro et a pour principal adversaireRaymond Poulidor, lauréat duTour d'Espagne. Anquetil prend le maillot jaune lors de la17e étape, qu'il remporte, et parvient à le conserver auPuy de Dôme, point d'orgue de sa rivalité avec Poulidor. Jean Stablinski gagne le lendemain l'étape arrivant àOrléans. Jacques Anquetil devient le premier coureur à remporter cinq Tours de France. Il est également le deuxième, aprèsFausto Coppi, à réaliser au cours d'une saison le doubléGiro-Tour de France.
Après ce succès, Stablinski dispute des critériums et remporte le Bol d'or des Monédières. Le championnat de France sur route a lieu en août àChâteaulin, enBretagne. Il espère y conserver son titre, à nouveau malgré les ambitions d'Anquetil. Il est à l'initiative d'une échappée de quatre coureurs, à 44 km de l'arrivée. Emmené par son coéquipierMichel Grain, il devance les deux autres coureurs,Georges Groussard etAndré Foucher et obtient ainsi son quatrième titre national. En septembre, il termine neuvième duchampionnat du monde àSallanches, remporté par le NéerlandaisJan Janssen. En fin de saison, il gagne le Circuit des frontières àTempleuve (Belgique)[25].
En, le conseil d'administration deSaint-Raphaël a pris la décision de ne plus financer d'équipe cycliste.Raphaël Géminiani convaincFord France de créer une nouvelle équipe, lancée en 1965. Elle reprend l'essentiel des coureurs de Saint-Raphaël. Jean Stablinski obtient sa première victoire, le Grand Prix Lazaridès àRocheville, en février. Il est ensuite treizième deMilan-San Remo, remporté par son coéquipier Den Hartog, et cinquième duCritérium national, gagné par Anquetil. Ce dernier est également vainqueur de Paris-Nice. En avril, Stablinski s'impose auGrand Prix de Francfort avec une minute et trente secondes d'avance sur le deuxième,Frans Verbeeck, puis auTour de Belgique. Il est le premier Français à gagner cette course depuisPaul Duboc en 1909. Il aborde ainsiParis-Roubaix dans des conditions idéales :« Jamais à pareille époque je n'ai connu une telle forme », dit-il, tandis queRik Van Looy affirme :« La bonne roue, c'est celle de Stablinski ». Il joue cependant une nouvelle fois de malchance. ÀThumeries, une crevaison l'écarte de la victoire. Il termine onzième. Une semaine plus tard, il est cinquième duTour des Flandres. En mai, il prend part àBordeaux-Paris. Cette fois, ses ambitions personnelles passent au second plan, car Raphaël Géminiani souhaite qu'Anquetil réalise le doubléCritérium du Dauphiné libéré-Bordeaux-Paris. Bien que considéré comme le favori de la course, Stablinski remplit son rôle d'équipier. Il rattrapeFrançois Mahé, échappé, puis le lâche et attend ensuite Anquetil etTom Simpson. Lorsque ce dernier attaque, Stablinski le reprend en emmenant Anquetil avec lui. Les deux coureurs de Ford France finissent par user Simpson et le distancer. Anquetil arrive le premier auParc des Princes, suivi de Stablinski. Pour Simpson,« les deux équipiers se valent mais c'est bien Stablinski qui m'a battu ».
Ni Stablinski ni Anquetil ne prennent part auTour de France. Jean Stablinski dispute des critériums et gagne le circuit des remparts àBoulogne-sur-Mer et leGrand Prix de Gippingen enSuisse. En août, au championnat de France àPont-Réan,Henry Anglade s'impose tandis que Stablinski se classe14e en se voyant concurrencé par ses propres équipiers, y compris Anquetil qui s'emploie à faire échouer une de ses attaques. L'entente au sein de l'équipe est entamée par le déroulement deParis-Luxembourg, à la fin du mois. Alors que Seamus Elliott occupe la première place du classement général, il manque l'échappée décisive lors de la dernière étape. Stablinski, déjà vainqueur la veille, y est présent et gagne l'épreuve grâce à cela, aux dépens d'Elliott. Le comportement de Stablinski est jugé sévèrement, y compris par Anquetil et Elliott, ce dernier se disant « écœuré ». Seul le directeur sportif Louviot le défend, affirme lui avoir demandé de rouler, l'estimant plus sûr qu'Elliott pour obtenir la victoire. Auxchampionnats du monde àLasarte enEspagne, l'équipe de France déçoit. Stablinski, premier français, termine dixième. Après une victoire auTour de Picardie, il accompagne Anquetil en Italie. Il s'y classe troisième duTour de Lombardie, Anquetil gagne pour la septième fois leGrand Prix de Lugano, une course contre-la-montre. Ensemble, ils remportent début novembre leTrophée Baracchi, épreuve contre-la-montre en duo[26].
Après une préparation retardée par l'enneigement, Jean Stablinski obtient sa première victoire en 1966 lors du Tour de Sardaigne, où il gagne une étape et aide Anquetil à s'imposer au classement général. Il participe ensuite àGênes-Nice, que remporteLucien Aimar, autre coureur de Ford. En mars, il est à nouveau aux côtés d'Anquetil pour son premier grand objectif de l'année, Paris-Nice. Le début de course est à l'avantage de Poulidor, qui devance Anquetil pour la première fois. Ce dernier, parvient cependant à l'emporter lors de la dernière étape. Au printemps, Stablinski connaît un nouvel échec lors de son premier objectif personnel,Paris-Roubaix, où il abandonne[27]. À la fin du mois d'avril, il remporte la première édition de l'Amstel Gold Race. Échappé avec son coéquipierBernard Van De Kerckhove, il le devance au terme de 302 kilomètres de course. Il aide ensuite Anquetil à gagnerLiège-Bastogne-Liège, avec près de cinq minutes d'avance sur le deuxième.
Bien qu'il souhaite toujours ajouter Bordeaux-Paris à son palmarès, il doit y renoncer cette année afin d'épauler Anquetil auTour d'Italie. En perdant trois minutes lors de la première étape à cause d'un virage raté, Anquetil compromet ses chances de victoire. Il ne parvient plus à s'imposer en contre-la-montre. À partir de la17e étape, il abandonne tout espoir de succès. Ses équipiers se contentent alors de suivre la course pour ne pas entamer leurs forces, en vue duTour de France. Stablinski termine à la41e place, Anquetil à la troisième, à plus de quatre minutes du vainqueurGianni Motta.
Le Tour de France est annoncé comme une confrontation entre Anquetil et Poulidor, très attendue depuis Paris-Nice, et en l'absence des meilleurs coureurs italiens, dont Felice Gimondi, tenant du titre, et Gianni Motta. Lors de la première étape pyrénéenne, à Pau, les deux favoris semblent perdre le Tour en laissant un groupe de vingt coureurs s'échapper et arriver avec neuf minutes d'avance. Un coéquipier de Stablinski et Anquetil, Lucien Aimar, y a cependant été placé par Géminiani. Le lendemain, Anquetil et Poulidor s'entendent pour animer la course et « dépoussiérer le classement général ». ÀVals-les-Bains, Poulidor devance Anquetil en contre-la-montre, gagne du temps auBourg-d'Oisans. Dans les Alpes, Anquetil se met en retrait au profit de Lucien Aimar, qui prend le maillot jaune àTurin, et se met à son service. Souffrant d'un début decongestion, il quitte son dernier Tour de France. Comme il l'a fait auparavant avec Anquetil, Stablinski accompagne Aimar vers sa victoire sur ce Tour de France[28].
Au championnat de France à la fin du mois d'août, Stablinski figure à nouveau parmi les favoris. À quatre kilomètres de l'arrivée, seul à l'avant, il semble avoir course gagnée mais voit revenir deux coureurs : son équipierJean-Claude Theillière etAndré Foucher. Stablinski suit la consigne de Géminiani, lui demandant d'aider Theillière pour qu'il prenne la deuxième place. C'est cependant ce dernier qui lance le sprint et finit par s'imposer devant Stablinski, vexé et déçu d'être ainsi privé de titre par celui qu'il a aidé à gagner leGrand Prix du Midi libre au printemps. Lechampionnat du monde, auNürburgring enAllemagne, est une nouvelle déception. Lorsque Rudi Altig attaque à 500 mètres de l'arrivée, Anquetil et Poulidor s'observent et se contentent des deuxième et troisième places. Jean Stablinski, qui a cru pouvoir l'emporter, est cinquième. Après une victoire auGrand Prix d'Isbergues, il rejoint Anquetil en Italie, où il l'aide à assurer sa victoire finale auSuper Prestige Pernod, sans y gagner de course. AuTrophée Baracchi, dont ils sont favoris, ils abandonnent alors qu'ils occupent la dernière place[29].
Ford France décide à la fin de l'année 1966 de mettre fin à son implication dans le cyclisme pour s'engager aux24 Heures du Mans. Géminiani forme une nouvelle équipe avec pour sponsor la sociétéBiC, et reprenant treize des vingt-sept coureurs de Ford, dont Stablinski, Anquetil, Aimar, Theillière, Graczyk,Julio Jiménez, le NéerlandaisArie den Hartog. Après une préparation retardée par une opération de la cloison nasale, Jean Stablinski connaît un début de saison difficile. Après plusieurs abandons (Paris-Nice, Critérium national, Tour de Belgique), il aborde son premier objectif,Paris-Roubaix, hors de forme et termine trentième. Ses résultats et son moral progressent à partir duTour de l'Hérault (19e) et des classiques ardennaises. Il obtient sa première victoire de l'année en mai, aux Quatre Jours de Dunkerque, dont il gagne la première étape àValenciennes.
Il doit à nouveau renoncer à Bordeaux-Paris pour accompagner Jacques Anquetil auTour d'Italie. Il y gagne la huitième étape. Anquetil prend une première fois le maillot rose à l'issue de la seizième étape. Il le perd lors de l'étape suivante, que Stablinski, fiévreux, termine hors délai. Anquetil n'est plus accompagné que par Lucien Aimar et Jean Milesi. Il retrouve le maillot rose lors de la vingtième étape, puis le perd à nouveau, gêné par les supporters italiens. Il termine troisième de ceGiro, remporté par Felice Gimondi.
Bien que réticent car il préfère se préparer pour le championnat de France, Jean Stablinski est finalement convaincu par Marcel Bidot de participer auTour de France avec l'équipe de France. Les organisateurs du Tour ont en effet réintroduit les équipes nationales, « à titre expérimental ». Au sein de l'équipe de France, Stablinski est le plus âgé et a un rôle de capitaine. Il doit aider les leaders, Lucien Aimar et Raymond Poulidor, ce qui déplaît à Anquetil. C'est cependant un autre membre de l'équipe,Roger Pingeon, qui s'impose après s'être emparé du maillot jaune àJambes, en Belgique. Stablinski, vainqueur d'étape àLimoges. une fois la victoire de Pingeon assurée, est considéré par Marcel Bidot comme le « principal artisan » de ce succès.
Après la tournée des critériums, Stablinski se classe neuvième du championnat de France, son principal objectif de la saison. Ce championnat est remporté parDésiré Letort, déclassé ensuite pour dopage. Auchampionnat du monde, àHeerlen auxPays-Bas, l'équipe de France est impuissante face àEddy Merckx, qui enlève le premier de ses trois titres mondiaux chez les professionnels. En septembre, Stablinski et Aimar ont un accident de la circulation avec la voiture d'Anquetil, que ce dernier leur a demandé de conduire. Anquetil, qui n'a pas d'assurance tous risques, leur demande une compensation. Faute de l'obtenir, il effectue une commande au magasin d'électroménager de Jean Stablinski, qu'il ne paie pas. Cet incident marque la fin de la collaboration entre les deux coureurs. À la fin du mois de novembre, Stablinski annonce son départ de l'équipe Bic, pour l'équipeMercier de Raymond Poulidor, avec la possibilité de succéder après un an à son directeurAntonin Magne[30].
Comme chez Bic l'année précédente, Jean Stablinski est à 36 ans le plus âgé des coureurs de l'équipe Mercier. Il obtient sa première victoire de l'année durant l'hiver, au cyclo-cross deLa Rochelle. Souffrant d'une grippe, il se trouve en mauvaise forme pendant plusieurs semaines et abandonne plusieurs fois. Son premier objectif de la saison estParis-Roubaix, en avril. Il a contribué au parcours de cette édition. Inquiet de la disparition de routes pavées,Jacques Goddet, à la tête de l'organisation de la course, demande àAlbert Bouvet d'en modifier le parcours. Afin de trouver de nouveaux secteurs pavés, Bouvet sollicite l'aide de Jean Stablinski qui lui présente la trouée d'Arenberg, que Goddet qualifie d'« ornière » à la vue des premières photos. Ce chemin, qui traverse le bois d'Arenberg, figure néanmoins pour la première fois au parcours lors de cette édition 1968. Il est devenu depuis le plus célèbre des secteurs pavés et un symbole de Paris-Roubaix. Durant la course, gagnée parEddy Merckx, Stablinski aide Poulidor à terminer sixième et prend la24e place. Il dira de ce Paris-Roubaix qu'il est le plus dur qu'il ait disputé. Neuf jours plus tard, il gagne leGrand Prix de Denain. Sans Anquetil, il est libre de courirBordeaux-Paris, le principal objectif de sa dernière saison. La course prévue en mai est cependant reportée au mois de septembre en raison des mouvements deMai 68.
En juillet, Jean Stablinski participe à son dernierTour de France, à nouveau avec l'équipe de France, aux côtés de Poulidor et Pingeon. Poulidor, lors de la quinzième étape, à cause d'un accident avec un motard, est blessé à la tête.Jan Janssen est le premier Néerlandais à remporter le Tour de France. Le meilleur coureur de l'équipe de France est Pingeon, cinquième. La course de cette équipe est cependant marquée par l'exclusion deJosé Samyn et de Jean Stablinski, contrôlés positifs aux amphétamines. L'un comme l'autre émettent des doutes sur ce résultat et s'estiment victimes d'une injustice : « Je ne me suis pas dopé. Personne n'y comprend rien. Moi le premier », dit Stablinski, qui ajoute :« Ce n'est pas le jour de faire éclater un scandale après le drame Poulidor mais bientôt je livrerai des noms [des dopés impunis]. Je connais des coureurs qui ont utilisé des stimulants à base d'amphétamines comme la trinitrine, soumis à des contrôles dont le résultat s'est révélé à ma grande surprise négatif »[31].
Suspendu un mois, il reprend la compétition en août, lors de critériums, afin de préparer Bordeaux-Paris. Il est cependant victime d'un accident de la circulation à la fin du mois. Souffrant d'une fracture au poignet, il doit renoncer à la course qu'il rêvait de remporter. Il dispute sa dernière course, un critérium àAulnay-sous-Bois, le[32].
Lors de sa dernière course, Jean Stablinski porte encore le maillot Mercier mais est déjà engagé avec d'autres sponsors pour fonder une nouvelle équipe. Quelque temps plus tôt, il avait appris qu'Antonin Magne souhaitait rester à la tête de l'équipe Mercier et s'est vu proposer une prolongation d'une année en tant que coureur. Au salon du cycle à Paris, il rencontre les frères Lejeune, à la tête de la marque de cycles à leur nom, et qui viennent de perdre le principal sponsor de l'équipe cycliste qu'ils fournissent,Pelforth. Ils sont intéressés à l'idée de créer une équipe ensemble et Stablinski trouve un sponsor en contactant le PDG de Sonolor, fabricant de postes de radio et de télévision,André Bazin, qui court parfois avec lui. L'équipe Sonolor-Lejeune est ainsi créée[33].Lucien Van Impe etBernard Hinault firent partie de ses découvertes.
Il s'installe aussi comme vendeur et réparateur de vélos, rue du Quesnoy à Valenciennes. Il se procure les vélos, qui portent son nom, auprès de la fabrique de vélos Delcroix à Saint-Amand-les-Eaux[34].
Il meurt le 22 juillet 2007, des suites d'une longue maladie, auCHU de Lille[35]. Il est inhumé au cimetière d'Aulnoy-lez-Valenciennes[36].
Dans les pelotons, il était surnommé « le sorcier » ou « le renard » à cause de sa science de la course. À deux reprises, il a été suspendu pour non-respect des règles antidopage : un mois pour un constat de carence auxchampionnats du monde de 1966 (il ne s'est pas présenté au bon endroit)[37] et contrôle positif auxamphétamines lors duTour de France 1968[38],[31]. En 1962, il reconnaissait d'ailleurs avoir eu recours au dopage lors du Grand Prix des Nations 1954 qu'il termina12e[39].
Le, une stèle fut inaugurée sur latrouée de Wallers-Arenberg afin de lui rendre hommage. Ce fut Jean Stablinski qui proposa aux organisateurs de la course Paris-Roubaix le secteur pavé de la Trouée d'Arenberg. Cette stèle fut réalisée en pierre de Soignies et élaborée par le sculpteur Michel Karpovitch.
Jean Stablinski a participé à douze Tours de France de 1954 à 1968 : deux fois avec l'équipe régionale Nord-Est-Centre, six fois avec l'équipe de France, trois fois avec l'équipe Saint-Raphaël et une fois avec Ford France. Il a obtenu sa meilleure place au classement général en 1962 (30e) et a remporté cinq étapes. Il a été sept fois coéquipier du vainqueur du Tour : lors des cinq victoires deJacques Anquetil, en 1957 et de 1961 à 1964, et lors des victoires deLucien Aimar en 1966 et deRoger Pingeon en 1967.
Jean Stablinski fait partie descoureurs ayant remporté au moins deux étapes du Tour de France sur plus de dix années.
3 participations
5 participations
Son titre de champion du monde 1962 vaut à Jean Stablinski uneMédaille de l'Académie des sports en 1962.
En, il est nommé chevalier dans l'Ordre national du Mérite. Le, il est nommé chevalier de l'Ordre de la Légion d'honneur par le Président de la RépubliqueJacques Chirac[40], en même temps queJean-Marie Leblanc[41],.
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